Comme des lapins de Osman Cerfon

Présenté lors de la dernière édition du festival Silence on Court !, le court métrage d’animation « Comme des lapins » d’Osman Cerfon a reçu des mains du jury le troisième prix de la compétition. L’occasion de revenir sur ce petit bijou d’humour noir à l’univers graphique riche et soigné qui révèle un jeune réalisateur plus que prometteur.

Après « Pas de peau pour l’ours » en 2010, « Comme des lapins » est le deuxième chapitre d’une série de courts métrages d’animation, réalisé par Osman Cerfon, intitulée « Chroniques de la Poisse ». La Poisse en question est un personnage d’homme à tête de poisson, protagoniste principal de chaque film dont on suit l’itinéraire chaotique le menant d’un décor à un autre pour vivre de nouvelles aventures. Ici, la Poisse arrive dans un parc d’attractions au thème singulier : les lapins. Le voici confronté à une faune hostile et malveillante : celle des humains pervers venus moins pour profiter des festivités que pour se laisser aller à leurs déviances les plus sadiques.

Comme les personnages de Charlie Chaplin ou de Buster Keaton, la Poisse déplace son corps burlesque à l’intérieur du cadre et devient l’élément perturbateur à l’origine des catastrophes physiques. Il lui suffit en effet d’une simple contrariété pour laisser s’échapper de sa bouche une «bulle de malheur» qui dérive au gré du vent avant de s’arrêter au-dessus de la tête d’un autre personnage, qui subira à son tour les foudres de la malchance. Et les conséquences sont souvent désastreuses : chute d’une montgolfière, accident de voiture, enfant assassiné (clin d’oeil savoureux à M le Maudit de Fritz Lang), … . C’est un spectacle d’une grande désolation que nous offre Osman Cerfon. Heureusement, pour qui goûte l’humour noir, le film offre son lot de scènes et de détails comiques qui provoquent le rire et établissent une distance salutaire avec la noirceur des événements qui sont dépeints.

Utiliser le cinéma d’animation pour raconter les aventures de la Poisse permet au réalisateur de déployer un univers graphique riche et cohérent où l’on devine l’influence de grands auteurs de comics contemporains. On pense beaucoup à Winshluss (auteur de bandes-dessinées et réalisateur entre autres de « Il était une fois l’huile », produit par la même boîte de production, Je Suis Bien Content) ou encore au dessinateur Charles Burns. Des références prestigieuses jamais écrasantes tant le jeune cinéaste parvient à trouver sa propre singularité et à développer un univers personnel en l’espace de deux films. Il va s’en dire que la suite des « Chroniques de la Poisse » est attendue avec impatience !

Marc-Antoine Vaugeois

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C comme Comme des lapins

Fiche technique

Synopsis : Second volet des Chroniques de la Poisse. L’homme à tête de poisson poursuit sa balade mélancolique dans une fête foraine, distribuant aux hasard, ses bulles de malheurs.

Pays : France

Année : 2012

Durée : 8′

Réalisation : Osman Cerfon

Création graphique : Osman Cerfon

Décors : Darshan Fernando, Benoit Audé

Animation : Grégory Duroy, Osman Cerfon

Son : Julien Baril

Montage : Nazim Meslem

Producteur : Je Suis Bien Content

Article associé : la critique du film

Retour sur la 6e édition de Silence on court !

Silence on court !, ce festival organisé par des étudiants, présentait cette année 24 courts métrages pour une compétition très éclectique et surprenante. Six salles parisiennes, dont une sur une péniche, ont accueilli les projections sous le parrainage avisé de Bertrand Bonello.

Pour prétendre à la compétition de Silence on court !, il faut avoir moins de 30 ans, du moins lors de la réalisation du film (le plus dur restant de le prouver). Une compétition regroupant des jeunes gens donc, parfois inconnus au bataillon des festivals (Rémi Gendarme, les frères Denis) ou bien déjà primés ailleurs (Franco Lolli, Osman Cerfon, Jan Czarlewski).

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Malheureusement (et aussi logiquement), certains films sélectionnés se révèlent moins engageants et prometteurs. C’est le cas de « Les compliments d’amour » de Marie Madinier, petite bluette assez fade sur la difficulté de l’enfance malgré la justesse de l’enfant qui en tient le rôle principal. Même chose pour « Snail trail » (Philipp Artus) et « Pièce à nouer » (Ornella Macchia), deux films d’écoles assez mineurs qui aussitôt vus sont déjà oubliés.

Il est intéressant de noter que le comité de sélection du festival est composé de pas moins de treize membres (chiffre hautement symbolique en passant) ce qui complexifie énormément le processus de choix, pouvant aussi brouiller la ligne éditoriale souvent plus claire lorsque l’on a à faire à un comité réduit. Toutefois, les compromis et les concessions sont assez rares, semble-t-il, tant le comité privilégie les films risqués et empreints d’une certaine marginalité face au courant principal. Souhaitons que ce type d’initiative, libre et engagée mais à l’économie frêle, puisse continuer et se transmettre à une nouvelle génération d’étudiants prompts à défendre une certaine idée du court métrage.

