« Samedi Cinéma », quatrième court métrage de Mamadou Dia, est en compétition au festival international du film francophone de Namur, après avoir été en lice pour le prix Orizzonti à la Mostra de Venise et au Festival International de Toronto.
Mamadou Dia étudie le cinéma à New York mais il revient au Sénégal, pays où il a grandi pour y tourner ses films. Après deux documentaires (« Les jardins de l’espoir », « Ebola : Into the Hot Zone ») et un film de fiction (« Contained ») sur la situation psychologique d’un homme mis en quarantaine parce que suspecté d’être atteint du virus Ebola, il propose avec « Samedi Cinéma » un film au propos plus léger.
L’intrigue se noue autour de deux relations : l’amitié qui se lie entre deux jeunes adolescents dans la banlieue de Dakar et celle que tous deux entretiennent avec le cinéma. Le court métrage s’ouvre sur ces deux amis, assistant clandestinement à l’avant-dernière projection du film de Spike Lee, « Malcom X » grâce à un trou dans le mur du cinéma. Pendant que l’un fait le guet, l’autre regarde. Malheureusement, ils sont attrapés par un vigile et doivent s’échapper avant la fin. Ils se donnent alors une nouvelle mission : récolter suffisamment d’argent pour pouvoir assister à la dernière projection du film, cette fois en entier, le samedi qui suit.
Pour gagner de l’argent, les enfants écrivent les lettres des voisins ne parlant pas français ou ne sachant pas écrire et proposent également leurs services de traduction orale. Riche d’au moins trois langues (peul, wolof, français) – quatre si l’on pense à l’anglais, langue du tournage pour l’équipe américaine – ce court-métrage est une prouesse linguistique et donne ainsi la part belle à ceux qui savent – doivent – jongler quotidiennement entre plusieurs langues, notamment dans un pays comme le Sénégal où plusieurs dialectes principaux cohabitent.
Les multiples références cinématographiques témoignent de la part autobiographique du court-métrage ; comme ses deux personnages, Mamadou Dia est un grand cinéphile. Une scène où les garçons sont filmés de dos avançant côte à côte au milieu d’une longue route sur fond de musique américaine des années 30, n’est pas sans rappeler la scène finale des « Temps modernes » où Paulette Goddard et Charlie Chaplin marchent heureux vers un nouveau monde. Les deux jeunes cinéphiles entament leur nouvelle mission en dansant, comme si leur vie était un film dont ils seraient les protagonistes.
A travers l’histoire de ces deux garçons, Mamadou Dia signe un film universel montrant l’importance du développement de la culture dans le quotidien d’une population, lui donnant un sens plus gratifiant. La fermeture d’un cinéma dans un village, qu’il soit sénégalais, européen ou d’ailleurs, perturbe de manière négative le développement humain d’une société qui en a besoin pour s’évader et s’ouvrir au reste du monde pour pouvoir appréhender le sien. Ce touchant court-métrage est un hommage à ceux qui font le cinéma et à ceux qui le diffusent et pourrait être le remerciement de la part d’un jeune réalisateur à ceux qui, pendant son enfance et adolescence, l’y ont indirectement mené.
Synopsis : Deux jeunes sénégalais écrivent des lettres afin d’avoir un peu d’argent pour se payer des tickets de cinéma. La salle de leur petite ville va fermer définitivement. Les deux amis Baba et Sembéne ne peuvent pas rater leur dernière chance de voir un film sur grand écran.
Genre : Fiction
Durée : 11′
Pays : Sénégal
Année : 2016
Réalisation : Mamadou Dia
Interprétation : Fallou Keita, Assane Lo, Saikou Lo
En 2015, l’équipe de Format Court avait repéré et primé « Comme une grande » au Festival de Brive. Ce très joli moyen-métrage, film de fin d’études de la Fémis, réalisé par Héloïse Pelloquet, avait reçu notre Prix Format Court et bénéficié d’un dossier spécial sur notre site. Il avait également été projeté en mai 2015 au Studio des Ursulines (Paris, 5ème), en présence de sa réalisatrice.
Depuis deux ans, les lauréats de nos Prix bénéficient d’une copie DCP pour leur nouveau court-métrage grâce aux bons soins de notre partenaire, le laboratoire numérique Média Solution, à l’origine du Coup de Pouce DCP. Une façon pour nous de continuer à soutenir les auteurs, de les aider à avancer dans leurs projets respectifs et de favoriser la diffusion de leurs films.
Héloïse Pelloquet, notre lauréate à Brive 2015, a ainsi pu bénéficier de cette dotation pour son nouveau projet, « L’Âge des sirènes » (photo), produit par Why Not Productions, et dont le DCP a été réalisé par Média Solution il y a quelques mois. Après avoir été en compétition au festival Côté Court de Pantin, le film est encore visible sur le site de Court-Circuit (Arte) jusqu’au 7 octobre.
Synopsis : Mattis, presque 15 ans, travaille sur un bateau de pêche pendant l’été, et y découvre un monde qu’il ne connait pas. Mais bientôt il sera temps pour lui et ses amis de quitter l’île de leur enfance et de rejoindre le lycée sur le continent.
