The Opportunist de David Lassiter

Le loup dans la bergerie

Court métrage américain sélectionné à la 52ème Semaine de la Critique, « The Opportunist » est une captivante virée nocturne orchestrée par un séduisant et dangereux sociopathe en mal de sensations fortes.

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Nick Clifford incarne ici un jeune homme charmeur, calculateur et menaçant qui réussit avec beaucoup d’habilité à se faufiler n’importe où, s’appropriant au passage un objet personnel ou un secret inavouable. À l’image des prédateurs du monde animal, il choisit avec beaucoup de minutie ses proies pour se jeter sur celles-ci lorsqu’elles sont les plus vulnérables. Mué par un instinct qui semble infaillible, il sait déceler immédiatement chez les personnes qui l’entourent les points faibles et les utiliser contre elles. Toujours sur la brèche, il se joue des conventions sociales, harcelant avec le sourire celles et ceux qu’il croise. Bon orateur, il a le bon mot au bon moment, notamment lorsqu’un petit groupe tente de se moquer de lui ; en guise de réponse, il s’approche doucement d’eux, détournant l’attention avec une anecdote à propos des loups en meute. Tout en jaugeant son auditoire, il s’abat sur sa victime avec une fureur à peine contenue, comme un rapace sur sa proie.

Costume impeccable, réparties cinglantes, regard d’acier : difficile de ne pas penser à Patrick Bateman – célèbre personnage du roman « American Psycho » créé par Brett Easton Ellis. Moins connu en Europe mais tout aussi reconnu outre-Atlantique, la subversive et éphémère série américaine « PROFIT » (1996 & 1997 – 8 épisodes) et son héros charismatique et machiavélique semblent aussi être une source d’inspiration non négligeable pour la création du personnage de « The Opportunist ». Ces trois manipulateurs partagent d’ailleurs le goût pour la transgression et l’impunité de leurs actes.

Naviguant en eaux troubles entre une totale maîtrise de soi et le frisson de se faire découvrir , la seule présence de Nick Clifford à l’écran permet d’insuffler une énergie sombre et pure qui contamine tout le film. Impassible, il utilise le moindre indice trouvé aux alentours pour fomenter ses stratagèmes, faisant du spectateur son témoin et le complice de ses intrusions dans l’intimité des personnes croisant son chemin.

Pour filmer les agissements de son personnage, David Lassiter choisit une lumière glacée, des cadres serrés et des décors fermés, soulignant ainsi à l’image la personnalité menaçante de l’opportuniste. Le réalisateur fait le choix d’une mise en scène sobre et sans fioritures, s’effaçant derrière son personnage pour mieux révéler son intensité. Film froid et efficace, « The Opportunist » doit beaucoup à l’interprétation remarquable de son acteur principal, Nick Clifford.

Julien Beaunay

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O comme The Opportunist

Fiche technique

Synopsis : Une nuit dans la vie d’un métamorphe social obsédé par l’invasion dans la vie des autres.

Genre : Fiction

Durée : 15′

Pays : États-Unis

Année : 2013

Réalisatation : David Lassiter

Scénario : David Lassiter

Image : Mike Fuchs

Montage : Chris Amos

Son : Ugo Degroguard

Décors : Galen Forrest

Interprètes : Nick Clifford, Riccardo LeBron, Devan Liljedahl, Ben Schreen, Charlie Smith

Production : Bureau of Ships

Article associé : la critique du film

5ème édition du Festival Millenium, à Bruxelles du 31 mai au 9 juin

Depuis sa création, le Festival Millenium poursuit sa vocation en proposant des documentaires qui interpellent et qui nous font découvrir l’autre et sa complexité ainsi que la beauté de la différence.

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Initié pour mettre à l’honneur des films dont les thèmes sont liés aux objectifs du Millénaire pour le développement, le festival est devenu un rendez-vous incontournable de la scène documentaire bruxelloise. La programmation de cette 5ème édition s’articulera autour du thème « Tout à vendre ».

Retrouvez le programme sur le site du Festival : FestivalMillenium.org

Ali Asgari : « Le cinéma iranien s’inspire de la vie »

Si cette année, à Cannes, Asghar Farhadi a défendu son « Passé » en compétition officielle, du côté des courts, trois auteurs iraniens se sont fait repérer, que ce soit du côté de la Cinéfondation ou de la compétition officielle des courts. Dans la section réservée aux films d’écoles, Anahita Ghazvinizadeh a remporté le Premier Prix pour son piquant « Needle » et Navid Danesh nous a intéressés pour ses plans d’amour mobile. À l’officielle, Ali Asgari, le réalisateur de « Bishtar Az Do Saat » (« Plus de deux heures ») a développé, pour sa part, une histoire de transgression vécue dans une société traversée par les tabous. Dans son film, tiré d’une histoire vraie, deux jeunes gens se heurtent aux difficultés et au manque d’empathie de la part des autres, suite à la perte de la virginité de la jeune femme. Rencontre.

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Comment as-tu commencé dans le milieu ?

Je suis assistant réalisateur sur des films indépendants depuis 2005. J’ai beaucoup observé, j’ai fait plus de pratique que de théorie. J’étudie actuellement le cinéma à Rome, mais les écoles n’apprennent pas à faire des films. Pour la direction d’acteurs, ce n’est pas suffisant.

En étudiant, j’apprends à savoir ce qui est important dans l’histoire du cinéma, à connaître les différents styles. Juste avant d’aller à Rome, j’étais dans une autre école de cinéma en Italie où j’avais la possibilité de faire un film, mais je n’étais pas préparé mentalement pour ça. Je fais un film quand je suis prêt à 100%. Pour « More than two Hours », c’était le cas.

Pourquoi as-tu choisi de raconter cette histoire ?

Un des co-scénaristes du film m’a raconté une histoire vraie, arrivée en Iran à une de ses amies. Dès le début, j’étais très touché par cette histoire. J’ai écrit le film en trois semaines.

Est-ce que le projet a été facile à concrétiser ?

Pour faire un film en Iran, il faut normalement avoir l’autorisation du gouvernement. Il faut leur envoyer le scénario et attendre la réponse. Je ne l’ai pas fait. Le gouvernement a des idées préconçues sur certains sujets, et si je dépassais la ligne, ce n’était pas bon. Je fais attention à ne pas la franchir et à raconter mon histoire. Tourner des films en Iran est plutôt économique. Tout le monde a la possibilité de faire des films. Le mien n’a pas coûté beaucoup d’argent. Je l’ai tourné en petite équipe, pendant trois nuits. Le plus difficile a été de trouver deux hôpitaux différents; on avait juste un permis de la police pour tourner de nuit. On s’est débrouillé en filmant dans un seul et même lieu.

Comment vois-tu le cinéma iranien ?

Il s’inspire de la vie. Les réalisateurs iraniens sont très influencés par la société dans laquelle ils vivent. Ils font beaucoup de films sociaux sur le lieu d’où ils viennent. Ils ressentent le fait qu’ils ont le devoir de parler de leurs problèmes, mais ils exagèrent parfois leurs propos car ils ne savent pas toujours comment raconter les choses.

Comment as-tu voulu travailler pour ce film ?

