Alexey Evstigneev : « L’animation me permet d’être dans la métaphore »

Alexey Evstigneev : « L’animation me permet d’être dans la métaphore »

Diffusé pour la première fois au Festival de Clermont-Ferrand, le film d’animation franco-russe « Father’s letters » de Alexey Evstigneev raconte l’histoire vraie d’un météorologue envoyé au goulag, en pleine purge stalinienne, qui a maintenu coûte que coûte le lien avec sa fille

Lubna Azabal : « Ça me fait du bien de pouvoir ouvrir une fenêtre, de mettre de la lumière là où c’est noir »

Lubna Azabal : « Ça me fait du bien de pouvoir ouvrir une fenêtre, de mettre de la lumière là où c’est noir »

Présidente du Jury des courts-métrages et des films d’écoles de la Cinef en compétition cette année à Cannes, Lubna Azabal raconte en toute franchise son parcours, depuis ses premières années à Bruxelles en tant qu’étudiante au Conservatoire le jour et serveuse le soir. Qu’elle laisse parler le silence, écoute le petit Louis du coin ou prenne l’accent chibani de son père, la comédienne (vue dans « Amal », « Le Bleu du Caftan », « Incendies »,…) en impose, tant dans sa générosité que dans son humilité, comme rarement cela se passe en entretien.

Côté Court 2024, nos coups de coeur

Côté Court 2024, nos coups de coeur

Rendez-vous annuel phare des cinéphiles comme des professionnels, le Festival Côté Court a animé le Ciné 104 de Pantin du 5 au 15 juin 2024. Les programmes Fiction, Essais vidéo, Grand Angle ainsi qu’un focus sur le cinéma iranien promettaient une riche programmation à la hauteur des attentes d’un public avide de découvertes. 32 films étaient présentés au sein de la compétition Fiction, qui regroupe comme son nom l’indique les courts-métrages de fiction programmés tout au long du festival. Voici 4 de nos coups de cœur parmi cette sélection aussi diversifiée que passionnante.

Iris et les hommes de Caroline Vignal

Iris et les hommes de Caroline Vignal

Iris a la quarantaine et elle mène une vie des plus admirables : elle habite un bel appartement parisien, son mari et elle forment l’archétype du Power Couple moderne et, par-dessus le marché, ses filles sont sages et brillantes. Seulement voilà, pour Iris, son exemplarité ne pallie pas à son besoin d’être désirable. C’est juste avant une réunion parents-profs (expéditive, sa fille a 17,8 de moyenne) qu’elle avoue à son amie qu’elle et son mari ne couchent plus ensemble. Une autre maman va lui faire une suggestion : prendre un amant. Il ne faut pas le lui dire deux fois.

N comme Las Novias del Sur

N comme Las Novias del Sur

Des femmes d’un âge déjà mûr parlent de leur mariage, de leur première fois, de leur rapport intime à la sexualité. Dans la répétition de ces rites ancestraux, la réalisatrice se questionne sur sa propre absence de mariage, d’enfants, et avec elle, une chaîne de relation mère-fille qui s’éteint.
Réal. : Elena López Riera
Documentaire, 39′, 2024
Espagne, Suisse

Las Novias del Sur de Elena López Riera

Las Novias del Sur de Elena López Riera

Las Novias del Sur, ou Les fiancées du Sud, c’est un aller-retour permanent entre passé et présent, avec des regards plein de doutes et des voiles de mariées, mélangés aux rires et paroles de femmes maintenant âgées. Ce beau tableau documentaire espagnol, réalisé par Elena López Riera (ayant tourné El Agua), a remporté la Queer Palm du court-métrage au Festival de Cannes cette année, nous ouvrant à une discussion exclusivement féminine sur le mariage, l’amour et la sexualité.

Caroline Champetier : « Jʼaimerais être musicale visuellement »

Caroline Champetier : « Jʼaimerais être musicale visuellement »

Créditée au générique de « C’est pas moi », le court-métrage patchwork de Leos Carax, présenté à Cannes et en salles le 12 juin prochain, la directrice de la photographie Caroline Champetier revient sur certaines de ses collaborations, avec Leos Carax évidemment mais aussi avec Chantal Akerman avec qui elle a travaillé notamment sur Toute une nuit. À l’occasion de cet échange, elle aborde également le lien à l’acteur, sa pulsion scopique et l’importance de l’ambiance dans les scénarios.

L’Homme qui ne se taisait pas de Nebojša Slijepčević

L’Homme qui ne se taisait pas de Nebojša Slijepčević

“Un homme est la somme de ses actes, de ce qu’il fait, de ce qu’il peut faire. Rien d’autre” écrivait André Malraux dans La Condition humaine. Rester ou partir, se battre ou fuir, parler ou se taire, sont autant de choix décisifs qui rendent l’homme moderne tributaire de son destin. Dans le court-métrage de Nebojša Slijepčević, « L’Homme qui ne se taisait pas », un train de 500 passagers est stoppé par des forces paramilitaires. Face à l’arrestation de civils innocents, un seul homme se lève et s’y oppose. Nous sommes en février 1993, à Štrpci, où la guerre fait rage en Bosnie-Herzégovine.