Depuis 17 ans, le Festival Off-Courts de Trouville développe une collaboration franco-québécoise constitutive du caractère unique de cet événement qui n’hésite pas à proposer une programmation qui répond à une diversité surprenante. Au-delà de cette collaboration, cette année, à Trouville, nous avons pu découvrir des films européens et/ou issus de pays francophones au sein de deux programmes intitulés « Europe et Francophonie ». En plus des focus étrangers consacrés à Haïti et à l’Espagne, la session de Kino Kabarets qui, cette année encore, a attiré des participants de nombreux pays (Maroc, Argentine, Russie, Belgique, Acadie, Espagne, Haïti, Madagascar et bien sûr France et Québec), et un programme du court au long avec en tête d’affiche Sylvain Desclous (récompensé du Prix Format Court pour « Le Monde à l’envers » au festival de Vendôme en 2012, venu présenter son premier long « Vendeur »), Thierry Bouffard, Carnior et Edouard A. Tremblay (ces derniers se partagent la paternité de « Feuilles Mortes »). Cette ouverture sur le monde n’a donc pas manqué à ses exigences avec, dans l’ensemble, des films d’une qualité esthétique remarquable. La diversité -véritable mot d’ordre de cette 17ème édition- se retrouve au sein même des thématiques traitées dans les films ; questionnements politique et social en passant par des sujets de pur divertissement. En cela, le palmarès 2016 apparaît comme très représentatif de cette programmation hétéroclite.
Identités troublées et sentiments exacerbés
Parmi les films sélectionnés, nous avons voulu mettre en lumière ceux préoccupés des questions d’identités. Des films qui traitent de sentiments forts jusqu’à leurs exacerbations permettant au cinéma de se déployer dans son entièreté. Ces films ont su rendre hommage au cinéma en exploitant sa capacité à faire coexister plusieurs formes d’art en son sein. Ainsi, l’hétéroclisme évident de cette programmation apparaît, finalement, comme une condition de la diversité.
Avec « The Ordinary », les frères Dara marquent les esprits à bien des égards et se démarquent des nombreux cinéastes présents. Pour leur première collaboration, ils déploient avec intelligence leur talent et s’offrent le Prix du jury-Région Normandie. Inspirée du tableau Saint Georges et le dragon de Paolo Uccello, cette histoire est celle d’un jeune homme qui célèbre sa victoire contre un dragon aux proportions énormes, à travers une danse enivrante. Si comme le disent ses réalisateurs, « cette vision » paraît en somme toute simple, c’est pourtant de là qu’elle tire sa puissance émotionnelle. D’entrée de jeu, il y a quelque chose de magique qui s’installe. L’enchaînement de mouvements panoramiques sur une musique d’Erwann Kermorvant nous présente avec grâce le lieu de l’histoire. Ce quartier résidentiel aux allures de Wisteria lane (« Desperate housewives ») où le vide semble s’être installé durablement est pour Julien et Simon Dara, la toile en trois dimensions qui cristallise le sentiment de victoire de ce personnage. Un sentiment qui se passe de mots pour éclore et se verbalise à travers le corps atypique de Jeremy Deglise, à travers son exécution hypnotique d’une danse qui soulage. Le danseur n’interprète pas, il incarne, à ce moment, cet état paroxystique auquel seuls les grands sentiments peuvent nous soumettre. C’est, dès lors, en un personnage héroïque que se transforme ce jeune homme qui nous rappelle ces mots de la chorégraphe américaine Agnès de Mille : « Quand tu danses, tu sors de toi-même, tu deviens plus grand et plus puissant, plus beau. Pendant quelques minutes, tu es héroïque. C’est la puissance. C’est la gloire sur terre. Et cela t’appartient, chaque soir ». Un dragon, une danse et puis, le silence. Ces éléments propres au film créent un univers singulier – à cheval entre cinéma expérimental et science-fiction – que Balthazar Lab (chef opérateur du film) a su révéler par une image aux couleurs froides et appuyées. « The Ordinary » est un film qui prend des risques. Déroutant. Inédit. Et surtout émouvant. Qu’il remporte à Off-Courts le Prix du jury est une belle victoire pour ses jeunes réalisateurs qui ont su s’affranchir des schémas scénaristiques traditionnels et porter leur « vision » au plus haut degré de maîtrise technique.
De la même façon, « Days of Eva », un film de fin d’études réalisé par le jeune Québécois Vincent René-Lorti (diplômé de l’université de Concordia à Montréal) nous présente une narration épurée de tous éléments superflus pour ne mettre l’accent que sur les sentiments. Et là encore, on a pu déceler une réelle maîtrise technique. Dans un monde post-apocalyptique, Eva, seule survivante d’un immeuble abandonné où l’air n’est plus respirable, subsiste grâce à ses dernières réserves d’oxygène mais le temps lui est compté. Le bruit du vent, la neige qui tombe, l’épais brouillard suffisent à ternir les lieux et à parfaire l’univers post-apocalyptique, menant habillement vers le personnage, vers un sentiment lourdement incarné : la solitude. Vincent René-Lorti ne se contente pas d’évoquer ce sentiment, il multiplie les plans de vide total et les confrontent à cette première apparition d’Eva, engoncée sous son casque d’oxygène. Le choix du cadrage des trois premiers plans du film participe fortement à cet effort d’isolement du personnage, laissant toujours deviner un hors-champ désertique qui s’étendrait à perte. Dans cet espace ouvert abandonné, la solitude de cette jeune fille nous apparaît bien plus grande, voire oppressante. À la danse de « The Ordinary », se substitue le chant comme une voie vers une libération inévitable qui passe par la mort du personnage. Le réalisateur qui revendique son admiration à « Birdman » (Iñárritu) a su recréer dans son film cet enchevêtrement d’un monde réaliste et d’un monde onirique où le fantastique se donne à voir avec splendeur. L’espoir d’Eva à l’écoute de ce chant se mue rapidement en désespoir. Le chant apparaissant alors, selon Vincent René-Lorti, comme la « projection de son désir » de trouver une présence humaine, mais aussi comme « la projection de notre solitude présentielle dans un univers futuriste ». En un mot « Days of Eva » met au jour un sentiment universel à travers des images poétiques fortes.