Amaury Augé

Soirée Bref demain soir, carte Blanche au Festival Côté court

Demain soir, la revue Bref propose au MK2 Quai de Seine une carte blanche au Festival Côté court de Pantin. Côté court est l’un des plus importants festivals de court métrage en France. Depuis 22 ans, le festival découvre, sélectionne et soutient les talents de demain à travers les compétitions. Il explore et partage les territoires du cinéma, notamment ceux où il se frotte singulièrement à d’autres formes ou expressions artistiques. Ainsi musique “live”, performances et installations trouvent naturellement leur place au sein de la programmation. Cette sélection de films vous propose un avant-goût de la programmation de la 22e édition, qui aura lieu du 5 au 15 juin 2013. Venez découvrir les films de Jacques Perconte, Pierre Creton ou Thomas Bertay et Pacôme Thiellement, invités de la prochaine édition, et une sélection thématique autour de Jean-Luc Godard.

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Programmation

Une saison de Pierre Creton. France, 2002, couleur, 15 mn, 35 mm

Réalisation et scénario : Pierre Creton • Interprétation : Catherine Pernot et Yves Edouard • Production : Atlante productions

Une histoire impossible à filmer, impossible à narrer, sauf par quelqu’un d’autre.

Quod Erat Demonstrandum de Fabrice Aragno. Suisse, 2012, couleur, 26 mn, DCP

Réalisation et montage : Fabrice Aragno • Scénario : Jean-Luc Godard • Production : SRG SSR

Avec son esthétique filmique radicale, Jean-Luc Godard est l’un des réalisateurs qui a le plus marqué le cinéma, et ce bien au-delà des années 1960. Co-fondateur de la Nouvelle Vague, il a rompu avec les canons cinématographiques pour créer un langage filmique expérimental qui lui est propre. Il a personnellement écrit le scénario de ce film documentaire de la série CINEMAsuisse, produit par la Radio Télévision Suisse (RTS).

Le dispositif 50 – Le manège cosmique du Dieu-Peur de Thomas Bertay & Pacôme Thiellement. France, 2011, couleur / noir et blanc , 21 mn, DVD

Réalisation : Thomas Bertay & Pacôme Thiellement • Production : Sycomore films

Ou comment le peuple des hommes reconstitués, sous l’impulsion de leur représentant, l’homme derrière le masque, transforma la Terre en un seul grand plateau de télévision et tous les êtres qui la peuplaient en résidus psychiques.
Mais dans le manège cosmique du Dieu-Peur, rien n’est jamais définitivement joué, et la Terre s’est peut-être encore retournée, c’est très possible !

La Chinoise 115, 2e de Jacques Perconte. France, 2013, couleur, 5 mn, DCP.

D’après les films de Jean-Luc Godard : La chinoise, 1967 et One+one, 1968

“Réminiscences plastiques des 68 et lignes de front contre l’impérialisme numérique. Jacques Perconte explore et tresse la matière de deux films de JLG de 1967 et 1968, qui tant esthétiquement qu’économiquement représentaient des « viet-nam » au sein de l’industrie du cinéma, pour en faire surgir le potentiel plastique labile dans le numérique aujourd’hui. Formes et couleurs rebelles sont émues par la grâce des femmes de Godard.” Bidhan Jacobs

Puissance de la parole de Jean-Luc Godard. France, 1988, couleur, 25 mn, BETA SP

Réalisation et montage : Jean-Luc Godard • Image : Pierre-Alain Besse • Son : Marc-Antoine Beldent • Interprétation : Lydia Andrei, Jean Bouise, Laurence Côte et Jean-Michel Irribaren • Production : France Télécom

Après la rupture du couple, un homme tente de joindre la femme aimée au téléphone. En miroir, un couple d’anges dialogue à propos de la puissance matérielle de la parole. Des images de la Terre, références à la création du monde et à l’Apocalypse, se mêlent à des tableaux de Max Ernst, Francis Bacon, Picasso. Jean-Luc Godard accole de multiples références picturales, cinématographiques, littéraires, musicales.

Infos pratiques

Mardi 14 mai. Séance à 20h30

MK2 Quai de Seine
14 Quai de la Seine
75019 Paris
M° Jaurès ou Stalingrad
Tarif : 7,90 € (cartes illimitées acceptées)

Soirée Format Court, jeudi 09 mai : les photos !

Ce jeudi 09 mai, l’équipe de Format Court vous donnait rendez-vous au Studio des Ursulines (Paris, 5ème) pour une nouvelle séance de courts métrages. Cinq films (trois animations, deux fictions) furent projetés lors de cette soirée marquée par la présence de Chen Chen, Yan Volsy (réalisateur et compositeur de “M’échapper de son regard”), Denis Eyriey, Guillaume Dreyfus (comédien et producteur de “Fille du calvaire” de Stéphane Demoustier), Emilia Giudicelli et Emmanuel Deruty (danseuse et designer sonore de “Sonata” de Nadia Micault). Présent(s) ou non à cette séance, découvrez-en les instantanés – pris comme des papillons – par Julien Ti.i.Taming.

