Tous les articles par Katia Bayer

P comme The Principle of Grace

Fiche technique

A Principle of Grace-maya kessel2

Synopsis : Rita, une infirmière rigide, employée à la Sécurité sociale est accompagnée dans sa journée de travail de Mali une étudiante à qui il faut expliquer les ficelles du métier. A la fin de la journée, dans un acte de compassion inhabituelle, Rita décide de retourner voir l’une de ses patientes.

Genre : Fiction

Durée : 18’

Pays : Israël

Année : 2015

Réalisation : Maya Kessel

Scénario : Maya Kessel

Image : Gal El-Ad

Son : Amir Guelman

Montage : Tamar Kay

Interprétation : Maya Gasne, Yael Finkel, Natasha Andreev

Production : The Sam Spiegel Film and Television School

Article associé : la critique du film

Festival de Locarno 2016, les films en compétition

Pardi di domani, la section courte du Festival de Locarno, a été dévoilée il y a quelques jours. Voici les films retenus par Alessandro Marcionni (sélectionneur en chef) et son équipe, du côté des courts-métrages internationaux et suisses.

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Compétition internationale

A LIÑA POLÍTICA by Santos Díaz – Spain – 2015 – 21’
À NOITE FAZEM-SE AMIGOS by Rita Barbosa – Portugal – 2016 – 24’
ALEPOU (Fox) by Jacqueline Lentzou – Greece – 2016 – 28’
AN AVIATION FIELD by Joana Pimenta – USA/Portugal/Brazil – 2016 – 14’
APARTAMENT INTERBELIC, ÎN ZONA SUPERBĂ, ULTRA-CENTRALĂ (Old Luxurious Flat Located in an Ultra-central, Desirable Neighborhood) by Sebastian Mihăilescu – Romania – 2016 – 18’
AU LOIN, BALTIMORE by Lola Quivoron – France – 2016 – 26’
CILAOS by Camilo Restrepo – France – 2016 – 12’
CLAN by Stefanie Kolk – Netherlands – 2016 – 22’
DEEP BLUE by Joe Nankin – USA – 2016 – 15’
DGIS BOLOMDE (Till the End of the Day) by Anna Sarukhanova – Georgia – 2016 – 15’
EACH TO THEIR OWN by Maria Ines Manchego – New Zealand – 2016 – 19’
ESTILHAÇOS by José Miguel Ribeiro – Portugal – 2016 – 18’
ETAGE X by Francy Fabritz – Germany – 2016 – 14’
HOLD ME (CA CAW CA CAW) by Renee Zhan – USA – 2016 – 11’
KOMMITTÉN (The Committee) by Gunhild Enger, Jenni Toivoniemi – Sweden/Norway/Finland – 2016 – 14’
L’IMMENSE RETOUR (ROMANCE) by Manon Coubia – Belgium/France – 2016 – 14’
LAS VÍSCERAS by Elena Lépez Riera – Spain/France – 2016 – 16’
MANODOPERA by Loukianos Moshonas – France/Greece – 2016 – 26’
NON CASTUS by Andrea Castillo – Chile – 2016 – 21’
NUESTRA AMIGA LA LUNA by Velasco Broca – Spain – 2016 – 15’
ON THE ROPES by Manon Nammour – Lebanon – 2016 – 17’
QUE VIVE L’EMPEREUR by Aude L.a Rapin – France – 2016 – 26’
RHAPSODY by Constance Meyer – France – 2015 – 16’
SETEMBRO by Leonor Noivo – Portugal/Bulgaria – 2016 – 33’
SREDI CHEORNYH VOLN (Among the Black Waves) by Anna Budanova – Russia – 2016 – 11’
TRANZICIJA (Transition) by Milica Tomovic – Serbia – 2016 – 22’
UMPIRE by Leonardo Van Dijl – Belgium – 2015 – 16’
VALPARAISO by Carlo Sironi – Italy – 2016 – 20’

Compétition nationale

CABANE by Simon Guélat – France – 2016 – 26’
CÔTÉ COUR by Lora Mure-Ravaud – Switzerland – 2016 – 13’
DIE BRÜCKE ÜBER DEN FLUSS by Jadwiga Kowalska – Switzerland – 2016 – 6’
DIGITAL IMMIGRANTS by Norbert Kottmann, Dennis Stauffer – Switzerland – 2016 – 21’
DORMIENTE by Tommaso Donati – Switzerland – 2016 – 18’
GENESIS by Lucien Monot – Switzerland – 2016 – 17’
ICEBERG by Mathieu Z’Graggen – France – 2016 – 37’
LA FEMME ET LE TGV by Timo von Gunten – Switzerland – 2016 – 30’
LA LEÇON by Tristan Aymon – Switzerland – 2016 – 15’
LA SÈVE by Manon Goupil – Switzerland – 2016 – 13’
LES DAUPHINES by Juliette Klinke – Belgium – 2016 – 13’
LOST EXILE by Fisnik Maxhuni – Switzerland – 2016 – 29’

Les délices de Tokyo de Naomi Kawase

Naomi Kawase, Présidente cette année à Cannes du Jury des courts-métrages en compétition et de la Cinéfondation (sélection de films d’écoles), s’est exprimée il y a quelques temps sur Format Court sur sa formation à l’École des Arts Visuels d’Ōsaka et sur la nécessité – pour tout réalisateur qui se respecte – d’apprendre à regarder le monde et de veiller au moindre détail. « Les délices de Tokyo », son dernier film, est sorti récemment chez l’éditeur Blaq Out. Le film, sélectionné à Un Certain Regard l’an passé, est accompagné de suppléments : un entretien avec la réalisatrice, une recette de dorayakis (pâtisseries réputées au Japon, délices du film) rédigée par Kawase et un court-métrage inédit, « Lies ».

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Sélectionné à Cannes en 2015, « Les délices de Tokyo » fait le lien entre trois personnages issus de trois générations différentes : Sentaro, un vendeur de dorayakis (pancakes fourrés de pâte de haricots rouges confits) faisant son boulot bon gré mal gré, ayant eu des soucis dans le passé et quelques difficultés à se mêler à ses congénères, Wakana une jeune fille fuyant l’école et en quête d’apaisement, et Tokue, une femme de 70 ans débarquant de nulle part, maîtrisant la préparation des dorayakis comme personne et souhaitant coûte que coûte travailler dans l’échoppe de Sentaro. Celui-ci, malgré ses réticences, décide de donner sa chance à son aînée qui l’initie à l’art de la cuisine sous le regard bienveillant de Wakana.

Chacun de ces personnages porte son secret, les mots qui sortent de leurs bouches sont précieux, parfois rares. Et pourtant, la communication passe, le lien se fait, les barrières tombent entre ces étrangers qui semblent revivre au contact les uns des autres. Jusqu’à ce que des événements extérieurs surviennent et qu’une autre vérité surgisse dans la vie et le quotidien de Tokue, Sentaro et Wakana.