Récompensé du Prix Spira, « la Voce » de David Uloth ne cesse de collectionner les prix (Grand Prix National et Prix du public au festival Regard au Québec). Le film nous embarque dans la vie d’Edgar qui travaille dans un abattoir de porcs. Mélomane, il aime chanter l’opéra, il aime aussi Ginette, une strip-teaseuse. Décidé à lui faire sa demande, Edgar surprend Ginette avec un autre homme. Le choc est tel que sa voix se transforme en celle d’un cochon. Véritable satire sociale, David Uloth orchestre cette symphonie loufoque à la manière d’un David Lynch ou d’un Jean-Pierre Jeunet ou plus récemment encore à la manière du jeune Adan Jodorowsky avec son film « The Voice Thief ». À savoir qu’il utilise le cinéma non pas comme un simple reproducteur du réel mais comme un producteur de mondes inédits qui répondent à leurs propres règles. « La Voce » s’ouvre tel un spectacle d’opéra. Au début, nous entendons des conversations lointaines et des applaudissements de supposés spectateurs tandis qu’à l’écran, seul le générique sur fond noir se lit avant que n’apparaissent des pattes de cochons sublimés par une lumière diffuse. Les effets d’optiques surprenants qui ne laissent qu’un espace restreint de netteté à l’image soulignent la confusion du personnage qui semble chercher sa place dans ce monde étrange. Rejeté et méprisé de tous, son mal-être n’en est que plus grand lorsqu’il découvre sa Ginette dans les bras de cet autre homme. Si le jeu de Miro Lacasse suffit à ce moment à exprimer la déception du personnage, l’utilisation d’un traveling avant vertigineux décuple ce sentiment. De la même manière, le chant à l’unisson d’Edgar et de sa collègue de travail ayant chacun hérité de la voix de l’autre transcende leur rencontre amoureuse. Edgar trouve enfin sa place dans les bras de cette femme victime comme lui d’un rejet social. C’est sous les applaudissements de leurs collègues que le film se clôt ; une porte se ferme ensuite comme se fermerait le rideau d’un spectacle d’opéra mené à son terme. David Uloth exacerbe les sentiments de ses personnages par une mise en scène stylisée et un montage très présent. Fantaisiste et décalé, le film semble être l’expression d’émotions démesurées où le réalisateur québécois fait la démonstration survoltée de son expérience, mettant réellement tous les moyens du cinéma à disposition de son œuvre.
Présenté dans le traditionnel programme Politik, « Ennemis Intérieurs » de Sélim Azzazi (Présélectionné aux César 2017) a aussi à cœur de peindre avec force les sentiments de ses personnages par un emploi de la caméra, certes moins fantaisiste mais tout aussi efficace. Dans un face à face intenable, un Algérien, Salah, venu faire sa demande de naturalisation se retrouve forcé de répondre à des questions de plus en plus déconcertantes qui ne manquent pas de créer chez lui, à mesure que se déroule l’interrogation, une incompréhension profonde. Devant lui, Antar, un jeune homme français de type maghrébin, lui demande des noms d’hommes d’Algériens susceptibles d’être affilié à un mouvement terroriste. L’identité étant le cœur du sujet, le film opte pour un huis clos presque total naviguant entre les flash-back de Salah et l’interrogation sous haute tension de ce dernier. L’utilisation du huis clos laisse la place au jeu des acteurs et permet au réalisateur de se concentrer sur une mise en scène s’apparentant au théâtre (car peu de mouvements de caméra). Il alterne entre inserts, plans rapprochés et gros plans. Le changement de lumière pour indiquer l’écoulement du temps se rapproche aussi du théâtre. Cette façon de filmer qui peut paraître simple crée une tension et touche aux sentiments ambivalents des personnages. Salah est d’abord dans une situation inconfortable à cause du double rejet dont il est victime. Etranger dans le pays qu’il considère comme le sien : la France ; étranger dans le pays qui l’a vu naître : l’Algérie. Il se trouve ensuite dans une situation paradoxale puisque le film met en exergue le manque de confiance qu’il éprouve envers cette institution policière qui représente l’Etat français auquel il souhaite néanmoins appartenir. Fort de sa malencontreuse expérience avec la justice qui l’a condamné quelques années plus tôt pour une affaire de vol qui ne le concernait pas, il refuse de divulguer les noms des frères avec qui il avait l’habitude de se réunir. C’est là que la justesse d’interprétations des acteurs exacerbe les sentiments éprouvés notamment par Salah. Le visage dur, les sourcils froncés, il semble traversé par tout un tas d’émotions, la peur, la colère, la honte et lorsqu’il cède, le dégoût. À l’inverse, Antar ne comprend pas non plus que Salah ne veuille pas aider à la protection de son pays. Cette incompréhension partagée du discours de l’autre soulève l’enjeu du film, à savoir qu’il nous questionne sur le rapport à l’autre et sur les relations humaines. C’est parce qu’il y a chez l’un comme chez l’autre une construction fictionnelle de l’autre soit un « nous » versus un « vous » auquel ne cesse de se référer Antar, qu’ils se voient d’abord comme des ennemis avant de se voir comme des hommes, simplement préoccupés de problématiques différentes.
