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Off-Courts 2015, la sélection officielle

La 16ème édition du festival Off-Courts, ayant lieu du 4 au 12 septembre à Trouville-sur-Mer, a rendu public sa compétitions de films français, québécois, européens et/ou francophones. Voici les films sélectionnés dans les 3 programmes en compétition pour cette nouvelle édition 2015.

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QUEBEC

Bleu tonnerre de J.-M. E. ROY et P. D. GAGNÉ
Chelem de Charles GRENIER
Davaï de B. PUCELLA et R. KEIL
Ferraille de R. LESSARD et J. BEAULIEU-CYR
Île et aile de Dan POPA
L’enfer marche au gaz de Martin BUREAU
La pepperette de Jérôme HOF
Le pédophile de Ara BALL
Les cennes chanceuses de Émilie ROSAS
Migration de Fluorescent HILL
Mizbrük de Daniel DURANLEAU
Mynarski chute mortelle de Matthew RANKIN
Pas de Frédérique COURNOYER-LESSARD
Paths de Jérémy COMTE
Prends-moi de A. BARBEAU-LAVALETTE et A. TURPIN
Roberta de Caroline MONNET
Sale gueule de Alain FOURNIER
Une bombe de Guillaume HARVEY
Une idée de grandeur de Vincent BIRON
Zsofika de Maxime-Claude L’ÉCUYER

FRANCE

Appartement à vendre de Jeanne TACHAN
Bal de famille de Stella DI TOCCO
Barbara de Yannick PRIVAT
Corpus de Marc HERICHER
Dans la forêt lointaine de Ronan TRONCHOT
Dans les eaux profondes de Sarah VAN DEN BOOM
Foudroyés de Bibo BERGERON
Je suis orientée de Olivier RICHE
Jeunesse des loups garous de Yann DELATTRE
L’étourdissement de Gérard PAUTONNIER
L’ours noir de M. FORTUNAT-ROSSI et X. SERON
La couille de Emmanuel POULAIN-ARNAUD
Le repas dominical de Céline DEVAUX
Les dents de Battiston de Florent ASTOLFI
Névrodrome de Jim VIEILLE
Oscar & Adélaïde de Aurélien KOUBY
Petit fil(s) de Romuald BEUGNON
Revulshk ! de Julia BOUTEVILLE
She Walks de Victoria VISCO
Silence de Roland SOURAU

EUROPE ET FRANCOPHONIE

Animal on est mal de Sophie BRUNEAU – Belgique
Bendito Machine V-Pull the Trigger de Jossie MALIS – Espagne
Dissonant de Jurgen WILLOCX – Belgique
Dzieci dzwonia (Children Calling) de Andrzej MANKOWSKI – Pologne
Erledigung einer sache (The Last Will) de Dustin LOOSE – Allemagne
Interior.Família. de E. SOLER et G. QUINTO et D. TORRAS – Espagne
Le mal du citron de K. SCHILTKNECHT et J. ROSENSTEIN – Suisse
Nina de V. OBERTOVÁ et M. ČOPÍKOVÁ – Slovaquie
Père de Lotfi ACHOUR – Tunisie
Prodigal de S.-L HUANG et L. UNGUR – Roumanie
S de Richard HAJDÚ – Royaume-Uni
Zápletka (The Entangled) de Stanislav SEKELA – République Tchèque

Chloé Mazlo : « Je crois davantage en la puissance évocatrice de l’image poétique qu’en la représentation « fidèle » de la réalité »

Depuis quelques années et une collaboration au long cours avec Les Films Sauvages (« Deyrouth », « Les Petits Cailloux » et « Conte de Fées à l’usage des moyennes personnes »), Chloé Mazlo développe un cinéma d’animation drôle, sensible et poétique, s’intéressant à la vie quotidienne et à ses petits désagréments. À l’occasion de la sélection de sa nouvelle œuvre (« Conte de Fées à l’usage des moyennes personnes »), adaptée de Boris Vian, à l’édition 2015 du festival Côté Court, nous lui avons posé quelques questions sur son art animé si frais et délicat.

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©Docteur Liem Trinh

Peux-tu revenir en quelques mots sur ton parcours ? Comment es-tu arrivée à la réalisation de films d’animation ?

J’ai étudié le graphisme conceptuel et narratif aux arts décoratifs de Strasbourg. J’avais vécu des histoires amoureuses tragi-comiques durant ma scolarité et je les ai racontées spontanément dans un film d’animation qui n’était autre que mon projet de fin d’études, « L’Amour m’anime ».

En sortant de l’école, j’ai envoyé le film dans des festivals, et là, un producteur, Jean-Christophe Soulageon (Les Films Sauvages), m’a remarquée et a voulu me rencontrer. Nous nous sommes retrouvés dans un lieu pour le moins incongru, un PMU vers la Place de Clichy (Paris), et il m’a proposé de continuer à faire des films, ce que je n’avais pas forcément imaginé de prime abord, mais qui m’a semblé alors être une très bonne idée.

Ton cinéma semble fonctionner sous la forme d’un journal intime animé avec son lot de joie et de souffrances, tout en possédant un humour salvateur qui permet de créer une distance. Es-tu d’accord avec cette analyse ?

Le second degré est pour moi une chose capitale, autant dans la vie que dans la création. La distance est nécessaire pour apporter une certaine légèreté à des propos qui véhiculent et explorent, malgré leur aspect coloré, des sujets graves. Par ailleurs, je regarde très peu de films d’animation, c’est plus le destin quotidien de nos vies qui influence mon cinéma.

Il y a également dans mon travail l’envie de mettre en images littéralement ou avec humour des symboles, paraboles et métaphores, car j’ai eu une éducation moyen-orientale très picturale et métaphorique, qui m’a initiée dès mon plus jeune âge à l’art de la métaphore. Les images métaphoriques me servent à dédramatiser le propos et j’ai beaucoup plus de facilité à m’exprimer à travers ces images qu’avec des mots. Je crois davantage en la puissance évocatrice de l’image poétique qu’en la représentation « fidèle » de la réalité.

Comment t’est venue l’idée de départ (un mal de ventre oppressant) de ton film « Les Petits Cailloux » et comment as-tu « traduit » cela en fiction ? Peux-tu également me parler du parcours du film et de l’obtention du César du meilleur film d’animation ?

Je suis partie d’une expérience vécue, une histoire de maladie mal diagnostiquée que j’ai supporté et avec laquelle j’ai cohabité durant 5 ans.

Quand j’ai finalement réussi à m’en défaire, je me suis demandé comment et pourquoi je m’étais résignée à subir ces douleurs. En en parlant autour de moi, j’ai fait le parallèle avec beaucoup d’histoires que chacun vit que cela soit dans nos relations amoureuses, amicales, au travail, à la maison… Pourquoi quand nous avons le choix n’abandonnons-nous pas ces boulets ? Est-ce que nous nous culpabilisons d’être simplement heureux et que ces poids nous apportent une constance, un équilibre ?

De ces questions ont découlé l’envie d’en faire un film. Pas forcément pour y répondre, mais pour pouvoir les mettre en perspective.

Le film n’a pas eu une grande carrière en festival, et il n’a été sélectionné dans aucun festival de film d’animation de France. L’obtention du César était donc complètement inattendue et symboliquement forte. Je continue avec plus d’assurance et de sérénité, car ce prix démontre en quelque sorte que nous ne nous sommes pas trompés dans notre cheminement artistique. Je fais également attention à ce que cela ne change pas ma façon de travailler.

Quelles sont les techniques d’animation que tu utilises dans tes films ?

Je n’utilise qu’une seule technique d’animation : la pixilation, c’est-à-dire l’animation image par image d’objets ou d’acteurs dans un décor. Je n’utilise pas de fond vert, mais de la vidéo-projection car je souhaite maîtriser le processus créatif au moment du tournage. C’est une prise de risque qui peut entraîner des ratés, mais qui permet aussi des accidents heureux et une bonne part d’improvisation.

 Tes films font la part belle au travail de décoration et de costumes, peux-tu m’expliquer comment se déroule ce travail artistique ?

Ce travail se fait en amont du tournage, il faut en général deux bons mois pour les concevoir et beaucoup de patience, cela ne peut pas se faire dans l’urgence. J’ai été aidé par l’artiste Bérengère Henin sur mes deux derniers films. C’est vraiment un moment que je privilégie, une étape intermédiaire qui suit l’écriture du scénario et qui délimite le visuel du film.

De nombreuses personnes me suivent de film en film, ce qui peut donner parfois l’impression d’un travail artistique « en famille ». Comme me l’a fait remarquer Nicolas Pariser, réaliser un film, c’est un peu comme organiser une grande fête. Alors, forcément, je préfère y inviter ma famille et mes amis… et j’ai la chance d’être entourée de talentueuses et bienveillantes personnes !

Pour ton dernier film « Conte de Fées à l’usage des moyennes personnes », comment t’est venue l’idée d’adapter Boris Vian et comment s’est passé l’adaptation de son œuvre ?

Boris Vian est un auteur qui a toujours fait partie de ma famille de référence, pour sa vision décalée du monde qui me semble plus juste que la réalité elle-même. J’avais contacté l’ayant droit principale, Nicole Bertolt, pour un autre livre, mais les droits étaient déjà pris. Elle m’a gentiment encouragée à trouver un autre ouvrage à adapter, précisant que mon univers correspondait en effet à celui de Boris Vian. J’ai donc exploré son immense héritage pour finalement découvrir ce conte très peu connu en rentrant un soir dans le métro : une fille le lisait en rigolant, cela m’a intriguée.