Certaines personnes pensant que ce film parle de virginité. C’est un symbole, le film parle de choses plus importantes. En fait, je voulais raconter une histoire d’une façon cinématographique, sans être dans l’exagération mais en étant bel et bien dans la simplicité. Les acteurs n’en font pas trop, ils ne pleurent pas, ils ne se battent pas. L’histoire comporte suffisamment de tension, si on en fait trop, si on en rajoute, les spectateurs auront peut-être l’impression d’être trompés. Je ne voulais pas non plus trop d’effets de caméra. J’ai travaillé avec des acteurs non professionnels. Le visage de la comédienne était très parlant, et elle avait l’air simple. Elle vient d’une famille traditionnelle. Ça tombe bien, le film parle du poids de la famille dans la société, de ce qu’elle peut faire pour ses enfants. Tout, de toute façon, part de la famille. Les jeunes se battent pour leurs droits, ils veulent être plus libres. Il y a 15 ans, quand une fille voulait vivre seule, ça posait problème. Maintenant, c’est différent.

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Pourquoi as-tu choisi d’étudier en Italie si finalement, tu es aussi libre dans ton pays d’origine ?

Je voulais expérimenter un autre pays, j’avais beaucoup d’expériences en Iran, mais je voulais connaître l’Europe. Pour être réalisateur, il faut voyager, connaître le monde. En étudiant, c’est une façon de le faire, d’être connecté à l’extérieur d’Iran. Mais à l’université, en Italie, je n’ai malheureusement rien appris sur le cinéma. J’ai vécu 28 ans en Iran, j’y ai fait tous mes films et je veux continuer à filmer là-bas.

Ta sélection à Cannes représente-t-elle un espoir pour les jeunes réalisateurs iraniens ?

Beaucoup d’entre eux veulent voir mon film. Je ne pense pas qu’il soit politique mais social. Ils ont le droit de le voir. Un film iranien sélectionné à Cannes, cela n’arrive pas tous les jours. Je pense l’envoyer au festival du court métrage de Téhéran. Mais comme l’histoire est un peu sensible, je ne pense pas qu’il sera accepté.

As-tu de nouveaux projets ?

J’ai une nouvelle histoire de court métrage en tête. Le court m’intéresse, il son propre monde et sa propre construction de scénario. On a 10 ou 15 minutes pour raconter une histoire, pour toucher les gens. Je pense que le court doit être expressif, innovant, dynamique. Je veux en faire d’autres car je m’amuse plus avec ce format. Matériellement, je n’ai pas besoin de beaucoup d’argent pour tourner. Les restrictions en Iran ne représentent pas de vraies difficultés. Après toutes ces années, les gens ont réussi à raconter bon nombre d’histoires sans dépasser la fameuse ligne rouge.

Propos recueillis par Katia Bayer

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Article associé : la critique du film

B comme Bishtar Az Do Saat (Plus de deux heures)

Fiche technique

Synopsis : 3 heures du matin. Un garçon et une fille errent dans la ville. Ils cherchent un hôpital pour soigner la jeune fille mais cela s’avère plus compliqué qu’ils ne pensent.

Genre : Fiction

Durée : 15′

Pays : Iran

Année : 2013

Réalisation : Ali Asgari

Scénario : Ali Asgari, Farnoosh Samadi Frooshani

Images : Amir Aliweisi

Montage
 : Images

Son : Vahid Moghadasi

Acteurs : Shahrzad Ghasemi,
Roshanak Haghighatdoost, Safoora Kazempoor, Taha Mohammadi

Production
: Khaneye 8 Film Production

Articles associés : l’interview d’Ali Asgari, la critique du film

Omoi Sasaki : « Ce court métrage est complètement différent des autres films que j’ai pu réaliser. J’ai souhaité travailler dans un esprit de tradition visuelle du Japon »

Omoi Sasaki, réalisateur de « Inseki + Impotence », et Yuko Nobe, en charge de la promotion internationale des courts métrages japonais, nous ont parlé du film sélectionné en compétition officielle au Festival de Cannes. Omoi Sasaki nous livre quelques clés, à saisir à la volée, sur son incroyable court métrage qui parle de la société japonaise actuelle et qui rend hommage au cinéma de science-fiction nippon.

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L'équipe du film

Pourquoi avez-vous décidé de traiter conjointement de météorite (Inseki) et d’impuissance (Impotence) ?

Comme vous le savez, il y a eu un grave accident dans une centrale nucléaire au Japon, à Fukushima il y a deux ans. Pourtant, on vit toujours dans le pays comme si rien de grave, de dangereux s’était produit et pourtant, les traces sont bien présentes. La météorite est en quelque sorte le symbole de cela, elle est au dessus de la tête des habitants et pourtant, elle ne les effraie pas plus que cela.

En ce qui concerne l’impuissance de l’homme, du personnage masculin principal, il s’agit également d’un symbole, plus individuel, qui se rapporte aux Japonais qui subissent aujourd’hui de nombreux problèmes politiques et sociaux. L’impuissance agit comme le symbole de ces frustrations. Dans la société japonaise, on pense communément que les hommes perdent leur confiance physique et mentale à cause de ces problèmes sociétaux.

L’histoire du film fonctionne autour de trois personnages principaux  : une femme, son compagnon et un pizzaiolo qui sera son amant pour un soir. Comment avez-vous travaillé les caractères de ces antihéros ?

Le couple représente les Japonais qui supportent mal la situation actuelle du pays. La femme est un personnage qui vit et qui aime l’idée de faire l’amour, elle souhaite avoir un enfant mais elle a aussi beaucoup de peine car son compagnon ne peut pas la satisfaire à cause de son impuissance. Au contraire, le jeune homme, le pizzaïolo, est sexuellement très vigoureux mais finalement il a aussi des problèmes car il ne vit pas l’amour autrement que par l’acte physique.

Comment avez-vous choisi le couple de comédiens ?

Je connais bien l’acteur principal du film car je suis également comédien et nous avions déjà travaillé ensemble. J’ai aussi choisi de travailler avec lui car je savais que dans la vie « réelle », il était très heureux avec sa femme ! C’est un vrai rôle de composition pour lui. Pour le rôle féminin, j’ai suivi les recommandations de mon conseiller artistique sur le film. Si dans le film, elle apparaît comme une femme disons très « normale », en fait au Japon, c’est une star de la chanson.

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Quelles sont vos références cinématographiques ?

Ce court métrage est complètement différent des autres films que j’ai pu réaliser. J’ai souhaité travailler dans un esprit de tradition. J’ai essayé de jouer avec des effets spéciaux «à la japonaise». C’est vraiment ce que j’ai cherché à retranscrire visuellement dans le film.

Pouvez-vous revenir sur votre démarche en termes de travail sonore ?

Pour ce film, j’ai choisi un groupe qui est connu pour sa recherche sur des sons nouveaux. On a essayé de composer un son un peu différent de celui qu’on peut entendre habituellement dans les films de science-fiction.

Yuko, comment sont produits les courts-métrages au Japon ?

Tous les courts métrages produits sont des films indépendants. Le format court n’est pas très connu au Japon. Les producteurs produisent plutôt des longs métrages mais les cinéastes indépendants n’ont pas beaucoup d’argent pour réaliser leurs films, ils font plus facilement des courts métrages.

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Omoi et Yuko, comment avez-vous vécu votre expérience au festival de Cannes ?

Omoi : Je suis très content que le film soit présenté ici en compétition officielle, qu’il ait pu être vu par de nombreux professionnels et je suis également content pour les comédiens.

Yuko : Pour moi c’est évidemment très fort. Le film est en partie produit par les pouvoirs publics. Le ministère de l’industrie a créé un fonds pour les cinéastes japonais, c’est une aide un peu différente de celle que peut apporter le ministère de la culture du pays car il promeut l’industrie du cinéma au Japon. Cette aide économique a débuté il y a trois ans, seize projets en ont bénéficié et deux sont allés à Cannes, donc c’est déjà une belle récompense.