La comédie sociale d’Ara Ball « Vie d’ruelles », Prix du Public du Casino Barrière, traite également de la question identitaire en se focalisant sur un groupe d’immigrés exclu de la société. Quatre individus qui cherchent à se libérer de leurs conditions de vie déplorables, en quête à la fois de liberté et de nouveaux départ, Odney, Rajni, Aluki, et Mafeeda se bâtissent une nouvelle vie et refusent l’intimidation banalisée ; leurs différences ne seront pas un motif de discrimination. L’intelligence d’Ara Ball a été de faire faire à ses personnages le contraire de ce que l’on pourrait attendre d’eux. Très différents des films précédents, il met en place une histoire forte sans jamais perdre de vue l’humour. Evoqué plus haut pour « Ennemis Intérieurs », la construction fictionnelle d’un « vous » et d’un « nous » se retrouve ici dans les paroles racistes assumées du patron d’Odney : « Vous êtes tous pareil vous autres, prendre sans jamais demander, sans jamais donner ». Le « vous », repris sur le champ par Odney avec un air d’étonnement va lancer le récit. Dès lors, Odney et ses trois compères font un pied de nez à cette société qui préfère les mettre dans le même sac pour mieux les mépriser, et décident d’agir à la manière de ce « vous » fictionnel auquel on ne cesse de les rattacher. Puisqu’on ne veut pas leur faire une petite place, alors ils vont se la faire eux-mêmes. Par le ton apparemment léger du film, Ara Ball esquisse une belle critique de la société et renouvelle au passage le genre de la comédie. A ses personnages, il ordonne d’être libre et avec force.
Ce manque de liberté, ce sont souvent aussi les femmes qui en sont victimes. Raphaël Ouellet semble avoir fait le même constat que nous, dans son film, sobrement intitulé « (E) », Mention spéciale du Jury Québec. (A) Une femme d’âge mûr se maquille nue devant un miroir. (B) Seule devant un club de strip-tease, une jeune femme fume sa cigarette, elle ne porte que ses sous-vêtements et une légère veste en jean. (c) Dans un fast-food, une autre jeune femme à forte corpulence engloutit son repas. (D) Au milieu de la nuit, une autre encore court dans la forêt. (E) Au sortir d’une boîte de nuit, une jeune femme vêtue d’une robe courte rentre chez elle en titubant. Le réalisateur, également photographe, relie ces cinq histoires de femmes par le biais du corps et de l’apparence. Il propose, encore une autre manière de faire du cinéma en s’immisçant avec sa caméra entre une femme et les démons qu’elle se crée sous la pression d’une société de conditionnement. Il capture ces moments et nous en fait des portraits émouvants. Qu’il aborde la nudité avec les deux premiers portraits, le poids avec les deux suivants ou qu’il suggère une agression probable de cette dernière jeune femme, la question de la norme se pose. Le corps est ainsi filmé par des plans fixes sans effets particuliers, hormis quelques légers travelings, ce qui renforce le propos et nous permet de partager le mal-être de ces femmes. Mal-être qui passe aussi par des visages aux regards vides et désespérés. Néanmoins, si les plans sont fixes, Ouellet, apporte grâce à son regard aiguisé de photographe, une attention particulière à l’image. Le léger grain, la lumière réaliste des lieux filmés et les couleurs chaudes sont les moyens visuels avec lesquels Raphaël Ouellet choisi de montrer le sentiment d’oppression. Mais c’est par l’accumulation de ces portraits qu’il exacerbe ce sentiment. Par conséquent l’impression que le film ne nous raconte pas cinq histoires mais bien une histoire : celle de toutes les femmes privées de liberté. On peut ainsi dire que Raphaël Ouellet nous offre une œuvre, en tous points, originale et frappante de lucidité.
Plus que quelques jours pour le (re)voir et partager l’info. Chasse Royale de Lise Akoka et Romane Gueret, récompensé du Prix illy du court métrage à la dernière Quinzaine des Réalisateurs et présélectionné aux prochains César 2017, est en ligne depuis hier sur le site d’Arte, grâce à Court-Circuit !
Comment décrire ce moyen-métrage diffusé à notre projection du mois de juin, en présence de l’équipe ? Intense, direct, passionnant ? Et si on vous laissait jeter un œil à notre coup de cœur de Cannes 2016 (produit par Les Films Velvet) et nous dire ce que vous en pensez ?
Synopsis : Angélique, 13 ans, aînée d’une famille nombreuse, vit dans la banlieue de Valenciennes. Ce jour là, dans son collège, on lui propose de passer un casting.
Il y a trois semaines à Trouville, le festival de courts métrages Off-Courts accueillait des professionnels aux origines diverses. Parmi eux, Serge Abiaad, Directeur général de la Distributrice de films, une société québécoise de distribution de courts et longs métrages indépendants, créée en 2012. Chargée d’accompagner les films et de leur offrir un rayonnement international, la Distributrice fait montre d’une présence récurrente sur les marchés de gros festivals tels que Cannes, Toronto (Le TIFF) et Sundance. Au vu de cette notoriété grandissante, nous avons rencontré son directeur.
Qu’est-ce qui a motivé la création de la Distributrice ? Se cantonne-t-elle aux films québécois ?
On a commencé en 2012, avec l’idée de faire valoir quelques films d’amis et puis, ça a commencé à grandir un peu par soi-même. On a commencé à distribuer davantage de films. La première année, on avait un catalogue de cinq films, une dizaine de films l’année d’après et jusqu’à aujourd’hui, on distribue non seulement des films québéco-canadiens mais aussi des films internationaux. On distribue quelques films français dont un, d’ailleurs, qui est en compétition à Off-Courts : le film de Julien et de Simon Dara « The Ordinary » (Prix du Jury-Région Normandie).
