Énigmatique, organique et fantastique, « Corpus » est un court-métrage d’animation de moins de 3 minutes réalisé par Marc Hericher, un ancien élève de l’École des Arts Décoratifs. En octobre dernier, le film avait remporté notre Prix Format Court au festival Court Métrange de Rennes, rejoignant ainsi nos précédents films primés en Bretagne : « A living soul » de Henry Moore Selder, « Fuga » de Juan Antonio Espigares, « Mamembre », de Christophe Feuillard, Sylvain Payen, Caroline Diot, Guillaume Griffoni, Clarisse Martin, Julien Ti-I-Taming et Quentin Cavadaski et « Danny Boy » de Marek Skrobecki.
Une valse se met en marche, un air d’orgue de barbarie se fait entendre. Comme guidée par une force inconnue, une bille métallique roule sur le sol. Elle se fraye un chemin au travers d’un ensemble d’objets disparates qui déclenchent une réaction en chaîne et qui auront une influence directe sur différents organes du corps humain : le cœur, une oreille, une colonne vertébrale, des poumons, un bras et enfin une mystérieuse main.
Rythmé par une musique que n’aurait pas renié la Famille Addams, le film de Marc Hericher mérite une attention particulière et un deuxième coup d’œil. Au-delà du « simple » effet domino, « Corpus » prend et surprend grâce à son rythme soutenu, ses notes d’orgue, son mouvement perpétuel, son étrange lien à l’organique et au mécanique.
De sa première à sa dernière seconde, de sa bille à sa main, « Corpus » questionne sur l’origine de la vie et les prémisses de la création, sur le lien mystérieux entre corps et machines, sur l’animé et l’inanimé. Ludiques et sombres, esthétiques et ingénieux, les plans de ce court, conçus plan par plan par Marc Hericher, semblent illustrer l’influence directe de la mécanique sur notre corps, comme si toute décision personnelle était guidée par un bouton inatteignable à l’être humain. Étrange, fascinant.
Synopsis : Une réaction en chaîne complexe actionne des organes humains qui prennent vie. Ce mécanisme engendre un acte de création. Mais cet acte libre est-il vraiment produit par une machine ?
Genre : Animation
Durée : 3’30
Pays : France
Année : 2015
Scénario, réalisation et animation : Marc Hericher
Bonne année @ tous ! Ce mois-ci, Format Court entame sa septième année au service du court métrage (bouchon !). Jeudi 14 janvier 2016, nous vous invitons à nous rejoindre dès 20h30 au Studio des Ursulines (Paris, 5ème) pour une nouvelle projection de courts belges, hollandais, allemands, italiens et français.
Cette soirée anniversaire sera marquée par la présence des équipes de « Chez moi » de Phuong Mai Nguyen, de « Varicella » de Fulvio Risuleo et de « In uns das universum » de Lisa Krane (Prix Format Court au Festival de Villeurbanne 2015). En guise de supers bonus, des croquis préparatoires du film « Chez moi » seront exposés à l’entrée des Ursulines et un verre offert ponctuera cette première séance 2016.
Programmation
In uns das universum de Lisa Krane. Fiction, 29′, 2015, Allemagne, Kunsthochschule für Medien Köln. Prix Format Court au festival de Villeurbanne 2015.En présence de la réalisatrice
Synopsis : Une malformation biologique étrange est détectée à l’intérieur du corps de Li, une jeune danseuse. Les docteurs sont désemparés et leurs recherches sur les causes possibles restent peu concluantes. Tandis que les spécialistes empiètent sur son corps, essayant d’examiner la plus petite molécule, Li refuse de voir sa condition comme « un défaut ».
Chez moi de Phuong Mai Nguyen. Animation, 12’, France, 2014, Papy3D Productions. Short-listé pour les Oscars 2016,présélectionné pour les Césars 2016.En présence de l’équipe
Synopsis : Hugo, six ans, rencontre pour la première fois le nouveau compagnon de sa mère… qui s’avère être un drôle d’oiseau.
Varicella de Fulvio Risuleo. Fiction, 14’, 2015, Italie, REVOK S.r.l., sélectionné à la Semaine de la Critique 2015, Prix du Jury au festival Séquence Court-Métrage de Toulouse 2015. En présence du réalisateur
Synopsis : La varicelle est inoffensive pour un enfant, mais elle peut être très dangereuse pour un adulte. Quand Maman l’apprend, elle s’inquiète pour son petit Carlo, qui ne l’a pas eue. Il grandit rapidement et il faut donc agir immédiatement. Elle doit trouver le moyen de le rendre malade. Mais qu’en pense Papa ?
Les voleurs de carte de Stéphane Aubier et Vincent Patar. Animation, 5′, 2002, Belgique, La Parti Production.
Synopsis : Pendant une parties de cartes, le jeu est volé. Les pistes mènent à l’étang du village, sous-lequel apparaît un monde parallèle, habité par des hommes-grenouilles et des poulpes étranges.
Shipwreck de Morgan Knibbe. Documentaire, 15’, 2014, Pays-Bas, Jos de Putter, Wink de Putter. Léopard d’argent & nomination aux European Film Award au festival de Locarno 2014
Synopsis : Le 3 octobre 2013, un bateau transportant 500 réfugiés érythréens, coulé au large de la côte de l’île italienne Lampedusa et plus de 360 personnes se sont noyées. Abraham, un des survivants, se promène dans un cimetière d’épaves et se souvient de cette expérience cauchemardesque. Pendant ce temps, au port, des centaines de cercueils sont chargés sur un navire militaire.
Wind de Robert Löbel. Animation, 4′, Allemagne, 2013, Université de sciences appliquées d’Hambourg (HAW). Grand Prix du Jury ex aequo au festival d’Angers 2015
Synopsis : Wind est un film d’animation qui montre la vie quotidienne d‘une population vivant dans un pays très venteux. Néanmoins, ces habitants ont bien appris à faire face à ces conditions de vie hostiles. Le vent crée un système de vie naturel.
– Jeudi 14 janvier 2016, à 20h30, accueil : 20h. Durée de la séance : 79′
– Studio des Ursulines : 10 Rue des Ursulines, 75005 Paris
– Accès : RER B Luxembourg (sortie rue de l’Abbé de l’Épée), Bus 21, 27 (Feuillantines), 38 ou 82 (Auguste Comte), 84 ou 89 (Panthéon). Métro le plus proche : Ligne 7, arrêt Censier Daubenton (mais apprêtez-vous à marcher un peu…)
– Entrée : 6,50 €
– Réservations vivement recommandées : soireesformatcourt@gmail.com
– Event Facebook : ici !
Après avoir exercé au Festival Entrevues de Belfort, Catherine Bizern est devenue Directrice artistique du Jour le plus Court. L’an passé, elle a monté un programme de films autour du thème de la paix, cette année, elle s’est intéressée à celui de l’insolence. Nous l’avons rencontrée à l’occasion du « Cinéma, c’est jamais trop court », fin décembre au Carreau du Temple, à Paris. Entretien autour de l’exigence, des frontières, du cinéma et de la programmation.
Lorsqu’une des étoiles les plus brillantes quitte le firmament cinématographique, nous ne pouvons que nous féliciter de l’avoir vue filer. L’annus horribilis qu’a été 2015 sur tous les plans n’a pas épargné le septième art, le décès de Chantal Akerman signalant la disparition d’une des plus grandes artistes de nos jours. Cinéaste, académicienne et vidéaste, Akerman a laissé derrière elle un vaste œuvre comprenant autant de courts métrages que de longs, de documentaires que de films de fiction, des bijoux uniques, indéfinissables et inclassables.
