Tous les articles par Katia Bayer

M comme Maniac

Fiche technique

Synopsis : Un homme se rend dans un grand hôtel espagnol pour des vacances entre amis qui ne se passeront pas du tout comme il les avait imaginées.

Pays : France

Année : 2013

Genre : Fiction

Durée : 13′

Réalisation : Bo Mirosseni

Scénario : Bo Mirosseni

Image : Jon Peter

Montage : Bo Mirosseni, Nicolas Larrouquere

Interprétation : Zico Judge

Production : Partizan Entertainment

Article associé : la critique du film

César 2015 : découvrez les 10 courts nommés…

Ce matin, s’est tenue la traditionnelle conférence de presse des César annonçant les nominations pour les prochains César. Du côté des courts, les membres de l’Académie ont distingué dix films courts ayant leurs chances à la 40ème cérémonie des César, le 20 février prochain.

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Meilleur film de court métrage

Aïssa de Clément Tréhin-Lalanne
– La Femme de Rio de Emma Luchini & Nicolas Rey
– Inupiluk de Sébastien Betbeder
Les Jours d’avant de Karim Moussaoui
Où je mets ma pudeur de Sébastien Bailly
– La Virée à Paname de Carine May & Hakim Zouhani

Meilleur film d’animation pour le court métrage

– Bang Bang !, réalisé par Julien Bisaro
– La Bûche de Noël, réalisé par Stéphane Aubier & Vincent Patar
– La Petite Casserole d’Anatole, réalisé par Eric Montchaud
– Les Petits Cailloux, réalisé par Chloé Mazlo

Télécharger la liste officielle des nominations pour les César 2015

Format Court, partenaire de la sortie des « Jours d’avant » de Karim Moussaoui

En octobre 2013, Format Court avait repéré et primé l’un des plus beaux courts vus dans sa petite histoire (6 ans), « Les Jours d’avant » de Karim Moussaoui. Au Festival International du Film Francophone de Namur (FIFF), notre jury (Katia Bayer, Marie Bergeret, Juliette Borel, Adi Chesson et Géraldine Pioud) avait attribué le Prix Format Court du Meilleur Court Métrage international à ce très beau film franco-algérien pour la maîtrise de sa mise en scène, sa narration à double regard et sa façon très personnelle de filmer l’adolescence.

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Ce moyen métrage de 47 minutes a fait ses débuts au Festival de Locarno. Par la suite, il s’est retrouvé à Namur (où il a obtenu le Prix du Jury ainsi que notre Prix), à Angers (Grand Prix du Jury, Prix de la Meilleure Actrice), à Clermont-Ferrand (Mention spéciale), à Brive et dans quelques autres festivals peu timorés à l’idée de sélectionner de vraies histoires et de vraies durées.

Dernièrement, le film a glané le Lutin du Meilleur Film 2014 et a réussi à se positionner parmi les 12 courts préselectionnés aux César (où il est bien difficile pour les films différents et longs de se faire une petite place). Et depuis ce matin, le film fait partie  des 6 films retenus au deuxième tour, après l’annonce des Nominations pour les César 2015.

En attendant, le film continue son beau parcours. « Les Jours d’avant » sort en salles, en France, le 4 février prochain grâce au distributeur Damned Films. Format Court, partenaire de cette sortie, la soutient avec intérêt et enthousiasme.

Après avoir programmé le film il y a un an, le 12 décembre 2013, dans le cadre de nos soirées mensuelles aux Ursulines (en présence de l’équipe) et consacré un focus en ligne à son auteur, nous vous invitons à (re)découvrir l’un de nos Prix Format Court sur grand écran et à en parler autour de vous. Le film vaut réellement la peine d’être vu, aimé et partagé.

Le site de Damned Films : www.damneddistribution.com

Format Court, invité par la SRF au Bar des Réalisateurs, à Clermont-Ferrand, mardi 3 février !

Organisé depuis une dizaine d’années par la Société des réalisateurs de films (SRF) pour favoriser les liens entre les réalisateurs et les différents acteurs de la filière court métrage, le Bar des réalisateurs est un lieu incontournable pendant le festival de Clermont-Ferrand pour tous ceux qui souhaitent rencontrer des professionnels dans une ambiance conviviale.

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Cette année, le Bar des réalisateurs se tiendra, pendant 4 soirs, du mardi 3 au vendredi 6 février 2015, de 18h à 20h, à l’Hôtel Océania (en face de la Maison de la Culture).

Cette année, la SRF invite Format Court et le GREC (le Groupe de Recherches et d’Essais Cinématographiques), deux acteurs du court métrage, à venir présenter leurs actions respectives pendant le Bar, les mardi 3 et vendredi 6 février.

Vous êtes présents à Clermont-Ferrand le mardi 3 février ? C’est l’occasion de venir nous rencontrer, de découvrir notre travail sur le web, en salle et en festival et d’ouvrir le Bar des Réalisateurs avec nous !

Plus d’infos sur le Bar des Réalisateurs sur Facebook : https://www.facebook.com/bardelaSRFclermont?fref=nf

Kijé de Joanna Lorho, Prix Format Court au Festival d’Angers 2015

Depuis deux ans, Format Court attribue un Prix au festival d’Angers dans la catégorie « Plans animés européens ». Le prix consiste en un focus en ligne sur Format Court, une projection du film primé dans le cadre des séances mensuelles Format Court, au Studio des Ursulines (Paris, 5ème) et d’un DCP doté par le laboratoire numérique Média Solution.

Cette année, le Jury Format Court (composé de Amaury Augé, Katia Bayer, Géraldine Pioud et Nicolas Thys) a choisi de récompenser, parmi les 20 films d’animation européens sélectionnés, « Kijé » de Joanna Lorho, un premier film extrêmement maîtrisé, tout en nuances de noir et de gris, peuplé d’âmes errantes, de fantômes et de créatures hybrides. Un film étrange, un trait parfois proche de l’esquisse, un monde nocturne angoissant et paradoxalement empreint d’une grande douceur, un stylé épuré et personnel. Notre coup de coeur de cette édition 2015.

Kijé de Joanna Lorho (Animation, 10′, Belgique, 2014, Prod. : Graphoui, Zorobabel)

Synopsis : Au crépuscule, alors que la ville se fige et sombre dans le silence, un homme se retrouve malgré lui pris dans une célébration étrange. Il passe la nuit au cœur d’une foule faite de personnages aussi curieux qu’énigmatiques, qui disparaîtront avant l’aurore.

Festival d’Angers, le palmarès des courts

Le 27ème Festival d’Angers s’est achevé ce weekend. Voici les courts primés par les différents jurys, toutes catégories confondues (films européens, français, plans animés et films d’écoles européens).

Palmarès

Courts métrages européens

Grand Prix du Jury : Milky Brother de Vahram Mkhitaryan (Pologne, Arménie)

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Prix du Public : Yes we love de Hallvar Witzø (Norvège)

Courts métrages français

Grand Prix du Jury : Think big de Mathieu Z’Graggen (France)

Prix du public, Prix des Bibliothécaires : Guy Moquet de Demis Herenger

PRIX CCAS : K-Nada de Hubert Charuel

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Prix d’interprétation féminine : Oulaya Amamra dans Belle gueule de Emma Benestan (France)

Prix d’interprétation masculine : Ghali Rtal Bennani dans « Moul Lkelb » de Kamal Lazraq (France)

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Plans animés

Grand Prix du Jury : ex aequo Wind de Robert Löbel (Allemagne)

et Dans la joie et la bonne humeur de Jeanne Boukraa (Belgique)

Prix Arte : Port Nasty de Rob Zywietz (Royaume-Uni)

Prix Format Court : Kijé de Joanna Lorho (Belgique)

Films d’écoles européens

Grand Prix du Jury : The Bigger Picture de Daisy Jacobs (Royaume-Uni)

Prix du Public : Even cowboys get to cry de Mees Peijnenburg (Pays-Bas)

Prix des étudiants d’Angers : Onno the oblivious de Viktor Van der Valk (Pays-Bas)

Prix de la création musicale courts métrages et films d’école : Luc Meilland et Alessandro Altavilla pour « Stella Maris » de Giacomo Abbruzzese (France-Italie)

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Prix du public à un scénario de court-métrage, lectures de scénario : « L’Ile jaune » de Léa Mysius et Paul Guilhaume

Panic! Reverse, appel aux affiches

Pour son édition 2015, Panic! Reverse, Le Cinéma à l’Envers fait appel aux graphistes et vidéastes pour un nouveau concours/festival.

Le principe : il s’agit dans un premier temps pour des graphistes et illustrateurs de faire preuve d’imagination en confectionnant une affiche d’un film qui n’existe pas, du moins pas encore…

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Dans un deuxième temps, le concours fait appel aux réalisateurs qui devront extrapoler sur cette simple affiche pour proposer un film court ou une fausse bande-annonce.

Pour cette 4ème édition du festival, les participants ont jusqu’au 15 février 2015 pour envoyer leur(s) affiche(s) à info@panicreverse.com.

Le site du festival : www.panicreverse.com

Vous aussi, devenez un bon copain du court !

Vous souhaitez nous soutenir et nous aider annuellement à étendre nos actions en faveur du court métrage ? N’hésitez plus, rejoignez la tribu de nos gentils donateurs et devenez, vous aussi, un bon copain du court !

Afin de mener à bien nos différents projets sur le web et en salle (frais courants, hébergement de notre site, supports de communication, prise en charge de réalisateurs étrangers lors de nos projections, mise en place d’un Festival Format Court, …), nous avons besoin de vous pour exister et poursuivre notre mission au service du court métrage. 

Dans ce but, nous vous invitons à soutenir annuellement notre association Format Court (loi 1901) à partir de 10€. Vous ferez ainsi partie des Amis de Format Court et bénéficierez de nombreux privilèges.

Pour adhérer à Format Court et nous aider à renforcer notre action en faveur du court-métrage, vous pouvez nous soutenir directement par mail, sur Paypal ou encore dans le cadre de nos soirées Format Court au Studio des Ursulines (tous les 2ème jeudis du mois).

Un grand merci d’avance.

L’équipe de Format Court

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Festival de Brive, appel à films

La 12ème édition du Festival de Brive, consacré au moyen métrage, aura lieu du mardi 14 au dimanche 19 avril 2015.

Pour sa compétition européenne, le festival est à la recherche de films (durée : 30-60 minutes, tous genres : fiction, documentaire, animation, expérimental).

Vous pouvez y envoyer vos films jusqu’au 8 février 2015.