Avec « Les délices de Tokyo », Naomi Kawase signe un film fort, fin, beau comme on les aime, humaniste, en phase directe avec nos émotions. Tokue, cette femme magnifique, tellement touchante, portant ses cicatrices de vie, nous émeut à chaque plan et nous accompagne longtemps après que l’écran soit redevenu bien noir. La réalisatrice capte le moindre détail (un sourire, des regards complices, une ride, des pétales de cerisier, des haricots qui cuisent, un manteau orphelin, une lettre chiffonnée, un dorayaki abimé, …). Elle nous incite, comme évoqué plus haut, à prendre le temps de regarder le monde, les autres, les objets, la nature environnante, et son pays aussi. Rares sont les expériences aussi savoureuses, poétiques et pleines d’espoir que celle-ci. Le film n’est pas juste à voir, il est à revoir, à goûter et à livrer aux autres, comme un cadeau précieux, à ouvrir avec précaution. Un feuillet malicieusement glissé dans le DVD s’apparente à une fleur de cerisier tombée inopinément : Naomi Kawase nous livre une recette de dorayakis, en distinguant celle de la pâte de haricots confits et celle du pankake, agrémentée de photos et de passages du film, tel le joli « La danse des haricots dans la marmite »).

Deux autres bonus, moins intéressants admettons-le, complètent cette édition. En premier lieu, un trop court entretien avec Naomi Kawase de seulement cinq minutes curieusement doublé par dessus la voix de la réalisatrice (l’édition ne comporte bizarrement pas de sous-titres) et entrecoupé d’extraits. On y isole deux petites phrases : « Ce n’est pas le style qui m’intéresse, mais ce qu’il y a derrière » et « Je pense que le cinéma peut rendre la vie positive, c’est ce qui m’est arrivé depuis que j’en fais ». Un peu light en somme.

En deuxième lieu, un court de 25 minutes, « Lies », faisant partie d’un projet collectif, « MN9 Project », incluant plusieurs films de réalisateurs asiatiques dont Apichatpong Weerasethakul (Thaïlande), Wang Xiaoshuai (Chine), Im Sang-soo (Corée du sud). Le pitch de « Lies » est simple : une journaliste de mode interviewe un créateur japonais réputé, dont les propos sont traduits par son assistante. Lors de cet échange, l’homme parle de son travail, de la mode, du Japon, de sa vision des femmes, de ses anciens amours, de ses passions et des ses souffrances. Si le film fait la part belle aux gros plans et aux images intimes auxquels renvoient les propos de l’interview, on s’interroge quand même quelque peu sur le choix de ce film – plutôt froid, gris, monotone – dans cette édition, tant « Les délices de Tokyo » prend de la place par sa qualité, sa délicatesse, sa poésie et sa simplicité.

Avec ce court, Kawase tente quelque chose d’autre (pourquoi pas ?) mais le résultat est trop stylisé, trop maniéré et le dénouement trop évident. Les deux univers s’entrechoquent et c’est dommage, même pour un bonus (surtout un court, difficile d’accès par excellence). Par le passé, la réalisatrice a filmé sa famille (notamment sa grand-mère), a fait un certain nombre de documentaires courts et moyens. Ces films, mentionnés sur son site internet et dont quelques extrait sont visibles sur YouTube, auraient mérite à sortir en DVD, tant les débuts des réalisateurs peuvent être intéressants et, dans le cas présent, influencer leur parcours.

Katia Bayer

Les délices de Tokyo de Naomi Kawase. Film et bonus : entretien avec Naomi Kawase, court-métrage « Lies » (25 min), recette des dorayakis. Édition Blaq Out

Pros du court, envoyez-nous votre film de la semaine !

L’info est sortie avant-hier sur notre site. Dorénavant, notre rubrique « Le film de la semaine » accueillera des courts choisis et aimés par les professionnels, en parallèle à ceux repérés par l’équipe de Format Court. Une façon d’agrémenter notre vidéothèque en ligne de nouveaux films (européens ou non, récents ou plus anciens), de vous offrir d’autres regards et de poursuivre notre exploration du court.

Vous êtes un pro du court ? Envoyez-nous par mail le lien (Vimeo, You Tube, Dailymotion) d’un film que vous aimez (visible en ligne et disponible légalement sur la Toile) accompagné d’un petit texte justifiant votre choix. Nous ne manquerons pas de le publier sur Format Court ! Chaque semaine, place à un nouveau court !

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« Next floor » – Denis Villeneuve

Retrouvez également notre premier film de la semaine (version pro) est « Pivot » d’André Bergs, un film d’animation de 2009 choisi par Harry Bos, chargé du cinéma néerlandais pour l’Ambassade des Pays-Bas à Paris. Cliquez ici pour en lire la critique, parue ce lundi 11 juillet 2016.

Pivot d’André Bergs

Nouveauté @ Format Court. Notre rubrique « Le film de la semaine » accueillera désormais des courts choisis par les professionnels, en parallèle à ceux repérés par l’équipe de Format Court. Les pros du court auront carte blanche pour nous envoyer leurs envies de films (disponibles légalement sur le Net). Une façon d’agrémenter notre vidéothèque en ligne de nouveaux films (européens ou non, récents ou plus anciens), de vous offrir d’autres regards et de poursuivre notre exploration du court.

Nous inaugurons l’ouverture de notre rubrique avec Harry Bos, chargé du cinéma néerlandais pour l’Ambassade des Pays-Bas à Paris, ayant choisi le court-métrage « Pivot » d’André Bergs.

Pivot d’André Bergs. Animation, 5′, Pays-Bas, 2009, Il Luster

Synopsis : Après avoir été témoin d’un meurtre et avoir pris des photos du meurtrier, un homme doit s’enfuir pour se protéger. Il va réussir à retourner la situation en sa faveur, mais cette chasse à l’homme va mal finir.

Un homme se voit poursuivi par un criminel qu’il vient de photographier par hasard. Mais qui est le vrai poursuivant et qui est le poursuivi ? Un énorme succès dans les festivals internationaux et aussi sur la toile.

« Pivot » d’André Bergs est un court métrage d’animation de 2009 produit par Arnoud Rijken & Michiel Snijders pour Il Luster, la plus importante structure de production de films d’animation du pays, aussi coproductrice du magnifique « Barcode » d’Adriaan Lokman (2001), Grand Prix au Festival d’Annecy en 2002.

« Pivot » est une l’un des films d’animation néerlandais les plus originaux de ces dernières années, réalisée par une jeune équipe d’animateurs néerlandais travaillant à Utrecht. L’originalité tient notamment à l’utilisation de la 3D épurée qui tend vers l’abstraction. Cette idée permet à révéler l’essence même d’un film de genre, où dominent l’action et la poursuite, mais c’est également une façon de revenir à la source de l’animation, le dessin brut, le mouvement, la perspective.

Harry Bos

Rory Waudby-Tolley, Prix Format Court à Angers 2016

Notre dossier consacré à Rory Waudby-Tolley est de sortie. Le réalisateur de « Mr Madila Or The Colour of Nothing » primé par notre équipe au 28ème Festival d’Angers est l’auteur de plusieurs films dont « Tusk » et « Merfolk ». Entre documentaire et fiction, humour absurde et sujets d’actu, couleur et animation, le jeune réalisateur britannique se constitue petit à petit une filmo intéressante que nous vous proposons de découvrir par le présent focus.

mr-madila-Rory Waudby-Tolley

Retrouvez dans ce dossier spécial :

Rory Waudby-Tolley. L’anticipation dans l’animation

Rory Waudby-Tolley. Animation, humour & chaos

Mr Madila or The Colour of Nothing de Rory Waudby-Tolley

Mr Madila de Rory Waudby-Tolley, Prix Format Court à Angers 2016

Rory Waudby-Tolley. L’anticipation dans l’animation

Réaliser des films animés, pour Rory Waudby-Tolley, est un jeu d’enfants. Ce jeune adulte, diplômé du Royal College of Art, a fait de l’animation sa spécialité et ce faisant, il en est devenu maître en la matière. Ce qui frappe dans son cinéma, c’est ce subtil mélange des genres qui s’y opère : entre documentaire et fiction, le cinéaste oscille, surplombe des sujets d’actualité avec un recul suffisant pour lui offrir une vision des plus justes du monde actuel. Qu’il se fasse le porte-parole d’un vieux couple (sirène-triton) dans son « Merfolk » ou qu’il illustre le voyage dans le futur, d’un mammouth aux grandes défenses dans « Tusk », Rory Waudby-Tolley cultive une mise en scène épurée et maîtrisée sans manquer de caractère.

D’une ironie incisive, il tire des traits imparfaits sur une société troublée ; véritable personnage qui s’éveille sous ses coups de crayon, quelques fois grotesques. D’abord d’un calme éloquent, cette société prend, par la suite, des airs chaotiques et âpres où règne une cohabitation, pour le moins, erratique, entre lesdits, hommes ‘’civilisés’’ du monde occidental et des hommes venus, tantôt des mers tantôt de terres lointaines.

En 2012, avec « Merfolk », Waudby-Tolley touche même à cette forme fictionnelle qu’est l’anticipation, alors qu’il est en troisième année à l’université de Bournemouth. Dans une réalité alternative, les Merfolks -habitants de l’eau- sont forcés de quitter l’océan, pollué, et de vivre aux côtés des humains. Après dix ans vécus au Royaume-Uni, un vieux couple de réfugiés merfolk se confie sur leur adaptation dans leur nouveau pays. Les deux personnages, d’une sensibilité captivante, sont filmés à la manière d’un documentaire. Face caméra, ils livrent leur ressentis de réfugiés. Les couleurs chaudes qui véhiculent l’optimisme de ce couple contrastent avec la représentation d’images médiatiques, tels des archives, qui témoignent de l’hostilité infligée, à tort, à cette communauté.

Avec son « Tusk », gagnant du festival Short Short Story (meilleure mise en scène) et du festival international du film d’animation Golden Kuker (meilleur film étudiant), on retrouve cette veine anticipative. Une femelle mammouth sortie de sa léthargie, se réveille dans un monde qu’elle ne reconnaît pas. Ce véritable voyage astral nous décontenance – peut-être – plus encore que ce mammouth, qui se trouve comme coincé dans une suspension spatio-temporelle infernale. Ne sachant si les images qui défilent dans sa tête sont « des rêves ou des souvenirs ou des rêves de souvenirs ou des souvenirs de rêves ». Moqué et montré du doigt comme un malpropre car trop différent, le vieil animal pris pour un éléphant, nous rappelle, amèrement, les travers de notre société ; moqueries et railleries comme corollaires d’un monde où la xénophobie et/ou la discrimination sont profondément intériorisés.

En phase, donc, avec sa génération, Rory Waudby-Tolley, construit des satires explosives tant elles nous font rire et nous révèlent des visions d’un futur qui semble déjà être notre présent. Libre et fugace, le jeune Rory aime aussi à s’essayer aux très courts films. Réalisateur pour la boîte de production d’animation anglaise Beakus, il exerce son humour piquant avec des personnages aux courbes déliées et aux gestes imprévisibles dans des formats de type publicitaires, tels que « Lifebabble », « Doodles » ou encore « CMC Interstitials ». Il marque, ainsi, les esprits d’une touche unique, et pourtant, derrière la plume, c’est un artiste au cœur pudique que l’on découvre.

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Dans un fin mélange des genres – qui se veut plus frappant dans son récent « Mr Madila Or The Colour of Nothing », Prix Format Court à Angers 2016 -, on est face au cinéma de Rory Waudby-Tolley, comme embarqué dans des terres inconnues où personnages mythologiques et préhistoriques ramènent à la surface les méandres des hommes ‘civilisés’ et ce, de façon simple et profonde.

Marie Winnele Veyret

Articles associés : l‘interview du réalisateur, la critique de « Mr Madila Or The Colour of Nothing »

Plongeons de Axel Danielson et Maximilien Van Aertryck, en ligne

Publié il y a quelques jours, notre reportage consacré au dernier festival IndieLisboa s’est intéressé à plusieurs films dont le génial « Hopptornet » (Ten Meter Tower ou Plongeons en français). Ce documentaire suédois de 16 minutes sur la peur, le vide, le choix de sauter ou non d’un plongeoir haut de 10 mètres a été sélectionné au festival de Berlin avant d’être choisi par celui de Lisbonne.

Court-Circuit, l’émission du court d’Arte, a eu la bonne idée de le programmer dans son émission du 8 juillet 2016 dans un numéro spécial « Sueurs froides ». Le film produit par Plattform Produktion est rediffusé ce dimanche 10 juillet à 5h35 (oui, c’est tôt) mais est surtout disponible sur le site d’Arte (jusqu’au 6 octobre 2016, ce qui laisse de la marge) et ci-dessous. Ne le manquez pas !

Synopsis : Des gens, seuls ou à deux, grimpent en haut d’un plongeoir de dix mètres.