Son cinéma, on sera tenté de le qualifier en grande partie d’expérimental, faute d’une catégorisation plus appropriée. Frôlant les frontières entre films et essais personnels, ces œuvres sont imprégnées de la marque de l’auteure, indépendamment du sujet ou du genre, au point de paraître obscures voire inaccessibles à d’aucuns. Pourtant les cinéphiles y voient la plus grande éloquence. Les nombreux thèmes qui traversent sa filmographie tels des fils rouges portent une dimension autobiographique et livrent le portrait intime d’une personnalité fragile et hautement sensible.
Tout commence en 1968 lorsque la jeune Akerman, impressionnée par le cinéma de Godard, réalise son premier court métrage, « Saute ma ville ». D’emblée, la volonté de réaliser « à tout prix » s’affirme. Mais on y trouve déjà une fascination pour le glauque, la mort, le néant, récurrence constante de son œuvre. Se mettant elle-même en scène (procédé qu’elle favorisera dans les premières années, sans qu’on puisse y voir un narcissisme quelconque), la jeune fille de 18 ans rabâche la mélodie du Tambourin de Rameau à n’en plus finir, tout en orchestrant l’explosion de son appartement.
Le cinéma d’Akerman, on le définira aussi (à tort ou à raison ?) comme féminin voire féministe, le premier terme étant quasi un pléonasme et le deuxième une catégorisation parfois problématique car réductrice. Quoi qu’il en soit, tout au long de sa carrière, l’artiste installera un jeu sophistiqué entre l'(auto-)sujet et le spectateur. Ce faisant, elle détourne et déconstruit le gaze, ce regard dominateur qui dans l’histoire du cinéma a toujours visé l’objectification du sujet féminin et dont un Hitchcock serait le parfait exemple.
Akerman approfondit ce procédé davantage dans son deuxième court métrage (en réalité un dyptique de deux courts), « La Chambre » sorti en 1972. Minimaliste à souhait, ce plan-séquence (autre fétiche de l’auteure) lentissime montre de mutiples panoramiques à 360°. Au-delà du symbolisme sexuel de ce mouvement circulaire et cyclique, l’enfermement du personnage circonscrit également le spectateur dans un huis clos sans issue. Confronté à cette femme qui, alitée, fixe la caméra en croquant une pomme, on se demande qui regarde et qui est regardé, qui domine et qui est dominé. Même en l’absence totale de toute narration au sens convenu, on peut parler d’une vraie protagoniste conformément au schéma actantiel.
« La Chambre » marque un pas vers un nouveau langage cinématographique, celui d’un féminisme affirmé avec les consonances émancipatrices d’une Maya Deren. Ce qui donnera naissance aux plus grandes fictions de sa première période, « Jeanne Dielman, 23, Quai du Commerce, 1080 Bruxelles » en 1975 et « Je, tu, il, elle » un an plus tard. Le premier est un testament monumental du quotidien insoupçonné d’une femme au foyer alors que le second est une quête existentielle contrapuntique, une exploration tourmentée de la sexualité et la confrontation entre identité et altérité. Dans les deux cas, comme dans « La Chambre », la représentation de la féminité est étroitement liée à la durée, que la réalisatrice impose avec brio, obligeant le spectateur à subir des rythmes lents entièrement incompatibles avec le cinéma dit de divertissement.
Avec ce recours résolu au temps et à l’action réels, le geste n’est plus un simple acte narratif, il sort de son artifice pour devenir une affirmation puissante. Confiné dans le huis clos et emprisonné dans l’attente parfois interminable et sans véritable finalité, le geste devient l’expression de l’ennui le plus profond qui seul permet les vraies vues de soi, comme l’énonçait Heidegger. Loin de l’absurde de Beckett, nous sommes ici à cheval entre l’angoisse moderniste d’un Antonioni et l’abandon post-moderne d’un Jarman.
Le post-modernisme ne tardera pas non plus à apparaître dans les films, avec les somptueux tableaux des années 80 comme seule Akerman pourrait dresser – le portrait allègre d’une ville dans « Toute une nuit » ou les incursions hasardeuses dans le monde de la comédie musicale avec « Les Années 80 » et « Golden Eighties ». L’Akerman des années 80 ose tout et son univers est celui de la fraîcheur, de la jeunesse et de l’amour. C’est dans ce contexte qu’elle réalisera son court métrage « J’ai faim, j’ai froid », sketch appartenant au film collectif « Paris vu par… 20 ans plus tard ». Ici, la portée narrative est plus saisissable sans pour autant être mainstream. Les aventures attendrissantes et naïves de ses deux protagonistes (de 18 ans comme celle de « Saute ma ville ») qui cherchent à grandir et à trouver l’amour ne sont-elles pas une sorte d’évasion face à l’ennui ?
Loin du cinéma fignolé, la fiction d’Akerman telle qu’on la perçoit dans « J’ai faim, j’ai froid » est dotée d’une artificialité manifeste, qui provoque une certaine distanciation. Maîtrisant le médium filmique, elle assume pleinement ce côté apparemment bancal. C’est d’ailleurs ce qui engendrerait dans les années 90 et 2000 de grands succès commerciaux comme le délicieux blockbuster hollywoodien « Un divan à New York », ou encore « La Captive », ce dernier étant souvent cité comme l’une des plus louables et convainquantes adaptations du magnum opus de Proust à l’écran.
Dans sa dernière période, même si Akerman s’est éloignée du format court, montrant plutôt un penchant pour les documentaires très personnels, son style particulier n’a pas changé depuis ses premiers films. On pense notamment à « Là-bas » qu’elle réalise tant bien que mal en 2006 en réponse à une commande sur le conflit israélo-palestinien qu’elle a refusé d’aborder ouvertement, préférant à nouveau se confiner (ainsi que sa caméra) derrière les murs de son appartement à Tel Aviv et rendant ainsi compte de la situation politique ressentie d’autant plus fort par le non-dit. Finalement, « No Home Movie » est le chant du cygne que l’artiste centre sur sa mère, dont le décès précéda de près la mort d’Akerman elle-même.
Marc Hericher est un jeune réalisateur dont le travail oscille entre fiction et expérimentation. Diplômé des Arts Décoratifs de Paris en 2008, il y a étudié le cinéma d’animation. En 2015, il réalise « Corpus » court métrage d’animation 3D récompensé par le Prix Format Court au festival Court Métrange cette année.
À travers ses films, Marc Hericher nous balade souvent entre deux mondes, entre réalité et imaginaire. Par l’utilisation de la 3D, la différentiation entre prise de vue réelle et animation est difficilement perceptible, ce qui lui permet davantage de faire dialoguer ces deux notions si opposées qu’il aime mettre en scène.
« Dans la joie et la bonne humeur » de Jeanne Boukraa a remporté l’an passé le Grand Prix au Festival Premiers Plans d’Angers avant d’être sélectionné au dernier festival Court Métrange de Rennes. En moins de 6 minutes, le film parcourt les étapes phares de l’évolution de notre espèce depuis le moment où les scientifiques découvrent la clé de l’immortalité jusqu’à celui où, contre toute attente, l’espèce humaine est menacée d’extinction…
Pour introduire le sujet sans détour, un commentaire explique que le gène de la régénération a été découvert dans une petite méduse, la Turritopsis Nutricula. Immédiatement incorporé à l’ADN de la population, le précieux gène vient corriger un défaut tenace de l’espèce humaine : l’homme souffrait, il ne souffre plus, l’homme mourrait, il ne meurt plus.
Cette introduction délimite judicieusement la grille de lecture du métrage, le commentaire scrupuleux et détaché apparait comme l’énoncé d’une expérience dont le sujet d’étude est notre espèce, le catalyseur la manipulation génétique, le spectateur le témoin de la réaction génétique, et la problématique une simple question : qu’advient-il de notre espèce si l’on en modifie les gênes ? Depuis notre siège, nous devons donc en toute objectivité comparer les humains du film à l’humain que nous sommes et confronter les résultats de l’expérience.