Quels sont vos projets à tous les deux ?

Omoi : Je vais commencer à travailler avec de jeunes comédiens sur un prochain court métrage qui se déroulera dans la vie quotidienne mais je chercherai également à revenir sur les questions sociales dans mon travail.

Yuko : Et moi, je vais continuer à promouvoir le travail des cinéastes japonais !

Propos recueillis par Fanny Barrot

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Pour information, « Inseki + Impotence » sera projeté à Paris, ce soir à 20h30 au Cinéma du Panthéon lors de la reprise des courts métrages en compétition au Festival de Cannes 2013

Pátio d’Aly Muritiba

Entre les murs

Débutée avec le très remarqué « A Fábrica » (2011), la trilogie réalisée par le brésilien Aly Muritiba autour de l’univers carcéral se poursuit avec l’atypique « Pátio », sélectionné à la dernière Semaine de la Critique. Rares sont les cinéastes à porter un regard aussi radical et humain sur cet hors-espace, sur ce non-lieu en retrait de la société et pourtant au cœur de son ordre institutionnel. Ce regard si direct dévoile les comportements des détenus en en figurant les écarts, c’est-à-dire en portant un éclairage sur les micro-libertés développées par des êtres habituellement contraints à une surveillance stricte. Ces écarts peuvent être de plusieurs natures : physiques et verbales, séculaires et religieuses. Aly Muritiba a de quoi dépeindre les détails de ces existences dirigées : il fut surveillant de prison. Se détachant de la fiction qu’il avait choisi pour le premier opus de sa trilogie, « Pátio » ouvre la voie documentaire dans son plus simple élément; un cadre (presque) unique sur une cour de prison investie par des hommes en quête de souffles.

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La simplicité de la forme ne signifie pas une pauvreté de point de vue. Dans « Pátio », le spectateur est d’emblée jeté, même projeté, dans la cour de prison. Néanmoins, point d’identification possible; le spectateur se sait à l’extérieur. Le réalisateur assume cette distance à travers deux filtres. Premièrement, on voit la cour de prison par l’intermédiaire d’une grille imposante (créant une dislocation de l’image) et, deuxièmement, le montage rompt perpétuellement l’illusion d’une temporalité continue. On fait face à un monde qui ne nous appartient pas et qui, pourtant, existe et nous donne à penser autant sur la condition d’être détenu que celle d’être libre.

Ce que montre Aly Muritiba est un quotidien délocalisé. En effet, les actes habituellement banals sont réalisés dans un lieu où rien ne doit officiellement dépasser. Or, ça dépasse, ça transcende vers le ciel, ça évolue au rythme des sentiments, puisqu’on a affaire à des hommes. Par exemple, le film débute sur les détenus réunis en cercle qui proclament le “Notre Père”; par cet acte, il transforme la cour de prison en lieu de culte. Aussi les détenus jouent-ils les rituels sociaux en tant qu’ombres orangées de la société extérieure. Cette cour est aussi le lieu de performances sportives (football, arts martiaux), d’événements musicaux, de stationnements et de va-et-vient. Le cinéaste n’hésite pas à pointer avec ironie le comportement des prisonniers, comme dans le plan où tous les détenus sont acculés dans la seule et minuscule partie ensoleillée de la cour. Bref, la cour de prison est non seulement un lieu d’échanges individuels, de rituels collectifs et, malgré tout, de subtiles libertés.

« Pátio » ne se contente pas de montrer un lieu mais de laisser entendre les paroles des détenus, disjointes elles aussi. On a ainsi accès à des paroles déconcertantes liées aux causes de leur présence (raison de leur incarcération, circonstances de leur arrestation, période de détention), mais aussi les sentiments qui les animent (absence de leurs enfants, manque de nouvelles de leurs familles). Il s’agit de laisser poindre des paroles sans complaisance sur ce que signifie d’être enfermé et de rêver à un ailleurs. Cet ailleurs, il sera atteint par l’un d’eux, à la toute fin du film. En effet, Aly Muritiba établit un écart avec ce qu’on croyait le seu(i)l plan du film. Il montre un détenu, passant de porte en porte, de frontière en frontière, de solitude en solitude, pour atteindre hors du cadre la liberté désirée par tous ceux qui restent. Dehors, une nouvelle vie commence autant que son espace d’investissement. Cette fois, la zone de déplacement ne se limitera pas à quatre murs.

Mathieu Lericq

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P comme Pátio

Fiche technique

Synopsis : Dans une cour de prison, des prisonniers jouent au football, dansent la “capoeira” et parlent de liberté.

Pays : Brésil

Année : 2012

Durée : 17′

Genre : Fiction

Réalisateur : Aly Muritiba

Scénario : Aly Muritiba

Image : Elisandro Dalcin

Montage : Aly Muritiba – João Menna Barreto

Son : João Menna Barreto – Alexandre Rogoski

Interprètes : Faustino Matuchenetz Rodriguez

Production : Grafo Audiovisual

Article associé : la critique du film

Film Noir Festival, appel à films

La première édition du Film Noir Festival de Gisors se déroulera du 5 au 8 décembre 2013. Peuvent participer à la compétition : les courts métrages de fiction, les films expérimentaux et les films d’animation ayant pour thématique le Film Noir. Sont exclus de la compétition les films publicitaires, institutionnels, les clips et films à caractères extrêmes. Le thème imposé pour cette première édition est le Film Noir. La compétition est ouverte à tous les courts métrages francophones finalisés depuis le 1er janvier 2012, non-soumis aux films à l’initiative d’une société de production, d’un réalisateur en autoproduction, d’une association ou d’une école.

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Les films ne doivent pas excéder quinze minutes [générique compris]. Tous les films non-francophones doivent être sous-titrés en langue française.

L’ouverture de la sélection est fixée au 28 mai 2013. Tous les films doivent être envoyés impérativement avant le 30 septembre 2013 sur un support DVD ou sur clef USB à l’adresse suivante :

Association Les Alibis Film Noir Festival 276, Rue de l’Eglise 59500 DORIGNIES DOUAI

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Jane Campion : « La façon dont on raconte une histoire, ce que cela dit de vous, est plus important que l’attachement à une technique »

Jane Campion est souvent présentée comme la seule femme de l’histoire du Festival de Cannes à avoir reçu une Palme d’Or (pour « La Leçon de Piano »). Seulement Dame Jane, comme l’appelle Gilles Jacob, n’a pas reçu une mais bien deux Palmes d’Or (la première lui a été remise pour son court métrage « Peel » en 1986). Cette année, elle présidait le Jury de la Cinéfondation et des courts métrages. Entretien exclusif.

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Vous avez commencé par le court métrage mais entre vos longs-métrages, vous êtes revenue à ce format notamment avec « Water Diary », un fragment de « 8 » et « The Lady Bug » pour « Chacun son cinéma », réalisé pour les 60 ans du Festival de Cannes. Quel intérêt particulier y trouvez-vous ?

Les courts métrages m’ont permis de prendre confiance en moi, mais pas seulement quand j’ai débuté dans la réalisation. À un certain moment de ma carrière, je n’étais plus très sûre de la direction que je souhaitais prendre, je voulais changer de cap mais cela était très difficile. Quand vous êtes face aux attentes que représentent un projet de long et que vous n’avez pas encore pu tester votre « nouvelle théorie » et vos nouvelles idées, le fait de revenir au court permet d’abandonner ses propres automatismes. En cela, le court a été un moment clé pour moi.

