Alain Cavalier, filmeur de longue date, ayant fait ses premiers pas avec un court, « L’Américain » (1958), est revenu il y a quelques années à la forme brève avec « Les Braves », trois témoignages inédits d’hommes “n’ayant pas eu froid aux yeux (…) et ayant refusé de se plier devant l’injustice”. Ces films, censés être les premiers d’une série de ce genre, ont été réunis sur un DVD l’an passé, par les Collections particulières de l’association Documentaire sur Grand Ecran.
Filmés en caméra légère, de face, en un seul plan fixe, trois hommes âgés, Raymond Lévy, Michel Alliot et Jean Widhoff, évoquent, séparément, leur histoire et le moment très précis où ils ont fait preuve de courage, dans leur vie de jeunes hommes. Les deux premiers ont pu se sauver et retrouver leur liberté, le dernier a osé refuser l’intolérable. Tous trois racontent d’une traite ce qu’ils ont vécu à vingt ans et des poussières, en faisant défiler leurs souvenirs de façon très minutieuse, en agrémentant leurs récits de détails, parfois difficiles à entendre.
Les Braves 1. Raymond Lévy, ancien prisonnier politique, embarqué dans un train de déportation en 44, parle de l’enfermement de la soif, de la faim, de la chaleur, de la terreur, à 70 dans un wagon de marchandises. Il ouvre des parenthèses, les referme, parle de matelas humains, de poux tués, de lunettes cassées, et de son évasion quelques jours à peine avant son arrivée à Dachau.
Les Braves 2. Membre de la famille d’Alain Cavalier, Michel Alliot était à la tête d’un réseau de résistance pendant la guerre lorsqu’il a été arrêté et torturé par la Gestapo après avoir été dénoncé. A plusieurs reprises, il devra « organiser la parade », en faisant semblant de s’évanouir au moment d’être pendu par les pieds dans une baignoire d’eau glacée, en s’évadant d’un train de marchandises ou en passant avec des faux papiers devant les Allemands.
Les Braves 3. Jean Widhoff, jeune lieutenant pendant la guerre d’Algérie, a vu un officier de renseignement français torturer de façon insoutenable un Algérien et l’a sommé de s’arrêter, en le menaçant de le tuer, arme à la main. Relevé de ses fonctions, il a gardé « ça » pour lui, tout seul, dans son petit coin, ne comprenant pas ceux qui se sont montrés bienveillants face aux exactions pratiquées à cette période. Aujourd’hui, il reste très pessimiste quant à la nature humaine.
Rien n’interfère pendant ces plans-séquences, si ce n’est, de temps à autre, la voix extrêmement discrète d’Alain Cavalier, en début ou en fin de témoignages, mettant par exemple Raymond Lévy en confiance ou demandant à Michel Alliot son âge au moment de son arrestation. Ce qui importe, c’est le sujet, le récit, le témoignage, l’acte de bravoure, l’honneur retrouvé. Cavalier n’interrompt pas ses Braves, il ne se livre pas à un entretien avec eux. Ce sont eux qui disent ce qu’ils ont à dire, qui s’arrêtent quand ils le souhaitent, qui nous scotchent par leurs apparences de grands-pères aux destins tous tracés. Raymond Lévy et Michel Alliot auraient pu mourir dans un wagon de marchandises ou dans un camp de concentration, Jean Widhoff aurait pu laisser un homme sans défense continuer à se laisser torturer, mais les choses ne se sont pas passées ainsi. Quand ils racontent, ces trois hommes ont le regard souvent perdu dans le vide, leurs pensées se mêlent à leurs souvenirs. Parfois, très rarement, ils regardent Alain Cavalier ou sa toute petite caméra. Alors, ils se mettent à sourire, terminent leur café ou ôtent leurs lunettes. Ce sont des fragments précieux, ces quelques secondes dénuées de toutes paroles.
Comment ces trois films ? Après avoir été à l’écoute de ses Braves, le filmeur reprend la parole, à l’occasion d’un bonus de six minutes, glissé sur le DVD. Il évoque son point de départ, la raison pour laquelle il a souhaité poser une « caméra fixe devant un résistant qui raconte un acte de courage très visuel, un homme âgé qui raconte son enfance de brave ». En parlant, il ne se filme pas, mais sa caméra immortalise une photographie, seul document extérieur à ce DVD, montrant une femme, très maigre, aux cheveux courts, au regard fixe, en haillons. L’image est parue dans un journal, en 1945, A. Cavalier l’a toujours conservée.
Créée il y a environ 20 ans, l’association Documentaire sur grand écran (DSGE) s’est donné pour mision de défendre le cinéma documentaire à une époque où il était trop peu visible. Peu à peu, ses objectifs se sont adaptés aux changements technologiques et médiatiques. Documentaire sur grand écran s’est ainsi ouvert à la distribution, à la programmation et à l’édition DVD à travers ses “Collections particulières” qui regroupent un choix ciblé de films rassemblés selon un concept précis, mêlant sujets forts et vision artistique du monde.
Scènes de ménage (Claire Simon, 1991)
Il n’est donc pas étonnant que les premiers DVD de cette collection aient été consacrés à des personnalités aussi originales et enrichissantes que Jean-Pierre Duret et André Santana, Alain Cavalier ou encore Claire Simon. Pour ouvrir notre saison DVD, nous vous proposons de découvrir les deux compilations « courtes » de cette collection documentaire.
Après la pause estivale, les soirées Format Court reviennent au Studio des Ursulines (Paris, 5ème). La séance de rentrée aura lieu le jeudi 13 septembre, dès 20h, en présence des équipes et sera suivie d’un verre offert. Voici le détail de la programmation ainsi que les infos pratiques de cette projection.
Heureux Anniversaire de Pierre Etaix et Jean-Claude Carrière (Fiction, 12′, 1962, France), Oscar du meilleur court métrage (1963)
Synopsis : Une jeune femme prépare la table pour fêter son anniversaire de mariage. Le mari se trouve coincé dans les encombrements parisiens. Les quelques arrêts pour les derniers achats ne font que le retarder davantage.
Bisclavret d’Emilie Mercier (Animation, 14′, 2011, France), Grand Prix Média et Prix Émile Reynaudau festival d’animation de Bruz (2011)
Synopsis : Une dame, épouse d’un Baron, s’aperçoit que son mari s’absente souvent et le questionne : il lui avoue qu’il se dénude et devient Bisclavret. Transformé en loup, il saccage, pille et tue. Effrayée et prise de dégoût, la dame révèle ce secret à un chevalier qui lui fait la cour depuis longtemps…
The Curse de Fyzal Boulifa (Fiction, 16′, 2012, Royaume-Uni, Maroc), Prix illy du court métrage à la Quinzaine des Réalisateurs (2012)
Synopsis : Fatine s’est aventurée loin du village pour retrouver son amant. Quand un petit garçon la surprend, elle n’a plus qu’une idée en tête, rentrer chez elle.