Sous les conseils « autoritaires » de mon producteur, Jean-Christophe Soulageon, j’ai travaillé avec Yacine Badday pour l’écriture. C’est un grand spécialiste de Boris Vian et un scénariste exceptionnel. Nous avons lu intensivement l’ouvrage puis l’avons mis de côté, pour se l’approprier et écumer l’histoire qui était trop foisonnante de détails et de rebondissements. Nicole Bertolt nous a vraiment offert une confiance absolue. Elle a été présente à chaque étape de la création avec une bienveillance rare qui nous a beaucoup aidés et émus.

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Quels sont tes projets à venir ?

Il y a plusieurs projets dans les tiroirs des Films Sauvages, mais je n’ose pas encore trop en parler, car nous attendons des réponses. En tout cas, j’ai envie de continuer dans la lignée de mes films précédents, et le défi -quotidien- consiste à ne pas se perdre en route…

Sinon, si je regarde la liste de mes bonnes résolutions pour 2016, je devrais aller à la piscine une fois par semaine, déménager et me faire enlever mes dents de sagesse !

Propos recueillis par Julien Savès

Pour information, « Les Petits Cailloux » sera projeté le jeudi 18/2 à 20h30 au Studio des Ursulines (Paris, 5ème), en présence de Jean-Christophe Soulageon, le producteur du film (Les films sauvages)

Festival Cinébanlieue, appel à films

Pour sa 10ème Édition parrainée par Reda Kateb, le Festival Cinébanlieue lance son appel à films. Envoyez vos films courts de 30′ minutes maximum (année de production : 2013-2015) avant le 20 septembre 2015 !

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1er GRAND PRIX TALENTS EN COURT doté par Miroir magique et le CNC – 7500 euros

2e PRIX FRANCE TÉLÉVISIONS. Achat du film primé par France-Télévisions

3e PRIX SACD

4e PRIX POST-PRODUCTION

Adresse d’envoi des films

Festival Cinébanlieue
Loge Gardien
122 avenue Victor Hugo
93300 Aubervilliers

Inscription et infos sur le site du festival : www.cinebanlieue.org

Nicolas Anthomé : « Ce qui m’intéresse profondément dans un film, c’est lorsqu’il nous amène là où l’on ne s’attendait pas à aller »

Nicolas Anthomé, producteur au sein de la société Bathysphere, s’est imposé en quelques années comme l’un des défricheurs les plus assidus d’une nouvelle génération de réalisateurs. Cette année, il présentait au festival Côté Court deux de ses productions récentes : « La Terre penche » de Christelle Lheureux, cinéaste prolifique que Format Court suit avec attention, ainsi que le nouveau film de Mihai Grecu, « The Reflection of power », tous deux présentés respectivement en compétition fiction et expérimentale. L’occasion d’aller à la rencontre de ce producteur qui est revenu pour nous sur son parcours, sur ses multiples collaborations et sur sa manière d’envisager la production aujourd’hui.

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Comment es­-tu arrivé au cinéma ?

J’ai grandi dans une petite ville de province. À l’adolescence, dans les années 90, j’ai commencé à développer des goûts personnels en musique et en cinéma, essentiellement via la télévision car il n’y avait pas de cinéma dans la ville où j’habitais. J’ai découvert les films comme ça, grâce au Ciné-club de Claude-Jean­ Philippe puis Frédéric Mitterand, au Cinéma de Minuit de Patrick Brion ou aux films programmés par Arte. J’ai pris conscience que cela pouvait devenir un métier lorsque j’étais au lycée, et j’ai pris la décision de travailler dans le cinéma assez rapidement, sans beaucoup réfléchir. L’envie de m’orienter vers la production est venue plus tard, vers l’âge de vingt ans. J’ai commencé à enchaîner les stages durant mes études, en ayant très vite le projet de monter une société de production. Je l’ai fait quelques années plus tard en créant Bathysphere productions et j’ai produit mon premier film en 2006.

Comment as­-tu rencontré les premiers réalisateurs que tu as produit ?

Je ne connaissais personne dans le milieu lorsque j’ai commencé à produire des films. Les premiers réalisateurs avec qui j’ai travaillé étaient des camarades de fac, comme Michaël Dacheux et Jérémie Jorrand dont j’ai produit les premiers court-­métrages. Les films que je je produisais alors étaient assez expérimentaux. À la même époque j’ai produit le premier long-­métrage documentaire de Virgil Vernier, « Chroniques de 2005 ». Je l’avais rencontré via un ami qui fréquentait cette bande parisienne composée de jeunes artistes comme Justine Triet, Arthur Harari, Thomas Lévy­-Lasne ou Ilan Klipper… Mes premières rencontres se sont faites à ce moment-­là, et de fil en aiguille j’ai rencontré plusieurs auteurs avec qui j’ai commencé des collaborations. Je suis rarement allé à la rencontre d’un auteur dans le but de produire ses films, exception faite d’Emmanuel Gras (« Bovines », « Être vivant ») que je suis depuis quelques années maintenant.

Est­-ce possible de définir une ligne éditoriale de Bathysphere ? Lorsqu’on regarde le catalogue de ta société de production, on a la sensation que la plupart des auteurs dont tu as produit les films ont des dispositions pour mélanger les écritures et les disciplines (le documentaire, la fiction, la danse…) dans le médium cinéma. Les documentaires, par exemple, reposent souvent sur des dispositifs formels assez expérimentaux qui les distinguent de la frange majoritaire de la production.

Les films qui m’intéressent en tant que spectateur et ceux que j’ai envie de produire sont en général ceux qui portent un projet formel singulier plutôt qu’un sujet à défendre. Je ne suis pas très sensible à l’envie de prendre en charge un sujet ou à la fibre militante, ça m’ennuie rapidement. Pour moi, l’ambition de mise en scène et le goût pour le romanesque prévalent sur la restitution conforme d’une réalité. Le fait est que, dans certains cas, la forme documentaire est plus appropriée et permet d’atteindre le cœur d’un projet plus facilement. Je pense notamment à « Bovines », que j’ai produit et qui ne peut exister que dans cette catégorie-­là, ce qui n’empêche pas le film de déployer une véritable écriture cinématographique.

On retrouve cette envie chez les cinéastes que tu as produit et qui vont plus franchement vers la fiction, comme Arthur Harari, Christelle Lheureux ou Arnold Pasquier.

Ce que ces auteurs ont en commun, c’est de ne pas chercher à faire des films pseudo-­naturalistes. On se rejoint sans doute sur ce désir là, même si ce n’est pas conscient. Après, le véritable point commun qui relie la plus part des films réalisés par les cinéastes que je suis est leur format : ce sont des moyens­-métrages. Ce qui m’intéresse profondément dans un film, c’est lorsqu’il nous amène là où l’on ne s’attendait pas à aller, lorsqu’il nous surprend. Cela induit donc, selon moi, une idée du romanesque qui a besoin de la durée pour ouvrir des portes sur des éléments inattendus et pour prendre le temps de développer des personnages et des récits singuliers. Il n’y a rien de plus ennuyeux pour moi que le petit court­-métrage de quinze minutes avec un récit bien clos, qui avance sur un terrain balisé, souvent avec les pires bons sentiments, et qui cherche à restituer une certaine idée du «réel» en caméra à l’épaule.

Qu’est-­ce que ça implique en terme de fabrication de privilégier les durées intermédiaires comme le moyen-­métrage (des films entre 30 et 59 minutes) quand on est producteur ?

C’est le format minoritaire dans le milieu du court­-métrage, il doit représenter entre 15 et 20 % de la production annuelle. La difficulté est déjà d’ordre économique, car on dépose souvent les projets dans les mêmes guichets que pour les films de moins de trente minutes. Ce sont donc les mêmes financements qui sont alloués alors que, de par leur durée, les moyen-­métrages coûtent plus cher. De plus, certains guichets refusent de lire ces projets, notamment certaines télés. L’autre obstacle, c’est la diffusion : la principale vitrine pour ces films sont les festivals de court­-métrages et la grande majorité d’entre eux ne programment pas les films de plus de 20 ou 30 minutes. J’ai produit beaucoup de moyen-­métrages, et certain d’entre eux n’ont été diffusés que dans deux ou trois festivals voire nulle part !

Et lorsque l’un d’entre eux a du succès, comme « Peine perdue », il ne tourne finalement que dans une dizaine de festivals. Néanmoins, il me semble que les films de ce format sont souvent plus intéressants et valent la peine que l’on se batte pour les financer et les diffuser. De plus, il y a aussi certains avantages en dehors de la réussite artistique. Par exemple, ces films bénéficient souvent d’une couverture médiatique importante lorsqu’ils sont diffusés dans les festivals, comme à Brive ou à Pantin. Beaucoup de cinéastes sont révélés grâce aux moyens-­métrages et suivis de près par la suite.

Tu as un rythme de production assez soutenu, à raison de quatre à cinq projets par an, courts et long­-métrages confondus. Est­-ce que cela implique pour certains films de te lancer en ayant très peu, voir aucun financement ?

Oui, sur les court-­métrages notamment, on part souvent avec des petits budgets. Pour l’un des films de Christelle Lheureux, « Madeleine et les deux apaches », on est parti sur le tournage avec très peu d’argent, juste une subvention qui provenait de l’art contemporain. J’ai accompagné Christelle sur ce projet car cela correspondait à sa logique à ce moment­-là de faire un film dans un geste sans attendre les financements. Le dernier court de Mihai Grecu que j’ai produit, « Reflection of Power », n’a obtenu l’argent d’aucun guichet, donc nous l’avons auto­financé avant d’obtenir le soutien en post­production de la région Île de France, région qui m’a sauvé bien des coups.