Prochaine séance (dernière de l’année !) : jeudi 13 juin 2013, soirée spéciale Quinzaine des Réalisateurs (réservations : soireesformatcourt@gmail.com)

L’âge adulte de Eve Duchemin

Récompensé d’une Mention aux Rencontres du moyen-métrage de Brive, « L’âge adulte » de Eve Duchemin dresse le portrait cinglant d’une jeunesse à la dérive en manque de repères existentiels et sociaux. Tout comme dans son précédent film documentaire « Avant que les murs tombent », Eve Duchemin récidive avec une thématique qu’elle connaît bien, celle des difficultés de survie sociale d’une génération en proie à l’insécurité et à l’instabilité face à la faiblesse des modèles d’inclusion. Chronique de la galère, « L’âge adulte » nous plonge en immersion dans une année de la vie de Sabrina, jeune fille de 20 ans qui tente d’échapper à la précarité en multipliant petits boulots de jour et un emploi de nuit comme strip-teaseuse dans une boîte du Vieux Port de Marseille. Caméra à l’épaule, Eve Duchemin crée un rapport intime avec les difficultés de Sabrina pour mieux interroger la nature d’une société qui semble avoir oublié la nécessité de sa propre reproduction générationnelle dans son modèle de développement humain et ses fondements affectifs, psychologiques et matérialistes.

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Dès la première scène du film, on découvre Sabrina à moitié nue se dandinant gaiement avec une candeur juvénile dans une chambre sans meubles remplie de peluches d’enfant. D’entrée, Eve Duchemin choisit de montrer le corps de cette femme-enfant pour poser la question qui traverse son film, celle du passage à l’âge adulte et de la frontière toute métaphysique entre l’innocence et la responsabilité. Comme la marque de la proximité entre les deux femmes, le corps de Sabrina est cadré très étroitement par la réalisatrice pendant les 56 minutes du film et devient très vite un vecteur de questionnement pour le spectateur, particulièrement dans sa dimension psychologique. Symbole du déni de soi-même, le corps de Sabrina apparaît rapidement comme désacralisé, instrumentalisé et martyrisé. Une désacralisation qui s’exprime ouvertement comme dans la scène où elle montre avec un cynisme plein d’humour les mouvements caricaturaux qu’elle exécute lorsqu’un client s’isole avec elle pour un show privé. D’ailleurs, le discours de Sabrina est très clair sur ce sujet, et on n’est pas surpris de l’entendre dire : « Si je dois montrer mon cul pour de l’argent, je le fais ».

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Pour autant, Sabrina n’est certainement pas strip-teaseuse par vocation et la trop grande proximité du métier avec la prostitution hante l’acceptation qu’elle a d’elle-même. Il lui faut alors s’abîmer dans des quantités terrifiantes d’alcool pour arriver à assumer cette situation. Un rapport au sexe et à l’alcool en complet déséquilibre qui s’exprime parfaitement dans une scène filmée dans les vestiaires de la boîte de nuit où, ivre de colère, elle détruit symboliquement l’image d’elle-même en dénigrant impitoyablement devant le miroir tout les défauts qu’elle trouve à son corps, ce corps qu’elle n’aime pas, pas plus qu’elle n’aime ce que la recherche d’argent rapide la pousse à faire avec. Car Sabrina voudrait autre chose pour elle-même, et au milieu de cette vie chaotique, elle tente de préparer un concours d’entrée dans une école d’aide-soignante. Ce qu’elle voudrait c’est un emploi, un revenu, une stabilité, gravir une marche vers cet âge adulte idéal qui semble tellement loin, presque inaccessible.

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Le film de Eve Duchemin est une mine de questionnements pour celui qui cherche à comprendre notre époque, et le destin de Sabrina peut apparaître emblématique de celui de cette jeunesse amère et désenchantée minée par la rage, la dépression et l’absence de sens. Car si l’on peut lire en filigrane l’effondrement des modèles d’intégration par le travail, l’école ou la famille au profit de schéma simple d’utilitarisme individuel et consumériste à court terme, « L’âge adulte » nous adresse surtout une piqûre de rappel douloureuse où la place de l’espoir, de la tendresse et de l’amour est dramatiquement mis en question.

Xavier Gourdet

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A comme L’âge adulte

Fiche technique

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Synopsis : Vivant en colocation dans une maison inachevée, Sabrina, 20 ans, enchaîne les petits boulots non qualifiés pour essayer de garder la tête hors de l’eau. Inscrite à une formation pour tenter de reprendre l’école et avoir un jour un diplôme, elle commence parallèlement la nuit un job de strip-teaseuse, sur le Vieux Port de Marseille. Vouloir « devenir adulte » n’est ni une quête vaine, ni chose facile. Mais personne ne pourra lui dire que 20 ans, c’est le plus bel âge de la vie.

Genre : Documentaire

Pays : Belgique, France

Durée : 56′

Année : 2011

Réalisation : Eve Duchemin

Image : Eve Duchemin

Avec : Sabrina Himeur et Loïc Guiraud

Montage Image : Joachim Thome

Montage son: Jean-François Levillain

Mixage : Aline Gavroy

Musique : Dez Mona (Belgique)

Production : Les Films grain de sable, Eklektik Productions

Article associé : la critique du film

Ainslie Henderson : « J’aime les films basés sur des souvenirs parce qu’on y ressent une forme de sincérité »

En plein tournage de son prochain film, Ainslie Henderson, ce jeune Écossais fasciné par le stop-motion, lauréat de notre Prix Format Court au Festival Anima (pour son film « I Am Tom Moody »), nous a accordé quelques instants pour répondre à nos questions. De quoi satisfaire notre curiosité à l’égard de ce compositeur-chanteur devenu cinéaste.