Vous y avez trouvé ce qui était important ?

J’ai pris un peu de recul après avoir réalisé « In the Cut » qui n’avait pas été très bien reçu. Je voulais passer du temps avec ma fille et je me suis arrêtée quatre ans avant de reprendre l’écriture pour « Bright Star ». C’est à cette période que j’ai réalisé que je n’étais pas forcément intéressée par les films contemporains et que j’ai commencé à regarder en arrière. J’ai fini par voir « Un condamné à mort s’est échappé » de Bresson. J’ai trouvé la mise en scène d’une telle simplicité mais en même temps d’une incroyable tension. La technique n’alourdissait pas l’histoire et le cinéaste la laissait vivre.

La simplicité est une notion importante pour vous, notamment lorsque vous voyez les films d’écoles de la Cinéfondation ?

J’aime beaucoup la simplicité, oui. Mais chaque cinéaste a sa propre façon de faire et vous emmène avec lui (rires) ! Si je prends l’exemple de « Needle » de Anahita Ghazvinizadeh (ndlr. premier prix de la Cinéfondation), c’est un film d’une précision exquise. Cette jeune cinéaste a une voix personnelle très prononcée et cela se voit très vite au milieu des autres films.

Qu’est ce qui vous a plu justement dans ce film ?

J’ai aimé sa précision et le fait que l’on pouvait ressentir sa façon si particulière de voir les choses. L’un des membres du jury a décrit ce film comme « délicat et plein de force à la fois ». Elle a réussi à recréer une atmosphère particulière en quelques plans seulement. Les performances des acteurs étaient sans fautes, étonnantes et fascinantes. Nous étions très chanceux et heureux d’avoir ce film.

Vous jugez les films d’écoles et les films dits “professionnels” à Cannes. Les analysez-vous différemment ?

Je ne pense pas à ça. Les films m’envoient un message et je sens une énergie qui remonte en moi quand le film me plaît. Je me sens embarquée quand je suis intéressée. Je deviens alors très impliquée, et cela se produit presque immédiatement au moment du premier plan.

Pourriez-vous revenir au court ?

Je ne pense pas qu’il y ait vraiment un marché pour cela (rires). Contrairement aux nouvelles que j’adore. Tout cela dépend aussi du financement des films, les films coûtent chers.

Mais cela vous procure une certaine liberté, non ?

Oui, mais comment la financez-vous ? Même les courts métrages coûtent beaucoup d’argent si vous voulez payer les gens qui travaillent dessus.

En réalisant la série « Top of the Lake » (6 épisodes d’une heure), avez-vous vu un lien avec le format court ? Vous aviez là aussi une durée à respecter, n’est-ce pas ?

Oui, il y avait une discipline à suivre. Je devais faire 59’ ou 59’30’’ par épisode. J’ai été très reconnaissante aux monteurs de la BBC Two qui avaient à régler ce problème de durée mais qui m’ont laissé beaucoup de liberté au-delà de cette petite contrainte.

Ces épisodes regroupés peuvent-ils constituer selon vous un long-métrage ?

Nous avons projeté les six épisodes de cette façon à Sundance. Cela représentait six heures au total et j’avais très peur que les gens partent pendant la séance. En fait, ils se sont complètement pris au jeu, comme pour un roman. C’était très surprenant à voir, un peu comme si les gens découvraient une nouvelle expérience.

Que pensez-vous des nouveaux outils numériques utilisés par les jeunes cinéastes ?

Vous savez, je ne pense pas que ça fasse une grande différence. Nous avons tourné « Top of the Lake » en numérique mais avec les moyens d’un long-métrage. Tout est question de ce qui se trouve en face de la caméra, de l’importance de la lumière et de l’atmosphère à créer. Celle-ci doit être consistante et cohérente.

Toutes les nouvelles techniques et les nouvelles caméras (Canon etc…) peuvent correspondre à différentes histoires. J’ai l’impression que moi aussi je peux les utiliser, il me suffit d’apprendre à le faire. J’ai besoin de grandir (rires) ! Mais au final, la façon dont on raconte une histoire, ce que cela dit de vous, est plus important que l’attachement à une technique.

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Etes-vous attentive aux nouveaux talents émergents ?

Nous n’avons pas toujours la possibilité de voir ces films, c’est pour cela que le fait d’être à la Cinéfondation est fantastique. La qualité est très variable mais au final, il y a eu plus de films qui m’ont plu que de prix que l’on a pu donner. Les films vainqueurs avaient selon moi une avance par rapport aux autres face au passage au long métrage.

Vous arrivez à voir quand un cinéaste est prêt à passer au long ?

Pas forcément dans ce sens là, mais oui, je vois quand un cinéaste à le don de raconter une histoire et qu’il utilise tous les éléments dont il a besoin pour cela. La force de l’histoire, les personnages, la photo, tout cela doit fonctionner dans un ensemble. La plupart du temps, on sent que le réalisateur a du mal avec un ou deux de ces éléments, ce qui peut être touchant par ailleurs, mais cela joue dans la réussite finale. Ces jeunes réalisateurs débutent tous et sont très chanceux d’être ici. Ils apprennent. La prochaine fois, ce sera peut-être très différent pour eux.

Quand vous étiez vous-même débutante, comment trouviez–vous vos idées ?

J’avais compris l’importance de faire des courts métrages qui étaient aboutis. J’avais besoin de me convaincre moi-même – et d’autres sur mon chemin – que j’en étais capable. J’avais déjà la passion du cinéma mais j’ai dû travailler, me concentrer et réfléchir sur la façon dont y arriver.

Vous faisiez des erreurs ?

Oui, mais heureusement j’ai pu les corriger moi-même ou les jeter (rires) !

Même maintenant, vous jetez des choses ?

Oh oui, énormément. Quand vous écrivez un scénario de long métrage, vous faites cinq ou six versions. C’est une discipline. On ne passe pas son temps à se dire : « Oh mon dieu, j’ai une super idée ! ». La création, dans ce qu’elle a d’universel, est une chose que tout le monde apprécie, c’est agréable. Mais comme discipline, il faut aimer ça (rires) ! C’est dur. Il faut de l’humilité… et de l’ambition (rires) !

Propos recueillis par Katia Bayer et Amaury Augé. Retranscription : Amaury Augé

37°4S  d’Adriano Valerio

Présenté en compétition officielle au Festival de Cannes et récompensé par une Mention Spéciale du Jury, « 37°4S » d’Adriano Valerio est un film insulaire et poétique presque hors du temps. Nés sur une île au beau milieu de l’océan, Anne et Nick ont 16 ans et sont en couple, ils se connaissent depuis toujours, comme tout le monde sur l’île. Tout est parfait entre eux mais aujourd’hui Anne veut partir…

Dans ce film court, l’histoire du couple d’adolescent est littéralement portée voire transportée par l’île et par tout ce qu’implique la vie insulaire. À Tristan Da Cunha, le quotidien est déterminé par les éléments naturels, l’océan, le vent, le volcan. Chaque habitant connaît l’île par cœur. Vivre sur l’île, c’est inconditionnellement avoir confiance en cet espace ceint d’un océan sans fin et accepter d’organiser sa vie dans une communauté d’individus réduite (il n’y a que 270 habitants sur l’île). Ce postulat de départ transforme inévitablement ce qui pourrait être une histoire anodine d’adolescents en un questionnement qui remet profondément en cause l’idéal de vie des personnages, car quitter Tristan Da Cunha c’est laisser derrière soit un mode de vie singulier pour gagner un espace forcément extrêmement lointain.