Cela amène la question des comités de lecture à qui on fait parvenir les projets, qui prennent du temps pour les lire et pour valider les subventions qu’ils peuvent allouer. Le principal problème avec ces guichets, notamment le CNC, est que leurs lecteurs souvent peu formés et expérimentés ne semblent pas disposés à prendre en compte l’expérience des cinéastes qui proposent leurs scénarios. Ils se contentent d’évaluer le scénario avec des critères étroits et théoriques, sans effort analytique véritable et sans tenir compte de l’œuvre et du travail que le cinéaste peut avoir déjà accompli. Dans un monde normal, des auteurs comme Christelle Lheureux ou Guillaume Brac qui ont fait preuve de leur talent par le passé devraient au moins avoir la possibilité de passer en plénière lorsqu’ils déposent un nouveau projet ! Mais non, on leur répond qu’on ne «juge pas sur le CV». Je pense que le CNC, en voulant à tout prix diversifier les profils des lecteurs, crée une forme de conformisme dommageable pour tout le monde. On ne juge plus un projet de cinéma, on ne juge que des scénarios.

Comment envisages­-tu l’avenir ? Quels sont tes projets pour la suite ?

Je ne me préoccupe pas des questions de formats et de genres, je voudrais continuer à produire des courts et des longs­-métrages, en documentaire et en fiction. Je travaille sur une quinzaine de projets, dont quatre courts­-métrages et deux longs-­métrages que l’on devrait tourner d’ici la fin de l’année.

D’où vient le nom de ta société de production ?

Du titre d’une chanson du groupe Smog, intitulée « Bathysphere ». Cela correspond typiquement au genre de musique que j’écoutais à l’adolescence, ce courant alternatif du rock apparu au début des années 90. J’aimais ce courant musical pour son esprit, ces artistes qui bricolaient leurs chansons dans leur coin et travaillaient dans une grande indépendance. Ils dégageaient une énergie très sauvage sur scène, sans aller dans le punk et sans avoir à hurler. Je retrouvais beaucoup de mon envie de cinéma dans leur musique.

Propos recueillis par Marc-Antoine Vaugeois

Locarno, la sélection des courts dévoilée

Le 68ème festival de Locarno (5-15 août) a publié sa sélection courte hier. Voici les différents films internationaux et suisses en lice pour cette nouvelle édition.

Dédiées à la découverte de nouveaux talents, les séances Pardi di domani sont consacrées aux courts métrages et moyens métrages de jeunes auteurs indépendants ou étudiants d’écoles de cinéma n’ayant pas encore réalisé de longs métrages. La section comporte deux compétitions distinctes : l’une  mettant en avant les films de tous les coins du monde, l’autre limitée aux dernières productions suisses.

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Concorso internazionale

ЗЕВС (Zeus) by Pavel Vesnakov – Germany/Bulgaria – 2015 – 30’
DEAR DIRECTOR by Marcus Lindeen – Sweden – 2015 – 14’
DES MILLIONS DE LARMES by Natalie Beder – France – 2015 – 22’
ECO by Xacio Baño – Spain – 2015 – 20’
FILS DU LOUP by Lola Quivoron – France – 2015 – 24’
GULLIVER by Maria Alché – Argentina – 2015 – 25’
HISTÓRIA DE UMA PENA by Leonardo Mouramateus – Brazil – 2015 – 30’
I REMEMBER NOTHING by Zia Anger – USA – 2015 – 18’
JUNILYN HAS by Carlo Francisco Manatad – Philippines – 2015 – 15’
KM 73 by Radu Ghelbereu – United Kingdom/Romania – 2015 – 15’
LA IMPRESIÓN DE UNA GUERRA by Camilo Restrepo – France/Colombia – 2015 – 26’
LA NOVIA DE FRANKENSTEIN by Agostina Galvez, Francisco Lezama – Argentina – 2015 – 13’
LAMPEDUSA by Philip Cartelli, Mariangela Ciccarello – Italy/France/USA – 2015 – 14’
LAS CUATRO ESQUINAS DEL CÍRCULO by Katarina Stankovic – Germany/Mexico/Serbia – 2015 – 24’
MAMA by Davit Pirtskhalava – Georgia – 2015 – 25’
MARIA DO MAR by João Rosas – Portugal – 2015 – 33’
NOTHING HUMAN by Tom Rosenberg – USA – 2015 – 17’
NUEVA VIDA by Kiro Russo – Argentina/Bolivia – 2015 – 16’
O QUE RESTA by Jola Wieczorek – Austria/Portugal – 2015 – 39’
O TETO SOBRE NÓS by Bruno Carboni – Brazil – 2015 – 22’
REFLECTION by Osi Wald – Israel – 2014 – 4’
RENAÎTRE by Jean-François Ravagnan – Belgium – 2015 – 23’
SA PAGITAN NG PAGDALAW AT PAGLIMOT (The Ebb of Forgetting) by Liryc Dela Cruz – Philippines – 2015 – 14’
SALARIÉ ORIENTAL by Rinat Bekchintayev, Egor Shevchenko – Russia – 2015 – 19’
YELLOW FIEBER by Konstantina Kotzamani – Greece – 2015 – 15’

Concorso nazionale

BABOR CASANOVA by Karim Sayad – Switzerland – 2015 – 35’
D’OMBRES ET D’AILES by Eleonora Marinoni, Elice Meng – Switzerland/France – 2015 – 13’
EIN ORT WIE DIESER by Philip Meyer – Switzerland – 2015 – 8’
HAUSARREST by Matthias Sahli – Switzerland – 2015 – 14’
JOCONDE by Lora Mure-Ravaud – Switzerland – 2015 – 14’
JUST ANOTHER DAY IN EGYPT by Corina Schwingruber Ilić, Nikola Ilić – Switzerland – 2015 – 11’
LA RIVIÈRE SOUS LA LANGUE by Carmen Jaquier – Switzerland – 2015 – 18’
LE BARRAGE by Samuel Grandchamp – Switzerland/USA – 2015 – 14’
LES MONTS S’EMBRASENT by Laura Morales – Switzerland – 2015 – 21’
PERSI by Caterina Mona – Switzerland – 2015 – 17’
THE MEADOW by Jela Hasler – Switzerland – 2015 – 9’

Format Court à la recherche de petites mains et de grandes idées

Depuis déjà six ans (eh oui), Format Court fonctionne selon un modèle bénévole. Aujourd’hui, nous faisons appel à vous. Que vous soyez bénévole, stagiaire ou volontaire, si vous avez une bonne connaissance du court métrage, un peu de temps, des chouettes qualités humaines (curiosité, ouverture, etc) et rédactionnelles à consacrer à notre projet, nous vous proposons de nous rejoindre et de participer au futur de Format Court. N’attendez plus, rejoignez-nous !

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L’équipe rédactionnelle de Format Court est de plus en plus sollicitée par le nombre croissant de films et de festivals. Pour couvrir au mieux l’actualité du court, suivre les festivals et participer à nos Jurys et Prix Format Court, nous avons besoin de nouveaux rédacteurs, étudiants, critiques en herbe ou « simples » cinéphiles.

Dites-nous pourquoi vous souhaitez écrire pour le site, faites-nous part de vos qualifications, centres d’intérêt et/ou expériences personnelles en lien avec votre candidature  et envoyez-nous la critique d’un court métrage que vous avez aimé, si possible en ligne, visible dans notre vidéothèque ou ailleurs.

Pour tout renseignement, pour soumettre votre plume ou pour nous montrer vos petites mains, écrivez-nous à : info@formatcourt.com.

Au moins le sais-tu d’Arthur Lecouturier & Elena de Marie Le Floc’h et Gabriel Pinto Monteiro

La 23ème édition du festival Le court en dit long qui s’est tenu début juin au Centre Wallonie-Bruxelles de Paris proposait une sélection de 44 films belges ou franco-belges, de création récente, répartis en six programmes thématiques. « Au moins le sais-tu » d’Arthur Lecouturier, récompensé par le Prix Coup de Cœur RTBF et « Elena » de Marie Le Floc’h et Gabriel Pinto Monteiro, Prix du scénario, sont deux films d’école dont les intrigues bien que très différentes présentent de nombreux points de convergence. En effet, tous deux abordent la question difficile de l’avortement et poussent à explorer les motivations, souvent complexes, incitant le choix de l’interruption de grossesse.

Le premier film nous introduit dans le quotidien d’Alexandra, une jeune femme d’apparence assez sèche qui, au milieu des cartons, finalise son déménagement. Elle sera dérangée par sa nouvelle voisine, une femme âgée cherchant à nouer des contacts dans son immeuble. L’accueil est glacial et la porte très rapidement fermée au nez de la nouvelle venue. Néanmoins, bien que tout semble les opposer, l’isolement qu’expérimentent les deux personnages finira par les rapprocher. Derrière la froideur et la détermination d’Alexandra, se cache, un drame personnel, cause fondamentale de son désir d’interrompre sa grossesse. Bien que manifestant un désir évident de rester seule, la jeune femme va peu à peu baisser ses barrières face à la fragilité, la douceur presque candide de la vielle femme. Tour à tour agacée, touchée, courroucée,  Alexandra sera amenée à se remettre en question, à porter un regard nouveau sur sa grossesse et les raisons pour lesquelles elle souhaite l’interrompre. Les attitudes des deux protagonistes se font écho, comme deux manières diamétralement opposées de faire face à des situations finalement assez analogues. Les images, très lumineuses, laissent toute sa place au sujet développé, ce qui a pour effet d’accentuer l’émotion, d’éclairer le jeu des deux actrices. Valentine Lapière, qui donne ses traits au personnage d‘Alexandra dévoile une interprétation tout en retenue. Le visage fermé, elle retranscrit parfaitement les tensions internes qui habitent son personnage, refusant de s’ouvrir aux autres, mais bouillonnant d’une colère qui ne demande qu’à jaillir.