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Le site du festival : www.festivalcinemabrive.fr

Rain and Tears : la jeune génération du cinéma taïwanais en cinq films

La semaine passée, s’ouvrait la première édition des Rencontres du cinéma taïwanais à Paris. Une initiative salutaire de Cinematographic Lightbox, menée par une petite équipe dynamique, soucieuse de faire découvrir des cinématographies et leurs jeunes auteurs venus d’ailleurs. Au programme : deux courts et trois moyens métrages aux saveurs salées, sucrées.

Trop peu (re)connu, le cinéma taïwanais reste pourtant l’un des plus fécond d’Asie du sud-est. Pouvant se vanter d’avoir donner naissance à des cinéastes aussi talentueux que Hou Hsia-hsien (« Le Maître des marionnettes », Prix du jury au Festival de Cannes en 1993), Tsai Ming-liang (« Vive l’amour », Lion d’or et Prix FIPRESCI à la Mostra de Venise en 1994), Edward Yang (« Yi yi », Prix de la mise en scène au Festival de Cannes en 2000) ou encore Ang Lee (« Tigre et dragon », Oscar du meilleur film étranger en 2001), Taïwan possède un cinéma original qui se différencie de celui de la Chine à bien des égards. Un cinéma qu’on ne peut séparer de son histoire, forgée au fil des mutations politiques et sociétales. C’est un réel mélange de cultures indigènes, japonaises, chinoises et occidentales qui habite aujourd’hui l’ancienne île de Formose. Le thème de la frontière (physique et/ou symbolique) se retrouve dès lors très souvent développé dans les films de la Nouvelle Vague taïwanaise surgie durant les années quatre-vingts. Dans un style néo-réaliste, les cinéastes dressent le portrait d’un Taïwan oscillant entre tradition et modernité. À l’arrivée de la seconde vague, dans les années quatre-vingt-dix, apparaît un intérêt poussé pour des histoires atypiques où la question de la quête d’identité reste cruciale. A la lumière du programme présenté lors des Rencontres, il semblerait que les jeunes cinéastes d’aujourd’hui portent encore en eux les stigmates de ces réflexions existentielles.

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« Two Juliets » de Shen Ko-Shang (2010) traite d’un amour impossible qui traverse les frontières du temps, faisant renvoyer deux histoires étrangement similaires. Le soir de sa rupture, Ah-Mei rencontre un vieil homme qui se confie à elle. Il lui parle de la femme qu’il a quittée trente ans plus tôt et qui depuis, a sombré dans la folie. Cette histoire rappelle le jeune homme dont Ah-Mei a dû se séparer parce que son père ne voyait pas cette relation d’un très bon œil. Ces deux cœurs tristes se croisent et se rencontrent dans un Taïwan nostalgique et désolé. Plongé dans l’univers du spectacle et des marionnettistes, l’amour poursuit sa route éternelle dans les dédales des faux-semblants, l’identité est ici multiple et divisée. Les héros de Shen Ko-Shang, à la recherche d’un amour fou et sans doute illusoire, se perdent pour mieux se retrouver.

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« A Nice Travel » de Shen Ko-Shang (2013) relate les derniers moments d’une jeune femme sur le point de quitter Taïwan pour une nouvelle vie au Chili. Loin des longs plans statiques d’un Tsai Ming-liang, la caméra fureteuse de Shen Ko-Shang semble vouloir figer l’âme de ses personnages sans jamais y parvenir, suggérant un silence contemplatif caractéristique d’une certaine mouvance
cinématographique taïwanaise. L’errance nocturne de la jeune fille voit défiler un amant déchiré, un père malade à la verve philosophique, une amie fidèle et attentionnée et des immeubles identiques qui ne laissent aucune place à la ligne d’horizon, cette ligne qu’elle est appelée à traverser pour accéder à une vie meilleure. Dans ce film, la métaphore sur la liberté et le besoin de s’affranchir des carcans est explicite et la prose visuelle qui l’accompagne frôle la poésie par moments, mais la réalité sonore vient expressément troubler ces moments de pure réflexion car il ne s’agit plus de rêver sa vie mais au contraire de la vivre.

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Avec « The Eighteenth Birthday Party » (2008), Chuang Ching-Shen nous plonge dans l’univers sombre et angoissant d’Emma qui s’apprête à célébrer ses dix-huit ans. Le film s’ouvre sur la lecture sur des images d’une forteresse isolée au milieu de la mer, rythmées par des notes au piano suggérant une inquiétude palpable. D’une facture classique (musique redondante, éclairage pictural), le court métrage de Chuang Ching-Shen aborde les rapports ambigus qu’un père abusif entretient avec sa fille. Mais le jour de ses dix-huit ans, à la quarante-neuvième lettre reçue, Emma entend bien lui offrir une réponse qu’il ne sera pas prêt d’oublier. Le besoin et l’envie de la jeune femme de se défaire de ses liens et de s’affranchir d’un paternel oppressant et violent s’avèrent être un passage obligatoire avant de pouvoir jouir pleinement de l’indépendance tant attendue.