Hommage à Abbas Kiarostami. Le vent l’a emporté

Difficile de parler d’Abbas Kiarostami au singulier, par une désignation qui semblerait trop personnelle, tant l’œuvre et l’engagement vital du réalisateur le plaçaient au milieu des êtres, inscrits profondément dans les rues et les paysages. Depuis les trajectoires enfantines et adolescentes, à pied ou enfourchant une motocyclette, traversant singulièrement les avenues chaotiques de Téhéran, son œuvre emprunte la finesse d’un regard en prise avec l’observation. Qu’est-ce qu’observer ? C’est poser son regard dans la complexité des attentes et des frustrations les plus intimes; c’est aussi, par extension, trouver dans les limites qu’imposent les lois et les normes une façon de tenir en respect.

Bientôt, c’est depuis des automobiles, ces chariots encadrant les débats les plus tiraillés touchant aux volontés les plus embarrassantes, que Kiarostami explorera les espaces les plus reculés de l’existence, par exemple cette fascination devenue imposture dans “Close-up” (1990), autant que les espaces les plus reculés de la civilisation — des zones, parcourues depuis la baie vitrée d’un véhicule, où les êtres filmés regardent et s’interrogent. Souvenir indélébile d’une vacance philosophique : “Le vent nous emportera” (1999). Hier, c’est le vent, dans l’épuisement d’un corps, qui l’a emporté.

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Difficile d’omettre la pluralité des thèmes et des êtres, montrés aux confins d’eux-mêmes. La beauté des films, dont le style sera désormais « kiarostamien », réside dans la complexe simplicité des formes employées, en particulier dans les premiers courts-métrages. Kiarostami a repris à son compte le champ/contre-champ, le gros plan et le travelling, pour révéler les émotions primaires : la peur existentielle, la correspondance désirée aux modèles, l’homme devant la loi et le sacré. « C’est la norme qui doit s’adapter à la société et non la société à la norme », lance-t-il dans les années 1970. Il fonde un cinéma qui ne courbe l’échine devant aucune opération sentimentale, et à partir de laquelle l’humanité se regarde vivre. Un cinéaste dans le présent iranien, et dans les possibilités du désir les plus puissantes et les plus destructrices. Il fonde sa liberté sans quitter ses racines, sans quitter son pays, mais toujours dans l’observation altruiste des souffrances et des subjectivités.

close-up

Le producteur Marin Karmitz a écrit : « Dans les années 1990, un Iranien, Mamad Haghigha, est venu me montrer “Close-up”, de Kiarostami. J’ai éprouvé le même choc que face à Rossellini, Bresson et Kieslowski. Il fallait que je travaille avec lui ». De cette nécessité est née un lien indéfectible avec la France, et avec le Festival de Cannes où il remporte la Palme d’or en 2000. De ce rapport découle un attachement, auquel s’ajoute aujourd’hui un deuil. Il faudra que ce dernier soit digne de la confiance dont ses films sont le centre, une soif vouée à l’éclosion d’une conscience des rapports, sans cesse à partager. Nos larmes seront donc collectives. Héritières de sa compréhension éthique du monde.

Mathieu Lericq

Accident Blunders and Calimities

Animation, 05’13, 2014, Nouvelle-Zélande, Media Design School

Synopsis : Un père opossum raconte à ses enfants une histoire sur le plus dangereux de tous les animaux : l’humain !

Sous la forme d’un conte pour enfants, ce court métrage propose une liste des différentes morts accidentelles d’animaux réalisées par les humains. Noyade, asphyxie, écrasement,..  : toutes les morts sont plus horribles les unes que les autres; amoureux des animaux, s’abstenir ! Réalisé par 44 étudiants de l’école néo-zélandaise Media Design School, ce court métrage à la fois drôle, efficace et très réaliste, est porté par une animation et un sens du détail parfait !

Zoé Libault

IndieLisboa 2016, notre compte-rendu

Passé inaperçu à cause du gros Cannes, le discret IndieLisboa s’est affiché il y a deux mois pendant dix jours à Lisbonne. Que ce soit sur les posters géants, les affiches placardées dans toute la ville ou dans le journal du festival, le symbole-corbeau a posé, mi-songeur mi-humain, muni d’une pipe et d’un fusil, dans les herbes hautes rougeâtres.

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Pour la deuxième année consécutive, Format Court était partenaire de l’événement lisboète (le 13ème du nom) et remettait un prix dans la section « Silvestre » dédiée au nouveau cinéma. Après avoir récompensé Leonardo Brzezicki et son fabuleux « The Mad Half Hour » l’an passé, notre revue a choisi de primer « World of Tomorrow », le dernier film de Don Hertzfeldt, nommé aux Oscars cette année.

Outre les gros focus consacrés cette année à Vincent Macaigne, Jean-Gabriel Périot (un habitué du festival) et Paul Verhoeven, IndieLisboa a conservé son attachement au court (202 courts programmés sur 289 longs) que ce soit dans la section Silvestre, dans les compétitions nationale et internationale ou les programmes spéciaux, comme celui des 30 ans de la Fémis.

Parmi ces films, en figurent quelques uns déjà chroniqués par Format Court tels que « Des millions de larmes » de Natalie Beder, « Hotaru » de William Laboury, « Une sur trois » de Cecilia de Arce, « Scrapbook » de Mike Hoolboom ou « Feest! » de Paul Verhoeven.

Parmi les autres films découverts sur place, citons le très beau « Jean-Claude » de Jorge Vaz Gomes, sélectionné dans une catégorie intéressante, « Brand New » réunissant des films de jeunes auteurs portugais produisant leurs films à l’école ou sans le moindre soutien. « Jean-Claude » est un documentaire né à partir de plaques photographiques trouvées dans une boîte appartenant à la tante du réalisateur. Pour la petite histoire, cette boîte a été dénichée au marché aux puces, au même endroit où Modiano cherchait inlassablement Dora Bruder. Jorge Vaz Gomes s’interroge sur les images qu’il y trouve, sur les destins de ces personnes photographiées, en France dans les années 30, souriant à l’objectif, posant seules ou avec leurs enfants, sur ces gens dont il ne saura jamais rien, qu’il n’aura jamais la possibilité de connaître.

Porté par une voix-off française, le film, très simple et poétique, pose la question de l’incertitude, de la mémoire et du pouvoir de l’image. Que sont devenus tous ces anonymes au moment de la guerre ? Leur est-il arrivé quelque chose ? Comment retracer leur histoire ? Un passage dans le film vaut tous les mots : le réalisateur scrute ces images retrouvées en noir et blanc, cherche à les agrandir pour ne manquer aucun détail et pour s’empêcher d’oublier ceux qui posent devant l’objectif, le et nous regardent.

