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Benjamin Leroy : « Le format court possède des spécificités bien particulières, comme la découverte d’un auteur, l’éclosion d’un univers, mais aussi, l’expérimentation, la liberté de tenter des choses audacieuses que l’on ne retrouve pas forcément de la même manière dans un format plus long »

Une fois n’est pas coutume, ce n’est pas à un réalisateur, un acteur ou à un producteur que nous avons posé nos questions, mais à un programmateur. Benjamin Leroy, initiateur du blog Make it Short, a fait sa place depuis quelques années dans le milieu du court métrange de genre et collabore régulièrement avec les festivals les plus prestigieux (Court Métrange, PIFFF, NIFFF, Extrême Cinéma, etc.). Dans le cadre d’une carte blanche Make It Short présentée à Court Métrange, nous avons rencontré ce féru de cinema de genre qui nous parle de son travail de programmation, une activité indispensable très peu médiatisée.

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Quel est ton parcours dans le milieu de la programmation de courts métrages ?

J’ai commencé à Lyon, en 2006, en tant que stagiaire, pour le Festival Cinéma et Cultures d’Asie, organisé par l’association Asie Expo. Je me suis occupé de diverses choses et notamment de la programmation des courts métrages pendant trois ans. Parallèlement, j’étais spectateur assidu de l’Etrange Festival de Lyon, qui était une déclinaison de l’Etrange Festival de Paris, et qui depuis, a été rebaptisé Hallucinations Collectives. Je suis rentré dans l’équipe de ce festival, et petit à petit j’en suis venu à m’occuper d’une compétition internationale de courts métrages, relancée la deuxième année de mon arrivée. A partir de là, Cyril Despontin, président d’Hallucinations Collectives, a lancé le Paris International Fantastic Film Festival (PIFFF), en partenariat avec Mad Movies, et m’a demandé de m’occuper de la compétition courts métrages internationaux.

Tout cela m’a mis le pied à l’étrier et, ensuite, à force de rencontres et d’opportunités, d’autres festivals m’ont proposé de travailler ensemble, comme tout récemment le festival Extrême Cinéma à Toulouse. Cela fait également trois ans que je donne un petit coup de main à Court Métrange, dans la programmation, en leur transmettant une liste élargie de films qui me semblent intéressants pour enrichir et augmenter le nombre de propositions qu’ils reçoivent déjà. Ils m’offrent en plus la possibilité de programmer une séance en rapport avec mon blog Make It Short. J’ai aussi donné un coup de main de ce type, cette année, au Neuchâtel International Fantastic Film Festival (NIFFF). D’autres choses se font, plus informelles, mais les principaux festivals avec lesquels je travaille, sont ceux de Lyon, Paris, Toulouse et Rennes.

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Quel est ton rapport à la forme spécifique du court métrage ?

J’ai une passion pour le cinéma en général, je ne fais pas vraiment de distinction entre court et long métrage. Le format court possède des spécificités bien particulières, comme la découverte d’un auteur, l’éclosion d’un univers, mais aussi, l’expérimentation, la liberté de tenter des choses audacieuses que l’on ne retrouve pas forcément de la même manière dans un format plus long.

Qu’est-ce que Make It Short ?

Make It Short est un blog sur le court métrage que je tiens depuis à peu près deux ans, de façon très irrégulière, cela fonctionne plutôt selon mes envies et mon temps disponible. Je ne souhaite pas vraiment coller à l’actualité et juste poster des liens de films sans rien mettre autour. A force de faire des programmations, l’idée du blog m’est venue. J’avais envie de parler de certains réalisateurs dont les noms revenaient souvent, je voulais partager mon enthousiasme en quelque sorte. Je m’occupe du blog tout seul, mais j’aimerais bien essayer de l’ouvrir à d’autres gens maintenant, car je n’ai pas forcément toujours le temps de parler de tout ce qui sort et cela me frustre un peu.

Peux-tu nous dire un mot sur la carte blanche « Make It Short » à Court Métrange cette année ?

Cette carte blanche m’a permis, entre autres, de mettre des films que je n’aurais pas pour différentes raisons pu sélectionner ailleurs, mais que je trouve quand même très bons et que j’ai envie de soutenir et diffuser. Dans cette sélection, par exemple, il y a le film « Merry Little Christmas » (2010), que j’ai découvert en début d’année, un peu tard pour pouvoir le proposer moi-même en festival, mais que j’ai pu programmer sans problème ici. Il y a aussi « Yellow », qui, lui, était problématique dans mes autres programmations à cause de sa durée (26 minutes). De plus, ce sont quand même des films très particuliers, je ne savais pas trop comment ils allaient être reçus. J’ai eu des retours à la fois positifs et négatifs, mais je suis très content d’avoir pu les passer. Concernant les autres films, « Linear » est un court que j’aime beaucoup, mais que je n’avais pas pu sélectionner dans d’autres programmations. « Bio-cop » et « Record/Play » sont des films que j’ai déjà diffusés, mais qu’il me plaît toujours de reprogrammer dès que je le peux.

Dans ton travail de programmation, est-ce que tu regardes uniquement des films de genre ou tu t’intéresses à d’autres styles ?

Pour ce travail spécifique effectivement, je ne regarde que des films de genre, pour mon plaisir je regarde de tout évidemment, mais j’essaye de me concentrer avant tout sur le genre. Après, cela peut être du fantastique pur (vampires, zombies, etc.) comme une histoire juste étrange ou absurde. Mes choix sont assez larges et tentent d’englober toutes les possibilités du genre.

J’avoue que je n’aime pas trop le cinéma d’auteur, surtout en court. Quand je vais à Clermont, je suis plus sensible à la compétition labo ou internationale, mais j’ai beaucoup de mal avec la compétition nationale. Je regrette qu’il n’y ait pas assez de films de genre sélectionnés dans ce festival, souvent des séances spéciales sont organisées autour de thématiques de genre, mais c’est une manière de caser les choses. C’est un regard qui, finalement, est plutôt méprisant sur le genre. La sélection labo me fait aussi un peu cet effet-là de temps en temps, je me demande parfois si les films qui y figurent ne sont pas assez bien ou alors trop bizarres pour la sélection officielle. C’est à la fois extrêmement bien qu’ils diffusent tous ces films différents, mais en même temps c’est dommage qu’ils cloisonnent les choses de cette façon-là. Je suis plus attiré par exemple par la programmation de l’Etrange Festival, qui est à la fois très diverse, sans œillère et très complète.

Quel est ton ressenti sur le court métrage de genre actuel ?

Je trouve qu’il y a pas mal de choses qui se ressemblent, notamment à cause de l’utilisation trop systématique des mêmes appareils photos ou des mêmes caméras pour filmer et d’un rendu d’images identique qui dessert complètement les films. Il y a aussi trop de courts qui se font pour de mauvaises raisons. Beaucoup de réalisateurs ou de scénaristes se disent : « J’ai envie de faire un court métrage, qu’est-ce que je vais bien pouvoir raconter ? », alors que cela devrait plutôt être : « Tiens, j’ai quelque chose à raconter, faisons un court métrage ! ». Une autre erreur à mon sens, ce sont les films influencés par ce qui se fait en long métrage et qui ne font que dupliquer ce que les réalisateurs ont vu et aimé, c’est plutôt assez vain comme démarche. Pour ma part, j’aime que l’on me raconte une histoire, qu’il y ait une identité forte, une singularité et une recherche artistique originale.

Actuellement, il y a beaucoup plus de courts de genre, notamment sur le net, grâce aux facilités de production et de diffusion, avec l’arrivée du numérique, mais aussi avec les campagnes de crowdfunding, qui permettent cette profusion et ce large éventail. Après, il ne tient qu’à nous, en tant que programmateurs, de chercher et de trouver les perles…

Propos recueillis par Julien Savès

L’Art des Thanatier de David Le Bozec

Profession : bourreau

Découvert au festival Court Métrage, « L’Art des Thanatier », le premier film professionnel de David Le Bozec, nous a beaucoup séduits par son histoire originale (la vie et la fin d’un bourreau), son aspect fantastique, sa palette graphique et sa partition musicale.

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Cela fait un moment que nous n’avons pas fait d’intéressantes découvertes en animation. Il y a quelques mois, nous vous avions présenté « Mademoiselle Kiki et les Montparnos » d’Amélie Harrault. En cette fin d’année, nous vous proposons désormais d’en savoir plus sur « L’Art des Thanatier » de David Le Bozec.

Le film évoque l’histoire de Prosper Thanatier, né au XVIIIème siècle, digne héritier d’une longue lignée de bourreaux, considérant sa profession comme un art et une tradition. Comme ses prédécesseurs, il travaille main dans la main avec la mort et aime le travail bien fait. Il vit par et pour son métier, œuvre avec zèle à l’application des sanctions et s’entoure amoureusement de multiples instruments de belle torture. Ses mains sont en permanence rouge de sang, ses seules compagnes sont des têtes de mort : Prosper est un artisan, un artiste. Un vrai.

Un sombre jour, pourtant, cette vie parfaite change. L’industrialisation est en marche, le savoir-faire disparaît et la pratique de la mort est reconsidérée. La guillotine fait son apparition : désormais, on tue différemment, rapidement, sans douleur et égalitairement. La mode est à la Révolution française et les condamnations-exécutions s’intensifient. En peu de temps, Prosper n’occupe plus qu’une fonction banale, celle de simple technicien. Le jour de la première exécution, la guillotine déraille et la mort tarde à faire son travail. Rapidement, la nouvelle s’ébruite : l’erreur serait humaine.

Devant « L’Art des Thanatier », retraçant un destin individuel dans une période trouble (celle de la Révolution française et de ses exécutions en masse), on est capable de s’interroger sur la qualité de l’animation proposée. Les plans se succèdent à la manière d’une collection de tableaux, ce qui est certes très esthétique, mais qui manque un peu de fluidité. La faute aux moyens, probablement. On sent néanmoins dans ce conte noir un énorme travail de recherche et un projet porté de longue date par un jeune réalisateur. Le film retient aussi l’intention par la grande qualité de ses aquarelles, l’excellent travail vocal de Jean-Claude Dreyfus, l’humour du scénario (« Mais Monsieur, la mort, c’est toute ma vie »), la sublime musique originale (Olivier Calmel) et l’étrangeté du rapport étroit entre la mort et le progrès.