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Format Court : « It’s About Spending Time Together » et « I Am Tom Moody », tes deux films évoquent l’enfance, les souvenirs, le trauma. Qu’est-ce qui te pousse à travailler sur ces thèmes ?

Ainslie Henderson : L’animation image par image (stop-motion) demande de s’immerger totalement. Cela prend du temps. Vous passez des semaines, ou des mois, enfermé dans une petite pièce sombre avec vos idées et vos envies, à jouer avec une marionnette, une lumière et une caméra. Je suppose que c’est une sorte de thérapie. J’ai l’impression que pour que le travail en vaille la peine, ça doit être une sorte de thérapie. Thérapie, c’est un mot un peu embarrassant, et je crois que l’art ne peut pas être qu’une question de thérapie de l’artiste, il faut au moins prendre en compte ceux qui le reçoivent. Mais j’apprécie les choses qui me donnent l’impression d’avoir nourri la personne qui les a créées. Sinon, il ne s’agirait que d’un simple divertissement. Je travaille autour de ces thèmes parce que je les trouvent enrichissants.

Considères-tu ton travail d’animation comme une sorte de recréation du souvenir ?

A.H. : C’était bien sûr le cas pour mon film « It’s About Spending Time Together ». Il s’agit purement et simplement d’un souvenir. J’ai commencé à enregistrer ma voix et essayé de raconter un moment, comme ça me venait, sans coupures ni reprises. Il s’agit d’un pur flot de pensées, de libre expression. Au départ je voulais que cela dure une minute, mais au final j’étais plus proche des trois minutes et demi, il a donc fallu combler le vide à l’écran. Alors que je réalisais le film, je me suis rendu compte que la conception des décors et des marionnettes était également une tentative de se souvenir, du coup j’ai commencé à filmer ce cheminement. J’aime beaucoup ce petit film simple mais sincère. C’est certainement la meilleure chose que j’ai faite lorsque j’étais en école d’art. J’ai toujours envie de revenir vers cette façon de travailler et de faire un autre film dans ce style, mais je crains que ce ne soit plus aussi naturel, que la méthode soit trop forcée. J’aime les films basés sur des souvenirs parce qu’on y ressent une forme de sincérité. J’écrivais des chansons avant de faire des films, et je recherche des choses similaires dans ces deux arts. Je veux entendre quelqu’un dire quelque chose à propos de sa vie et de ses expériences.

Justement, sur tes films, tu participes à la musique et au son. Quelle importance cela prend-il dans le travail d’écriture et de réalisation ?

A.H. : Pour moi, la musique et le son constituent une part très importante du film. Je pense généralement à la musique et au son dès le début. D’ailleurs, je suis très probablement très énervant pour les ingénieurs du son et les musiciens qui travaillent avec moi, ou au contraire d’une grande aide, ou les deux. C’est difficile pour moi d’abandonner complètement le son et la musique aux mains de quelqu’un d’autre. J’essaye cependant de m’améliorer et de faire confiance aux autres, car je sais aussi que je ne suis pas forcément la personne la mieux placée pour ce travail et que la collaboration est toujours meilleure qu’un travail réalisé seul.

Le son et la musique étaient-ils, comme pour « Its About Spending Time Together », le point de départ de « I Am Tom Moody »? As-tu composé la musique avant ou après le tournage ?

A.H. : J’ai écris la chanson qu’on entend à la fin du film au tout début de la conception de la marionnette de Tom. C’était comme une étincelle, et ça m’a beaucoup aidé à lui donner vie. Je m’imaginais quelle chanson il pourrait chanter, et où le film prendrait fin. Au début, je voulais faire de Tom cette rock star ratée et complètement folle des années 1970, composer plein de clips musicaux et lui attribuer toute une histoire. À l’heure actuelle, cela me semble toujours être une bonne idée. Il existe en moi beaucoup de personnages de musiciens animés qui verront le jour très prochainement. La musique du film a été enregistrée par Peter Deane du groupe « The Last September ». Ce qu’il a fait est vraiment super, mais comme je le disais, je me suis beaucoup immiscé dans son travail, et je suis sûr qu’il aurait fallu lui laisser un peu plus de liberté.

T’imagines-tu réaliser des clips ?

A.H. : Oui, j’adorerais ça. J’en ai discuté avec un groupe que j’admire énormément, mais je ne veux pas trop en parler pour le moment, de peur de ruiner le projet.

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Autour de la musique, les voix sont également très importantes, comment as-tu choisi celle de l’acteur et écrivain Mackenzie Crook pour incarner Tom ?

