E comme En août

Fiche technique

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Synopsis : Margaux, six ans, se réveille tôt en ce matin d’août. Elle s’approche de la fenêtre et voit son père ranger des objets et des cartons dans la voiture. Sa mère dort encore. Cette matinée d’été s’annonce particulière pour la petite fille qui s’apprête à vivre un moment important de sa vie.

Genre : Fiction

Durée : 9’

Pays : Suisse

Année : 2014

Réalisation : Jenna Hasse

Scénario : Jenna Hasse

Image : Roland Edzard

Montage : Thomas Marchand

Son : Étienne Rallu, Valentin Sampietro, Benjamin Viau

Décors : Elena Hasse

Musique : Danca da Solidao (Paulinho da violax)

Interprétation : David Lemoine, Clarisse Moussa, Jenna Hasse

Production : Galão com Açúcar

Article associé : la critique du film

Short Screens #38 : À table!

Au menu, ce mois-ci, Short Screens a choisi huit petits mets exquis aux saveurs sucrées-salées. La ‘bouffe’ sous différentes formes, de la poésie du marché matinal à l’absurdité de la consommation, d’un repas gargantuesque à la délectation du thé en Angleterre. Une 38ème programmation qui invite à une aventure culinaire et qui promet de titiller vos papilles gustatives. Gourmets et gourmands, amateurs de bons courts, venez consommer cette séance sans modération !

Un projet à l’initiative de l’asbl Artatouille et Format Court
Jeudi 29 mai à 19h30 au Cinema Aventure, Bruxelles. PAF 6€

LES VENTRES de Philippe Grammaticopoulos
France/ 2009/ animation/ 17′

les ventres
Dans une société industrialisée où les hommes ne consomment plus que des aliments transgéniques, les assiettes révèlent bien des surprises.

Article associé : la critique du film

NEXT FLOOR de Denis Villeneuve
Canada/ 2008/ fiction/ 12′

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Au cours d’un opulent et luxueux banquet, onze convives, servis sans retenue par des valets et des serviteurs attentionnés, participent à un étrange rituel aux allures de carnage gastronomique. Dans cet univers absurde et grotesque, une succession d’événements viendra secouer la procession de cette symphonie d’abondance.

Article associe : la critique du film

FOR ALL THE TEA IN ENGLAND de Kerry McLeod
Royaume-Uni/ 2007/ documentaire/ 13′

for all the tea in england
Un aperçu des diverses manières dont les Britanniques savourent leur breuvage préféré – et ce n’est pas toujours aussi simple qu’un sachet de thé et du lait. La réputation du thé comme étant typiquement British n’est plus à prouver. Pourtant, avec quasi toutes les nations aujourd’hui représentées dans la Grande-Bretagne, dans quelle mesure est-ce que cette image reste valable?

MELTDOWN de Dave Green
Royaume-Uni/ 2009/ animation/ 6′

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C’est l’histoire d’une bande d’aliments coincés dans le réfrigérateur luttant pour leur survie. Comédie, drame, film d’horreur ou film d’action?

TRIPE AND ONIONS de Marton Szirmai
Hongrie/ 2006/ fiction/ 7′

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Un homme s’arrête à un étal au bord de la route pour manger un plat traditionnel. Dans un moment d’inattention, un autre homme commence à manger son plat…

LA NATURE DES CHOSES d’Audrey Espinasse
France/ 2011/ documentaire/ 15′

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Des agneaux, du feu, des hommes : la célébration des fêtes de Pâques à travers l’élaboration d’un repas dans un monastère bénédictin.

TABA: EL JUEGO EN LA MESA de Pep Gatell & Eloi Colom
Espagne/ 2013/ documentaire/ 9′

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Taba sont des pièces qu’on utilisait pour les jeux de société, les ancêtres des dés. Le restaurant Mugaritz propose une pause ludique aux convives. Pendant le service, ceux-ci peuvent participer à un jeu où seul le gagnant a le droit de déguster un plat étoile. C’est une taba géante qui sert de support à ce plat.

THE MARKET d’Ana Husman
Croatie/ 2006/ expérimental/ 9′

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Sur un marché plein de lumière et de couleurs, les fruits et les légumes gorgés de soleil offrent une image d’abondance et de richesse. Les clients soutiennent l’agriculture biologique et utilisent tous leurs sens pour vérifier si les produits sont locaux ou importés. Du marché en été en passant par la conservation et la stérilisation des denrées pour l’hiver, ce film explore la consommation alimentaire locale.

La présence des écoles françaises à la Cinéfondation 2014

Cette année, la Cinéfondation a choisi 16 titres parmi 1631 films présentés par les écoles de cinéma du monde entier. Sur ces 16 films en compétition, trois nous parviennent d’écoles françaises dont il n’est plus la peine de faire la réputation tant elles sont représentées dans la grande majorité des plus grands festivals. Il s’agit de La fémis, Supinfocom Arles et Le Fresnoy. Ces écoles, toutes trois de qualité, proposent un enseignement très différent avec comme but commun celui de s’atteler à la fabrication d’un film. Si bien que rien qu’avec la sélection de ces trois films français, on obtient un « pot pourri » de films résolument singuliers, une diversité tant sur le fond que sur la forme. Petit état des lieux de ces trois films français jugés dans les prochains jours par le Jury de la Cinéfondation présidé cette année par Abbas Kiarostami.

Home sweet home de Pierre Clenet, Alejandro Diaz, Romain Mazevet, Stéphane Paccolat (Supinfocom Arles)

Réalisé par d’anciens étudiants de Supinfocom Arles oeuvrant depuis aux quatre coins de la planète dans différents studios d’animation, « Home sweet home » est un film d’animation de dix minutes racontant l’histoire d’une maison – un joli pavillon en bois, à vendre – qui se déracine et part à l’aventure. Sur son trajet à travers les Etats-Unis, ladite maison va se lier d’amitié avec d’autres maisons et rencontrer quelques péripéties jusqu’à arriver à un lieu qui ressemble au bout du monde, un peu à la « Into the wild ».

À première vue, on pense voir un film tout droit sorti des studios Pixar, avec cette technique d’animation 3D si jolie, si arrondie de manière à humaniser n’importe quel objet. Certes, le rendu est très réussi et chaque détail semble travaillé, alliant humour et émotion. La musique de Valentin Lafort occupe une fonction importante dans ce film. Elle accompagne parfaitement ce voyage, mêlant banjo, guitare folk, guimbarde et accordéon, instruments assez typiques des westerns et des road trip nord-américains.