Katia Bayer

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Article associé : l’interview de David Le Bozec

David Le Bozec : « J’ai l’impression que de façon générale, la place de la mort dans notre société a changé. Le personnage de Prosper Thanatier est une sorte de dernier garant des valeurs traditionnelles qui mettent la mort au cœur de la société, les cimetières au cœur du village »

Tout juste auréolé du prix du public au festival Cine Fantástico y de Terror de San Sebastian, David Le Bozec revient sur la préparation et la conception de son premier court-métrage d’animation “L’Art des Thanatier” à l’occasion de sa programmation au Festival Court Métrange de Rennes.

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Comment est né le projet ?

Au départ, je me suis demandé comment on devenait bourreau, si les choses se faisaient par vocation. Puis, en faisant des recherches, je me suis très vite aperçu que c’était héréditaire, que cela se transmettait de génération en génération, de père en fils, un peu comme n’importe quel artisan – ce qui arrangeait un peu tout le monde car personne ne voulait faire ce métier-là. Il y avait donc des familles attitrées de bourreaux pendant plusieurs siècles, ce qui a donné de véritables dynasties. A Paris, il y avait par exemple la famille des Sanson.

Je me suis intéressé plus particulièrement à l’époque de la Révolution Française, au moment de l’apparition de la guillotine. J’ai mis la main sur le journal que tenait à ce moment-là le bourreau Charles-Henri Sanson. Dans ses notes, il raconte les exécutions qu’il a réalisées, les problèmes qu’il a rencontrés. Au fur et à mesure que la Révolution prend de l’ampleur et que les exécutions se multiplient – notamment sous « La Terreur », il se demande quand le bain de sang va cesser.

J’ai choisi de me focaliser sur le cœur de la machine révolutionnaire : un bourreau, le bras armé de la justice et en même temps quelqu’un qui n’a pas de prise sur ce qu’il fait, qui se retrouve en quelque sorte, spectateur devant l’échafaud. Je me suis demandé comment on pouvait vivre quand on remplissait une telle fonction. Les bourreaux vivaient en fait comme des parias de la société, en dehors des villes. Quand on les reconnaissait en public, on les chassait immédiatement. C’est l’ambivalence de leur situation qui m’a intéressé : à la fois utile et craint. Quand j’ai créé le personnage de Prosper Thanatier, je l’ai imaginé comme une sorte d’artiste ou artisan, focalisé sur son art et détaché des conséquences de celui-ci.

Au début, j’ai imaginé ce film d’un point de vue très historique, jusqu’au développement d’un projet de fiction. Puis, j’ai décidé de condenser l’histoire dans un court métrage d’animation pour commencer, en me disant que je n’aurais jamais les décors et les figurants nécessaires pour un tel film de fiction. C’est rapidement devenu une sorte de conte assez noir, et le personnage et l’univers se sont façonnés petit à petit.

Est-ce que d’un point de vue personnel, tu ressens une fascination pour ce qui a trait à la mort ?

Disons que comme tout le monde je me pose des questions sur l’existence, sur la mort, etc. J’ai l’impression que de façon générale, la place de la mort dans notre société a changé. Le personnage de Prosper Thanatier est une sorte de dernier garant des valeurs traditionnelles qui mettent la mort au cœur de la société, les cimetières au cœur du village. La société moderne a relégué la mort au dernier plan, l’a aseptisé. Prosper Thanatier, quand il crée ces catacombes et qu’il en fait un palais d’ossements, il est seul à s’y promener. Et pourtant, on se doute que ce sont les os de tous les ancêtres de la ville située juste au dessus. Malgré cela, il n’y a que lui qui y vient. Personne ne lui rend visite. C’est pour cela qu’à la fin du film, il vient s’enfermer là tel un gardien de ces morts. C’est comme s’il était le seul à les respecter finalement, alors qu’il est le bourreau et qu’il tue les gens. Mais c’est lui le plus respectueux envers ces morts.

Le travail artisanal et l’apparition de la guillotine amenant avec elle l’industrialisation sont deux éléments très importants de ton film, peux-tu nous en dire plus ?

La guillotine fait rentrer la mort dans une ère industrielle, elle a facilité et par là même accéléré le nombre des exécutions, de par son efficacité. A la base, c’était une idée humaniste : proposer une exécution qui soit rapide, sans douleur et égalitaire, un idéal proche des valeurs de la Révolution. Du coup, comme c’était rapide et facile, on a multiplié les exécutions, ce que l’on n’aurait jamais fait avant cette invention. Pour moi, c’est une folie. Quand on lit le journal du bourreau de l’époque qui dit lui-même que c’est une aberration, c’est assez parlant !

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Peut-on faire un parallèle entre l’arrivée de cette industrialisation technique écrasante et ta vision personnelle sur un cinéma de fiction ou d’animation artisanal qui a tendance à disparaître ?

Je n’ai pas vraiment le recul nécessaire pour répondre à cette question. C’est une problématique qui m’intéresse effectivement. J’ai essayé de faire un film qui traite de l’artisanat de façon large, face au côté aseptisé, industriel. Obligatoirement quand on bosse dans le milieu du cinéma, on est amené à se poser ce genre de questions. Comme j’ai beaucoup étudié l’histoire et l’esthétique du cinéma, je me suis attaché à beaucoup de courants, à certaines idées venant d’époques spécifiques. Il me semble que ce sont des choses qui se perdent de plus en plus, en ce sens que l’on fait référence à des films qui ont été fait il y a 10 ou 20 ans maintenant. Quand je discute avec des techniciens ou des personnes qui ont la vingtaine, ils me parlent de tel film de Scorsese ou de Tarantino. D’accord, mais ces films-là font eux-mêmes références à d’autres films plus anciens…

C’était évident pour moi que ce film devait se faire de façon artisanale, en animant sur du papier, ne serait-ce que par rapport aux références que j’avais en tête, notamment par rapport à certains films muets expressionnistes. A la base, je voulais que chaque séquence ait une tonalité de couleur très forte comme les filtres que l’on mettait sur les pellicules pour éviter que cela fasse trop noir et blanc (nuit = bleu, jour = vert, etc.). Le résultat n’était pas vraiment ce que j’attendais, je me suis donc contenté de créer des dominances chromatiques très fortes, sans trop exagérer.

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Quelles ont été tes références pour ce film ?

Dans le mobilier de la maison de Prosper Thanatier, il y a ce coucou avec une faux. C’est une horloge qui se trouve dans Nosferatu de Friedrich Wilhelm Murnau. Sauf que dans celui-ci, le crâne s’ouvre et il y a un petit faucheur et sa faux qui jaillissent. Ensuite quand Werner Herzog a fait son propre remake de Nosferatu, il s’est approprié cette idée de l’horloge à son tour. Je me suis dis que je pouvais créer ma propre version, mais cette fois-ci en animation.

D’ailleurs, dans le générique du film de Herzog, il y a des momies, le premier carton du film en est rempli. Ce côté “frontal” de la mort est omniprésent dans mon film. Plusieurs références sont aussi à chercher dans la peinture : les dessins de Victor Hugo, notamment ses encres, mais aussi les peintres romantiques allemands comme Caspar David Friedrich où les paysages possédaient un vrai sens émotionnel. Cela évoquait non seulement un message (parfois politique), mais plus souvent une émotion complexe. Werner Herzog y fait d’ailleurs lui-même référence dans son film.

Quelles ont été les difficultés techniques rencontrées au niveau de l’animation ?

J’ai eu beaucoup de problèmes à animer les mains, car j’avais beaucoup de gros plans à faire sur elles, du début à la fin. Les mains de Prosper sont continuellement tachées de sang, dès qu’il pose ses mains quelque part, il laisse des traces. On ne sait pas de quelle victime cela vient, mais c’est toujours du sang frais. A l’opposé, le personnage qui lui donne des ordres porte toujours des gants blancs. L’idée, c’est : “Je ne me salis pas les mains, c’est toi qui va le faire à ma place”. La question de la main est très importante dans mon film.

Les animateurs m’avaient prévenu : “La chose la plus compliquée à animer, ce sont les mains, car il faut faire bouger tous les doigts”. Par exemple, l’animation du “petit fouineur”, l’un des instruments de torture du film, a été très compliquée. Les fils du petit fouineur répondent exactement aux mouvements des doigts de la main. Le petit fouineur est un peu un prolongement de la main de Thanatier, c’est lui-même en quelque sorte. Je crois que les mains disent beaucoup sur leur propriétaire.

La technique d’aquarelle utilisée dans le film fait penser à des coulures de sang, il y a vraiment des accointances avec le sujet même du film.

Effectivement quand je faisais mes aquarelles, je me disais que ça me faisait penser à du sang séché. En plus, tous les décors et dessins ont été faits à l’encre sépia qui a un rendu très proche du sang séché. Les couleurs ont ensuite été modifiées sur Photoshop pour créer des nuances, histoire de rendre ces décors moins uniformes. J’avais vraiment envie d’aborder l’ambivalence entre les choses manuelles et le rendu physique. Il y a un rapport physique avec la matière très prononcé dans ce film.

Peux-tu nous parler des différentes techniques utilisées dans le film ?

Il s’agit d’animation sur papier, sur table lumineuse, à l’ancienne, ce qui se fait de moins en moins parce que maintenant tout se fait par ordinateur. Deux animateurs et une stagiaire ont travaillé avec moi sur le projet, une toute petite équipe en somme. Nous avons à la fois travaillé sur palette graphique et sur table lumineuse, les animateurs arrivaient à avoir à peu près le même résultat avec les deux méthodes. Pour ce qui est du travail de colorisation, je me suis occupé des brouillons du décor, une fois que celui-ci avait été créé à la peinture. Le layout a été ensuite affiné par un décorateur chevronné, avec lequel j’ai beaucoup appris. Pour faire coïncider ces décors faits à l’encre et les personnages qui ont des contours tous simples, je ne voulais pas utiliser un aplat comme on peut en voir dans les films fait sur cellulo où c’est gouaché avec des aplats. Pour éviter un trop grand contraste, j’ai mis en place une technique sur ordinateur avec une texture et des zones d’ombres et de nuances, coloriés image par image.

Une scène a été faite en 3D sur After Effects, en compositing (la scène finale de l’exécution de Prosper, lorsqu’il se coupe la tête). Il y a des effets comme le brouillard, la pluie, le jet de sang ou la neige, que je voulais assez réalistes et que je n’aurais pas pu faire en animation traditionnelle, le rendu n’aurait pas été le même. Par exemple, la neige aurait eu un rendu plus poétique. Je la voulais très neutre, très basique. Pareil pour la pluie, je voulais qu’il tombe des cordes et que cela ne soit pas stylisé, je désirais avoir quelque chose d’assez brut. Je cherchais à confronter des effets très bruts et un rendu papier stylisé.