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Il est à nouveau question de rapport filial et d’émancipation dans « A Breath from the Bottom » de Chan Ching-Lin (2012), sélectionné au Taipei Golden Horse Film Festival. À Taipei, sous la pression des lobbies, le gouvernement décide de limiter l’accès à l’eau aux citadins et aux agriculteurs, ce qui provoque la colère de ces derniers qui affichent leur mécontentement lors d’une manifestation. Un jeune officier de police devant être promu prochainement se retrouve tiraillé lorsqu’il aperçoit son père dans les manifestants. Le père et son fils que l’idéologie oppose devront donc s’affronter pour continuer à exister avec leurs différences. Filmé en noir et blanc, renforçant ainsi le poids du passé (le père) face à un avenir prometteur (le fils), le film de Chan Ching-Lin est d’une beauté formelle et narrative touchantes.

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« Blackout Village » de Wang Ui-lin, Prix du Meilleur Court-Métrage au Taipei Film Festival en 2011 est très certainement l’heureuse surprise de la sélection des courts et moyens métrages présentés. Plongés dans l’obscurité en raison d’une panne de courant, une petite ville constate le vol de certains câbles électriques. Un employé municipal, défiguré après une électrocution fait des rondes, hanté par l’idée que le coupable subisse le même sort que lui. Sur fond de trame policière, « Blackout Village » surfe sur la vague de l’inquiétante étrangeté lynchéenne avec brio tout en traitant sobrement le caractère social des bas-fonds taïwanais au travers de personnages en marge. À mi-chemin entre le rêve et le cauchemar (la majorité du film se déroule la nuit), l’atmosphère créée l’emporte sur la narration et l’utilisation d’une bande son tantôt IN tantôt OFF renforce le mystère. « Blackout Village » est une très belle découverte.

En cinq films seulement, le jeune cinéma taïwanais laisse transparaître aisément un inévitable balancement entre appartenance et indépendance, rêve et cauchemar, réalisme social et illusion féérique. Traversé de pluies et de larmes sans doute, mais toujours à la recherche de cette identité qui est la sienne.

Marie Bergeret

P comme Pride

Fiche technique

Synopsis : Manol, grand-père à la retraite, est un patriarche qui a toujours su imposer fermement ses valeurs au sein de sa famille. Mais aujourd’hui, il apprend que le garçon qu’il a élevé est homosexuel. Voilà ses certitudes ébranlées par les choix de vie de ses proches, dans une bataille perdue d’avance.

Genre : Fiction

Durée : 30′

Pays : Bulgarie

Année : 2013

Réalisation : Pavel G. Vesnakov

Scénario : Vanya Rainova, Pavel G. Vesnakov

Image : Orlin Ruevski

Son : Veselin Zografov

Montage : Karen Tonne

Interprétation : Svetlana Yancheva, Aleksandar Aleksiev, Kaloian R. Pishmanov, Ani Bakalova, Mihail Mutafov

Production : Director’s Darling Development

Article associé : la critique du film

Pride de Pavel G. Vesnakov

Un homme qui pleure

À Michał

« Bonsoir, je suis gay, fier, bien dans ma peau, heureux, et j’aime me faire enculer… ». Bercé d’une rigueur verbale où la concession morale est aussi présente que la tolérance au sein de la politique nazie envers les Juifs, les communistes et les homosexuels, cette logorrhée révolutionnaire fait l’effet d’une bombe. On a entendu ces mots à l’aube de l’an 2000 dans un film de Jean-Gabriel Périot, dont le titre prend l’apparence insolente d’une fausse question : « Gay ? »

Le cinéaste a choisi une forme simple : seul dans le cadre, parlant directement à la caméra, assumant tout. Face à cette radicalité éprise de nécessité de dire une réalité que beaucoup refusent de voir et placent directement du côté de la provocation ou de la pathologie, on peut y déceler son exact miroir dans le court-métrage bulgare intitulé « Pride », réalisé par Pavel G. Vesnakov (2013). Ici, on n’évoque que les concessions faites auprès du pouvoir; affleurent successivement les atteintes aux fiertés morales, lesquelles trouvent place au cœur d’une condition sociale spécifique, celle du post-communisme et d’une réaffirmation du nationalisme. Ici, pas d’expression direct du désir; face à une litanie normative développée par son paternel, l’homosexuel ne parle pas, il n’a droit qu’à une montée de larmes et à la stupéfaction silencieuse. Grand prix à Clermont-Ferrand l’an dernier, ce film a également été présenté récemment au Festival du Film Court de Villeurbanne. L’occasion de tenter une formulation verbale sur le conformisme ambiant, même (ou surtout) couvert sous les apparats de la prétendue liberté d’expression, au risque d’aborder par-delà ce que beaucoup refuse d’admettre comme la logique (nécessairement défaite et ruinée) des sensations.

Le vide et la morale

Qu’y a-t-il de provocateur à dire ces sentiments et la manière dont ceux-ci trouvent forme ?

« Pride » n’est pas directement l’histoire d’une lutte cachée derrière des cris, mais plutôt le récit du désir considéré comme défaillance. Le point de vue n’est pas celui de l’homosexuel, mais d’un vieux bonhomme qui découvre que son petit-fils est un amoureux d’un autre garçon. Récit : Un soir, le vieil homme rentre de la pêche et il regarde à travers le pare-brise de sa voiture. Que voit-il ? On l’ignore longtemps, puis on découvre l’objet de vision; deux jeunes garçons se parlent, s’embrassent, sur un terrain de basket.

