Tous les articles par Katia Bayer

S comme Son Seul

Fiche technique

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Synopsis : Après une nuit de tournage, le chef opérateur du son et le perchman finalisent leur travail par l’enregistrement d’une série de sons seuls.

Genre : Fiction

Durée : 15′

Pays : France

Année : 2014

Réalisation : Nina Maïni

Directeur de la photographie : Etienne Lesueur

Montage : Suzanne Van Boxsom

Son : Jules Valeur

Interprétation : Philippe Duquesne, Pascal Demolon, Juliette Savary

Production : La Fémis

Article associé : la critique du film

Son Seul de Nina Maïni

Prix de la Meilleure Première Œuvre de Fiction (SACD) au dernier Festival de Clermont-Ferrand, le court-métrage « Son Seul » de Nina Maïni fait partie des films de fin d’études du dernier crû de la prestigieuse Fémis. La jeune cinéaste, issue du département son, livre un court-métrage humble, émouvant et drôle dont la qualité première est de prendre pour sujet le cinéma comme artisanat et pour héros deux figures discrètes et connues des plateaux de tournages : l’ingénieur du son et son perchman.

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Gaby et Pierre, respectivement campés par Philippe Duquesne et Pascal Demolon, se retrouvent seuls après une journée de tournage pour enregistrer des «sons seuls» sur une plage, à savoir des sons d’ambiance destinés à alimenter le montage du film en cours de fabrication. Les deux quinquagénaires, amis de longue date ayant roulé leur bosse ensemble, profitent de ce moment d’intimité pour évoquer leur avenir en même temps qu’ils s’appliquent à enregistrer leurs sons seuls, en courant notamment après des cris de mouettes difficiles à obtenir.

Le court-métrage de Nina Maïni force l’admiration, d’abord parce que l’émotion qu’il produit n’excède jamais le cadre très simplement défini par la mise en scène : aucun ajout de musique, aucun effet ostentatoire produit par des mouvements d’appareils sophistiqués ne vient suppléer aux intentions affichés par le récit et la dramaturgie. La réalisatrice s’en remet essentiellement au jeu de ses interprètes, tout en déployant patiemment une mise en scène discrète, construite sur un jeu savant et ludique entre les différentes échelles de plans.

La grammaire du cinéma burlesque à laquelle se réfère la jeune cinéaste a toujours reposé sur un traitement égal de l’image et du son, les films de Jacques Tati ou de Luc Moullet constituant de lointains modèles. Nina Maïni fait à son tour preuve d’inventivité en exploitant la dimension comique de sa situation de départ, où l’effet burlesque n’est pas seulement produit par les mouvements physiques des personnages mis en perspective dans des cadres élargis, mais également par la proximité que produisent les sons enregistrés par les protagonistes à l’intérieur des scènes. La place accordée aux éléments sonores ambiants est prépondérante et le film y trouve son équilibre dans l’économie qu’il fait des dialogues entre les personnages, où le peu de mots qu’ils échangent livrent l’essentiel sans verser dans la psychologie.

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Le mérite en revient aux interprètes, le couple Duquesne/Demolon parfaitement accordé, dont nous avions découvert et apprécié l’alchimie dans un précédent court-métrage comique : « Les Chiens verts » de Mathias et Colas Rifkiss (2012). La bonhomie délicieuse de Philippe Duquesne contraste ainsi avec le tempérament de chien fou de Pascal Demolon, les deux acteurs se rejoignant néanmoins au même endroit dans leur jeu, celui de l’enfant, joueur et primesautier, qui s’exprime dans le regard désarmant de tendresse et d’innocence de Duquesne et dans les moues boudeuses de Demolon. Cette qualité de jeu apporte la dernière touche essentielle au constat qu’énonce le film : les artisans du cinéma ne cesseront jamais d’être des enfants, recherchant sans cesse le plaisir dans le travail.

Et le film de se clore de la plus belles des façons, en laissant défiler son générique alors qu’un montage sonore fait se succéder des amorces de prises de sons, les voix des techniciens anonymes s’agglomérant pour constituer un cœur dans un ultime sursaut burlesque. L’élégance et l’humilité dont fait preuve la jeune cinéaste ravit et nous rend curieux d’une prochaine réalisation.

Marc-Antoine Vaugeois

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Bruocsella ! de Ian Menoyot

Fiction, 49′, Belgique, 2013, FOVEA

Synopsis : Seule dans l’agitation urbaine humide et persistante, Jeanne tente de retrouver le nord.

Lauréat du Grand Prix, du Prix de la presse ainsi que du Prix d’interprétation féminine lors de la dernière édition du Festival Côté Court de Pantin, le moyen-métrage « Bruocsella ! » de Ian Menoyot avait su convaincre les différents jurys et tiré son épingle du jeu parmi d’autres films en compétition. Fruit d’une auto-production laborieuse portée de bout en bout par un jeune cinéaste exigeant dont la précision et la rigueur transparaissent à chaque instant, « Bruocsella ! » s’impose avant tout comme un geste fort dont le titre résonne comme un cri du coeur, un cri d’amour.

Cri d’amour pour une ville et pour un visage : celui de Flora Thomas, grande fille au regard magnétique et impénétrable qui fait corps avec la cité, jungle froide et éteinte mais bouillonnante de l’intérieur. Le parcours de Jeanne dans les rues de Bruxelles, aux confins de la solitude et du désenchantement, culmine dans une scène de dialogue bouleversante entre la jeune femme et un rat des villes dostoievskien (Boris Kish, sublime) qui dresse le portrait amer et désabusé de notre société moderne et de ses capitales qui broient les individus. Un film fort et un geste de cinéma qui augure les plus grandes espérances pour son auteur.

Marc-Antoine Vaugeois

Clermont-Ferrand, le palmarès 2015

Le 37ème Festival international du Court Métrage s’est achevé à Clermont-Ferrand ce samedi 7 février 2015. En voici le palmarès.

Compétition nationale

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Grand Prix : Ton cœur au hasard de Aude-Léa Rapin

Prix Spécial du Jury, Prix du public : Guy Moquet de Demis Herenger

Prix Egalité et Diversité : Leftover de Tibor Bànòczki, Sarolta Szabo

Prix de la Meilleure Musique Originale (SACEM) : Philippe Dubernet et Guillaume Durrieu pour Black Diamond de Samir Ramdani

Prix de la Meilleure Photographie (Nikon) : Anaïs Ruales Borja pour Burundanga

Prix de la Meilleure Première Œuvre de Fiction (SACD) : Son seul de Nina Maïni

Prix Adami d’Interprétation/Meilleure comédienne : Julie Chevallier, dans Ton cœur au hasard de Aude-Léa Rapin

Prix Adami d’Interprétation/Meilleur comédien : Daniel Vannet, dans Perrault, La Fontaine, Mon Cul ! de Hugo P. Thomas, Ludovic Boukherma, Zoran Boukherma et dans Ich bin eine Tata de Ludovic et Zoran Boukherma, Marielle Gautier et Hugo P. Thomas

Prix Etudiant de la Jeunesse : Perrault, La Fontaine, Mon Cul ! de Hugo P. Thomas, Ludovic Boukherma, Zoran Boukherma

Prix Canal + : Le dernier des Céfrans de Pierre-Emmanuel Urcun

Prix de la Presse Télérama : Vous voulez une histoire ? de Antonin Peretjatko

Prix du Rire « Fernand Raynaud » : Tarim le Brave contre les Mille et Un Effets de Guillaume Rieu

Prix Procirep du Producteur de Court Métrage : Takami Productions

Mention spéciale du jury à l’acteur Jonathan Couzinié, dans Ton cœur au hasard de Aude-Léa Rapin

Compétition internationale

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Grand Prix : Hole (Le trou) de Martin Edralin (Canada)

Prix Spécial du Jury : Minsu Kim In Wonderland (Minsu Kim au pays des merveilles) de  Chan-yang Shim (Corée du Sud)

Prix du Public : Père de Lotfi Achour (Tunisie, France)

Prix du Meilleur Film d’Animation : Somewhere Down the Line (La ligne de vie) de Julien Regnard (Irlande)

Prix du Meilleur Film d’Animation Francophone (SACD) : Deep Space de Bruno Tondeur (Belgique)

Prix Etudiant de la Jeunesse : Futile Garden (Terrain stérile) de Ghazaleh Soltani (Iran)

Prix Canal + : De Smet de Wim Geudens, Thomas Baerten (Pays-Bas, Belgique)

Prix des Médiathèques : Thread (Le fil) de Virginia Kennedy (Malaisie)

Mentions spéciales du Jury : Père de Lotfi Achour (Tunisie, France), That Day of the Month (Ce jour du mois) de Jirassaya Wongsutin (Thailande), Démontable de Douwe Dijkstra (Pays-Bas), The Beaten Path (Les sentiers battus) de Phurba Tshering Lama (Inde), Salers de Fernando Dominguez (Argentine)

Compétition Labo

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Grand Prix : Sieben Mal am Tag beklagen wir unser Los und nachts stehen wir auf, um nicht zu träumen (Sept fois par jour nous pleurons sur notre sort et nous nous levons la nuit pour ne pas rêver) de Susann Maria Hempel (Allemagne)

Prix Spécial du Jury : Cams de Carl-Johan Westregård (Suède)

Prix du Public : S de Richárd Hajdú (Royaume-Uni, Angleterre, Hongrie)

Prix Canal +  : Ser e Voltar de Xacio Baño (Espagne)

Mentions spéciales du jury : My Dad de Marcus Armitage (Royaume-Uni, Angleterre), Ser e Voltar de Xacio Baño (Espagne), S de Richárd Hajdú (Royaume-Uni, Angleterre, Hongrie)

Autres prix

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Nomination European Film Awards : Smile, And the World Will Smile Back (Souris et le monde te sourira) de Abdelkarim Al-Haddad, Ehab Tarabieh, Yoav Gross, Diaa Al-Haddad, Shada Al-Haddad, Ahmad Al-Haddad (Israël, Palestine)

Coup de cœur Canal+ Family : Indah Citra de Sarah Feruglio, Anthony Oliveira, Pierre-Antoine Naline, Maxime Orhnial (France)

Prix Orange : One Man, Eight Cameras (Un homme, huit caméras) de Naren Wilks (Royaume-Uni, Angleterre)

Le petit Clermont illustré !

Le 37ème Festival de Clermont-Ferrand s’est terminé ce soir. En voici un premier aperçu animé croqué par les réalisateurs que nous avons rencontrés, en prélude de leurs interviews.

Chris Landreth, réalisateur multi-primé (« Ryan », « Subconscious Password), membre du Jury international

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Daisy Jacobs et Chris Wilder, réalisatrice et animateur de « The Bigger Picture » (nommé aux Bafta, aux Oscars, …)

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Jean-Claude Rozec, réalisateur (« Cul de bouteille »« La Maison de Poussière »), Prix France Télévisions du Court Métrage 2015

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Rino Stefano Tagliafierro, réalisateur (« Beauty »)

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Et pour le lien animé, voici une illustration envoyée par Tomasz Siwiński, le réalisateur de « Une Chambre Bleue », Prix France Télévisions du Court-métrage 2015 ex aequo. Le film, projeté jeudi 12 février à 20h30 aux Ursulines, lors de la Soirée Format Court dédiée au Festival du Nouveau Cinéma, en présence de l’équipe, fera l’objet d’une exposition de dessins et de croquis préparatoires.

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Prix France Télévisions du court-métrage 2015

Lors du 37ème Festival International du court-métrage de Clermont-Ferrand, Tony Gatlif et les membres du Jury ont remis jeudi 5 février, le Prix France Télévisions du Court-métrage 2015 ex aequo à « La Maison de Poussière » de Jean-Claude Rozec et « Une Chambre Bleue » de Tomasz Siwiński. Le jury a également attribué une mention spéciale pour l’interprétation féminine à Laure Calamy pour « La Contre-Allée » de Cécile Ducrocq.

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Ces trois films seront projetés dans le cadre des Soirées Format Court, au Studio des Ursulines (Paris, 5ème). « Une Chambre Bleue » sera visible sur grand écran dès la semaine prochaine, jeudi 12 février à 20h30, lors de la Soirée Format Court dédiée au Festival du Nouveau Cinéma  (FNC) de Montréal. Le film sera présenté par son équipe et fera l’objet d’une exposition de dessins et croquis préparatoires.

Depuis 2009, le Prix France Télévisions du court-métrage est décerné chaque année à un film choisi parmi les achats ou préachats de France 2 et France 3, de l’année précédente et de l’année en cours. Cette année, le jury, présidé par Tony Gatlif, était composé de Katia Bayer (Format Court), Caroline Constant (L’Humanité), Isabelle Gibbal-Hardy (Grand Action), Daniel Goudineau (France 3 Cinéma), Nathalie Jacquet (Télé Câble Hebdo), Jacques Kermabon (Bref Magazine), Frédéric Prallet-Dujols (France Télévisions) et Pascal Sennequier (France 2 Cinéma).

T comme Tehran-Geles

Fiche technique

Tehran-Geles -Arash-Nassiri

Synopsis : Le film nous projette dans un paysage fantastique, une transposition architecturale de deux villes, Téhéran et Los Angeles, dans laquelle les néons grésillants de la capitale iranienne s’incrustent de façon anarchique sur les vues aériennes des quartiers de la Cité des Anges.

Genre : Fiction

Pays : France

Année : 2014

Durée : 18’09 »

Réalisation : Arash Nassiri

Scénario : Arash Nassiri

Image : Yald Fazel, Arash Nassiri

Son : Raphaël Hénard

Musique : Flavien Berger

Montage : Arash Nassiri, François Engrand

Production : Le Fresnoy

Article associé : la critique du film

Tehran-Geles de Arash Nassiri

Au-dessus de la ville, on voit un oiseau

Incroyable plongée dans un territoire fantastique, le film d’écoles d’Arash Nassiri s’attache à transposer une certaine image de Téhéran dans le paysage urbain de Los Angeles créant ainsi une utopie cinématographique des plus envoûtantes.

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Et si l’Iran n’avait pas connu la Révolution islamique? Et si le modèle américain que l’on projetait sur tous les murs de la ville dans les années 70 avait gagné la capitale iranienne, quel visage offrirait-elle aujourd’hui aux yeux du monde ? Autant de questions qui resteront sans réponse puisque l’Histoire en a décidé autrement. Il n’empêche que dans son film « Tehran-Geles », Arash Nassir, issu du Studio des arts contemporains Le Fresnoy, né en Iran et ayant grandi en France, a imaginé une ville à la croisée des chemins, un univers improbable qui répondrait au fantasme démiurgique de création d’une nouvelle Persepolis.

Aussi, dans ce court métrage expérimental, incruste-t-il des enseignes de la capitale iranienne sur les gratte-ciel de la Cité des Anges. Des témoignages téléphoniques d’hommes et de femmes commentant leur quotidien d’avant la Révolution contrastent avec les images aériennes qui évoquent une réalité contemporaine. Des arrestations par la police du Shah en passant par la mode vestimentaire, les souvenirs renvoient à un mode de vie disparu. On devine que ces personnes ont fui leur pays après la Révolution pour venir s’installer à Los-Angeles où l’on retrouve la plus grande communauté iranienne du monde.

Tehran-Geles -Arash-Nassiri

Le résultat est curieux et la démarche reste interpellante à plusieurs niveaux. Car loin d’être anecdotique, elle est au contraire une réflexion intelligente sur la manière de s’approprier le passé révolu de son pays d’origine et de lui imaginer un futur illusoire. Le jeune réalisateur exprime par là son attachement à ses racines tout en questionnant les bouleversements provoqués dans la société iranienne depuis la Révolution de 1979.

Il crée volontairement un décalage entre la fiction d’une réalité revisitée et la réalité des commentaires et joue habilement avec la notion de frontière et de territoire, tellement ancrés dans la mémoire de tout apatride. Avec cette projection futuriste où la musique de Flavien Berger pousse à s’enfoncer dans les abysses labyrinthiques d’une ville inexistante, Arash Nassiri signe ici une exploration vertigineuse et hypnotique de l’âme exilée.

Marie Bergeret

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La Légende Dorée de Olivier Smolders

Grand habitué des sélections Labo du Festival de Clermont-Ferrand, Olivier Smolders présente cette année en compétition internationale « La Légende Dorée », un nouveau projet qui adopte la forme du portrait documentaire pour mieux explorer la psyché d‘un patient d’institut psychiatrique à travers un livre de collages d’images, dont il est l’auteur et qui se trouve rempli d’histoires violentes et de personnages décadents. Un film captivant qui réfléchit sur le mensonge inhérent derrière chaque histoire et notamment celle qui souhaite devenir une doctrine.