Annie de Francia de Christophe Le Masne (Fiction, 32′, 2009, France), Prix spécial du jury au Festival de Clermont-Ferrand (2010)
Synopsis : Deux sœurs et leur mère roulent à travers l’Espagne pour se rendre au mariage d’un cousin éloigné qu’elles n’ont jamais rencontré. Pour Annie, la mère, femme de quarante-cinq ans et fille d’un réfugié politique espagnol exilé en France, c’est l’occasion de renouer avec sa famille dont elle a perdu le contact, et de permettre à ses filles de quinze et vingt-cinq ans de retrouver leurs véritables racines.
Tramde Michaela Pavlátová(Animation, 7′, 2012, France, République tchèque), Cristal d’Annecy et Prix FIPRESCI au Festival d’Annecy (2012)
Synopsis : Comme chaque matin, les hommes prennent le tramway pour se rendre au travail. Ce jour-là pourtant, au rythme des tickets introduits dans le composteur, le véhicule s’érotise et le désir de la conductrice transforme la réalité en un délire surréaliste et phallique.
Infos pratiques
Projection Format Court, en présence des équipes + pot de rentrée, le jeudi 13 septembre.
Séance : 20h. Projection de films : 20h30.
Studio des Ursulines : 10 Rue des Ursulines, 75005 Paris
PAF : 6 €
Accès au cinéma : BUS : 21, 27 (Feuillantines), 38 ou 82 (Auguste Comte), 84 ou 89 (Panthéon). RER : Luxembourg (sortie rue de l’Abbé de l’Epée). Métro le plus proche : Ligne 7 (Censier Daubenton), en marchant un peu…
La 11ème édition du Festival Silhouette se déroulera du 1er au 9 septembre 2012 entre les Buttes Chaumont et le CENTQUATRE. Après avoir proposé des focus autour de pays tels que l’Allemagne ou la Belgique, les programmateurs ont choisi de présenter cette année deux programmes de 18 films autour de la danse sous toutes ses formes. Entre boum adolescente et conservatoire classique, les silhouettes y oscilleront et tournoieront pour notre plus grand bonheur ! Format Court, partenaire du festival, attribuera à cette occasion un Coup de Coeur à l’un de ces films de danse, à l’issue de la manifestation, par l’intermédiaire de son Jury interne, composé de Nadia Le Bihen, Julien Beaunay, Julien Savès et Fanny Barrot. Le prix consistera en la publication du Focus Lauréat sur le site et la projection du film primé, le 11 octobre 2012, dans le cadre des soirées Format Court, au Studio des Ursulines.
Choros de Terah Maher, Michael Langan – Animation Expérimentale – États-Unis – 2011
Maraton d’Ondrej Hudecek – Fiction – République Tchèque – 2011
Mitoz d’Agathe Bascou – Animation – France – 2011
Nous Ne Serons Plus Jamais Seuls de Yann Gonzalez – Fiction – France – 2012
Duo De Volailles, Sauce Chasseur de Pascale Hecquet – Animation – Belgique – 2011
La Danseuse de Sviatlana Viarbitskaya, Michael Coja – Documentaire – Pays-Bas – 2011
Przyjecie (Admission) de Maciej Bochniak – Documentaire – Pologne – 2011
Je sens le Beat qui monte en moi de Yann Le Quellec – Fiction – France – 2012
Unnamed Soundsculpture de Daniel Franke, Cedric Kiefer – Animation – Allemagne – 2012
The Magnificent 4 de Stéphane Broc – Fiction Expérimentale – France Dounouia de Anthony Quéré et Olivier Broudeur – Fiction – France
La Leçon de Danse De Philippe Prouff – Fiction – France
Rue Des Petites Maries de Laurence Rebouillon – Fiction Expérimentale – France Danse Macabre de Pedro Pires – Fiction Expérimentale – France, Canada
Birds Get Vertigo Too de Sarah Cunningham – Documentaire – France
Deep End Dance de Conor Horgan – Fiction – Irlande
Det Snurrar I Min Skalle de Johan Söderberg – Clip – Suède
Je Vous Hais Petites Filles de Yann Gonzalez – Fiction – France
Début septembre, le Festival Silhouette, que nous suivons de près cette année, proposera en plein air, au Parc des Buttes Chaumont, sept soirées de courts métrages venus de tous horizons. Voici les titres des films en compétition, accompagnés de leur jour de projection. Soyez au rendez-vous !
Compétition Internationale #1 – Samedi 1er Septembre – 21h
Les Ficelles de Frédéric Bayer Azem – Fiction – France “Oh Willy…” d’Emma De Swaef & Marc James Roels – Animation – Belgique
32 Boulevard Magenta de Nadège Abadie – Documentaire – France
Jeudi 19 de Raphaël Holt – Fiction – France
Mauvais Coton de Sébastien Zaccoletti – Fiction – France
Unnamed Soundsculpture de Daniel Franke, Cedric Kiefer – Animation – Allemagne
Utan Snö (Sans La Neige) de Magnus Von Horn – Fiction – Pologne
Compétition Internationale #2 – Dimanche 2 Sepembre – 21h
Complet 6 Pièces de Pascale Bodet – Fiction – France
River Rites de Ben Russell – Documentaire Expérimental -États-Unis, Surinam
Les Meutes de Manuel Schapira – Fiction – France
Le Garçon Lumière de Jérémy Van Der Haegen – Fiction – Belgique
Topo Glassato Al Cioccolato (Frosted Chocolate Mouse) de Donato Sansone, Alias Milkyeyes – Animation Expérimentale – Italie
Nos Jours, Absolument,Doivent Être Illuminés de Jean-Gabriel Périot – Documentaire – France
Compétition Internationale #3 – Lundi 3 Septembre – 21h
Fais Croquer de Yassine Qnia – Fiction – France
Bao de Sandra Desmazières – Animation – France
Prora de Stéphane Riethauser – Fiction – Suisse
On Hold de Ab/Cd/Cd – Partizan – Clip – France
The Centrifuge Brain Project de Till Nowak – Fiction – Allemagne Retour à Mandima de Robert-Jan Lacombe –Documentaire – Suisse
Compétition Internationale #4 – Mardi 4 Septembre – 21h
Os Vivos Tambem Choram (Les Vivants Pleurent Aussi) de Basil Da Cunha – Fiction – Suisse
Snepowina (Sleepincord) de Marta Pajek – Animation – Pologne
Nous Ne Serons Plus Jamais Seuls de Yann Gonzalez – Fiction – France
I Have A Boat de Nathan Nill – Fiction – Allemagne Boro In The Box de Bertrand Mandico – Fiction – France
Compétition Internationale #5 – Mercredi 5 Septembre – 21h
Luz Da Manhã (Lumière Du Matin) de Cláudia Varejão – Fiction – Portugal
Bigshot de Maurice Huvelin – Animation – France
Le Sens de L’orientation De Fabien Gorgeart – Fiction – France
Manque de Preuves de Hayoun Kwon – Documentaire / Animation – France