C’est d’ailleurs là le premier enjeu du film : pointer la distance qui sépare le vieux de cette réalité amoureuse qu’il ne conçoit pas. La séquence suivante, dans la cuisine, est l’expression directe de son dégoût. Et pourtant, encore un élément qui marque l’écart; la table. Dans le discours, un double effondrement : du côté du vieil homme, l’homosexualité est une pathologie à soigner, une contradiction par rapport à ce qu’il croit bon et normal, une tache dans la trajectoire exemplaire de sa progéniture. Du côté du jeune homme qui demeure silencieux et prostré sur sa chaise pendant toutes les lamentations morales de son paternel, dont on remarque bientôt les larmes et les frissons d’angoisse, c’est l’effondrement d’une confiance, d’une existence possible, d’une entente avec lui-même et avec le cercle familial. Si son grand-père, qui l’a éduqué, le menace aujourd’hui de castration, alors le mépris et la solitude lui sont promis.

Que se joue-t-il ici ? D’où provient le dégoût ? Pourquoi un tel déversement d’intolérance et de conformisme ? L’histoire d’un dégoût. On est forcé de faire appel à l’histoire. Dès 1933, Joseph Staline rompt avec la libéralisation sexuelle et féministe qui avait suivi la révolution de 1917. Gorki trouve les mots; l’homosexualité, à partir de là, sera “l’expression d’une déviance bourgeoise”. En miroir, Hitler au même moment fait de l’homosexualité la marque immorale des élites, confondue avec l’horreur que représente à ses yeux déments la Judaité et le communisme. Étrangement, à la suite de la Seconde Guerre Mondiale, la liberté retrouvée des peuples, que ce soit à l’Ouest ou à l’Est, implique des mécanismes normatifs liés à la restructuration morale des familles. À l’Est particulièrement, « l’homme nouveau » est indubitablement hétérosexuel.

Alors, on continue d’enfermer l’amour homosexuel dans une acception pathologique, on la réprime politiquement et socialement. Les choses n’ont pas tellement changé aujourd’hui. Au contraire, la valse aux conformismes et aux nationalismes a repris, faisant régner des inégalités qu’il ne faudrait pas critiquer sous peine de se faire taxer d’illégitime par les médias. La valse ne fait écho qu’à une réduction drastique de la signification des termes, même ceux qui a priori ont été choisis pour inclure les différences plutôt que pour identifier des limites : liberté, égalité, fraternité. Or, il ne faut pas oublier que se reposer sur les mots, c’est inviter à la normalisation. Et avec elle, accepter la mort des hommes.

Les larmes de Georgi

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Pavel G. Vesnakov use d’une mise en scène temporellement cassée, suivant son personnage principal dans des moments faibles, zonant dans sa voiture ou des no man’s land, au cours de l’appréhension difficile d’une réalité qu’il voit comme décadente, alors même qu’elle est l’expression vive d’une valeur à laquelle il a cru toute sa vie : démocratie. On n’épiloguera pas ici sur la définition de cette notion par les pouvoirs communistes entre 1948 et 1989. Le film est un portrait, en même temps qu’une mise à plat générationnelle; il s’offre comme un symptôme à la fois clairvoyant et sans doute trop simple. Symptôme dans l’absence totale de considération du grand-père envers la liberté d’aimer de son petit-fils, mais également dans l’incompréhension face aux choix de sa fille, venue lui dire qu’elle allait divorcer. Le monde s’effondre-t-il ? Non. Mais la conformité résiste à la surface des esprits. Question qui n’est pas sans rapport : Où sont les femmes dans cette économie symbolique ?

Les larmes retenues de Georgi, peut-être trop bouleversé pour pouvoir avoir l’audace de s’abandonner dans la douleur, nous ramènent à d’autres larmes qui défiaient les pouvoirs. On pense à Michelangelo Antonioni, à Maurice Pialat, à Aki Kaurismäki. Ou bien plus précisément aux larmes de Jadwiga, cette fille de dix-sept ans qui décide contre vents et marées de garder l’enfant qu’elle porte, dans « Premier Amour » de Krzysztof Kieślowski.

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Les larmes, c’est cet état intermédiaire, cette déclaration d’amour à la vie malgré sa dureté, ou plutôt la dureté des normes. D’où viennent vraiment les larmes ? Humiliation. Injustice. Que faire avec ces larmes ? Que faire de cet épanchement du sujet dans sa lutte pour l’irrévérence et l’amour, contre la supercherie des principes et de la communication ? Dans une société qui ne se considère pas puritaine, tout est prétexte à la provocation et à la perversité. Dans une société qui se considère comme puritaine, tout est prétexte à la dégénérescence et à l’immoralité. Le problème est que dans les deux cas, on refuse de voir ce qui est pourtant évident : deux hommes (deux femmes) peuvent s’aimer.

« Pride » dresse le constat d’une rupture de communication. Comme si des fils avaient été coupés, ou bien que depuis la Seconde Guerre mondiale, l’Europe dans son ensemble jouait à cache-cache avec ce qu’elle appelle la diversité. Sans le sacré qui avait pour avantage d’identifier les interdits, sans une confiance dans le fourbi psychanalytique teinté de fausse pudeur et de moralisme dissimulé, on pourra tout de même tenter les mots, c’est-à-dire tenter le bonheur. La tentative critique ramène à la réalité du désir; question de ressemblances. L’amour est pluriel, il peut être homosexuel. Et tous ceux qui pensent qu’il ne s’agit pas d’un amour en soi, et de tout ce que cela implique, s’identifieront au vieil homme perdu auquel échappent le consentement aux normes et la conscience de sa condition sociale. Par ailleurs, le cinéma s’adresse à tous ceux qui croient dans les puissances révolutionnaires du cœur.