La première étape de l’expérience se concentre sur un individu isolé que l’on observe de l’enfance au troisième âge. Par ellipses, un enfant ordinaire devient un adolescent plein de vie qui devient un homme mature qui devient un vieil homme très âgé. Rien d’inhabituel jusque à ce stade. Mais puisque l’homme ne meurt plus, c’est ici que l’expérience prend tout son sens : qu’arrive-t-il après la vieillesse ? L’ellipse qui suit apporte une réponse inédite lorsque le vieil homme, plutôt que du trépas, mute physiquement à mi-chemin de l’homme et de la méduse. C’est une conséquence monstrueuse. Mais qui ne dure qu’un temps. Le sujet de l’expérience revient à son point de départ, l’homme-méduse redevient l’enfant qu’il était en début de séquence, à l’aube de sa vie.
La boucle est bouclée, l’ordre naturel renversé, le spectateur ne témoigne pas seulement de la vie d’un homme en trente secondes, il découvre le cycle de la vie de notre espèce réduit à l’échelle d’un seul individu. Un cycle perverti que Jeanne Boukraa synthétise judicieusement par une allégorie forte, l’homme de l’expérience tourne en rond, évoluant sans cesse de la forme humaine à celle de la méduse, il vieillit, mute, rajeunit, puis vieillit, mute, etc. Conclusion : manipuler l’ADN a modifié l’apparence physique et le développement naturel de l’homme. Fort heureusement, l’humanité ne se limite pas au simple critère physique, elle s’exprime aussi dans les relations sociales.
Jeanne Boukraa lance alors la deuxième étape de l’expérience, l’homme est étudié dans son environnement social, au cours de ses échanges avec ses comparses. Au bureau, dans la cuisine, dans la rue, les moments de vie s’enchaînent, de façon que le spectateur puisse constater la progression des rapports sociaux. Nous observons des accidents domestiques, des altercations, des conflits de toutes sortes, et doucement, inexorablement, l’attitude des hommes change. Devenus invincibles, ils s’adonnent volontiers à des violences sur eux-mêmes comme sur leurs camarades. La violence devient anecdotique, c’est un moyen, un plaisir, et même un passe-temps.
Sans rien spoiler de la chute, nous pouvons tirer les conclusions de l’expérience de Jeanne Boukraa. Tout d’abord, la vulnérabilité de l’espèce humaine, fruit de sa génétique, loin d’être un défaut coriace sous-tend au contraire un système de valeur salutaire qui prohibe toute violence et vise au bien-être de tous. La thèse n’est pas nouvelle, mais il est toujours utile de la rappeler de façon intelligente, et Jeanne Boukraa s’y attèle de manière simple et pertinente.
Ensuite, « Dans la joie et la bonne humeur » dépoussière une idée précieuse que l’on avait retenu du « 2084 » de Chris Marker : si le cinéma peut témoigner du passé et du présent, peut-il visiter le futur ? Peut-on faire des « prévisions cinématographiques » ? C’est évidemment peu probable mais si l’expérience scientifique réalisée dans le film devait être reproduite dans des circonstances réelles, arriverait-on au même résultat sordide ? Ici réside tout l’intérêt des hypothèses « grise », « noire » et « bleue » du métrage de Chris Marker comme de celle unique et judicieuse que pose Jeanne Boukraa en début de pellicule.
Le rapprochement des deux œuvres n’est pas une digression, leurs constructions sont proches : ils ont en commun le commentaire d’ouverture, l’énoncé des hypothèses, un thème qui déborde largement le cadre du film, la prévision d’un futur possible et pas franchement glorieux… Jeanne Boukraa fait tout du long écho à l’œuvre de Marker. Dans « 2084 », à la question « Qu’est-ce que je n’aime pas ? » le premier homme interrogé répond : « La Mort ». Il a de la chance, c’est aussi le mot qui ouvre « Dans la joie et la bonne humeur », et « La Mort » y est vaincue, annulée, elle n’existe plus, elle est devenue impensable, il n’y a donc plus aucune aucune raison de ne pas l’aimer. Mais, après avoir observé les conséquences d’une vie sans « Mort », comme nous avons pu le voir, aurait-il corrigé sa réponse ?
Synopsis : Dans ce documentaire expérimental, nous observons, à travers des scènes du quotidien, les dégénérescences d’une société où la technologie grandissante à permis de réaliser le rêve ultime de tous les hommes : L’immortalité.
Vous êtes nombreux à avoir participé à notre Top 5 des meilleurs courts métrages lancé il y a 10 jours sur notre site internet. Voici les films que vous avez le plus apprécié cette année.
« Le Repas dominical » de Céline Devaux (Sacrebleu Productions) est le court métrage que vous avez préféré cette année : le film a remporté le plus de voix à notre Top 5.
5 films ex aequo font également partie de votre Top : « Notre Dame des hormones » de Bertrand Mandico (Ecce Films), « La Contre-allée » de Cécile Ducrocq (Année Zéro), « Ton coeur au hasard » de Aude Léa Rapin (Les Films de la Croisade), « Errance » de Peter Dourountzis (Année Zéro) et « Des millions de larmes » de Natalie Beder (Yukunkun Productions).
Après 40 ans de service, Roland Nguyen, ancien responsable du court métrage à France 3 puis à France Télévisions, n’est pas prêt de lâcher la forme courte. Toujours membre du comité court aux César, script doctor, coordinateur du comité d’experts du prix Polar SNCF, il est désormais Président de l’association Faites des Films, Fête des Films, à l’origine du « Cinéma, c’est jamais trop court » s’étant déroulé ce weekend au Carreau du Temple. Entretien autour des anges gardiens du court métrage, de l’opportunité du web, de la sincérité et de l’art de raconter des histoires.
Avant la réalisation de son dernier court métrage « Corpus » (récompensé au festival Court Métrange 2015, par le prix Format Court), le travail de Marc Hericher s’organisait autour d’une dualité qui structurait l’espace visuel et narratif de ses films. Une dualité entre deux mondes : le réel et le fantasmé.
« 25/75 Carcan », son tout premier film réalisé en 2006, alors qu’il était étudiant à l’École des Arts Décoratifs de Paris, est un condensé de tout ce qui fera la richesse de son futur travail. Ce court métrage en stop motion de 3 minutes s’ouvre sur la traversée énigmatique d’une ligne blanche qui vient départager l’écran en deux quantités : 25 et 75.
Puis, le décor du film se révèle face à deux pièces dont la superficie de chacune reprend les valeurs déterminés par cette ligne. Le cadre reste fixe. Pas de mouvement de caméra, ici c’est la scénographie du décor qui nous raconte une histoire. Un vieil homme sur un fauteuil roulant entre dans un vestibule exigu. Triste constat que sa vie : il tient à peine dans l’espace de la pièce tant son fauteuil est encombrant.
Comme pour s’échapper au 25 % de réalité dans lequel il est enfermé, le sommeil devient une échappatoire : il s’endort brusquement. Les 75 % restants du décor s’illuminent alors, révélant une autre pièce plus grande, lieu du déploiement de son rêve. Dans une mise en abyme visuelle, un écran de ciel se déploie à l’intérieur même de cette pièce, démultipliant l’espace. Pendant un court instant, le vieillard rêve et nage gracieusement dans ce qu’il croit être un océan de ciel infini.
La force de ce court métrage tient dans l’habileté à faire tenir autant d’espaces dans un cadre aussi exigu qu’une boîte à chaussures. Chacun de ces espaces interroge sur la place que l’on donne dans notre vie au rêve et à la réalité. Espaces qui semblent autant infinis que factices et restreints.