Wan An (Bonne Nuit) de Yandy Laurens – Fiction – Indonésie
Surveillant de Yan Giroux – Fiction – Canada
Sync de Max Hattler – Animation Expérimentale- Danemark
Compétition Internationale #6 – Jeudi 6 Septembre – 21h
La Sole, entre l’eau et le sable de Angèle Chiodo – Documentaire / Animation – France
Music For One X-Mas And Six Drummers de Johannes Stjärne Nilsson, Ola Simonsson – Fiction – Suède
Zodiac de Konstantina Kotzamani – Fiction – Grèce
Cold Star de Kai Stänicke – Fiction – Allemagne
The Great Rabbit de Atsushi Wada – Animation – France Ce qu’il restera de nous de Vincent Macaigne – Fiction – France
Compétition Internationale #7 – Vendredi 7 Septembre – 21h
Vilaine Fille Mauvais Garçon de Justine Triet – Fiction – France
Compulsion de Andrew Mcvicar – Fiction – Royaume-Uni
Przyjecie (Admission) de Maciej Bochniak – Documentaire – Pologne
Bobby Yeah de Robert Morgan – Animation – Royaume-Uni
Je sens le Beat qui monte en moi de Yann Le Quellec – Fiction – France
The Devil de Jean-Gabriel Périot – Documentaire Expérimental – France
Anima 2013, le Festival International du Film d’Animation, se déroulera à Bruxelles, en Belgique, du 8 au 17 février 2013. Comme chaque année, de nombreux prix seront attribués :
– Prix du meilleur long métrage
– Prix pour les meilleurs courts métrages
– Prix du meilleur court métrage d’étudiant
– Prix de la meilleure publicité
– Prix du meilleur vidéo clip
– Nomination pour le Cartoon d’Or
Outre la compétition de courts et longs métrages, cette 32e édition proposera également des rétrospectives, des rencontres professionnelles (Futuranima), des conférences et divers événements qui mettront l’animation à l’avant-plan. Chaque année, le festival rassemble plus de 35.000 spectateurs, professionnels, journalistes, étudiants mais aussi un public varié d’adultes et d’enfants.
Délais : Fiche d’inscription + DVD de visionnement : 1er octobre 2012. Il n’y a pas de frais d’inscription.
Visitez le site web du festival pour compléter les fiches d’inscription en ligne ou télécharger la version papier. Vous y trouverez également le règlement et les informations générales concernant le Festival : http://www.animafestival.be
À l’occasion de sa prochaine séance, Short Screens vous convie à une soirée de projections consacrée aux courts métrages issus de « la plus grande démocratie du monde ». Sept titres qui posent un regard différent, intérieur ou extérieur, sur cette culture plurielle, tout en se détachant du cinéma commercial, pour révéler un autre cinéma indien!
Rendez-vous le 30 août 2012 à 19h30 à l’Actor’s Studio, Bruxelles!
Ámár Isabel Herguera Espagne/2010/animation/8’
Inés part pour l’Inde afin de revoir son ami Ámár, qui a vécu pendant quatre ans dans un asile. Inés se remémore les derniers jours qu’ils ont passés ensemble et sa promesse de revenir.
Bureaucracy Sonata Vinay Shukla Inde/2011/fiction/26’
Dans la tourmente de l’Etat d’urgence proclamé par Indira Gandhi en 1975, quatre jours dans la vie d’un geôlier, déchiré entre sa passion de la musique et une tentative d’évasion qui se prépare.
Darwaazon Wala Ghar Nishant Sharma et Rohit Sharma Inde/2011/fiction expérimentale/6’
Ce film propose, à travers l’histoire d’un homme et de sa chaise, une métaphore des relations humaines entre la vieillesse et la jeunesse.
Last Portrait David Varela Espagne/2011/documentaire expérimental/10’
Lente traversée contemplative le long du Gange.
Song of The Butterflies Torsha Banerjee Inde/2011/documentaire/20’
Un petit village de l’Est de l’Inde. Dans un monde de lumière et de couleurs, une école pour enfants aveugles instaure une relation différente entre les lieux et leurs habitants.
Gaarud Umesh Kulkarni Inde/2009/fiction expérimentale/13’
Une pièce dans un pavillon ombragé, situé près de la gare d’une petite ville. Des gens habitent dans la pièce et ne peuvent en sortir. Aperçus d’existences, impressions insignifiantes mais significatives.
Horn Ok Please Joel Simon Royaume-Uni/2006/animation/9’
Une journée dans la vie d’un conducteur de Taxi à Mumbai qui rêve de s’offrir le Taxi de ses rêves.
La 13e édition du Festival Off-Courts de Trouville aura lieu du 31 août au 8 septembre. Voici les titres des films québécois et français retenus.
QUÉBEC
Au pays des chevaux de Jérémy Comte
Bydlo de Patrick Bouchard
Dans la neige de Alexis Fortier-Gauthier
Echo d’un moment de Sébastien Duguay
L’appartement de Michel Lam
L’arbre au cœur qui bat de Alexandre Desjardins
L’empreinte de Claudia Hébert
La Fantaisie de Louis-Thomas Pelletier
La ronde de Sophie Goyette
Le chevreuil de Rémi St-Michel
Le poids du vide de Alain Fournier
Les 5 ans de Félix de Fabrice Barrilliet
Mikka de Alexandre Carrière
Ne pas reculer de Dominique Laurence
Nostradamos de Maxence Bradley
Paparmane de Joëlle Desjardins-Paquette
Première neige de Michaël Lalancette
Rossignols en décembre de Theodore Ushev
Sainte-Félicité de Gab Germano
Trotteur de Arnaud Brisebois et Francis Leclerc
Vent solaire de Ian Lagarde
FRANCE
Aalterate de Christobal De Oliveira
Alimation de Alexandre Dubosc
Au poil de Hélène Friren
Bad Toys II Daniel Brunet et Nicolas Douste
Bigshot de Maurice Huvelin
Bonjour de Maurice Barthélémy
D’un bord à l’autre de Rémi Mazet
Jump Into The Wild de Will Witters et Béatrice Amaury
La dernière caravane de Foued Mansour
Lapse de Gilles Guerraz
Les chiens verts de Colas et Mathias Rifkiss
Les Meutes de Manuel Schapira
Matriarche de Guillaume Pierret
Merci mon chien de Julie Rembauville et Nicolas Bianco-Levrin
Paris In Love de Christopher Guyon
Wonder Landes Morgan (Morgann) Tanière (Tanco)
Polaroïd Song de Alphonse Giorgi et Yann Tivrier
Quatre colombes sur l’antenne télé de Martin Tronquart
Tennis Elbow de Vital Philippot
Tram de Michaela Pavlatova
Vends chien qui parle, 10 euros de Lewis-Martin Soucy
Wonder Landes de Morgann Tanco
Samedi 28 juillet, le palmarès de cette troisième édition du festival Courtscourts a été révélé à à Tourtour (Provence). Le voici sur FC.
