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Colectia de arome d’Igor Colibeanski

Dans la section Regards du Présent présentée au FIFF, à Namur, cette année, on a pu découvrir « Colectia de arome » d’Igor Colibeanski, un film qui pose un regard sans concession sur la Roumanie d’aujourd’hui.

Dans la lignée de ce que l’on appelle désormais la nouvelle vague roumaine, « Colectia de arome » aborde un contexte social difficile sous un angle réaliste proche du documentaire. Comme ses compatriotes reconnus pour leur sens du réalisme ainsi que pour l’âpreté de leur mise en scène, Igor Colibeanski fait preuve d’authenticité en présentant le quotidien de Victor et de celui de son père qui ont recours à une méthode dangereuse mettant en péril la vie de l’enfant pour pouvoir acheter les médicaments de la mère malade.

Si le film commence in media res dans l’obscurité matinale d’une cuisine où le père prend son petit-déjeuner, c’est pour mieux nous plonger dans une réalité sans espoir, confinée à un espace réduit, où le simple fait de manger ne répond plus à un plaisir social mais à une nécessité individuelle. De l’autre côté de l’appartement, dans une pièce dont on ne verra qu’un coin du lit, la mère est alitée. Personnifiée par sa voix, elle restera en hors-champ tout au long du film.

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Cobileanski décrit une cellule familiale fragile et dysfonctionnelle, qui ne peut s’épanouir normalement sa base étant défaillante. Il faut alors trouver des alternatives pour garder la survie du groupe quitte à dépasser les limites de l’acceptable. La solution du père est d’envoyer Victor se battre à mains nues contre un autre enfant de son âge pour la somme de 100€ à condition de ne pas abandonner le combat. A l’instar des combats de coqs, dans la fureur nourrie par l’appât du gain, les pères sont prêts à assister au lynchage de leur propre progéniture. Une progéniture qui selon Colibeanski demeure encore innocente à certains égards comme le montre la scène de complicité entre Victor et son père juste après le combat.

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La lutte aux accents barbares pousse le père de Victor à s’opposer à la dynamique mortifère et anxiogène dans laquelle il est enfermé. Il choisit d’arrêter son fils et de faire une croix sur les 100€ promis. En posant cet acte, il récupère sa dignité d’homme entachée par le besoin de sortir de l’impasse d’une situation précaire. Ironie du sort, malgré leur abandon, Victor et son père reçoivent tout de même l’argent. Immoral jusqu’au bout, « Colectia de arome » exhale un parfum de pourriture et de malaise qui met en lumière un profond déséquilibre collectif et individuel.

Marie Bergeret

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C comme Colectia de arome

Fiche technique

Synopsis : Pour acheter les médicaments dont sa mère a besoin, Victor a recours, avec son père, à une solution violente et risquée. Sur le terrain de la pauvreté, la lutte pour la survie peut être cruelle et porter irrémédiablement atteinte aux valeurs humaines.

Genre : Fiction

Durée : 14′04 »

Pays : Moldavie, Roumanie

Année : 2013

Réalisation : Igor Colibeanski

Image : Veaceslav Cebotari

Montage son : Tarnovetchi Cristian

Montage : Igor Colibeanski

Production : Alien Film

Article associé : la critique du film

Et ils gravirent la montagne de Jean-Sébastien Chauvin

Fiction, 34′, France, 2012, Sedna Films

Synopsis : Fanny et Simon, deux jeunes gens d’à peine vingt ans fuient une zone industrielle et s’enfonce dans la campagne. La découverte, en pleine nature, d’un téléphone portable qui semble les appeler va les entraîner dans une étrange aventure…

Les sorties de route se font rare dans la production de court-métrage français. Il faut donc saluer les propositions de cinéastes comme Jean-Sébastien Chauvin qui tournent radicalement le dos au naturalisme pour tendre vers des horizons inconnus, vers des sentiers moins balisés et plus excitants. Celui de « Et ils gravirent la montagne » guide ses personnages d’adolescents noirs vers des territoires vierges, où les souvenirs d’enfance se mêlent à des éléments fantastiques qui tracent en pointillé un chemin vers les étoiles. Le « devenir star » de ses acteurs comme de ses personnages constitue à lui seul un geste à la fois politique et esthétique fort qui participe de l’ouverture d’une voie nouvelle dans le paysage audiovisuel français (celles que des cinéastes comme Yann Gonzalez, Shanti Masud ou Frédéric Bayer-Azem investissent également). Il ne tient qu’à nous de les suivre.

Marc-Antoine Vaugeoi

Rappel : Carte blanche Format Court, ce soir à la Cinémathèque !

Ce jeudi 30 octobre, à 20h30, Format Court bénéficie d’une carte blanche « Spéciale 5 ans » à la la Cinémathèque française dans le cadre du rendez-vous « Cinéma de poche » consacré au court métrage. Pas moins de 8 films seront projetés; l’occasion de découvrir ou retrouver deux de nos Prix Format Court, des premiers courts, des films de patrimoine et des oeuvres glanées en France, en Belgique, en Suisse, en Autriche, aux États-Unis et en Grande-Bretagne. La projection fera l’objet d’une rencontre avec les membres de Format Court et les équipes présentes.

Consulter la programmation en ligne

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En pratique

Les cinq ans de Format Court, ce jeudi 30 octobre 2014, à 20h30

Cinémathèque française : 51 Rue de Bercy, 75012 Paris. Salle Jean Epstein.

M° Bercy Lignes 14 et 6.

Durée de la programmation : 108’

L’info sur le site le la Cinémathèque

Tarifs : 6€50 plein tarif, 5€50 tarif réduit, 3€ pour les moins de 18 ans.
4€50 avec le Forfait Atout Prix.
Entrée libre avec le Libre Pass

3ème Prix Format Court au Festival européen du film court de Brest !

Du 11 au 16 novembre 2014, aura lieu le 29ème festival européen du film court de Brest. Pour la troisième année consécutive, Format Court attribuera un Prix à l’un des 40 films sélectionnés en compétition européenne.