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Philippe Grand’Henry, patient interné dans une institution psychiatrique, nourrit une obsession pour les personnages historiques déviants. Dans une longue “litanie” face caméra, il raconte la vie d’assassins irresponsables, de monstres de foire et autres musiciens damnés, à travers un livre de collage d’images de sa conception. Suivant le cheminement sinueux de sa pensée, qui se déploie par associations d’idées et ressenti personnel, « La Légende Dorée » met à nu la psyché de cet homme et entreprend une réflexion sur le pouvoir infini et pernicieux de l’Histoire et des mots.

« La Légende Dorée » se réfère à un livre du XIIIème siècle, portant le même nom et écrit par Jacques de Voragine, qui raconte la vie d’une centaine de saints et martyrs chrétiens. Il est considéré comme un ouvrage de référence sur la mythologie chrétienne, et plusieurs prédicateurs s’en sont servis pour légitimer leurs sermons en faisant de ces saints des modèles de vie à suivre.

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Le parallélisme sémantique obtenu entre les deux titres permet à Olivier Smolders d’entamer une réflexion autour de la puissance des mots comme vecteurs illusoires de vérité. Par exemple, Philippe Grand’Henry raconte tour à tour être le fils d’un pétomane et d’un cannibale, il mélange véracité historique et affabulation personnelle, et se crée une sorte de mythologie imaginaire, foncièrement intime. Sa collection d’images et d’histoires de “saints et martyrs extravagants” ne se présente pas comme vraie, mais elle définit sa personnalité et son essence, lui qui “n’est pas fou, mais qui a juste des problèmes de mémoire”. C’est en quelque sorte “sa” vérité et ce qui lui permet d’affronter la tristesse, la désorientation et la solitude inhérentes à toute existence.

Succession d’images fascinantes au fil de collages savants et minutieux, histoires ensorcelantes narrant les actions barbares du Dr Holmes, de la comtesse Bathory ou encore du compositeur italien Carlo Gesualdo, « La Légende Dorée » se révèle virtuose en fin de métrage avec une séquence finale qui juxtapose en surimpression certains personnages clés avec Philippe lui-même. Au cours de cette séquence, le conteur et les contés ne font plus qu’un tout qui s’en prend avec véhémence à toute forme de vérité avérée, et notamment à celle de Dieu. Asséné comme une véritable profession de foi, ce discours final met en garde contre l’utilisation néfaste des histoires, qui “ne devraient pas servir à autre chose qu’à rêver… qu’à faire souffrir sans faire le mal…”, et se conclut sur une note plus mélancolique où l’on découvre un homme fragilisé, non pas fou, mais complètement perdu.

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« La Légende Dorée » est une oeuvre riche qui questionne sur la vérité derrière tout homme. Cette vérité, n’est-elle pas qu’un assemblage disparate d’histoires contradictoires ? Ne devrait-elle pas se cantonner à ne définir qu’un seul être et ne pas essayer de s’imposer avec violence aux autres ?

Julien Savès

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L comme La Légende dorée

Fiche technique

La Légende Dorée 02

Synopsis : Collectionneur de musiciens maudits, d’assassins déraisonnables, de monstres de foire, de révolutionnaires paranoïaques, de pétomanes ou d’anachorètes suicidaires, un patient en institution psychiatrique présente une galerie de personnages historiques qui le hantent.

Genre : Expérimental

Durée : 25’

Pays : Belgique

Année : 2015

Réalisation : Olivier Smolders

Scénario : Olivier Smolders

Directeur de la photographie : Jean-François Spricigo

Collages : Quentin Smolders

Montage : Olivier Smolders

Son : Marc Bastien

Interprétation : Philippe Grand’Henry

Production : Les Films du Scarabée, YUZU Productions

Article associé : la critique du film

Re:Frame – Scanning Time / Documenting Change

Le cinéma indien évoque dans un premier temps des images plutôt invraisemblables débordant de kitsch et le « mélodrame sur le mode de l’excès » comme dirait Peter Brooks. Le terme Bollywood suggère également une industrie faramineuse, la plus grosse production cinématographique du monde, exportée autant que son équivalent américain. Cependant, un certain cinéma indien a toujours évolué en marge du courant principal. Hors des sentiers battus et loin des formules populaires ou dogmatiques, celui-ci explore des narrations audacieuses et innovantes pour traduire les complexités d’une culture insaisissable, plurielle et hautement postmoderne.

Ce genre, qu’on nommera « expérimental », « parallèle » ou encore « d’art », connaît peu de diffusion en salle, relégué à de brefs circuits festivaliers, le plus souvent en dehors de l’Inde. La maison d’édition parisienne Lowave a consacré en 2009 un DVD à ce cinéma riche et méconnu regroupant sept courts métrages qui reflète l’Inde d’aujourd’hui.

Au rythme d’une berceuse hypnotique, « Endnote – Antaral » d’Ashish Avikunthak réinterprète la pièce absurde « Come & Go » de Samuel Beckett, en la transposant dans une Calcutta intemporelle et indéfinie. De la « dramaticule » originale, Avikunthak fabrique une sorte de « filmicule » en noir et blanc. Trois femmes, trois amies, Aditi, Ashwini and Kuheli, font écho aux protagonistes théâtrales Ru, Vi et Flo, elles-mêmes rappelant fort les Sœurs Fatales de « Macbeth ». Le récit se déroule autour d’une narration cyclique, ou les répliques superficielles et minimalistes se partagent entre l’un et l’autre personnage, les gestes se répètent de manière ritualiste, les jeux spontanés de l’enfance cèdent la place à une interprétation maniérée. L’artifice de la démarche est manifeste et pleinement assumé, la distanciation brechtienne poussée à son sommet. La mise en scène et l’image, quant à elles, favorisent un grand onirisme et une nostalgie.