Mon approche de l’animation sur ce film consistait à créer comme une succession de tableaux. On m’avait fait des propositions alternatives, pour pallier à notre manque de temps et d’argent, avec des travellings qui tournent autour du personnage, des zooms, etc. En faisant ce type d’effets, on masque beaucoup de choses et cela fait illusion. Mais je n’aime pas les effets superflus, ce n’est pas ce que je recherchais. Je me suis tenu à mon idée de tableaux. Comme j’avais en tête les films muets des débuts du cinéma où l’on ne bouge pas trop la caméra, naturellement je ne voulais pas de travelling.

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Peux-tu nous parler de ton travail avec Jean-Claude Dreyfus qui prête sa voix au personnage de Prosper Thanatier ?

Avant de faire l’animation du film, on avait enregistré une première fois les voix avec des comédiens bretons, à Rennes. Mais nous n’avons pas gardé ces voix finalement, sauf celle de Mr. Schmidt dans son usine. On est parti de l’animatique du storyboard qui n’était pas très détaillée. On a commencé l’animation, on a fait le design du personnage, puis au fur et à mesure que les séquences s’animaient, se construisaient, on s’est rendu compte que le personnage prenait une allure, une attitude, une gueule qui contrastait trop avec les voix que l’on avait enregistrées au départ.

Au moment du mixage, on s’est rendu compte qu’il fallait refaire ces voix. Le film avait été préacheté par France 2 et on leur avait envoyé une première version avec les voix faites en Bretagne. Christophe Taudière est lui aussi arrivé aux mêmes conclusions concernant les voix, confirmant ainsi nos doutes. Étant dans l’urgence du mixage, on est parti à la recherche d’un acteur qui aurait l’envergure du personnage de Prosper Thanatier, avec un vrai coffre. J’ai tout de suite pensé à Jean-Claude Dreyfus. Mon producteur avait déjà fait un ou deux courts métrages avec lui, il l’a appelé et a donc pu facilement caler un rendez-vous pour enregistrer la voix. Il avait vu la première version du film qu’il avait beaucoup aimé. Une fois qu’il a accepté, tout est allé très vite, car il n’avait pas beaucoup de temps : les voix ont été enregistrées sans répétition en 2 heures, j’ai juste pu le voir 5 minutes avant, dans un café. Il s’est greffé à la fin comme quelque chose de providentiel, il a apporté la touche finale au charisme du personnage et à l’ambiance sonore voulue. Ce fût un vrai soulagement et en même temps une frayeur car je n’avais pas beaucoup d’alternatives.

Le carton final de générique porte la mention “fin” (de l’Art des Thanatier). Ce n’est plus très à la mode de terminer un film avec le mot fin, pourquoi avoir fait ce choix ?

C’est bien dommage que cela ne se fasse plus. J’ai intentionnellement mis cette mention un peu désuète à la toute fin pour souligner cela. Il y a une envie de retour au film muet, comme si c’était la fin d’un conte. Autant auparavant il y avait cette habitude, autant maintenant on ne met plus rien automatiquement. Pour ce film, il me semble que cela était vraiment justifié. C’est à la fois la fin du film, la fin de l’histoire de Prosper Thanatier, mais aussi celle de sa dynastie.

Propos recueillis par Julien Savès et Julien Beaunay

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Article associé : la critique du film

A comme L’Art des Thanatier

Fiche technique

Synopsis : Au 18e siècle, Prosper Thanatier, dernier né d’une longue lignée de bourreaux, exerce avec passion son métier qu’il considère comme un art. À l’aube de la révolution, il se voit forcé d’abandonner ses outils et son savoir-faire ancestral, au profit d’une toute nouvelle machine d’exécution. Privé de son ancien art de vivre, Prosper ne s’adapte pas au progrès et refuse de voir son rôle d’exécuteur relégué à une simple machine.

Genre : Animation

Durée : 14’26’’

Pays : France

Année : 2012

Réalisation : David Le Bozec

Scénario: David Le Bozec

Son : Erwan Boulay, Brigitte Borjon

Montage : David Le Bozec, Gita Aslani Shahrestani

Décor : Richard Mithouard, David Le Bozec

Animation : Ludovic Hell, Amanda Minazio, Ludivine Kadikoff

Musique : Olivier Calmel

Voix : Jean-Claude Dreyfus, Benjamin Feitelson, Philippe Robert, Pauline Seigland, Vincent Spatari

Production : Butterfly Productions, Gonella Productions

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Cours, Format, Cours ! : Mission accomplie !

Depuis vendredi 15/11, notre campagne Ulule est terminée. Nous avons largement dépassé notre objectif initial de 2.000 € en atteignant 3.115 €. Notre projet « Cours, Format, Cours ! » est donc financé à 155%. Un grand merci à vous tous pour vos soutiens (financiers, photos/vidéos, relais d’information).

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Ils ont choisi de nous soutenir : Atelier Kuso, Claude Loubar Leroy, Yassine Qnia, Audren, Offshore Production, Nicolas Nithart, Bernard Tanghy, Novanima, Marie Bergeret, Hélène Klein, André Bayer, Matthieu Salmon, Augusto Zanovello, Aurélie Cardin, Marthe Sébille, Stephanie Bitton, Luc Vanden Eede, Emilie Parey, David Khalfa, Alexandre Morand, Emilie Mercier, Joseph Albert, Camille Weiss, François Hatt, Nadia Le bihen-demmou, Jérôme Descamps, Olivier Catherin, Nadia Micault, Yannick Karcher, Morgan Simon, Valery Rosier, Franck Dion, Hakim Zouhani, Léo Verrier, Hugo Chesnard, Christophe Libault, Jennifer Casadessus, Sylvain Desclous, Sylvia Filus, Fanny Barrot, Cécile Bicler, Vincent Maury, Marie Lucas, Hugues Hariche, Olivier Magis, Thomas Kruithof, Michèle van Panhuys-Sigler, olivia Basset, Claire Leblond, Thierry Malezieux, Julien Beaunay, Olivier Bretagne, Cinéma Kosmos, Khalil Cherti, Marc-Antoine Vaugeois, Nicolas Jacquet, Ed Bundy, Franz Griers, Sebastien Laudenbach, Gaëlle Bartak, Bastien Dubois, Sylvain Angiboust, Anna Cinennik, Dorothée Libes, Maud Reynaud, Julie Germain, Gilad Carmel, David Le Bozec, Nicolas Boëtard, Laure Maloisel, Gaelle Laurent, Amaury Auge, Marion Cecinas, Agathe Demanneville, Jerome Nunes, Bernard de Keyzer, Charlotte Fichou, Julia Aquili, Susie Clackson, Carine Lebrun, Carlos In, 2911Productions, Chadi Boulos, Carole Milleliri, Gaell B. Lerays, Jessica Dutour, Marie-Laure Boukredine, Katia Bayer, Adi Chesson, Maxime Feyers, Zoé Libault, Grégoire Lemoine, Camille Monin, Valentine Poutignat, Hélène Bras, Liam Engle, Association Broken, Simon Filliot, Audrey Podrini, Florian Pourchi.

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Dan Sachar : « Il n’y a pas beaucoup de films de genre en Israël, mais ces dernières années, il y a eu ce qu’on pourrait appeler une vague de films de genre dont on est vraiment fiers de faire partie »

Après une première apparition au festival Court Métrange 2012 pour présenter son film « Overture », l’Israélien Dan Sachar est revenu cette année à Rennes pour présenter en avant-première « Last of You », un film de science-fiction très maîtrisé qui nous raconte l’histoire de Yonatan, un homme ayant mis au point une machine lui permettant de revivre les souvenirs de sa femme disparue. Entre deux séances, on en a profité pour lui poser quelques question afin d’en savoir un plus sur son travail, et plus largement sur le cinéma israélien.

Dan-Sachar

Comment est né le projet de ton dernier film « Last of You » ?

Il existe en Israël un festival de films de genre, Utopia Film Festival, qui a lancé un concours de scénario pour un court métrage de vingt à trente minutes. Si tu gagnes le concours, tu remportes la somme de 30.000€ pour le réaliser. C’est vraiment exceptionnel d’obtenir ce type de budget pour un court métrage en Israël, surtout pour un film de genre. Je voulais absolument obtenir ce prix, alors mon scénariste et moi avons écrit trois scénarios. On nous a rappelé pour nous dire que deux d’entre eux étaient en lice parmi les projets finalistes et que nous pouvions choisir celui que nous voulions garder. C’était vraiment une drôle de situation, nous avons finalement choisi « Last of You ».

Est-ce difficile de trouver de l’argent pour réaliser ce type de films en Israël ?

Oui, très difficile. Je n’aurais jamais pu réaliser ce film si je n’avais pas remporté le concours, car aucun organisme de fonds ne m’aurait donné autant d’argent pour ce type de scénario. La plupart des films qui obtiennent des financements ne sont pas des films de genre. Il y a quelques possibilités de financement mais c’est très dur de les obtenir, il faut d’abord se faire un nom, et ensuite on peut espérer obtenir de l’aide.

https://vimeo.com/37373013

Est-ce commun d’y réaliser des films de science-fiction ?

Non, pas du tout. Il n’y a pas beaucoup de films de genre en Israël, mais ces dernières années, il y a eu ce qu’on pourrait appeler une vague de films de genre dont on est vraiment fiers de faire partie. Quelques longs métrages de genre sont sortis ces dernières années dont « Big Bad Wolf » très récemment, qui reçoit de très bonnes critiques à travers le monde. Mais ce n’est pas très courant. Que ce soit du côté des courts ou des longs métrages, on n’en voit pas beaucoup.

Quelles ont été tes influences pour « Last of You » ?

On a eu pas mal d’influences. Pour les séquences filmées en caméra subjective par exemple, on a regardé « Strange Days » de Kathryn Bigelow et « Enter the Void » de Gaspar Noé. On a réfléchi à la meilleure façon de montrer les expériences du personnage de Yonatan. On s’est dit qu’une vue panoramique aurait quelque chose de spécial. On a bricolé un appareil spécial avec un casque de vélo qu’on a découpé et auquel on a intégré une caméra 5D Mark III avec un objectif grand-angle. En post-production on a gommé la distorsion, ce qui aplatit l’image et donne cette impression de panoramique dont on est vraiment fier. On a voulu faire un film un peu futuriste mais avec certaines limites, de façon à ce qu’on ait l’impression que ça se passe aujourd’hui mais dans un monde différent du nôtre, un peu dans l’esprit de « Children of Men » (Les Fils de l’homme) de Alfonso Cuarón qui nous a aussi influencé.