Comme de nombreux films d’animation, « Home sweet home » ne s’adresse pas uniquement aux enfants. Il reprend les codes du cinéma américain indépendant et traite du thème du départ, du voyage d’apprentissage ainsi que du détachement d’un certain conformisme capitaliste, d’une Amérique idéaliste.

Une vie radieuse de Méryll Hardt (Le Fresnoy)

Autre court sélectionné à la Cinéfondation, « Une vie radieuse », film ovni.Savant mélange de (science-)fiction, de documentaire et d’expérimental, « Une vie radieuse » est un petit bijou qui semble avoir nécessité un travail considérable au niveau de la recherche et de la mise en scène. On retrouve en effet Méryll Hardt à tous les postes : scénariste, réalisatrice, comédienne, musicienne, preneuse de son, monteuse. Autant dire que ce court-métrage possède largement sa patte.

En 1952, la Cité Radieuse reçoit ses premiers occupants dont la plupart espèrent beaucoup de cet idéal que propose Le Corbusier. Méryll Hardt imagine alors un couple qui fait l’expérience de s’y installer. Gilbert, le mari, semble bien s’accommoder à ce nouveau mode de vie, tandis que son épouse, femme au foyer d’une trentaine d’années, subit une dépression d’être confrontée à autant de rigidité, de stérilité. Pour elle, la vie est radieuse en surface, mais froide, lisse et impersonnelle comme le béton qui compose l’édifice de l’architecte visionnaire. A travers ce film, Méryll Hardt réussit non seulement à casser l’image de ce qui avait marqué un tournant dans la façon de vivre des Français au début des années 1950, mais également à faire réfléchir sur l’espace urbain d’aujourd’hui et de demain où l’individualité disparaît petit à petit.

L’utilisation de certaines images d’archives inscrit « Une vie radieuse » dans un propos architectural, insistant sur l’importance de la géométrie qui devait guider le quotidien des gens résidant à l’époque au « Corbusier ». D’autres images reconstituées à la mode des années 1950 font penser à une publicité pour le bon savoir-vivre que l’on était censé trouver au sein de la Cité Radieuse, avec un ton résolument pessimiste et satirique. Enfin, les images montrant des chorégraphies au son d’une musique concrète et au rythme du temps qui passe illustrent tout le côté finalement assez effrayant de la vie organisée, chronométrée, quasi déshumanisée promis dans cet espace.

Les Oiseaux-Tonnerre de Léa Mysius (La Fémis)

« Les Oiseaux-tonnerre » est le film de Léa Mysius . On y retrouve quelques similitudes avec son film précédent « Cadavre exquis », prouvant que la jeune réalisatrice possède d’ores et déjà son univers propre et ses thèmes de prédilection. Tout d’abord, la ressemblance entre les deux héroïnes. Dans « Cadavre exquis », une fillette d’une dizaine d’années, Maëlys, était arrogante et possédait ce fond mauvais qui la poussait parfois à agir de manière morbide. Dans « Les Oiseaux-tonnerre », Léonor est une adolescente vorace qui aime à chasser l’alouette pour la tuer à coup de bâton et asservir son entourage, particulièrement son frère. Toutes les deux sont insolentes et solitaires. Ensuite, il y a ce rapport au corps humain à limite du malsain pouvant à la fois être assimilé à de la bidoche ou à quelque chose de très sensuel, de sexuel. Enfin, la présence des éléments naturels qui ont une forte incidence sur les personnages créent une parfaite communion avec les protagonistes : l’eau, le feu, l’orage, les herbes, le sable, les marais, les animaux (oiseaux, chien), etc.

Si on se penche plus particulièrement sur « Les Oiseaux-Tonnerre », un film assez sombre, la réalisatrice emprunte les codes des films à suspense dignes d’Alfred Hitchcock. On pense bien sûr aux « Oiseaux » (1963) qui justement mêlait une nature déchaînée à une histoire d’amour et de haine. Il est vrai que Léa Mysius réussit à créer une ambiance tendue. On se demande sans cesse si les éléments naturels démontés influent sur les relations violentes et ambiguës entre les protagonistes ou bien si leurs agissements sont simplement dus à leur côté obscur, certains détails restant tout de même assez flous sur l’évolution des différentes liaisons entre Léonor et son frère Antonin ou entre celui-ci et une jeune fille.

« Home sweet home », « Une vie radieuse », « Les Oiseaux-Tonnerre » : chacun de ces trois films est très caractéristique de l’école qu’il représente (Supinfocom Arles, Le Fresnoy, La Fémis). D’une manière générale, ces réalisateurs maîtrisent déjà le langage cinématographique avec leur style bien à eux. Reste à savoir si ces films « made in France » plairont au Jury le 22 mai prochain.

Camille Monin

Article associé : l’interview de Méryll Hardt

Peine Perdue de Arthur Harari

Dans sa forme comme dans son fond, « Peine Perdue » ressemble à un documentaire sur l’éducation amoureuse. C’est avec simplicité et fluidité que le réalisateur Arthur Harari filme cette danse des corps en attraction, laissant les comédiens et le décor raconter ce qui ne peut se dire dans les dialogues. Une réalisation très aboutie, presque irréelle, récompensée cette année par le Prix Format Court au Festival de Brive.

« Peine Perdue », deuxième court métrage du réalisateur Arthur Harari (après le déjà très remarqué « La Main sur la gueule » en 2008, Grand Prix du Festival de Brive et Lutin du meilleur court métrage), aborde les complexités de la séduction sur un fond d’environnement bucolique, aquatique et champêtre. Rodolphe (Nicolas Granger) observe au loin le jeune Alex (Lucas Harari) qui tente de se rapprocher de Julia (Émilie Brisavoine), une parisienne en vacances avec une amie (Aude Louzé). Par empathie mais aussi par goût étrangement malsain du jeu de dupes, Rodolphe propose son aide (et son expérience) à Alex lors d’un concert en pleine nature (concert en « live » puisque les personnages dansent sur « Comment ça se danse », de Bertrand Belin, qui interprète le musicien dans le film). Le trio nouvellement créé ne sera qu’éphémère, planant comme une ombre sur la totalité du film : le postulat de départ (comment séduire quand on est timide) se met au service des relations interpersonnelles, chassant les premières attirances, fébriles et maladroites, au profit de rapprochements plus « triviaux ».