Mathieu Lericq

Consulter la fiche technique du film

La course des courts aux Oscars 2015

La cérémonie des Oscars 2015 aura lieu dans un peu plus d’un mois. Découvrez les 15 courts-métrages nominés, toutes sections confondues (fiction, animation, documentaire). Parmi les bonnes surprises, trois films repérés par Format Court : « La Lampe au beurre de Yak », « The Bigger Picture » et « Feast ».

Fiction

Aya de Oded Binnun et Mihal Brezis (Israël, France)

Boogaloo et Graham de Michael Lennox et Ronan Blaney (Irlande, Royaume-Uni)

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La Lampe au Beurre de Yak de Hu Wei (Chine, France)

Parvaneh de Talkhon Hamzavi et Stefan Eichenberger (Suisse)

The Phone Call de Mat Kirkby et James Lucas (Royaume-Uni)

Animation

The Bigger Picture de Daisy Jacobs (Royaume-Uni)

The Dam Keeper de Robert Kondo et Dice Tsutsumi (États-Unis)

Feast de Patrick Osborne et Kristina Reed (États-Unis)

Me and My Moulton de Torill Kove (Canada)

A Single Life de Joris Oprins (Pays-Bas)

Documentaire

Crisis Hotline: Veterans Press 1 de Ellen Goosenberg Kent (États-Unis)

Joanna de Aneta Kopacz (Pologne)

Our Curse de Tomasz Śliwiński et Maciej Ślesicki (Pologne)

The Reaper (La Parka) de Gabriel Serra Arguello (Mexique)

White Earth de J. Christian Jensen (États-Unis)

Ballade du bois vert de Jiří Barta

Animation, 11′, 1983, République tchèque, Krátký Film Praha

Synopsis : Célébration de l’éternel renouvellement de la vie dans la nature printanière.

Pour la deuxième année consécutive, Format Court remet un prix au festival Premiers Plan d’Angers dans la compétition Plans animés, débutant ce vendredi 16 janvier 2015.

C’est l’occasion pour nous de vous présenter un court-métrage d’animation extrait de la rétrospective Jiří Barta, le Président du Jury des courts métrages, proposée par le festival. Cette oeuvre de Land Art, jouant avec l’anthropomorphisme, est une allégorie de la vie et de la nature. Le défi de l’animation en stop motion en extérieur, parfaitement réussi, fait de ce film un bijou de l’animation tchèque.

Zoé Libault

Concours « Sosh aime les inRocKs lab », appel à films

Le concours création vidéo « Sosh aime les inRocKs lab », dédié aux artistes et réalisateurs émergents, redémarre ces jours-ci pour une deuxième édition. Après avoir récompensé de jeunes artistes (Giulia Grossmann et Damien Jibert), le lab repart à la recherche de projets singuliers qui expérimentent avec les formats et les techniques et se nourrissent d’influences variées.

L’inscription

Les vidéastes émergents ont jusqu’au 31 mars 2015 (à 12h) pour s’inscrire en remplissant le formulaire en ligne.

Les formats acceptés sont variés : vidéo d’art, film court, court métrage d’animation et clip, sans contrainte de thème ni de durée. Les vidéos présentées doivent être récentes (moins de 2 ans) et mises en ligne publiquement sur Dailymotion, Youtube ou Vimeo.

Les lauréats

Nouveauté de cette deuxième édition : une sélection des 40 vidéos en compétition sera annoncée sur le site des inRocKs lab le 8 avril 2015. Un jury de professionnels de l’art contemporain, du cinéma et des cultures numériques sélectionnera parmi elles les 5 lauréats dont les vidéos seront présentées fin mai à la Gaîté lyrique, à Paris, au cours du Festival des lauréats.

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Les prix

Le jury désignera parmi les lauréats les gagnants des deux prix, dont les noms seront annoncés au cours de la soirée de finale du concours au Trianon, à Paris, le 19 septembre.

– Le prix création vidéo, ouvert à tous les vidéastes émergents.
Le gagnant remportera une aide à la production de 3000 euros. Le film réalisé avec cette bourse sera projeté en compétition au festival Côté Court à Pantin.

– Le prix spécial, qui récompensera le travail d’un étudiant ou jeune diplômé (depuis moins de 2 ans) d’une des 46 écoles supérieures d’art publiques, membres de l’ANdEA, ou de la Fémis. Le gagnant remportera une aide de 2000 euros ainsi que le soutien du festival Hors Pistes au Centre Pompidou, qui présentera sa nouvelle production dans le cadre de son édition 2016.

De plus, l’équipe de L’Œil de Links, l’émission de Canal + consacrée au web créatif, désignera dans la sélection 2015 une vidéo coup de cœur qu’elle diffusera en mai 2015.

Plus d’informations sur la page FAQ et du règlement du concours.
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Carte blanche Format Court à Montréal !

Pour accompagner son 6ème anniversaire ce mois-ci (bouchon!), Format Court bénéficie de sa première carte blanche montréalaise, le jeudi 22 janvier à 19h15 au cinéma L’Excentris, grâce à la Distributrice de films, une jeune et dynamique structure de diffusion et de distribution de courts québécois rencontrée lors de notre visite au Festival du Nouveau Cinéma (FNC), en octobre dernier, à Montréal.