Par la suite, cette ligne blanche qui introduit l’action dans « 25/75 Carcan » prendra pleinement son sens dans son film de fin d’études, « Ollo » (2008). Elle deviendra l’enjeu narratif : que se passe-t-il lorsque l’espace du réel empiète sur celui du fantasme, jusqu’à le rendre inexistant ?
Dans le travail de Marc Hericher, il y a ce que l’on pourrait appeler des forces supérieures et invisibles, qui contrôlent les actions présentées à l’écran. Les espaces de réalités et de rêves semblent être délimités par cette ligne blanche dans un but précis. D’abord pour comparer ces deux mondes, puis pour dénoncer l’empiétement souvent fatal du réel sur l’imaginaire. Cette disparition progressive nous mène vers une réflexion : il est important d’avoir en tête un lieu imaginaire dans l’espace de notre réalité, comme un coin de repli intérieur. Sans quoi l’unique échappatoire au monde réel deviendra, à l’image du dernier plan de « Ollo », une minuscule fenêtre ouverte sur un coin de ciel, dans un grenier délabré.
« Corpus » son tout dernier court métrage représente une certaine rupture avec ces films précédents. Il n’y est plus question d’opposition, d’empiètement. Au contraire, c’est une installation où corps et machines se répondent de manière harmonieuse et chorégraphique.
Et pourtant cette installation filmée est déterminée là encore par un geste invisible à l’image. Une bille entre dans le cadre sous une impulsion mystérieuse, pour venir déclencher l’installation mécanique. Ce mouvement peut s’interpréter d’une multitude de manières. Peut-être est-ce la présence cachée du réalisateur, qui souhaite secrètement donner l’impulsion nécessaire à sa création ?
Depuis 6 ans, les membres de Format Court se prêtent à l’exercice du Top 5 des meilleurs courts métrages de l’année, à l’instar des autres revues et sites web dédiés au long-métrage. Rituel oblige, voici les films de l’année qui ont marqué l’équipe de Format Court.
Pour rappel, vous avez jusqu’au mercredi 23/12 inclus pour nous envoyer par mail vos propres Top en nous précisant vos 5 coups de cœur de l’année, tous pays et genre confondus, par ordre de préférence, en n’oubliant pas de mentionner leurs réalisateurs et leurs pays. Beaucoup de Top nous sont déjà parvenus, n’hésitez pas à participer également ! Les résultats des votes seront publiés dans les prochains jours sur notre site.
En attendant, voici d’ores et déjà le Top 5 de l’équipe de Format Court…
Sylvain Angiboust
1. Le Repas dominical de Céline Devaux, France
2. Mur de Andra Tévy, France
3. Azurite de Maud Garnier, France
4. Sanjay et sa super équipe de Sanjay Patel, États-Unis
5. Mademoiselle de Guillaume Gouix, France
Fanny Barrot
1. Leftover de Tibor Banoczki et Sarolta Szabo, France
2. Washingtonia de Konstantina Kotzamani, Grèce
3. Le Park de Randa Maroufi, France
4. Porn Punk Poetry de Maurice Hübner, Allemagne
5. Notre-Dame des Hormones de Bertrand Mandico, France
1. World of Tomorrow de Don Hertzfeldt, États-Unis
2. De Smet de Wim Geudens et Baerten Thomas, Pays-Bas
3. Notre-Dame des Hormones de Bertrand Mandico, France
4. 12th Assistant de Jae-Hyun Jang, Corée du Sud
5. Démontable de Douwe Dijkstra, Pays-Bas
Marie Bergeret
1. Shipwreck de Morgan Knibbe, Pays-Bas
2. Onder ons de Guido Hendrickx, Pays-Bas
3. On The Other Side of The Woods de Anu-Laura Tuttelberg, Estonie
4. Nova Dubai de Gustavo Vinagre, Brésil
5. Aïssa de Clément Tréhin-Lalanne, France
Juliette Borel
1. Fan Fan de Chia-Hsin Liu, Taiwan
2. Quelques secondes de Nora El Hourch, France
3. Untitled de Damien Collet, Belgique
4. Port Nasty de Rob Zywietz, Royaume-Uni, Angleterre
5. Kanun de Sandra Fassio, Belgique
Clément Beraud
1. Rearranged de Ewa Górzna, Finlande
2. In uns das Universum (L’univers en nous) de Lisa Krane, Allemagne
3. Le Repas dominical de Céline Devaux, France
4. Stella Maris de Giacomo Abbruzzese, Italie
5. Mi ne mozem zhit bze kosmosa (la tête dans les étoiles) de Konstantin Bronzit, Russie
1. Nova Dubai de Gustavo Vinagre, Brésil
2. The Mad Half Hour de Leonardo Brzezicki, Argentine, Danemark
3. In Waking Hours de Sarah & Katrien Vanagt, Belgique
4. Shipwreck de Morgan Knibbe, Pays-Bas
5. I’m in Pittsburgh and It’s Raining de Jesse McLean, États-Unis
Agathe Demmanneville
1. Z Lozka Powstales (From Bed Thou Arose) de Bartek Konopka, Pologne
2. If Mama Ain’t Happy Nobody’s happy de Mea de Jong, Pays-Bas
3. Archipels, granites dénudés de Daphné Hérétakis, France, Grèce
4. Larp de Kordian Kądziela, Pologne
5. In de Naam Van de Kater (In God we trash) de Thijs de Block, Belgique
Xavier Gourdet
1. Le Park de Randa Maroufi, France
2. Panorama de Gian Luca Abbate, Italie
3. The Exquisite Corpus de Peter Tcherkassky, Autriche
4. Tehran-Geles de Arash Nassiri, France
5. Le Repas dominical de Céline Devaux, France
Aziza Kaddour
1. Moonkup – Les Noces d’Hémophile de Pierre Mazingarbe, France
2. F430 de Yassine Qnia, France
3. 8 balles de Frank Ternier, France
4. Hillbrow de Nicolas Boone, France
5. Limbo Limbo Travel de Zsuzsanna Kreif et Borbála Zétényi, France, Hongrie
Nadia Le Bihen-Demmou
1. Tigres à la queue leu leu de Benoît Chieux, France
2. Hillbrow de Nicolas Boone, France
3. F430 de Yassine Qnia, France
4. Black Diamond de Samir Ramdani, France
5. Le dernier des céfran de Pierre-Emmanuel Urcun, France
Mathieu Lericq
1. Hosanna de Na Young-kil, Corée du sud
2. Les passages secrets de Leslie Lagier, France
3. Dokument de Marcin Podolec, Pologne
4. Livreur de Vladilen Vierny, France
5. Nova Dubai de Gustavo Vinagre, Brésil
Zoé Libault
1. Onder ons de Guido Hendrickx, Pays-Bas
2. Ecosistema de Iara Udijara y Tomás Raimondo, Argentine
3. Dinner for few de Nassos Vakalis, Grèce
4. Sous tes doigts de Marie-Christine Courtès, France
5. Nieuw de Eefje Blankevoort, Pays-Bas
Julián Medrano Hoyos
1. La Légende Dorée de Olivier Smolders, Belgique
2. Antonio, lindo de Antonio de Ana Maria Gomes, France
3. Vous voulez une histoire ? de Antonin Peretjatko, France
4. Le Repas dominical de Céline Devaux, France
5. Roadtrip de Xaver Xylophon, Allemagne
1. Les Vendéennes de Frédéric Bayer-Azem et Johan Michel, France
2. Le Cœur de Olivier Guidoux, France
3. Archipels, granites dénudés de Daphné Hérétakis, France, Grèce
4. Les rues de Pantin de Nicolas Leclere, France
5. IEC Long de Joao Pedro Rodrigues et Joao Guerra da Mata, Portugal
Le Jour le plus court s’achève ce soir. Après vous avoir donné rendez-vous hier aux Ursulines (salle pleine, bouchon !), voici nos deux derniers films en ligne issus de la programmation de cette année, « Que c’est bon l’insolence ! » : « Dialogue au sommet » de Xavier Giannoli et « Petite Blonde » de Emilie Aussel.