Car il est ici essentiellement question d’êtres humains, de leurs failles et de leurs douleurs, de leurs joies légères et de leurs engouements. Rodolphe, a priori personnage principal de « Peine Perdue », traîne sa mélancolie au bord de l’eau. En revêtant pour Alex la figure du grand frère (il le fait même croire à Julia lorsqu’il l’aborde, alors qu’il connaît Alex depuis quelques minutes à peine), Rodolphe se joue de lui-même et des autres, appliquant son désenchantement à une technique de séduction plus que douteuse. Un jeu sur la distance nécessaire qui doit s’établir entre les personnages, laissant éclater à chaque scène la complexité de Rodolphe, contrebalancée par l’apparente « pureté » de comportement d’Alex. Une naïveté chez le personnage d’Alex, timide et maladroit à l’extrême, renforcées par le sous-jeu très contrôlé de Lucas Harari qui nous livre ici une vraie performance d’acteur tout en retenue, en distance et en subtilité. Quant à Julia, elle semble laisser les coqs se (dé)battre entre eux, préférant aller chercher ce qu’on ne lui donne pas dans les bras d’un tiers.

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« Peine Perdue » est un exemple d’efficacité dans la simplicité, d’une part dans la façon dont les comédiens s’approprient l’errance de leurs personnages, d’autre part dans la forme choisie par le réalisateur. Arthur Harari ne s’embarrasse pas de démonstration de force filmique : sa mise en scène est simple, fluide, quasi documentaire, et ponctuée de symboles entêtants et obsédants. Visuellement, l’eau prend une place importante : plans d’ouverture et de clôture de son film, une île déserte, un no man’s land (comme l’est également le lieu où se déroule toute l’histoire) devenu chimérique pour le dernier plan grâce à la présence fantomatique de Rodolphe (il n’apparaît pas sur le plan d’ouverture), Robinson Crusoé désenchanté qui trouve la libération dans l’isolement. L’élément aquatique est à souvent l’image, en arrière-plan des ébats amoureux, des rapprochements physiques, du concert et bien sûr des balades en barque. Une présence rendue plus forte encore par la bande son qui lui est associée (au même titre que pour des personnages, l’eau ici à son leitmotiv sonore) : un air de flûte quasi obsessionnelle, extrait de Fantaisie n°3 de Georg Philipp Telemann. « Peine Perdue » ne se contente pas d’explorer différentes formes de séduction, il aborde également la frustration amoureuse, les renoncements et les déceptions. Et ce, tout en sobriété.

Géraldine Pioud

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Articles associés : l’interview d’Arthur Harari, la critique de « La Main sur la gueule »

La Main sur la gueule d’Arthur Harari

Sans concession, le deuxième film d’Arthur Harari tente de décrire en près d’une heure les âpres retrouvailles entre un père et son fils sous le regard de la petite amie de ce dernier.

Une telle histoire peut être filmée de bien des manières différentes et la force du film d’Arthur Harari est de les embrasser toutes avec la même intensité, ce qui rend la progression de son film tout bonnement passionnante.

« La Main sur la gueule », on la prend dès le début. Un homme conduit. Son visage est aussi marqué et plein que la campagne anonyme qu’il traverse et qui défile derrière lui. Il n’y a aucun insert. Puis, au second plan, un train s’éloigne d’un quai vide, laissant derrière lui un couple en habits clairs sur un fond sombre. Le même vacarme mécanique emplit l’espace sonore, comme une insulte à la nature environnante.

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Explorant la gare vide, le couple, simple et beau, contraste avec l’homme au visage buriné vu juste auparavant et qui finit par les rejoindre. Va-t-il y avoir un duel ? Une passe d’arme ? L’arrivée en gare est celle d’un début de western.

Dès cette première confrontation, plusieurs éléments attirent avant de mettre mal à l’aise. Harari aime à dire qu’il choisit ses comédiens directement dans son entourage pour travailler avec des personnes au travers de ses personnages. La méthode est d’une efficacité redoutable et on croit avoir deviné dès le début de son film toute la brutalité sourde et muette de Jean-Louis, le père (Christian Chaussex, vu depuis dans « Michael Kohlhaas » d’Arnaud des Palières), la colère prête à exploser de Bruno, son fils (Bruno Clairefond, souvent présent dans des rôles à deux visages) et la force naturelle de Liliane (Shanti Masud, depuis passée principalement à la réalisation).

Contre toute attente et au gré de scènes parfois muettes parcourues d’éclats magnifiques, les personnages se détruisent et se reconstruisent différemment. Un réseau de références bien assumées constitue les marqueurs de ces changements. On retrouvera donc un punk-rock déglingué (« Fontenay-sous-bois » des C Koissa), les stigmates de la comédie et du film noir français où tout se règle autour d’une mobylette, d’une table de cuisine.

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Harari joue avec les symboles quand il fait de Liliane un personnage de la Nouvelle Vague au détour d’une marinière ou qu’il convoque le vocabulaire visuel dépouillé d’Alain Cavalier. Tous les moyens sont bons pour être au plus près de ses personnages. La précision du cadre, du son, des dialogues ainsi que les correspondances d’une coupe à l’autre rendent transparents les genres traversés par ce road-movie quasiment immobile et lui donnent cohérence et rythme.

Les visages s’ouvrent, se ferment, les corps se cachent et se dévoilent, le film tendant vers sa confrontation finale, attendue, dérisoire et magnifique, celle d’un fils et de son père.

Elle a lieu en plusieurs mouvements au terme d’un malaise savamment travaillé dans une durée nécessaire et fascinante, donnant ses lettres de noblesse à son format, le moyen-métrage. Avec une durée plus courte, les coups de folie de Bruno, la violence rentrée de Jean-Louis et la sensualité de Liliane ne nous impliqueraient pas autant. Plus longue, la redondance serait un risque tant Harari « verrouille » toutes ses situations.

On sort du film persuadé d’en avoir rencontré les personnages, d’avoir été les témoins muets d’une histoire qui pourrait être la nôtre et qui, faisant fi de notre volonté, l’est devenue.

Georges Coste

Consulter la fiche technique du film

Articles associés : la critique de « Peine perdue » , l’interview d’Arthur Harari

Format Court, nouvelle formule

Souvenez-vous. Fin 2013, notre équipe a lancé une campagne Ulule (“Cours, Format, Cours !”) pour vous offrir un nouveau site internet après avoir œuvré pendant cinq ans à la promotion et à la diffusion du court métrage.

Nous désirions moderniser notre identité visuelle, mieux valoriser la richesse et la diversité de nos publications (près de 3.000 archives !), optimiser la navigation mais aussi développer de nouvelles rubriques pour le plus grand confort de nos lecteurs.