La place de l’altérité face au choix de l’avortement est le point central du film ”Elena”. Ici, le personnage principal n’est pas la femme souhaitant mette un terme à sa grossesse, mais la fille de cette dernière : Elena. Issue d’une famille polonaise ayant émigré en Belgique, l’adolescente est la seule de la famille à parler français, elle joue donc le rôle de traducteur auprès de ses parents et est impliquée dans chacune de leurs décisions. Les premières images du film la montre avec l’une de ses amies, la conversation porte sur l’école et un garçon qui lui plait. Elena apparait comme une adolescente tout ce qui à de plus normal, ayant les mêmes centres d’intérêt, les mêmes préoccupations que les jeunes de son âge. Pourtant, lorsque sa mère doit se rendre à l’hôpital, c’est elle qui est chargée de jouer le médiateur entre ses parents et le corps médical. Dans ce rôle, elle est confrontée à une situation complexe, une situation d’adultes. Comprenant bien mieux qu’elle ne le devrait tout ce qui est en jeu, entre les semi-confessions de sa mère soudainement prise de panique et l’infirmière présente pour la prendre en charge, la jeune fille ne pourra tout traduire de façon littérale. Comment, à son âge, se comporter face à des révélations qui la dépasse ? Elena devra faire un choix qui, irrémédiablement, l’obligera à grandir.

moins

Par le biais de sujets difficiles, ces deux fictions traitent de la complexité des sentiments, des rôles parfois pesants que l’on s’attribue ou dans lesquels on nous cantonne. Ce sont également des histoires de femmes et de générations qui évoquent la nécessité de grandir, d’évoluer, de changer pour s’adapter à certaines situations. Surtout, ce qui rapproche ces deux histoires, c’est l’épure instaurée par leur réalisateurs, l’attention pleinement portée sur les personnages, les sentiments complexes qu’ils expérimentent et la manière dont ils tentent de les gérer. Les deux intrigues développent une tension qui implique immédiatement le spectateur. Il ressort de très bonnes choses de ces deux films d’écoles qui ont su se distinguer au sein d’une programmation vaste regroupant le meilleur de la création belge récente.

 

FNC LAB, appel à projets

En partenariat avec Concordia University et la FOFA Gallery, le très montréalais FNC (Festival du Nouveau Cinéma) lance un appel à projets inédit, dans le cadre de sa section FNC Lab.

Soumettez dès à présent votre court-métrage (1-3 minutes) sur le thème de « la ville hors des sentiers battus ». Prime à l’image, ces vidéos doivent être « silencieuses » (ni dialogues ni habillage sonore).

Les vidéos sélectionnées feront l’objet d’une projection exceptionnelle pendant 5 jours à l’occasion du 44e Festival du Nouveau Cinéma, dans la cour de la FOFA Gallery, Concordia.

Vous avez jusqu’au 15 juillet pour adresser vos œuvres à hidden@nouveaucinema.ca

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Les contes cruels de Gerlando Infuso

« Les Pécheresses », court-métrage d’animation en volume, a reçu la Mention Spéciale Animation du 23ème festival Le court en dit long. Récompensé à Annecy dès son premier film (« Margot », 2007, Prix du Jury Junior), Gerlando Infuso a poursuivi dans la voie d’un gothique féminin, et peut-être même féministe.

Trois des quatre courts du réalisateur mettent en scène des personnages féminins : « Margot », « L’Oeil du Paon » (2010) et « Les Pécheresses » ; « Milovan Circus », en 2008, est l’exception. Toutes ces femmes sont en quelque sorte des pécheresses, dont le comportement passionné remet en cause l’ordre du monde : Margot assassine son amant pour éviter que l’âge le flétrisse et la chasseresse de « L’Oeil du Paon », après avoir épuisé son choix de gibiers, traque un homme comme un animal. Elle le torture tout en étant sensible à ses charmes, dans une relation trouble qui fait écho à celle de « Margot » : l’amour conduit à la destruction. Dans son nouveau film, Infuso entremêle les histoires de trois femmes, à des époques différentes : Eve, la pécheresse originelle, qui croque la pomme interdite ; la femme de Barbe-bleue, elle aussi trop curieuse, punie pour avoir découvert le secret de son mari ; une danseuse de cabaret qui excite ses spectateurs masculins et va subir les conséquences, horribles, de leur désir.

Ces femmes transgressent l’ordre établi par les hommes, par le crime (« Margot », « L’Oeil du paon ») ou la désobéissance (Eve s’oppose aux ordres de dieu et la femme de Barbe-bleue à ceux de son ogre de mari). Dans « Les Pécheresses », Infuso souligne avec un érotisme poussé le caractère provocateur de ses personnages tout en montrant les punitions qu’elles encourent pour être sorties du rang, jusqu’à l’horreur du viol, ce qui permet une critique du modèle patriarcal. Les femmes de « Margot » et « LOeil du paon » contrôlent leur vie, quitte à abuser de ce privilège : elles contrôlent également la bande-son, puisque leur voix off court sur tout le film ; les pécheresses sont au contraire privées de la parole (le court-métrage est muet), ce qui annonce leur défaite (de même pour l’acrobate, également muet, dont « Milovan Circus » raconte la déchéance).

Ces conflits entre le féminin et le masculin, Gerlando Infuso les traite sous la forme du conte. « Les Pécheresses » réunit une fable religieuse (Adam et Eve), un conte traditionnel (Barbe-bleue) et une histoire plus contemporaine (la danseuse de cabaret). Les contes se mélangent : la femme de Barbe-bleue est une souillon qui rappelle Cendrillon et la chasseresse de « L’Oeil du paon » revêt un chaperon rouge qui renverse l’imagerie de la petite fille sans défense puisqu’elle devient le loup qui attaque les voyageurs dans les bois.

On l’aura compris, les contes de Gerlando Infuso ne sont pas innocents : ils reviennent à la source du genre, sadique et sexualisé. Perrault rencontre Edgar Poe, auquel on pense en regardant « Margot » et « L’Oeil du paon » : des personnages obsessionnels et solitaires, qui révèlent leurs tourments par des monologues poétiques, récités d’une voix susurrante. La forme graphique des films est également tourmentée, dans un style expressionniste marqué (décors plongés dans les ténèbres, personnages longilignes, accessoires tordus). Ce déséquilibre visuel transmet une impression d’inquiétude en accord avec la violence des histoires.

L’utilisation de marionnettes – plutôt que des dessins sur celluloïd ou par ordinateur – donne aux films de Gerlando Infuso une dimension concrète, tactile, qui renforce l’érotisme dont fait preuve le réalisateur. Ses (anti-)héroïnes sont impudiques, souvent nues ou harnachées dans des guêpières qui mettent en valeur leurs formes imposantes : longues jambes, taille serrée, petits seins et larges fesses. L’amour débouche sur la mort et la sensualité sur le malaise. Margot et les autres pécheresses évoquent bien sûr les poupées gothiques des films de Tim Burton, avec leur teint de porcelaine et leurs yeux exorbités, mais Infuso se montre plus cru dans sa description des corps : la nudité de Margot est trop maigre, les cernes de ses yeux maladives et son regard asymétrique (un œil plus gros que l’autre) est un indice de sa folie.

« Margot », « L’Oeil du paon » et « Les Pécheresses » forment un ensemble cohérent par le caractère et la ressemblance physique de leurs personnages féminins. Le germe de la grande réussite des « Pécheresses » est pourtant à chercher dans le deuxième film du réalisateur, « Milovan Circus », le seul à ce jour à avoir un homme comme personnage principal. « Milovan Circus » et « Les Pécheresses » ne reposent pas sur la parole alors que les deux autres films sont soutenus par une voix introspective et omniprésente. Dans « Margot », déjà, une des rares scènes sans parole donnait lieu à une création sonore : le personnage tricote et le cliquetis de ses aiguilles donne le rythme mécanique de la musique. Dans « Milovan Circus » comme dans « Les Pécheresses », la musique accompagne et commente l’action qui se déroule de façon non-linéaire : le premier film est une succession de souvenirs et l’autre alterne trois histoires. Plus encore que le rythme de la musique, c’est celui des images qui organise les films : des objets servent de relais entre le passé et le présent dans « Milovan Circus » et les intrigues des « Pécheresses » se répondent entre elles comme le font les mouvements des trois femmes, qui semblent emportées par une chorégraphie commune. La danse est centrale dans « Les Pécheresses », qui est d’ailleurs le film techniquement le plus abouti d’Infuso, avec les décors les plus vastes et les plus variés, les mouvements les plus complexes et les plus souples.

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Danse, acrobatie, mime… Les personnages du réalisateur sont des artistes qui s’expriment par leur corps. Dans chaque film, un personnage se retrouve suspendu au-dessus du vide, accroché à chaine (« L’Oeil du Paon »), marchant sur un fil d’équilibriste (« Milovan Circus »), enveloppé dans de la laine (« Margot »), dans ses cheveux (« Milovan Circus »), des tissus ou de la végétation (« Les Pécheresses »). On peut voir ses diverses formes de cordages comme autant de variations autour des fils du marionnettiste (les films sont en réalité animés image par image). Qui est le marionnettiste du destin, qui tire les ficelles des personnages et fracasse leur existence, si ce n’est Gerlando Infuso lui-même ?

Sylvain Angiboust

Articles associés :  l’interview de Gerlando Infuso, la critique de « Milovan Circus », l’aperçu de tournage de « L’Oeil du Paon »

Festival CourtsCourts, les 13 films sélectionnés

Il n’y en a pas que pour les gros festivals sur Format Court. L’an passé, nous participions au festival CourtsCourts organisé depuis quelques années dans le village de Tourtour par Michèle van Panhuys-Sigler, une grande amatrice de courts souhaitant proposer aux habitants de cette magnifique région du haut Var d’autres propositions que les blockbusters habituels. Fin juillet, du 23 au 25, le festival reprendra ses droits pour plusieurs projections en plein air. 13 films seulement font partie de la compétition, les voici.