Vous avez jusqu’à ce soir, minuit, pour les voir, partager, commenter. Ces deux films, tout comme « En pleine forme » de Pierre Etaix, « La Force des choses » de Alain Guiraudie, « Le Loup blanc » de Pierre-Luc Granjon et « Molii » de Carine May, Yassine Qnia, Hakim Zouhani et Mourad Boudaoud ne seront plus visibles en streaming sur notre site, pour des raisons de droit. Plus que quelques heures pour en profiter !
Dialogue au sommet de Xavier Giannoli (fiction, 7′, 1995, France)
Un ouvrier et son patron sont prisonniers l’un de l’autre à 80 mètres au-dessus du sol.
Petite Blonde de Emilie Aussel (fiction, 15’30 », 2013, France)
Marseille, l’été. Un jeune caïd et sa bande, des adolescents issus des quartiers populaires, passent leurs après-midi sur une plateforme de la corniche. Ils paradent, parlent fort, se baignent et sautent des rochers, du plus haut possible.
À Format Court, nous avons pour habitude de diffuser bon nombre de courts-métrages en salle et sur le net (à ce sujet, connaissez-vous notre vidéothèque forte de plusieurs centaines de films ?).
À l’occasion du Jour le plus court et en prévision de notre séance – gratuite – de ce soir dédiée à la manifestation (rendez-vous aux Ursulines à 20h30), nous diffusons depuis hier plusieurs films en ligne issus de la programmation de cette année, « Que c’est bon l’insolence ! ».
Ces films (6 au total, à raison de 2 par jour) sont visibles dans leur intégralité jusqu’à demain, dimanche 20 décembre 2015.
Après vous avoir proposé hier « En pleine forme » de Pierre Etaix et « La Force des choses » de Alain Guiraudie, voici nos deux nouveaux courts à consommer sur place ou à emporter : « Le Loup blanc » de Pierre-Luc Granjon et « Molii » de Carine May, Yassine Qnia, Hakim Zouhani, Mourad Boudaoud, deux films malicieux liés à l’enfance.
D’un côté, un conte atypique en papier découpé, aux forêts sombres et aux enfants rêveurs et imaginatifs. De l’autre, une comédie tournée de nuit dans une piscine, par quatre copains réalisateurs, désireux de filmer le cauchemar d’un apprenti gardien, confronté à une bande d’intrus hauts comme trois pommes.
A demain pour nos deux derniers films !
Le Loup blanc de Pierre-Luc Granjon (animation, 8’10″, 2006, France, Sacrebleu Production)
Un enfant réussit à apprivoiser un gros loup blanc pour en faire sa monture. Son petit frère et lui sont ravis. Mais pour nourrir sa famille, le père ramène de la chasse un gibier plus gros que d’habitude, un loup blanc…
Molii de Carine May, Yassine Qnia, Hakim Zouhani, Mourad Boudaoud (Fiction, 13’, 2013, Les Films du Worso, France).
Steve a la vingtaine bien tassée. Ce soir-là, il doit remplacer son père, gardien de la piscine municipale. Tout se passe comme prévu, jusqu’au moment où le jeune homme entend des bruits inhabituels.
Comment fêter vingt années de compétition de courts métrages ?
L’Étrange Festival y a répondu de la meilleure des manières au mois de septembre, en proposant une ribambelle de courts métrages, dont un sixième programme compétitif, deux séances rétrospectives spéciales, ainsi que de multiples surprises, disséminées à travers l’entière programmation. En inlassables découvreurs de nouvelles formes courtes, nous avons arpenté tous les recoins de cette profusion de films pour vous en ramener un bon aperçu.
Programme 1 : My sweet gore
Rentrons tout de suite dans le vif du sujet avec le premier programme de courts métrages composé de six films ayant pour point commun un appétit certain pour le sang ! Parmi cette sélection, deux d’entre eux nous ont particulièrement tapé dans l’œil.
Gummifaust de Marc Steck (Allemagne – 9’ – 2014 – Fiction)
Un “éminent” représentant de la critique théâtrale vient assister à une représentation moderne du Faust de Goethe. Prenant place dans l’auditoire, il s’aperçoit vite que son voisin vient lui aussi voir la pièce pour la chroniquer. Mais contrairement à son aîné, le jeune “hipster-chroniqueur” sévit sur les réseaux sociaux. Sans surprise, le courant ne passe pas très bien entre eux. Chacun profite de l’occasion pour se jauger. La pièce commence mais cela n’empêche pas le critique à l’âge respectable de livrer à son jeune collègue ses impressions à haute voix, critiquant en direct les choix de mise en scène et le jeu des comédiens. Un incident sur scène va décupler sa fougue, révélant ainsi tout le ressentiment accumulé des années durant, jusqu’au délire.
Dans cette comédie efficace et bien menée, chacun en prend pour son grade, et l’on assiste non sans amusement à un petit jeu de massacre qui prend tour à tour possession de la scène puis du public sans que personne, mis à part le critique “expérimenté”, ne sache vraiment ce qui se passe devant leurs yeux. Porté par la prestation de Butz Ulrich Buse (le critique du XXème siècle), « Gummifaust » est un film à l’ironie bienveillante et à l’humour gentiment vachard.
Kaiken jälkeen de Pekka Sassi (Finlande – 29’ – 2014 – Fiction)
On entre dans ce film comme dans un tunnel sans lumière. Ici, pas de faux-semblants : la vie a déserté les lieux. Dans ce no man’s land, deux garçons taciturnes tentent pourtant de survivre. Ils s’affairent à charger de lourds sacs blancs au contenu en décomposition sur des tapis roulants au milieu d’une gigantesque usine transformée pour la circonstance en incinérateur. Grâce à un noir & blanc impeccable et à des cadres soignés, le chaos à l’écran se met à rayonner. De temps à autre, une voix off vient apporter une réflexion qui entre en résonnance avec le paysage post-apocalyptique qui s’étend à perte de vue. Le son et la musique d’inspiration industrielle tiennent également une place de choix dans le dispositif et contribuent à l’atmosphère “fin du monde” qui émane du film.
Une entité que l’on pourrait qualifier d’ange (de la mort) vient brutalement troubler la routine protectrice des deux survivants. Après une lutte acharnée, ceux-ci parviennent difficilement à prendre le dessus. Avant de s’apercevoir que ce n’est probablement pas une attaque isolée…
Plutôt habitué aux films expérimentaux peu narratifs (visibles ici), Pekka Sassi – le réalisateur – nous donne à voir un court métrage en forme d’ode désenchantée et lumineuse à la joie d’être simplement en vie, quand tout autour de soi n’est que désolation.
Programme 2 : Et si c’était vrai ?
Ce deuxième programme brouille les cartes d’entrée de jeu et cherche à jeter le trouble dans les esprits en jouant sur la véracité des images et le décalage suscité chez le spectateur. Voici deux belles propositions provenant de cette sélection.