Notre campagne de financement participatif a remporté un grand succès et a largement dépassé son objectif initial. Professionnels, cinéphiles, internautes ou spectateurs assidus de nos soirées Format Court, vous avez été nombreux à nous soutenir et à nous encourager dans cette démarche. Merci encore à toutes et à tous, en particulier à l’Atelier Kuso, notre partenaire officiel.

Notre nouveau site vous est dévoilé aujourd’hui, mercredi 14 mai 2014, jour d’ouverture du Festival de Cannes.

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Comme vous le constaterez, Format Court fait peau neuve avec une nouvelle esthétique, une navigation optimisée, une interactivité améliorée et de nouvelles rubriques.

Ce lifting bien mérité revalorise nos contenus et nos évènements. Nous attirons tout particulièrement votre attention sur un nouvel onglet, les Films en ligne. Nous vous offrons désormais la possibilité de visionner des  courts métrages dans leur intégralité.  Vous pourrez ainsi découvrir ou revoir de nombreux films, connus ou méconnus.

D’origines et de genres différents, ces films ont déjà été chroniqués sur notre site et figurent dans notre vidéothèque. Nous vous en facilitons désormais l’accès.

Par ailleurs, d’autres courts-métrages inédits vous seront proposés chaque semaine par notre équipe, sur le modèle des sorties en salle des longs-métrages (le film de la semaine).

Dans les prochaines semaines, toutes nos archives seront mises en ligne et de très nombreux films chroniqués (critiques, interviews, actualités, …) seront référencés. Nous travaillerons également à la mise en place de nouveaux services destinés à faciliter la navigation et l’accès aux films.

Parallèlement, nous continuerons à collaborer étroitement avec les festivals et à accompagner les auteurs dans leur parcours par le biais de nos Prix Format Court et la programmation mensuelle de nos soirées au Studio des Ursulines (Paris, 5ème).

Nous souhaitons, vous l’avez compris, aller plus loin que la refonte de notre site internet et étendre nos actions au service du court métrage, tant sur la Toile que dans les salles de cinéma.

Katia Bayer, Diane Jassem (productrice, Realitism Films), Franck Unimon

Katia Bayer, Diane Jassem (productrice, Realitism Films), Franck Unimon

Depuis cinq ans, notre équipe de bénévoles, dévouée et passionnée, vous propose au quotidien des « regards pluriels sur un format singulier », une vision critique et personnelle du court métrage.

La campagne de financement participatif “Cours, Format, Cours !” nous aura permis de vous offrir ce beau site internet, fruit de longs mois de travail.

Nous vous proposons de continuer à nous accompagner et d’être les acteurs de cette belle aventure dédiée au court métrage en nous aidant à développer de nouveaux contenus et à valoriser comme il se doit les œuvres et leurs auteurs.

Vous aussi, courez à nos côtés. Vous aussi, rejoignez la tribu des amis du court !

Bonne navigation @ toutes et @ tous !

Katia Bayer
Rédactrice en chef

Festival Millenium 2014

La sixième édition du Millenium International Documentary Film Festival s’est déroulée du 3 au 11 avril dernier. La rencontre incontournable du cinéma du réel dans la capitale belge a donc fêté donc ses six ans, ce que le directeur Lubomir Gueorguiev a qualifié avec humour comme la fin d’un quinquennat à la soviétique lors de la cérémonie d’ouverture.

Avec plus de cinquante titres internationaux, la sélection était aussi riche et variée que les années précédentes, témoignant du souci constant de la part des organisateurs de dénicher des films engagés et interpellants, qui suscitent des réflexions sur des questions importantes liées aux objectifs millénaires transposés au 21ème siècle, telles que la justice sociale, les atteintes quotidiennes aux droits de l’homme, ici et ailleurs, l’égalité des chances et les crises environnementales. Les films présentés sensibilisent et nous rappellent la part de responsabilité qui incombe à chacun d’entre nous, habitants de la Terre.

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« The Kalasha end the Crescent » d’Iara Lee

À côté de la compétition internationale, le festival proposait d’autres activités habituelles (les Webdoc meetings, les masterclass…) ainsi que quelques nouveautés. Parmi celles-ci, une compétition « Travailleurs du monde », fruit d’une collaboration avec Le P’tit Ciné du festival Regards sur le Travail. Un jury délibérait sur une sélection qui mettait en avant la thématique du travail et son rapport avec les questions des droits de l’homme. En effet, loin du moyen de subsistance du temps de nos ancêtres, le travail est devenu aujourd’hui la marque d’identité première, sa valeur et sa valorisation désormais déterminées non pas par le plaisir ou l’appréciation ressentis par le travailleur, mais par des normes sociétales. Par conséquent, bon nombres de gens, dans des conditions de misère extrême ou dans des lieux de relative aisance socioéconomique, vivent leur vie active comme une obligation, voire un fardeau. S’ajoute alors la perversion d’un labeur visant des fins de plus en plus virtuelles, où très souvent la dignité humaine elle-même est atteinte. Focus sur deux courts de la sélection :

La critique de « Karaoké domestique » d’Inès Rabadán (Belgique, 2013)
La critique d’ « Avec le vent » de Raf Custers (Belgique, 2013)

Deuxième nouvelle compétition toute aussi pertinente et faisant écho à la thématique de l’an dernier, la Jeunesse, « Vision jeune » regroupait six films sur le regard que porte la génération de demain sur le monde d’aujourd’hui. Le jury comprenait pas moins de 30 jeunes belges âgés de 15 à 25 ans. Une éducation à l’image importante qui permettait de faire découvrir le cinéma documentaire à un public pas toujours enclin à s’intéresser à ce genre.

Le reportage sur les courts métrages de cette sélection.

En parallèle, une programmation importante hors compétition venait exemplifier l’engagement du septième art dans la lutte pour la défense des droits de l’homme et des objectifs millénaires. Le panorama « Connaître l’Autre » rassemblait 20 titres qui exploraient la question de l’altérité en nous confrontant à des réalités (faussement) perçues comme étant lointaines, dans les pays de l’Europe de l’Est ou ailleurs dans le monde. La sélection posait un regard sensible notamment sur les rapports Nord-Sud et les effets de la surmédiatisation et la prolifération des images dans nos vies.

Dans le cadre de ce panorama, nous vous proposons :
Le reportage sur « Culture of Resistance », une sélection de trois courts métrages signés Iara Lee (Corée-Brésil)
La critique de « The Ghost of Piramida » (Danemark, 2013)

Nous vous donnons d’ores et déjà rendez-vous l’année prochaine pour renouveler l’aventure du documentaire, cette arme précieuse de la puissance douce.