À l’issue du festival, un dossier spécial sera consacré au film primé par le Jury Format Court (composé de Katia Bayer, Lola Lola L’Hermite, Zoé Libault, Camille Monin). Celui-ci sera diffusé lors d’une séance Format Court au Studio des Ursulines (Paris, 5ème). Le réalisateur bénéficiera également d’un DCP (relatif au film primé ou au prochain dans un délai de deux ans) crée et doté par le laboratoire numérique Média Solution.

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Films en compétition

Compétition 1

Hjónabandssæla de 
Jörundur Ragnarsson – 
Islande
Cai Putere de 
Daniel Sandu – 
Roumanie
Kaastundeavaldus
 de Margus Paju – 
Estonie
Reizigers in de Nacht
 de Ena Sendijarevic – 
Pays-Bas
Nashorn im Galopp
 d’Erik Schmitt
 – Allemagne

Compétition 2

Un Uccello molto serio
 de Lorenza Indovina
 – Italie
Paradiset
 d’Amanda Kernell
 – Suède, Danemark
I Wanna be happy Cha Cha Cha 
de Jonathan Schey 
- Royaume-Uni
Fallet
 d’Andreas Thaulow 
- Norvège
Essaie de mourir jeune
 de Morgan Simon
 – France

Compétition 3

Bomberman
 de Barna Nemethi
 – Roumanie
Wyld
 de Rory Alexander Stewart 
- Royaume-Uni, Ecosse
Bomba 
de Robertas Nevecka 
- Lituanie
A Passo d’uomo 
de Giovanni Aloi 
- Italie
Yect 
de Pavel Vesnakov – Bulgarie, Allemagne

Compétition 4

T’étais où quand Michael Jackson est mort ?
 de Jean-Baptiste Pouilloux 
- France
De Weg van alle vlees
 de Deben Van Dam
 – Belgique
Rabbit 
de Laure de Clermont Tonnerre – 
France
A Kindness
 de Giles Ripley
 – Royaume-Uni
I’ve been a sweeper 
de Ciarán Dooley 
- Irlande

Compétition 5

Kazimir 
de Dorian Boguta – Roumanie
Discipline
 de Christophe M. Saber 
- Suisse
People are strange
 de Julien Hallard – 
France
Figures
 de Miklos Keleti
 – Belgique
Hyvä Ihminen
 de Paula Korva 
- Finlande

Compétition 6

Má Raça
 d’André Santos & Marco Leão 
- Portugal
The Chicken 
d’Una Gunjak 
- Allemagne,  Croatie
Stella Maris 
de Giacomo Abbruzzese
 – France, Italie
In Der stille der nacht 
d’Erich Steiner – Autriche, Allemagne
En Août 
de Jenna Hasse 
- Suisse

Compétition 7

Artun
 de Gudmundur Arnar Gudmundsson 
- Islande, Danemark
Put(in) love 
d’Eirini Karamanoli
 – République tchèque
Arena 
de Martin Rath
 – Pologne
Only Solomon Lee
 d’Álex Lora 
- Espagne
Persefone 
de Grazia Tricarico
 – Italie

Compétition 8

Shadow 
de Lorenzo Recio 
- France
Best man 
de Gunnar Järvstad
 – Suède
As Rosas brancas 
de Diogo Costa Amarante – 
Portugal, Etats-Unis
Ujratervezes 
de Barnabás Tóth 
- Hongrie
Habana 
d’Edouard Salier 
- France

Festival du nouveau cinéma 2014, notre compte-rendu

La 43ème édition du Festival du nouveau cinéma (FNC) s’est achevée la semaine passée à Montréal. Format Court, présent pour la première fois au pays de Dolan et du gentil caribou, a passé cinq jours au festival au terme duquel il a attribué son tout premier Prix Format Court hors les murs dans le cadre du focus Québec. Parmi les 33 films en compétition, notre Jury a élu un film singulier, poétique et émouvant sur la mémoire et la construction identitaire, « The Weatherman and the Shadowboxer », réalisé par un auteur résidant à Toronto, Randall Lloyd Okita.

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© Emily Gan

Trois lettres pour un festival

En 43 ans et tous ses élans, le FNC a changé deux fois de nom (Festival international du cinéma en 16mm de Montréal en 71, Festival international du nouveau cinéma et des nouveaux médias de Montréal en 2002) avant d’opter pour la version actuelle il y a dix ans. Il a permis aux spectateurs locaux de découvrir des cinéastes de premier plan tels que Jim Jarmusch, Abbas Kiarostami, Wim Wenders, Raymond Depardon, Jane Campion, Wong Kar-wai, Peter Greenaway ou Chantal Akerman. Il a surtout accompli son rôle de tremplin et de passeur en révélant les cinéastes locaux et canadiens qui comptent aujourd’hui sur la scène internationale (Atom Egoyan, Denis Villeneuve, Guy Maddin, Denis Côté, …) mais aussi ceux de la nouvelle génération (Chloé Robichaud, Félix Dufour-Laperrière, Marie-Ève Juste, Pedro Pires, Phillip Barker, Sophie Dupuis, Marie-Josée Saint-Pierre, …).

Le FNC fait partie de ces festivals canadiens importants, proches du court dont les plus connus sont le TIFF (Festival international du film de Toronto), le Festival des films du monde de Montréal, le Festival international d’animation d’Ottawa et le Festival de Chicoutimi.

Ses programmateurs n’exigent pas l’exclusivité des films, à la difference de leurs collègues du TIFF et tentent d’identifier les nouvelles tendances dans le domaine du cinéma et des nouveaux médias. Proches du cinéma d’auteur local comme international, ils programment des films véritablement personnels, originaux, curieux, forts et visuels et les font dialoguer au sein de leurs séances.