A.H. : Je voulais quelqu’un qui puisse passer d’une voix à l’autre dans la tête de Tom – du dominant méprisant à l’inférieur nerveux. J’ai vu Mackenzie dans un spectacle d’humoriste il y a quelques années dans lequel il s’acharnait sur le public de manière condescendante mais géniale. J’avais Mackenzie en tête lorsque j’ai écrit le film. C’était un pari un peu risqué de faire interpréter Tom à différents âges par Mackenzie et son fils Jude, car je ne savais pas comment ce dernier réagirait, mais il s’est révélé tout aussi formidable. Ils ont enregistré chez Mackenzie, sous un tas de matelas, tous les deux blottis autour d’un micro. Dès que j’ai entendu l’enregistrement j’ai su que j’aurais une superbe scène, ma partie préférée du film.

Pourquoi avoir choisi de travailler avec des marionnettes ?

A.H. : Je ne sais pas du tout dessiner, je n’ai pas le choix ! Non, j’exagère, disons que je savais que je voulais surtout travailler les personnages, sans arrière-plans, avec beaucoup de noir à l’intérieur du cadre. Il fallait donc que les personnages soient suffisamment intéressants pour porter avec eux toute l’action et l’émotion du film. Je pense que les marionnettes et la stop-motion se prêtent tout particulièrement à une étude très approfondie des personnages, et c’est tout simplement une méthode que j’adore.

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Quels sont tes projets pour le futur, maintenant que tu es sorti de l’école d’art d’Édimbourg?

A.H. : Actuellement je m’amuse énormément. Je collabore beaucoup avec mon ami Will Anderson, qui a réalisé « The Making of Longbird » que j’ai co-écrit. Nous sommes en train de réaliser un autre film hybride entre stop-motion et live-action qui s’appelle « Monkey Love Experiments ». Le film met en scène un laboratoire de primates en 1969, et un singe appelé Gandhi, persuadé qu’il est destiné à voyager dans l’espace. D’ailleurs, vous pouvez en suivre la réalisation sur le site du film. Nous allons travailler sur ce film jusqu’à mi-juillet, nous en sommes ravis.

Propos recueillis par Agathe Demanneville

Article associé : la critique du film

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I Am Tom Moody d’Ainslie Henderson

« Je suis moi-même paradis et enfer. » Omar Khayyàm

Primé entre autres au festival de Bristol et lauréat du prix Format Court du meilleur film d’école au festival Anima 2013 (Bruxelles), « I Am Tom Moody » d’Ainslie Henderson est un conte touchant sur les rêves brisés et la confrontation avec ses démons intérieurs.

Tom Moody est un musicien frustré, victime de ses nombreux complexes et de son manque de confiance. C’est que, malgré son grand enthousiasme artistique et un certain talent, une partie de lui l’empêche de se laisser aller. Jusqu’au moment où cette oppression devient intenable et qu’il est obligé de faire face à ses souvenirs d’enfance, là où réside le nœud même de ses problèmes. Cette introspection lui permettra de dépasser, ou du moins d’identifier, la source de ses craintes et d’oser réaliser son potentiel en tant que musicien. Derrière le voile de la prétendue banalité de son enfance, le personnage en pâte à modeler aux yeux écarquillés évoque tout de même des blessures qui ont laissé des traces : la liaison de sa mère avec le glacier du quartier, et l’intransigeance d’un père dominant et impitoyable à l’égard du talent musical limité de ses fils.

La figure du frère semble être une préoccupation récurrente chez l’élève du Edinburgh College of Art en son début de carrière. Dans sa première animation « It’s About Spending Time Together », le réalisateur présentait ses excuses à son frère pour un acte de cruauté commis des décennies auparavant, lorsqu’ils étaient enfants. Ce même petit frère, on le retrouve dans « I Am Tom Moody » sous la forme de Steve Moody, accompagnateur de Tom au synthé. Sans vouloir chercher des éléments autobiographiques dans ces récits (on y retrouve l’allusion aux problèmes de couple entre les parents), on ressent cette volonté thérapeutique de la part du réalisateur de revivre les recoins parfois douloureux de la mémoire, par le biais de l’animation, pour les surmonter, comme le font le frère contrit de « It’s About Spending Time Together » et le protagoniste de « I Am Tom Moody ».

L’animation est un art que Henderson maîtrise manifestement déjà bien, au vu de son travail de stop-motion soigné. Pour représenter la lutte de Tom Moody avec son « autre » néfaste, il choisit de montrer un rapport quasi schizophrénique entre le personnage adulte et le personnage enfant ; cette dualité est doublée dans les voix off superposées. Par l’équilibre très juste que le réalisateur a trouvé entre humour et émotion, entre candeur et expressivité, il dote son film d’une dimension universelle, et ce malgré le côté très personnel et très intime du récit.

Adi Chesson

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Article associé : l’interview d’Ainslie Henderson

I comme I Am Tom Moody

Fiche technique

Synopsis : Une virée surréaliste dans le subconscient d’un musicien étouffé qui voudrait chanter.

Pays : Royaume-Uni

Année : 2012

Genre : Animation

Durée : 6’55 »

Réalisation : Ainslie Henderson

Scénario : Ainslie Henderson

Image : Ainslie Henderson

Montage : Ainslie Henderson

Interprétation : Mackenzie Crook

Production : Edinburgh College of Art

Articles associés : la critique du film, l’interview du réalisateur 

Ainslie Henderson, Prix Format Court au Festival Anima 2013

Le jeune Écossais Ainslie Henderson est notre révélation du festival Anima de Bruxelles où, en février dernier, Format Court lui a remis le prix du meilleur film d’étudiant pour « I Am Tom Moody ». Il a étudié à l’Edinburgh College of Art où il a d’abord réalisé « It’s About Spending Time Together ». A l’origine chanteur et compositeur dans un groupe, Ainslie s’est reconverti vers un cinéma d’animation très personnel où la musique et le son sont mis à l’honneur. C’est à travers ses marionnettes animées aux personnalités attachantes et aux voix multiples que l’on plonge dans le monde fantasmatique et intimiste de Ainslie Henderson, celui d’un artiste prometteur aux multiples facettes.

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Dans le cadre du prix Anima, le film « I Am Tom Moody » sera projeté ce jeudi 09 mai 2013 au Studio des Ursulines (Paris, 5ème), dans le cadre de la soirée Format Court.

En attendant, vous pouvez déjà découvrir le focus consacré au réalisateur à travers la critique du film et l’interview d’Ainslie Henderson.

Rappel. Séance Format Court, ce jeudi, au Studio des Ursulines (Paris, 5ème) !‏

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Ce jeudi 9 mai, l’équipe de Format Court vous donne rendez-vous dès 20h30, au Studio des Ursulines (Paris, 5ème) pour une nouvelle séance de courts métrages. Cinq films (trois animations, deux fictions) seront projetés lors de cette soirée marquée par la présence de Chen Chen (réalisateur, « M’échapper de son regard »), Denis Eyriey, Antoine Mathieu, Guillaume Dreyfus (comédiens et producteur de « Fille du calvaire » de Stéphane Demoustier), Emilia Giudicelli et Emmanuel Deruty (danseuse et designer sonore de « Sonata » de Nadia Micault).

En pratique

► Projection des films : jeudi 9 mai 2013, à 20h30. Durée du programme : 63’

► Studio des Ursulines : 10 Rue des Ursulines, 75005 Paris

► Accès : BUS 21, 27 (Feuillantines), 38 ou 82 (Auguste Comte), 84 ou 89 (Panthéon).
 RER B Luxembourg (sortie rue de l’Abbé de l’Épée).

Entrée : 6 €

Réservations vivement recommandées : soireesformatcourt@gmail.com

Prochaine séance : jeudi 13 juin : séance spéciale Quinzaine des Réalisateurs

Brussels Short Film Festival, le palmarès 2013

Le 16ème Brussels Short Film Festival s’est terminé hier soir, avec l’annonce du palmarès des trois compétitions, dont « Next Generation », une toute nouvelle section faisant la part belle aux films d’écoles…

Palmarès International

Jury du Festival : Astrid Whettnall, Agathe Bonitzer, Jean-Luc Couchard, Anthony Rey, Micha Wald

Grand Prix International : Jump de KRISTINA GROZEVA & PETAR VALCHANOV – Bulgarie – 30’ – 2012

Prix du Jury : Blackstory de STEFAN BRUNNER & CHRISTOPH BRUNNER – Autriche – 30’ – 2012

Prix d’Interprétation Féminine : Médina Yalaoui pour LA FUGUE de JEAN-BERNARD MARLIN – France- 20’ – 2013

Prix d’Interprétation Masculine : Adel Bencherif pour LA FUGUE de JEAN-BERNARD MARLIN – France- 20’ – 2013

Prix du Public : AVANT QUE DE TOUT PERDRE de XAVIER LEGRAND – France – 30’ – 2012

Mention Spéciale du Jury : MO-DEON PAE-MIL-LI de KWANG BIN KIM – Corée du Sud – 18’ – 2011

Palmarès National

Jury du Festival : Juliette Duret, Fabien Gaffez, Antoine Manier

Grand Prix National : DIT IS RONALD de JULES COMES – Belgique – 19’ – 2012

Prix de la Fédération Wallonie-Bruxelles : LES VOILES DU PARTAGE de PIERRE MOUSQUET & JEROME CAUWE – Belgique – 7’30’’ – 2013

Prix d’interprétation féminine: Anaïs Moreau pour RAE de EMMANUELLE NICOT – Belgique – 19’16’’ – 2012

Prix d’interprétation masculine : Wim Willaert pour MONT BLANC de GILLES COULIER – Belgique – 14’56’’ – 2012

Prix de la Critique : BETTY’S BLUES de REMI VANDENITTE – Belgique – 12’ – 2012

Prix du Public, Prix de La Trois : ELECTRIC INDIGO de JEAN-JULIEN COLETTE – Belgique – 25’ – 2013

Prix BeTV : CHAMBRE DOUBLE de MATHIEU MORTELMANS – Belgique – 15’ – 2013

Prix TV5 monde : LA PART SAUVAGE de GUERIN VAN DE VORST – Belgique – 15’ – 2012

Palmarès “Next Generation”

Jury du Festival: Camille Sanz, Nicolas Guiot, François Stassens

Grand Prix : CORPS PERDU de LUKAS DHONT – Israël – 16’20’’ – 2012

Prix de la Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB) : SI J’ETAIS UN HOMME de MARGOT REUMONT – Belgique – 5’05’’ – 2012