Adi Chesson

Arthur Harari, Prix Format Court au Festival de Brive 2014

En avril dernier, Format Court a décerné un prix lors de la onzième édition des Rencontres du moyen-métrage de Brive au film « Peine perdue » de Arthur Harari. Ce conte d’été moite et solaire avait convaincu notre jury par l’intelligence de sa mise en scène, l’élégance de son écriture et la justesse de ses interprètes. Dans le cadre de ce prix, le film fut projeté en présence de l’équipe (le réalisateur, les comédiens (Lucas Harari, Emilie Brisavoine) et le producteur (Nicolas Anthomé/Bathysphère Productions), le jeudi 10 mai dernier.

L’occasion pour nous de revenir également sur la carrière de son auteur, Arthur Harari, cinéaste plus que prometteur de la jeune génération de réalisateurs français (celle de Justine Triet, Guillaume Brac, Hélier Cisterne).

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Avant « Peine perdue », le jeune cinéaste s’était illustré avec le mémorable « La Main sur la gueule », moyen-métrage qui avait su réunir en son temps tous les suffrages en remportant notamment le Grand Prix du Jury au Festival de Brive en 2007 et le Lutin du Meilleur Court-Métrage en 2008.

Sept ans séparent les deux œuvres, la rage et la violence qui dynamisait « La Main sur la gueule » a laissé place au spleen langoureux et apaisé de « Peine perdue », rappelant que les aléas de la vie et des chemins sinueux qui conduisent un jeune auteur à la réalisation d’un premier long-métrage échouent parfois et laissent quelques stigmates. Mais nous ne sommes pas inquiets : cet été, Arthur Harari réalisera son premier long-métrage intitulé « Diamant Noir » entre la Belgique, la France et l’Inde. Nul doute que la force, l’élégance et l’intelligence qui imprègnent l’écriture et la mise en scène de ses courts-métrages se retrouveront dans ce premier long déjà très attendu.

Marc-Antoine Vaugeois

Retrouvez dans ce dossier spécial :

La critique de « Peine perdue »

L’interview d’Arthur Harari

La critique de « La Main sur la gueule »

Festival de Cannes 2014

Cannes 2014, c’est parti ! Du 14 au 25 mai, l’évènement le plus suivi après la Coupe du Monde accueille pendant dix jours des films, des stars, des anonymes, des pros, des curieux, mais aussi des films, bons et mauvais, courts et longs. Format Court suit le mouvement, embarque ses tongs et son parapluie et vous propose au jour le jour sa couverture du festival, côté courts bien évidemment.

Retrouvez dans ce dossier spécial l’actu de Cannes au jour le jour :

Les critiques

La critique de « Cambodia 2099 » de Davy Chou (Quinzaine des Réalisateurs, France)

La critique de « Leidi » de Simón Mesa Soto, Palme d’or du court métrage (Compétition officielle, Colombie, Royaume-Uni)

– La critique de « Jutra » de Marie-Josée Saint-Pierre (Quinzaine des Réalisateurs, Québec) 

La critique de « Stone Cars » de Reinaldo Marcus Green (Cinéfondation, Afrique du Sud, États-Unis)

La critique de « Petit Frère » de Rémi St-Michel (Semaine de la Critique, Québec)

La critique de « True Love Story  » de Gitanjali Rao (Semaine de la Critique, Inde)

La critique de « Skunk » d’Annie Silverstein (Cinéfondation, États-Unis)

La critique de « Guy Moquet » de Demis Herenger (Quinzaine des Réalisateurs, France)

La critique de « Aïssa » de Clément Tréhin-Lalanne

La critique de « La Contre-allée » de Cécile Ducrocq (Semaine de la Critique, France)

La critique de « En Août » de Jenna Hasse (Quinzaine des Réalisateurs, Suisse)

– La présence des écoles françaises à la Cinéfondation 2014

Les interviews

L’interview de Ron Dyens, producteur – Sacrebleu Productions (Quinzaine des Réalisateurs, Semaine de la Critique, France)

L’interview de Laure Calamy, comédienne de « La Contre-allée » de Cécile Ducrocq (Semaine de la Critique, France)

L’interview de Demis Herenger, réalisateur de « Guy Moquet » (Quinzaine des Réalisateurs, France)

L’interview de Meryll Hardt, réalisatrice de « Une vie radieuse » (Cinéfondation, France)

L’interview de Gitanjali Rao, réalisatrice de « True Love Story » (Semaine de la Critique, Inde)

L’interview de Rémi St-Michel et Eric K. Boulianne, réalisateur, scénariste et comédien de « Petit frère » (Semaine de la Critique, Québec)

–  L’interview de Fabien Gaffez, Coordinateur du comité de sélection des courts métrages à la Semaine de la Critique

Les actus

Concours : 10 places à gagner pour la reprise des courts de la Semaine de la critique à la Cinémathèque française

Concours : 5 places à gagner/Reprise des courts/Quinzaine des Réalisateurs/Forum des images

Deux illustrations de Gitanjali Rao, réalisatrice de « True Love Story », sélectionné à la Semaine de la Critique

– Concours : 20 places à gagner pour la reprise de la Cinéfondation à la Cinémathèque française

Reprise des courts-métrages en compétition à Cannes au Cinéma du Panthéon

– Cannes, les prix des sections parallèles

– Cannes, les prix du court à l’officielle

Cannes 2014, les films sélectionnés à la Cinéfondation

Cannes 2014, les courts métrages en compétition

Quinzaine des Réalisateurs 2014, les courts sélectionnés

Semaine de la Critique 2014, les courts en compétition

Jane Campion, Présidente du Jury du 67e Festival de Cannes

Le Jury 2014 de la Cinéfondation et des Courts métrages

Festival de Cannes 2014

Cannes 2014, c’est parti ! Du 14 au 25 mai, l’évènement le plus suivi après la Coupe du Monde accueille pendant dix jours des films, des stars, des anonymes, des pros, des curieux, mais aussi des films, bons et mauvais, courts et longs. Format Court suit le mouvement, embarque ses tongs et son parapluie et vous propose au jour le jour sa couverture du festival, côté courts bien évidemment.
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Retrouvez dans ce dossier spécial l’actu de Cannes au jour le jour :

Les critiques

La critique de « Cambodia 2099 » de Davy Chou (Quinzaine des Réalisateurs, France)

La critique de « Leidi » de Simón Mesa Soto, Palme d’or du court métrage (Compétition officielle, Colombie, Royaume-Uni)