Programmation 2014

D’emblée, le festival surprend par la multitude et la diversité de ses programmes. En consultant le volumineux catalogue du FNC (353 pages), on trouve de tout : du long, du court, des films d’étudiants, des rétrospectives, des hommages, des films pour enfants, des films expérimentaux, des installations, des performances, des projets interactifs, des tables rondes, des master class, des cartes blanches mais aussi des cartes noires.

À y regarder de plus près, du côté du long, beaucoup de films ont déjà fait leurs débuts sur la scène festivalière, notamment à Cannes, toutes sections confondues (« Adieu au langage », « The Tale of Princess Kaguya », « Spartacus et Cassandra », « Mange tes morts », « Bande de filles », « Maps to the Stars », « P’tit Quinquin », « L’Institutrice », « Les Merveilles », « The Tribe », …) mais aussi à Venise, Toronto, Berlin, Locarno ou Rotterdam (« Difret », « Félix et Meira », « She’s lost control », « In her place », « Ana Arabia », « Baal »,  « Boychoir », « Cavalo Dinheiro », …). Bien évidemment, la compétition internationale et le panorama des films étrangers attirent en masse le public éloigné de la tournée des festivals de l’année, mais les films québécois ne sont pas en reste au vu du nombre d’avant-premières et de salles pleines, désireuses de (re)connaître leurs talents locaux.

Parmi les réalisateurs sélectionnés, quelques uns viennent de réaliser leur premier long après un passage remarqué par le court (Franco Lolli propose « Gente de Bien » après « Rodri », Asaf Korman « Next to her » après  « Yom mota shel Shula », Damien Manivel « Un jeune poète » après « La Dame au chien », Thomas Salvador « Vincent n’a pas d’écailles » après une multitude de courts).

Au sein de la programmation courte, certains films en compétition internationale se font immédiatement repérer que ce soit pour leurs sélections précédentes en festival (« Une Chambre bleue », « Heartless », « Ennui ennui », « Nectar », …) ou par la renommée de leurs auteurs (« Bim Bam Boom Las luchas Morenas » de Marie Losier », « O velho do Restelo » de Manoel de Oliveira, « Un Rêve » de Patrick Bokanowski, « Le Retour Des Aviateurs » de Priit et Olga Pärn, « Black Tape » de Michelle et Uri Kranot).

Plus habitués aux festivals français et belges, nous nous sommes tournés en premier lieu vers les programmes de courts inédits dans nos contrées. Le focus québécois pour lequel nous avons attribué un Prix ce mois-ci comprenait 33 films, répartis en 6 programmes. Cette sélection reflétait nettement mieux la production locale que les quelques films québécois qui arrivent à franchir nos frontières année après année. Nous avons particulièrement aimé « La Grange » de Caroline Mailloux, un film au scénario dense et maîtrisé, efficace en termes de jeu et de photographie sur l’existence chamboulée d’une famille après la disparition d’un petit garçon, « Un royaume déménage » de Raphaël J. Dostie et Terence, un documentaire émouvant sur la vie et le devenir d’un couvent de religieuses vieillissantes,  « Petit frère » de Rémi St-Michel, précédemment projeté à Cannes, un conte en noir et blanc sur la relation touchante entre un ado et un jeune éducateur dans les rues de Montréal, « Day 40 » de Sol Friedman, un film d’animation mêlant dessin, arche de Noé, humour noir et zombies affolants, « You look like me » de Pierre Hébert et René Lussier, un film expérimental énigmatique et animé traitant de la représentation et de la communauté ou encore « Step Well Pilgrim » de Duncan McDowall, une rencontre esthétisante et chorégraphiée entre deux individus que tout oppose, dans une église romaine.

Dans les séances parallèles, l’une des surprises est venue d’une projection commentée de films en relief, réalisés en 1951 par l’animateur de génie qu’était Norman McLaren. Munis de lunettes 3D, les spectateurs (en partie des contemporains, amis et anciens collègues du réalisateur mais aussi des étudiants en animation) ont découvert ses premiers films, longtemps invisibles et entièrement restaurés par l’ONF (Office national du film du Canada) à l’occasion du centenaire de la naissance de McLaren. Couleurs vives, points, lignes, humour féroce et musiques peps ont surgi le temps de quelques films “vieux” de 63 ans. En son temps, McLaren a influencé bon nombre d’artistes (dont Picasso et Truffaut). Aujourd’hui encore, il continue de séduire par son style personnel, sa créativité et l’innovation de ses techniques. Découvrir ses films inédits, en entendre parler par ceux qui l’ont connu et ceux qui ont travaillé à la restauration sonore et visuelle de ses premiers courts apporte une touche nostalgique et bienvenue et remet au goût du jour le cinéma de patrimoine.

Le FNC dans la ville

Dès notre arrivée à Montréal, la présence du FNC se fait ressentir. Des annonces publicitaires sont visibles à l’aéroport, des affiches sont placardées en ville et dans le métro et des programmes sont disponibles partout, dans les bars comme dans les universités. De plus, la ville se métamorphose au contact du festival, pendant toute la durée de la manifestation. Une gigantesque bulle d’air – le Dôme – trône au coeur du Quartier des spectacles, pour accueillir dans un décor lunaire les rencontres professionnelles. Des universités et des cinémas ouvrent leurs portes aux nombreuses séances et l’ancienne forge de l’École technique de Montréal, rebaptisée l’Agora, accueille en soirée des concerts, des DJ’s et un bar. Cet esprit de décloisonnement fait partie du succès et de l’atmosphère sympathique qui règne au FNC. Celui-ci rassemble en effet autant des québécois, des canadiens et des étrangers que des sélectionneurs, des étudiants, des réalisateurs, des comédiens, des programmateurs, des jurés, des journalistes, des cinéphiles et des curieux. Bières locales à la main, les festivaliers papotent autour des films, de l’art, de l’industrie, des lieux à voir à Montréal et des mets à tester (le café vanillé) ou à éviter (la poutine : mélange de frites, de cheddar frais et de sauce brune).