Le réalisateur pose principalement son regard sur Nick, jeune homme pour qui la vie ne s’entend que sur Tristan. Il sait tout de cet endroit et croyait également tout savoir de sa compagne Anne. À l’opposé, celle-ci aspire au grand départ, vers l’Angleterre. Cela Nick ne le comprend pas et la conception même de cette idée rend à ses yeux Anne « bizarre ». Adriano Valerio interroge ici la notion d’appartenance : pourquoi Nick est-il tellement attaché à son île et pourquoi Anne veut elle si fortement s’en défaire ? Quelles sont leurs motivations intimes ? Ils ont le même âge, vivent la même vie depuis leur naissance et pourtant, quelque chose se passe à ce moment-là de leur existence et les oppose. Nick est en proie au doute quant au départ mais également au retour imaginé d’Anne sur l’île.

Dans « 37°4S », la réalisation joue subtilement avec les personnages qui sont tantôt perdus dans un plan large où la nature semble les intégrer en elle telle une matrice, tantôt enserrés ensemble dans le cadre, très proches, ils composent alors une entité qui leur est propre. Ces variations d’échelles portent en elles les mouvements qui s’opèrent intellectuellement chez les personnages qui s’interrogent sur leur propre attachement.

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La fragilité de ce couple qui se questionne, c’est aussi celle des images. On passe à plusieurs occurrences d’une image nette et hyper réaliste à un flou dans lequel les personnages sont mouvants, s’évaporant presque. Le travail est ici presque tactile, on perçoit la matière de la brume humide qui plane sur l’île et qui fait écho à la ouate mentale qui perturbe l’esprit de Nick. Tout est sensible. Le travail sur le son de Nathalie Lamothe et Justine Tribout ainsi que la musique de Romain Trouillet concourent également à faire de « 37°4S » une expérience sensorielle intense comme peut l’être la vie sur Tristan Da Cunha.

Si ce court métrage paraît assez classique dans le thème abordé, il se dégage ici une atmosphère inédite liée au caractère insulaire du film. Les éléments comme les sensibilités semblent plus denses, plus fortes. Adriano Valerio réussit à nous transmettre avec beaucoup de délicatesse et de subtilité les émotions de ces personnages en proie à des questionnements intimes et pour autant universels.

Fanny Barrot

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Article associé : l’interview du réalisateur

Prochaine Soirée Format Court, jeudi 13 juin : Séance Spéciale Quinzaine des Réalisateurs

Jeudi 13 juin prochain, à 20h30, notre dernière séance de l’année s’articulera autour de la Quinzaine des Réalisateurs, section parallèle, indépendante, internationale et non compétitive du Festival de Cannes, mise en place par la Société des Réalisateurs de Films (SRF) en 1968. Cinq films, tous sélectionnés à la Quinzaine des Réalisateurs, seront projetés ce soir-là, en présence de nos nombreux invités : Laurence Reymond, chargée de la présélection des courts, Marianne Visier, Déléguée au court métrage à la SRF, Philipp Mayrhofer, Paul Bandey, François Martin Saint Léon (réalisateur, comédien et producteur de « Königsberg »), Maria Alexandra Marin et Frédéric Théry (assistante réalisateur et mixeur son de « Solecito »).

Découvrez au cours de cette soirée, organisée au Studio des Ursulines (Paris, 5ème), les vacances d’un bébé d’un an trash et fauché, le devenir d’un homme face à sa frustration et à ses fantasmes, la vie d’une enseignante chinoise, victime d’un système ayant décidé d’avance de son sort, la discrète solitude d’un homme au milieu de ses semblables, et une histoire d’amour solaire entre deux adolescents colombiens.

Programmation

Killing the Chickens to scare the Monkeys de Jens Assur (fiction, 23’, 2011, Suède/Thaïlande, Studio Jens Assur AB, Living Films)

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Synopsis : “Killing the Chickens to Scare the Monkeys” narre une histoire unique, jamais vue auparavant, empruntée à la vie quotidienne en Chine. Dans un espace grisâtre entre blanc et noir, neuf scènes fortes, qui montrent les conséquences imprévues de la politique nationale sur la vie d’une jeune femme.

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Königsberg de Philipp Mayrhofer (fiction, 18’, 2012, France, Ferris & Brockman). En présence de l’équipe

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Synopsis : M. Königsberg dirige une petite usine en province. Malgré sa vie satisfaisante, il est habité d’une sourde mélancolie et souffre de la réputation d’être mauvais chasseur. Quand il se rend à sa partie de chasse hebdomadaire, il décide de faire basculer son destin.

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Las Palmas de Johannes Nyholm (fiction/animation, 13’, 2011, Suède, Toppsegelsgatan 9)

Synopsis : Une dame d’âge moyen en vacances au soleil essaie de se faire de nouveaux amis et de passer du bon temps. Le rôle est tenu par une petite fille d’un an, les autres personnages sont interprétés par des marionnettes.

Solecito d’Oscar Ruiz Navia (fiction, 20’, 2013, Colombie, Danemark, France, Contravia Films). En présence de l’équipe

Synopsis : C’est au cours d’un casting dans leur établissement scolaire que les deux personnages de ce film ont rencontré le réalisateur. Chacun de leur côté, ils lui ont raconté l’histoire de leur rupture amoureuse. Et si la fiction leur permettait de se remettre ensemble ?

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Fourplay : Tampa de Kyle Henry (fiction, 17’, 2011, Etats-Unis, A.O.K. Productions, C-Hundred Film Corp)

Synopsis : A Tampa, un homme en proie à une crise de confiance personnelle cherche satisfaction dans les toilettes d’un centre commercial. Une comédie qui mêle toilettes et gang-bang.

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En pratique

► Projection des films : jeudi 13 juin 2013, à 20h30. Durée du programme : 91’

► Studio des Ursulines : 10 Rue des Ursulines, 75005 Paris

► Accès : BUS 21, 27 (Feuillantines), 38 ou 82 (Auguste Comte), 84 ou 89 (Panthéon). Métro le plus proche: Ligne 7 – Censier Daubenton (mais apprêtez-vous à marcher un peu…), RER B Luxembourg (sortie rue de l’Abbé de l’Épée).

Entrée : 6 € !

► Réservations vivement recommandées : soireesformatcourt@gmail.com

T comme 37°4S

Fiche technique

Synopsis : De nos jours, à Tristan da Cunha : 270 personnes vivent sur cette petite île perdue au milieu de l’Océan Atlantique. Nick et Anne, deux adolescents, se connaissent depuis toujours, et sont amoureux depuis l’enfance. Mais Anne a choisi de partir étudier en Angleterre, à 6152 miles de Tristan.

Durée : 12′

Année : 2013

Pays : France

Genre : Fiction

Réalisation : Adriano Valerio

Chef opérateur : Adriano Valerio, Loran Bonnardot

Montage : Claire Aubinais

Montage son : Nathalie Lamothe

Mixage : Julie Tribout

Musique originale : Romain Trouillet

Mixage musique : Rémi Barbot

Etalonnage : Aline Conan

Interprétation : Riaan Repetto, Natalie Swain, Harold Green, Edwin Glass

Voix : Justin Green

Production : Origine Films

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Adriano Valerio : « Je voulais vraiment arriver comme une page blanche à Tristan Da Cunha pour essayer d’être le plus possible à l’écoute de cet endroit »

Présenté en compétition officielle au Festival de Cannes, lauréat depuis hier d’une Mention Spéciale, « 37°4S » est un court métrage tourné au bout du monde, sur une île où deux adolescents amoureux se confrontent aux questions de l’attachement et du départ. Adriano Valerio est parti sur l’île de Tristan Da Cunha pour tourner ce film et revient sur cette expérience inédite et bouleversante.