– La critique de « Jutra » de Marie-Josée Saint-Pierre (Quinzaine des Réalisateurs, Québec) 

La critique de « Stone Cars » de Reinaldo Marcus Green (Cinéfondation, Afrique du Sud, États-Unis)

La critique de « Petit Frère » de Rémi St-Michel (Semaine de la Critique, Québec)

La critique de « True Love Story  » de Gitanjali Rao (Semaine de la Critique, Inde)

La critique de « Skunk » d’Annie Silverstein (Cinéfondation, États-Unis)

La critique de « Guy Moquet » de Demis Herenger (Quinzaine des Réalisateurs, France)

La critique de « Aïssa » de Clément Tréhin-Lalanne

La critique de « La Contre-allée » de Cécile Ducrocq (Semaine de la Critique, France)

La critique de « En Août » de Jenna Hasse (Quinzaine des Réalisateurs, Suisse)

– La présence des écoles françaises à la Cinéfondation 2014

Les interviews

L’interview de Ron Dyens, producteur – Sacrebleu Productions (Quinzaine des Réalisateurs, Semaine de la Critique, France)

L’interview de Laure Calamy, comédienne de « La Contre-allée » de Cécile Ducrocq (Semaine de la Critique, France)

L’interview de Demis Herenger, réalisateur de « Guy Moquet » (Quinzaine des Réalisateurs, France)

L’interview de Meryll Hardt, réalisatrice de « Une vie radieuse » (Cinéfondation, France)

L’interview de Gitanjali Rao, réalisatrice de « True Love Story » (Semaine de la Critique, Inde)

L’interview de Rémi St-Michel et Eric K. Boulianne, réalisateur, scénariste et comédien de « Petit frère » (Semaine de la Critique, Québec)

–  L’interview de Fabien Gaffez, Coordinateur du comité de sélection des courts métrages à la Semaine de la Critique

Les actus

Concours : 10 places à gagner pour la reprise des courts de la Semaine de la critique à la Cinémathèque française

Concours : 5 places à gagner/Reprise des courts/Quinzaine des Réalisateurs/Forum des images

Deux illustrations de Gitanjali Rao, réalisatrice de « True Love Story », sélectionné à la Semaine de la Critique

– Concours : 20 places à gagner pour la reprise de la Cinéfondation à la Cinémathèque française

Reprise des courts-métrages en compétition à Cannes au Cinéma du Panthéon

– Cannes, les prix des sections parallèles

– Cannes, les prix du court à l’officielle

Cannes 2014, les films sélectionnés à la Cinéfondation

Cannes 2014, les courts métrages en compétition

Quinzaine des Réalisateurs 2014, les courts sélectionnés

Semaine de la Critique 2014, les courts en compétition

Jane Campion, Présidente du Jury du 67e Festival de Cannes

Le Jury 2014 de la Cinéfondation et des Courts métrages

Carte blanche Autour de Minuit au Nouveau Casino le 18 mai

Réservez votre dimanche 18 mai. La boîte de production Autour de Minuit investit le Nouveau Casino le dimanche 18 mai en soirée pour une projection de 9 courts métrages d’animation décalés et déjantés.

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Programme

Babioles (2010) – Matthieu Auvray

Lonely Bones (2012) – Rosto

Supervenus (2013) – Frédéric Doazan

The Master’s Voice (2013) – Guilheme Marcondes

Sangre de unicornio (2013) – Alberto Vasquez

Beauty (2014) – Rino Stefano Tagliafierro

Una Furtiva Lagrima (2011) – Carlo Vogele

Habana (2013) – Edouard Salier

Logorama (2009) – François Alaux, Hervé de Crécy et Ludovic Houplain

 

Arthur Harari : « Pour moi, le ridicule est un élément essentiel de la dramaturgie, la noblesse d’un personnage est décuplée si sa part de ridicule est intégrée et prise en compte »

En avril dernier, Format Court décernait un prix au film « Peine perdue » d’Arthur Harari lors de la onzième édition du Festival de Brive. Ce conte d’été moite et solaire avait convaincu notre jury par son sens de la dramaturgie, son élégance d’écriture et pour l’intelligence de sa mise en scène. Nous sommes allés à la rencontre de ce jeune réalisateur talentueux qui a accepté de revenir pour nous sur la genèse de son film, sur ses méthodes de travail et sur ses futurs projets.

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Comment es-tu arrivé au cinéma ?

J’ai toujours voulu faire des films. Comme pour mon grand frère (Tom Harari), c’est un désir qui remonte à l’enfance. Notre grand-père était acteur, on a regardé beaucoup de films à partir de nos dix ans. Cette envie était assez naturelle pour nous. On a commencé en bricolant des petits films en Super 8, puis je me suis mis à l’écriture. Tom s’est emparé de la caméra, il s’occupait de l’image. J’ai continué à réaliser des courts-métrages en parallèle de mes études à la fac, et lorsque je me suis rendu compte que seule la réalisation de films m’intéressait, j’ai arrêté d’aller en cours.

Tu écrivais, Tom filmait et votre petit frère, Lucas, s’est vite retrouvé devant la caméra.

Dans nos premiers films, Lucas était une silhouette, une figure qui traversait l’image. Dans « Peine  perdue », il endosse pour la première fois le premier rôle. J’avais réalisé auparavant un essai documentaire en vidéo sur ma relation avec lui, une sorte de diptyque à la Eustache qui s’appelait « Le petit ». C’est comme si je réalisais un portrait de lui à travers mes films et sur plusieurs années, en suivant son évolution.

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« La Main sur la gueule »

« Peine perdue » est ton troisième moyen-métrage, après « Des jours dans la rue » et « La Main sur la gueule » (Prix du Jury à Brive en 2007). Il signe donc ta troisième venue sur le festival. Peux-tu revenir sur la genèse de ce film, qui est un peu particulière ?

« Peine perdue » est en quelque sorte un film de commande, issu de la proposition faite par un producteur et par le chanteur Mehdi Zannad à plusieurs cinéastes de réaliser des films pour chaque chanson d’un de ses albums de musique. J’ai été l’un des premiers à répondre à la commande et j’ai ai soumis rapidement un scénario de court-métrage. Entre temps, le projet a évolué, j’ai écrit un personnage de musicien qui ne correspondait pas vraiment à Mehdi et j’ai fini par proposer le rôle à Bertrand Belin. C’était la première fois que je réalisais un film sans en éprouver l’absolue nécessité. Bien sûr, j’ai investi le projet de désirs et de choses personnelles à mesure que l’on préparait le film et sa réalisation est devenue nécessaire. Seulement, mon désir de filmer était plus serein, moins vital.