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© Emily Gan

En discutant avec les courts-métragistes montréalais, on apprend pourtant que la situation du court n’est pas fameuse dans leur pays et que le grand public ne s’y intéresse pas beaucoup. C’est la raison pour laquelle ils sont reconnaissants au FNC d’avoir joué et de continuer à jouer un rôle primordial dans leur carrière. Le festival révèle leurs films, leur permet d’aller à la rencontre d’un public, les suit dans l’aventure difficile du long. Le milieu du court est restreint et solidaire, les sélectionneurs de courts métrages du festival, Dan Karolewicz et Philippe Gajan, restent très accessibles et s’impliquent tout au long de l’année en faveur du court métrage. Le premier a participé notamment à la création de La Distributrice de films, une jeune et dynamique structure de diffusion et de distribution de courts québécois. Celle-ci valorise les films et les cinéastes québécois et n’hésite pas à mettre en ligne une partie de son catalogue (les films de Félix Dufour-Laperrière ou de Denis Côté pour les plus connus). La concrétisation de ce projet a été motivée par le manque d’aides, de représentations et de diffusions des courts et moyens métrages au Québec, fortement ombragés par le tout puissant long-métrage.

En poursuivant l’échange, on découvre même l’existence de plusieurs ciné-clubs locaux organisés spontanément tout au long de l’année par la profession locale. Le réalisateur Mark Morgenstern, en sélection dans le focus Québec (« Avec le temps »), accueille par exemple des séances à domicile pour permettre aux films d’être vus. Le diffuseur et membre de La Distributrice de films Serge Abbiad fait de même. Il organise chaque semaine dans un studio de création numérique un ciné-club composé d’un court et d’un long, en général en présence d’un invité. Pendant notre séjour, il a programmé un film d’école de Roman Polanski (« La Lampe ») et un long-métrage de Louis Malle (« Black Moon »). L’envie reste la même qu’au FNC : initier le public aux propositions différentes, lui faire (re)découvrir des films difficiles d’accès, des auteurs passés ou présents, des émotions et d’autres façons de regarder le monde. Sur grand écran. Comme au cinéma. Parce qu’il s’agit aussi de cinéma.

Katia Bayer

Le site de La Distributrice de films : www.ladistributrice.ca

Article associé : l’interview de Philippe Gajan et Daniel Karolewicz, programmateurs au FNC

Antoine Besse, Prix Format Court au Festival de Grenoble 2014

Cet été, Format Court a décerné un nouveau prix lors de la 37ème Festival du Film Court en plein air de Grenoble au film « Le Skate moderne » réalisé par Antoine Besse. Ce film très court tourné en Dordogne, avec des copains et des skates, sans producteur ni contraintes, a séduit notre jury par son amour de la glisse, son originalité, son clin d’oeil à Raymond Depardon et son humour de situation. Dans le cadre du prix, le film a été projeté à notre dernière séance Format Court, le jeudi 9 octobre 2014 au Studio des Ursulines (Paris, 5ème).

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Retrouvez dans ce dossier spécial :

La critique du film

L’interview d’Antoine Besse

Bim Bam Boom Las Luchas Morenas de Marie Losier

Que ce soit en filmant le cinéaste canadien Guy Maddin, la chanteuse délurée Peaches ou l’icône new-yorkaise Alan Vega, le style-signature de Marie Losier est immuable. Caméra Bolex 16mm à la main, elle capture l’intime, la vie et la douce folie de ses amis dans des portraits anti-cinéma vérité. Présenté cette année au FNC à Montréal, « Bim Bam Boom » ne déroge pas à la règle et offre en 13 minutes chrono un home made movie sur les sœurs Moreno, reines du catch mexicain.

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Fratrie de trois, Rossy, Esther et Cynthia, se battent pour gagner leur vie. Chacune a son style mais toutes vivent par et pour la lucha libre. La cinéaste les met en scène dans de petites vignettes colorées et pop où elles se crêpent le chignon pour de faux – ou presque- en se balançant à la figure des bouquets de fleurs, des oreillers gonflés à la plume d’oie ou en s’étranglant à l’aide d’un cordon de téléphone. Elle les suit également au quotidien et filme notamment Rossy, la plus âgée des trois, pendant qu’elle prépare un plat à base de tête de cochon et de cactus.

Chez Marie Losier, on ne reste jamais longtemps très sérieux et la tête du cochon devient vite un prétexte, un accessoire et un jeu pour la caméra évoquant immédiatement les grandes heures du génialissime John Waters dans ses premiers films. La cinéaste a en commun avec ce dernier de s’être toujours rangé du côté des marginaux, des esprits libres et d’en avoir fait des héros, au sens de ceux que l’on rencontre en fiction. Des figures marquantes et respectées. Losier filme ces trois sœurs, comme le reste de ses sujets, avec une joie et une admiration non dissimulées. Son bonheur de mettre en lumière ces « originaux » comme on les appelait par le passé est aussi palpable que le bruit de sa caméra 16mm.

Amaury Augé

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B comme Bim Bam Boom Las Luchas Morenas

Fiche technique

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Synopsis : Trois femmes/trois soeurs/trois Luchadoras professionnelles faisant partie de la dynastie Moreno : Rossy, Esther et Cynthia sont des lutteuses compétitives sur le ring. Mais elles portent aussi la Lucha Libre dans leur vie, luttant avec des couteaux, des têtes de cochons, des fleurs et des plumes ! BIm Bam Boom !

Genre : Documentaire

Durée : 12′

Pays : États-Unis, Danemark, Mexique

Année : 2013

Réalisation : Marie Losier

Image : Marie Losier

Son : Marie Losier

Montage : Marie Losier, Valerie Massadian

Mixage son : Clement Chassaing

Production : CPH:DOX, Cine Tonala, Marie Losier

Article associé : la critique du film

La Maison de poussière de Jean-Claude Rozec

C’est en voisin que Jean-Claude Rozec a présenté son film au festival Court Métrange de Rennes, puisque c’est dans cette ville que sont basés ses producteurs et que lui-même est originaire de la région. La remarque n’a rien d’anodin si l’on ajoute que la question du foyer (à la fois la famille et le quartier) est justement au cœur de « La Maison de poussière », le très beau troisième court-métrage d’animation du réalisateur.