Eliane Umuhire : « Grâce au théâtre, j’ai pu construire mon identité en tant qu’humain et artiste »

Eliane Umuhire : « Grâce au théâtre, j’ai pu construire mon identité en tant qu’humain et artiste »

Membre du Jury de la Semaine de la Critique 2024, Eliane Umuhire est comédienne. Vue dans « Augure » de Baloji, Prix de la nouvelle voix à Cannes l’an passé, elle revient sur son parcours, l’importance du théâtre alors qu’elle étudiait la comptabilité dans les années 2000. Dans ce long et passionnant entretien, il sera question du génocide qui a sévi dans son pays d’origine, le Rwanda, mais aussi de mots, de repères, de rôles forts, de travail et de création.

Agathe Bonitzer : « Sur un plateau, c’est l’intuition qui prend le relais »

Agathe Bonitzer : « Sur un plateau, c’est l’intuition qui prend le relais »

Découverte du côté de chez sa mère Sophie Fillières avec son rôle de fan incontrôlable dans « Un chat un chat », ou encore en sœur dans « La Religieuse » de Guillaume Nicloux, Agathe Bonitzer était cette année sur la Croisette en tant que membre du jury du Prix de la Citoyenneté. Elle présentait également en ouverture de la Quinzaine des Cinéastes le film « Ma vie, ma gueule », réalisé par sa mère, dont elle a dirigé le montage final avec son frère Adam Bonitzer. Rencontre.

V comme Very Gentle Work

V comme Very Gentle Work

Entre documentaire, fiction et essai, une cartographie alternative de Manhattan, qu’une voix off méthodique renvoie aux multiples actions violentes de mouvements révolutionnaires dont New York fut le théâtre. Son appétence pour la topographie et les archives peut rappeler les livres de Sebald.
Réal. : Nate Lavey
Essai, documentaire, fiction, 24′, États-Unis
2024

Very Gentle Work de Nate Lavey

Very Gentle Work de Nate Lavey

Ne vous êtes-vous jamais interrogé sur ce que votre immeuble pourrait vous raconter de son histoire, de ce dont il a pu être témoin, sur les personnes qui ont foulé le même trottoir que vous, utilisé les mêmes transports que vous, en somme, sur l’histoire de votre rue, de votre quartier, de votre ville ? C’est de cette interrogation et d’une rencontre qu’est né « Very Gentle Work » de Nate Lavey, présenté cette année à la Quinzaine des Cinéastes.

Guil Sela : « Le cinéma, c’est l’art de montrer et non de juger »

Guil Sela : « Le cinéma, c’est l’art de montrer et non de juger »

Originaire d’Israël, Guil Sela émerge comme un talent au style et au point de vue uniques, lui qui a déjà œuvré en tant que photographe avec son exposition « La Note Bleue ». Avec Montsouris, lauréat du Prix Découverte Leitz Cine du court métrage à la Semaine de la Critique, il interroge la place du filmeur dans notre société, le tout avec un humour qui nous met dans un immense malaise. Le temps d’un entretien, il revient sur les origines de son projet ainsi que ses envies pour la suite.

Les belles cicatrices de Raphaël Jouzeau

Les belles cicatrices de Raphaël Jouzeau

Difficile de mettre des mots sur ce dernier café au goût amer, cet au revoir un peu fuyant et douloureux. À la table d’un restaurant, Gaspard et Leila se regardent, se souviennent et essaient de se parler – en vain. Avec douceur, Raphaël Jouzeau traite de la rupture entre deux êtres dans son premier court-métrage d’animation professionnel « Les belles cicatrices », en compétition officielle cette année au Festival de Cannes.

Mo Harawe : « Chaque film est un langage visuel »

Mo Harawe : « Chaque film est un langage visuel »

Interviewé il y a seulement un an sur notre site, Mo Harawe a réalisé The Village Next to Paradise, un premier film sélectionné dans la catégorie Un Certain Regard, en lice pour la Caméra d’or 2024. Solaire, centré sur un trio (père-soeur-enfant) en proie à la lutte, au dépassement de soi et au contexte politique et culturel, le film a comme ancrage la Somalie, terre d’origine du réalisateur et d’inspiration pour ses précédents courts dont le très poignant Will My Parents Come to See Me ?, Grand Prix international au Festival de Clermont-Ferrand 2023. Le passage au long marque aussi une première exposition cannoise pour Mo Harawe, enchaînant les entretiens, sur le bateau Arte.