Jean-Charles Mbotti Malolo, en deux courts & deux mouvements

En novembre dernier, à l’issue du festival de Villeurbanne, Format Court décernait son premier Prix Format Court à Jean-Charles Mbotti Malolo pour son très beau film « Le Sens du toucher » projeté prochainement lors de la séance anniversaire de Format Court, le jeudi 8 janvier 2015 (en présence du réalisateur). Diplômé en 2007 de l’école Emile Cohl à Lyon, Jean-Charles Mbotti Malolo a beaucoup travaillé sur les séries et les longs-métrages, notamment pour le compte des studios Folimage et La Fabrique. Il est également danseur (on vous conseille d’aller voir son compte You Tube; rythme, battles et bon sons garantis). D’un court animé à l’autre, il n’y avait qu’un pas… de danse. Voici donc les précédents travaux de l’auteur du « Sens du toucher » aussi agile de ses mains que de ses pieds.

Le Cœur est un métronome

Le premier film connu de Jean-Charles Mbotti Malolo, « Le Coeur est un métronome » est son court de fin d’études d’Emile Cohl réalisé en 2007. En 4 minutes et quelques secondes, le film illustre la relation complexe entre un père et son fils. La palette graphique est teintée, mais la musicalité, la gestuelle, le rythme, les corps et l’absence de parole annoncent déjà « Le Sens du toucher », son premier film professionnel.

Dans ce court, élu Meilleur premier film au festival d’Hiroshima en 2008, après une énième dispute, le fils quitte le nid et le père perd l’appétit. Ils se retrouvent, sont dans l’incapacité de se parler, mais finissent par communiquer par le seul moyen possible, la danse (le hip-hop pour le fils, les claquettes pour le père). L’esquisse se forme, le chapeau vole, le père se retrouve à terre, le fils le ramasse. Les petits pas se créent, un en avant, trois en arrière et le parapluie s’attrape quand tombent les premières gouttes de pluie.

Fait avec des jolies gouaches, des pantalons un peu larges et un tempo qui colle à l’image, « Le Coeur est un métronome » montre les accords et désaccords père-fils sans beaucoup de sous-texte. Un peu trop court, un brin discret sur ses photos de début et de fin, le film révèle une ligne spontanée, un rythme étudié et des mouvements de danse, chers à Mbotti Malolo. On retient du film l’émotion saisie pendant 18 secondes (3’12’’- 3’30’’), interrompue par un éclat de tonnerre, la valse à la chemise et ce titre si poétique, marquant la pulsation des sentiments et de la musique.

Le Paon

Autre curiosité découverte sur le Net, « Le Paon » est un très, très court de 38 secondes seulement réalisé par Jean-Charles Mbotti Malolo en l’espace de 3 jours dans le cadre d’un marathon d’animation sur ipad, pour le Festival d’un jour à Valence (qui fête ses 20 ans cette année). Il a été conçu à partir d’une musique du compositeur Christophe Héral (« Chienne d’histoire » de Serge Avédikian, « La Queue de la Souris » de Benjamin Renner) et d’une application « L’atelier McLaren  » (créé par l’ ONF, en lien avec le travail du Canadien Norman McLaren). Ce super film trop court (lui aussi) mêle rythme et émotion, cadre noir et couleurs chaudes, musique et rythme, humour et poésie, jeu de formes et perspectives avec toujours cette ligne aussi libre que l’oiseau qu’il croque. Cette fois-ci, on retient l’envol du volatile, la voix de ténor du paon illustré, le coeur de petits chanteurs à cheveux longs et ce final tout en pois rouges. Grâce à ce tout petit film, on sait enfin ce qui se cache sous les plumes de notre ami, le paon !

Katia Bayer

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