Sea Devil de Brett Potter (Etats-Unis – 12’30 – 2015 – Fiction)
Un pêcheur fait dans l’immigration illégale. Contre quelques billets, il accepte de prendre sur son bateau un père et sa fille qui souhaitent entrer clandestinement sur le sol américain. Plutôt que de les amener directement aux abords des côtes, le passeur impose à ses passagers une petite partie de pêche, sachant bien sûr qu’ils ne sont pas en mesure de décliner l’invitation. La nuit tombe et la faune marine s’éveille. Dans des plans qui ne sont pas sans rappeler ceux du documentaire Leviathan, le centre de gravité bascule en quelques plans et l’on aperçoit du fin fond de l’eau le petit bateau de pêche à la surface de la mer. Là où le documentaire nous fait plonger en apnée et recherche l’immersion totale jusqu’à devenir parfois abstrait, Bret Potter, le réalisateur, choisit plutôt de faire surgir des profondeurs une sorte de fantôme, que l’équipage hisse péniblement à bord. Tous sont sidérés par la vision qui s’offre à eux : un homme démembré, dont le corps est parsemé de coquillages, respire avec grande difficulté. Ces premiers mots sont pour “ses sauveurs” : “Remettez-moi à l’eau ! Nous sommes tous morts.” Que faire ? Tous se posent la question et la peur se lit sur les visages. Soudain une clameur venue du fin fond de la mer retentit, et comme s’il avait entendu un chant morbide scandé par des sirènes, le capitaine se jette à l’eau…
« Sea Devil » est un premier court métrage dense et âpre qui utilise notamment les codes du film de genre pour les mettre au service de la dimension politique du film : le sort tragique de ces femmes et de ces hommes aux quatre coins de la terre, forcés de quitter leur pays pour tenter de survivre.
De Schnuuf de Fabian Kaiser (Suisse – 10’40 – 2015 – Documentaire)
« De Schnuuf » (“Le Souffle” en français) est un documentaire signé Fabian Kaiser. Du souffle, il en faut aux jeunes pompiers filmés pour traverser les épreuves qui se présentent à eux. Univers clos, combinaisons hermétiques et plongée au plus près des flammes : la caméra de Fabian Kaiser se fait le témoin des conditions extrêmes auxquelles beaucoup de pompiers sont tôt ou tard confrontés.
A travers ce véritable parcours du combattant, les inspirations et les expirations de ces hommes deviennent un point de repère. L’omniprésence de cette respiration est toutefois ambivalente. D’un côté, elle met l’accent sur la robustesse des corps tout en attirant notre attention sur ce qui pourrait se passer si l’oxygène venait à manquer. C’est là une des forces de ce film : faire surgir le danger alors qu’il n’est pas encore présent. Le réalisateur ne se contente pas de filmer des apprentis pompiers en train d’apprendre leur futur métier, il sublime par le cadrage et le montage ce qui semble se passer dans la tête de ces hommes. Pendant onze minutes, il parvient à donner une coloration moins réaliste et plus intérieure à cet ensemble d’impressions, comme une invitation à se mettre dans la peau de ces “soldats du feu”.
Programme 3 : In & Out ?
Ce troisième programme navigue entre deux eaux. Dans les sept films proposés, si la comédie se taille la part du lion, la grande faucheuse n’est jamais très loin. Morceaux choisis.
De Smet de Wim Geudens et Baerten Thomas (Pays-Bas – 14’50 – 2014 – Fiction)
Trois hommes, trois maisons, une seule organisation : les frères De Smet organisent leur existence comme une horloge suisse. La vie est un long fleuve tranquille pour ces célibataires endurcis, jusqu’au jour où une nouvelle voisine vient s’installer de l’autre côté de la rue…
Porté par un excellent trio d’acteurs – Sven de Ridder, Stefaan Degand et Tom Audenaert, « De Smet » est une comédie à l’humour pince-sans-rire, qui met en scène, avec fantaisie et truculence, le quotidien routinier de trois frères. La musique entêtante et les décors soignés contribuent aussi à l’ambiance et au ton enlevé de ce court-métrage. Le duo de réalisateurs use et abuse d’un mélange détonnant d’influences cinématographiques complémentaires. Il y a d’abord le souci du détail, la minutie du cadrage et la précision de la mise en scène des films de Wes Anderson (« La famille Tenenbaum », « A bord du Darjeeling Limited», « The Grand Budapest Hotel »…). Puis il y a également le penchant pour l’absurde, la poésie là où on ne l’attend pas et un goût certain pour les plans qui s’inscrivent dans la durée comme l’affectionne particulièrement Roy Andersson dans ses propres films (« Chansons du 2e étage », « Nous, les vivants »…). La synthèse de ces choix de réalisation donne un film haut en couleur sur l’ennui organisé de trois hommes que Wim Geudens et Baerten Thomas parviennent à rendre captivants et drôles. « Granache ! »
Ramona de Andrei Cretulescu (Roumanie – 25’ – 2015 – Fiction)
« Ramona » est un film brut au timing bien dosé dont l’intensité est accentuée par le mutisme de ses personnages. C’est le troisième court-métrage d’une trilogie « impromptue » entamée il y 2 ans par le réalisateur Andrei Cretulescu. Les deux premiers films « Bad Penny » (2013) et « Kowalski » (2014) étaient déjà emprunts d’une noirceur à la fois à l’image mais aussi dans l’écriture. Dans ce plan-séquence d’une vingtaine de minutes, le réalisateur franchit un cran supplémentaire en gommant le mobile des meurtres, laissant le soin au spectateur de se forger sa propre opinion sur les motivation de cette femme qui, telle la déesse Némésis, abat sa colère sur ceux qui se trouvent sur son chemin. Ce « modus operandi » rappelle celui du film « Elephant » réalisé par Alan Clarke où des personnages débarquaient à l’improviste pour exécuter froidement un homme sans qu’un seul mot ne soit prononcé. Si le réalisateur de « Scum » faisait référence aux vagues meurtrières qui ont endeuillé longtemps l’Irlande du Nord, Andrei Cretulescu ne semble pas inscrire son film dans un contexte particulier, si ce n’est en conviant la voix chaleureuse de l’invité surprise du film : Dario Moreno. Avec une ironie assez frontale, les paroles de la chanson « Tout l’amour que j’ai pour toi » retentissent dans une chambre à coucher tandis qu’un homme se fait sauvagement assassiner. Même si la tension redescend un petit peu par moment, l’ambiance reste néanmoins pesante tant la détermination et l’impassibilité qui émane de cette femme inaccessible est grande.
Programme 4 : Au-delà du Rubicon
Regroupé sous une appellation poétique, ce programme propose un joli panorama de courts métrages d’animation où tout un chacun saura trouver chaussure à son pied, tant les genres abordés et les techniques d’animation utilisées sont variés.
World of Tomorrow de Don Hertzfeldt (Etats-Unis – 16’30 – 2015 – Animation)
Bonne nouvelle : après « It’s Such a Beautiful Day », Don Hertzfeldt revient au court métrage. Il n’a ni perdu son humour à toute épreuve ni son style singulier faussement naïf. Depuis son premier film « Rejected », on sent pointer au fil des films une petite musique empreinte de mélancolie qui prend une certaine ampleur dans ce dernier opus « World of Tomorrow » qui est en lice pour les Oscar.
Le film raconte l’histoire d’une fillette de 4 ans nommée Emily qui rencontre un clone d’elle-même de 227 ans, venant du futur. Le clone d’Emily choisit dans un premier temps de ne pas révéler la raison pour laquelle elle est venue rencontrer l’Emily « originale », la conviant à une ballade à travers le monde d’où elle vient. Mais rapidement, elle dévoile ses véritables intentions marquées par une nostalgie certaine pour des souvenirs d’enfance.
En quelques seize minutes, alternant légèreté et morosité, Don Hertzfeldt parvient à aborder au moyen d’un récit élaboré des thématiques complexes et denses telles que le voyage dans le temps, le clonage, l’enfance ou bien la mémoire. A chaque scène, il réussit à faire évoluer cet univers futuriste et nostalgique avec fantaisie et poésie, s’appuyant notamment sur un remarquable travail sur le son et les voix. Il parvient ici à réaliser une synthèse saisissante entre la richesse d’un récit et une grande accessibilité tout en préservant intacte l’émotion qui s’en dégage. Pour cela, « World of Tomorrow » est probablement le meilleur film de son auteur ou du moins son plus personnel.