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Avec « Bengali Tourist », Sarnath Banerjee, auteur de bande dessinée renommé, livre sa première animation, basée sur les récits de l’explorateur algérien Ibn Battuta, qui a beaucoup voyagé en Asie au 14ème siècle. Banerjee transpose le texte historique à Calcutta de nos jours, et le protagoniste Battuta est incarné en miroir par Digital Dutt, un personnage récurrent dans l’œuvre du dessinateur. L’histoire côtoie l’Histoire dans un amalgame de médiums ludiques et allègres, mêlant images en live action et dessins 2D. Une réflexion pleine d’humour noir sur le phénomène de tourisme de « consommation ».

L’artiste mondialement connue Pushpamala N est connue pour ses œuvres provocatrices, titillant les sensibilités et détournant les points de vue établis sur la question d’identité postcoloniale. Le titre de son court métrage « Rashtriy Kheer & Desiy Salad », qui pourrait se traduire comme « Dessert national et salade domestique » est bien évocateur en lui-même, et donne une synthèse parfaite des contrastes et contradictions de l’Inde d’aujourd’hui, notamment par l’hybridité « Occident/Orient » dans le mélange de plats, caractéristique de la culture urbaine.

Le récit pour ainsi dire prend la forme d’un portrait de famille, la famille idéale selon les standards indiens : père à l’armée, mère aux fourneaux et enceinte (la maternité est considérée comme un état sacré dans la société indienne), et fils coquin à souhait. Sauf que le travail de Pushpamala, loin de se conformer aux stéréotypes quelconques de genre ou d’identité, ne cesse de questionner ceux-ci.

Dans un cadre minimal (une caméra fixe qui ne joue qu’avec les grosseurs de plans), les trois personnages font tour à tour, sur un tableau noir, l’inventaire des choses qui leur tiennent à cœur (ou qui leur pèsent, dans le cas du fils) : les stratégies militaires, les recettes et techniques de préservation culinaire, le devoir scolaire,… Cet élément didactique renforce la dimension ludique de la farce pseudo-nationaliste.

En même temps, la distanciation est totale. L’image file deux fois trop vite. La bande son hyperbolique (elle aussi, trop rapide) juxtapose l’hymne national décliné en plusieurs versions (y compris celle de son compositeur, l’illustre poète Rabindranath Tagore) avec la célèbre ouverture à Orphée de Monteverdi. Les acteurs s’adressent au public imaginé (le spectateur), interrompent et reprennent leurs activités de manière aléatoire.

La réalisatrice joue avec audace entre le rendu vidéo délibérément amateur et une esthétique 35mm délibérément ratée, avec de nombreuses références aux codes visuels du cinéma muet. L’action en elle-même se situe dans les années 50. Nous sommes en pleine explosion technologique, dans une nation qui renaît à peine, après presque 200 ans de colonisation britannique. S’ajoutent au mélange d’innombrables références culturelles, politiques et historiques indiennes : du redoutable plat vindaloo à Warren Hastings en passant par les luttes entre démocrates et communistes. Le résultat est un court loufoque et chaotique, plein d’humour et d’autoréférentialité.

« Straight 8 » est un film traitant autant de l’histoire du pays que de celle du cinéma. La réalisatrice Ayisha Abraham retrace le parcours de Tom d’Aguiar, un fonctionnaire anglo-indien ayant fait carrière dans les télécommunications. Il raconte ses expériences personnelles et professionnelles à travers les décennies cruciales d’une Inde en plein bouleversement. Nous découvrons ainsi le portrait franc et émouvant de la vie indienne au moment de l’Indépendance, une époque encore épargnée des ravages du socialisme nehruvien. Par ailleurs, le regard posé par l’Anglo-indien se situe à une frontière fragile entre occupant et colonisé, appartenant à deux mondes sans vraiment pouvoir intégrer ni l’un ni l’autre.

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La démarche du film est particulière, ni fiction ni documentaire, il s’agit d’une exploration de la mémoire, sur un plan tant historique que cinématographique. Car le témoignage de Tom d’Agiuar, précis et techniquement détaillé, nous donne aussi un aperçu unique et précieux du cinéma amateur en Inde dans les années 40, qui plus est, dans le contexte très spécifique de Bangalore. Cette ville méridionale importante, surnommée Silcone Valley, incarne en quelque sorte parfaitement la dualité tradition/modernisme qui caractérise l’Inde.

Sorte de home movies avant la lettre, les fragments et extraits en pellicule 8mm filmés par Tom et ses amis présentent leur propre logique narrative et témoignent de la volonté de filmer, de capturer ou d’immortaliser le monde, alors que cette technologie venait juste de voir le jour.

L’appellation réductrice « expérimental » regroupe donc une énorme diversité de films qui ne tombent pas facilement dans les catégories de narration classique. À la lisière des genres, ces œuvres singulières et poétiques se présentent comme de savoureux moments qui divertissent, émeuvent, instruisent. N’est-ce pas finalement là que se trouve le vrai rôle du septième art ?

Adi Chesson

Re :Frame – Scanning Time / Documenting Change : Éditions Lowave

Chaud Lapin de Flora Andrivon, Soline Béjuy, Maël Berreur, Géraldine Gaston et Alexis Magaud

« Chaud Lapin », film d’animation de cinq élèves de Supinfocom (Arles), évoque en quelques minutes une histoire vieille comme le monde : celle de la femme délaissée et humiliée qui décide de re-prendre sa vie en mains.

Il était une fois une femme serpent qui partageait la vie d’un homme sanglier un peu rustre. Monsieur est préoccupé par sa maquette de bateau et ne supporte ni le moindre coup de vent ni la moindre interruption conjugale. Heureusement, madame a un amant bienveillant, incarné ici par un lapin fougueux. Le couple adultérin semble bien décider à profiter de cet amour interdit et à ne pas se laisser gâcher la vie par ce mari bien encombrant. La suite et fin ? Un savant mélange d’humour noir et de dérision qu’il serait dommage de dévoiler.