Les prix du Jury, le “malon d’or”, a été décerné à « Fais croquer », de Yassine Qnia , suivi de très très près par « Dubus », de Alexei Dmitriev qui a reçu le “malon d’argent”. Le prix du public a été attribé à « Bouton d’or », de Boris Vial, suivi de La dernière caravane, de Foued Mansour.
Il l’avait évoqué à l’occasion de notre dernière soirée Format Court, à l’issue de la projection de son film de fin d’études, « L’œil du paon ». Voici donc le clip officiel « Franky’s Princess », réalisé par Gerlando Infuso pour la chanteuse Emilie Simon. Aimez, chantez en cœur et trémoussez-vous avec les chevaliers !
Après avoir rencontré des auteurs, parlé de films et de festivals, en parallèle à l’organisation de nos séances de courts parisiennes et bruxelloises, nous faisons une petite pause estivale bien méritée.
A la rentrée, nous reprendrons la route des festivals, avec le retour des Prix Format Court (focus personnalisés sur le site & projection des films lauréats en salle). En premier lieu, un Coup de Coeur sera attribué à l’un des films des deux programmes « Danse », mis en place cette année par le festival Silhouette (1-9 septembre, Paris).
Parce que le ciné court se pratique aussi en région, nous participerons à nouveau à Court Métrange (25-28 octobre, Rennes), un festival sensible au « cinéma fantastique et insolite ». Après avoir élu « Danny Boy » de Marek Skrobecki en 2011, nous y remettrons un deuxième Métrange du Format Court dans la compétition européenne. Nous serons également partenaires du festival du court métrage de Brest (13-18 novembre), un festival dont nous suivons la programmation de près depuis plusieurs années, et où nous attribuerons pour la première fois un prix dans la compétition européenne.
La rentrée nous permettra aussi de retrouver les soirées Format Court, organisées depuis le mois de mars au Studio des Ursulines (Paris, 5ème). Tous les deuxièmes jeudis du mois, cinq films (grands classiques, films primés en festival, Prix Format Court, …) s’y laisseront (re)découvrir sur grand écran. Prenez d’ores et déjà rendez-vous avec nous lejeudi 13 septembre, à partir de 20h30, pour la première séance de l’année, suivie pour l’occasion d’un pot de rentrée.
En attendant, la fin de l’été sera ponctuée de news autour du court et de plusieurs coups de coeur DVD, à apprécier à toute heure de la journée.
La 25e édition du Festival Premiers Plans se déroulera à Angers du vendredi 18 au dimanche 27 janvier 2013. La sélection est ouverte aux premiers et seconds longs métrages, aux films d’écoles et aux premiers courts métrages produits en Europe en 2011 ou 2012.
CATEGORIES OFFICIELLES
Vous pouvez soumettre votre film dans l’une des sections suivantes : premiers et seconds longs métrages, premiers courts métrages, films d’école, films d’animation. La fiction, l’animation et le documentaire sont acceptés pour la compétition. Les courts métrages en 3D-relief et les films expérimentaux forment des panoramas hors compétition.
MODALITES D’INSCRIPTION
Si vous souhaitez inscrire un film :
– remplissez le formulaire d’inscription
– et envoyez un DVD à : Festival Premiers Plans d’Angers, C/O C.S.T. – 22-24, avenue de Saint-Ouen – 75018 Paris (les envois en recommandé ne sont pas acceptés)
Le festival pointdoc connaitra sa troisième édition du 13 janvier au 13 février 2013. Dès à présent, il lance un appel à film documentaire d’auteur. Vous avez jusqu’au 15 octobre 2012 (date limite d’inscription) pour envoyer vos créations selon les deux catégories proposées :
@ Films jamais diffusés (quelle que soit son année de réalisation)
@ Premières créations (réalisées à partir du 1er janvier 2010).
Comme l’année précédente, le Festival pointdoc s’attachera à sélectionner des regards particuliers sur le monde portés par des auteurs qui s’engagent aussi bien sur le fond que sur la forme. Pour ceux qui ne le connaissent pas, Festival pointdoc est un festival en ligne de films documentaires créé pour ouvrir le cinéma documentaire au plus grand nombre. Il se déroulera sur internet pendant 1 mois. 20 films documentaires d’auteurs seront en accès gratuit, visibles à n’importe quelle heure et partout dans le monde.
Pas de prix… mais des coups de cœur, seront attribués à la fois par le public et par un jury de professionnels reconnus du documentaire, composé de réalisateurs, de producteurs et de techniciens. Les films « coups de cœur » auront la chance d’être diffusés sur grand écran lors de la soirée de clôture.
Fais croquer est une expérience de maturité où le héros, exposé à l’isolement entre rêves et humiliations, déclenche le rire et notre admiration. Discutons-en avec son réalisateur et coscénariste, Yassine Qnia.
Tu disais que tu avais besoin de connaître les comédiens….
(Rires) Oui. J’ai besoin de connaître les comédiens dans leur vie, comment ils se comportent avec leur famille, leurs amis. Pour moi, c’est primordial. C’est ce qui me permet d’aller un peu plus loin dans le scénario et même dans le jeu. Parce que certaines fois, lorsqu’ils sont contents ou contrariés, certains de mes potes font des têtes ou des mimiques bien à eux, et le savoir m’aide. Quand je suis occupé sur le scénario ou sur le tournage et que je n’arrive pas à avoir ce que je veux, je leur dis : « Mais, si, rappelle-toi ! A tel moment quand lui, il a fait ça et toi, tu as fait telle mimique, tel geste… ». Du coup, c’est plus simple parce que je les connais un peu.
Combien de temps te faut-il pour connaître les comédiens, leur environnement ?