On a commencé vraiment à distribuer des films internationaux lorsqu’on a pris en exclusivité pour notre catalogue un film anglais de Fyzal Boulifa qui avait gagné à Cannes en 2015 dans la sélection de la Quinzaine des Réalisateurs, « Rate me ». Depuis, on a aussi distribué des films d’une cinéaste américaine, Jennifer Reeder (« Crystal Lake ») et d’autres films internationaux qui viennent d’Ukraine (« E.W.A » de Gigi Ben Artzi) ou qui sont tournés à Haïti (« Vers les colonies » de Miryam Charles). Lorsque l’on distribue un film, on en est intrinsèquement les représentants à la vente, mais cette année, pour certains films, on agit uniquement à titre de vendeurs.
T’intéresses-tu à un genre en particulier ? En fais-tu le genre privilégié du catalogue de la Distributrice ?
D’un point de vue cinématographique, il n’y a aucun genre qui nous intéresse particulièrement. On distribue des films de fiction expérimentaux sans dialogues aux films documentaires en passant par l’animation. Ce qui nous intéresse d’abord et avant tout, c’est que les films que l’on représente se conforment un peu à ce que l’on pourrait vulgairement appeler notre ligne éditoriale. Qu’est-ce que serait notre ligne éditoriale dans ce sens-là, si on n’arrive pas à cloisonner un film dans un genre particulier ? Ce serait des films qui ont une perspective particulière sur un sujet particulier et proposent un discours marqué de ce sujet. Ce sont des films qui sont majoritairement des films indépendants, c’est-à-dire financés par des petites boîtes qui n’ont pas forcément eu de l’aide au niveau des institutions subventionnaires.
Donc plutôt des films d’auteurs ?
Des films d’auteurs, absolument ! Encore là, le mot auteur est à définir aussi. Parce que si l’on prend la définition de François Truffaut, un film d’auteur, « c’est le film dont le cinéaste est le scénariste », ce qui n’est pas forcément toujours le cas des films que l’on distribue. Je dirais que notre catalogue présente des films qui se rejoignent dans cette idée de singularité, d’exploration du langage cinématographique. Il y a beaucoup de films que l’on distribue qui n’ont pas forcément d’histoire, qui ne racontent pas grand-chose mais ils racontent un point de vue. Je pense que le cinéma qui m’intéresse est un cinéma qui m’engage à me questionner et à dialoguer avec le cinéaste.
Si je comprends bien, tu ne cherches pas nécessairement des films narratifs ?
Exactement !
Est-ce que dans ce sens, tu te refuses à distribuer ces films disons plus « traditionnels » qui donnent la primauté à l’histoire plutôt qu’à la manière de la raconter ?
Je ne m’interdis rien. Je peux tout fait distribuer des films plus « traditionnels ». Roland Barthes, en parlant de Rossellini, disait que « la modernité est l’aplatissement absolu du fond et de la forme ». C’est quand on arrive au degré zéro et qu’à la fois la forme est au service du fond et le fond au service de la forme. Je pense que les films de la Distributrice travaillent sur ces deux créneaux-là. Ce n’est jamais tant le fond qui guide l’histoire ni la forme qui est le moteur de l’histoire ; les deux se rejoignent absolument. C’est cette espèce d’harmonie que les cinéastes finissent par trouver qui m’intéresse.
Quels sont les moyens mis en place pour la diffusion des films de la Distributrice ?
Il y a évidemment les plateformes conventionnelles : le cinéma et surtout les festivals s’il s’agit de couts métrages. La VOD est devenue indispensable pour offrir au film une certaine autonomie financière. Je ne suis pas un grand fan de la VOD, mais il ne faut pas non plus être cynique dans ce milieu-là. C’est souvent le seul moyen pour certaines personnes de voir certains courts métrages. La dernière plateforme de la vie d’un film, c’est la télévision. C’est là où le travail de démarchage commence et c’est pour ça qu’on va dans des festivals pour soutenir les films, pour les voir, mais surtout pour les pousser auprès d’acheteurs.
Penses-tu que ces plateformes aident à une meilleure visibilité du court métrage ? Rendent-elles le film court plus accessible ?
Pour la VOD, je ne pense pas que ce soit une meilleure visibilité, c’en est une parmi tant d’autres. Maintenant je pense qu’on n’a jamais eu autant de films disponibles et qu’on a pourtant si peu cherché à aiguiser notre cinéphilie. Avoir autant de films à notre disposition nous pousse vers ceux les plus faciles à consommer ; la posture même dans laquelle nous sommes quand on regarde un film sur un petit écran n’exige pas d’être très attentif ou de dialoguer avec le film ; en général on est dans son lit, on a envie de quelque chose de paisible, de facile, de simple. Le cinéma n’est plus devenu quelque chose d’évènementiel. Je me prends en exemple, quand je vois des films sur Netflix ou avec des liens de visionnement, en tout cas par internet, j’ai envie que ça soit léger. J’ai envie que ça soit aussi immédiat et consommé que la posture dans laquelle je suis disposé à voir le film. Je pense aussi que le genre de film que l’on fait se conforme à notre manière de consommer les films. Lorsqu’on fait des films pour l’immédiateté, on ne fait plus tant de films pour l’éternité.
Penses-tu que le festival de Trouville participe activement à cet effort d’amélioration de la visibilité des films courts et dans quelles mesures ? Comment définirais-tu le court métrage aujourd’hui ?
Oui, surtout parce qu’il est exclusivement dédié à ce format. Souvent les courts métrages qui sont sélectionnés dans des festivals qui incluent le long se perdent totalement dans cette masse et d’ailleurs ça pose toute la question de ce qu’est le court métrage. On a souvent tendance à dire que le court métrage est un passage vers le long. C’est ce que j’ai déjà vulgairement appelé un bizutage cérémonial pour passer au long ; une manière de faire ses preuves. Je pense que lorsqu’on fait du court métrage, c’est qu’on est foncièrement un cinéaste à la base. On n’en fait pas pour devenir cinéaste. Si on le fait pour le devenir, c’est qu’on ne l’est pas et qu’on ne le sera probablement jamais. Alors bien sûr, on peut prendre l’exemple de la peinture. Au début, on commence avec des esquisses, on est plutôt copiste que peintre et ensuite on développe son style. Mais parvenir à faire ceci implique que l’on soit déjà peintre à la base. Aujourd’hui, je pense que 95% de gens qui font du court métrage ne sont pas cinéastes parce qu’avec la démocratisation des moyens, on peut tous faire des films, c’est facile de faire des images. Maintenant, c’est beaucoup plus difficile de faire valoir une perspective très particulière, de poser un regard singulier.
La Distributrice a-t-elle aussi dans l’idée de mettre en avant les jeunes cinéastes, qui a priori n’auraient pas une expérience professionnelle avérée ?
Oui, effectivement ! Je ne discrimine pas tant au niveau de l’âge, ce qui m’importe c’est le film et pouvoir me faire une idée de la personne qui l’a fait. C’est seulement après que je chercherai à connaître cette personne, l’âge ne constituerait qu’un facteur minime dans la relation que nous pourrions bâtir, à compter de ce moment. Mais je ne suis pas du tout dans une mission de faire valoir le cinéma des jeunes créateurs. Encore une fois, si l’on parle un peu des moyens de faire valoir les films, il y a internet et ces jeunes cinéastes peuvent très bien le faire tout seul. Maintenant, à côté de la Distributrice, je suis enseignant de cinéma à Montréal et j’enseigne des jeunes de 18 19 ans qui sont au Cegep (équivalent première, terminale), et ça m’intéresse énormément d’essayer d’aiguiser, tout en dialoguant avec ces jeunes, leurs regards sur le cinéma. Mais je ne cherche pas forcément à faire l’entremise entre les jeunes et un public plus aguerri. Je pense néanmoins qu’il faille rester attentif à ce qu’ils ont de neuf à proposer.
Après la pause estivale, les projections Format Court reprennent pour la 5ème année consécutive au Studio des Ursulines (Paris, 5ème). La séance de rentrée, organisée le jeudi 13 octobre 2016 à 20h30, met à l’honneur cinq films français et étrangers (Belgique, Italie, Roumanie, Israël) sélectionnés et primés en festival. Pour l’occasion, pas moins de 5 réalisateurs et réalisatrices (dont deux lauréats de Prix Format Court) seront présents pour accompagner cette toute première soirée de l’année.
En guise de bonus, nous vous proposons également de découvrir une exposition de dessins et croquis préparatoires relative au film d’animation « Dernière porte au sud » de Sacha Feiner.
Soirée organisée avec le soutien de Wallonie-Bruxelles International et du Centre Wallonie-Bruxelles à Paris et du service culturel de l’Ambassade d’Israël en France
Programmation
L’Île jaune de Léa Mysius et Paul Guilhaume, fiction, 30 minutes, 2015, Trois Brigands Productions. Présélectionné au César du meilleur court métrage 2017, Grand prix du jury Courts métrages français au Festival d’Angers 2016.En présence de l’équipe
Ena, onze ans, rencontre un jeune pêcheur sur un port. Il lui offre une anguille et lui donne rendez-vous pour le dimanche suivant de l’autre côté de l’étang. Il faut qu’elle y soit.
The Reflection of Power de Mihai Grecu, expérimental, 9 minutes, 2015, France, Roumanie, Bathysphère Productions. Grand prix au Festival Silhouette 2015, Mention spéciale au Festival d’Annecy 2016
Dans la capitale la plus secrète du monde, la foule assiste à un spectacle alors qu’une catastrophe menace d’anéantir la ville…
Journal animé de Donato Sansone, animation, 4 minutes, 2016, Autour de Minuit. Présélectionné au César du meilleur Court Métrage d’animation 2017, en compétition officielle au Festival d’Annecy 2016. En présence du réalisateur
Journal animé est une improvisation artistique menée au jour le jour entre le 15 septembre et le 15 novembre 2015 inspirée par l’actualité internationale des pages du quotidien français Libération, où se sont brutalement invités les tragiques événements survenus à Paris le 13 novembre.
Dernière Porte au sud de Sacha Feiner, animation, 14 minutes, Belgique France, 2015, Take Five. Prix Format Court au Festival Le Court en dit long 2016, Prix de la meilleure animation internationale au Festival de Clermont-Ferrand 2016.En présence du réalisateur
Le Monde est fait d’étages reliés par des escaliers. Les étages sont faits de pièces reliées par des couloirs. Et tous les étages, ça fait le Monde. Telle est la théorie élaborée par Toto, l’ami et seconde tête siamoise d’un enfant que sa mère n’a jamais laissé sortir de l’immense manoir familial. Entre explorations de couloirs interminables, scolarité privée et visites au mausolée paternel, les frères n’ont jamais remis en question les limites de ce monde. Jusqu’au jour où, obsédés par une étrange lumière aperçue par accident, ils jurent d’en trouver le bout.