Conçue par Katia Bayer, Zoé Libault, Julien Savès et Marc-Antoine Vaugeois, cette séance spéciale, intégrée au rendez-vous « Ca s’ra pas long », réunit six films éclectiques (films d’écoles, auto-productions, films professionnels). Repérés par l’équipe de Format Court en festival et sur la Toile, ces films ont fait l’objet de publications sur notre site internet; certains d’entre eux ont même été primés par notre équipe. Issus de l’imaginaire des cinéastes d’aujourd’hui, ils font tous preuve de créativité, d’audace et de singularité, autant de termes intimement liés à la forme courte.

Programmation

Reindeer d’Eva Weber. Documentaire, 3’14’’, 2013, Grande-Bretagne, HSI London. Sélectionné au Festival de Sundance en 2013

Article associé : la critique du film

Syn. : Voyageant 400 km au-dessus du cercle polaire au village Karigasniemi à Utsjoki en Finlande, la cinéaste Eva Weber montre l’élevage de rennes qui a été le gagne-pain des autochtones Samí de l’Arctique durant d’innombrables générations.

La Maladie blanche de Christelle Lheureux. Fiction, expérimental, 45′, 2011, France, Les Films des Lucioles. Prix Format Court au festival de Vendôme 2011

Syn. : Un soir de fête dans un village isolé des Pyrénées. Un père et sa fille de cinq ans, Myrtille. Des adolescents, un chasseur, un berger, des lucioles, des brebis et des chats. Un monde nocturne où des histoires d’ombres chinoises, de miroir magique et de peintures préhistoriques s’entremêlent. Dans la nuit, un être préhistorique vient chercher Myrtille.

Articles associés : la critique du film, l’interview de la réalisatrice

Choros de Michael Langan et Terah Maher. Animation, Expérimental, 12′44”, 2011, États-Unis. # Coup de Cœur Format Court – Festival Silhouette 2012

Syn. : Une danseuse donne vie à une ribambelle de figures féminines dans ce « pas de trente-deux » surréaliste.

Articles associés : la critique du film, l’interview des réalisateurs

Peau de chien de Nicolas Jacquet. Animation, 13’20, 2012, France, Joseph Productions. Prix Beaumarchais – Festival Court Métrange 2013

Syn : Pour échapper à une fin violente et certaine, un chien errant vole le manteau d’un mort. En le posant sur ses épaules, le chien disparaît et se dissimule dans la vie de son ancien propriétaire. Une étrange métamorphose s’opère, où le chien se change en homme. Il prend pour un jour la place de cet étranger et finira par rejoindre son destin.

Articles associés : la critique du film, l’interview de Nicolas Jacquet

Coda de Ewa Brykalska. Fiction, 22′, 2013, Belgique, INSAS. Sélectionné au Festival Côté court 2013

Syn. : Le départ d’un professeur vient sonner le glas d’un conservatoire de musique abandonné au milieu d’un quartier défiguré. Au milieu de cette ambiance apocalyptique, deux femmes trouvent encore à partager un moment de grâce.

Article associé : la critique du film

Grand-mère, veux-tu ? de Lucie Thocaven. Animation, 7′, 2009, Belgique, La Cambre. Prix SABAM au FIDEC 2009

Syn. : Une vieille dame seule et acariâtre reçoit la visite de sa petite fille et de son timide fiancé.

Article associé : l’interview de la réalisatrice

Plus d’infos : Page Facebook de l’événement, site internet de l’Excentris

Rencontres du cinéma taïwanais : 5 courts programmés, en entrée libre !

La 1ère édition des Rencontres du cinéma taïwanais, organisée cette semaine, jeudi 15 et vendredi 16 janvier au cinéma Les 3 Luxembourg (67 Rue Monsieur le Prince, 75006 Paris), prévoit 5 courts dans son programme. L’entrée est libre (dans la limite des places disponibles) et les réalisateurs, issus de la nouvelle génération de cinéastes taïwanais, seront présents pour une rencontre avec le public.

Réservation indispensable pour chaque projection à : info@cinema-taiwanais.com

Jeudi 15 janvier 2015, 22h

Two Juliets de Shen Ko-Shang – 2010 – 44 min – Sélectionné au Festival International du Film de Tokyo 2010

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Le soir de sa rupture, Ah-Mei rencontre un vieil homme qui se confie à elle : un amour interdit, une promesse impossible, un souvenir brûlant vont changer le cours de leurs histoires.

A Nice Travel de Shen Ko-Shang – 2013 – 18 min – Quinzaine des Réalisateurs de Cannes dans le cadre du projet Taipei Film Factory

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Les derniers moments d’une jeune femme sur le point de quitter Taïwan pour une nouvelle vie au Chili.

The Eighteenth Birthday Party de Chuang Ching-Shen – 2008 – Prix Spécial au JVC Tokyo Video Festival

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Emma a reçu une éducation très stricte. Pour ses 18 ans, son père organise une réception pour l’introduire dans la haute société. C’est l’occasion pour elle de régler ses comptes avec lui.