Il y a beaucoup de points communs entre « Last of You » et ton précédent film « Overture », surtout en terme de choix esthétiques. Est-ce quelque chose de conscient ?

Ce n’est jamais vraiment conscient, c’est en moi. Beaucoup de gens me le disent, et ça me fait plaisir, je pense que c’est une bonne chose d’avoir un style que les gens reconnaissent dans mes films. Mais je vois encore plus la ressemblance entre mon premier film « When it Will Be Silent » et « Overture », qui étaient tous les deux très influencés par le travail d’Andrei Tarkovsky, qui est plus lent et atmosphérique. « Last of You » est différent en terme de style et de ton, plus « traditionnel » peut-être, et plus centré sur la narration que sur l’ambiance.

Comment travailles-tu avec ton équipe et combien de personnes étaient impliquées sur le tournage ?

Il y avait à peu près trente personnes sur le tournage, qui étaient heureuses de travailler sur un court métrage aussi stimulant. La plupart des membres de l’équipe sont des amis que j’ai rencontré à l’école de cinéma et qui pour la plupart travaillent bénévolement. L’acteur principal, Yoav Donat, est un acteur connu en Israël, il a joué dans le film « Lebanon » de Samuel Maoz. Je savais qu’il serait parfait pour mon film car la quasi totalité de « Lebanon » se passe à l’intérieur d’un tank dans lequel il a toujours les yeux rivés sur le viseur et doit réagir face à des choses qu’il ne peut pas voir clairement. C’était l’audition idéale pour moi et il a été parfait pour le rôle.

Le tournage a-t-il demandé beaucoup de préparation ?

Oui, mais la condition pour obtenir le budget qui nous a été attribué était d’avoir terminé le film en un an afin de pouvoir le montrer lors de la prochaine édition du festival. Ce n’est pas beaucoup pour une production aussi conséquente mais c’est une bonne chose d’avoir un délai à respecter. 30.000€ ça à l’air beaucoup mais par rapport au scénario qu’on avait, ce n’était finalement pas tant, il a vraiment fallu pousser le budget jusqu’à ses limites. Comme, je suppose, sur beaucoup de productions de courts métrages, on a tout fait nous-mêmes, on préparait le plateau tous ensemble, on cherchait de l’argent, on apportait notre matériel, et à la fin, on était vraiment fatigués par tout ça. J’ai fais toute la post-production moi-même également. Aujourd’hui je peux me reposer et profiter des projections en festival.

Peux-tu nous parler de ton parcours ?

J’ai étudié le cinéma au lycée, et après l’armée, je suis allé au Sapir Academic College dans le sud d’Israël. C’est un endroit très particulier pour étudier, parce que c’est juste à côté de la bande de Gaza, et il arrive que des missiles ou des roquettes tombent sur l’école, mais on s’y habitue, c’est aussi une expérience civique ! Beaucoup de films issus de cette école sont plus engagés politiquement, peut-être à cause de sa situation géographique et parce que ça fait partie du programme de l’école. Cette école est surnommée le « Hollywood den » (l’antre d’Hollywood) parce qu’on y réalise de la science-fiction, mais au bout du compte, ces films sont de plus en plus appréciés.

C’est vrai qu’on a l’impression que tes films sont imprégnés par cette atmosphère conflictuelle et par la guerre, avec des histoires qui se déroulent dans un univers post-apocalyptique. Penses-tu que ce contexte géopolitique influence directement ton travail et le contenu de tes films ?

Je ne sais pas si je pense vraiment à la situation politique lorsque je réalise un film, mais tout cela doit en effet faire partie du décor. On vit en Israël, qui n’est pas vraiment un environnement sûr, et je suppose que ça influence notre travail et la nature de nos propos. Je crois que tous mes courts métrages parlent de manière sous-jacente de la façon dont une guerre ou un événement terrible peut influencer les gens. Surtout mon premier court métrage, « When it Will Be Silent », qui est encore plus politique parce qu’il a été filmé dans le no man’s land entre Israël et la Jordanie. Je pense que tous mes films sont autant de tentatives de prévention contre ces situations afin de ne pas en arriver là. Ils décrivent des lieux dans lesquels on n’aimerait pas se retrouver. Mais ce contexte reste en arrière-plan, on ne sait jamais vraiment ce qu’il s’est passé, surtout dans « Last of You ». Le sentiment que j’en ai, c’est que ce film parle d’une catastrophe à l’échelle planétaire, et pas seulement d’Israël.

Quels sont tes futurs projets ? As-tu envie de faire un long métrage ?

Après avoir fait plusieurs courts métrages, on se dit toujours que le prochain sera un long, qu’il faut passer aux choses sérieuses. En fait, j’aime bien réaliser des courts métrages, ce sont de véritables exercices pour moi, comme pour le reste de l’équipe. Réaliser un long métrage, c’est autre chose, et il n’y a rien de tel que la pratique pour s’y préparer. J’ai quelques idées pour un long métrage et j’y travaille avec un scénariste, mais je n’ai rien de concret pour le moment. Et si je fais un long, je ne pourrai pas revenir sur un festival comme Court Métrange alors je dois encore y réfléchir !

Propos recueillis par Agathe Demanneville

Article associé : la critique de « Overture » de Dan Sachar

Court Métrange 2013

Le festival Court Métrange a déjà dix ans. Dix ans d’étrangetés filmiques, d’images insolites et de court-métrages bizarroïdes affichés sur les écrans de la capitale bretonne. Court Métrange n’est pas qu’un festival de films de genre, mais plutôt une fenêtre ouverte sur un certain imaginaire débridé, celui où la peur se mêle à la curiosité, où l’horreur côtoie le burlesque, où l’effroi joue avec les passions, où le rêve détourne la réalité pour s’exprimer dans des œuvres toujours étonnantes qui laisse le spectateur halluciné. À cette occasion, Format Court ne pouvait que s’associer à cet événement pour souhaiter un bon anniversaire à un festival qui atteint une certaine maturité et s’inscrit durablement dans le panorama des festivals européens de cinéma fantastique. Notre site a donc délégué sur place un petit jury (composé de Julien Beaunay, Julien Savès et Xavier Gourdet) pour remettre pour la troisième année consécutive son prix Format Court à « Fuga » de Juan Antonio Espigares.

courtmetrange-2013

Un anniversaire s’accompagne de cadeaux, et Court Métrange nous en a réservé un beau en programmant, pour sa séance d’ouverture, une carte blanche à notre site, l’occasion pour Format Court d’explorer sa culture de l’étrange à travers six films surprenants et énigmatiques collant à l’identité de l’événement. Une initiative riche en échanges donc, puisque Format Court organisera en février prochain une séance spéciale dédiée à Court Métrange lors de nos rendez-vous mensuels au Studio des Ursulines, histoire de faire découvrir au public parisien l’invraisemblable sens du mot Métrange.

Xavier Gourdet

Retrouvez dans ce focus :

L’interview de Mathieu Berthon, réalisateur
L’interview de Tchéky Karyo, Président du jury
L’interview de Christophe Taudière, responsable du pôle court métrage de France Télévisions et chargé de programme de l’émission « Histoires courtes » sur France 2
La chronique DVD de « Oh Willy » de Emma de Swaef et Marc Roels
L’étrange programmation du dixième Court Métrange
L’interview de Benjamin Leroy,  programmateur (France)
La critique de « L’Art des Thanatier » (France)
L’interview de David Le Bozec, réalisateur de « L’Art des Thanatier (France)
L’interview de Dan Sachar, réalisateur (« Last of You », Israël)
Festival Court Métrange, les photos
« Fuga » de Juan Antonio Espigares, Métrange du Format Court 2013 !
« Oh Willy… » de Emma de Swaef et Marc Roels : Métrange du Public – Format Court
Carte blanche Format Court au Festival Court Métrange !
Nouveau Métrange du Format Court au Festival Court Métrange !

Misterio de Chema García Ibarra, Prix Format Court au Festival de Brest 2013 !

Ce weekend, lors de la cérémonie de clôture du Festival de Brest, le Jury Format Court (composé de Fanny Barrot, Katia Bayer, Agathe Demanneville et Aziza Kaddour) a attribué son Prix à « Misterio » de Chema García Ibarra, l’un des 42 films de la compétition européenne. Ce conte fantastique espagnol a séduit les membres du jury pour son sens de l’absurde, du détail et du rêve. « Misterio » bénéficiera d’un dossier spécial et sera projeté dans le cadre de la carte blanche offerte au Festival de Brest le jeudi 13 mars 2014 au Studio des Ursulines (Paris, 5ème).

Katia Bayer, Rédactrice en chef et membre du jury Format Court, a annoncé le nom du lauréat à l’occasion de cette soirée de palmarès.

brest

 Misterio de Chema Garcia Ibarra (Espagne / 2013 / 11′)

Synopsis : On dit que si on colle son oreille à sa nuque, on entend parler la Vierge.

Festival de Brest, le palmarès 2013

Le 28ème festival de Brest s’est achevé ce weekend. En voici le palmarès complet rendu par les différents jurys.