Anna de Or Sinai, fiction , 24 minutes, 2015, Israël, The Sam Spiegel Film & TV School. Prix Format Court au Festival de films d’écoles de Tel Aviv 2016, Premier prix de la Cinéfondation 2016.En présence de la réalisatrice
https://www.youtube.com/watch?v=roxNqIu3NS8
Par une chaude journée d’été, pour la première fois depuis des années Anna se retrouve inopinément seule, sans son fils. La voilà donc partie pour une errance dans les rues de sa petite ville dans le désert, à la recherche d’un homme qui lui donnerait une caresse, même pour un bref instant.
– Projection : 20h30, accueil : 20h
– Durée de la séance : 81′
– Studio des Ursulines : 10 Rue des Ursulines, 75005 Paris
– Accès : RER B Luxembourg (sortie rue de l’Abbé de l’Épée), Bus 21, 27 (Feuillantines), 38 ou 82 (Auguste Comte), 84 ou 89 (Panthéon). Métro le plus proche : Ligne 7, arrêt Censier Daubenton (mais apprêtez-vous à marcher un peu…)
– Event Facebook !
– Entrée : 6,50 €
– Réservations vivement recommandées : soireesformatcourt@gmail.com
– Prochaine séance : jeudi 10 novembre 2016 (séance spéciale Pays-Bas !)
À l’occasion de la Quinzaine du cinéma francophone, festival annuel non compétitif, mettant cette année Madagascar à l’honneur, Format Court bénéficie de sa première carte blanche de l’année au Centre Wallonie-Bruxelles, à Paris, le lundi 10 octobre 2016 à 18h.
L’occasion de voir et revoir plusieurs courts-métrages repérés en festival et sur la Toile, dont certains primés par l’équipe de Format Court.
Programmation
Coups de hache pour une pirogue de Gilde Razafitsihadinoina. (Documentaire, 19’, Madagascar, 2014, AsSer images). Zébu d’Or aux Rencontres du film court de Madagascar 2014
Synopsis : La construction d’une pirogue se fait encore avec des techniques rudimentaires et artisanales dans le sud-est de Madagascar. Une activité que les fabricants ne peuvent commencer sans avoir fait une incantation aux ancêtres, toujours accompagnée du « toaka gasy », le rhum du pays.
Corpus de Marc Hericher (Animation, expérimental, 3’30, 2015, France, Rêvons, c’est l’heure Productions). Prix Format Court au Festival Court Métrange 2015
Synopsis : Une réaction en chaîne complexe actionne des organes humains qui prennent vie. Ce mécanisme engendre un acte de création. Mais cet acte libre est-il vraiment produit par une machine ?
Dans les eaux profondes de Sarah Van Den Boom (Animation, 12’03’’, 2014, France, Canada, Papy3d productions, Office National du Film du Canada). Présélectionné pour le César du meilleur court d’animation 2016, Prix de la meilleure musique au Festival de Clermont-Ferrand 2016
Synopsis : Trois personnages ont en commun un vécu intime et secret qui semble déterminer leur vie.
Renaître de Jean-François Ravagnan (Fiction, 23′, 2015, Belgique, Les films du fleuve). Prix Format Court au Festival International du Film Francophone de Namur 2015, sélectionné au festival de Locarno
Synopsis : Un coup de téléphone fait ressurgir le passé de Sarah. Seule, mentant à ses proches, elle n’a maintenant plus qu’une idée en tête: traverser la Méditerranée pour retourner en Tunisie. Guidée par la violence de ses sentiments, elle entreprend un voyage afin de rester fidèle à une ancienne promesse faite à l’homme qu’elle aimait.
Uncanny Valley de Paul Wenninger (animation, expérimental, 13′, France, Autriche, Films de Force Majeure, KGP Production, Kabinett and Co. Présélectionné au César du meilleur court métrage d’animation 2017, Meilleur film d’animation autrichien 2015
Synopsis : La Première Guerre mondiale est à son paroxysme. Au milieu du champ de bataille, deux jeunes soldats se retrouvent dans une tranchée et décident de prendre la fuite… Un cauchemar hypnotique.
En pratique
Lundi 10 octobre 2016
Centre Wallonie Bruxelles : Salle de cinéma, 46 rue Quincampoix, 75004 Paris
Tarifs : 5 €, 3 € (réduit)
Pass Festival : 20 €
Vous vous en souvenez peut-être… En février 2015, nous avions lancé avec succès les After Short, des soirées de networking réunissant la communauté active et dynamique de Format Court soit les professionnels, les autodidactes, les étudiants, les cinéphiles & les internautes s’intéressant à notre site et à notre projet dédié au court métrage. Deux soirées After Short avaient ainsi eu lieu en février et mai dans un bar du 11ème arrondissement, à Paris.
À l’occasion de la rentrée, pour maintenir & renforcer le lien avec vous et accompagner notre importante actualité à venir (suspense…), Format Court relance ce rendez-vous sympa, ouvert aux amoureux du court et à tous ceux qui aiment tout simplement le cinéma, le lundi 3 octobre dès 20h, au Point Éphémère (Paris, 10ème). Bonne info n°1 : les After Short reprendront plus activement, à raison d’un rendez-vous tous les 2-3 mois.
Lundi 3 octobre, pour ce premier After Short de l’année, nous vous invitons donc à nous rejoindre autour d’un verre (punch offert !), à faire la connaissance d’autres « courtivores », notamment des professionnels présents (réalisateurs, producteurs, comédiens, techniciens, sélectionneurs, …), mais aussi à entamer de chouettes parties de ping-pong sur place !