Autre très beau film, « Hopptornet » (Ten Meter Tower), un nouveau documentaire, suédois pour le coup, conçu par Maximilien Van Aertryck et Axel Danielson. Ces deux réalisateurs ont imaginé un concept étonnant et un dispositif de tournage pour le moins original. Ils ont placé des caméras au bord d’un plongeoir de 10 mètres d’une piscine suédoise et ont filmé les nageurs prêts (ou non) à faire le grand saut. Confrontés à leurs peurs, hésitants, scrutant le fond de la piscine, se parlant à eux-mêmes, sautant sans réfléchir ou préférant redescendre, les nageurs choisissent ou non d’y aller. Une femme de 70 ans saute d’un coup après avoir longuement hésité, des adolescents essayent de s’encourager (« Ma tête dit oui, mon coeur dit non ! »), un jeune garçon a peur du vide alors que sa copine regarde distraitement ses ongles avant de sauter. Le court, simple, drôle, direct multiplie les séquences réjouissantes, que ce soit en immortalisant des orteils au bout du plongeoir, en jouant sur le split screen, en filmant le fond de l’eau, en insérant des très beaux ralentis au moment des sauts ou une musique de Beethoven en fin de film.

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Du côté français, un retour en arrière s’impose avec la sélection de 19 films de la Fémis (ancienne ESEC) à l’occasion de son 30ème anniversaire. Si on a plaisir à revoir le très touchant et juste « Les vacances » d’Emmanuelle Bercot dans lequel une mère, peu friquée, essaye de trouver une solution pour offrir des vacances à sa fille désireuse de partir à tout prix (toute jeune Isild Le Besco), on découvre avec plaisir « Caresse » de et avec Emmanuel Mouret dans lequel le comédien-réalisateur montre déjà l’étendue de son talent, un sens de l’humour et une fraîcheur d’écriture qui fait du bien. Dans ce film de fin d’études, une jeune femme débarque dans la vie d’un ancien élève de classe (Mouret, en train de faire un tennis) car elle ne cesse de rêver de lui sans arriver à se l’expliquer alors que celui-ci est, il faut bien l’admettre, « ennuyeux, mou, pas intelligent ». Lorsqu’elle le retrouve, elle s’extasie (« Tu as les jambes super poilues, c’est extra, on dirait une peluche ! »). Mouret décide alors d’en profiter et propose à son ancienne camarade de coucher avec lui pour mettre les choses au clair (ce qu’il fera souvent dans ses futurs longs-métrages).

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« Par amour » aurait pu être un film d’Emmanuel Mouret, il a pourtant été réalisé par Solveig Anspach, issue de la même formation, dont le court a également été montré à IndieLisboa dans le même focus Fémis. C’est une véritable découverte. Le premier film de « Lulu femme nue » et « L’effet aquatique » est un autre documentaire (décidément). Il se nourrit du dialogue entre la réalisatrice et une jeune femme ayant tué son compagnon parce qu’il en aimait une autre. Les deux femmes n’apparaissent jamais à l’écran, à la place , des images de boucherie en noir et blanc surgissent. Le film retrace l’histoire de ce couple, les motivations de cette femme ainsi que ses regrets (« Quelles sont les images du monde que vous ne pouvez pas voir ? » demande Solveig Anspach. « Les fleurs » lui répond la prisonnière). Le film touchant, lui aussi, ne dissimule rien et parle d’un acte (fou) d’amour (« Je le voulais rien qu’à moi, je voulais mourir avec lui »).

Du côté des films plus curieux, moins appréciés, citons « Solitary Acts #4 » de Nazli Dincel (Turquie, États-Unis), retenu en compétition internationale, et filmant le vagin de la réalisatrice (!). En 8 minutes interminables, une voix-off parle d’immigration, de dislocation, de désir. Ce qu’on retient surtout, c’est la vague histoire d’une fillette de 9 ans perdant sa virginité avec une carotte (…) et ces images bien tristes de poils, de 16mm et de questionnement existentiel inintéressant.

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« The Procedure » de Calvin Reeder, sélectionné, lui, dans la section « Mouth of Madness » (films frôlant les limites, sans peur ni jugement), montre en 4 minutes un homme se réveillant attaché, paniqué, forcé d’endurer une bien curieuse expérience : l’ouverture d’une trappe au-dessus de lui, révélant juste un cul juste au-dessus de sa tête, et offrant une chute sans pareil (un pet du ledit fessier supérieur). On se demande bien comment une telle idée a pu se concrétiser en film..

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Enfin, impossible de ne pas aborder « Coming of Age » de Jan Soldat, un réalisateur très apprécié des programmateurs de festivals, et qui développe un intérêt croissant pour l’excentricité et les pratiques sexuelles atypiques (SM, bondage, zoophilie, …). Avec « Coming of Age » (en compétition Silvestre à IndieLisboa), il s’intéresse à un couple homosexuel vieillissant dont l’un des deux partenaires opère un saisissant retour en arrière en mettant des couches-culottes, réclamant son énorme ours en peluche et dormant dans un lit d’enfant. Soldat filme cet individu, son partenaire (l’adulte de la relation), leurs préliminaires, leur excitation, leur intimité. Soi-disant, le réalisateur ne cherche pas à choquer, mais à montrer différentes sexualités et d’autres types de relations amoureuses dans ses films. Il ne juge pas les personnes filmées, nous laissant choisir de quel côté nous souhaitons nous positionner. Seulement, par ses partis pris, ses images quand même très privées, il nous rend voyeurs, nous met mal à l’aise et nous laisse une impression bien amère devant son film.

L’année passée, à IndieLisboa, nous avions découvert des films formidables à commencer par « The Mad Half Hour », notre premier lauréat à Lisbonne. D’autres films inattendus, appartenant à ce nouveau cinéma, pertinent et essentiel, faisaient également partie de ce lot de découvertes : « Fora da vida » de Filipa Reis et João Miller Guerra (Portugal), « La Chasse » de Manoel de Oliveira (Portugal), « My BBY 8L3W » du collectif Neozoon (Allemagne-France), « Panchrome I, II, III » de T. Marie (États-Unis) et « Shipwreck » de Morgan Knibbe (Pays-Bas).

Notre envie, l’an passé, était de faire connaître ces films importants sur grand écran, à Paris ou ailleurs. Chose en partie faite puisque trois de ces films ont rejoint nos programmations dans le courant de l’année. On ne peut que souhaiter que les films importants découverts cette année à Lisbonne (y compris les plus anciens comme « Par amour » de Solveig Anspach) puissent bénéficier eux aussi de visibilité, quitter les caves et les armoires et être montrés au plus grand nombre.

Katia Bayer

Last Round de Ziv Mamon

Film de fin d’études de Ziv Mamon présenté lors du dernier festival du film étudiant de Tel Aviv, « Last Round » nous emmène en virée nocturne dans les clubs et les rues de Tel Aviv, dans un univers où l’alcool et les drogues coulent à flot, où les hommes, envahissants prédateurs, sont bien souvent abusifs, que cela soit en boîte de nuit ou dans la rue, mais où la femme refuse d’être une victime. On y suit plus particulièrement Eliya, la trentaine, incorrigible noceuse qui la veille de son avortement semble décidée à faire tout ce qui lui est déconseillé dans de telles circonstances. L’espace d’une nuit, la caméra plonge dans le monde quelque peu sordide d’une jeune femme dont on ne connaît jamais réellement les motivations, si ce n’est sa détermination à faire la fête jusqu’au bout de la nuit.

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Le personnage central de cette fiction possède un charme discret mais certain et un visage angélique que la caméra de Ziv Mamon ne lâche quasiment pas. En ouverture, cette dernière suit Eliya de dos et tente tant bien que mal de capturer ce personnage fuyant sous le faible éclairage de la boîte de nuit. Comme envoûtée par cette jeune femme, qui constitue un des attraits principaux du film, l’œil de la caméra la suit dans ses déambulations frénétiques. Par la suite, les gros plans s’enchaînent et contaminent le spectateur, les personnages autour n’en deviennent que secondaires, presque fades.

« Last Round » oppose la douceur d’un visage omniprésent qui illumine le cadre à la dureté d’une jungle urbaine impitoyable où le corps est malmené. Sexe, drogue et alcool y forment un cocktail détonnant accentué par la musique qui ouvre le film, des sons de basses électro qui communiquent une sorte d’adrénaline. La musique qui clôt le film, plus mélancolique, est une reprise de la chanson qui constitue la bande originale du magnifique « Party Girl » de Marie Amachoukeli, Claire Burger et Samuel Theis. Ce n’est d’ailleurs peut-être pas un hasard, car le sujet du film reste dans la veine des films de ce trio français issu de la Fémis (sans le brouillage de pistes entre fiction et réalité qu’on aime chez eux).

Avant « Party Girl », Marie Amachoukeli et Claire Burger ont notamment réalisé « C’est gratuit pour les filles », titre faisant référence aux remarques misogynes souvent entendues dans des bars ou autres boîtes de nuit, une phrase très bien illustrée dans la séquence des toilettes de la boîte de nuit qui ouvre « Last Round ». Eliya, après avoir repoussé un homme, se voit finalement refusé par ce dernier la seconde dose de cocaïne qui lui avait au départ été proposée sans conditions. Tout comme Angélique de « Party Girl », Eliya est une véritable reine de la nuit, une femme au caractère bien trempé qui mène une vie que l’on devine intense, vacillant entre ombre et lumière.

Tout le cheminement du personnage prend finalement corps dans le dernier plan du film qui vient refermer la boucle, un plan qui film Eliya de face, marchant dans les ruelles de Tel Aviv éclairées par la lumière du jour. Autre élément qui rappelle la séquence finale de « Party Girl » et force à croire que Ziv Mamon a été inspirée par le film français qui avait reçu en 2014 la Caméra d’or au festival de Cannes. Cette fois le personnage fait littéralement face à sa situation et à son échec. Cette nuit de fête et d’errance insouciante ne s’avère finalement pas si jouissive, elle n’est qu’une succession d’affrontements, de fuites, de chutes et de rejets pour aboutir à cette dernière scène, celle où le personnage ne se cache plus, avoue son amour et son état de fatigue, son envie de passer à autre chose et d’arrêter les excès. Ce plan final est celui de la vérité, celui qui révèle au grand jour toute la fragilité d’un personnage ébréché face à une caméra qui ne ment pas.

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Habilement filmé caméra à l’épaule, « Last Round » forme une sorte d’élégie et parvient à transmettre l’ivresse d’une errance nocturne au son d’une musique efficace et bien dosée, et repose sur le charme déroutant de la remarquable Ella Tal qui incarne avec brio cette jeune femme en déroute, une créature de la nuit insaisissable qui oscille entre force et fragilité. Le film trouve sa voie de sortie au petit matin, à la lumière du jour, et forme une boucle que l’on pourrait imaginer sans fin, mais qui en réalité laisse place à tous les scénarios possibles.

Agathe Demanneville

Consulter la fiche technique du film

L comme Last Round

Fiche technique

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Synopsis : Eliya, la trentaine, est enceinte, mais plus pour longtemps. Ce soir, comme bien d’autres soirs, elle sort prendre un verre – puis beaucoup d’autres. Peu importe la tournure de la soirée, elle doit se faire avorter le lendemain matin.

Genre : Fiction

Durée : 19′

Année : 2016

Pays : Israel

Réalisation : Ziv Mamon

Scénario : Ziv Mamon

Image : Omer Lotan

Montage : Ornit Levy

Interprétation : Ella Tal, Nony Geffen, Ira Nussbaum, Gala Borovsky, Adar Hazan, Itamar Simchon

Production : Minshar School of Art

Article associé : la critique du film

Short Screens #63 : Let’s Dance!

Pour sa dernière séance avant la pause estivale, Short Screens vous convie à battre la mesure sur le tapis rouge de l’Aventure aux rythmes palpitants des courts métrages présentés. Alors, n’attendez plus, chaussez vos plus beaux souliers et « Let’s Dance » !

Rendez-vous le jeudi 30 juin à 19h30, au cinéma Aventure, Galerie du Centre, Rue des Fripiers 57, 1000 Bruxelles – PAF 6€

Visitez la page Facebook de l’événement ici.

PROGRAMMATION

MOMENTUM de Boris Seewald, Allemagne, 2013, XP, 6’43’’

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Pour certains, une chips de tortilla est un apéro mais pour Patrick, c’est le début de la découverte de soi. Mêlant danse exubérante et magie de la passion, il partage son inspiration et invite chacun d’entre-nous à participer. Même sa mère.

LE COCHON DANSEUR des Frères Pathé, France, 1907, fiction, 4’

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Les Prouesses d’un cochon qu’une jeune fille fait danser.

GREEN DOOR de Renzo Vasquez, Royaume-Uni, 2011, Expérimental, 5’

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Green Door est venu d’une recherche en danse thérapie du duo brésilien Renzo Vasquez et la ballerine Razuk qui ont exploré les possibilités du mouvement au travers de l’esthétique audiovisuelle.

A TROPICAL SUNDAY de Fabian Ribezzo, Mozambique, 2012, fiction, 14’

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Maputo, Mozambique. Lisa, Babu, Gito et Nuno vivent dans la rue. Le dimanche, ils passent leur journée à la fête foraine, espérant resquiller un petit tour de manège.

AN AFRICAN WALK IN THE LAND OF CHINA de Pierre Larauza et Emmanuelle Vincent, Belgique, 2015, expérimental, 13’30’’

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Dans la Chine contemporaine, une jeune femme africaine se promène dans les rues à la recherche de nouvelles rencontres. Lors de son errance, elle rencontre des ouvriers locaux. Comment vont-ils l’accueillir à l’heure de la Chinafrique ?