Prix décernés pour la compétition européenne

Jury officiel (composé de Nicolás Lasnibat, Frédéric Gorny, Cinzia Spironello, Jukka-Pekka Laakso et Laurence Hagège)

Grand Prix du film court de la Ville de Brest : DIE SCHAUKEL DES SARGMACHERS d’Elmar Imanov (Allemagne)

Prix européen du Conseil régional de Bretagne : HVALFJORDUR de Gudmundur Arnar Gudmundsson (Islande, Danemark)

Prix du premier film ou film d’école du Conseil général du Finistère : ARBUZ de Tato Kotetishvili (Pologne)

Prix révélation du Festival Européen du Film Court de Brest : LA FEMME QUI FLOTTAIT de Thibault Lang-Willar (France)

Prix spécial du jury : ZYGOMATIQUES de Stephen Cafiero (France)

Prix d’interprétation : TRPIMIR JURKIC dans Snig (Croatie)

Mention spéciale du jury : PLAUKIKE de Gabriele Urbonaite (Lituanie)

Jury des Passeurs de Courts

Prix des Passeurs de Courts : STUFE DREI de Nathan Nill (Allemagne)

Jury Format Court

Prix Format Court : MISTERIO de Chema García Ibarra (Espagne)

Jury Jeune

Prix du Jury Jeune : AQUEL NO ERA YO d’Esteban Crespo (Espagne)

Mentions spéciales : MORITZ UND DER WALDSCHRAT de Bryn Chainey (Allemagne), STUFE DREI de Nathan Nill (Allemagne)

Vote du Public

Prix du Public : STUFE DREI de Nathan Nill (Allemagne)

Prix décernés pour la compétition française

Jury France 2

Prix France 2 : ATLANTIC AVENUE de Laure de Clermont

Jury Beaumarchais

Prix Beaumarchais : LES CHEMISES OUVERTES de Marie Loustalot

Prix décerné pour la compétition ovni

Jury Canal +

Prix Canal + : IRISH FOLK FURNITURE de Tony Donoghue (Irlande)

Prix décerné pour les programmes brest off

Jury Presse

Prix du Jury Presse : ELEFANTE de Pablo Larcuen (Espagne)

Mention Spéciale : BRIGANTI SENZA LEGGENDA de Gianluigi Toccafondo (France)

Short Screens #32 : Migrations

Il est des traversées que l’on entreprend pour ne plus jamais subir, il est des voyages que l’on tisse de cultures plurielles et il est des lieux où l’on se sentira toujours un « étranger ». Pour sa 32ème séance qui se tiendra le 28 novembre, Short Screens vous propose des films traitant de la difficulté de partir d’un « ici » conflictuel pour atteindre un « ailleurs » fantasmé. C’est l’occasion de vous faire découvrir à travers le prisme de cinéastes contemporains des représentations fictionnelles et documentaires de ces quelques transhumances humaines.

Jeudi 28 novembre 2013 à 19:30, au cinéma Aventure, Bruxelles. PAF 6€.

Un projet à l’initiative de l’asbl Artatouille et Format Court, avec le soutien du Cinéma Aventure.

PROGRAMMATION:

MANQUE DE PREUVES de Hayoun Kwon
France / 2011 / documentaire-animation / 9′
Chez les Nigérians, être jumeaux peut signifier une bénédiction ou une malédiction. Le père de O est le chef du village, un sorcier qui croit à la malédiction des jumeaux.

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Article associé : la critique du film

MINYAMBA de Luc Perez
Danemark, France / 2012 / animation / 14′
Au Mali, dans un restaurant, Abdu, le joueur de N’Goni fait la connaissance de Bakari, un jeune serveur. Abdu veut passer la frontière pour partir faire carrière en Europe avec sa musique. Bakari voudrait le suivre mais se sent « coincé ici… ».

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Articles associés : la critique du film, l’interview de Luc Perez

EXIL de Vladilen Vierny
France / 2013 / fiction / 16′
Premières heures d’un jeune migrant africain sur une plage européenne.

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Article associé : la critique du film

TERRE D’ECUEIL de Michel Kranot & Uri Kranot
Danemark, France, Canada / 2013 / animation / 13′
Un couple s’installe plein d’espoir dans un nouveau pays.

BEHIND ME OLIVE TREES de Pascale Abou Jamra
Liban / 2012 / fiction / 20′
Après 10 ans en Israël, Mariam et son frère reviennent au sud du Liban pour vivre dans leur pays natal. Mais ils se sentent toujours rejetés par leur entourage parce qu’ils sont les enfants d’un agent de l’armée de « Lahd » qui coopérait avec l’armée israélienne avant la libération du sud du Liban en 2000.

NOT SWISS MADE d’Apiyo Amolo
Suisse / 2012 / documentaire / 2′
Apiyo Amolo, d’origine kenyane, vit à Zürich depuis plusieurs années. Ce personnage fantasque et fascinant, d’une énergie débordante, qui partage son temps entre chanson, animation radio, quand elle n’est pas actrice ou modèle, n’hésite pas à aborder de manière frontale et hirsute les sujets qui la touchent. C’est ce qu’elle fait dans ce film de deux minutes qui traite de la position particulière de la double culture.

SAMOSA MAGIQUE de Vincent Gallez & Momo Mimi
Belgique / 2009 / fiction / 10′

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Carte blanche Format Court au Festival de Brest !

En prévision de ses cinq ans, Format Court bénéficie ce jeudi 14 novembre 2013 d’une carte blanche au Festival de Brest, après celle de Court Métrange, au mois d’octobre. Imaginée par Fanny Barrot, Katia Bayer, Agathe Demanneville et Nadia Le Bihen-Demmou, cette séance spéciale interroge en six films français et étrangers le rapport au corps et à la mise en scène. Ces courts métrages, tous évoqués sur notre site et projetés en salle, seront présentés ce jeudi à Brest, à 15h30, au Quartz (Petit théâtre), en présence de Katia Bayer et Nadia Le Bihen-Demmou.

Programmation

La lampe au beurre de Yak de Hu Wei. Fiction, 15’, 2013, Chine, France, Ama Productions. Sélectionné à la Semaine de la Critique 2013, Prix « European Film Academy » au Festival du court-métrage de Drama 2013

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Synopsis : Un jeune photographe ambulant et son assistant proposent à des nomades tibétains de les prendre en photo devant différents fonds.

Articles associés : la critique du filml’interview du réalisateur et du producteur

Mamembre de Sylvain Payen, Christophe Feuillard, Caroline Diot, Guillaume Griffoni, Clarisse Martin, Julien Ti-I-Taming et Quentin Cavadaski. Animation, 6’35 », 2011, France. Métrange du Format Court au Festival Court Métrange 2012

Synopsis : Dans une société où les personnages changent de membres comme de chemises, ce film noir/fantastique raconte l’histoire d’une mère, la quarantaine, sur-protectrice envers sa fille adolescente. Le seul recours de la fille pour retrouver sa liberté est de manger sa mère…

Articles associés : la critique du filml’interview des réalisateurs

Tania de Giovanni Sportiello, Fiction, 20′, France, 2011. Sélectionné au Festival du Film de Vendôme 2011

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Synopsis : Cachée dans un recoin d’une petite cité, Tania, seize ans, observe un groupe de jeunes, un marteau à la main.

Article associé : la critique du film

Der Da Vinci Timecode de Gil Alkabetz. Animation, 3′, 2009, Allemagne, Sweet Home Studio. Prix de la Meilleure Musique au Festival de Stuttgart 2009, sélectionné au Festival d’Annecy 2009

Synopsis : Une image est isolée afin de créer une animation basée sur ses détails. Divers fragments de cette image, avec pour points communs des formes similaires, nous permettent de découvrir des mouvements secrets.

Articles associés : la critique du filml’interview du réalisateur

Solecito d’Oscar Ruiz Navia (fiction, 20’, 2013, Colombie, Danemark, France, Contravia Films). Sélectionné à la Quinzaine des Réalisateurs 2013

Synopsis : C’est au cours d’un casting dans leur établissement scolaire que les deux personnages de ce film ont rencontré le réalisateur. Chacun de leur côté, ils lui ont raconté l’histoire de leur rupture amoureuse. Et si la fiction leur permettait de se remettre ensemble ?

Articles associés : la critique du filml’interview du réalisateur et du co-producteur

Las Palmas de Johannes Nyholm (fiction/animation, 13’, 2011, Suède, Toppsegelsgatan 9). Sélectionné à la Quinzaine des Réalisateurs 2011

 Synopsis : Une dame d’âge moyen en vacances au soleil essaie de se faire de nouveaux amis et de passer du bon temps. Le rôle est tenu par une petite fille d’un an, les autres personnages sont interprétés par des marionnettes.

 

Article associé : Cannes 2011 dans sa globalité


Accéder au programme sur le site du festival

Nouveau Prix Format Court au Festival européen du film court de Brest !

L’an passé, à l’issue du Festival de Brest, nous avons attribué pour la première fois le Prix Format Court du meilleur film européen à « Prematur » de Gunhild Enger (Norvège). Par la suite, nous avons consacré un focus à la réalisatrice et projeté son film en salle. Pour la deuxième année consécutive, l’équipe de Format Court attribue un nouveau Prix parmi les 42 films de la compétition européenne, à l’occasion de la nouvelle édition du Festival de Brest (12-17 novembre). Le film primé par le Jury Format Court (composé de Fanny Barrot, Katia Bayer, Agathe Demanneville et Aziza Kaddour) bénéficiera également d’un dossier spécial et sera projeté dans le cadre de la carte blanche que nous consacrerons au Festival de Brest en mars prochain au Studio des Ursulines (Paris, 5ème).

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Films en compétition

Programme  1

CLORO de Laura Plebani – Italie / 11’27 / 2012
SKIN de Cédric Prevost – France / 13’ / 2013
PLUTÃO de Jorge Jácome – Portugal / 29’17 / 2013
COLECTIA DE AROME de Igor Cobîleanski – Roumanie-MOLDAVIE / 14’ / 2013
STEW & PUNCH de Simon Ellis – Royaume-Uni / 16’40 / 2013

Programme  2

SHAVI TUTA de Gabriel Razmadze – France-GÉORGIE / 21’ / 2012
M.O. de Jakub Kouril – République Tchèque / 6’35 / 2012
CHAMOMILI de Neritan Zinxhiria – Grèce / 15’ / 2012
TIERRA FÉRTIL de Daniel Mejia – Italie-Colombie / 12’38 / 2012
LUCAS de Álex Montoya – Espagne / 29’58 / 2012

Programme  3

UN MONDE MEILLEUR de Sacha Feiner – Belgique-SUISSE / 23’30 / 2012
TIZENHÁROM ÉS FÉL PERC de Georgina Hegedus – Hongrie / 15’25 / 2013
MISTERIO de Chema García Ibarra – Espagne / 11’30 / 2013
SNIG de Josip Žuvan – Croatie / 27’ / 2012
LOCKED UP de Bugsy Steel – Royaume-Uni / 6’59 / 2013

Programme  4

MORITZ UND DER WALDSCHRAT de Bryn Chainey – Allemagne / 20’ / 2013
ZONDER de Klaas Arie Westland – Pays-Bas / 6’35 / 2013
SVLÍKÁNÍ de Jirka Volek – République Tchèque / 16’ / 2012
HVALFJORDUR de Gudmundur Arnar Gudmundsson – Islande-DANEMARK / 15’ / 2013
216 MOIS de Valentin Potier & Frédéric Potier – France / 25’50 / 2013