Comme « Ceux qui restent debout » de Jan Sitta, mais de façon très différente, « La Maison de poussière » est un film sur la ville et la relation de symbiose que ses habitants entretiennent avec elle. La ville change, mue au fil des travaux de rénovation, comme la destruction de ces grands ensembles des années 1960-70, aujourd’hui vétustes et dans lesquels l’héroïne du film de Rozec, une femme entre deux âges, d’une banalité touchante, a passé la majorité de son existence. En métamorphosant leur cadre de vie, les changements de la ville influent sur l’existence de ses habitants : obligée de déménager à cause de la destruction programmée de son HLM, la femme se retrouve coupée de son passé. Dans ce film sans paroles, le réalisateur illustre avec finesse la mélancolie de son personnage en dessinant son reflet sur une vieille photo : elle voudrait entrer dans l’image, vivre avec ses souvenirs, mais elle en reste à la surface. Lors d’une visite nocturne sur le chantier de démolition de son ancien logement, la femme découvre que les lieux aussi ont une mémoire : ses souvenirs sont ranimés par des spectres de poussière avec lesquels elle va revivre d’anciens moments de joie.

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C’est sur ce point que « Ceux qui restent debout » et « La Maison de poussière » nous apparaissent complémentaires : dans l’un, la ville ingère les plus malheureux de ses habitants alors que dans l’autre, les ruines libèrent des souvenirs heureux. Alors que la ville de Jan Sitta se déshumanise progressivement, celle de Rozec regagne, brièvement, de la chaleur humaine. La femme retrouve son mari disparu et son enfant mais sous une forme imparfaite, confuse et grisâtre, presque monstrueuse mais pourtant plus attirante que la réalité. Les particules de poussière existent dans un état intermédiaire, à la fois matériel et évanescent, qui correspond au flou de la mémoire. La frontière entre réalité et fantasme est traduite visuellement par une différence de texture entre les images : la femme est un personnage en 2D lisse, alors que ses souvenirs sont des silhouettes aux volumes plus marqués, à la matérialité terreuse.

Dans « Cul de bouteille » (2010), son précédent film, Jean-Claude Rozec déformait la réalité en la donnant à voir par les yeux d’un enfant myope. Avec « La Maison de poussière », son animation se fait une nouvelle fois métaphorique, transformant des tas de poussière en personnages et une grue en grand méchant loup. L’histoire des « Trois petits cochons » accompagne celle de « La Maison de poussière » car il s’agit dans les deux cas de parler du foyer, de la force des liens familiaux contre les attaques de l’extérieur. Contrairement au conte, le court-métrage s’achève par la victoire des loups du progrès ; une fin désespérée mais traversée par une poussière d’espoir. Car c’est un autre conte que nous raconte Rozec : il était une fois une femme qui vivait au milieu de ses souvenirs et qui en devint un elle-même.

Sylvain Angiboust

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Pour information, « La Maison de poussière » sera projeté le jeudi 18/2 à 20h30 au Studio des Ursulines (Paris, 5ème)

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Fiche technique

Synopsis : Une femme vit seule dans un HLM. Elle déménage lorsque sa tour doit être démolie. Elle surprend des silhouettes d’enfants en train de jouer dans le bâtiments abandonné et les suit à l’intérieur, où se déroulent d’étranges évènements.

Réalisation : Jean-Claude Rozec

Genre : Animation

Durée : 11’35’’

Pays : France

Année : 2013

Scénario : Jean-Claude Rozec

Son : Arnaud Bordelet

Montage : Jean-Claude Rozec

Décors : David Roussel

Musique : Arnaud Bordelet

Production : Vivement lundi !, Blink Productions

Article associé : la critique du film

L’Étrange Festival : retour sur les programmes de courts 1 et 3

En septembre dernier, l’Étrange Festival a célébré ses 20 ans d’existence. La sélection des courts fêtait elle aussi ses deux décennies avec plus de 40 courts métrages répartis sur 5 programmes d’environ une heure trente. Fidèles à eux-mêmes, les programmateurs ont concocté chaque séance avec l’envie de montrer des films où l’étrangeté n’était pas forcément là où on l’attendait.

Programme 1

Subconscious password de Chris Landreth (Canada)

Lors d’une fête, Charles ne parvient pas à se souvenir du prénom d’un ami qui se réjouit de le revoir. Tandis qu’il va lui chercher un verre pour célébrer leurs retrouvailles, Charles cherche désespérément dans tous les recoins de sa mémoire le prénom de cet homme. Cette recherche le mène jusqu’au plateau d’un jeu télévisé peu ordinaire présenté par le surmoi de Charles !

Réalisateur de « Ryan », Oscar du meilleur court métrage d’animation (2004), Chris Landreth nous invite à une ballade hallucinante et hilarante dans l’inconscient de son personnage. On y croise un parterre de célébrités tout droit sorti de la psyché tourmentée de Charles, comme par exemple Jerry Lewis, Charles Burroughs, Yoko Ono ou Salvador Dali.

À l’image de ses précédents films, Chris Landreth parvient avec beaucoup de maîtrise à mêler habilement prises de vues réelles, images d’archives et animations, créant un rythme, une perception de l’espace et du temps originale, sincère et drôle. Un film remarquable qui a reçu le Cristal d’Annecy en 2013.

Circuit de Robert Gwisdek (Allemagne)

Un électricien malchanceux se retrouve malgré lui pris au piège entre quatre murs et deux portes. Au beau milieu d’une sorte de faille temporelle, ce technicien tente désespérément de quitter la pièce où il est arrivé mais ne fait qu’entrer et sortir de ce même endroit sans trouver d’issue. S’ensuit toute une série de stratagèmes pour tenter de déjouer cette malchance dont il est victime.