Horse de Jie Shen (Chine – 4’15 – 2014 – Animation)
Nos rétines s’en souviennent, Jie Shen aimait déjà avec son précédent film « Run! » superposer les images en mouvement et chercher des combinaisons entre elles pour faire surgir ici ou là une association d’idées.
Avec « Horse », les choses se compliquent. L’air de rien, Jie Shen ajoute à sa partition une narration nébuleuse où 5 courts fragments montrés de façon répétitive se suivent les uns après les autres comme les 5 mouvements répertoriés du cheval au galop. Pour corser le tout, à chaque nouveau passage, un nouveau photogramme apparaît à l’image, révélant un peu plus à chaque fois le cours du récit. La construction du film fait penser à une sorte de palindrome convulsif où règne l’obsession pour le détail et l’enchevêtrement des formes.
Dans un premier temps, le film donne l’impression de jouer au jeu des 7 erreurs avec le spectateur, puis petit à petit, on se prend à chercher le nouveau petit indice qui viendra clore le nouveau cycle et éclairer l’ensemble. Le rythme et l’image parsemée d’éclairs stroboscopiques contribuent à galvaniser le spectateur, allant presque jusqu’à l’hypnotiser. Autant le dire tout de suite : il n’y a rien à comprendre. Si l’on baisse la garde et que l’on se laisse prendre au jeu, il y a de quoi passer un bon moment.
Programme 5 : Esprit es-tu là ?
Au menu de ce cinquième programme, six films faisant la part belle aux esprits frappeurs et autres fantômes malfaisants, soucieux de bien terrifier les êtres humains esseulés. Deux d’entre eux nous ont particulièrement intéressés.
Intruders de Santiago Menghini (Canada – 9’45 – 2014 – Fiction)
Court-métrage fantastique en provenance directe du Québec, « Intruders » de Santiago Menghini, est un film angoissant, qui se décline sous la forme de trois petites histoires d’horreur adaptées de comics, mettant en scène une présence des plus mystérieuses et qui s’en prend tour à tour à une vieille femme mourante, un adolescent trop curieux et un détective intrépide.
Plutôt décousu dans sa narration et manquant de clarté dans sa globalité, le film laisse toutefois une forte impression, grâce à une ambiance pesante très travaillée et des trouvailles visuelles assez brillantes. Nous retiendrons surtout le segment du milieu mettant en scène un adolescent voyeur témoin d’un meurtre sauvage à plusieurs pâtés de maison, et qui va voir la présence maléfique se retourner contre lui, sans pouvoir l’arrêter. Frissons garantis !
12th Assistant de Jae-Hyun Jang (Corée du Sud – 26’ – 2014 – Fiction)
« 12th Assistant » de Jae-Hyun Jang est une variation sur le thème de l’exorcisme qui raconte les premiers pas d’un assistant-exorciste affrontant un démon récalcitrant. Le sujet est traité avec un grand respect des conventions du genre, tout en ayant une approche sociale moderne et un décorum original qui lui permettent de prétendre à un certain renouveau.
Le folklore coréen permet par ailleurs une plus grande vraisemblance à l’écran, et la mise en scène sèche et au cordeau du film accompagne le spectateur dans cette initiation à la peur d’un jeune prêtre, qui va se retrouver confronté à ses propres ténèbres.
Un film de belle facture, qui a récemment fait partie d’une anthologie de court métrages coréens compilée par l’Agence du Court, Claustrophobia, et dont la version long-métrage est d’ores et déjà prévue pour fin 2015, en Corée du Sud.
Programme6 : Nouvelles Chairs
Pour ce sixième programme compétitif, l’Etrange nous promet d’explorer « Les Nouvelles Chairs », à savoir une dizaine de films se situant à mi-chemin entre des expérimentations typées art-vidéo, mariant corps et visages déformés, et des considérations thématiques chères au cinéma cérébral et sensuel de David Cronenberg. Deux œuvres parmi cette sélection « alléchante » ont attiré notre attention.
Trafo de Paul Horn (Autriche – 12’ – 2014 – Expérimental)
« Trafo » de Paul Horn se présente comme un dispositif expérimental mettant en scène des visages d’hommes et de femmes face caméra, que l’on prend un malin plaisir à transformer en direct. Le film travaille sur l’accumulation de portraits humains détournés de leur sens premier, à travers différentes décorations, déformations et maltraitances.
Les visages se font sculptures, ils deviennent le réceptacle d’atours sociaux factices, de comportements caricaturaux et de douleurs profondes. Le tracé même de l’existence, avec tout qu’elle compte comme joie et désespoir, commence à émerger doucement de cette multitude abusée et lasse, en une allégorie d’une grande subtilité.
Réflexion sur la dignité humaine, non dénué d’humour et avec une approche extrêmement ludique, « Trafo » hypnotise et embarque notre esprit dans un voyage mental que n’aurait pas renié un certain Giuseppe Arcimboldo.
Box Room de Michel Lathrop (USA – 16’ – 2014 – Fiction)
Mélangeant film de monstre et adolescence à fleur de peau, « Box Room » s’inscrit dans la tradition d’œuvres d’artistes tels que David Cronenberg ou Clive Barker, pour qui l’horreur a une dimension purement physiologique et corporelle.
Le film raconte l’histoire d’un jeune adolescent androgyne, en proie aux affres de l’amour et du sexe, n’y connaissant rien, mais voulant tout savoir. Habitant avec sa sœur aînée et écrasé par son épanouissement, il développe une sorte de psychose fantasmatique et découvre dans le mur de sa chambre, un vagin alien qui l’intrigue. Succombant à la tentation, il a une relation sexuelle avec l’entité. L’impensable se produit alors, le mystérieux organe reproducteur « accouche » d’un bébé monstre…
Oscillant entre la chronique sociale et le gore sérieux frondeur, avec moult effets de plateau plutôt réussis, « Box Room » dérange et interroge, sans jamais se prononcer clairement sur ce qui relève du fantasme ou de la réalité. Il est dommage cependant que le final, résolument Genre, ne soit pas à la hauteur de l’intention de départ, tellement le sujet aurait demandé plus de finesse psychologique et d’approfondissement.
Les étranges courts
Pour fêter dignement les vingt ans de compétition de courts métrages, l’Etrange Festival a fait appel à un partenaire privilégié, l’équipe des Programmes Courts et Créations de Canal + (lire l’interview d’Alain Burosse pour en savoir plus), pour concevoir deux séances rétrospectives spéciales, afin de réviser nos classiques sur ces deux décennies.
Commençons par le très poétique et fascinant « La Comtesse de Castiglione » de David Lodge, où la magie inhérente aux premiers dispositifs cinématographiques permet de donner vie à des visions cauchemardesques inspirées par un portrait photographique de 1885.
L’inquiétant « All Flowers in Time » de Jonathan Caouette (Grand Prix 2010 à l’Etrange Festival), avec l’égérie nineties Chloé Sévigny, est, quant à lui, une pépite indé culte, oscillant entre rêverie éveillée lynchienne et réalisme désinvolte, capté sur le vif.
Un film ensorcelant, volontairement lo-fi et creepy, qui n’oublie pas d’être ludique et se permet même une réflexion complexe sur le sens et le pouvoir de l’image, du point de vue et de la direction de regard.
L’une des premières œuvres du duo magique Vincent Patar et Stéphane Aubier (« Panique au Village », « Pic-Pic André », « Ernest et Célestine »), se trouvait également au programme : « Les Baltus au Cirque », film d’animation rêche et azimuté, dans lequel une famille des plus communes se rend au cirque du coin, puis se fait « séquestrée » par le Clown en chef qui les oblige à assister indéfiniment aux numéros de son cirque.