Ah, il faut du temps ! D’habitude, je ne parle même pas du film avec la personne. Je n’ai même pas envie de lui parler de ça. J’ai juste envie de la connaître et de sympathiser avec elle tout simplement. Je ne le préviens pas, je ne lui dirai rien et je continuerai à faire sa connaissance, à rigoler avec elle, pour voir à quel moment, je peux l’intégrer dans le projet et si elle s’y intègre aussi, si elle peut l’emmener plus loin. Ça a été le cas pour Fais croquer. Les comédiens étaient tellement faits pour leurs rôles qu’ils ont porté le film.
Donc, tu ne crois pas au principe des casting….
Absolument pas. Je suis contre les castings mais alors, à 300%. Ca fait peut-être bizarre de dire ça parce que je suis jeune. Ça fait le mec qui se la raconte (sourire). Tu peux faire des bonnes trouvailles dans les castings, mais après, il faut connaître la personne. Tu prends quelqu’un, tu le prends tout de suite, mais c’est compliqué parce qu’un film, d’abord, tu l’écris. Tu mets beaucoup de ton temps, de ta vie, beaucoup d’amour et beaucoup d’émotion et tu prends quelqu’un que tu ne connais pas C’est bizarre. (….) Après, ce qui m’importe, c’est de savoir si j’aime le comédien ou pas, si j’ai envie ou pas envie de jouer avec lui.
Oui, mais comment rencontrer les gens ?
C’est ça, le truc. Je ne sais pas. Il faut écumer les soirée, dès que tu entends parler d’une soirée théâtre, d’une soirée concert, tu y vas. Le plus important, c’est les festivals de cinéma, parce que tu y fais de bonnes rencontres. Tu parles de ton film avec d’autres personnes. Pour Fais croquer, c’est un peu facile pour moi parce que je l’ai fait avec des gens que je connais depuis que j’ai 12-13 ans. Je sais qui est qui, comment je peux obtenir des choses à tel moment. C’est magnifique quand tu connais bien les gens. Il n’y a pas de règles, mais, moi, je travaille comme ça en tout cas.
Tu n’as jamais été naïf à propos du cinéma ?
Je ne sais pas. J’ai été très tôt humilié ou charrié. Tout le temps, quoi. Dès que tu avais des rêves, tu te faisais tout le temps humilier par tes potes, tes camarades. C’est le sport national, ici (sourire). Du coup, je n’aurais pas eu de prétention parce que je me faisais bien charrier.
Tu as besoin de bien connaître les lieux pour filmer…
Salma Cheddadi, une réalisatrice, dit quelque chose de magnifique : « J’ai besoin de ne pas connaître les lieux pour pouvoir mieux voir ». Quand tu es habitué, tu ne vois pas les choses, je trouve ça intéressant, alors que moi, l’endroit où j’ai grandi m’inspire. Peut-être aussi que je suis lucide. Je suis géomètre de profession, je ne sais pas si ça m’a aidé ou pas dans cette profession, mais je m’intéresse aux détails.
Comment fais-tu pour te démarquer de tout ce qui a déjà été dit sur la banlieue ?
Comment je fais ? Je me centralise sur une personne. C’est dur de dire ça parce que c’est mon premier film, mais même dans les prochains, je me centraliserai sur une personne tout le temps. Une. Un personnage. Je n’essayerai pas d’avoir une vision globale sur un film comme si j’étais porteur d’un message. Parler d’une personne est, pour moi, plus profond. Là, j’ai fait un film en banlieue parce que c’est chez moi. Mais tu vois, Fais croquer aurait pu se faire en Lorraine ou à Bangkok : il s’agit d’une personne qui veut faire son film en fonction de son entourage.
En 22 minutes, dans Fais croquer, pas mal de sujets qui sont abordés : la malbouffe, l’échec scolaire, l’illettrisme, la dyslexie, le racisme, le surpoids….
Plein de choses. Le rapport au groupe pour pouvoir exister alors qu’on sait qu’on est inférieur physiquement, par exemple. L’histoire parle d’une personne et de sa façon d’interagir avec son environnement. On était quatre à l’écriture (Carine May, Hakim Zouhani, Mourad Boudaoud et moi-même) et on était tous conscient de ça à ce moment-là. Pour commencer, on était très méchant entre nous (sourire). On savait qu’on ne nous ferait pas de cadeaux. On était très exigeant entre nous pendant l’écriture du scénario. On se ridiculisait : « C’est de la merde, ce que t’as fait ! ». Mais on gardait en tête le fait que l’histoire partait d’une personne. On est une personne mais on est aussi le monde. C’est beau ce que je viens de dire (rires).
Tu disais tout à l’heure que c’était ton premier film, mais avant ça, il y a eu pas mal d’ateliers.
J’ai fait beaucoup d’ateliers, oui. Je travaillais sur les chantiers en tant que géomètre et j’en avais marre parce que j’avais l’impression de grandir un peu plus vite que mes camarades. Je ne voulais pas passer le cap de l’adolescence à celui de l’âge adulte. J’ai dit aux gars : « Il faut qu’on fasse un film, qu’on écrive des choses ». L’OMJA (l’Office Municipal de la Jeunesse d’Aubervilliers) a crée un festival qui s’appelle Génération Court qui est parrainé par Luc Besson et Anne-Dominique Toussaint. Je ne sais pas pourquoi Luc Besson a voulu le parrainer car on ne le voit jamais (rires), c’est pour ça que j’ai voulu le charrier un peu dans Fais croquer (dans le film, lorsque ses potes lui citent Luc Besson, l’acteur M’Barek Belkouk, alter ego de Yassine Qnia répond : « Luc qui ?! »). Néanmoins, il donne un peu d’argent, c’est quand même respectable. Des jeunes qui ont envie de faire un film sont suivis pendant un an pour qu’ils puissent faire un petit film d’atelier.
Comment ces jeunes sont-ils retenus ?
Sur un synopsis et une lettre de motivation aussi. Il n’y a pas de territoire : ce n’est pas parce que ça passe à Aubervilliers que les personnes doivent y vivre. J’encourage vraiment toutes les personnes qui ont envie de cinéma de suivre ce festival-là, parce que c’est un peu une école. L’appel à candidature se fait en septembre, la sélection se fait en octobre. On est entre 8 et 12, pas plus, par atelier. Ensuite, on te suit : tu as droit à des petits stages de trois jours en scénario, de deux jours en image, d’un jour en montage. Ensuite, on te donne trois jours pour faire ton film avec un budget d’à peu près mille euros et tu es accompagné, non par des éducateurs mais par des professionnels de l’image. Marianne Tardieu (réalisatrice formée à l’institut Louis Lumière) m’a par exemple suivi, elle a d’ailleurs fait l’image de mon film, Fais croquer et j’espère qu’elle en fera d’autres aussi. Quand tu es jeune et que tu apprends avec des gens comme ça, on te fait pratiquer tout de suite. On ne te fait pas faire une analyse de film, on te demande de créer tout de suite. Tu racontes ton histoire, ce qui te tient à cœur : on te conseille dès le début de raconter des choses qui te sont proches.