« Circuit » est un court métrage qui propose d’explorer, dans un décor unique et un cadre fixe, toute la polysémie du mot qui sert de titre à ce film. Même si le procédé s’épuise un peu au fil du temps, l’absurdité de la situation et les tentatives du personnage pour s’en sortir donnent au film juste ce qu’il faut de mordant sans que plus d’un mot ne soit prononcé.

In passing d’Alan Miller (États-Unis)

“Tomber amoureux” ou comment prendre au pied de la lettre une expression couramment admise. « In Passing » raconte l’histoire de deux individus qui décident de se donner la mort en sautant du même immeuble. En chemin, leurs regards se croisent et le coup de foudre a lieu. Oubliant qu’ils sont en train de chuter de bien haut, ils découvrent qu’il n’est jamais trop tard pour tomber amoureux.

Les comédiens Dana Lyn Baron et David Trice donnent le ton et incarnent avec naturel cet improbable couple convolant ensemble bras dessus dessous vers l’asphalte. Alan Miller parvient ici avec une bonne dose d’humour (noir) à prendre au mot l’expression « tomber amoureux » pour en faire un court métrage réjouissant et divertissant. Un film qui tombe à pic si on peut dire.

Programme 3

The Archivist de Jeremy Ball (Canada)

Dans un grand cinéma qui rappelle les fastes d’antan, d’étranges et mystérieuses séances privées sont organisées. Un jeune projectionniste remarque que certains clients arborent à l’entrée de la salle un ticket datant d’une autre époque. À la vue de ce billet, une vieille bobine de film sous cadenas est alors exhumée…

The-Archivist

Une ambiance aussi envoûtante qu’inquiétante, des décors somptueux et une intrigue mystérieuse à souhait : tous les ingrédients sont au rendez-vous pour faire de « The Archivist » un film typiquement “lovecraftien”. Jeremy Ball réalise ici un film sophistiqué, élégant et cauchemardesque mais aussi un hommage sincère et feutré aux cinéphiles des salles obscures.

Between regularity and irregularity de Masahiro Tsutani (Japon)

Seul court métrage japonais de la sélection, « Between regularity and irregularity » est un film à l’état brut où l’image et le son s’adressent directement à nos terminaisons nerveuses. Chaque plan du film est entrecoupé par des éclairs brillants et de violentes convolutions sonores.

Le réalisateur, Masahiro Tsutani, semble rassembler ces fragments de façon aléatoire. Toutefois, ce chaos apparent peut révéler entre les formes et les bruits, entre la régularité et l’irrégularité toute une nébuleuse de sensations, comme un voyage dans les profondeurs du cerveau humain.

The missing scarf de Eoin Duffy (Irlande)

Ce film irlandais met en scène Albert, un petit écureuil qui part en quête de son écharpe égarée par inadvertance. Il parcourt la forêt à la recherche de celle-ci. Il rencontre alors plusieurs animaux à qui il manque quelque chose aussi.

Partant d’une histoire en apparence enfantine, le film glisse subrepticement, et avec humour, du conte pour enfants vers le conte philosophique. Eoin Duffy réalise un film à la fois minimaliste et épique, simple et complexe, à l’image des problèmes existentiels de ses personnages. Le contraste entre les personnages aux traits épurés et les idées complexes qu’ils véhiculent créé un décalage savoureux, incarné avec brio par la voix-off de George Takei, connu notamment par les fans de « Star Trek ».

Julien Beaunay

Articles associés : L’Étrange Festival : retour sur le programme de courts 5 & les programmes 2 et 4

À la rencontre du jeune cinéma français : Shanti Masud, mardi 28 octobre, 20h au Cinéma L’Archipel

Nouvelle bonne nouvelle ! Dès ce mois-ci, Format Court est partenaire d’un nouveau rendez-vous ciné, « À la rencontre du jeune cinéma français » organisé par le Cinéma L’Archipel. Chaque rencontre permettra de (re)découvrir le travail de quelques jeunes auteurs qui comptent, à travers un ou plusieurs de leurs films, courts ou plus longs. France2 Mardi 28 octobre, à 20h, Shanti Masud, lauréate de notre Prix Format Court au Festival de Vendôme 2013, viendra présenter 3 films (« Don’t touch me please » (2010), « Pour la France » (2013) et « While the Unicorn is watching me » (2014) ainsi qu’un clip. À l’issue de la projection, elle dialoguera avec Marc-Antoine Vaugeois (rédacteur à Format Court).

Infos

Cinéma L’Archipel : 17 boulevard de Strasbourg – 75010 Paris M° 4, 8, 9 Strasbourg St Denis / Château d’eau / Bonne Nouvelle

Tarifs

– 8 € / plein
– 6,5 € / réduit (étudiants, demandeurs d’emplois, plus de 60 ans sur justificatif sauf week-end et jour de fête)
– 4 € pour les – de 14 ans

shanti-masud Événement Facebook : https://www.facebook.com/events/311680525687358/?source=1

Cólera d’Aritz Moreno

Depuis plus de quinze ans, le cinéma espagnol a donné naissance à une impressionnante série de films fantastiques aussi angoissants qu’exigeants. Aux réussites majeures de « L’Échine du diable » et du « Labyrinthe de Pan », des « Autres », de « L’Orphelinat » et des « Yeux de Julia », on peut désormais ajouter le court-métrage « Cólera » (comme la maladie) d’Aritz Moreno, présenté au festival Court Métrange et déjà récompensé par le Grand prix du festival parisien BD6né en avril 2014.

Ce deuxième court-métrage de Moreno n’a certes pas la richesse thématique des long-métrages de ses compatriotes. Au contraire, le réalisateur utilise la forme courte pour se concentrer sur une idée, ramassée en quelques minutes et un seul plan-séquence. L’intensité du film vient de la terrible linéarité de son unique action, que l’on suit de ses prémisses jusqu’à sa macabre résolution : des villageois se regroupent pour chasser de leurs terres un pestiféré, créature plus pathétique que réellement dangereuse.