C’est dans le cadre d’une pièce assez froide que se déroule la majorité de l’action : en installant cuisine et salle à manger dans le même espace, les réalisateurs de ce court métrage s’offrent la possibilité de multiplier les points de vue tout en laissant l’action se dérouler. D’un côté attablé (ce qui est assez ironique compte tenu de l’évolution du scénario), le mari sanglier n’a d’yeux que pour sa maquette de bateau ; dans un accoutrement bien domestique qui plus est, à savoir charentaises et gilet d’un autre temps. De l’autre côté, l’épouse serpent prépare le dîner en compagnie de son amant lapin, et tous deux profitent de la moindre absence du mari pour littéralement se sauter dessus.

Le scénario, somme toute assez simple, offre cependant un dénouement habile et plutôt caustique, le tout sans un seul échange de parole mais avec une bande son efficace et percutante de précision. La principale qualité de ce court métrage cependant est sans nul doute son esthétique. Les détails du bateau en maquette, le grain des vêtements et des peaux des animaux, ainsi que les arrière-plans et les décors sont assez bluffants à la fois lisses et texturés.

Sélectionné dans plusieurs festivals (Angers, Poitiers et Clermont entre autres), « Chaud Lapin » offre à ses jeunes réalisateurs un avenir prometteur. Un bon début pour un film de fin d’études.

Géraldine Pioud

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Une chambre bleue de Tomasz Siwiński

Cinquième court-métrage du peintre et réalisateur polonais Tomasz Siwiński, Une chambre bleue est une fiction animée de 14 minutes, révélée l’an passé à la Semaine de la Critique (Cannes). Depuis, le court-métrage a été sélectionné au sein de nombreux festivals internationaux et concourt en ce moment même au Festival du court-métrage de Clermont-Ferrand.

Diplômé de l’Académie des Beaux-Arts de Cracovie (Pologne) où il a réalisé ses films précédents TV-Set (2005), Crow, The man with a hole (2006), et Little black square (2007), Tomasz Siwiński a également parfait sa technique au Studio du film d’animation de Jerzy Kucia.

Une chambre bleue est l’histoire d’Adam, un chef d’orchestre quadragénaire plongé dans le coma suite à un accident de voiture. Partiellement mort, le protagoniste se retrouve littéralement emmuré dans une boîte à six faces, la chambre bleue, sans issues possibles. Si la pièce vide illustre de façon métaphorique l’aspect rigide et végétatif du corps, une fenêtre et une manivelle disposées sur l’un des murs, matérialisent davantage son esprit et son émancipation. Condamné à l’isolement, Adam assiste au défilement de scènes kaléidoscopiques et chimériques liées, de près ou de loin, à sa propre existence.

Du monde des vivants Adam ne perçoit que la voix de son épouse qui le guide, le rappelle à la vie, lui fait passer des messages, des sentiments comme une enveloppe stimulante et rassurante lui permettant de se replacer dans le temps, d’obtenir des repères, de maintenir son identité. Cependant, ces rappels mnésiques causent des dommages collatéraux inattendus. En proie à la confusion, Adam développe, malgré lui, des délires anxiogènes où le chaos et la dévastation de l’environnement règnent en maîtres.

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Tomasz Siwiński montre ici toute sa virtuosité a enchâsser les espaces et les temporalités narratives. Brillamment soutenu par le lyrisme d’un orchestre symphonique où violons et hautbois dominent, le film suscite dès son commencement une vive tension et invite le spectateur à une réflexion très personnelle sur la vie, la mort, la liberté physique et psychique. Une chambre bleue suggère une esthétique oscillant entre les films d’animation des années soixante-dix tels que La Planète Sauvage (René Laloux, 1973) et les orientations picturales du courant de l’avant-garde russe.

Lola L’Hermite

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Article associé : l’interview du producteur, Ron Dyens (Sacrebleu productions)

C comme Une chambre bleue

Fiche technique

Synopsis : Un homme se réveille dans une chambre bleue. Il est coincé et ne peut s’échapper. Une fenêtre est son seul lien avec le monde extérieur. Il filtre la réalité d’une manière très mystérieuse…

Genre : Animation

Durée : 14′

Pays : Pologne, France

Réalisation, scénario, montage : Tomasz Siwiński

Animation :  Andrzej Piotr Morawski, Paweł Garbacz, Tomasz Siwinski

Musique : Remi Boubal

Son : Lionel Guinon

Production : Sacrebeleu Productions, Se-ma-for

Articles associés : la critique du film, l’interview avec le producteur, Ron Dyens (Sacrebleu Films)

Soirée Format Court, jeudi 12 février : Spéciale Festival du Nouveau Cinéma (FNC) !

En octobre 2014, Format Court se rendait pour la première fois à Montréal pour couvrir le Festival du Nouveau Cinéma (FNC) et y attribuer un Prix Format Court au sein du focus Québec. À l’occasion de notre nouvelle Soirée Format Court, le jeudi 12 février 2015 à 20h30, nous consacrons une séance spéciale à ce festival incontournable en matière de nouvelles images.

Dans le cadre de cette séance, nous projetons 5 courts-métrages atypiques, surprenants, sensibles et ambitieux, sélectionnés à la dernière édition du FNC, en présence du sélectionneur Daniel Karolewicz et de deux équipes. Cette séance est accompagnée d’une exposition de dessins et croquis préparatoires liés à un des films programmés, « Une chambre bleue » de Tomasz Siwiński.

Programmation

Hillbrow de Nicolas Boone. Documentaire, fiction, 33’, France, 2014, Tournage 3000. Meilleur court métrage de la compétition internationale au FNC 2014, en compétition au Festival de Clermont-Ferrand 2015. En présence du réalisateur

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Synopsis : Hillbrow, l’ancien pôle culturel branché de Johannesbourg, est devenu un quartier (populaire) hyper dense, assez violent. À partir de récits collectés sur place, le film propose une traversée géographique guidée par des personnages fictifs qu’incarnent des habitants du quartier. En dix parcours, Hillbrow dessine un labyrinthe de tensions urbaines.