C’est à partir de quel âge ?
Il y a les jeunes pousses de 13 à 20 ans, puis, les adultes, de 20 à 25 ans. Le gagnant de ce festival se voit offrir une formation dans une école de cinéma grâce au soutien financier de la mairie, de Luc Besson et des partenaires. Moi, je n’ai pas gagné (rirse), mais six personnes ont bénéficié d’une formation pendant trois ans. C’est énorme, c’est beaucoup d’argent. Voilà comment je me suis formé, en participant à d’autres projets, et en faisant mon film. Pour moi, c’est intéressant de faire les choses tout de suite pendant que l’on te fait croire que tu es un génie (rires). Ce qui est important, c’est de créer tout de suite.
Rappelle-moi comment tu as connu ce concours.
(Rires). Je voulais encore m’amuser avant de grandir. Et puis, une fille mignonne l’avait passé, donc j’ai dit à mes potes : « On va faire un film et s’il est réussi, on pourra la revoir ! ». Et puis, j’étais aussi un peu complexé. J’avais beaucoup de choses à dire mais je n’arrivais pas à m’exprimer, alors, je me suis approprié cet outil, le cinéma. Et puis, après, une chose en amène une autre. Mon tout premier film, avant Fais croquer, il ne faut pas le voir (rires). C’est une histoire d’arnaque à la con. Mais une fois que tu comprends un peu l’outil cinéma, tu te dis que tu peux faire des choses intéressantes.
C’est quoi, l’outil cinéma ?
L’outil cinéma, c’est quand tu filmes une personne simplement. L’image et le son tout simplement. Je ne sais pas, j’ai mes codes à moi… Je suis Bressonien (sourire). C’est important de connaître les personnes, d’avoir des modèles. Il n’y a pas de musique dans mes films.
Pourquoi ?
Cela n’a pas lieu d’être. Des fois, tu sens les choses sans avoir besoin d’en rajouter. La musique, comme dit Bresson, est un puissant modificateur. Des fois, dans les films, on te met une musique pour te faire comprendre qu’à tel moment, tu dois avoir peur ou être triste. Tu n’as pas besoin de ça, c’est faux. Dans la vie, quand tu es triste, quand tu viens de te faire quitter par ta copine, tu n’as pas une petite musique derrière qui surgit. Tu sais que tu es triste, tu le sens derrière ton regard, tu n’es pas bien.
Avec les comédiens, vous répétez beaucoup ?
On ne répète absolument pas. Mais par contre, on fait beaucoup de prises. J’ai un problème avec mes comédiens parce qu’ils sont très fainéants ! Ils ne m’écoutent pas vraiment. C’est un peu dur. J’espère que par la suite, ils vont comprendre et que l’on pourra explorer d’autres choses. Là, on rigole mais il y a d’autres choses que j’ai envie d’aller chercher dans le « ventre » des gens. Avec eux, on ne répète pas, ils ne veulent pas répéter ! Le premier film que j’ai écrit faisait 13 pages. Les gars ne voulaient pas lire : c’était trop long, 13 pages (rires) ! Mais ça a été. Les gars arrivaient sur le tournage, ils n’avaient pas lu le scénario, alors, on faisait une lecture. Ils m’écoutaient, c’était cool de leur part.
Tu dis que dans ton film, il n’y a pas de musique. Pourtant, je suis surpris par le générique de fin de Fais croquer.
C’est mon pote musicien, Madibé Cissé, qui a grandi avec nous, qui a toujours été « barré » qui l’a faite. Je suis né avec le rap, j’ai écouté ça toute ma vie. Mais quand j’ai commencé à grandir et à réfléchir, les musiques, pour moi, étaient comme des clés. C’est dur ce que je vais dire mais ce n’est pas parce que j’habite en banlieue que j’écoute uniquement du rap. On a des grands rappeurs qui habitent ici et j’aime beaucoup le rap mais j’ai eu envie de changer. (…) Et Madibé, il est là dedans. C’est pour ça qu’on a choisi ce son et non du rap. Et puis, la musique qu’avait faite Madibé était un peu mélancolique. J’aimais bien cela.
Comment est apparue l’idée des deux mômes à trottinette, les deux petits caïds ?
Ayant bénéficié des ateliers de l’OMJA, je m’occupe depuis trois ans de jeunes pousses qui ont 12-13 ans. Je les aide à faire leurs films. Ceux-ci sont mis en compétition et c’est un peu « la guerre » des quartiers. Toute l’année, ils m’ont pris la tête : « Yassine, quand est-ce qu’on fait un film ? Quand est-ce qu’on fait un film ? ». Ca m’a donné l’idée d’écrire une scène sur des jeunes, comme eux, qui m’embêtent, mais dans la scène, il n’y avait qu’un seul petit. Le jour du tournage il y a eu un autre môme qui était grave jaloux, qui ne voulait pas que l’autre fasse la scène sans lui. Ils se sont disputés : « C’est moi, le meilleur ! », « Non, c’est moi le meilleur ! ». Donc, c’était compliqué, on les a fait répéter la scène à deux et séparément, et ça se mariait bien. Ca a été une chance du tournage. Ce n’était pas dans le synopsis. Il a fallu avoir l’humilité de comprendre et d’accepter que c’était mieux que ce qu’on avait écrit.
Il y a plein de sujets sensibles dans Fais croquer mais ils sont très bien servis par l’humour.
Ça fait passer plus de choses (rires) ! Mais, ça, c’est une vieille recette, ce n’est pas moi qui l’ai inventée. Encore une fois, j’ai été bien accompagné. On a écrit le scénario à quatre. Le scénario s’est écrit en deux mois. Ce n’est pas beaucoup mais c’est quand même deux mois de travail, quatre personnes, quatre cerveaux. Et, oui, l’humour, fait triompher, toujours. Des fois, c’est marrant parce qu’on n’est pas pris au sérieux. Certaines personnes trouvent que c’est un film sans ambition. Ca me fait toujours rire. Je le prends bien, parce que je pense être capable de faire un film sérieux. Mais un gars qui fera un film sérieux ne sera pas capable, je pense, de faire ce qu’on a fait sur Fais croquer.
Un film sérieux ?
Un film qui se prend trop au sérieux, où tu demandes à quelqu’un de faire des choses basiques. Faire rire, ce n’est pas simple. Faire un film où la personne n’est pas contente contre son employeur, faire crier deux personnages, pour moi, c’est simple, encore faut-il que ce soit bien joué évidemment. Mais faire rire, trouver des situations qui sont marrantes, dénicher des têtes, des comédiens capables de faire passer des émotions, ça, ce n’est pas simple.