Le récit de « Peine perdue » est construit autour d’une scène matricielle, cette scène de concert qui ouvre le film et d’où, par le truchement du regard et des gestes du personnage de Rodolphe, s’organise un jeu de désirs entre plusieurs personnages. Ce qui est surprenant, c’est que tu envisages ensuite la construction de l’intrigue selon les points de vues de chaque protagoniste. Les enjeux du récit et de chaque scène sont ainsi redessinés en permanence.

Je me rends compte aujourd’hui que j’aime partir de situations archétypales qui reposent sur des figures un peu mythologiques pour écrire mes scénarios. L’intérêt pour moi, c’est de creuser à l’intérieur de situations que l’on connaît par cœur (le désir triangulaire, le ressentiment, la haine…) en cherchant à les rendre plus retorses, à les retourner dans tous les sens jusqu’à ce que l’on ne puisse plus discerner clairement les intentions de chacun. J’essaye de représenter cette espèce de vertige entre le désir et la pensée d’un personnage, ce moment où il est pleinement habité par son désir et la manière dont il pense son état.

Ce « vertige », cette balance permanente est inscrite jusque dans le langage. Les personnages usent dans les dialogues de formules, de mots dont ils questionnent le sens et l’origine.

J’aime beaucoup chercher l’étymologie des mots et jouer sur les mots dans la vie de tous les jours. Cela traduit sûrement une tendance naturelle à remettre en cause l’évidence des choses et in fine à leur découvrir un sens caché, ou à leur redonner une certaine noblesse. Les leurres, les pièges du langage ne m’intéressent pas pour concevoir des petits jeux virtuoses mais pour ce qu’ils révèlent de tragique, de déchirant dans la nature humaine.

Tu inventories dans ton film les motifs connus de la drague (la danse, la discussion, la ballade en barque, la sérénade…) en les plaçant à des endroits stratégiques dans la narration, ce qui te donne l’opportunité d’en explorer le sens. Comment envisages-tu l’écriture ?

Renoir disait quelque chose de très juste : on a plus de chances d’aboutir à une vision originale si l’on s’approprie une histoire déjà vue mille fois, si l’on s’empare de motifs et de figures éculés que l’on donne à voir sous un jour nouveau. Je pense que si l’on cherche l’originalité absolue, on se retrouve pris au piège car contraint de surprendre en permanence. De toute manière, on en revient toujours aux archétypes.

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Projet d’affiche – « Peine Perdue » © Lucas Harari

Dans ton film, les acteurs donnent l’impression d’avancer sur un fil tendu, ils font surgir dans leur manière de parler et dans leurs gestes une forme de trivialité qui par moments confine au grotesque. Ce qui est fort, c’est que ces saillies emplissent les scènes de vie et rendent palpable la tension du désir et des enjeux entre les personnages.

C’est quelque chose que je recherche en travaillant avec des acteurs qui n’en sont pas vraiment, au sens où ce n’est pas leur métier, qu’ils n’ont pas de formation. J’ai une attirance pour les interprètes capables de mettre en scène de façon imparfaite, non maîtrisée, ce qu’ils sont dans la vie. Les éléments comiques ou ceux qui relèvent de certains clichés ajoutent à cet aspect trivial, un peu détonnant, notamment dans les premières scènes (les dragues, la danse…). Certains ont même qualifié mon film de « sitcom existentielle », comme si une production AB glissait vers le drame (rires). Pour moi, le ridicule est un élément essentiel de la dramaturgie, la noblesse d’un personnage est décuplée si sa part de ridicule est intégrée et prise en compte. Ce qui m’intéresse au fond, c’est d’envisager chaque élément dans sa totalité et d’essayer de le représenter avec tout ce qu’il charrie de sublime et de grotesque.

Quels sont tes projets pour la suite ?

Je suis actuellement en pleine préparation de mon premier long-métrage qui s’intitule « Diamant Noir ». Le tournage débutera au mois de juillet en Suisse. Nous tournerons entre la Belgique, la Suisse et l’Inde.

Propos recueillis par Marc-Antoine Vaugeois

 Articles associés : la critique de « Peine perdue », la critique de « La Main sur la gueule »

Arthur Harari, Prix Format Court au Festival de Brive 2014

En avril dernier, Format Court a décerné un prix lors de la onzième édition des Rencontres du moyen-métrage de Brive au film « Peine perdue » de Arthur Harari. Ce conte d’été moite et solaire avait convaincu notre jury par l’intelligence de sa mise en scène, l’élégance de son écriture et la justesse de ses interprètes. Dans le cadre de ce prix, le film fut projeté en présence de l’équipe (le réalisateur, les comédiens (Lucas Harari, Emilie Brisavoine) et le producteur (Nicolas Anthomé/Bathysphère Productions), le jeudi 10 mai dernier.

L’occasion pour nous de revenir également sur la carrière de son auteur, Arthur Harari, cinéaste plus que prometteur de la jeune génération de réalisateurs français (celle de Justine Triet, Guillaume Brac, Hélier Cisterne).

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Avant « Peine perdue », le jeune cinéaste s’était illustré avec le mémorable « La Main sur la gueule », moyen-métrage qui avait su réunir en son temps tous les suffrages en remportant notamment le Grand Prix du Jury au Festival de Brive en 2007 et le Lutin du Meilleur Court-Métrage en 2008.

Sept ans séparent les deux œuvres, la rage et la violence qui dynamisait « La Main sur la gueule » a laissé place au spleen langoureux et apaisé de « Peine perdue », rappelant que les aléas de la vie et des chemins sinueux qui conduisent un jeune auteur à la réalisation d’un premier long-métrage échouent parfois et laissent quelques stigmates. Mais nous ne sommes pas inquiets : cet été, Arthur Harari réalisera son premier long-métrage intitulé « Diamant Noir » entre la Belgique, la France et l’Inde. Nul doute que la force, l’élégance et l’intelligence qui imprègnent l’écriture et la mise en scène de ses courts-métrages se retrouveront dans ce premier long déjà très attendu.

Marc-Antoine Vaugeois

Retrouvez dans ce dossier spécial :

La critique de « Peine perdue »

L’interview d’Arthur Harari

La critique de « La Main sur la gueule »

P comme Peine perdue

Fiche technique



Synopsis : Une fin d’après-midi au bord d’une rivière, un concert près de l’eau. L’étrange Rodolphe remarque Alex, jeune homme timide qui n’a d’yeux que pour Julia, parisienne en vacances.
Rodolphe entreprend de l’aider, à sa manière.