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Films sélectionnés

– Ad vitam, Axel Lattuada, 2015, France

– Anómalo, Aitor Gutiérrez, 2015, Espagne

– K-Nada, Hubert Charuel, 2014, France

– La fille du gardien de prison, Manon Heugel, 2014, France

– La route du bout du monde, Lucile Prin, 2015, Chili

– Le grand jeu, Agnès Vialleton, 2015 , France

– L’homme de l’île sandwich, Levon Minasian, 2015, France

– Planter des choux, Karine Blanc, 2014, France

–Si jamais nous devons disparaître, ce sera sans inquiétude mais en combattant jusqu’à la fin, Jean-Gabriel Périot, 2014, France

–Soroa, Asier Altuna, 2014, Espagne

– Speed acting, Fabrice Oussou, 2014, France

Stella MarisGiacomo Abbruzzese, 2014, Italie

–Sur la touche, Hortense Gelinet, 2014, France

Concours : gagnez des places pour la reprise du Festival d’Annecy au Forum des images

Quelques jours après la clôture du Festival international du film d’animation d’Annecy, le Forum des images accueille trois séances de courts métrages mercredi 1er et jeudi 2 juillet. Format Court vous offre 15 places pour en découvrir le palmarès ainsi que la sélection de l’Agence du court métrage. Intéressé(e)s ? Contactez-nous !

Mercredi 1er juillet, 19h : Courts métrages primés (1è partie). Durée de la séance : 1h40. 5 places à gagner !

GUIDA

Edmond de Nina Gantz (Royaume-Uni 2015, couleur 9min, vo). Prix CANAL+ « aide à la création » et Prix du jury pour un film de fin d’études

Rotary « Fateline » de Suresh Eriyat (Inde 2014, couleur 1min48, vosta). Cristal pour un film de commande

Teeth de Daniel Gray et Tom Brown (États-Unis, Hongrie, Royaume-Uni 2015, couleur 6min, vostf). Prix Fipresci

My Dad de Marcus Armitage (Royaume-Uni 2014, couleur 5min50, sans dialogues). Cristal du film de fin d’études

La Moufle de Clémentine Robach (Belgique-France 2014, couleur 8min30). Prix du jury pour un spécial TV

Guida de Rosana Urbes (Brésil 2014, couleur 11min20, vostf). Prix « Jean-Luc Xiberras » de la première oeuvre court métrage et Prix Fipresci – Mention spéciale pour un court-métrage

Isand (The Master) de Riho Unt (Estonie 2015, couleur 18min, sans dialogues). Prix du jury court métrage

Rhizome de Boris Labbé (France 2014, couleur 11min55, sans dialogues). Prix André Martin pour un court métrage français

Rita og Krokodille «Fisketuren» (Rita and Crocodile «Fishing») de Siri Melchior (Danemark – Royaume-Uni, couleur 5min02, vastf). Prix du jury pour une série TV

World of Tomorrow de Don Hertzfeldt (Etats-Unis, 2014, couleur 16min30, vostf). Mention du jury et prix du public pour un court métrage

Mercredi 1er juillet, 21h : Carte blanche à l’Agence du court métrage. 5 places à gagner !

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Mi ne mozhem zhit bez kosmosa (Nous ne pouvons vivre sans le cosmos) de Konstantin Bronzit (Russie, 2014, 15’20, Dessin sur papier, ordinateur 2D). Prix du jury Junior et Cristal du court métrage

Suleima de Jalal Maghout (Syrie, 2014, 15’04, animation d’objet, dessin sur papier, ordinateur 2D & 3D)

Nuggets d’Andreas Hykade (Allemagne, 2014, 5’17, dessin sur papier)

Ko-chi de Eun-A YEO (Corée du sud, 2015, 12’22, ordinateur 2D)

Isand de Riho Unt (Estonie, 2015, 18’, Marionnettes). Prix du jury

Sonambulo de Theodore Ushev (Canada, 2015, 4’20, dessin sur papier, ordinat eur 2D)

Splintertime de Rosto (Pays-Bas, France, Belgique, 2014, 10’, effets spéciaux, ordinateur 3D, vues réelles)

Dissonance de Till Nowak (Allemagne, 2015, 15’, ordinateur 3D). Prix Sacem de la musique originale pour un court métrage

Le Repas dominical de Céline Devaux (France, 2015, 13’47,  ordinateur 2D, rotoscopie)

Jeudi 2 juillet, 19h : Courts métrages primés (2è partie). Durée de la séance : 1h45. 5 places à gagner !

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Roadtrip de Xavier Xylophon (Allemagne 2014, couleur 22min, vosta). Prix du jury junior pour un film de fin d’études

Dissonance de Till Nowak (Allemagne 2018, couleur 15min, vostf). Prix Sacem de la musique originale pour un court métrage

NSPCC «Lucy and the Boy» de Yves Geleyn (Royaume-Uni 2014, couleur 1min, version anglaise). Prix du jury pour un film de commande

Mynarski chute mortelle (Mynarski death plummet) de Matthew Rankin (Canada 2014, couleur 7min45, sans dialogues). Prix du film « Off-Limits »

Hello World ! «Long-Eared Owl» de Eric Serre (France 2014, couleur 7min, vastf). Cristal pour une production TV

Brume, cailloux et métaphysique de Lisa Matuszak (France 2014, couleur 5min46, sans dialogues). Mention du jury pour un film de fin d’études

Yùl et le serpent de Gabriel Harel (France 2015, couleur 13min). Prix André Martin – Mention pour un court métrage français

Dans les eaux profondes de Sarah Van Den Boom (France-Canada 2015, couleur 12min01). Prix Festivals Connexion – Région Rhône-Alpes en partenariat avec Lumières Numériques

Mi ne mozhem zhit bez kosmosa (We can’t live without cosmos) de Konstantin Bronzit (Russie 2014, couleur 15min20, sans dialogues). Cristal du court métrage et Prix du jury junior pour un court métrage

Le Coup de pouce DCP, 2ème édition

Après le succès remporté par la première édition qui avait rassemblé 45 films en compétition, Media Solution lance une 2ème édition pour 2015 avec un principe simple : pour celles et ceux qui ne disposent pas de DCP (encodage au format Cinéma Numérique) de leur œuvre, Média Solution a décidé d’aider de jeunes talents du court métrage francophone à se faire connaître sur le grand écran.

Les réalisateurs (ou les producteurs) intéressés doivent faire parvenir leur court-métrage par internet à l’adresse mail suivante : dcp@mediasolution.fr.

Pour participer : http://mediasolution.fr/blog/

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Comment s’effectue le choix de la, ou du vainqueur(e) ?

Tout d’abord une première sélection des films est effectuée par l’équipe de Média Solution. Puis la « short list » retenue est soumise à un jury de professionnels qui est chargé de visionner et de juger les films. Aux termes de délibérations, le jury choisit le court-métrage qu’il souhaite aider en lui offrant son DCP.

Pour cette seconde édition, le planning est le suivant :

– Lancement du concours : 23 juin 2015
– Clôture de la réception des films : lundi 31 août 2015
– Délibération du jury : jeudi 24 septembre 2015

Conditions de participation

– Le réalisateur (trice) déclare être âgé d’au moins 18 ans;
– Un réalisateur (trice) ne peut envoyer plus d’un court-métrage par session (il devra attendre la suivante);
– Le court-métrage doit avoir été d’achevé postérieurement à janvier 2014;
– Il n’est pas nécessaire d’être produit par un producteur;
– Les films doivent avoir une durée maximale de 20 mn (générique compris);
– Les films doivent être en langue française;
– Les films doivent être envoyés par un lien de téléchargement (FTP, WETRANSFER ou autre) au format MP4 (1080p ou 720p);
– Les réalisateurs doivent pouvoir fournir leur master au format ProRes HQ dans le cas où leur film serait récompensé par le jury.

Z comme Le zombie au vélo

Fiche technique

Synopsis : Un zombie perd son travail. Il doit en trouver un autre mais préférerait se promener sur son beau vélo.

Genre : Fiction

Durée : 23 minutes

Année : 2015

Pays : Belgique

Réalisation : Christophe Bourdon

Scénario : Christophe Bourdon

Image : Frédéric Martin

Montage : Bruno Pons, Bruno Schweisguth

Son : Yves Bemelmans

Interprétation: Olivier Bonjour, Astrid Whettnall, Renaud Rutten…

Production : Les Films du Carré

Article associé : la critique du film

Le zombie au vélo de Christophe Bourdon

L’employé en colère et le patron malhonnête qui l’a licencié au terme de sa période d’essai se poursuivent dans les couloirs de l’usine et en viennent aux mains, accompagnés par une caméra heurtée. La scène, marquante, qui ouvrait « Rosetta » (1999) – le plus célèbre long-métrage des cinéastes belges Jean-Pierre et Luc Dardenne, récompensé par la Palme d’or du Festival de Cannes – est reprise à l’identique au début du premier court-métrage de Christophe Bourdon. Lorsque l’image se stabilise et que les deux personnages se font face, on découvre que l’ouvrier n’a pas les traits d’Émilie Dequenne, ni ceux d’Olivier Gourmet ou Jérémie Rénier, interprètes réguliers des Dardenne, ni même ceux de Peter Mullan ou d’un autre habitué du cinéma de Ken Loach, auquel on pourrait également penser : non, ce chômeur est… un zombie dans un état de putréfaction avancé. Un zombie intégré à la société (à la manière de la comédie canadienne « Fido », 2006) mais qui vivote, victime de la méfiance et du mépris des vivants, et dont le seul plaisir est de faire du vélo, jusqu’au jour où on lui vole son véhicule.

Comme son titre ne l’indique pas, « Le zombie au vélo » est d’abord une réécriture de « Rosetta », dont il duplique des scènes (l’ouverture) et des décors (la baraque à gaufres), mais il s’inspire aussi du « Gamin au vélo », sorti en 2011, dont il reprend la bicyclette et le final optimiste. À ce cocktail de Dardenne, Christophe Bourdon ajoute un troisième ingrédient, plus inattendu : des zombies, figures centrales la pop culture actuelle (voir le succès de la bande-dessinée et de la série télévisée « Walking Dead »). Cet accouplement entre culture populaire et sérieuse, entre cinéma d’épouvante et drame social, n’est contre-nature qu’en apparence. Il semble même plutôt pertinent si on remonte aux origines des films de zombie.
1968 : le jeune George A. Romero tourne à l’économie, avec des comédiens inconnus et dans un style abrupt (caméra à l’épaule, montage à la serpe), son premier film, « La nuit des morts-vivants », qui marque durablement la peur cinématographique par son approche naturaliste. Avant Romero, le zombie était associé à l’imaginaire exotique des cérémonies vaudou (« I Walked with a Zombie » de Jacques Tourneur en 1943) ; après, le zombie se charge d’une forte symbolique politique : l’irruption des morts au milieu des vivants est l’illustration cauchemardesque de la situation de crise que traversent alors les États-Unis, un retour du refoulé violent de la guerre du Viêt-Nam et de l’assassinat de Martin Luther King (qui a lieu durant le tournage). Dans « Zombie » (1978), Romero fait de ses morts-vivants les victimes de la société de consommation, qui se trainent lamentablement dans les centres commerciaux. Dans « Land of the Dead » (2005), le cinéaste imagine une révolte de zombies avec à sa tête un homme noir en bleu de travail. Difficile d’être plus explicite : le mort-vivant est un prolétaire, le symbole derrière lequel se regroupent tous les opprimés de la société capitaliste. Ce qui nous ramène au « Zombie au vélo », où les morts-vivants occupent la position de travailleurs pauvres, allant de contrat précaire en contrat précaire, sous le contrôle sévère, pour ne pas dire injuste, des employés de l’agence pour l’emploi.

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Le zombie de Christophe Bourdon est lent, comme chez Romero et contrairement aux cadavres véloces des récents « 28 jours plus tard » (2002) ou « L’armée des morts » (2004) : les morts demandeurs d’emploi ont cette mollesse, cette passivité que la société reproche parfois aux chômeurs de longue durée (ceux qui ne « veulent pas s’en sortir »). Une scène située dans les locaux de l’agence pour l’emploi est représentative de l’humour noir, gentiment gore, du « Zombie au vélo », mais aussi de sa dénonciation par l’absurde du cynisme de l’institution : un zombie bûcheron, sa hache plantée dans le corps, se voit reprocher de travailler moins efficacement que lorsqu’il était vivant, pendant qu’une femme zombie, qui ne s’exprime plus que par borborygmes, ne parvient pas à trouver un poste de secrétaire multilingue. Le zombie est le dernier des prolétaires car il est privé de la parole : chez les Dardenne, Rosetta pouvait encore crier sa colère à son patron, son désespoir à sa mère et faire le tour des commerces pour demander du travail, alors que le mort-vivant est muet, sa révolte ne peut passer que par des grognements et quelques coups de dents bien placés. La bestialité du zombie, dont le comportement fruste est réduit à l’assouvissement des besoins fondamentaux (faire du vélo est un plaisir « gratuit » qui donne au personnage son humanité), n’est une nouvelle fois pas si éloignée de l’animalité de Rosetta, que les Dardenne filmaient dans la forêt comme une bête, toujours en mouvement pour assurer sa survie.
Saluons au passage la qualité de l’interprétation d’Olivier Bonjour qui parvient à rendre son personnage de zombie amusant et touchant sans parler et avec une forte couche de maquillage sur le visage. Saluons aussi la clairvoyance du jury du 23ème festival Le court en dit long qui l’a récompensé du prix d’interprétation masculine : le cinéma de genre offre régulièrement des performances d’acteur mémorables, mais il est rare qu’elles soient reconnues dans les festivals généralistes.

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Sous son apparence potache, le film de Christophe Bourdon a été fait avec le plus grand sérieux : les maquillages sont splendides et le réalisateur a apporté un soin tout particulier à choisir des décors, des cadrages et des éclairages qui pouvaient rappeler le style des Dardenne. Le rire naît de décalage causé par la présence du mort-vivant maladroit dans un film des Dardenne, mais aussi de la réelle proximité que le film entretient avec leur cinéma, d’un point de vue tant esthétique (une approche directe, « documentaire », du quotidien) que thématique (l’individu en lutte contre les injustices). Les meilleures parodies ne sont pas celles qui se contentent de moquer des films célèbres mais celles qui, par l’humour, nous permettent de mieux en comprendre les enjeux : les anachronismes des « Trois âges » de Buster Keaton (1923) faisaient référence à la structure temporelle complexe du très sérieux « Intolérance » de D.W. Griffith (1916) et, plus près de nous, les blagues salaces d’« Austin Powers » (1997) révèlent en l’exagérant le sexisme de la série de « James Bond ». « Le zombie au vélo », lui, se charge de nous démontrer que les frères Dardenne sont aussi les cousins de Romero.

Sylvain Angiboust

Consultez la fiche technique du film

Côté Court, le palmarès

Autre festival à s’être achevé ce weekend, le festival Côté Court de Pantin. Pour sa 24ème édition (10-20 juin), le festival aux nombreux programmes (films, vidéos, performances) a honoré les films suivants.

COMPÉTITION FICTION

GRAND PRIX FICTION : « Les Rues de Pantin » de Nicolas Leclerc. PRIX D’INTERPRÉTATION MASCULINE : Hiroto Ogi pour « Les Rues de Pantin »

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PRIX SPÉCIAL DU JURY, PRIX DE LA PRESSE : « La Terre penche » de Christelle Lheureux

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PRIX DE LA JEUNESSE : Bison 6 » de Pauline Laplace. PRIX D’INTERPRÉTATION FÉMININE : Coralie Russier dans « Bison 6 ».

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MENTION SPÉCIALE DU JURY DE LA PRESSE : « Notre Dame des Hormones » de Bertrand Mandico

PRIX DU PUBLIC : « Haramiste » d’Antoine Desrosières

PRIX DU GNCR : « Les Filles » d’Alice Douard

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COMPÉTITION EXPÉRIMENTAL – ESSAI – ART VIDÉO

GRAND PRIX EXPÉRIMENTAL-ESSAI-ART VIDÉO, PRIX DU PAVILLON : « Enfants, poussière » de Frédérique Devillez

Enfants, poussière-devillez

PRIX SACEM DE LA MEILLEURE MUSIQUE ORIGINALE : Olivier Marguerit pour la musique de « While the Unicorn is Watching Me » de Shanti Masud

SUR LES DEUX COMPÉTITIONS : PRIX RENARD DE LA MEILLEURE BANDE SONORE : Géry Petit et Olivier Touche pour la bande sonore du film « Le Souffleur de l’Affaire » d’Isabelle Prim

MENTION SPÉCIALE « Le Renardeau » : Philippe Dubernet, Guillaume Durrieu et Arno Ledoux pour la bande sonore du film « Black Diamond » de Samir Ramdani

PRIX DU MEILLEUR PROJET DE FILM : T’es cap ou t’es pas cap d’Enrika Panero

LAURÉATS DE LA RÉSIDENCE DE CINÉASTE EN SEINE-SAINT-DENIS : Audrey Jean-Baptiste, François Jeevaranjan, Demba Sonate

Guido Hendrikx : « Pour faire des films intéressants, il faut apprendre à se limiter »

Primé par notre site au festival Go Short (Pays-Bas), Guido Hendrikx avait fait le déplacement à Paris courant avril pour présenter son film « Onder ons » aux Ursulines. Sujets tabous, traitement médiatique, intérêt pour le documentaire et la fiction, manipulation, instincts individuels, nuance,… : le jeune réalisateur est revenu sur les différents thèmes qui ont influencé son travail et son parcours. Rencontre.

Guido Hendrikx

Avant de faire des études de cinéma, tu es passé par une école de journalisme. Pour quelle raison ?

J’aime les bases, l’écriture des reportages. J’ai étudié le journalisme dans le cadre d’une formation générale à l’Université d’Utrecht. À cette époque, j’ai réalisé un film, « Minor », car je voulais être journaliste d’investigation. Juste après, j’ai réalisé que le journalisme traitait juste des exceptions, des catastrophes, de ce qui sortait de l’ordinaire et pas assez de la façon dont le monde fonctionnait, de la vie quotidienne en somme. Ce qui se passe tous les jours n’est pas couvert par les médias qui ne pensent qu’à travers le prisme de l’exception. Prenons le cas de « Onder ons ». Pour les médias, les pédophiles ne sont que des déséquilibrés, vieux, manipulateurs, qui agressent les enfants. Ça, c’est l’exemple généralisé. J’ai fait des recherches pour ce film. Les médias n’ont jamais parlé des pédophiles différemment, aucun journaliste n’en a interviewé.

Pour moi, le traitement de l’actualité était également trop conventionnel, conservateur et rapide, lié au format et aux deadlines. Je n’ai plus eu envie de poursuivre dans cette voie.

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« Day is Done * » a été ton premier film réalisé après tes études à Utrecht . Comment cela s’est-il passé ?

J’ai filmé un homme qui ne sortait pas de chez lui. J’ai eu des intuitions, je me suis écouté, j’avais juste une feuille contenant les scènes que je voulais. Je n’avais pas de règles, de limites. Pour faire des films intéressants, il faut apprendre à se limiter. Faire des films, c’est faire des choix et s’y tenir. Je me suis limité : j’avais 15 heures pour un film de 30 minutes. Si tu sais ce que tu cherches, ça marche. Si tu attends que ça se passe, tu dois changer de profession.

Pour construire « Onder ons », tu as donc rencontré des pédophiles. Raconte-nous.

Il faut mettre de côté ses a priori, être le plus ouvert possible. J’ai rencontré des pédophiles, les ai interviewés pour le film. Ils ne voulaient pas être montrés à l’écran, on a enregistré leur texte, monté le film avec leurs voix originales et demandé à des comédiens de dire leur propos grâce à un casque. Je ne voulais pas qu’ils apprennent le texte par coeur.

J’ai voulu travailler sur les émotions que les pédophiles ont ressenti à partir du moment où ils ont compris qui ils étaient. Ils ont une attitude différente de la réalité, ils se comportent comme des minorités extérieures au monde. Je souhaitais coller à leurs perspectives le plus possible.

D’où vient cet intérêt pour la marginalité ?

Je ne cherche pas à faire des films ou des sujets difficiles. Quand j’ai une idée, quand quelque chose m’interpelle, je me dis que ça vaut la peine d’en faire un film. Ce n’est pas un processus rationnel. Apparemment, la marginalité m’attire, c’est peut-être lié à la manière dont les gens agissent et pensent. Ils sont si différents, ils pensent si différemment de moi que c’est pour ça aussi que je les filme.

Pourquoi as-tu ressenti le besoin de suivre des cours à la Nederlandse Filmakademie, à Amsterdam ?

Après, « Day is Done * », j’ai eu du mal à retrouver une vie sociale. Le problème, c’est que j’étais tout seul pour filmer, faire les recherches, produire, prendre le son, monter et distribuer le film. Il n’y avait que moi et le protagoniste. J’étais curieux de savoir comment les choses pouvaient se passer dans un groupe avec des moyens et de bénéficier d’un enseignement spécialisé.

C’est pour ça que je suis allé vers cette école qui a un bon niveau. J’en avais beaucoup entendu parler. Après avoir été accepté, je suis entré en section documentaire. À l’époque, j’étais un cinéaste documentaire pur et dur. Je ne voulais pas changer l’ordre des séquences. Maintenant, 5 ans plus tard, je pense totalement à l’envers. L’objectif est de raconter une bonne histoire quelque soit la manipulation. Aujourd’hui, je me sens attiré par la fiction, je peux incorporer des éléments fictionnels dans mes films. J’écris d’ailleurs un scénario de fiction pour un autre réalisateur. Je désire combiner l’écriture pour la fiction et les tournages dans le documentaire.

En documentaire, il est toujours possible de compter sur la réalité. Il faut pouvoir la reconnaître, juger ce qu’elle nous offre. En fiction, on contrôle tout du début à la fin. L’authenticité est plus présente en documentaire, elle est impossible à restituer en fiction.

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Est-ce que ton école a facilement accepté le projet de « Onder ons » ?

« Onder ons » touche à un sujet totalement tabou en Hollande. Il y a 18.000 pédophiles dans le pays. Le mot pédophile généralise un concept simple qui n’est pas du tout lié à la réalité. Il est difficile d’expliquer qu’un pédophile peut être quelqu’un d’autre qu’un vieux pervers, qu’il peut être un étudiant d’université par exemple. L’équipe du film m’a toujours suivi mais l’école moins, elle avait peur. J’avais la réputation d’être un enfant terrible, de causer des difficultés. Quand j’ai dû présenter le projet aux organes de financement, ceux-ci ne comprenaient pas mon empathie. Clairement, le film aurait été difficile à faire sans école et moyens.

Après « Onder ons », on a découvert un formidable autre court réalisé par tes soins : « Escort ». Le film traite à nouveau d’un sujet difficile, l’expulsion des sans-papiers du point de vue des personnes chargées de les escorter en vue de leur expulsion.

« Onder ons » est venu après « Escort ». Tous les deux parlent de manière différente de la rivalité entre la morale et les instincts individuels. L’essence est la même : comment les gens agissent en fonction de ce que leur environnement leur dit et comment ils réagissent à la pression sociale.

Dans « Escort », l’institution, la Maréchaussée royale, explique comment déporter les gens, mais quelques jeunes recrues à l’intérieur tentent de résister. Leurs convictions sont heurtées mais elles sont trop faibles pour résister à l’institution. Je filme ces deux personnes qui ont des doutes, même si je ne pense pas qu’un jour, elles quitteront l’institution.

Comment as-tu préparé ce projet ? Tu es très proche des protagonistes, tu filmes des situations étonnantes comme l’accompagnement musclé d’un sans-papier dans un avion.

Je ne crois pas à l’objectivité. Je n’essaye pas d’être objectif mais d’être nuancé. J’ai suivi un stage à destination des nouvelles recrues. Pendant la préparation, j’étais engagé, parfois très choqué et touché par ce que je voyais, comme par exemple lorsque la famille d’un réfugié s’est fait expulser devant moi. Pendant le tournage, par contre, je suis trop pris par le film pour être impressionné par une situation. C’était quand il n’y avait pas de caméra que je réagissais.

Très vite, les choses sont devenues naturelles. On a installé la caméra devant les gens tout de suite. La seule manière d’obtenir une relation de confiance, c’est d’être sincère. Quand le réfugié est monté dans l’avion, je ne savais pas ce qui allait se passer, je ne savais pas du tout comment il serait expulsé (avec les menottes, de force, …), mais j’ai manipulé la situation. J’ai demandé aux deux stagiaires de rentrer dans la voiture, on les a filmés en permanence, on a saisi leurs émotions à vif. Je savais que cette scène serait la dernière.

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Le film circule dans quelques festivals mais vous avez beaucoup du mal à le montrer…

Oui, le sujet est très sensible. Cela a pris beaucoup de temps et de conviction pour avoir accès à la Maréchaussée. Ils ont accepté le projet dans un but éducationnel, ont adoré le film, mais le Ministre de la Justice bloque sa diffusion. C’est très difficile de le montrer en festival.

Est-ce que tes films représentent une étape à chaque fois ?

Je ne crois pas beaucoup au fait qu’on fait le même film à chaque fois. C’est important de se réinventer comme réalisateur dans le style et l’histoire. Les meilleurs auteurs sont reconnaissables à la manière dont ils parlent au public, à leur ton, à la façon dont ils manipulent les spectateurs. Je trouve ça intéressant car le cinéma est une question de manipulation. Les auteurs qui m’intéressent le plus viennent de la fiction. Lars Von trier, Werner Herzog, Michael Hanneke, …, ce sont tous des manipulateurs.

Propos recueillis par Katia Bayer

Articles associés : la critique de « Onder ons » ,le reportage sur les films précédents de Guido Hendrickx

Annecy, le palmarès

Hier soir, le palmarès du 39ème Festival international du film d’animation 2015 a été dévoilé. Voici les nombreux prix attribués aux courts-métrages lors de la cérémonie de clôture de l’édition 2015.

Courts métrages

Cristal du court métrage : We Can’t Live Without Cosmos de Konstantin Bronzit (Melnitsa Animation Studio, Russie)

Prix du jury : Isand de Riho Unt (Oü Nukufilm, Estonie)

Prix « Jean-Luc Xiberras » de la première œuvre : Guida de Rosana Urbes (RR Animaçao de Fimes, Brésil)

Prix du public, Mention du jury : World of Tomorrow de Don Hertzfeldt (Bitter Films, États-Unis)

Prix du film « Off-Limits » : Mynarski chute mortelle de Matthew Rankin (Gabrielle Tougas-Fréchette, Matthew Rankin, Canada)

Films de fin d’études

Cristal du film de fin d’études : My Dad de Marcus Armitage (Royal College of Art, Royaume-Uni)

Prix du jury : Edmond de Nina Gantz (NFTS, Royaume-Uni)

Mention du jury : Brume, cailloux et métaphysique de Lisa Matuszak (EMCA, France)

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Prix spéciaux

Prix « CANAL+ aide à la création » pour un court métrage : Edmond de Nina Gantz (NFTS, Royaume-Uni)

Prix Festivals Connexion – Région Rhône-Alpes  : Dans les eaux profondes de Sarah Van den Boom (Papy 3D Productions, ONF, France, Canada)

Prix du jury junior pour un film de fin d’études : Roadtrip de Xaver Xylophon (Weißensee Kunsthochschule Berlin, Allemagne)

Prix du jury junior pour un court métrage : We Can’t Live Without Cosmos de Konstantin Bronzit (Melnitsa Animation Studio, Russie)

Prix Fipresci : Teeth de Daniel Gray, Tom Brown (Holbrooks, États-Unis, Hongrie, Royaume-Uni)

Prix Fipresci – Mention spéciale : Guida de Rosana Urbes (RR Animaçao de Fimes, Brésil)

Prix André Martin pour un court métrage français : Rhizome de Boris Labbé (Sacrebleu Productions, France)

Prix André Martin – Mention pour un court métrage français : Yùl et le Serpent de Gabriel Harel (Kazak Productions, France)

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Prix de la meilleure musique originale, avec le soutien de la SACEM, dans la catégorie courts métrages : Dissonance de Till Nowak. Musique : Olaf Taranczewski, Frank Zerban (Framebox, Allemagne)

Guido Hendrikx, chantre de l’exclusion

Ce qui frappe dans l’œuvre documentaire du Néerlandais Guido Hendrikx, réalisateur de  « Onder ons », primé par notre équipe au festival Go Short de Nijmegen, c’est la maturité avec laquelle il dépeint la réalité. Qu’il aborde les derniers jours d’un alcoolique dans son premier film « Day is Done * » ou qu’il montre des professionnels de la Maréchaussée royale des Pays-Bas en formation dans « Escort », Hendrikx fait preuve d’une justesse de mise en scène qui ne laisse pas indifférent. Cultivant le goût pour la marginalité, il aime à plonger dans les abîmes de l’exclusion sociale pour y révéler les failles de la société contemporaine et, tel un peintre renaissant, il a recours à un clair-obscur métaphorique pour mettre en lumière la part sombre de l’âme humaine qu’il transporte bien au-delà des espérances.

Il est des artistes qui dès leur premier opus se distinguent grâce à la maîtrise de leur sujet, à l’approche empathique qui le met en valeur et au génie qu’ils ont de toucher l’Autre en plein cœur. « Day is Done * » dresse un portrait intimiste, naturaliste et sans concession de Peter Oud, un quinquagénaire malade, alcoolique et agoraphobe. Avec ce premier film réalisé après ses études à Utrecht et avant qu’il n’entame son cursus à la Nederlandse Filmacademie, Hendrikx aborde l’un des thèmes qu’il ne cessera d’approfondir et de varier dans ses autres films à savoir celui de l’inadaptation sociale que l’on retrouvera dans « Onder ons » notamment. En Peter Oud qu’il a rencontré alors qu’il travaillait comme aide à domicile, il perçoit la figure d’un Sisyphe. Prenant parti de la pensée camusienne, il imagine ce tendre bourru, abruti par la douleur et les médicaments, heureux de son sort, ce qui lui permet d’affronter chaque jour comme si c’était le premier sans se poser davantage de questions. Bien que le monde de Peter soit cloisonné, confiné à son appartement rempli d’objets aussi exotiques qu’incongrus, la caméra d’Hendrick laisse entrevoir une ouverture par le simple fait de le filmer, laissant au monde un très beau témoignage posthume d’un oublié, prisonnier de la solitude de sa vie.

Durant sa première année à la NFA en 2011, il réalise « Human », un petit film d’une toute autre facture. Plutôt esthétique, tourné en noir et blanc, mêlant gros plans et plans moyens d’un jeune homme, beau, bien sous tous rapports et s’exprimant avec son corps. Produit hybride dans la jeune carrière cinématographique de son auteur, le film traite de solitude malgré tout. Perdu dans un espace-temps, l’individu tente de combattre l’inertie par le mouvement, la danse, la boxe ou encore la prière. Quelle réponse idéale attend-on d’un homme qui pense face au vide existentiel ? Aucune, et en quelque sorte « Human » pourrait en être une.

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« My Funny Valentine » est une déclaration d’amour à l’Exclusion, au Blues et à l’Art. Il s’agit en fait d’un exercice de deuxième année (il fallait réaliser un documentaire de 10 minutes sur base d’une matière de 50 minutes tournées en 16mm) où à nouveau Hendrikx choisit la voie de l’originalité et de la profondeur pour dépeindre l’univers de Stefan Aukes, un drogué qui bénéficie d’un programme gouvernemental lui permettant la consommation de drogue surveillée. Mais Stefan est surtout un artiste dont les dessins laissent transparaître une douce folie et un monde intérieur intense. Comme si cette intériorité lui échappait, Guido Hendrikx la poursuit de très près, scrutant le moindre détail du visage de Aukes, de ses dessins aussi. Aux images vidéo se mêlent des instantanés réalisés par le dessinateur lui-même représentant ce que le spectateur ne pourra voir (les prises de drogues surtout). « My Funny Valentine » se retrouve sans cesse à la lisière du rêve et de la réalité comme si la personnalité de l’artiste poussait Hendrikx à rester dans un intermédiaire complexe. Entre Miles Davis et « La Vita e Bella », s’impose le fouillis intérieur de Stefan Aukes, un lieu où, comme une chambre d’ado, traînent de vieux albums photos, des lettres lues maintes fois et des cassettes aux solos de guitares légendaires. Entre Aukes et Hendrikx, il ne semble plus y avoir de distance, il y a juste un lien et un même intérêt pour les émotions fortes.

En 2012, il y a eu 4823 refus de demandes d’asile aux Pays-Bas. Parmi eux, 1410 demandeurs furent escortés dans leur pays d’origine par la Maréchaussée royale. « Escort » est l’un des premiers films à montrer du côté des autorités les doutes et les incertitudes de ceux qui sont confrontés à la misère du monde. Durant trois semaines, Guido Hendrikx suit le programme d’entraînement des nouvelles recrues. De la salle de classe à la piste d’atterrissage, la caméra capte les émotions de deux protagonistes choisis pour la sensibilité dont ils font preuve. Opérant par opposition et contraste, le film ne juge pas directement mais pose question sur ces pratiques qui portent clairement atteinte à la dignité humaine.

Le court métrage permet également de mettre en avant les contradictions du discours politique théorique lorsqu’il est appliqué. Ce qui marque ici c’est le sentiment d’impuissance physique mais aussi psychologique face à une décision prise dans un tribunal. La démultiplication du regard par le biais de la caméra d’Hendrikx ou encore des caméras de surveillance dans l’isoloir d’un aéroport fragilise la notion de vérité et de justice. Qui a raison ? Qui a tort ? Peu importe, car pour l’heure la question est de savoir comment escorter dignement une personne menottée et immobilisée dans un manchon de corps.

Marie Bergeret

Articles associés : la critique de « Onder ons », l’interview du réalisateur

Consulter la fiche technique de « Onder ons »

Guido Hendrickx, Prix Format Court au Festival Go Short 2015

Lauréat du Prix Format Court au dernier festival Go Short à Nimègue, Guido Hendrickx est un réalisateur prometteur qui ne fait pas de demi-mesure avec un cinéma aussi lyrique que résolument engagé. Dans la sélection éclectique et riche de la compétition nationale cette année, son documentaire « Onder ons » (Parmi nous), une interrogation subtile et approfondie de la pédophilie, s’est démarqué et, tel un coup de poing, a séduit notre Jury Format Court. Dans le cadre de son prix, « Onder ons » a été programmé lors de notre soirée spéciale Format Court au mois de mai. Découvrez dès aujourd’hui notre dossier spécial dédié à ce jeune talent émergeant des Pays-Bas.

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Retrouvez dans ce focus :

– La critique du film

Le reportage sur ses films précédents

L’interview du réalisateur

Short Screens #51 : Voyages, voyages

Short Screens vous propose un avant-goût cinématographique des vacances et vous embarque, le temps d’une soirée, à bord d’une croisière aux quatre coins du monde avec 9 courts métrages surfant sur les flots de la découverte et de l’évasion.

A ne pas manquer! Dernière séance avant la pause estivale de juillet-août!

Le jeudi 25 juin à 19h30, au cinéma Aventure, Galerie du Centre, Rue des Fripiers 57, 1000 Bruxelles – PAF 6€

Une initiative de l’asbl Artatouille et Format Court

Visitez la page Facebook de l’événement ici.

Programmation

LE VOYAGE DANS LA LUNE de Georges Méliès, France/ 1902/ fiction/ 10’30
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Lors d’un colloque d’astronomie, le professeur Barbenfouillis crée l’événement en faisant part à l’assemblée de son projet de voyage dans la Lune…

Article associé : la critique du film

LE VOYAGEUR S’EXCLAME ALORS de  Johan Pollefoort, Belgique/ 2007/ animation/ 6’30
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Le voyageur s’exclame alors : « Malheur à ceux qui se contentent de peu ».

Article associé : la critique du film

SHORT TRIP de Johannes Duncker  Allemagne/ 2014/ documentaire/ 6′

Un touriste occidental arrive à Istanbul pour un court séjour pendant les manifestations à Gezi Park.

LA CARTE de Stéfan Le Lay, France/ 2009/ fiction animée/ 6′
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Un jeune homme qui vit dans une carte postale en couleur tombe amoureux d’une jeune femme qui vit dans une carte postale en noir et blanc. Il est prêt à tout pour la rejoindre et rester avec elle.

P d’Aaron Rookus, Pays-Bas/ 2014/ fiction/ 9′
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Les aventures d’une famille en vacances…

INDIAN DIARIES 1 de David Varela & Chantal Maillard, Espagne/ 2014/ documentaire/ 7’30
indian diaries
Travail multidisciplinaire basé sur les textes et poèmes de l’écrivaine et philosophe Chantal Maillard dans la ville de Bénarès, et les images filmées dans la même ville par le cinéaste David Varela.

DEMAIN IL PLEUT de Anne-Céline Phanphengdy & Mélanie Vialaneix; France/ 2014/ animation/ 5′
demain il pleut
Dans une petite maison perdue au milieu de la lande, un vieil homme vit une vie monotone en rêvant de voyages exotiques. Mais demain il pleut.

HOME VIDEO ARGENTINA de Xiao-Xing Cheng, Chine/ 2004/ documentaire/ 18′
home
Retrouvailles avec un oncle d’Amérique.

L’OURS NOIR de Méryl Fortunat-Rossi &Xavier Seron, Belgique/ 2015/ fiction/ 15’30

Règle n°1 : Ne nourrissez jamais les ours.
Règle n°2 : Ne vous approchez pas à moins de 100m.
Règle n°3 : Évitez de surprendre l’ours.
Règle n°4 : Gardez toujours votre chien en laisse.
Maintenant que vous connaissez les règles, nous vous souhaitons un agréable séjour dans le parc naturel de l’ours noir.