Programme  5

THE GIRL WITH THE MECHANICAL MAIDEN de Andrew Legge – Irlande / 15’ / 2012
LA FEMME QUI FLOTTAIT de Thibault Lang-Willar – France / 18’ / 2013
TONY OCH LENA de Victor Lindgren – Suède / 10’ / 2013
ARBUZ de Tato Kotetishvili – Pologne / 10’ / 2012
DIE SCHAUKEL DES SARGMACHERS de Elmar Imanov – Allemagne / 29’58 / 2012

Programme  6 

ZYGOMATIQUES de Stephen Cafiero – France / 18’56 / 2013
BAD PENNY de Andrei Cretulescu – Roumanie / 12’33 / 2013
PLAUKIKE de Gabriele Urbonaite – Lituanie / 28’ / 2013
METUBE de Daniel Moshel -Autriche / 4’ / 2013
37°4S de Adriano Valerio – France / 11’45 / 2013
SANO KIITOS JA TANSSI de Antti Heiki Pesonen – Finlande / 8’ / 2012

Programme 7

TAKING THE BOAT de Lisa Keogh – Royaume-Uni-IRLANDE / 14’ / 2012
CHEFU’ de Adrian Sitaru – Roumanie / 18’ / 2012
STUFE DREI de Nathan Nill – Allemagne / 25’29 / 2012
DER RÄUBER de Felix Schaffert – Suisse / 16’ / 2012
MANU I KAPUSTA de Oleksandr Pozdnyakov – Ukraine-Pologne / 10’30 / 2012

Programme 8
MILCHZÄHNE de Peter Brunner – Autriche / 9’30 / 2013
45 VATHMI de Georgis Grigorakis -Grèce / 14’ / 2012
STO PSOV de Jan Cvitkovic – Slovénie / 24’ / 2012
BALLETT de Eivind Tolas – Norvège / 4’ / 2012
COME CLEAN de Louisa Mayman – Royaume-Uni / 8’28 / 2012
AQUEL NO ERA YO de Esteban Crespo -Espagne / 24’ / 2012

Rappel. Séance Format Court ce jeudi 14/11 : carte blanche au Festival de Vendôme !

Ce jeudi, nous invitons le Festival de Vendôme à présenter, lors de notre nouvelle soirée Format Court, quatre films traitant de la jeunesse d’aujourd’hui. Cette carte blanche sera marquée par la présence d’Emilie Parey, la déléguée générale du festival et de deux équipes de films, celle de « Marseille, la nuit » (représenté par la réalisatrice Marie Monge et ses comédiens Karim Leklou, Charif Ounnoughene, Louise Monge et Taha Lemaizi) et de « 37°4 S » (évoqué par le réalisateur Adriano Valerio et la productrice Emilie Dubois). Venez les rencontrer et passer un agréable moment de cinéma en leur compagnie !

En pratique

► Détail de la programmation : ici

► Date, horaire : jeudi 14 novembre 2013, à 20h30

► Durée de la séance : 94′

► Studio des Ursulines : 10 Rue des Ursulines, 75005 Paris

► Accès : RER B Luxembourg (sortie rue de l’Abbé de l’Épée), BUS 21, 27 (Feuillantines), 38 ou 82 (Auguste Comte), 84 ou 89 (Panthéon). Métro le plus proche : Ligne 7, arrêt Censier Daubenton (mais apprêtez-vous à marcher un peu…)

► Entrée : 6,50 €

► Réservations vivement recommandées : soireesformatcourt@gmail.com

Anima de Simon Gillard, Prix Format Court au Festival Filmer à Tout Prix !

Samedi soir, lors de la cérémonie de clôture du festival Filmer à tout prix, à Bruxelles, le Jury Format Court (Katia Bayer, Marie Bergeret, Adi Chesson, Xavier Gourdet et Mathieu Lericq) a élu comme meilleur court métrage « Anima » de Simon Gillard, un film d’école qui « relie avec brio les gestes du quotidien à des sentiments universels. Un film sans concession, visuellement intense, direct et poétique ». Le film, ayant également reçu le Prix des Ateliers d’Accueil WIP-CAB (aide matérielle pour le prochain film de Simon Gillard), bénéficiera d’un focus en ligne (critique, interview) et d’une projection très prochaine en salle, au Studio des Ursulines (Paris, 5ème).

Anima de Simon Gillard, Documentaire, 18′, 2013, Belgique, INSAS

Synopsis : Parmi les hommes et leurs gestes, bruts et graves, une âme se libère. Elle s’extrait de notre monde dans un curieux voyage, une traversée par les airs de cet étrange village de l’ouest Africain. Ses images puissantes et évocatrices se mêlent aux sonorités entêtantes, pour nous donner à voir, sans limites, ce rêve éveillé.

À l’occasion de l’annonce du palmarès, le réalisateur a reçu le prix des mains de Marie Bergeret, rédactrice et membre du jury Format Court.

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© Yvan Leiva

Pari réussi ! Merci à vous ! Allez, on continue !

Depuis ce samedi 9/11, à une semaine de la fin de la collecte, nous venons d’atteindre notre objectif (2 000 €). Nous avons fait éclater l’oeuf d’Ulule : Format Court a remporté son pari. Merci à vous !

Grâce à votre générosité, nous allons pouvoir refaire notre site internet en prévision de l’anniversaire de Format Court, en janvier prochain. Nous allons moderniser notre identité visuelle, nous entourer d’experts en la matière (webmaster, graphiste), renouveler le nom de domaine, financer l’hébergement du site, mieux valoriser la richesse et la quantité de nos publications (près de 2.700 archives), développer de nouvelles rubriques à destination des internautes (concours, films en ligne, recherche thématique, …), et redoubler d’efforts pour accentuer la visibilité du court, que ce soit en salle ou sur la Toile.

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Face à l’excellente progression de ces derniers jours et à votre mobilisation croissante, notre ambition grandit, elle aussi, de jour en jour. Nous souhaitons aller plus loin que la « simple » refonte de notre site internet et étendre nos activités au service du court métrage. Nous vous proposons donc de nous aider à franchir un nouveau cap dans cette campagne en poursuivant l’aventure grâce aux actions suivantes :

doter nos prochains Prix Format Court remis en festival, en Belgique et en France

financer une super fête, à Paris, pour les cinq ans de Format Court

inviter les réalisateurs étrangers à venir présenter leurs films lors de nos projections Format Court à Paris. Jusqu’ici, en 16 séances organisées au Studio des Ursulines (Paris, 5ème), seulement trois réalisateurs venus d’ailleurs ont pu se déplacer à Paris pour évoquer leur travail et rencontrer le public, Emma de Swaef, Gerlando Infuso (Belgique) et Michael Rittmansberger (Autriche)

Créer à terme un festival Format Court (et oui, on est très tenté depuis le temps qu’on défend le cinéma bref et les auteurs !), payer les droits des films, inviter les équipes de films et les jurés étrangers à Paris

Notre campagne se termine la semaine prochaine, le vendredi 15 novembre. Il nous reste 7 jours pour préparer la suite, l’après-100%. La collecte ne s’arrête pas maintenant, en si bon chemin. On poursuit l’aventure tous ensemble pour la dernière ligne droite et pour que Format Court puisse se maintenir dans la course. Continuez à nous encourager, à nous soutenir, à nous envoyer vos chouettes visuels, et à aimer le court.

L’équipe de Format Court

Séance Bref n°148, ce mardi 12 novembre au MK2 Quai de Seine : l’horizon des rencontres

L’horizon des rencontres

Qu’elle ait pour horizon l’Algérie de 1994, une école élémentaire au Portugal ou une nuit parisienne aujourd’hui, une rencontre n’aura pas la même saveur, ne traversera pas les mêmes tensions, ne nourrira pas les mêmes espérances. Mais l’horizon est aussi ce qui se profile au loin, ce qu’on tente de rejoindre et demeure inatteignable. Grisaille et pluie, couleurs et magie enchantée, rêverie noctambule en noir et blanc, ces films très différents mettent en scène des rencontres qui n’ont peut-être pas d’autre horizon que le souvenir d’un moment inachevé. Jacques Kermabon

Les jours d’avant de Karim Moussaoui – 2013, couleur, 47 mn, DCP. Prix Format Court au Festival de Namur 2013

Réalisation : Karim Moussaoui • Scénario : Karim Moussaoui et Virginie Legeay • Image : David Chambille • Son : Arnaud Marten, Pierre Bariaud et Samuel Aïchoun • Montage : Julien Chigot • Interprétation : Mehdi Ramdani, Souhila Mallem, Mohammed Ghouli, Chawki Amari et Meriem Medjikane • Production : Les Loupiottes et Taj Intaj.

Dans une cité du sud d’Alger, au milieu des années 1990, Djaber et Yamina sont voisins, mais ne se connaissent pas. Pour l’un comme pour l’autre, il est si difficile de se rencontrer entre filles et garçons qu’ils ont presque cessé d’y croire. En quelques jours, pourtant, ce qui n’était jusque-là qu’une violence sourde et lointaine éclate devant eux, modifiant à jamais leurs destins.

Dahus (Gambozinos) de João Nicolau – 2013, couleur, 20 mn, DCP.

Réalisation et scénario : João Nicolau • Image : Mário Castanheira • Montage : Telmo Churro et Joâo Nicolau • Musique : Mariana Ricardo et Pedro Silva • Décors : Bruno Duarte et Lucha D’Orey • Son : Vasco Pimentel et Miguel Martins • Interprétation : Tomas Franco, Isabel Portugal, Paulo Duartre Ribeiro, Ana Sofia Ribeiro et Pedro Leitao • Production : Les Films du Bélier.

Le petit Rui se débat avec les amertumes de la vie dans une colonie de vacances. Ce n’est pas simple de faire partie du groupe des plus jeunes, d’être ignoré par la prunelle de ses yeux et de voir son dortoir vandalisé par des voyous d’adolescents.

Pour la France de Shanti Masud – 2012, Noir & Blanc, 30 mn, DCP. Prix de la presse au festival Côté court de Pantin 2013

Réalisation et scénario : Shanti Masud • Image : Tom Harari • Montage : Julie Picouleau • Musique : Olivier Marguerit • Décors : Yannick Le Moine • Son : Mathieu Descamps et Matthieu Deniau • Interprétation : Friedelise Stutte, Sigrid Bouaziz, Bastien Bouillon, David Atrakchi, Pascal Tagnati, Grace Teshima et Eric Kailey • Production : La vie est belle films associés.