Prix de la meilleure mise en scène : TRISTESSE ANIMAL SAUVAGE de FLORIAN BERUTTI – Belgique – 20’30’’ – 2012

Prix national du public : KUS ME ZACHTJES de ANTHONY SCHATTEMAN – Belgique – 15’30’’ – 2012

Grand prix international : FAREWELL JIMMY de SANG KIM – Etats-Unis – 24’01’’ – 2012

Prix international du public  : CHIPPENDALE de KAMILA SAFINA – Russie – 15’38’’ – 2012

Retenir les Ciels de Clara et Laura Laperrousaz

Découvert au Festival de Brive parmi les films en compétition, le moyen-métrage des soeurs Clara et Laura Laperrousaz « Retenir les Ciels » nous emmène dans les steppes et les forêts ensoleillées du Sud de la France pour nous raconter l’été d’un jeune couple et de leur enfant. Cette cellule familiale tente de s’épanouir dans un cadre paradisiaque mais leur harmonie sera progressivement menacée par le surgissement des fantômes d’un passé douloureux.

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Les premières images du film nous présentent Luna, petite fille construisant seule des pâtés de sable au bord d’une rivière coulant au milieu d’une immense forêt. La simplicité des gestes et des déplacements de l’enfant, dont les mouvements fluides et aériens de la caméra épousent le rythme avec attention, définissent d’emblée le rapport que les réalisatrices entretiennent avec leurs personnages. Il s’agit pour elles de les accompagner dans leurs déambulations, de les laissés délimiter leurs propres territoires de fiction puis de leur accorder le temps nécessaire à l’exploration de ces territoires. Ainsi, l’isolement de l’enfant dans les premières scènes nous touche autant dans ce qu’il traduit de la démarche des cinéastes que dans ce qu’il annonce du récit à suivre.

L’enjeu dramatique principal de « Retenir les Ciels » tient dans la question du lien, de la connexion. Iris, la jeune mère en attente d’un nouvel enfant, ne peut ignorer le trouble et les peurs qui l’assaillent à l’approche du quatrième anniversaire de sa fille Luna à cause des réminiscences d’un drame familial. L’angoisse qu’elle ressent se meut bientôt en désir de fuite. Elle veut quitter la campagne et abandonner sa fille, brisant ainsi le triangle harmonieux qu’elles formaient avec Ezechiel, son compagnon, qui tout au long du récit luttera pour préserver l’union entre tous les individus.

Le film est construit sur des plages de contemplation, des répétitions de séquences mettant en scène chacun des personnages  dans des paysages naturels se substituant à des espaces mentaux. Ainsi, les corps de Luna et d’Ezechiel sont associés aux territoires forestiers et rocailleux invitant aux jeux et à l’exploration tandis que celui d’Iris déambule à plusieurs reprises dans des steppes immenses sous un ciel infini et menaçant, renforçant les sensations d’isolement et d’angoisse qui la caractérise. À chacun son territoire, son espace à investir et à explorer, au risque de briser l’équilibre précaire qui maintient la grâce et retient les ciels au dessus de nos têtes. Et lorsque vers la fin du film, c’est au tour de la petite Luna de s’éloigner du triangle familial le temps d’une escapade dans les rocheuses, on est bouleversé par la beauté d’un geste de cinéma rare et précieux : l’enfant acquiert son indépendance au même titre que les autres personnages et devient un véhicule de fiction à part entière, libre d’ouvrir sa propre parenthèse à l’intérieur du récit.

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Utiliser le format du moyen-métrage pour trouver la durée juste, développer les séquences pour permettre aux personnages d’investir le temps et l’espace, donnant ainsi au spectateur l’opportunité d’explorer en profondeur tous les champs du film, témoigne de l’intelligence des soeurs Laperrousaz qui parviennent à imposer leur voix singulière avec cette seule réalisation. La suite se prépare : l’écriture d’un scénario de long-métrage est en cours. Il s’inscrira dans la continuité thématique et formelle de « Retenir les Ciels ».

Marc-Antoine Vaugeois

Consulter la fiche technique du film

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Fiche technique

Synopsis : L’été dans le Sud de la France, la chaleur s’étire sur la famille d’Ezéchiel. Iris, qui est enceinte, est prête à tout détruire. Elle veut abandonner sa fille Luna, à la veille de ses 4 ans, parce qu’elle a peur de la perdre.

Pays : France

Année : 2013

Durée : 40′

Réalisation : Laura et Clara Laperrousaz

Directeur de la photo : Nicolas Loir, Marco Graziaplena

Son : Jean-François Schenegg, Hélène Le Morvan, Julie Tribout Montage : Nicolas Desmaison

Interprétation : Lolita Chammah, Nacim Mehtar, Ona Tarafa, Bernard Verley

Musique : Winter Family

Producteur : Année Zéro

Article associé : la critique du film

Bibliothèque du cinéma : projections des films d’étudiants de Paris 1 sur le Musée du Louvre et le Musée du quai Branly

La bibliothèque du cinéma François Truffaut organise des projections des films réalisés par les étudiants en master pro « scénario, réalisation, production » à l’Université Paris 1 Panthéon Sorbonne. Ces films ont été réalisés et consacrés à deux musées : Le Louvre et Le quai Branly. Ces projections seront suivies d’une rencontre avec les réalisateurs et avec Frédéric Sojcher, cinéaste et professeur de cinéma à l’Université Paris 1 Panthéon Sorbonne.