Genre : Fiction

Durée : 40’

Pays : France

Année : 2013

Réalisation : Arthur Harari

Image : Tom Harari

Scénario : Arthur Harari

Son : Julien Brossier, Gilles Bénardeau, Mélissa Petitjean

Musique : Bertrand Belin

Montage : Laurent Sénéchal

Interprétation : Nicolas Granger, Lucas Harari, Émilie Brisavoine,

Bertrand Belin, Aude Louzé

Production : Bathysphère Productions

Articles associés : la critique du filml’interview d’Arthur Harari

My Rabit Hoppy de Anthony Lucas

Fiction, 3’, Australie, 2008, 3D FILMS

Synopsis : Exposé de Henry à la manière d’un projet d’école au sujet d’un animal familier : un lapin qui va vraiment mal.

Absurde et décalé au possible, My Rabit Hoppy croque en trois minutes l’exposé de deux charmants enfants (ceux du réalisateur) sur leur très, très gros animal de compagnie, Hoppy. Avec ce film, arrivé jusqu’à Cannes en 2008, nos amis aux longues oreilles nous font de l’effet. Beaucoup d’effet.

Katia Bayer

Rappel : Soirée Format Court, ce jeudi 8 mai 2014 !

Format Court vous convie à sa nouvelle séance de courts métrages ce jeudi 8 mai 2014, à 20h30, au Studio des Ursulines (Paris, 5ème). Lors de cette avant-dernière soirée de l’année, venez découvrir quatre films de qualité (dont un tout nouveau Prix Format Court). La projection fera l’objet d’une rencontre avec Sébastien Bailly, Délégué général des Rencontres du moyen-métrage de Brive, Yassine Qnia, Carine May et Mourad Boudaoud (co-réalisateurs de « Molii »), Arthur Harari (réalisateur de « Peine perdue »), Lucas Harari, Emilie Brisavoine, Nicolas Granger (comédiens) et Nicolas Anthomé (producteur/Bathysphère Productions).

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En pratique

► Date, horaire : jeudi 8 mai 2014, à 20h30

► Programmation : ici !

► Durée de la séance : 81’

► Studio des Ursulines : 10 Rue des Ursulines, 75005 Paris

► Accès : RER B Luxembourg (sortie rue de l’Abbé de l’Épée), BUS 21, 27 (Feuillantines), 38 ou 82 (Auguste Comte), 84 ou 89 (Panthéon). Métro le plus proche : Ligne 7, arrêt Censier Daubenton (mais apprêtez-vous à marcher un peu…)

 Entrée : 6,50 €

 Réservations vivement recommandées : soireesformatcourt@gmail.com

N comme Nous, dehors

Fiche technique

Synopsis : Manel, jeune fille de 23 ans, a porté le voile pendant deux ans. Aujourd’hui, elle est sur le point de changer sa vie et de se libérer du hijab qui l’opprime de plus en plus. Manel se cherche, elle est en quête de réponses au cœur d’une société qui a du mal à accepter deux concepts : la liberté et le respect. A travers son histoire, nous rencontrons d’autres femmes de son âge mais aussi d’autres générations. Elles se font par de leurs quêtes, de leurs doutes et des expériences qu’elles ont vécues.

Genre : Documentaire

Durée : 53’

Pays : Algérie

Année : 2013

Réalisation : Bahïa Bencheikh-El-Fegoun, Merieme Achour Bouakkaz

Image : Jean-Marie Delorme

Son : Moncef Taleb, Antoirne Morin

Montage : Pascal Cardeilac , Nadia Benrachid

Production : Allez-Retour Films

Article associé : le reportage Festival Millenium : « Vision jeune »

A comme La Alfombra roja

Fiche technique

Synopsis : En Inde, pas moins de 158 millions de personnes vivent dans l’extrême insalubrité des bidonvilles. Des millions d’enfants jouent autour de déchets, de vaches, de rats et d’excréments. Le bidonville Garib Nagar, dans le quartier de Bandra (Bombay) est la maison de Rubina, une jeune fille de 12 ans qui rêve de devenir actrice et de transformer son bidonville en un endroit propre et habitable.

Genre : Documentaire

Durée : 12’

Pays : Espagne, Inde

Année : 2013

Réalisation : Manuel Fernández, Iosu López

Image : Manuel Fernandez

Son : Antonio Muñoz Soriano

Montage : Rubén Sánchez

Production : Manuel Fernández, Iosu López

Article associé : le reportage Festival Millenium : « Vision jeune »

P comme Le Printemps d’Hana

Fiche technique

Synopsis : Le 11 février 2011, après 18 jours de manifestations populaires, le président égyptien Hosni Moubarak démissionne et décide de remettre le pouvoir entre les mains du conseil suprême des forces armées. Du haut de ses 18 ans, Hana décide de participer activement à ce mouvement révolutionnaire. Elle cherche, avec la grande spontanéité qui la caractérise, un moyen de s’impliquer dans les changements politiques et sociaux de son pays. Elle essaie de faire entendre sa voix auprès de sa famille, au sein d’un nouveau parti politique, dans son groupe d’amis, ou encore dans la rue.

Genre : Documentaire

Durée : 55’

Pays : France

Année : 2013

Réalisation : Sophie Zarifian, Simon Desjobert

Image : Sophie Zarifian, Simon Desjobert

Son : Sophie Zarifian, Simon Desjobert

Montage : Abdelatif Belhaj

Production : L’Atelier Documentaire

Article associé : le reportage Festival Millenium : « Vision jeune »

D comme Democracy Camp

Fiche technique

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Synopsis : Des jeunes adolescents d’un camp égyptien se révoltent contre le règlement de leur propre camp. Ils découvrent que la démocratie est bien plus dure à mettre en place que ce qu’ils imaginaient. À travers ces adolescents, le film explore la prise de conscience politique et sociale vécue par des millions d’enfants.

Genre : Documentaire

Durée : 48’

Pays : Israël

Année : 2012

Réalisation : Ismail Elmokaden, Zahra Mackaoui

Image : Khaled Al-Hammadi, Muayad Alayan, Rafiq Omrani, Sarah Sea

Son : Sondos Al-Hammadi, Tariq Elayyan, Abeer Abdel Halim, Bassam Yaqout

Montage : Mouthanna Al-Sayegh

Production : Ahmad Bahaa El-Din, Dominique Young

Article associé : le reportage Festival Millenium : « Vision jeune »