Mademoiselle Kiki et les Montparnos d’Amélie Harrault

Même si ce n’est pas sa spécialité, le Festival de Clermont-Ferrand sélectionne année après année bon nombre de films d’animation, notamment en compétition nationale et en section labo. En épluchant le catalogue, « Cornée », « Tram », « Peau de chien », « Kali le petit vampire », « Fleuve rouge, Song Hong » ou « Edmond était un âne » nous reviennent en mémoire. Des nouveautés aussi surgissent, à l’instar de « Mademoiselle Kiki et les Montparnos », un premier film d’Amélie Harrault, concourant à la fois en compétition nationale et internationale.

Le film, conçu comme un docu-fiction animé, narre en moins d’un quart d’heure la vie de Kiki de Montparnasse, muse et icône de son époque, ayant fréquenté du bien beau monde (Utrillo, Kisling, Soutine, Cocteau, Modigliani, Hemingway, Man Ray, Desnos, …) en son temps, malgré des origines plus que modestes. Elevée chez sa grand-mère, avec d’autres enfants de l’amour non reconnus par leurs pères respectifs, elle s’affranchit de sa condition en commençant à devenir modèle, à poser pour les plus grands peintres avant-gardistes et à devenir peu à peu une dame acceptée et acceptable.

Avec ce premier film, Amélie Harraut, ancienne étudiante l’EMCA d’Angoulême, illustre de manière très originale différentes facettes et périodes de la vie de celle qui fut élue reine de Montparnasse. À chaque étape importante dans le parcours personnel et professionnel de Kiki, correspond une technique d’animation différente. L’enfance fait intervenir le dessin, l’insouciance des années folles propose une peinture aux couleurs vives, la rencontre avec Man Ray s’illustre en photos originales et en collages, les premiers pas américains s’accompagnent en vidéo, … . Face à cette multiplication de techniques et de souvenirs, le spectateur se laisse complètement envahir par la liberté et la joie de vivre de ce personnage haut en couleurs. Jusqu’au moment où sans s’en rendre compte, il le découvre vieux, seul et rondouillard : les années ont passé, la fleur a fané et il ne reste que les souvenirs.

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Film-hommage, « Mademoiselle Kiki et les Montparnos » doit bien évidemment beaucoup à la variété de son animation et à la richesse de ses références, mais l’intonation de la voix de Marie-Christine Orri et la musique originale d’Olivier Daviaud, le compositeur de « Bisclavret », sont deux apports tout aussi cruciaux au projet. Amélie Harraut a réussi à bien s’entourer et cela rejaillit sur son tout premier film professionnel.

Katia Bayer

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