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Peux-tu nous expliquer d’où vient l’idée de ce projet tourné au bout du monde?

J’ai connu un médecin français qui travaille souvent dans des lieux incroyables comme en Antarctique ou au Yémen. Il était allé à trois reprises sur l’île de Tristan Da Cunha pour travailler à l’hôpital. Quand il m’a parlé de cette île, j’ai été fasciné comme la plupart des gens qui entendent parler de cet endroit. Cette fascination portait sur tout ce qu’il me rapportait au sujet des éléments naturels, de la puissance de la mer, du vent et des volcans. J’étais également très touché par les histoires qu’il me racontait sur la vie des habitants. Ils forment une communauté absolument extraordinaire. Il y a sur l’île une vraie dynamique d’entraide et de solidarité. Tout cela m’a donné envie de partir. J’étais alors dans un moment particulier de ma vie, j’avais envie de me détacher complètement de mon quotidien et puis je suis très intéressé par le voyage et ce qu’il entraîne comme recherche esthétique, personnelle et professionnelle. Je suis italien, je vis à Paris, j’ai vécu à Berlin, je donne des cours à Paris, Beyrouth et Casablanca… S’il y avait à ce moment-là un voyage à faire, c’était celui de Tristan Da Cunha.

Le film était-il écrit avant que tu arrives sur l’île ou celle-ci a-t-elle été le moteur pour le scénario ?

Quand j’ai débarqué sur l’île, l’idée était de faire de la recherche et d’écrire un scénario de long métrage sur place. Je ne voulais pas écrire de choses préconçues, je voulais éprouver l’île, passer le plus de temps possible avec les gens, voir leur quotidien et essayer de les connaître le mieux possible. C’est pour ça que j’y suis allé. Je suis resté un mois et demi. C’est le laps de temps le plus court que l’on peut rester sur l’île entre deux départs en bateaux.

J’étais donc là pour écrire le long métrage mais j’avais quand même pris avec moi une petite caméra dans l’idée de tourner quelques petites scènes de fiction pour, en quelque sorte, introduire l’idée d’un tournage sur l’île. Pendant longtemps je n’ai trouvé aucun comédien prêt à accepter le projet. En plus, je devais travailler en confiance avec les gens de l’île car j’étais là sur la recommandation du médecin et toutes les portes m’étaient ouvertes grâce à lui, je ne pouvais pas faire n’importe quoi.

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Quel a été l’élément déclencheur pour finalement tourner ce court métrage ?

À un moment donné, j’ai trouvé deux adolescents, c’est là que j’ai commencé l’écriture de mon scénario de court métrage. Je me suis vite aperçu qu’ils n’avaient pas envie de faire de répétitions comme le cinéma traditionnel de fiction l’impose d’une certaine manière. Ils n’avaient aucune envie d’apprendre les dialogues. C’était donc l’occasion de travailler avec cette contrainte particulière. Ça m’a vraiment poussé à changer les choses dans ma démarche de création. J’ai calé mon regard essentiellement sur le personnage de Nick.

C’était également un peu une course contre le temps car le bateau de retour allait arriver, la météo était très mauvaise et j’étais tout seul, donc j’ai tourné tous les rush en 7 ou 8 heures avec les comédiens. En italien, on appelle ça « Pedinamento » c’est une théorie du néo-réalisme. On prend un personnage à un moment de sa vie et on bâtit une histoire autour de lui.

Quand j’ai tourné j’avais très envie d’enregistrer la voix off de quelqu’un de l’île avec cet accent très particulier qu’ont les habitants. Je ne trouvais personne, cette voix off ne marchait pas avec le comédien de film. Au final, j’ai trouvé Justin qui a été formidable, il était très généreux et voulait vraiment faire ce travail mais il n’avait évidemment jamais fait ça et il était un peu tendu… Finalement on a enregistré dans ma cuisine le soir, et on a vraiment bu beaucoup pour qu’il puisse se détendre !

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Les conditions de tournage du film sont proches du documentaire et pourtant il s’agit bien d’une fiction, comment as-tu travaillé autour de ces frontières finalement assez poreuses ?

En ce moment je suis beaucoup dans la recherche. Beaucoup de gens m’ont demandé si mon film était un documentaire et je leur réponds que non. Je pense qu’il est très important de dire quand on est dans le documentaire ou dans la fiction, de ne pas laisser croire qu’il s’agit de documentaire si ce n’en est pas un. Il faut déclarer le dispositif. Mon film a plein d’éléments qui appartiennent au documentaire, à la vie réelle, mais le dispositif est fictionnel.

En ce qui concerne la jeune fille du film qui quitte l’île et son petit ami, on peut imaginer qu’il s’agit d’une situation réelle qui se pose pour les habitants. Est-ce que l’un d’entre eux t’a inspiré ?

Je me suis inspiré d’une jeune fille de l’île qui va partir bientôt au Cap (et non en Angleterre comme dans le film) mais elle n’a aucune envie de partir. En fait, elle m’a inspiré le personnage de la fille qui part mais aussi celui du garçon qui n’a pas envie de partir. Pour l’histoire du couple, je me suis rendu compte que sur l’île, la notion de famille était très importante, les liens sont très forts. Sur Tristan Da Cunha, le départ de quelqu’un est encore plus difficile à remplacer. Ta copine part, tu ne peux pas aller dans le village d’à côté rencontrer quelqu’un d’autre. L’’île est isolée, tu restes seul. C’est une histoire d’amour très classique mais l’enjeu du départ la rend plus particulière.

Quelles recherches avais-tu faites sur l’île avant d’arriver, en plus des récits de ton ami médecin ?

J’ai fait des recherches sur l’histoire de l’île, j’ai essayé de faire un exercice où je ne posais un regard ni anthropologique ni sociologique. Je voulais vraiment arriver comme une page blanche là-bas pour essayer d’être le plus possible à l’écoute de cet endroit. Je ne pense pas y être arrivé totalement, il aurait fallu encore passer plus de temps sur l’île mais la démarche était celle-là.

J’ai voulu respecter un maximum les habitants en choisissant de ne pas poser d’étiquette sociologique sur eux car l’île a beaucoup souffert. En 1961, il y a eu une éruption volcanique, les habitants ont dû partir en Angleterre et la presse les a très mal traités à ce moment-là. Il sont marqués par cela. Laurent, mon ami médecin, a gagné leur confiance et je devais la préserver pour pouvoir continuer à travailler avec ces personnes qui m’ont beaucoup touché. D’ailleurs, je suis très content car deux personnes de Tristan Da Cunha étaient à Cannes pour la projection du film.

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Peux-tu revenir sur les décors qui composent ton film ?

Sur l’île, l’espace social est le village, c’est vraiment l’espace de partage. Le volcan et la route sont des lieux de passage. J’ai découvert la piscine vide qui est dans le film sur place et même si je ne travaille pas beaucoup par métaphores – il y a plein de choses sur mes films que je découvre a postériori en général – les gens m’ont fait remarquer que c’était très fort d’avoir une piscine vide dans une île au beau milieu de l’océan. C’est une image qui me fascine au niveau esthétique mais que je ne veux pas souligner. Je déteste imposer des métaphores trop lourdes. On a déjà une histoire qui est un peu mélodramatique entre deux enfants donc j’ai beaucoup travaillé en écriture et au montage pour épurer le plus possible et plutôt travailler sur la soustraction pour ne pas surcharger cette histoire et échapper ainsi à toute mièvrerie.

Qu’implique pour toi cette sélection cannoise ?

C’est beaucoup. C’est évidemment un privilège de pouvoir montrer cette petite histoire dans cette salle devant ce public. Je ne cache pas que je n’ai aucune peur de la façon dont le film va être reçu. Avant, mes films étaient plutôt cérébraux, portaient sur mes propres histoires et du coup, se posait la question de ce qu’allaient ressentir les gens face à cela. Il s’agit de quelque chose de très intime. Avec ce film, je ressens une grande transparence dans ma démarche et je suis juste très content de pouvoir le montrer ici, de pouvoir partager cette histoire.

Quels sont tes projets? Où en es-tu de ton projet initial de tourner un long métrage sur l’île ?

Je suis actuellement en écriture avec un co-scénariste, Ezio Abbate. J’ai quasiment terminé un traitement. Il s’agira de l’histoire d’un sismologue qui sera confronté aux éléments naturels de l’île physiquement et mentalement.

Propos recueillis par Fanny Barrot

Article associé : la critique du film

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Pour information, « 37°4S » sera projeté à Paris, le jeudi 30 mai à 20h30 au Cinéma du Panthéon lors de la reprise des courts métrages en compétition au Festival de Cannes 2013

Dénes Nagy : « Je sens que je dois être ouvert à ce qui me touche »

Dénes Nagy est un réalisateur hongrois que nous avons rencontré à Cannes. Après avoir étudié l’Université d’Art Dramatique et Cinématographique de Budapest et avoir passé un an à la Berlin Film Academy (DFFB), il a réalisé « Lágy Eső », un film touchant sur l’adolescence et le passage difficile à l’âge adulte. Le film, sélectionné à la Quinzaine des Réalisateurs, est le fruit d’une coproduction entre trois pays : la Hongrie, la Belgique et la Suisse. Entretien autour de l’observation, de la proximité avec les personnages, du hasard et de la difficulté de création.

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Tu as étudié et tu continues à étudier le cinéma. Tu as eu une approche théorique hongroise et allemande. Qu’as-tu appris de ces différentes expériences ?

À Budapest, je me suis concentré sur le cinéma. Il y a une tradition très ancrée en Hongrie, celle de raconter des histoires par le biais d’images et non par des outils dramatiques, narratifs. Les jeunes réalisateurs locaux ont grandi dans cette tradition. Les films hongrois sont très forts visuellement mais narrativement, ils sont moins forts. J’ai suivi cette voie. Et en Allemagne, ça a été l’opposé. Les images n’y sont pas aussi importantes, les mouvements de caméra, par exemple, sont moins importants que les histoires et les personnages. Ce sont deux approches très différentes.

Est-ce que tes films ont été différents après tes études en Allemagne ?

Je pense, oui.

Les films hongrois accordent-ils une place importante à la réalité ?

Je ne trouve pas qu’ils soient si proches de la réalité. Parfois, il y a un lien avec le réel, mais il n’est pas très ancré. La proximité avec les personnages, la relation qu’ils nouent avec l’environnement, ce sont deux choses très importantes dans le nouveau cinéma allemand et dans le cinéma français, comme dans les films de Bruno Dumont.

Est-ce que c’est quelqu’un qui a beaucoup compté pour toi ?

Oui, je suis très surpris par la façon dont il filme les relations entre le paysage et les personnages et par la façon dont les visages et les paysages sont parlants, racontent déjà une histoire. C’est un vrai observateur.

Comment est né ton film ?

Le film est l’adaptation d’une nouvelle écrite par Sándor Tar, un très bon écrivain hongrois contemporain. L’histoire fait trois pages, j’ai écrit le scénario avec mon chef op, Tamás Dobos. On a fait beaucoup de changements mais ce qu’on voulait dès le départ, c’était la proximité avec la terre et des gens d’un seul et même lieu. J’ai choisi le lieu de tournage, dans l’est de la Hongrie, et on a trouvé les gens sur place, les bons visages parmi une vraie communauté de fermiers. Personne n’était professionnel. Ils étaient tous amateurs.

Qu’est-ce qui t’intéressait dans l’histoire de Sándor Tar ? L’esclavage, la difficulté d’aimer, d’être libre, d’être soi-même ?

C’est dur à dire (rires) ! Tout ce qu’il y a dans l’histoire d’origine sont juste des outils pour entrer dans le film, dans un monde. On me demanderait de quoi parle le film, je ne saurais pas quoi répondre. Je ne sais pas, je n’ai pas cherché un message, c’est venu de l’inconscient de mon chef op et de moi-même. Il n’y a pas d’indices, j’étais très intéressé par ce garçon, par ses sentiments. C’était la seule chose qui m’importait. Tout ce qu’il y a dans l’histoire d’origine sont juste des outils pour entrer dans le film, dans un monde.

As-tu vu « Csicska » d’Attila Till,, précédemment montré à la Quinzaine ?

Oui, le film est très différent. Je pense que c’est un film très classique, narratif, un peu politique, au contraire du mien.

Il me semble qu’ils rejettent tous les deux les êtes faibles.

Oui, à la différence près que dans « Csicska », c’est le sujet du film. Dans mon histoire, je ne me suis pas focalisé sur le fait que le garçon soit orphelin. « Csicska » répond à quelque chose qui se passe dans la société, ce n’est pas le cas du mien. Je veux juste être proche de mon personnage, c’est mon seul désir en tant que réalisateur.

Comment as-tu travaillé avec ces jeunes acteurs ?

Le but était de les trouver, pas de les créer (rires). Ma tâche à 99% était de dénicher les personnages qui portaient cette histoire en eux. En rencontrant les deux comédiens, on a beaucoup changé le scénario, on l’a adapté à eux. On a parlé, passé du temps avec eux, rejoint leurs centres d’intérêt.

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Est-ce que ça a été difficile d’y parvenir ?

Oui, d’autant plus qu’ils viennent tous deux d’un monde très différent, d’une région très pauvre en Hongrie. Pour moi, ce n’était pas simple d’avoir une sorte de double vie en allant là-bas chaque semaine. À la maison, à Budapest, j’avais tout. Là-bas, c’était bien différent.

À quoi ressemble leur vie ?

Les choses de base manquent, ils n’ont pas d’eau, pas d’électricité, pas d’argent, pas de travail. Des très choses très dures leur arrivent régulièrement. Ça ne détermine pas le film mais ça participe à leurs émotions.

Tu as fait bon nombre de documentaires et de courts. En as-tu fait parce que tu n’avait pas l’opportunité de faire des longs ?

Ce n’était pas si planifié, j’aimerais faire un long, pas juste pour faire un film. Des évènements, des rencontres sont arrivés dans ma vie, un peu par hasard, certains sont devenus des films. Je sens que je dois être ouvert à ce qui me touche. J’ai fait par exemple un documentaire sur un musicien de rue, rencontré dans le Berlin d’underground, la rencontre a déterminé le film. Ça arrive parfois comme ça…

Comment se fait-il que tu as eu besoin de coproducteurs belge et suisse pour « Lágy Eső » ? Tu n’as pas réussi à trouver suffisamment d’argent en Hongrie ?

Non, ce n’était pas facile. J’ai pu trouver un peu d’argent en Hongrie, mais même avec l’argent belge et suisse, ça représentait très peu d’argent, dans son ensemble (rires).

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Est-ce que ça devient de plus en plus difficile de faire des courts en Hongrie ?