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Samedi 4 mai à 15h : La nébuleuse Louvre, films réalisés en 2011 et consacrés au Musée du Louvre

– Du premier au dernier regard, de Grégory Rateau (6 min)
– Une Madeleine, de Sébastien Cléro (6 min)
– Tout n’est pas perdu, de Géraldine Comte (5 min)
– Regard d’aveugle, de Sonia Ben Slama (6 min)
– Musée propre, musée sale, d’Elodie André (7 min)
– Tous mécènes !?, de Julien Menanteau (6 min)
– Fabulation, de Vladimir Vatsev (18 min)

Samedi 11 mai à 15h : Mon quai Branly, films réalisés en 2012 et consacrés au Musée du Quai Branly

– Du premier au dernier regard, de Grégory Rateau (6 min)
– Une Madeleine, de Sébastien Cléro (6 min)
– Tout n’est pas perdu, de Géraldine Comte (5 min)
– Regard d’aveugle, de Sonia Ben Slama (6 min)
– Musée propre, musée sale, d’Elodie André (7 min) – Tous mécènes !?, de Julien Menanteau (6 min)
– Fabulation, de Vladimir Vatsev (18 min)

Infos

Bibliothèque du cinéma François Truffaut : Forum des Halles niveau -3

4, rue du Cinéma – 75001 Paris

Remarque : les projections auront lieu à la Lucarne, d’une capacité de 25 personnes seulement.

D’un écran à l’autre

Hier encore, l’anniversaire de Format Court nous a été rapporté. Un œil clair jeté à l’édito nous a confirmé l’information. Sauf que depuis janvier, les noces de cire (4 ans) semblent bien lointaines. Depuis Clermont-Ferrand, nous avons consacré de nouveaux focus à des festivals (Anima, Cinéma du Réel, Aubagne, Silence on court et Brive) et organisé de nouvelles séances de courts, à Bruxelles (séances Short Screens) et à Paris (soirées Format Court). La prochaine séance parisienne, l’avant-dernière de l’année, aura d’ailleurs lieu le jeudi 9 mai prochain (la programmation n’est pas plus loin qu’ici). Comme d’habitude, à l’image des séances organisées depuis plus d’un an aux Ursulines, plusieurs équipes seront présentes pour évoquer leurs films et leur travail.

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"Fille du calvaire" (S. Demoustier)

Dans la foulée de cette séance, nous publierons un focus consacré au Festival de Bruxelles, toujours en cours ces jours-ci. Quelques jours plus tard, nous vous livrerons nos coups de courts de Cannes, toutes sections confondues. En rentrant du festival, nous vous proposerons même une toute nouvelle séance spéciale (après celle consacrée au Festival de Brest en février et celle autour de Lobster Films le mois dernier). Le 13 juin prochain (retenez la date), notre programmation s’articulera en effet autour de nouveaux et d’anciens films de la Quinzaine des Réalisateurs, une section parallèle, indépendante, internationale et non compétitive du Festival de Cannes, mise en place par la SRF (la Société des Réalisateurs de Films) en 1968. Laurence Reymond, chargée de la présélection des courts, et plusieurs équipes seront nos invitées.

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Par le passé, que ce soit sur le site ou en salle, nous avons mis en avant des films et des auteurs passé par la Quinzaine. Par écrit, nous vous avons présenté « Rodri » de Franco Lolli, « Königsberg » de Philipp Mayrhofer, « Tram » de Michaela Pavlátová, « The Curse » de Fyzal Boulifa, « Wrong Cops », « Demain, ça sera bien » de de Pauline Gay, « Boro in the Box » de Bertrand Mandico, « Le Songe de Poliphile » de Camille Henrot, « Montparnasse » de Mikhaël Hers, « Fourplay : Tampa » de Kyle Henry, « Killing the Chickens to Scare the Monkeys » de Jens Assur, « Csicska » d’Attila Till, « Mary Last Seen » de Sean Durkin, « Petit tailleur » de Louis Garrel, « Le jour de la mort de Shula » d’Asaf Korman, « Anna » de Rúnar Rúnarsson et « Jagdfieber » d’Alessandro Comodin. Ces films forts et particuliers, sélectionnés donc à la Quinzaine au fil des ans, ont été tournés en France, en Colombie, au Maroc, aux États-Unis, en Hongrie, en Israël, au Danemark, en Inde, en République tchèque ou en Thaïlande. Jusqu’ici, nous en avions seulement projeté trois : « Tram », « The Curse » et « Wrong Cops ». Avec la séance de juin, nous comptons bien « réparer » cette erreur. D’un écran à l’autre, notre désir de soutenir des oeuvres courtes et singulières reste encore et toujours le même : ardent et constant.

Katia Bayer
Rédactrice en chef