Une nuit à Paris. Le passage de l’Allemande Désirée dans la vie de Charles, France et Ivo. Le petit matin les découvrira changés.

Infos pratiques

Mardi 12 novembre, séance à 20h30

MK2 Quai de Seine – 14 Quai de la Seine – 75019 Paris
M° Jaurès ou Stalingrad
Tarif : 7,90 € (cartes illimitées acceptées)

Nouveau Prix Format Court au Festival Filmer à Tout Prix (Bruxelles)

Regarder la réalité ne procède pas du simple fait de mettre son œil au dehors, de constater de loin les dissemblances qui mentalement pourraient séparer l’être de ce qu’il voit. Au contraire, regarder se construit comme un acte: entrer en interaction vivante avec des sujets, des objets, des contextes, des mouvements, et laisser subtilement apparaître les relations intimes entre ces éléments fuyants. Aussi, filmer la réalité est doublement un acte : c’est aller à la rencontre de situations de vie — ordinaires ou extrêmes, individuelles ou collectives, mettant en jeu des déterminations en même temps que des opérations pour les contourner — mais c’est aussi se choisir des moyens filmiques pour donner de la valeur subjective à des combats, montrer la dignité de ceux qui souffrent et qui vivent, parfois malgré tout. C’est à cette nécessité de filmer que rend hommage, tous les deux ans, le Festival Filmer à tout prix, qui se tient à Bruxelles du 4 au 17 novembre.

De cette démarche documentaire, aussi politique que poétique, la programmation du festival, regroupant courts et longs métrages, donne à voir de multiples orientations. Elle réunit deux compétitions (nationale et internationale), les films de trois cinéastes à l’honneur (le polonais Bodgan Dziworski, l’américain Ross McElwee et l’indien Anand Patwardhan), une sélection dédiée aux populations Roms (à noter la présence d’“Anyaság” du hongrois Ferenc Grunwalsky réalisé en 1972), des séances spéciales (autour du sport notamment avec le magnifique “Pehlivan” de Maurice Pialat datant de 1963) ainsi que trois Élégies d’Aleksandr Sokourov. La richesse de cette sélection, alliant points de vue actuels et inactuels sur le monde, fait de ce festival un rendez-vous majeur pour le documentaire en Belgique.

Désireux de porter l’accent sur la production documentaire contemporaine, Format Court remettra cette année un prix pendant le festival. C’est la première fois que notre site dédiera un prix au cinéma documentaire. Le jury, constitué par Katia Bayer, Marie Bergeret, Adi Chesson, Xavier Gourdet et Mathieu Lericq, tentera d’être à la hauteur de l’événement en choisissant le meilleur court-métrage parmi les films de la compétition nationale et internationale (dont nous vous invitons à découvrir la sélection ci-dessus). Le film primé bénéficiera d’un focus en ligne et d’une projection en salle, au Studio des Ursulines (Paris, 5ème).

Mathieu Lericq

Compétition belge

– Ada de Ravel Dilua, Belgique, 2012, 8′

– Adrift de Frederik de Jan Depickere, Belgique, Colombie, 2012, 9′

Anima de Simon Gillard, 2013, Belgique, 18′

A nos terres de Aude Verbiguié, 2012, Belgique, 22′

– Florian de Joseph Krommendijk, 2013, Belgique, 8′

– Furor de Salomé Laloux Bard, 2012, Belgique, 17′

– Gimka und Golka und Ich de Susanne Weck, 2012, Belgique, 27′

– Les mains nues de Denis Dewind, 2011, Belgique, 7′

– Sur le Phil de Pierre Martin, 2013, Belgique, 20′

– Varken de Christina Stuhlberger, 2013, Belgique, 9′

Compétition internationale et premiers films

– After de Lukasz Konopa, 2011, Royaume-Uni, 7′

– Entre les passes de Myriam Rachmuth, 2012, Suisse, 22′

– Escenas previas de Aleksandra Maciuszek, 2012, Cuba, 29′

– Ici rien de Daphné Hérétakis, 2011, France, 30′

– Not Swiss Made de Apiyo Amolo, 2012, Suisse, 2′

– Obóz (Camp) de Tomasz Jeziorski, 2012, Pologne, 19

– Old Time de Daniel Capeille, 2012, France, 15′

– Space in Between de Noelia Nicolás, 2012, Pays-Bas, 25′

Nouvelle séance Format Court : carte blanche au Festival de Vendôme, le jeudi 14/11/2013

Notre prochaine soirée Format Court est consacrée au Festival de Vendôme. Partenaires du festival depuis plusieurs années, nous lui offrons ce mois-ci une carte blanche. Quatre films sélectionnés à Vendôme, offrant quatre visions très différentes de la jeunesse d’aujourd’hui, seront projetés le jeudi 14/11, à 20h30, en présence d’Emilie Parey, la déléguée générale du festival et de deux équipes de films, celle de « Marseille, la nuit » et de « 37°4 S ».

Programmation

Nous ne serons plus jamais seuls de Yann Gonzalez. Fiction, 10′, 2012, France, Sedna Films. Sélectionné au Festival de Locarno

Synopsis : Une fête une nuit. Des adolescents dansent et s’aiment comme si c’était la première et la dernière fois.

Article associé : la critique du film

Vilaine fille, mauvais garçon de Justine Triet. Fiction, 30′, 2012, France, Ecce Films. Prix EFA du meilleur film européen

Synopsis : La nuit survoltée d’un jeune peintre fauché et d’une comédienne déjantée. Dans l’impossibilité de se retrouver seuls, Laetitia et Thomas traversent chaque situation entre drame et légèreté, jusqu’à ce qu’un événement violent marque leur rencontre d’une étrange complicité.

37°4 S de Adriano Valerio. Fiction, 12′, 2013, France, oriGine films, Pianissimo. Mention spéciale du Jury – Festival de Cannes. En présence de l’équipe

Synopsis : De nos jours, à Tristan da Cunha. Deux cent soixante-dix personnes vivent sur cette petite île perdue au milieu de l’Océan Atlantique. Nick et Anne, deux adolescents, se connaissent depuis toujours et sont amoureux depuis l’enfance. Mais Anne a choisi de partir étudier en Angleterre, à six mille cent cinquante-deux miles de Tristan.

Articles associés : la critique du film, l’interview du réalisateur 

Marseille la nuit de Marie Monge. Fiction, 42′, France, 10:15 Productions. Préselectionné au César 2014 du Meilleur Film de Court Métrage. En présence de l’équipe

Synopsis : Élias et Teddy ont toujours été amis. À vingt-cinq ans, ils traînent, dealent un peu et s’imaginent les rois de leur tout petit monde. Et puis un jour, c’est sûr, ils quitteront Limoges pour Marseille et deviendront des hommes. Un jour. Simplement un soir, lors d’une énième fête, leur rencontre avec Mona va précipiter les choses.

Articles associés : la critique du film, l’interview de l’équipe du film

En pratique

► Date, horaire : jeudi 14 novembre 2013, à 20h30

► Durée de la séance : 94′

► Studio des Ursulines : 10 Rue des Ursulines, 75005 Paris

► Accès : RER B Luxembourg (sortie rue de l’Abbé de l’Épée), BUS 21, 27 (Feuillantines), 38 ou 82 (Auguste Comte), 84 ou 89 (Panthéon). Métro le plus proche : Ligne 7, arrêt Censier Daubenton (mais apprêtez-vous à marcher un peu…)

► Entrée : 6,50 €

► Réservations vivement recommandées : soireesformatcourt@gmail.com

Marie-Elsa Sgualdo : « On ne peut jamais raconter ce qui s’est vraiment passé, on s’inspire de la réalité mais on la raconte au travers d’un prisme, avec des outils narratifs et cinématographiques, ce qui la déforme »

Avec 4 courts métrages à son actif, dont « On The Beach » qui a remporté le Bayard d’or au FIFF, l’an dernier, Marie-Elsa Sgualdo nous est revenue cette année, dans la capitale wallonne comme membre du jury court métrages et pour présenter son petit dernier au titre évocateur « Mann Kann nicht alles auf einmal tun aber man kann alles auf einmal lassen » (« On ne peut pas tout faire en même temps mais on peut tout laisser tomber d’un coup »), sélectionné à la Quinzaine des Réalisateurs et présenté dans la section « Regards du présent ». Rencontre ensoleillée.

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Qu’est-ce qui t’a amené au cinéma ?

C’est le théâtre, en fait. A Chaux-de-fonds (Suisse), j’ai fait pas mal de théâtre avec Charles Joris, le fondateur du Théâtre populaire romand. C’était vraiment quelqu’un de très charismatique. Et moi, en tant qu’adolescente, j’étais très impressionnée par cet homme.

Mais parallèlement à cela, j’étais très attirée par le cinéma, j’y allais souvent. Au début, j’avais plus envie de faire du cinéma documentaire et après mon bac, j’ai commencé des études en Relations internationales, à Genève, et j’ai étudié là-bas pendant 1 an et demi et je me rendais bien compte que ça m’a donné une idée précise et globale de la manière de gérer le monde aujourd’hui mais ce n’était pas ça qui m’intéressait, je ne voulais pas travailler dans une ONG. J’ai postulé à la HEAD (Haute Ecole d’Art et de Design), à Genève. Cette école m’intéressait plus que les autres écoles de cinéma parce que c’était une école d’art, avant tout. On allait avoir la possibilité de rencontrer des artistes qui n’étaient pas que des cinéastes ou des techniciens du cinéma mais des personnes qui venaient d’horizons plus larges. Il y avait un regard de différentes disciplines qui se portait sur notre travail.

Pourquoi avoir poursuivi ton cursus à l’INSAS (Institut National des Arts du Spectacle et des Techniques de diffusion) à Bruxelles?

Parce que ce côté plus artistique qui était celui de la HEAD avait la faiblesse de ne pas avoir de vrai cours d’écriture scénaristique. On allait même à l’encontre de tout ce qui pouvait être la dramaturgie classique du cinéma. J’ai décidé de postuler à l’INSAS qui proposait un Master en écriture, qui touchait à la fois au théâtre et au cinéma. Comme j’avais déjà fait du théâtre et que j’avais envie de me prédestiner au cinéma, j’ai fait l’expérience d’une année en Master en écriture. J’avoue que le dialogue avec les professeurs n’a pas été des plus simples mais cela m’a appris beaucoup aussi. J’y ai écrit un long-métrage ce qui m’a permis de faire l’exercice d’écriture du début à la fin.