Vendredi 16 janvier 2015, 22h

A Breath from the Bottom de Chan Ching-Lin – 2012 – 42 min Sélectionné au Taipei Golden Horse Film Festival

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Lorsque le gouvernement, sous la pression des lobbies industriels, limite l’accès à l’eau aux citadins et aux agriculteurs, ces derniers se révoltent. Un jeune officier de la police militaire est tiraillé entre son père engagé dans les manifestations et sa promotion à venir.

 The Blackout Village de Wang Ui-lin – 2010 – 40 min – Prix du Meilleur Court-Métrage au Taipei Film Festival en 2011

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Défiguré après une électrocution, un employé municipal fait des rondes pour éviter que les habitants ne volent des câbles lors des coupures de courant, hanté par l’idée qu’ils ne subissent le même sort.

Irène d’Alexandra Latishev

Découvert à l’occasion du Poitiers Film Festival 2014 où s’enchainaient les portraits de femmes frustrées, malades et désespérées, « Irène » d’Alexandra Latishev était certainement celui qui renfermait le plus de tendresse à côté des horreurs quotidiennes du monde déchu où son héroïne s’accrochait à la vie. L’histoire est simple : une femme assez jeune travaille dans un magasin de photocopies quelque part au Costa Rica. Elle vit avec sa mère et son fils et n’a de relations que celles imposées par les hommes et dans lesquelles il lui est impossible de s’épanouir. Au moment où elle perçoit une brève lueur d’espoir, tout dérape et elle tombe dans une profonde dépression.

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« Irène » n’est pas seulement bien écrit, c’est également un court-métrage brillamment mis en scène. Son rythme posé épouse des paysages mornes et laisse le temps aux lumières orangées et souvent dures de se déployer. De même, la construction quasi symétrique du film propose des correspondances audacieuses entre la première et la seconde partie du film. Pour s’en rendre compte, il suffit de voir avec quelle aisance Alexandra Latishev, la réalisatrice, pose, sans pratiquement un mot, les bases d’un récit où la répétition est le socle de la vie. Le temps circulaire et immuable est notamment manifeste dans les photocopies qui se déversent des machines comme l’eau s’écoule dans un fleuve, et dans ces plans où Irène observe le regard lointain son fils se salir tout en étendant le linge. Il faut aussi s’attarder sur les relations entre les personnages, du câlin que la jeune femme fait à son enfant endormi en rentrant chez elle avant de se blottir elle-même dans les bras de sa mère.

Irène est une fille mourante, une femme perdue. Après avoir essayé une fois de plus, de rencontrer quelqu’un, on a l’impression que c’est sa féminité et sa condition même qu’elle pleure et dont elle ne sait que faire, entre les remontrances de sa mère et ses hallucinations avec son fils. Son univers la condamne à une existence répétitive et faussement libératrice. D’où ces scènes qui se rejoignent et s’écartent comme le premier plan frontal où la protagoniste, comme enfermée sur elle-même, s’ennuie pendant qu’un homme s’affaire derrière elle et son pendant final où seule sur le cheval de bois d’un manège, elle s’aventure au plaisir solitaire dans un doux mouvement de haut en bas. C’est retirée, sans mère ni enfant, sans conjoint ni amant, l’enfance retrouvée dans un corps d’adulte, que réside l’unique possibilité d’une vie nouvelle pour elle. Le final est émouvant comme le recours au romanesque est utopique. Ce qu’elle subit n’est rien d’autre qu’un suicide intérieur : sa seule manière de quitter un ordinaire mort, c’est un retour rêvé à une période de la vie où tout était plus simple.

Nicolas Thys

Consulter la fiche technique du film

I comme Irène

Fiche technique

Synopsis : Irène est mère célibataire et vit avec son fils de sept ans et sa mère qui cherche à tout contrôler. Un jour, dans le magasin de photocopies où elle travaille, elle rencontre Diego et sort avec lui mais rien ne se passe comme prévu. Cette rencontre fait ressurgir toute ses frustrations émotionnelles et sexuelles.

Genre : Fiction

Pays : Costa Rica

Durée : 28′

Année : 2013

Réalisation : Alexandra Latishev

Scénario : Alexandra Latishev

Image : Nicolas Wong

Son : Oscar Medina

Interprétation : Lilliana Biamonte, Rosibel Carvajal, Oscar González

Montage : Alexandra Latishev

Production : Universidad Veritas, Nueva Escuela Cine & TV

Article associé : la critique du film

Jean-Charles Mbotti Malolo, Prix Format Court au Festival de Villeurbanne 2014

Fin novembre 2014, Format Court a attribué pour la première fois un prix au Festival de Villeurbanne au meilleur film européen. Le Jury Format Court (Katia Bayer, Azziza Kaddour, Mathieu Lericq, Françoise Mazza) a été séduit par le film « Le Sens du toucher » réalisé par Jean-Charles Mbotti Malolo, un premier film subtil et vibrant à la croisée du mouvement, des couleurs et des sentiments.

Dans le cadre du prix, le film a été projeté à la séance anniversaire (6 ans!) de Format Court de l’année, le jeudi 8 janvier 2015 au Studio des Ursulines (Paris, 5ème). Il bénéficiera également d’un DCP relatif à un prochain film doté par le laboratoire numérique Média Solution.

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Retrouvez pour l’occasion dans ce focus lauréat :

La critique du film « Le Sens du toucher »

L’interview de Jean-Charles Mbotti Malolo

Le reportage « Jean-Charles Mbotti Malolo, en deux courts & deux mouvements »