Oui. Recevoir de l’argent devient presque impossible dans mon pays.

Comment les autres font-ils ?

L’école nationale de cinéma de Budapest finance les films, mais cela aide seulement les étudiants. On recevait de l’agent de la Fondation hongroise du film, mais elle a fermé en 2010. Je ne sais pas comment nous ferons à l’avenir. Heureusement, la chaîne de télévision HBO est là, elle finance encore des projets artistiques. Actuellement, je prépare un projet de long documentaire pour elle. Ça me permet de voir venir.

Encore une chose sur « Lágy Eső ». Le monde adulte y est très absent…

Oui. Je suis très intéressé par ce passage entre l’enfance et le monde adulte. Est-on encore enfant ou déjà un adulte ? Ou bien les deux ? Je ne pourrais pas encore faire de film sur les adultes, je ne suis pas encore prêt, ça me fait un peu peur. Plus tard…

… Quand tu auras grandi !

Oui, je fais encore des courts, je ne suis pas encore un adulte (rires) !

Propos recueillis par Katia Bayer

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Article associé : la critique du film

Cannes, la Palme d’Or du court métrage & les deux Mentions Spéciales

Le Jury du 66e Festival de Cannes, présidé par Steven Spielberg, a dévoilé ce soir son Palmarès lors de la Cérémonie de clôture. De son côté, Jane Campion (lire son interview) et son Jury ont distingué trois films parmi les neuf titres de la sélection courte.

Palme d’Or : SAFE réalisé par MOON Byoung-gon (Corée du Sud)

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Syn. : N’est-ce pas TROP prudent?

Mention Spéciale – Ex-aequo :

– HVALFJORDUR (Whale Valley / Le Fjord des Baleines) réalisé par Gudmundur Arnar GUDMUNDSSON (Danemark, Islande)

 

Syn . : Le film dépeint une relation étroite entre deux frères vivant avec leurs parents dans un fjord reculé. Nous pénétrons dans leur monde à travers le regard du plus jeune frère et nous l’accompagnons dans un voyage qui marquera un tournant dans leur vie.

Articles associés : l’entretien avec le réalisateur / la critique du film

– 37°4 S réalisé par Adriano VALERIO

Syn. : De nos jours, à Tristan da Cunha : 270 personnes vivent sur cette petite île perdue au milieu de l’Océan Atlantique. Nick et Anne, deux adolescents, se connaissent depuis toujours, et sont amoureux depuis l’enfance.
Mais Anne a choisi de partir étudier en Angleterre, à 6152 miles de Tristan.

Articles associés : l’interview du réalisateur et la critique du film

Le palmarès de la 16e édition de la Cinéfondation

Le Jury de la Cinéfondation et des courts métrages présidé par Jane Campion et composé de Maji-da Abdi, Nicoletta Braschi, Nandita Das et Semih Kaplanoğlu, a décerné vendredi après-midi les prix de la Cinéfondation lors d’une cérémonie salle Buñuel, suivie de la projection des films primés. La sélection comprenait 18 films d’étudiants en cinéma choisis parmi près de 1 550 candidats en provenance de 277 écoles dans le monde. « Le Jury a décerné les prix à l’unanimité et souhaite féliciter les réalisateurs et réalisatrices pour l’excellence et la maturité de leur expression cinématographique.»

Premier Prix : NEEDLE réalisé par Anahita Ghazvinizadeh – The School of the Art Institute of Chicago, États-Unis

Syn. : La jeune Lilly va se faire percer les oreilles. Une dispute entre ses parents envenime la situation qui prend une tout autre tournure…

Deuxième Prix : EN ATTENDANT LE DÉGEL réalisé par Sarah Hirtt – INSAS, Belgique

Syn. : Une fratrie désunie se retrouve lors d’un déménagement. L’ambiance est électrique. Valéry, Victor et Vincianne prennent la route sans se douter que des embûches vont parsemer leur voyage… Le film interroge l’évolution d’une mésentente fraternelle au cœur d’une situation critique et décalée.

Troisième Prix ex aequo: ÎN ACVARIU (In the Fishbowl) réalisé par Tudor Cristian JURGIU – UNATC, Roumanie

Syn. : George et Christina font de leur mieux pour rompre mais ils semblent avoir un peu de mal à y parvenir.

Troisième Prix ex aequo : PANDY (Pandas) réalisé par Matúš VIZÁR – FAMU, République Tchèque

Syn. : Ils sont le produit de millions de générations précédentes et doivent pourtant se débrouiller tout seuls dans la forêt. Un jour un primate bien trop actif, l’être humain, les trouve et ils deviennent vite une source de jeu pour l’homme.

Les prix sont accompagnés d’une dotation de 15 000 € pour le premier, 11 250 € pour le deuxième et 7 500 € pour le troisième.
Le lauréat du premier prix a également l’assurance que son premier long-métrage sera présenté au Festival de Cannes.

Cannes Courts, reprise des courts métrages en compétition au Festival de Cannes 2013

Bonne info. Le Cinéma du Panthéon organise la semaine prochaine la reprise des courts métrages en compétition au Festival de Cannes 2013. La projection aura lieu le jeudi 30 mai à 20h30, en présence des réalisateurs et des membres du jury. Elle sera suivie d’un verre au Salon du Panthéon.

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Infos

Tarif unique : 6 €. Cartes illimitées non acceptées.

Réservations : courtscannes2013@gmail.com

Cinéma du Panthéon
13 rue Victor Cousin, 75 005 Paris
www.cinemadupantheon.fr
tél : 01 40 46 01 21

Quinzaine des Réalisateurs, Prix Illy du court métrage

Après avoir récompensé « The Curse » de Fyzal Boulifa l’an passé, la marque Illy profite à nouveau de la visibilité de Cannes pour remettre  un nouveau prix à la Quinzaine des Réalisateurs : le Prix Illy du court métrage. Deux films de la sélection ont ainsi été récompensés par le Jury composé de Leïla Kilani, Isabelle Régnier, Lucia Dore-Ivanovitch, Carlo Bach et Louis Garrel (president).

Prix Illy : Gambozinos de João Nicolau (Portugal)

Mention spéciale à Pouco mais de um mês (Un peu plus d’un mois / About A Month) d’André Novais Oliveira (Brésil)

Article associé : la critique du film

52ème Semaine de la Critique, le palmarès des courts

En attendant de découvrir la Palme d’Or demain, les différentes sections cannoises ont sorti leurs palmarès respectifs. Commençons avec la Semaine de la Critique qui a dévoilé ses deux prix du court. Pour rappel, le Jury était composé de Mia Hansen-Løve (Présidente), Brad Deane, Savina Neirotti, Johannes Palmroos & Lorna Tee.

Prix Découverte du court métrage : Come and Play de Daria Belova (Allemagne)

Syn. : Berlin. Grisha, un petit garçon Germano-Russe s’amuse à jouer avec un pistolet en bois. Plus il joue, plus il s’enfonce dans une réalité alternative. Les frontières entre le présent et le passé s’estompent. Des images d’un Berlin d’hier apparaissent; les rues et les immeubles marqués des années de guerre. Tout à coup, il se retrouve plongé dans un cauchemar d’une autre ère.

Prix Canal+ : Pleasure de Ninja Thyberg (Suède)

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Syn. : Dans les coulisses du tournage d’un film pornographique, les acteurs s’entraînent à adopter différentes positions. Une rumeur circule comme quoi l’une des actrices ferait un ”double anal”, une pratique assez exigeante et difficile. Un film surprenant qui se déroule sur un lieu de travail bien particulier.