Article associé : la critique du film

La Grange de Caroline Mailloux. Fiction, 18’50, Canada, 2013, Les Films Camera Oscura. En sélection au Festival international du film de Toronto (TIFF) 2014

Synopsis : Août, dans une région perdue : les autorités recherchent Luc, un enfant de huit ans porté disparu. À l’ombre de la vieille grange familiale, son ami Kevin se replie dans son monde imaginaire. Ce qu’il révèle à sa mère, Jacinthe, bouleversera à tout jamais leur existence.

Une chambre bleue de Tomasz Siwiński. Animation, 14’, France, Pologne, 2014, Sacrebleu Productions. Sélectionné à la Semaine de la Critique 2014, Prix France Télévisions du court métrage 2015. En présence de l’équipe

Synopsis : Un homme se réveille dans une chambre bleue. Il est coincé à l’intérieur et ne peut s’en échapper. Une fenêtre est son unique lien avec l’extérieur. La réalité qu’il perçoit lui apparaît d’une bien mystérieuse manière.

Article associé : la critique du film

Cutaway de Kazik Radwanski. Fiction, expérimental, 7’, 2013, Canada, MDDF. Sélectionné au Festival de Locarno 2014 et de Clermont-Ferrand 2015

Synopsis : Un moment dans la vie d’un jeune homme solitaire qui travaille comme ouvrier, entretient des relations avec des femmes, et passe au travers d’un événement qui change sa vie. Au plus près des mains et des objets qu’il manipule, ce film dépeint intimement l’incertitude et la perte.

The Weatherman and the Shadowboxer de Randall Lloyd Okita. Animation, 10’, Canada, 2014, Office National du Film du Canada. Prix Format Court au FNC 2014

Synopsis : L’histoire envoûtante de deux frères profondément marqués par un événement dont ils se souviennent différemment. Le plasticien et cinéaste Randall Lloyd Okita compose ici une ode élégiaque à la survie.

Articles associés : la critique du film, l’interview du réalisateur

En pratique

Jeudi 12 février 2015, à 20h30. Accueil : 20h

– Durée de la séance : 82’

– Studio des Ursulines : 10 Rue des Ursulines, 75005 Paris

– Accès : RER B Luxembourg (sortie rue de l’Abbé de l’Épée), Bus 21, 27 (Feuillantines), 38 ou 82 (Auguste Comte), 84 ou 89 (Panthéon). Métro le plus proche : Ligne 7, arrêt Censier Daubenton (mais apprêtez-vous à marcher un peu…)

Entrée : 6,50 €

Réservations vivement recommandées : soireesformatcourt@gmail.com

Concours : remportez 10 invitations pour « Les Jours d’Avant !

Nous vous l’annoncions il y a quelques jours : « Les Jours d’avant » de Karim Moussaoui, Prix Format Court au Festival International du Film Francophone de Namur (FIFF) 2013, sort en salles ce mercredi 4 février, en France. À l’occasion de cette sortie (dont Format Court est partenaire), nous avons 10 invitations (valables pour 2 personnes) à vous offrir, grâce au distributeur Damned Films.

Si vous souhaitez découvrir ou faire partager ce très beau film, en lice pour le dernier tour des César, envoyez-nous un petit mail dès aujourd’hui.

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Le film sort dans les salles suivantes :

– Le Reflet Medicis : 3 rue Champollion – 75005 Paris

– Les Sept Parnassiens : 98, bd du Montparnasse – 75014 Paris

– Les Cinq Caumartin : 101, rue Saint-Lazare – 75009 Paris

– Elysées Lincoln – 14, rue Lincoln – 75008 Paris

– L’Arlequin – 76 Rue de Rennes, 75006 Paris

– Ciné 104 : 104, av. Jean-Lolive – 93500 Pantin

– Les 3 Cinés – Robespierre : 19, avenue Maximilien Robespierre – 94400 Vitry-sur-Seine

– Cinéma L’Eden : 5 bis rue de Pontoise – 95160 Montmorency

– Les Ambiances : 7 rue st Dominique – 63000 Clermont-Ferrand

– ABC Toulouse : 13 rue Saint Bernard – 31000 Toulouse

Concours : 10 places à gagner pour la reprise du palmarès d’Angers ce mardi 3/2 au Forum des images

Format Court, partenaire du Festival d’Angers, vous invite à découvrir le palmarès des courts métrages français et européens, ce mardi 3/2 au Forum des images, à partir de 19h (durée du programme : 89’). Si vous souhaitez assister à cette séance, contactez-nous. Nous avons 10 places à vous offrir !

Wind
 de Robert Löbel (Allemagne) : Grand prix du jury plans animés

Wind est un film d’animation qui montre la vie quotidienne d‘une population vivant dans un pays très venteux. Néanmoins, ces habitants ont bien appris à faire face à ces conditions de vie hostiles. Le vent crée un système de vie naturel.

Think big 
de Mathieu Z’graggen (France) : Grand prix du jury courts métrages français

Michel est technicien de surface dans un club de vacances pour chats. Excédé par la monotonie de sa vie de jeune adulte, il décide de fuguer. Seul au bord de la route, il va devoir accepter l’aide de Mike.

The Bigger Picture de Daisy Jacobs (Royaume-Uni) : Grand prix du jury films d’écoles européens

« Tu veux la mettre dans une maison de retraite ? alors, dis-le-lui ! » siffle l’un des deux frères à l’autre. Mais comme leur mère n’entend pas partir, leurs vies se désagrègent à mesure qu’elle s’accroche à la sienne. Des personnages animés grandeur nature racontent avec un humour noir la triste histoire de l’accompagnement d’un parent âgé.