THE DANCING de Edith Depaule, Belgique, 2014, fiction, 17’

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Douze femmes sur piste de danse. Boule à facette et plancher ciré, robes de soirées et chaussures à talons, tout est prêt pour enflammer la piste mais les partenaires de danse ne sont pas au rendez-vous.

SANTÉ de Sabrine Khoury, Israël, 2016, Fiction, 18’54

Une danseuse de salsa arabe est en couple avec un danseur juif. Leur prochain spectacle est…

T comme Une tête disparaît

Fiche technique 

Synopsis : Jacqueline n’a plus toute sa tête mais qu’importe, pour son voyage au bord de la mer, elle a décidé de prendre le train toute seule, comme une grande !

Genre : Animation

Durée : 10’

Pays : France, Canada

Année : 2016

Réalisation : Franck Dion

Scénario : Franck Dion

Son : Thomas Vingtrinier, Pierre Yves Drapeau, Lise Wedlock

Montage : Franck Dion

Musique : Pierre Caillet, Akosh, Ludovic Balla,Edward Perraud

Voix : Florence Desalme

Production : Papy3D Productions, Office national du film du Canada (ONF)

Article associé : la critique du film

Rory Waudby-Tolley. Animation, humour & chaos

Rory Waudby-Tolley. Jeune réalisateur & animateur britannique. Issu du Royal College of Art (passé précédemment par l’université de Bournemouth), il a réalisé « Mr Madila, Or The Colour of Nothing », lauréat de notre Prix Format Court lors de la dernière édition du Festival Premiers Plans d’Angers. Ce documentaire animé de grande qualité, confronte, entre réalité et fiction, le réalisateur avec Mr Madila, un guérisseur spirituel dont il possède la carte de visite. En avril dernier, Rory Waudby-Tolley est venu présenter son film à notre séance Format Court au Studio des Ursulines (Paris, 5ème) grâce au soutien du British Council. Nous en avons profité pour l’interviewer, lui demander de nous croquer un dessin et nous envoyer une vidéo-bonus créée spécialement pour Format Court (tous deux publiés dans cet article).

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Pourquoi dessines-tu ? Qu’est-ce qui t’a donné envie de t’intéresser à l’animation ?

En fait, j’ai toujours aimé dessiné. L’animation me permet plus facilement de faire les choses : j’ai plus de contrôle. Contrairement aux films de fiction, je n’ai pas besoin de trouver d’acteurs ou d’engager une équipe. J’ai commencé mes études à Bournemouth (Royaume-Uni) dans une université plutôt tournée vers l’aspect technique, l’animation 3D, les effets spéciaux et le travail en grand nombre, mais j’étais plus intéressé par le fait de faire mes propres projets, en équipe très réduite. Le Royal College of Art m’a permis de trouver cela.

Pourquoi as-tu à décidé de faire tes études à Bournemouth ?

Au départ, j’étais intéressé par l’aspect technique de l’école, puis j’ai commencé à être plus attiré par le fait d’écrire et de réaliser des films. J’en suis aussi venu à préférer les dessins plus simples aux animations 3D. Je me suis dès lors intéressé au Royal College of Art. J’ai vu beaucoup de films qui y ont été faits comme « The Eagleman Stag » (réalisé par Mikey Please) grâce à des plateformes en ligne comme Vimeo.

Dans tes films, tu parles beaucoup de sujets d’actualité comme la discrimination, par exemple. Fais-tu des films dans le but de mettre en avant ces questions, pour illustrer tes expériences ?

Oui, j’ai toujours été intéressé par ce genre de sujet. En fait, ma mère enseignait l’anglais à des étudiants étrangers et beaucoup de mes amis étaient des réfugiés également. Mon premier film « Merfolk » est parti d’un dessin un peu stupide où j’imaginais des sirènes qui pouvaient se déplacer (sur terre) grâce à leurs fauteuils roulants. Du coup, j’ai fait ce film un peu comme un documentaire animé, mais avec un ton humoristique parce que je pense que les spectateurs sont plus réceptifs à la comédie qu’à quelque chose de sérieux et triste.

Qu’est-ce qui t’a donné envie de réaliser « Mr Madila », ton film de fin d’études ? Celui-ci se veut une histoire fictive mais il est très ancré dans le réel.

Au départ, j’avais une idée différente de film qui devait être une histoire plus conventionnelle et narrative. Seulement, j’avais gardé cette carte qu’un « guérisseur spirituel » m’avait donné il y a longtemps et je me suis dit qu’il fallait que je fasse mon film là-dessus, à la manière d’un véritable documentaire. Je voulais que le film soit aussi réaliste et convaincant que possible. Par exemple, la carte du guérisseur qui apparaît dans le film est différente sur certains points de celle que l’on m’a donné (j’ai changé le nom et le numéro), mais le slogan du guérisseur et le même que sur la vraie.

« Mr Madila » est à la fois mystique et métaphysique. Peux-tu nous en dire plus là-dessus ?

Je voulais faire un vrai documentaire, mais j’ai réalisé que je n’avais pas beaucoup d’expérience dans ce genre de film. Je voulais aussi mettre un peu de moi-même dans ce projet, j’ai pensé du coup que ce serait plus intéressant et amusant de faire comme si j’avais fait un documentaire sur un documentaire même si ce n’était pas réel, c’était tromper un peu le spectateur de façon amusante. Je pensais que c’était important que tout semble vraiment réel au début du film parce que tout le monde n’est pas habitué à voir de vraies conversations sous forme de dessin animé.

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« Mr Madila » est ton dernier film. Comment envisages-tu la suite ?

J’aimerais bien écrire ou réaliser un long métrage un jour. À vrai dire, à Londres, le travail d’animation se fait principalement dans la publicité. Juste avant « Mr Madila » j’ai travaillé sur une publicité que je n’ai pas réalisé, juste animé. Je vais bientôt entamer une résidence d’artistes dans un cabinet d’avocats. Ces derniers ont vu « Mr Madila » et ont paru intéressés et ouverts sur mon travail. Je ne sais pas encore à quoi ça va ressembler, je vais sûrement partir sur l’idée d’un documentaire animé, un peu à la manière de « Mr Madila » : j’interrogerai des membres de l’équipe et j’animerai le résultat.

Tu as un style de dessin bien à toi avec des personnages très expressifs et plein d’humour, des sortes de caricatures aux airs  exacerbés et absurdes, qui vont du très mignon au complètement blasé ou névrosé. Pourrais-tu nous en parler ?

En fait, j’aime bien les choses un peu bizarres et chaotiques. Dans mes films, ça m’intéresse qu’il y ait ce genre de climax. Au départ, tout est calme, les gens s’habituent au rythme, puis survient ce petit éclat qui change tout et qui rend tout un peu chaotique, ce qui correspond à mon style de dessin. J’aime la confusion !