Pendant que vous tourniez ces scènes-là, vous arriviez à en rire ?
Ah, ouais. On était mort de rire. J’ai eu un petit choc au montage. Je me suis demandé si on avait fait un film marrant ou pas (rires), parce qu’il y avait quand même des trucs durs dans le film. Il y a une règle dans la comédie qui date maintenant : c’est souvent des choses les plus dures que l’on rigole le plus. Dans le film, le héros se fait quand même ratatiner. Comme ça me touchait beaucoup, vu que c’est une histoire personnelle, j’ai beaucoup appris en faisant ce film sur qui j’étais. Il y avait des moments, au montage, où j’avais mal, mais on en rigolait. A la base, c’était fait pour ça. Je vais dans la comédie. J’aime bien les situations burlesques, les films de situation. J’aime bien rire.
Tu as prévu de faire d’autres courts ? Es-tu pressé de faire un long ?
Je ne suis pas pressé de faire un long. Je suis pressé de faire d’autres courts métrages. Mais le souci, c’est que, quand Fais croquer a commencé à tourner, on a reçu une proposition d’en faire un long métrage. C’est bizarre de refaire un peu le même film. On avait réussi à négocier que l’on ne prendrait aucune scène du court métrage et qu’on irait, si possible, plus en amont : qui est Yassine ? Que se passe-t-il après l’histoire de Fais croquer ? Je suis donc en écriture du long métrage mais je suis pressé de faire d’autres courts métrages. Après le long, si tout se passe bien, j’attaque sur du court et du documentaire.
Qu’est-ce qui te fait préférer le court ?
J’aime bien la forme brève et la liberté du court métrage. Tu n’as pas ça en long métrage où tu dois rendre des comptes. Quand tu écris quelque chose et que tu veux le faire avec un comédien que tu aimes, même s’il est bon, il n’est personne si il n’est pas connu. Et en commençant à faire du long métrage, toi aussi, tu es personne. Il faut l’accepter, plus le fait qu’on ne met pas deux ou trois millions d’euros sur des inconnus. Il faut que le film puisse marcher, rapporte de l’argent, c’est la règle du jeu, il faut la comprendre. Mais personnellement, ça ne me dérange pas de faire des films qui ne sont pas vus en salle; pour le moment, je n’ai pas envie qu’on m’impose une vedette pour que mon film puisse marcher. Ca me poserait problème que mon film intéresse les gens pour un nom et non pour ce que j’ai à raconter. Je ne suis pas du tout humble avec ça (rires) ! C’est pour ça que j’aime bien le court métrage : tu es subventionné, tu es libre, tu fais ce que tu veux.
Certains réalisateurs font pourtant des films avec des comédiens peu connus…
Oui, il y a Bruno Dumont dont j’aime beaucoup le travail et Jacques Audiard à ses débuts. Moi, j’aime bien l’idée de progresser petit à petit, d’y aller doucement, de ne pas être trop pressé. Je ne veux pas me faire piétiner et qu’on me demande de « cibler » mon public. C’est un truc qui m’exaspère, moi, je n’ai pas envie de cibler mon public ! Après, ce que je dis, c’est quand même un peu égocentrique, c’est très mal. Des fois, en discutant avec d’autres personnes, je m’entends dire : « Yassine, redescends un peu sur terre… ».
A l’occasion du « Jour le plus court » initié par le CNC le 21 décembre 2012, Court-Circuit propose un nouveau concours de courts métrages ouvert à tout public. La date limite de participation est fixée au 21 octobre 2012.
Cinq films sont en lice pour le Cartoon d’Or 2012, le prix du meilleur court métrage d’animation européen. La cérémonie de remise de prix aura lieu le 13 septembre 2012 à Toulouse lors du Cartoon Forum, la plate-forme de coproduction pour les séries d’animation.
Le jury du Cartoon d’Or 2012, composé des réalisateurs Alain Gagnol (France), Giuseppe Lagana (Italie) et Esben Toft Jacobsen (Danemark), a sélectionné les cinq finalistes parmi plus de 30 courts métrages. Pour participer au Cartoon d’Or, les films devaient avoir été primés à l’un des grands festivals d’animation européens, partenaires de CARTOON.
La cérémonie de remise de prix, qui se déroulera le 13 septembre au Théâtre national de Toulouse (TNT), débutera par la projection des films devant un public de professionnels de l’animation présents au Cartoon Forum. Le vainqueur remportera un trophée ainsi qu’une aide financière de 10 000 EUR, grâce au soutien du Programme MEDIA de l’Union européenne.
Yassine, jeune réalisateur, veut tourner un film dans sa ville, à Aubervilliers, avec ses amis. Ceux-ci sont volontaires. Leur façon de s’engager dans le processus du tournage diffère du sien mais Yassine est une forte nature.
Un tournage dans une cité, en banlieue, aujourd’hui. Quatre jeunes Français d’origine arabe et kabyle. Un caméscope numérique qui pourrait avoir été racheté dans une brocante. Celui-ci est accroché au tour du cou du réalisateur, Yassine (alter ego du réalisateur de Fais croquer, Yassine Qnia) avec une bandoulière de marque….Apple. Lorsque Yassine (l’acteur M’Barek Bellkouk, remarquable) rallume son caméscope après avoir donné ses indications, le niveau d’autonomie de la batterie apparaît, à moitié pleine, alors que l’on entend l’ordre de tourner la scène suivante.
Le recours à des zooms, à des cadrages grossiers ainsi qu’au jeu exagéré des comédiens nous poussent à croire qu’on est devant une mauvaise copie de certains films sur la banlieue alors que deux jeunes mettent en boîte leur ami, Mounir, piètre comédien qui sait à peine lire.
Les premières secondes de Fais croquer, déjà lauréat de plusieurs prix dont le Prix Spécial du Public au Festival Côté Court/édition 2012, peuvent tromper. Car très vite, on s’aperçoit que l’on a mal jugé ce film. Son titre est à double sens comme plusieurs de ses scènes. Si l’expression « fais croquer » nous est expliquée par l’amusante évocation de Saint-Denzel Washington (à la troisième minute du film), le réalisateur Yassine Qnia et ses co-scénaristes Carine May, Hakim Zouhani et Mourad Boudaoud sont les grands croqueurs de l’histoire.
En 22 minutes, Fais croquer croque la malbouffe, le surpoids, l’échec scolaire, l’illettrisme, la dyslexie, l’amitié, le racisme, la résignation d’une jeunesse inemployée coexistant en bon voisinage avec la play-station et un petit joint de temps en temps. Et bien davantage…c’est dire l’appétit de ce film et aussi sa nécessité de consistance.
