La femme qui flottait de Thibault Lang-Willar

Avec un premier film complètement décalé, Thibault Lang-Willar, réussit à provoquer une tension nerveuse drolatique autour d’une morte étrangement tombée du ciel et d’un duo de comédiens à qui le bizarre et l’absurde siéent à merveille. « La femme qui flottait » est une comédie douce-amère. Le film nous transporte dans un drame étrange qui va conduire à un bouleversement des relations de voisinage entre deux quarantenaires hirsutes et enclins à des troubles aussi banals que gênants… très gênants.

D’un côté, on a un personnage de père célibataire campé par Philippe Rebbot (dont le potentiel comique n’est plus à prouver), sorte de grand échalas qu’on dirait tout droit sorti d’un film de Tati et qui semble fort fébrile dans l’attente de la visite imminente de son jeune fils. De l’autre, un personnage quelque peu poseur et arrogant, Mickael Abiteboul, qui traîne ses savates dans son salon moderne, classe, high-tech.

la-femme-qui-flottait

Entre les deux, une clôture, un bosquet qui sépare leurs pavillons avec piscines… Pas grand chose en somme, rien d’infranchissable. Surtout lorsque l’un d’entre eux trouve une femme morte qui flotte dans sa piscine et n’imagine de meilleure solution pour régler ce « problème » que de – discrètement – se débarrasser du corps chez son voisin ! Un comique de situation qui sonne le début d’une succession de réactions bizarres autant que drôles de la part des deux hommes.

Portant un regard ironico-cynique sur les travers de la société contemporaine, Lang-Willar se sert des nouveaux-outils-indispensables à notre quotidien (pour rester connecter, pour prouver qu’on fait bien partie d’une communauté) tels que le Smartphone ou l’alarme de piscine, et joue à démontrer toute la vacuité et le ridicule attachement que nous avons à ces choses.

Garder le contrôle, de soi, et a fortiori des autres, pourrait être une sorte de vœu pieu, de morale à ce film. Mais justement c’est lorsque les personnages sont dépassés par des évènements aussi exceptionnels qu’incongrus que Lang-Willar emporte les spectateurs. On rit de la situation bien sûr mais également des caractères de ces deux hommes bien allumés et fort dépourvus face à cette femme qui flotte. À travers ce film, et sous le couvert de la comédie, c’est une petite critique de la société individualiste et de plus en plus aseptisée qui nous est ainsi proposée.

Fanny Barrot

Consulter la fiche technique du film

Le film  est présenté au Festival de Clermont-Ferrand dans le cadre de la compétition nationale dans le programme F3

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *