Tous les articles par Katia Bayer

Festival de Rotterdam 2017, les courts en compétition

Le festival de Rotterdam a lieu bientôt, du 25 janvier au 5 février. Voici la liste des courts métrages en lice pour les Tiger Awards.

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What the Heart Wants de Cécile B. Evans

Films en compétition

On Generation and Corruption de Makino Takashi, Japon
Rubber Coated Steel de Lawrence Abu Hamdan, Liban/Royaume-Uni
Sakhisona de Prantik Basu, Inde
El cuento de Antonia by Jorge Cadena, Colombie/Suisse
Deletion de Esther Urlus, Pays-Bas
Into All That Is Here de Laure Prouvost, Royaume-Uni
Super Taboo de Su Hui-yu, Taïwan
Last Days of Leningrad de Maria Zennström, Suède/Russie
From Source to Poem de Rosa Barba, Allemagne
No Shooting Stars de Basim Magdy, Egypte/Suisse
Cloacinae de Serge Onnen & Sverre Fredriksen, Pays-Bas/Chine
The Lost Object de Sebastian Diaz Morales, Pays-Bas
Lunar Dial de Gao Yuan, Chine
Meridian Plain de Laura Kraning, Etats-Unis
Holy God de Vladlena Sandu, Russie
Nyo vweta Nafta de Ico Costa, Portugal/Mozambique,
Joanne de Simon Fujiwara, Royaume-Uni
As Without So Within de Manuela de Laborde, Etats-Unis/Royaume-Uni/Mexique
Information Skies de Metahaven, Corée du sud/Pays-Bas
Fajr de Lois Patiño, Espagne/Maroc
What the Heart Wants de Cécile B. Evans, Allemagne/Royaume-Uni/Belgique/Australie
Fuddy Duddy de Siegfried A. Fruhauf, Autriche
August de Omer Fast, Allemagne

Sonámbulo de Theodore Ushev

Animation, 2015, 4’20″, Canada, Les Productions Unité centrale, Theodore Ushev

Synopsis : Sonámbulo est un voyage surréaliste à travers les formes et les couleurs, inspiré du poème « Romance Somnambule » de Federico García Lorca; une poésie visuelle qui se déploie au rythme d’étranges rêves et de nuits passionnantes.

Alors que Vaysha, l’aveugle fera (on l’espère) peut-être partie des courts retenus au second tour des Oscars, Sonámbulo, le précédent film de Theodore Ushev, animateur canadien d’origine bulgare, a été mis en ligne il y a quelques jours par le studio d’animation croate Bonobo.

Le travail d’Ushev que nous avons interviewé à Clermont-Ferrand en 2012 est intéressant à suivre sur la durée. Aucun film ne se ressemble, le graphisme se réinvente à chaque projet, et le court continue à l’animer (jeu de mots) avec/malgré les années.

Prenez Sonámbulo par exemple. Introduit par un vers de Federico Garcia Lorca, ce petit film de moins de 4 minutes, est un poème visuel et musical, superbement rythmé, jouant avec les formes, les couleurs, les silhouettes, les mouvements, les apparitions et les disparitions, l’abstrait et le surréalisme. Sublimée par le tango enjoué du musicien bulgare Kottarashky, cette œuvre hypnotique, digne héritière de Miro et McLaren, est un joyeux foutoir traversé par une multitude de détails et de plans les plus incroyables les uns que les autres. « Un poème audiovisuel au rythme palpitant qui respire l’âme des Balkans ».

Katia Bayer

Soirée Anniversaire Format Court, les photos !

Quelques jours après notre Séance Anniversaire ayant eu lieu le jeudi 12 janvier 2017 au Studio des Ursulines (Format Court vient de passer le cap de ses 8 ans !), voici l’album photo de la soirée, signé Stenny Sigere. La projection était suivie d’un pot offert et de galettes des rois, anniversaire oblige !

Nos invités, ce soir-là, étaient Héloïse Pelloquet, réalisatrice de « L’Âge des sirènes », Julien Dara, Balthazar Lab & Jérémy Déglise, co-réalisateur, chef opérateur et comédien de « The Ordinary » et Roxana Stroe, réalisatrice de « Une nuit à Tokoriki  ».

À noter : notre prochaine Soirée Format Court aura lieu le jeudi 9 février 2017.

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Une nuit à Tokoriki de Roxana Stroe

Tour de force traitant de l’intolérance ou exercice de méta-narration musicale, « Une nuit à Tokoriki » de Roxana Stroe embarque le spectateur pour un voyage singulier qui ne laisse pas indifférent. Tel était en tout cas le constat du jury Format Court qui a primé ce court métrage roumain de manière unanime lors de la dernière édition du Festival du film francophone (FIFF) à Namur.

Ce film d’école, qui a été apprécié dans des festivals partout dans le monde (Berlin, Sidney, Boston, Helsinki…), part de la prémisse du sempiternel triangle amoureux. Dans une Roumanie rurale figée dans un espace-temps décalé d’au moins deux décennies, une bande de jeunes garçons maladroits boostés à la testostérone se rendent, fièrement perchés sur une calèche, à la discothèque ad hoc nommée Tokoriki. Là-bas, c’est la fête des 18 ans de Geanina et tout le village est convié. À peine adulte, cette dernière semble avoir sa vie toute tracée, dorlotée à sa gauche par un père vraisemblablement bien aisé et à sa droite par son fiancé Bebe, ce jeune homme qui tergiverse constamment entre timidité et détermination.

C’est en fanfare que la fête bat son plein, avec un DJ lançant chanson techno après chanson techno, l’une plus ringarde que l’autre. Personne ne parle car la musique dit tout. Elle s’est d’ailleurs accaparé les rênes de la narration dès les premiers plans lorsque Alin, l’un des héros, a surgi en tant que alpha-mâle, indiscutable homme à femmes. Durant toute la fiesta, le jeu de regard suggestif entre ces trois jeunes amoureux provoque une tension à couper au couteau, alors que la musique, elle, sombre dans le vaudevillesque. La danse déguise à peine un rituel primaire de séduction et Geanina, déboussolée, se laisse emporter par les sentiments conflictuels d’effroi et de fascination, tiraillée entre deux prétendants.

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Toutefois, la distanciation engendrée par cet univers surréaliste tellement improbable mais ô combien vrai retient toute l’attention jusqu’au retournement dramatique de la situation (prévisible ou non selon les sensibilités des uns et des autres) qu’il serait criminel de dévoiler ici, tant la puissance du film repose sur cet effet de surprise. Qu’il suffise de dire que la scène qui s’ensuit, d’une grande violence, est rendue d’autant plus éloquente par le filtre d’un voile d’esthétisme et de chorégraphie quasi kubrickiens, un choix habile de la part de la jeune réalisatrice.

Rares sont les cinéastes qui osent marier un travail formel recherché avec un fond engagé tout aussi audacieux, de sorte que l’un ne prenne pas le dessus sur l’autre et ne le relègue pas au rang soit du gratuit soit du superficiel. Plus rares encore sont celles et ceux qui réussissent le pari, comme l’a fait Roxana Stroe à ce stade si précoce de sa carrière.

Adi Chesson

Consultez la fiche technique du film

N comme Une nuit à Tokoriki

Fiche technique

Synopsis : Dans une discothèque improvisée appelée « Tokoriki », le village entier célèbre le 18ème anniversaire de Geanina. Son petit ami et Alin vont lui donner un cadeau surprenant, un cadeau que personne ne pourra jamais oublier.

Pays : Roumanie

Genre : fiction

Durée : 18′

Année : 2016

Réalisation : Roxana Stroe

Scénario : Ana-Maria Gheorghe, Roxana Stroe

Image : Laurenţiu Răducanu

Montage – Vlad Genescu

Son : Victor Miu

Interprétation : Cristian Priboi, Cristian Bota, Iulia Ciochină

Production : UNATC

Article associé : la critique du film

Festival de Berlin 2017, les courts sélectionnés

23 courts-métrages issus de 19 pays sont retenus en compétition au prochain Festival de Berlin (9-19 février 2017). Ils concourent aux Ours d’Or et d’Argent, au Prix Audi et à une nomination pour les European Film Awards. Le film algérien « Monangambeee », réalisé en 1969 réalisé par Sarah Maldoror, sera diffusé hors compétition.

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Films sélectionnés

Altas Cidades de Ossadas (High Cities of Bone), João Salaviza, Portugal, 19’
Avant l’envol, Laurence Bonvin, Suisse, 20’
The Boy from H2, Helen Yanovsky, Israël / Palestine, 21’
Call of Cuteness, Brenda Lien, Allemagne, 4’
Centauro (Centaur), Nicolás Suárez, Argentine, 14’
Cidade Pequena (Small Town), Diogo Costa Amarante, Portugal, 19’
Coup de Grâce, Salomé Lamas, Portugal, 26’
The Crying Conch, Vincent Toi, Canada, 20’
Ensueño en la Pradera (Reverie in the Meadow), Esteban Arrangoiz Julien, Mexique, 17’
Estás vendo coisas (You are seeing things), Bárbara Wagner & Benjamin de Burca, Brésil, 18’
Everything, David OReilly, USA / Irlande, 11’
Le film de l’été (A Summer’s Film), Emmanuel Marre, France / Belgium, 30’
Fishing Is Not Done On Tuesdays, Lukas Marxt & Marcel Odenbach, Germany / Autriche, 15’
Fuera de Temporada (Out of Season), Sabrina Campos, Argentine, 23’
Hiwa, Jacqueline Lentzou, Grèce, 11’
Os Humores Artificiais (The Artificial Humors), Gabriel Abrantes, Portugal, 30’
keep that dream burning, Rainer Kohlberger, Allemagne / Autriche, 8’
Kometen (The Comet), Victor Lindgren, Suède, 11’
Martin Pleure (Martin Cries), Jonathan Vinel, France, 16’
Miss Holocaust, Michalina Musielak, Pologne/ Allemagne, 22’
Monangambeee, Sarah Maldoror, Algérie, 15’ – Hors compétition
Oh Brother Octopus, Florian Kunert, Allemagne, 27’
The Rabbit Hunt, Patrick Bresnan, USA / Hongrie, 12’
Street of Death, Karam Ghossein, Liban / Allemagne, 23’

Nouvel After Short, spécial Clermont, lundi 16/1 au Point Éphémère !

Pour info/rappel, les After Short de Format Court sont des soirées régulières de networking réunissant la communauté active et dynamique du court métrage.

Après le succès de la reprise de nos After Short en octobre 2016 autour des César, Format Court vous invite le lundi 16 janvier 2017 à partir de 19h30 pour le premier After Short de l’année, organisé en partenariat avec la Société des réalisateurs de films (SRF) et consacré au Festival International du court métrage de Clermont-Ferrand 2017 qui aura lieu du 3 au 11 février prochain.

Cette soirée se déroulera en présence de certaines équipes sélectionnées, mais aussi des cinéastes de la SRF et les équipes de Format Court et de la SRF.

Pas moins de 14 équipes en compétition à Clermont (nationale, labo) seront présentes le soir même ! : « Ce qui nous éloigne » de Hu Wei (Ama Productions), « Un ciel bleu presque parfait » de Quarxx (Blast Production, Broken Production), « Et toujours nous marcherons » de Jonathan Millet (Films Grand Huit, Offshore, Hélicotronc), « Children » de Paul Mas (Ecole des Métiers du Cinéma d’Animation), « Le Sens des choses » de Frédéric Radepont (Les Fil(m)s du Vent), « L’Exilé du temps » de Isabelle Putod (Les films de l’aqueduc), « Au loin, Baltimore » de Lola Quivoron (La Fémis), « Du plomb pour les bêtes » de Theorore Sanchez (G.R.E.C.), « Baby Love » de Nathalie Najem (31 Juin Films), « Guillaume à la dérive » de Sylvain Dieuaide (Yukunkun Productions), «  Kymco » de Marine Feuillade et Maxence Stamadiatis (Apsara Films), « Dirty South » de Olivier Strauss (Sedna Films), «  Bêlons » de El Mehdi Azzam (Barney Production), «  Rhapsody In Blueberry » de Gaëlle Denis (La Voie Lactée), « Panthéon Discount » de Stéphan Castang (Takami Production).

Venez les retrouver/rencontrer !

La SRF est une association qui, depuis 1968, a pour mission de « défendre les libertés artistiques, morales et les intérêts professionnels et économiques de la création cinématographique ». Elle organise la Quinzaine des réalisateurs à Cannes et les Rencontres européennes du moyen métrage de Brive. Comptant près de 300 adhérents, la SRF défend le point de vue de tous les réalisateurs – qu’ils réalisent du court et/ou du long métrage. Seule association représentante des cinéastes du format court, la SRF est aussi une des fondatrices et co-présidente du ROC : le Regroupement des Organisations du Court métrage1, qui s’attache à garantir la pérennité et la diversité de la création et de la production des œuvres de format court, notamment en termes de financement et de diffusion.

Punch offert, possibilité de manger & parties de ping-pong au programme !

En pratique

Lundi 16 janvier 2017 à partir de 19h30
Le Point éphémère
200 quai de Valmy – Paris 10ème
Métro Jaurès (lignes 5, 2 et 7 bis), Louis Blanc (ligne 7), Bus 26, 46, 48 : Goncourt, Couronnes, Parmentier)

Entrée libre
Réservation souhaitée : aftershortformatcourt@gmail.com

Event Facebook

Prix Format Court, des nouvelles de Marie Voignier

Après vous avoir donné des nouvelles de deux lauréats de Prix Format Court (Héloïse Pelloquet (réalisatrice de « L’Âge des sirènes », projeté ce jeudi soir aux Ursulines, en sa présence, et Erik Schmitt, réalisateur de « Berlin Metanoia ») en voici de Marie Voignier.

La réalisatrice de « Tourisme International », un moyen-métrage documentaire traitant de la Corée du Nord, primé par Format Court au tout dernier Festival de Vendôme, en 2014, a tourné un nouveau film : un long-métrage, « Forêt Electrique », retenu en compétition officielle à la prochaine Berlinale (9-19 février 2017)!

Nous suivrons la sortie du film de près et vous en donnerons des nouvelles dans les prochains mois. En attendant, sachez que « Tourisme International » sortira en compagnie d’un précédent moyen-métrage de la réalisatrice, « Le bruit du canon » dans le courant du deuxième semestre 2017 et que Format Court sera partenaire de cette sortie !

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Forêt Electrique

Synopsis : Aux confins du Sud-Est camerounais, la grande forêt primaire abrite un territoire que les puissances coloniales se sont disputées, exploitant par le travail forcé les ressources prodigieuses de la nature. Une région au cœur de laquelle la population s’organise aujourd’hui autour d’une économie de survie, héritage immédiat de cette histoire dont les paysages constituent aujourd’hui les plus puissants des monuments.

Pour info, depuis la création des Prix Format Court, notre équipe a récompensé près de 40 films de tous genres et horizons (France, Belgique, Allemagne, Pays-Bas, Autriche, Espagne, Royaume-Uni, Pologne, Portugal, Roumanie, Norvège, Suède, Danemark, Canada, Brésil, Algérie, États-Unis, Israël) et s’est associé à de nombreux festivals français et étrangers.

Le silence de la carpe de Vincent Pouplard

Cette semaine, Format Court porte son regard sur le court-métrage de Vincent Pouplard « Le silence de la carpe », réalisé en 2011. Sélectionné dans de nombreux festivals comme les Premiers Plans d’Angers ou encore le festival Hors Pistes (Centre Pompidou), le film nous plonge dans un univers peu connu du grand public : l’apnée.

Le silence de la carpe de Vincent Pouplard. Documentaire, 14′, France, 2011, Cinédoc

Synopsis : À la recherche de leurs limites physiologiques, les apnéistes imposent à leur corps un régime différent de l’exercice habituel et régulier de leurs poumons. Il y a les corps et cette retenue qu’ils choisissent, acceptent et expérimentent.

Filmé lors d’une séance d’entrainement, le documentaire peint ses étranges corps suspendus dans l’eau. Vincent Pouplard, en silence, filme le temps à l’état pur. Les gestes des apnéistes sont montrés sans interruption, ce qui donne de la longueur aux plans. On observe chacun de leurs pas mesurés et calculés, pour rester le plus longtemps sous l’eau. C’est un véritable challenge physique et psychologique qui se déroule sous nos yeux.

Le réalisateur prend le temps d’observer les scènes avec fascination : la parole n’est pas nécessaire face à un monde silencieux. Les protagonistes sont présentés à la fin, par des plans cadrés épaule. Vincent Pouplard filme leurs visages travaillés et fatigués par la concentration et l’énergie que demande l’apnée.
La durée du court-métrage (14′) pousse le spectateur à se laisser flotter dans la piscine avec les apnéistes, observant au plus prêt cette discipline peu connue. On est porté par le sujet qui est montré le plus naturellement possible : en 16mm, au plus près des corps, tout en gardant le point de vue hors de l’eau.

Vincent Pouplard nous livre dans ce court-métrage un documentaire original qui plonge le spectateur dans un univers qui ne lui est pas habituel. Son geste documentaire se ressent par la volonté d’aller au plus près de ses protagonistes, le public se laissant porter par le récit. Dans « Le silence de la carpe », il propose avec originalité, d’observer des apnéistes inertes et pousse le spectateur à se questionner sur la contemplation du corps.

Lila Toupart

10 bonnes raisons de participer à la Soirée anniversaire Format Court ce jeudi 12/1 au Studio des Ursulines

Ce jeudi 12 janvier 2017, Format Court fête ses 8 ans à 20h30 au Studio des Ursulines (Paris, 5ème). Notre soirée anniversaire, organisée avec le soutien de l’Institut Culturel Roumain, accueillera 5 films (dont un nouveau Prix Format Court) et 3 équipes. Voici 10 bonnes raisons d’y participer !

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1) Parce que la programmation est sympa et diversifiée (France, Belgique, Arménie, Géorgie, États-Unis, Roumanie)
2) Parce qu’on pourra se souhaiter une bonne année (on est encore dans les temps)
3) Parce qu’on pourra chanter Happy Birthday pour les 8 ans de notre site internet
4) Parce que le court-métrage, c’est juste génial !
5) Parce que les films programmés ne repassent pas à la séance de 22h, ne sont pas téléchargeables sur Internet et ne sortiront probablement pas en DVD, comme les longs-métrages
6) Parce que pas moins de trois équipes sont présentes : Héloïse Pelloquet, réalisatrice de « L’Âge des sirènes » (sélectionné à Angers et Clermont-Ferrand 2017), Julien Dara et Balthazar Lab, co-réalisateur et chef opérateur de « The Ordinary » (Grand Prix au Festival Off-Courts de Trouville 2016) et Roxana Stroe, réalisatrice de « Une nuit à Tokoriki  » (sélectionné à la Berlinale 2016 et Prix Format Court au Festival de Namur 2016).
7) Parce que la jeunesse et la qualité sont au coeur de la programmation, tant du côté des films d’écoles que des premiers films professionnels
8) Parce que la séance coûte moins cher qu’un paquet de clopes et que c’est meilleur pour la santé 😉
9) Parce que le cinéma des Ursulines permet un échange chaleureux et de proximité avec le public
10) Parce qu’on vous chouchoute à Format Court : Carambar et  fraises Tagada en début de séance & pot offert en fin de soirée !

En pratique

– Projection : 20h30, accueil : 20h
– Durée de la séance : 82′
– Studio des Ursulines : 10 Rue des Ursulines, 75005 Paris
– Accès : RER B Luxembourg (sortie rue de l’Abbé de l’Épée), Bus 21, 27 (Feuillantines), 38 ou 82 (Auguste Comte), 84 ou 89 (Panthéon). Métro le plus proche : Ligne 7, arrêt Censier Daubenton (mais apprêtez-vous à marcher un peu…)
– Event Facebook !
Entrée : 6,50 €
Réservations vivement recommandées : soireesformatcourt@gmail.com

Renaître de Jean-François Ravagnan, en ligne !

La bonne news du weekend. « Renaître », le très beau film du réalisateur belge Jean-François Ravagnan, que nous avions primé en 2015 au Festival International du Film Francophone de Namur, est visible en ligne sur le site internet de Court-Circuit, la case courte d’Arte après un passage à l’antenne dans un Spécial « Rendez-vous amoureux », diffusé cette semaine.

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Le film, porté par une Nailia Harzoune éblouissante, aborde la question du choix décisif d’un point de vue féminin. Un parti pris réussi, aussi bien dans sa narration laconique que dans sa manière d’être au plus près des personnages. Un instantané cinématographique où l’on ressent l’urgence du désir comme réponse ultime à la séparation inéluctable.

Diffusé en novembre 2015 en présence du réalisateur, reprogrammé dans l’une de nos cartes blanches, le film est à voir en ligne jusqu’à ce mercredi 11 janvier 2017.

Synopsis : Un coup de téléphone fait ressurgir le passé de Sarah. Seule, mentant à ses proches, elle n’a maintenant plus qu’une idée en tête: traverser la Méditerranée pour retourner en Tunisie. Guidée par la violence de ses sentiments, elle entreprend un voyage afin de rester fidèle à une ancienne promesse faite à l’homme qu’elle aimait.

Pour en savoir plus sur le film et Jean-François Ravagnan, nous vous invitons à retrouver nos articles en ligne :

La critique du film
L’interview de Jean-François Ravagnan
La critique de « En attendant les Olivettes » (le précédent film du réalisateur, visible en ligne aussi)

L’Étrange Festival 2016, 2/2

Voici la deuxième partie de notre reportage sur L’Étrange Festival 2016, XXIIe du nom, après la première partie publiée en fin d’année. Au menu, toujours autant de merveilles courtes, venues de tous les horizons et sous toutes les formes. Futurs hypothétiques, bestioles bizarres et dérangeantes, états physiques proches de la folie, encore une fois, les écrans du Forum des Images vibraient au mois de septembre sous le poids d’histoires plus énormes et délirantes les unes que les autres.

Programme n°3 – Dans quel état j’erre

Eludons le jeu de mots osé du titre (on comprend, cela nous arrive aussi…), et préoccupons-nous de ce programme n°3 qui accueille plusieurs films déjà évoqués sur Format Court, comme le bouillonnant « The Invitation of Armageddon » de Paul Hough, l’hystérique et splendide « Manoman » de Simon Cartwright (Prix Format Court à Court Métrange cette année), ou encore le surréaliste film d’animation « Decorado » du génial artiste espagnol Alberto Vazquez. C’est à un autre réalisateur espagnol que nous nous intéresserons cette fois-ci, à savoir Alex Pachón pour son film expérimental, « You Will Fall Again ».

Commissionné par le Hong Kong City Contemporary Dance Company, « You Will Fall Again » mélange film de danse, expérimentation visuelle et suspense très codifié. Un jeune homme handicapé en fauteuil roulant occupe une pièce sombre et délabrée, sans issue, à part une petite porte au fond, difficile à atteindre. Il va essayer de s’enfuir par cette porte, en se traînant hors de son fauteuil pour rejoindre l’issue unique. Seulement, à mesure qu’il atteint son objectif, les membres de son corps craquent et se brisent, comme le plafond qui se fissure tout du long jusqu’à la porte.

Œuvre empreinte de cruauté, boucle infernale de souffrance physique autant que mentale, « You Will Fall Again » décrit métaphoriquement la difficulté à affronter un handicap quel qu’il soit et tous les efforts à fournir pour ne pas sombrer. En un ballet éprouvant utilisant la danse comme échappatoire au handicap physique, le film dépeint une lutte interminable appelée à se répéter indéfiniment, dans une boucle qui entremêle intimement espoir et désespoir.

Programme n°4 – Les belles histoires de tonton Strange

Mais qui est donc ce tonton Strange et pourquoi veut-il nous raconter de soi-disant belles histoires ? C’est avec une certaine appréhension que nous sommes entrés dans la salle de cinéma pour ce quatrième programme décidément bien étrange… Et nous avions bien raison de rester sur nos gardes !

Pour nous amadouer, on nous a d’abord montré « Le Repas Dominical » de Céline Devaux, bien connu chez Format Court, mais la méfiance n’a pas quitté nos esprits. Pour détendre l’atmosphère, on a voulu nous attendrir en jouant sur la corde sensible avec « La rentrée des classes » de Vincent Patar, Stéphane Aubier et toute la bande du long-métrage « Panique au Village ». Et cela marcha !

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Après « La bûche de Noël » (2013), où Cow-Boy et Indien donnaient du fil à retordre au Père Noël, les deux réalisateurs de « Pic Pic & André » rempilent avec « La rentrée des classes » pour notre plus grand bonheur. Cette fois-ci les deux affreux jojos ont complètement oublié la reprise des cours. Pour éveiller l’intérêt des élèves de la classe, la directrice de leur école organise un grand concours dont le premier prix est un voyage sur la Lune. « Indien » et Cow-Boy sont évidemment prêts à tout pour embarquer sur la fusée.

Toujours animés en stop motion (image par image) avec des figurines chinées de-ci de-là ou fabriquées pour la circonstance, le duo belge offre aux deux maladroits compères une nouvelle aventure trépidante avec notamment une poursuite hilarante dans les méandres du cerveau de Cochon, l’un de leurs camarades de classe. Près de 15 ans après le premier épisode, l’humour et la bonne humeur restent intacts. Vivement la suite !

Après tous ces films, tout allait bien et nous avions définitivement baissé notre garde. Puis, l’air de rien, quelqu’un « lâcha » sans prévenir « The Procedure » de Calvin Lee Reeder . En moins de 4 minutes, l’atmosphère de la salle avait changé, les spectateurs retenaient leur souffle et espéraient plus ou moins secrètement ne pas voir à l’écran ce que le réalisateur Tom Six avait déjà imaginé à trois reprises en long-métrage (à savoir la trilogie « The Human Centipede »).

Si le film tient plus au départ de la blague ou d’un pari raté entre amis, à y regarder à deux fois, on peut y voir autre chose. Prenant à cours nos attentes ou nos craintes (tous les goûts sont dans la nature), le film s’achève de façon pour le moins déconcertante.

Star montante dans le milieu du film d’horreur indépendant, son réalisateur Calvin Lee Reeder est déjà à l’origine de plusieurs courts-métrages depuis le début des années 2000 et a également réalisé deux longs-métrages (« The Rambler » et « The Oregonian »). Dans « The Procedure », il parodie allègrement un univers dont il est familier (il a joué également dans « You’re next » et « V/H/S ») et notamment celui des films en vogue depuis quelques années : le « torture porn », sorte de sous-catégorie du film d’horreur,  où souvent un prétexte scénaristique déclenche toute une pléiade de brutalités, voire d’atrocités plus ou moins diverses et variées mais surtout souvent gratuites. Même s’il fait mine de ne faire qu’un film potache sans aucune arrière-pensée, le réalisateur originaire de Seattle fait avec ce petit film un joli pied de nez salvateur à un certain cinéma qui peut parfois manquer d’humour.

Programme n°5 – Souviens-toi du futur

Pour ce 5ème programme, les programmateurs de L’Étrange Festival ont sorti leur plus belle boule de cristal pour nous montrer un futur étrangement familier, sorte de réalité parallèle à la fois attirante et inquiétante.

« Peripheria » de David Coquard-Dassault propose une immersion dans une époque indéterminée où la vie humaine semble avoir disparue. Toutefois, des témoignages de leur passage sur Terre restent encore présents. Dès les premiers instants du film, nous sommes frappés par le contraste saisissant entre l’architecture massive et désertée de ces cités-dortoirs et le silence qui entoure ces imposantes masses de béton. Sorte de vestige d’une présence humaine, cette Pompéi des temps modernes voit son repos perturbé par les aboiements de chiens errants. Comme dans le célèbre roman de Clifford D. Simak, « Demain les chiens », la population canine semble avoir pris possession de ce territoire abandonné par les humains. Même s’ils restent absents du film, « Peripheria » met indirectement cette disparition au centre de son dispositif.

Dans son précédent film « L’Ondée », David Coquard-Dassault mettait aussi en scène des personnages dans un contexte urbain. Sous une pluie diluvienne, les êtres humains tentaient tant bien que mal de se mouvoir dans une ville aux tours d’immeubles démesurément grandes tandis que des oiseaux prenaient leur envol vers d’autres horizons. Frontalité et contrastes sont bien les maîtres mots de la mise en scène de ces deux films. Avec ou sans leurs occupants, ces bâtiments faramineux ne paraissent ne jamais avoir été adaptés à l’Homme ; d’un film à l’autre, le réalisateur semble même émettre l’hypothèse qu’ils ont peut être même favorisé sa disparition laissant ça et là des traces de vie encore perceptibles.

En terme de contrastes, on peut dire que le rutilant film de Keiichi Matsuda,  « Hyper-reality » n’est pas en reste. C’est même une vraie mise en image d’un futur tellement proche que l’on pourrait presque l’effleurer du bout des doigts ! Ce réalisateur anglo-japonais propose une approche du quotidien imprégnée de “réalité augmentée” où réalité physique et réalité virtuelle seraient intimement mêlées jusqu’à ne faire qu’une seule et même unité. Cette séduisante mais néanmoins intrigante proposition de six minutes montre avec un fourmillement de détails digne des plus grisantes salles de casino comment chaque interaction avec le monde qui nous entoure pourrait être régentée par la technologie. Dans ce film, on suit à travers les yeux d’une jeune femme une déambulation dans les rues de Medellin (Colombie) et aux alentours. Sa vision se voit parasitée par des sollicitations tous azimuts et chacune de ses actions se voit conditionnée à cet environnement virtuel comme si rien ne pouvait être fait autrement.

Certains verront dans ce film une prouesse technique, d’autres un certain avant-goût de l’enfer virtuel quotidien qui nous attend. Une chose est sûre : pensez à bien mettre à jour la dernière version de votre système d’exploitation après avoir lu ce papier…

Programme n°6 – Bipèdes et autres bestioles

La 22ème édition de L’Étrange Festival se clôt par une programmation chargée (15 films), fourmillant de bestioles en tous genres, papillon, cheval, gastéropode et autre enfant à deux têtes. Pénétrons doucement cet univers sauvage, laissons de côté le beau et sombre « Dernière Porte au Sud » de Sacha Feiner (Prix Format Court au Festival Le Court en dit long 2016) et intéressons-nous plutôt à deux œuvres d’animation singulières.

Nouvelle création du tandem magique Vincent Patar et Stéphane Aubier (leur autre film « La rentrée des classes » est d’ailleurs évoqué dans le programme n°4), « Le Bruit du Gris » a été réalisé dans le cadre de la collection « Dessine Toujours ! », lancée à la suite des attentats contre Charlie Hebdo (en janvier 2015), pour réfléchir sur la liberté d’expression.

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Film-concept métaphorique reprenant les personnages de « Panique au Village, » à savoir Cheval, Cowboy et Indien, pour les confronter à la répression artistique, « Le Bruit du Gris » a trouvé une forme de simplicité d’exécution qui étaye à merveille son propos. Cheval, Cowboy, Indien et leurs amis investissent le hall d’une maison sans vie, aux murs gris et livides, et commencent à peindre, écrire, jouer de la musique, lui redonnant des couleurs, « du rose aux joues ». Soudain un homme informe et colérique déboule pour tout arrêter, leur faire vider les lieux à « coup de pied gigantesque » et tout remettre en bonne et due forme : vide, morne, complètement éteint… Seulement, la vie continue d’elle-même, et dans une boucle formelle infinie, les apprentis « artistes » reviennent investir les lieux pour notre plus grand plaisir. Fin et intelligent, « Le Bruit du Gris » est un film sobre, presque minimaliste, mais d’une grande puissance évocatrice, à la fois éducatif et complètement libre.

Imaginez un instant, que vous êtes de nouveau un petit garçon ou une petite fille et vous êtes naturellement intéressé(e) par tout ce qui relève du monde des adultes, tiraillé(e) par l’envie d’en découvrir plus sur tous ses aspects les plus troubles. « Don’t Tell Mom », de la réalisatrice japonaise Sawako Kabuki, est fait pour vous.

Utilisant la forme du film éducationnel entièrement perverti, « Don’t Tell Mom » est une sucrerie trash, un film d’animation expérimental et dépravé qui initie aux choses de l’amour à travers une comédie musicale des plus débraillées. Dans un style à la fois naïf et libidineux, « Don’t Tell Mom » est une farce irrévérencieuse pour adultes, un karaoké de débauche à chanter à tue-tête, dans son coin, à l’abri du regard de vos parents… On vous aura prévenus !

Julien Beaunay et Julien Savès

Soirée anniversaire : Format Court fête ses 8 ans le jeudi 12 janvier 2017 au Studio des Ursulines !

Bonne année @ tous ! Ce mois-ci, Format Court fête ses 8 ans. Nous avons le plaisir de vous inviter le jeudi 12 janvier 2017 à 20h30 à notre soirée anniversaire au Studio des Ursulines (Paris, 5ème) !

5 films (France, Belgique, Arménie, Géorgie, États-Unis, Roumanie) seront projetés pour l’occasion, en présence de trois équipes :  « L’Âge des sirènes » de Héloïse Pelloquet (sélectionné à Angers et Clermont-Ferrand 2017), « The Ordinary » de Julien et Simon Dara (Grand Prix au Festival Off-Courts de Trouville 2016) et « Une nuit à Tokoriki  » de Roxana Stroe (sélectionné à la Berlinale 2016 & Prix Format Court au Festival de Namur 2016).

Chouette bonus : un verre offert ponctuera cette toute première séance 2017, organisée avec le soutien de l’Institut Culturel Roumain. Soyez au rendez-vous !

Programmation

L’Âge des sirènes de Héloïse Pelloquet, fiction, 27′, 2016, France, Why Not Productions. Sélectionné au Festival Premiers Plans d’Angers 2017 et au Festival de Clermont-Ferrand 2017 (compétition nationale). En présence de la réalisatrice

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Mattis vit sur une petite île et vient d’avoir son brevet. Durant l’été, il travaille sur un bateau de pêcheur, et s’interroge sur son avenir.

Red Apples de George Sikharulidze, fiction, 15’30′, 2016, Arménie, Géorgie, États-Unis, Zinahar Films. Sélectionné au Festival de Toronto 2016 et au Festival de Clermont-Ferrand 2017 (compétition internationale)

Une jeune épouse arménienne voit sa relation avec son mari mise en danger dès le premier jour de leur mariage lorsque sa belle-mère s’en mêle.

Les dauphines de Juliette Klinke, fiction, 13′, 2016, Belgique, Institut des arts de diffusion. Sélectionné au Festival de Locarno 2016, présélectionné aux Magritte du Cinéma 2017

Béa, sans emploi, sous-loue son appartement pour finir les fins de mois. Ce week-end, elle emmène ses deux filles à un concours de miss auquel la plus jeune participe. Béa va alors projeter son besoin de réussite sur sa fille à travers ce concours.

The Ordinary de Julien et Simon Dara, fiction, 9′, 2016, France, Oneoak films. Grand Prix au Festival Off-Courts de Trouville 2016. En présence de l’équipe

Un jeune homme est venu à bout de son combat contre un dragon. Alors que la bête s’éteint dans l’agonie, il danse pour célébrer sa victoire.

Article associé : Festival Off-Courts 2016, notre compte-rendu

Une nuit à Tokoriki (O noapte în Tokoriki) de Roxana Stroe, fiction, 18′, 2016, Roumanie, UNATC. Prix Format Court au Festival de Namur 2016, sélectionné à la Berlinale 2016. En présence de la réalisatrice

Dans une discothèque improvisée appelée « Tokoriki », le village entier célèbre le 18ème anniversaire de Geanina. Son petit ami et Alin vont lui donner un cadeau surprenant, un cadeau que personne ne pourra jamais oublier.

En pratique

– Projection : 20h30, accueil : 20h
– Durée de la séance : 82′
– Studio des Ursulines : 10 Rue des Ursulines, 75005 Paris
– Accès : RER B Luxembourg (sortie rue de l’Abbé de l’Épée), Bus 21, 27 (Feuillantines), 38 ou 82 (Auguste Comte), 84 ou 89 (Panthéon). Métro le plus proche : Ligne 7, arrêt Censier Daubenton (mais apprêtez-vous à marcher un peu…)
– Evenement Facebook !
Entrée : 6,50 €
Réservations vivement recommandées : soireesformatcourt@gmail.com

Why I Never Became A Dancer de Tracey Emin

Why I Never Became A Dancer de Tracey Emin, Documentaire, 6’34’’, Royaume-Uni, 1995, Tracey Emin Studio

Synopsis : Utilisant sa vie privée comme source de son art, dans ce court métrage, Emin raconte les années de son adolescence en bord de mer où elle a grandi.

Plasticienne, peintre, photographe et vidéaste britannique contemporaine, Tracey Emin appartient à cette mouvance d’artistes, apparue dans les années quatre-vingts, désireuse de centrer l’expression artistique sur l’ego. Ainsi, sillonne-t-elle des chemins multiples et en marge de la scène populaire pour mettre en scène des oeuvres composites, qui mêlent photographies, sculptures, peintures ou encore videos où elle aime (faire) parler d’elle. Portrait intimiste et impudique voire exhibitionniste selon certains, de son adolescence, “Why I Never Became A Dancer” (parfois intitulé Why I didn’t Become a Dancer) se présente comme un journal intime filmé où elle revient sur une période charnière, celle où elle a abandonné l’école et découvert le sexe à 13 ans.

Sur des images tremblottantes, filmées avec une caméra Super 8 montrant une bourgade de bord de mer, sans doute Margate où elle a grandi, Tracey Emin commente ses impressions quand à 13 ans, elle plonge dans la sexualité comme d’autres dans la drogue. Le sexe est synonyme d’aventure et d’apprentissage, une manière de “surmonter les murs de merde qui l’entouraient”, affirme-t-elle. Jusqu’au jour où voulant devenir danseuse, elle participe au concours “British Disco Dance Championship » en 1978 et se fait huer par des hommes du public avec lesquels elle a pour la plupart couché. C’est ainsi qu’elle quitte Margate et n’est jamais devenue danseuse. Et la césure se fait. A la fois narrative mais également formelle. La parole est alors remplacée par une danse frénétique de Tracey Emin qui se trémousse sur un “You Make Me Feel (Mighty Real)” de Jimmy Somerville jouissif et libérateur qu’elle dédie à tous ces hommes. Effet de miroir et réflexion du “je” aux “vous”, “Why I Never Became A Dancer” effectue des allers-retours habiles de l’artiste au spectateur. Sorte d’exutoire des douleurs assassines, ce climax chorégraphié renforce encore davantage la complicité avec le « regardeur » qui se retrouve à la fois confident et juge. Il participe irrémédiablement à la démarche artistique de Tracey Emin qui l’inclut dès les prémisses du processus de création. Elle se (re)pose sur son regard accusateur ou complice jusqu’à ce qu’elle prenne son envol comme nous le suggère le dernier plan.

Marie Bergeret

Jukai de Gabrielle Lissot

« Jukai » a été sélectionné cette année au Festival de Clermont-Ferrand en compétition nationale et au Festival Court Métrange en compétition européenne. Il fait également partie des nominés pour le César du meilleur court métrage d’animation 2017.

Au premier regard, ce court métrage d’animation 3D séduit par son aspect visuel. Gabrielle Lissot a choisi une esthétique qui sert pleinement son histoire. En noir et blanc, l’image rappelle ces photographies argentiques aux contrastes envoûtant. Par ce biais, la jeune réalisatrice met en avant le travail extraordinaire qu’elle a réalisé sur les textures. Les couleurs n’obstruent pas les matières ; tout est bois, herbe, pierre et porcelaine. Les personnages qui jalonnent le film sont représentés comme des poupées. La précision de leur peau en porcelaine est poussée jusqu’aux plus petits détails : les craquellements sur les visages montrent par exemple le temps qui passe. Les articulations de marionnettes sont également visibles. Cela déstabilise le spectateur d’autant plus que la protagoniste possède des expressions d’une grande humanité et un regard d’une vraie profondeur. Ses mouvements ne répondent pas aux codes marionnettistes, mais à celui de l’humain. Cette représentation ambivalente fait écho à la sculpture de l’artiste Hans Bellmer, « La poupée » (1935) où le corps de la femme et celui de la poupée se confondaient dans le but de déstabiliser le regard du spectateur.

Seul point de couleur dans ce monde fait de noir et blanc : le fil que la jeune femme enceinte suit désespérément dans une forêt labyrinthique. Comme une Ariane amoureuse, elle cherche à son bout le père de son enfant. Mais à la place, elle ne découvre que des corps abandonnés par la vie. Sa déambulation se déroule dans une nature ambivalente qui se révèle à la fois receleuse de morts et protectrice de vie. Drue, sauvage, cette forêt cache en elle de nombreux cadavres. Mais par son agencement, elle enrobe la jeune femme enceinte en formant autour d’elle une alcôve bienveillante. Les arbres se tordent en des trous lointains, des lits de branches accompagnent la forme ronde de son ventre.

Progressivement l’intention du court métrage se dessine. Des signes de vie se manifestent : un cerf apparaît entre les broussailles, leurs regards se croisent, la jeune femme pose sa main sur son ventre dans un geste de protection.

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Ce film n’est pas une quête mortuaire. Au contraire, il nous raconte le parcours d’une femme sur le point de devenir mère et qui, avant de donner la vie, fait l’expérience de la mort. La vie est bien là, discrète. Elle se manifeste par de petites ondulations sous le ventre de la jeune femme. Au début, cachée sous une ceinture que la protagoniste enroule autour de son ventre, cette présence devient de plus en plus envahissante. La jeune femme finit par mettre au monde son enfant dans cette forêt qui ne présageait en rien l’apparition de la vie.

On comprend alors, par une fin très métaphorique, que cette femme elle-même est l’image d’une interrogation autour de la maternité. Que ces ficelles ne sont que l’incarnation de rencontres passées, de souvenirs, d’un vécu qui lui permet de tisser le support idéal pour créer le berceau de son enfant.

Ce berceau de fil tissé prend la forme d’un cœur coloré dans cette forêt en noir et blanc. À l’écrit, l’énumération de ces métaphores (les personnages-poupées, le fil d’Ariane…) peut paraître rebutante et donner l’impression qu’il n’y a pas de place pour la narration. Mais la mise en image si particulière de ces métaphores rend ce court-métrage à part. « Jukai » est un conte poétique et Gabrielle Lissot utilise les métaphores comme vecteur d’histoire, d’images et d’interrogations. À rebours du film qui joue avec les poncifs, ce court-métrage invente de nouvelles images en mettant en scène des interrogations féminines restées jusqu’alors sous la forme de pensées; et qui prendront vie dans les profondeurs d’une forêt obscure et merveilleuse.

Sarah Escamilla

Consulter la fiche technique du film

J comme Jukai

Fiche technique

Synopsis : Une jeune femme enceinte se perd dans un bois japonais, «Jukai», connu pour être le terrain propice à de nombreux suicides. Entre rencontres mortuaires et interactions avec la nature, cette future mère cherche le père de son enfant.

Genre : Animation

Durée : 9’20 »

Pays : France

Année : 2015

Réalisation : Gabrielle Lissot

Scénario : Gabrielle Lissot, Virginie Boda

Montage Son : Baptiste Boucher, Morgane Dufour

Musique originale : Fred Avril

Production : Autour de Minuit

Article associé : la critique du film

Fêtez nos 8 ans avec nous !

D’ici quelques jours, Format Court, votre magazine en ligne dédié au court métrage, fêtera ses 8 ans d’existence ! Champagne !

Vous aimez Format Court ? Votre perception du court-métrage a changé depuis que vous nous avez découverts ? Vous appréciez notre sélection de films en ligne, nos articles de fond, nos projections de courts et apéros ?

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Envoyez-nous un témoignage de votre intérêt pour notre site (textes, photos, dessins, vidéos, soutiens, …) avant le jeudi 12 janvier 2017, date de notre séance anniversaire au Studio des Ursulines (Paris, 5ème).

Vos vidéos seront mises en ligne sur notre chaîne Vimeo, vos petits mots seront publiés sur Format Court & nos réseaux sociaux, vos dessins et photos s’afficheront sur notre site et sur les murs des Ursulines le 12 janvier prochain, vos soutiens nous permettront de nous lancer dans de nouvelles aventures !

Pour entrer de bon orteil dans notre 8ème année (et saluer par la même occasion 2017), partagez votre lien à Format Court d’une ou plusieurs manières :

– Email : info@formatcourt.com
– Adresse : Format Court, 269 rue des Pyrénées, 75020 Paris
– Via Twitter
– Via Facebook
– En publiant un commentaire : ici !

Vos films préférés de l’année !

Après avoir publié il y a quelques jours notre propre Top 5 des meilleurs courts métrages de l’année, voici les résultats de votre propre Top !

Vous avez été nombreux à nous communiquer vos propres films préférés, suite à notre appel lancé il y a 10 jours sur notre site internet. Voici vos films préférés.

Trois films – ex aequo – ont remporté le plus de voix à votre Top 5 :

Au bruit des clochettes de Chabname Zariab (Les Films du Bal)

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Peripheria de David Coquart-Dassaut (Autour de Minuit)

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Journal Animé de Donato Sansone (Autour de Minuit)

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Ils sont suivis de près par trois films – eux aussi ex aequo – dans ce classement :

Il silenzio d’Ali Asgari et Farnoosh Samadi Frooshani (Kino Produzioni, Filmo)

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Maman(s) de Maïmouna Doucouré (Bien ou Bien Productions)

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Le Bleu Blanc Rouge de mes cheveux de Josza Anjembe (Yukunkun Productions)

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La fête du court en images

Le weekend passé, a eu lieu la Fête du court métrage. Pour la deuxième année consécutive, Format Court participait à la manifestation au Carreau du Temple, à Paris et partageait pour la première fois un stand avec la Fédération des Jeunes Producteurs Indépendants.

Dimanche 18 décembre, Format Court présentait ses activités (web & forme courte, critique & diffusion, soutien des auteurs sur le net et en salle) en projetant les courts-métrages de deux réalisateurs primés par notre site : « Le Skate moderne » de Antoine Besse, Prix Format Court au Festival de Grenoble 2014, présélectionné aux prochains Cesar, et « Corpus » de Marc Hericher, Prix Format Court au Festival Court Métrange 2015.

Pour l’occasion, les deux réalisateurs étaient présents et sont revenus sur leurs parcours et films respectifs. Voici une sélection de photos de l’événement, signées Stenny Sigere !

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Hvalfjordur de Gudmundur Arnar Gudmundsson

Cette semaine, Format Court porte son regard sur le court-métrage de Gudmundur Arnar Gudmundsson : « Hvalfjordur » (Le Fjord des baleines). Mention Spéciale au 66ème Festival de Cannes, le film nous plonge dans une région reculée de l’Islande, où l’on suit la relation étroite de Arnar et Ivar, deux frères qui luttent contre la solitude.

Hvalfjordur (Le Fjord des Baleines) de Gudmundur Arnar Gudmundsson. Fiction, 15′, Danemark, Islande, 2013, Frae Films, Fourhands film, Sagafilm, Mailand-mercado films

Synopsis : Le film dépeint une relation étroite entre deux frères vivant avec leurs parents dans un fjord reculé. Nous pénétrons dans leur monde à travers le regard du plus jeune frère et nous l’accompagnons dans un voyage qui marquera un tournant dans leur vie.

Le réalisateur raconte cette histoire à travers les yeux du plus jeune frère, qui s’endurcit, impuissant, face à chaque tentative de suicide de son aîné. Il prend la place de l’adulte dans le film en essayant de prévenir son père, qui ne voit pas le malheur et la solitude de ses enfants. Gudmundur Arnar Gudmundsson ne représente volontairement pas les parents de ces enfants, leur existence étant signifiée par des voix et un mutisme face aux problèmes rencontrés par leurs fils.

Le décor naturel tient une place importante dans ce court-métrage, il plonge le spectateur dans une région où la pèche à la baleine est la principale activité. Les grandes plaines vides et silencieuses sont synonymes de la solitude de l’enfant. La lumière grisâtre, ne laissant passer que quelques rayons de soleil, enferme le spectateur dans une région où la présence humaine est inexistante.

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La caméra ne suit que le jeune garçon, explore avec lui les étendues désertiques où les chevaux islandais profitent de leur liberté, et les plages de galets surmontées par des grandes falaises. Le réalisateur alterne entre moments forts en émotions, comme la tentative de suicide du frère aîné et moments plus calmes où on observe la beauté des paysages lorsque le jeune garçon se retrouve au milieu d’un troupeau de chevaux.

Gudmundur Arnar Gudmundsson livre dans ce court-métrage, un conte contemporain qui plonge le spectateur dans une région peu connue du grand public. Les deux acteurs interprètent avec sincérité le mal-être constant qui règne au sein de la jeunesse d’aujourd’hui. Ce sujet, qui touche personnellement le réalisateur, est au cœur de son premier long-métrage : « Heartstone », remarqué dans les festivals de Venise et Toronto, et qui signe une œuvre bouleversante sur l’adolescence et le passage à l’âge adulte.

Lila Toupart

Articles associés : l’entretien avec le réalisateur / la critique du film