Propos recueillis par Gaël Hassani et Katia Bayer. Retranscription : Gaël Hassani

Articles associés : la critique du film, notre reportage consacré au réalisateur

Consultez la fiche technique du film

CIEL# 6 : Invitation au voyage

Il y a quelques mois, nous avons attiré votre attention sur le 4ème numéro de CIEL, alias Cinéma indépendant en ligne, lancé il y a quelques temps par l’organisation Ciclic. L’initiative cherche à favoriser la diffusion des œuvres soutenues et des formats peu visibles dans les salles de cinéma et/ou à la télévision.

Aujourd’hui, nous publions une news sur CIEL#6, toujours porté par Ciclic, avec cette fois une nouvelle proposition de films en lignes (et de contenus associés) allant de Beyrouth à Madagascar en passant par Taipei, Vladivostok, l’Hippodrome de Vincennes, la Belgique ou Zanzibar.

Bonne nouvelle : ces films sont visibles dans leur intégralité et gratuitement jusqu’au lundi 4 juillet 2016 ! Profitez-en !

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La Guerre du golf de Lucia Sanchez : Murcie et la crise de l’immobilier en Espagne.
Toyong, l’entre-saison de Aurélie Mandon ou Séoul et l’amitié franco-coréenne de jeunes femmes à l’aûne du passage à l’âge adulte
8 balles de Frank Ternier : Taipei et un cauchemar animé, vengeance olfactive et obsédante.
Hasta Santiago de Mauro Carraro : Saint-Jacques de Compostelle et son pélerinage pas si traditionnel.
Nocturnes de Matthieu Bareyre : Vincennes, son hippodrome et ses occupants la nuit.
Travellinckx de Bouli Lanners : la Belgique avec un road-movie à la recherche du paternel.
Conversations en temps de guerre de Dalia Fathallah : Beyrouth et ses conversations en temps de guerre.
Zanzibar, musical club de Philippe Gasnier et Patrice Nezan : Zanzibar et sa musique, ses traditions
Madagascar, carnet de voyage de Bastien Dubois :parcours d’un voyageur occidental confronté aux coutumes de Madagascar
Les Voiles du partage de Pierre Mousquet et Jérôme Cauwe : documentaire animé, caricature du cinéma d’action
Portrait de Antonin Peretjatko (French Kiss, Les Secrets de l’invisible, L’Opération de la dernière chance)
Inupiluk de Sébastien Betbeder : comédie en terre inuite
Chantou de Marion Cozzutti : itinéraire nocturne et voyage quasi immobile dans une ville de province

#Annecy 2016

Le Festival d’Annecy s’est achevé ce weekend. Retrouvez dans les prochains jours nos sujets dédiés à la manifestation sympa et incontournable en termes d’animation internationale de qualité.

annecy-2016

Une tête disparaît de Franck Dion (France), Cristal du court métrage
Annecy, le palmarès 2016
Le film de la semaine : Beauty de Rino Stefano Tagliafierro
Alberto Vazquez, réalisateur de Decorado (Quinzaine des Réalisateurs)
Decorado d’Alberto Vazquez (France, Espagne, Quinzaine des Réalisateurs)

Annecy, le palmarès 2016

Les jurys de la 40e édition du Festival international du film d’animation d’Annecy ont dévoilé le palmarès 2016, lors de la cérémonie de clôture qui s’est tenue ce samedi 18 juin. Bonne nouvelle : trois films sont à découvrir sur le Net, dont deux grâce à Court-Circuit, l’émission du court d’Arte !

Courts métrages

Cristal du court métrage : Une tête disparaît, Franck Dion, Canada, France

Prix du jury : Vaysha, l’aveugle, Theodore Ushev, Canada

Prix du public : Peripheria, David Coquard-Dassault, France

Mention du jury : Moms on Fire, Joanna Rytel, Suède

Gewone

Prix « Jean-Luc Xiberras » de la première œuvre : ‘n Gewone blou Maandagoggend, Naomi Van Niekerk, Afrique du Sud

gewone

Films de télévision et de commande

Films de commande

Cristal pour un film de commande : The New York Times « Modern Love – A Kiss, Deferred », Moth Collective, Royaume-Uni

Prix du jury : Awesome Beetle’s Colors, Indra Sproge, Lettonie

Films de télévision

Cristal pour une production TV : Stick Man, Jeroen Jaspaert, Daniel Snaddon, Royaume-Uni

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Prix du jury pour une série TV : Lili « Lili Loves Food », Siri Melchior, Danemark, Royaume-Uni

Lili "Lili Loves Food

Prix du jury pour un spécial TV : La Rentrée des classes, Stéphane Aubier, Vincent Patar, Belgique, France

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Films de fin d’études

Cristal du film de fin d’études : Depart at 22, Wiep Teeuwisse, Pays-Bas

Prix du jury : Balkon, David Dell’Edera, Hongrie

balkoin

Mention du jury : Frankfurter Str. 99a, Evgenia Gostrer, Allemagne

Frankfurter Str. 99a

Courts métrages Animation « Off-Limits »

Prix du film « Off-Limits » : 4min15 au révélateur, Moïa Jobin-Paré, Canada

Mention du jury : The Reflection of Power, Mihai Grecu, France, Roumanie

Beauty de Rino Stefano Tagliafierro

Animation, expérimental, 09’49, 2014, Italie, Rino Stefano Tagliafierro

Synopsis : Regard sur les grandes émotions qui jalonnent la vie – l’amour et la sexualité – à travers le prisme de la souffrance et de l’angoisse. Hommage à l’art et à la vie – et à leur beauté désarmante.

Alors que le nouveau film du réalisateur italien Rino Stefano Tagliafierro, « Peep Show » vient pointer son nez, voici une belle occasion de (re)voir son premier film « Beauty », découvert au Festival d’Annecy en 2014.

Ode à la peinture et à la grâce, « Beauty » est un court métrage animé mêlant avec maestria une centaine de tableaux de maîtres, tous plus majestueux les uns que les autres. Par le truchement de la technique, le spectateur est pris par la main et invité à se plonger dans ces toiles aux richesses luxuriantes et à l’élégance sans égal. En offrant aux personnages de ces tableaux le pouvoir de poursuivre le geste suspendu, le réalisateur accomplit un tour de passe-passe : il accompagne le mouvement des corps à la manière d’un professeur de danse et son élève tout en limitant sensiblement celui-ci dans le temps et l’espace – le renvoyant ainsi à son immobilité. Il suspend ainsi le temps par le mouvement. Vous aussi, laissez-vous porter par ce condensé de beauté en dix petites minutes.

Julien Beaunay