Dans tous tes films de « Vas-y, je t’aime » à « On The Beach » en passant par « Bam-Tchak », tu traites de thèmes semblables que sont la séparation, la famille et la féminité, de l’adolescente à la femme. On pourrait dire que ce sont tes thèmes de prédilection ?

 En fait, c’est rigolo parce que rationnellement, je ne me suis pas dit, c’est ça que j’ai envie d’explorer, je pense que je suis plus sensible à ces thématiques parce que je suis une femme. J’observe ce qui m’entoure et j’essaye d’exprimer dans mes films ce que je ressens dans mon quotidien. C’est comme pour la lecture, maintenant que je lis plus, je me rends compte que j’ai plus d’affinités avec les auteurs féminins.

Pourquoi filmer l’adolescence ?

J’ai eu envie de filmer l’adolescence parce que moi-même, j’en n’étais pas encore sortie.  J’étais encore très proche de cet âge-là. Ce qui me fascinait, dans leur corps, dans leur visage, c’était le fait que l’on pouvait y déceler l’adulte naissant. Ils ont déjà des corps et des attentes d’adultes mais ils ont encore des visages d’enfants. Je trouve cela très beau, parce que c’est fin et éphémère. J’avais envie de saisir ces moments-là. J’ai choisi de les filmer de près car j’ai l’impression qu’au cinéma, on peut dire beaucoup de choses, sans les mots. Le fait de mettre la caméra à un certain endroit, de cadrer près, c’est une manière de saisir leur beauté, leur personne, ce qu’ils sont au-delà de l’histoire que l’on raconte dans le film. C’est peut-être ça que j’essaye de faire : saisir  l’imperceptible.

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Comment tu choisis tes jeunes acteurs ?

Chaque fois, je fais des castings et j’en suis toujours déçue parce que je ne trouve jamais les gens que j’ai envie de filmer. Du coup, je les trouve dans la rue, la plupart du temps. Joanne Nussbaum, la comédienne qui joue dans « On The Beach », je l’avais rencontrée deux ans avant de faire le film, je savais que c’était elle et malgré cela, j’ai continué à faire des castings pendant deux ans jusqu’à ce que j’accepte l’idée de la choisir. Pour « Vas-y, je t’aime », dès que j’ai vu Alisson Scheidegger, à la gare, je l’ai abordée et lui ai proposé de jouer dans le film.

« On The Beach » est ton premier film produit, comment ça s’est passé ?

C’était effectivement la première expérience de production. Ce n’était pas toujours évident.  Mais je pense que dans n’importe quelle première collaboration, quand on sort d’une école, on n’a pas assez d’expérience, on ne sait pas comment ça se passe dans le milieu, du coup, on se retrouve un peu dans une position d’infériorité face au producteur. Aujourd’hui, je ne ferais sans doute pas les choses de la même manière, j’irais beaucoup plus vite, je serais plus assurée pour imposer mes choix.

Tu as gagné le « Bayard d’or » avec « On The Beach », l’année dernière au FIFF. Qu’est-ce que ça fait de revenir à Namur ?

J’étais en Serbie avec une amie qui préparait un livre, on était en train de travailler quand j’ai reçu un sms disant « voilà, t’as gagné le prix ». C’est surtout ce moment-là qui est chouette. Je ne m’attendais pas du tout à gagner donc c’était vraiment une très belle récompense. Cela m’a réconfortée dans l’idée de continuer à faire du cinéma.

Tu as fais partie du jury Emile Cantillon (Jury jeunes, au FIFF) il y a quelques années, aujourd’hui, tu es membre du jury de courts métrages. Cela représente quoi exactement, pour toi ?

Je me demande toujours si j’en connais assez pour juger telle ou telle chose, enfin, je trouve que l’on peut toujours parler avec son cœur. Mais je me dis que c’est quand même une lourde responsabilité. Quand j’étais membre du jury Emile Cantillon, c’était un peu différent. On venait d’un peu toute la Francophonie et on lisait les films avec notre bagage culturel. Par exemple, il y avait quelqu’un qui venait du Burkina Faso et quand on représentait des femmes libres, il disait : « non mais là, c’est quand même un peu trop ». Et nous, on réagissait à d’autres choses, c’était intéressant.

« Mann kann nicht alles auf einmal tun aber man kann alles auf einmal lassen » (« On ne peut pas tout faire en même temps mais on peut tout laisser tomber d’un coup »), ton dernier film est présenté ici au festival dans le cadre de la section « Regards du présent ». Il est assez différent des autres. Tu y mêles documentaire et fiction. À partir d’images d’archives, qui parlent à tout le monde dans certains cas, tu (te) racontes une histoire. Pourquoi la volonté de tout à coup réaliser ce film ?

La genèse de « Mann Kann nicht alles auf einmal tun aber man kann alles auf einmal lassen », c’est d’abord une carte postale que j’ai trouvé au Kunstmuseum de Bâle. Au dos  de la carte, il y avait cette phrase que j’ai reprise en titre et sur la carte, une femme que j’ai cru être ma grand-mère. C’est l’image d’une femme allongée sur un canapé. Ça m’a frappée, pour moi, cela résumait bien l’histoire d’une femme qui, du jour au lendemain, décide de tout quitter. Depuis longtemps, j’avais envie de faire un film qui parlerait d’un pan de mon histoire familiale, et la découverte de cette carte postale a confirmé mon envie d’aborder ce thème, en particulier. J’avais commencé à faire un documentaire tout à fait classique, en allant filmer les gens, en faisant des interviews. Mais je ne trouvais pas la distance nécessaire par rapport à ce que je voulais raconter. A côté de cela, je commençais des recherches pour un prochain film sur un personnage de ma région, ce qui m’avait amené à me rendre sur le site d’archives de la RTS (Radio télévision suisse). L’idée m’est alors venue d’utiliser des images d’archives. Je me suis dit pourquoi ne pas utiliser ces images et voir si l’histoire que je veux raconter peut l’être avec cette matière-là. La difficulté majeure de ce film était de garder la bonne distance, de respecter l’histoire sans vraiment la raconter.

Parce que ça reste une fiction ?

Oui, parce qu’on ne peut jamais raconter ce qui s’est vraiment passé, on s’inspire de la réalité mais on la raconte au travers d’un prisme, avec des outils narratifs et cinématographiques, ce qui la déforme. Comme disait Cendras c’est le mythe qui est l’histoire et le mythe c’est de la fiction.

Mann Kann nicht alles auf einmal tun aber mann kann alles auf einmal lassen

La dernière phrase du film est assez fascinante : « L’Aventure, c’est pouvoir aller au bout du monde et en ramener un film, ça c’est constructif ». C’est cela l’aventure, pour toi?

C’est ma manière de me confronter au monde, de découvrir différentes facettes de la vie. Mais je pense que l’aventure elle se passe surtout dans notre manière d’envisager le monde, d’ailleurs, pour l’anecdote, la jeune fille qui dit cela à la fin du film, je l’ai retrouvée. Et c’est drôle parce qu’elle dit qu’il ne faut pas se marier tout de suite et en fait, elle s’est mariée à 19 ans, elle a eu 3 enfants, elle est devenue pasteur mais elle n’a rien perdu de son caractère.

Pourquoi ne t’es-tu jamais mis au documentaire alors que la réalité t’intéresse tellement ?

Je suis en train d’en écrire un.

Penses-tu qu’il faille avoir une certaine « maturité » pour parler de la réalité ?

C’est vrai que suite aux études que j’avais faites et devant l’ampleur des problèmes mondiaux, je me disais : « Ma petite cocotte, apprends avant deux, trois choses et après tu parleras du monde ». Mais aujourd’hui, je pense un peu différemment, je pense que l’on peut faire des films si un sujet a du sens et nous touche. Et puis après, on s’entoure des bonnes personnes pour ne pas dire trop de bêtises.

Peux-tu expliquer le principe de « Terrain vague » ?

Terrain vague est un collectif de jeunes réalisateurs romands, nous sortons tous des écoles de Genève, Lausanne et Bruxelles. L’idée au départ était de nous réunir pour parler de nos projets et avancer ensemble sur le chemin du cinéma.

As-tu un projet de long-métrage ?

Oui, je suis au début de l’écriture d’un long-métrage de fiction. Il s’inspire de deux femmes pour lesquelles j’ai beaucoup d’admiration et parle de l’amour du jeu.

Propos recueillis par Marie Bergeret

Articles associés : la critique du film, notre reportage « Ces images qui nous parlent »

Concours : gagnez 5 x 2 places pour assister à une séance du Festival du Film Coréen à Paris, ce lundi 4 novembre

Le Festival du Film Coréen à Paris se déroule actuellement au cinéma Le Publicis, sur les Champs-Élysées. Projetant du court comme du long, il se termine ce mardi 5 novembre. Deux séances de courts métrages ont déjà eu lieu, hier et ce matin. Nous vous proposons d’assister à la dernière séance de courts métrages en compétition, ce lundi 4 novembre à 20h.

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Comme chaque année, le Festival du Film Coréen à Paris met en compétition l’ensemble des courts-métrages de sa section Shortcuts (3 programmes), dans le cadre du Prix FlyAsiana qui récompense le court-métrage le plus réussi et invite l’année suivante le lauréat à présenter l’ensemble de ses œuvres à Paris.

Shortcuts #3 : série de 6 court-métrages. Séance unique : lundi 4 novembre à 20h, salle 2

Programmation

– MJ de KIM Hee-jin, 2013 (22 min), Drame/Social

– Trunk de KIM hyeon-cheol, 2013 (13 min), Horreur/Comédie

– Sign de CHO Jae-min, 2013 (24 min), Drame/Film de guerre

– Living Things de JEONG Kyung-hee, 2013 (20 min), Anticipation

– Art Lecture de KIM hyekyung, 2013 (14 min), Comédie

– My Little Moon de KIM So-young, 2013 (6 min), Animation

Durée de la séance : 101′ – VOSTF

Infos pratiques

Publicis Cinémas, 129 av.des Champs Elysées
75008 Paris

Consulter le détail de la séance en ligne

Pour assister à cette séance, rien de plus simple : envoyez-nous un gentil e-mail avant lundi midi ! Nous avons 5 x 2 places à vous offrir !