Au grand roman d’épouvante, Moreno préfère donc la nouvelle à chute. Il a d’ailleurs trouvé son inspiration dans les pages du magazine de bande dessiné américain Twisted Tales, successeur, dans les années 80, des comics des années 50-60 comme Tales from The Crypt, Eerie ou Creepy, ces recueils de courtes B.D. macabres misant tout sur leur retournement final (celui de « Cólera » est d’ailleurs particulièrement ironique et cruel). « Cólera » est l’adaptation de « Terminated » (1983), un récit de seulement trois pages écrit par Bruce Jones (également auteur de l’histoire qui inspira « Jenifer », l’unique bon film récent de Dario Argento) et dessiné par Richard Corben (qui publia entre autre dans Métal Hurlant).

Le film ne suit pas le découpage traditionnel de la bande dessinée en cases/plans et propose au contraire un plan-séquence (truqué : on devine au moins trois plans différents, qui raccordent de façon invisible). L’unité du plan-séquence permet de relier entre eux les différents évènements, la constante mobilité de la caméra soulignant le caractère inexorable du récit, la relation de cause à effet entre les actions, de la marche déterminée des villageois à la conséquence inattendue de leur crime.

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Durant son long plan, Moreno glisse d’un personnage à l’autre, faisant ainsi prendre au spectateur différents points de vue : d’abord celui des villageois en colère, menés par l’imposant Luis Tosar (vu dans « Miami Vice » de Michael Mann ou « Cellule 211 » de Daniel Monzón), puis celui de l’infecté, cousin du monstre décharné de « [REC] », qui apparait comme une innocente victime de l’intolérance de ses voisins. Ce passage des bourreaux à la victime se fait sans coupe mais à la faveur d’un mouvement de caméra à 180° qui souligne le renversement moral à l’œuvre. Lorsque, à la fin du film, la caméra s’élève dans le ciel, c’est pour prendre encore un nouveau point de vue, celui d’un narrateur omniscient qui révèle au spectateur ce qu’ignorent les personnages.

Le choix du plan-séquence peut rapprocher « Cólera » du fameux court métrage argentin « Mamá » (2008), mais, plutôt que l’horreur sophistiquée d’Andrés Muschietti, Aritz Moreno travaille une atmosphère de décrépitude généralisée : dès le générique, une mouche survole bruyamment les titres qui se putréfient à son contact, puis l’action se déroule dans un paysage désolé, dont la sécheresse fait écho la dureté des personnages, incapables de la moindre compassion.

Sylvain Angiboust

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C comme Cólera

Fiche technique

Synopsis : Un homme armé, à la tête d’une foule en colère, se rend à la cabane d’un pestiféré pour l’en chasser.

Réalisation : Aritz Moreno

Genre : Fiction

Durée : 6’16 »

Pays : Espagne

Année : 2013

Scénario : Aritz Moreno, d’après une histoire écrite par Bruce Jones et dessinée par Richard Corben

Image : Javier Aggire Erauso

Son : Iñaki Díez, Xanti Salvador

Montage : Natxo Sainz

Maquillage : Gorka Aguirre, Olga Cruz

Effets spéciaux : Quimera Fx, Jose David Portales, Natxo Sainz

Musique : Mursego

Interprétation : Luis Tosar, Iñake Irastorza, Paco Sagarzazu, Ander Pardo

Production : More, Atera Films, Irusoin

Article associé : la critique du film

Carte blanche Format Court, jeudi 30/10 à la Cinémathèque française : 10 places à gagner !

Jeudi 30 octobre, à 20h30, la Cinémathèque française invite Format Court à présenter une carte blanche “Spéciale 5 ans” dans le cadre de son rendez-vous Cinéma de poche. Pour cette occasion exceptionnelle, nous vous proposons de voir et revoir des Prix Format Court, des films plus anciens, des premiers courts, et des propositions éclectiques d’ici et ailleurs. La programmation fera l’objet d’une rencontre avec les membres de Format Court et les équipes présentes.

Pour accompagner cette projection spéciale, nous avons 10 places à vous offrir grâce au concours de la Cinémathèque . Intéressé(e)s ? Contactez-nous !

Programmation

Un monsieur qui a mangé du taureau de Eugène Deslaw/France/1935/7’/DCP

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Un homme achète de la viande de taureau et la mange pour voir quels seront les effets produits. Cette nourriture lui communique une agressivité débridée… Version sonorisée et commentée de façon délirante par Betove d’un film de 1909.

Wrong Cops Chapter One de Quentin Dupieux / France-Etats-Unis/2013/13’/VOSTF/DCP. Avec Mark Burnham, Marilyn Manson. Sélectionné à la Quinzaine des Réalisateurs 2012

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Duke, un flic corrompu et mélomane, patrouille dans les rues de Los Angeles, musique à fond, et fait la rencontre d’un jeune amateur de techno, David Dolores Frank.

Article associé : la critique du film

10 minutes de Jorge Leon/Belgique/2008/19’/Vidéo. Sélectionné au Festival Silhouette 2009

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À travers la lecture d’une feuille d’audition judiciaire, le parcours d’une jeune fille projetée malgré elle dans un réseau de prostitution.

Article associé : la critique du film

Plug & Play de Michael Frei/Suisse/2012/6’/VOSTF/DCP. Sélectionné au Festival d’Annecy 2013

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Des personnages à tête de prise électrique se branchent les uns aux autres dans un monde où les doigts sont les maîtres. Mais les doigts se prodiguent également des caresses. Est-ce de l’amour ?