De tels sujets pourraient très vite être déprimants. Mais comme dans toute bonne comédie, Fais croquer dit un certain nombre de vérités avec le sourire. Et ça passe. Nous sommes devant un « film de DJ » où l’image et les dialogues sont l’équivalent d’un vinyle multipistes qu’un DJ prend plaisir à jouer. Les thèmes abordés sont bien dosés, pas de temps mort ou de lourdeur.
Le racisme ? Ici, on fait dans le racisme à rebrousse poil. Yassine refuse un rôle à Rudy (le nouveau Denzel Washington), son pote et voisin…parce qu’il est noir. Il le lui explique avec une sincérité si naïve que cela en est très drôle. Puis, il octroie un rôle à un « Grand Norvégien aux yeux bleus » pour jouer un personnage qui s’appelle…Samir. Et Rudy, toujours dans les parages, saura le lui rappeler, lorsque, sous la pression du groupe, Yassine devra mettre un terme au CDD de quelques minutes attribué au dit « Grand Norvégien ».
Si le film a sa propre tonalité et évite ainsi les secteurs « classiques » tels que l’intrigue amoureuse, le rap, la police, la prison ou la violence, il faut tout de même un peu de vibration sexuelle qui s’avère, là, très hétéro-centrée. Donc cherchez la femme. Il y en a quatre. La mère de Yassine (la vraie mère du réalisateur) qui le surprend en pleine nuit en plein délit de renforcement alimentaire devant le réfrigérateur familial alors qu’il peine à s’endormir. Et les trois comédiennes du casting. L’une permet d’aborder la question du voile et de la religion. L’autre est l’antithèse de cet idéal féminin vanté au cinéma et dans les pubs. Enfin, la dernière est celle qui réveille ce qui reste de mobilisable chez ces jeunes garçons malgré leur désoeuvrement optimal, et ouvre le chapitre de ce qu’est le cinéma responsable selon Qnia. Il n’y a aucune ambiguïté : pour Qnia, une véritable actrice est d’abord celle qui sait jouer et, autant que possible, hors des productions commerciales comme celles soutenues par Luc Besson. Ce parti pris se doit d’être évoqué lorsque l’on a une idée du pouvoir économique et de l’aura de Luc Besson en rapport avec ses projets divers dans le 93 où se déroule l’histoire.
Et puis, il y a aussi ces deux mômes à la voix grave, deux petits noirs d’une dizaine d’années, parodies de caïds en échec scolaire qui se déplacent en trottinette. Ils veulent aussi en être, du tournage. Comment en-ont-ils entendu parler ? On comprend que tout se sait dans le quartier. Le bon comme le mauvais ; et si pour ces deux petits, l’école semble déjà s’éloigner d’eux, ils ont encore le choix entre l’art et le sport. A condition de pouvoir rêver. Sauf que ce qui les fait rêver, c’est la célébrité et l’immédiateté. Leur face à face avec Yassine qui hèle alors ses amis depuis la rue (lesquels sont occupés à jouer à la play-station) peut encore nous faire rire. Entre Yassine, alors isolé, plus proche du mendiant ou du SDF que du réalisateur prestigieux, et ces deux gosses à trottinette qui s’adressent à lui presque d’égal à égal afin d’obtenir un emploi sur son tournage, difficile de savoir avec certitude lequel est le plus à la rue. Ce qui inquiète déjà néanmoins, c’est que ces deux mômes, aujourd’hui hilarants, pourraient tout aussi bien plus tard entendre parler d’un braquage en préparation et demander de la même façon à en être.
Fais croquer aurait pu être un film dramatique tant nous sommes loin d’un univers avec plages et cocotiers, cocktails et canapés, aux infinies facilités financières et relationnelles. A la place, il nous offre sa jeunesse, son humour et leurs multiples possibilités.
Synopsis : Yassine, jeune cinéphile passionné, veut tourner un film dans son quartier. Il souhaite associer ses amis d’enfance à son projet. Mais l’amitié a parfois ses travers….
Genre : Fiction
Durée : 22′
Pays : France
Année : 2011
Réalisation : Yassine Qnia
Scénario : Carine May, Mourad Boudaoud, Yassine Qnia, Hakim Zouhani
Séance estivale ce 26 juillet à Short Screens avec sept films d’ici et d’ailleurs, d’hier et d’aujourd’hui! Rendez-vous à l’Actor’s Studio, Bruxelles, à 19h30! PAF 5€
Symphonie urbaine et poème visuel, La Vie solitaire des grues explore la face cachée de la ville, ses formes et ses secrets, vus à travers les yeux des grutiers perchés au-dessus de leurs grues.
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La tranquillité d’une petite ville de province est soudainement perturbée.
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C’est la fin, et en même temps cela marque le début d’une transformation de la suite logique des événements.
Saute ma ville de Chantal Akerman /Belgique / 1968 / Expérimental / 13’
Une jeune fille rentre joyeuse chez elle. Elle s’enferme dans sa cuisine et détraque le monde ménager.
L’équipe de l’International Short Film Festival Leuven prépare une nouvelle édition, du 1er au 8 décembre 2012, au Arts Center STUK et au Cinema ZED à Louvain en Belgique. Le programme comprend plus de 120 séances, réparties en 5 catégories différentes : fiction, animation, clips, documentaires, films non-narratifs. Chaque année, le festival accueille quelques 280 courts métrages du monde entier. Ces jours-ci, il lance son appel à films pour la compétition européenne ainsi que pour les sélections hors compétition.
Compétition européenne 2012
Concerne les films de fiction uniquement. Seront décernés le Prix du Jury pour le meilleur court métrage (2.000 euros) et Prix du Public du meilleur court métrage (1.500 euros).
Conditions d’accès :
-Durée : max. 40 min
– Terminé après le 1er Janvier 2011
Production majoritaire européenne
Date limite d’inscription : 1er Août 2012
Compétition flamande 2012
Seront décernés le Prix du Jury pour le meilleur court métrage, le Prix du Public du Meilleur Court Métrage, le Prix des Meilleurs Débuts, le Prix du meilleur film d’animation, le Prix de la meilleure vidéo musicale
Conditions d’accès :
– Durée : max. 40 min
– Terminés après le 1er octobre 2011
– Production majoritaire flamande
– Date limite d’inscription : 28 Septembre 2012
Compilations internationales non compétitives 2012
Comprend le Labo (courts métrages et vidéos non-narratives), courts métrages d’animation pour enfants et courts métrages d’animation pour adultes
– Seule condition d’entrée : durée max. 40 min
– Date limite d’inscription : 1er Août 2012