Yes we love de Hallva Witzø (Norvège) : Prix du public courts métrages européens

Quatre générations, chacune en crise, aux quatre coins de la Norvège le jour de la fête nationale.

Dans la joie et la bonne humeur de Jeanne Boukraa (Belgique) : Grand prix du jury plans animés

Dans la joie et la bonne humeur est un documentaire expérimental où nous observons, à travers des scènes du quotidien, les dégénérescences d’une société où la technologie grandissante a permis de réaliser le rêve ultime de tous les hommes : l’immortalité.

Onno The Oblivious de
Viktor van der Valk (Pays-Bas) : Prix des étudiants d’Angers films d’écoles européens

Onno est dans une impasse. Il est perdu. beaucoup de questions, et si peu de réponses. en plus, il y a ce sentiment étrange. Ce sentiment qu’il connait, mais qu’il ne comprend pas. Ce sentiment qu’il a déjà ressenti, qui ne date donc pas d’hier. mais où ? Où cela avait-il débuté ? Laissez-moi vous raconter l’histoire d’Onno l’insouciant, victime de ce sentiment étrange.

Festival de Clermont-Ferrand 2015

Le festival de Clermont-Ferrand s’est ouvert ce vendredi 30 janvier 2015. Pour cette nouvelle édition, le festival propose ses traditionnelles sélections de courts en compétition (nationale, labo, internationale), organise des programmes autour de la Chine et du vélo, offre une carte blanche à Envie de Tempête Productions et s’intéresse de près à la Nederlandse Filmacademie.

ClermontFest2015

Retrouvez nos nouveaux articles dans ce focus alimenté au jour le jour :

Lost in Chinatown, le reportage sur les films chinois programmés au Festival

L’interview de Abd Al Malik, membre du jury de la compétition nationale

La critique de « Condom Lead » de Arab et Tarzan Nasser, Palestine

L’interview de Frédéric Dubreuil, producteur à la tête de Envie de tempête Productions

Retour sur la carte blanche à Envie de tempête Productions à Clermont-Ferrand

La critique de « Son seul » de Nina Maïni, France

– Clermont-Ferrand, le palmarès 2015

– Le petit Clermont illustré !

Les 3 lauréats du Prix France Télévisions du Court-métrage 2015 

La critique de « Tehran-Geles » de Arash Nassiri, France

La critique de « La Légende Dorée » de Olivier Smolders, Belgique

La critique de « Chaud Lapin » de Flora Andrivon, Soline Béjuy, Maël Berreur, Géraldine Gaston et Alexis Magaud, France

La critique de « Une chambre bleue » de Tomasz Siwiński, France, Pologne

La critique de « Maniac » de Bo Mirosseni, France

Format Court, invité par la SRF au Bar des Réalisateurs, à Clermont-Ferrand, mardi 3 février !

Maniac de Bo Mirosseni

« Maniac », comédie de Bo Mirosseni sélectionnée en compétition nationale au Festival International de Clermont-Ferrand 2015, rompt avec l’idée que certains se font des vacances hors périodes touristiques.

Le personnage de « Maniac », lui, a eu la chance de réserver ses congés, pendant une période calme où il ne serait pas ennuyé par la foule, dans un grand hôtel de la côte espagnole avec des amis.

S’apprêtant à passer de bonnes vacances, il est d’humeur détendue. En arrivant, il décide de ne pas prêter attention aux questions déplacées du réceptionniste et de se rendre directement dans sa chambre pour téléphoner à ses amis afin de leur vanter les mérites de l’hôtel.

Mais, après que ses amis lui annoncent l’annulation de leur venue, le vacancier se rend bien vite compte que partir en dehors des périodes touristiques peut aussi vouloir dire se retrouver le seul et unique client d’un hôtel.

Sans aucun doute, un grand hôtel vidé de ses clients a tout de cauchemardesque et l’extrême solitude que cette situation provoque peut inspirer les cinéastes. On pense bien sûr au chef d’œuvre du film d’horreur de Stanley Kubrick, « Shining ». Le court-métrage de Bo Mirosseni ne joue pas sur le même registre mais part du même constat : la solitude rend fou.

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L’ennui qui envahit peu à peu le personnage lui fait perdre la raison. Ne sachant plus comment tromper son ennui de façon civilisée, il agit contre toute bienséance. Sa sensation d’emprisonnement est renforcée par une alternance de plans larges, le montrant seul dans des grands espaces clos et de plans rapprochés centrés sur lui, avec une caméra qui se déplace en même temps que lui, ne le laissant pas s’échapper du cadre. La froideur du lieu est appuyée par des couleurs pastel peu éclatantes, aux contrastes faiblement accentués.

Mais l’angoisse que ce personnage ressent, qui ne la ressentirait pas ? Qui ne se sentirait pas claustrophobe dans cette situation ? Le spectateur aussi voudrait réclamer sa liberté avec lui et s’enfuir de cet endroit en courant. Alors pour se détacher de cette identification évidente, il préfère en rire. Il se protège en riant des crises de folie, en riant de l’impassibilité des employés de l’hôtel, en riant encore de ce qu’on pourrait appeler l’ironie du sort quand le personnage se retrouve devant les grilles fermées du parc « Mundo Mar », seule attraction des environs. Mais ce rire est aussi celui de la compassion face à un personnage plus qu’attendrissant.

Avec ce deuxième court métrage (après « Time Travel Lover »), Bo Mirosseni affirme son goût pour la comédie qui joue avec le registre de la folie et donnerait presque envie de partir dans un grand hôtel avec piscine sur la côte espagnole en plein mois d’août pour être sur de ne pas se retrouver seul.

Zoé Libault

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