Article associé : la critique du film

 Trespass de Paul Wenninger/Autriche/2012/10’/VOSTF/DCP. Prix Format Court au Festival Premiers Plans 2014

*** Local Caption *** Trespass, , Paul Wenninger, A, 2012, V'12, Kurzfilme

En anglais « trespass » signifie s’immiscer, mais peut aussi faire allusion à une entrée non autorisée ou, dans le jargon juridique, une « perturbation domestique ». Ce film d’animation en prises de vue réelle joue avec tous les sens du terme.

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Le Monde à l’envers de Sylvain Desclous/France/2012/37’/DCP. Avec Vincent Macaigne, Guillaume Viry. Prix Format Court au Festival de Vendôme 2012

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Une ville moyenne de province. Mado, cinquante-six ans, est caissière dans un supermarché. CDD d’un an renouvelable. Une bonne place pour certains. Une éternité pour Mado. Un beau jour, elle s’échappe. Direction la campagne. Un petit pavillon où vit ce fils qu’elle aime tant et qu’elle voit si peu.

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Solipsist de Andrew Huang/Etats-Unis/2012/10’/VOSTF/DCP. Sélectionné au Festival de Clermont-Ferrand 2012

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Ils pensaient être les seuls êtres réels dans ce monde étrange ?

Article associé : la critique du film

Keith Reynolds Can’t Make it Tonight de Felix Massie/Grande-Bretagne/2007/6’/VOSTF/Numérique. Meilleur film d’école au Festival Anima 2009

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Voici Keith Reynolds. Aujourd’hui, c’est le jour de la promotion. Pour avoir travaillé dans l’entreprise pendant huit ans, il est le plus ancien analyste commercial junior de l’immeuble. Il a attendu cette journée pendant très longtemps.

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En pratique

Les cinq ans de Format Court : Jeudi 30/10/ 2014, 20h30.

Cinémathèque française, salle Jean Epstein. Durée de la programmation : 108’

L’info sur le site le la Cinémathèque

Let Me Down Easy de Matthew De Filippis et Elisia Mirabelli

« Let Me Down Easy » (« Laisse-moi tomber simplement»), un bien joli titre pour le court-métrage de Matthew De Filippis et Elisia Mirabelli, présenté ces jours-ci dans la section Focus Québec/Canada du festival du nouveau cinéma de Montréal. Dans une petite bourgade d’on ne sait où, une poignée de garçons et de filles dans leur vingtième année se prête à un étrange rituel de passage. Six personnages, élevés dans un puritanisme exacerbé, vont faire l’expérience d’une nuit d’ivresse où leur innocence, si bien préservée, va être mise à rude épreuve.

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Le film s’ouvre sur une prière, un appel à la protection des pêcheurs, et sur le visage angélique d’une jeune femme blonde vêtue de blanc, personnage central du film qui porte en lui toute la pureté et l’innocence d’une jeunesse élevée dans le respect des lois de Dieu et de la communauté. Son visage est filmé à travers le voile blanc de la fenêtre, un voile de protection qui sera bientôt levé. « They want us to have fun » (« Ils veulent qu’on s’amuse ») lance un des jeunes garçon en route pour l’aventure. Qui est ce « They », qui est à l’origine de cette mise-en-scène lugubre ? L’objectif est-il de les mener à leur perte, de précipiter leur chute pour que ne survive que les plus vertueux d’entre eux ?

Laissés à leur propre sort, tels Adam et Eve dans le jardin d’Eden, les six jeunes gens sont menés vers un lieu où toutes les tentations sont réunies. Tour à tour, ils vont baisser leur garde et céder à la gourmandise, la luxure, la colère, l’avarice ou l’envie. La caméra tournoie et joue avec la netteté de l’image, créant également chez le spectateur cette sensation d’étourdissement. Témoins impuissants, nous assistons à une scène de déchéance digne d’une histoire de la Bible.

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Les deux réalisateurs capturent des corps baignés dans une lumière vive, littéralement surexposés et libérés de toute forme de carcan. La caméra s’attarde longuement sur les visages des jeunes gens, laissant percevoir la peur et l’excitation. Le personnage central, sur lequel s’ouvre et se clôt le film, incarne toute l’ambiguïté de l’être, entre innocence originelle et passion ardente. Sur son visage béat se dessine l’idée qu’il n’y a pas de fruit plus doux que celui du pêché et de la connaissance. Ce personnage sensuel, l’instabilité de la caméra, l’utilisation de la lumière et du son, crées un univers où se mêlent danger et volupté. « Let Me Down Easy » opère une forme de séduction sur le spectateur qui, embarqué dans un univers tantôt onirique, tantôt angoissant, se laisse aussi tomber, simplement.

Agathe Demanneville

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L comme Let Me Down Easy

Fiche technique

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Synopsis : Entre rites païens et initiation, la longue nuit d’un groupe d’adolescents qui affrontent leurs démons intérieurs. Une plongée haletante vers onirisme et envoûtement.

Réalisation : Elisia Mirabelli, Matthew De Filippis

Durée : 16′

Année : 2014

Pays : Canada

Genre : Fiction

Image : Parrell Jackson

Montage : Calum Moore

Son : Tattersall jane

Musique : Fox Ben

Interprètes : Merchant Tamzin, Aiken Liam

Production : Sempre Film

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Court Métrange 2014, le palmarès

Le festival Court Métrange vient de se terminer à Rennes. Voici les différents lauréats.

Palmarès

Grand prix du jury : Ceux qui restent debout de Jan Sitta (France)

Méliès d’argent : SuperVenus de Frederic Doazan (France)

Méliès d’or : Le sucre de Jeroen Annokkee (Pays Bas)

Prix France Télévisions : Canis de Marc Riba & Anna Solanas (Espagne)

Prix Beaumarchais : La Bête de Vladimir Mavounia-Kouka (France)

Prix des élèves d’école primaire : Le baiser de la mort de A. Aubert, E. Damo, M. Divier, C. Folope, Y. Taktak (France)

Prix des lycéens : Ghost train de Lee Cronin (Irlande, Finlande)

Prix Format Court : A Living Soul de Henry Moore Selder (Suède)