Satire déguisée du consumérisme et du divertissement de masse, « Les Baltus au Cirque » profite de l’humour dévastateur de Patar et Aubier qui en viennent à résoudre le nœud de l’histoire, en faisant s’échapper la famille Baltus grâce à un aspirateur !
Enfin, la comédie satirique finlandaise, « Rare Exports Inc. » est le court métrage prototype qui a permis à son réalisateur, Jalmari Helander, de décliner l’idée de « l’exportation » de Père Noël à travers le monde, ainsi que tout un univers en découlant, notamment à travers la réalisation d’un long-métrage horrifique, « Rare Exports », en 2010. Un film très efficace, extrêmement drôle et plaisant, qui fit un « carton » en son temps.
La Super Mega Bloody Bunny Apocalyptica Turbo Zombi Night !
L’Étrange Festival obéit à un principe induit à chaque édition, à savoir celui de programmer une nuit spéciale pour assouvir les exigences des cinéphiles les plus furieux et enragés, et leur procurer d’innombrables plaisirs coupables.
Cette année n’aura pas dérogé à la règle avec La Super Mega Bloody Bunny Apocalyptica Turbo Zombi Night !, qui alignait pas moins de quatre longs métrages, à situer entre la série B délirante et le nanar post-moderne, en hommage aux folles années 80.
En ouverture de cette nuit, le court métrage « Ninja Eliminator 4 : The French Connection », déjà évoqué ici au détour de l’interview de son réalisateur Mathieu Berthon (à l’occasion de l’édition 2014 du festival Court Métrange), introduisait la soirée avec brio.
Séquelle française d’une trilogie canadienne culte de fausses bandes-annonces (la série des « Ninja Eliminator »), ce film suit les aventures d’un policier « ninja », adepte de baguettes et de bérets, aux prises avec un méchant diabolique.
Fourmillant de trouvailles visuelles inspirées et profitant d’une interprétation investie (mention particulière à Lionel Laget et Rurik Sallé), le film tente d’exploser le cahier des charges contraignant, typique à toute fausse bande-annonce, en proposant une histoire « complète », qui soigne les détails et la caractérisation de ses personnages. Le film n’en oublie pas pour autant d’être divertissant et spectaculaire, notamment dans sa dernière partie, avec un combat des plus surréalistes sur les ailes d’un avion, relativement en mouvement…
Pour accompagner la cinquième édition du Jour le plus court, nous diffusons à partir d’aujourd’hui notre sélection de films en ligne issus de la programmation de cette année, « Que c’est bon l’insolence ! ». Pendant trois jours (du vendredi 18 au dimanche 20 décembre 2015), retrouvez sur notre site 6 courts-métrages visibles dans leur intégralité, récents comme plus anciens, animés comme fictionnels, à raison de deux films quotidiens.
Pour ce premier jour, Format Court opère un bond dans le temps et vous offre deux comédies audacieuses : d’un côté, un court extrait d’un long, mêlant noir et blanc et caprices du hasard, de l’autre, une quête romantique et sociale à travers les bois.
Ce court métrage est, à l’origine, l’une des séquences du long métrage « Tant qu’on a la Santé » dans sa version de 1965. En 1971, Pierre Etaix revient sur le montage de son film et extrait cette séquence qui devient le court métrage « En Pleine Forme ». En 2010, il décide de le présenter lors de la ressortie de ses films restaurés.
La Force des choses de Alain Guiraudie (Fiction, 16′, France, 1997, Hulot Production)
Dans une forêt d’Ouranie occidentale, trois jeunes guerriers sont à la recherche d’une jeune fille enlevée par un bandit.
Chaque année, depuis 6 ans, l’équipe de Format Court se prête à l’exercice du Top 5 et publie ses films préférés de l’année écoulée. En parallèle à la mise en ligne de notre nouveau Top, nous vous proposons de nous envoyer votre propre Top par mail.
Faites-nous part jusqu’au mercredi 23/12 inclus de vos 5 courts-métrages favoris de l’année, tous pays et genre confondus, par ordre de préférence, en n’oubliant pas de mentionner leurs réalisateurs et leurs pays. Nous ne manquerons pas de les publier sur Format Court !
Du 22 au 31 janvier 2016, aura lieu la 28ème édition du Festival d’Angers. Pour la troisième année consécutive, Format Court y attribuera un Prix dans la catégorie des Plans animés européens. Le Jury Format Court (composé de Fanny Barrot, Katia Bayer, Agathe Demmanneville, Gary Delepine et Lola L’hermite) élira le meilleur court-métrage en compétition parmi les 14 films retenus. Celui-ci bénéficiera d’un focus en ligne, sera projeté dans le cadre des séances Format Court, au Studio des Ursulines (Paris, 5ème) et bénéficiera d’un DCP doté par le laboratoire numérique Média Solution.
Films en compétition
– A Coat Made Dark de Jack O’Shea, Irlande
– Du plomb dans la tête de Aurore Peuffier, France
– Druciane Oprawki de Bartosz Kędzierski, Pologne
– Made in China de Vincent Tsui,France
– Mr Madila de Rory Waudby-Tolley, Royaume-Uni
– Novembre de Marjolaine Perreten, France
– Płoty de Natalia Krawczuk, Pologne
– Pro Mamu (About a Mother) de Dina Velikovskaya, Russie
– Le Repas dominical de Céline Devaux, France
– Tricker’s Tale de Noémie Scherer, Belgique
– Tsunami de Sofie Kampmark, Danemark
– Sea Child de Minha Kim, Royaume-Uni
– The Whale in the Room de Tara Wood, Royaume-Uni
– Zapletka de Stanislav Sekela, République tchèque
Notre dernière séance de l’année, organisée ce samedi 19 décembre à 20h30, est consacrée au Jour le plus court dont nous sommes partenaires pour la première fois. À cette occasion, nous programmons pas moins de 11 films formidables et éclectiques réalisés entre 1901 et 2011 en France, au Royaume-Uni, au Canada, en Grèce et en Suisse. Animations, fictions, films fantastiques, documentaires, portraits et burlesques composent cette soirée exceptionnelle et gratuite !
Pour accompagner ce nouveau rendez-vous, nos invités, Robert-Jan Lacombe et Jan Czarlewski, tous deux primés au festival de Locarno et anciens étudiants de l’ECAL (École Cantonale d’Art de Lausanne), échangeront avec la salle à l’issue de la projection.
En pratique
– Samedi 19 décembre 2015, à 20h30, accueil : 20h. Durée de la séance : 107′
– Infos (programmation, synopsis, critiques, trailers, …) : ici !
– Studio des Ursulines : 10 Rue des Ursulines, 75005 Paris
– Accès : RER B Luxembourg (sortie rue de l’Abbé de l’Épée), Bus 21, 27 (Feuillantines), 38 ou 82 (Auguste Comte), 84 ou 89 (Panthéon). Métro le plus proche : Ligne 7, arrêt Censier Daubenton (mais apprêtez-vous à marcher un peu…)
– Entrée : gratuite !
– Réservations vivement recommandées : soireesformatcourt@gmail.com
Quatre sites internet participeront au Jour le plus Court en diffusant certains films de la programmation en streaming pendant les trois jours de la manifestation : NovaPlanet, Télérama.fr, Voir en VOD à Villeurbanne… Et Format Court !
Pour accompagner notre séance spéciale samedi 19 décembre aux Ursulines et notre participation au « Cinéma, c’est jamais trop court » au Carreau du Temple le weekend prochain, nous diffuserons six films en ligne et en libre accès de la programmation du Jour le plus court entre le vendredi 18 et le dimanche 20 décembre 2015. Soyez au rendez-vous !