Bonne info n°2 : à l’occasion des présélections des César, pas moins de 15 films, côté fiction & animation, seront représentés le soir même : « Des millions de larmes » de Natalie Beder (Yukunkun Productions), « Au bruit des clochettes » de Chabname Zariab (Les films du bal), « Chasse Royale » de Lise Akoka et Romane Gueret (Les Films Velvet), « L’île jaune » de Léa Mysius et Paul Guilhaume (Trois Brigands Productions), « Maman(s) » de Maïmouna Doucouré (Bien ou Bien productions), « Sabine » de Sylvain Robineau (Filmo Prod), « Tout va bien » de Laurent Scheid (Les Produits Frais), « Vers la tendresse » d’Alice Diop (Les Films du Worso), « Victor ou la piété » de Mathias Gokalp (Ysé productions), « Yul et le serpent » de de Gabriel Harel (Kazak Productions), « Marzevan » de Vergine Keaton et « The Empty » de Jeong Dahee (Sacrebleu Prod), « Jukai » de Gabrielle Lissot (Autour de Minuit), « Ennemis intérieurs » de Selim Azzazi (Qualia Films), « Père » de Lofti Achour (Artistes Producteurs Associés) et « Iâhmès et la grande dévoreuse » de Claire Sichez et Marine Rivoal (Xbo Films).
Venez retrouver/rencontrer leurs équipes !
Quand ? Lundi 3 octobre, à partir de 20h
Où ? Le Point Éphémère, 200 Quai de Valmy, 75010 Paris
Comment ? Métro Jaurès (lignes 5, 2 et 7 bis), Louis Blanc (ligne 7), Bus 26, 46, 48 : Goncourt, Couronnes, Parmentier
Possibilité de manger sur place ! Réservation souhaitée : info@formatcourt.com
Event Facebook : ici !
C’est la rentrée ! Comme de nombreux petits écoliers, Short Screens a repris le chemin de la classe avec dans son cartable un panel de courts métrages qui égayeront vos soirées du dernier jeudi du mois. La séance de septembre entièrement consacrée à l’école promet d’être nostalgique, comique ou encore buissonnière!
Rendez-vous le jeudi 29 septembre à 19h30, au cinéma Aventure, Galerie du Centre, Rue des Fripiers 57, 1000 Bruxelles – PAF 6€
LA RÉCRÉATION d’Abbas Kiarostami, Iran, 1972, Fiction, 11’
Puni parce qu’il vient de casser une vitre en jouant au ballon, un écolier est exclu de la classe. Lorsque la cloche retentit, il quitte l’école et commence à errer dans les rues.
EN RACHÂCHANT de Danièle Huillet, Jean-Marie Straub, France, 1982, fiction, 7’
Un petit garçon têtu et sérieux comme un pape derrière de grosses lunettes de myope réalise le rêve de tous les enfants en âge d’aller à l’école primaire : celui de dire une bonne fois pour toutes ‘merde’ au professeur et à ce qu’il représente.
POUR EN FINIR AVEC L’ÉCOLE de Yoann Stehr, Belgique, 2011, Expérimental, 9’19’’
Ce film s’adresse particulièrement aux ratés, aux timides, aux obsédés, à tous les électeurs, à tous les militants, à tous les dégénérés, artistes, cultivistes et marchands, à tous les animateurs, professeurs, instituteurs et autres emmerdeurs, à tous ceux qui ont honte de se masturber, à Monsieur le Ministre de l’Educastration nationale, aux pédachiottes, à Maman…
ESPACE de Eléonor Gilbert, France, 2014, documentaire, 14’
Une petite fille explique comment, dans la cour de son école, la répartition des espaces de jeu entre filles et garçons lui semble problématique.
LA RENTRÉE DES CLASSES de Vincent Patar et Stéphane Aubier, Belgique, 2016, 26’
Indien et Cowboy s’apprêtent à partir en croisière mais ils ont oublié qu’aujourd’hui c’est la rentrée des classes…
Après vous avoir dévoilé hier les 12 films en lice pour le César de l’animation, voici les sélections côté fiction. Le Comité Court Métrage de l’Académie des Arts et Techniques du Cinéma a choisi pas moins de 24 films (une première) qui concourront au César 2017 du meilleur court métrage et qui seront présentés dans le « Coffret DVD César 2017 ».
Le premier tour de vote, qui se déroulera du 2 au 24 janvier 2017, désignera les cinq films nommés pour le César du Meilleur Film de Court Métrage. Ils seront révélés lors de la conférence de presse d’annonce des nominations qui aura lieu le mercredi 25 janvier 2017.
– Après Suzanne de Félix Moati
– Au bruit des clochettes de Chabname Zariab
– Ave Maria de Basil Khalil
– Cambodia 2009 de Davy Chou
– Chasse royale de Lise Akoka et Romane Gueret
– Des millions de larmes de Natalie Beder
– Ennemis intérieurs de Selim Azzazi
– F430 de Yassine Qnia
– Le Gouffre de Vincent Le Port
‐ L’île jaune de Léa Mysius et Paul Guilhaume
– Jeunesse des loups-garous de Yann Delattre
– Maman(s) de Maïmouna Doucouré
– Père de Lofti Achour
– La Plage de Keren Ben Raphaël
– Que vive l’Empereur de Aude Léa Rapin
– Réplique de Antoine Giorgini
– Sabine de Sylvain Robineau
– Sali de Ziya Demirel
– Le Skate moderne de Antoine Besse
– Tout va bien de Laurent Scheid
– Un grand silence de Julie Gourdain
‐ Un Métier bien de Farid Bentoumi
– Vers la tendresse d’Alice Diop
– Victor ou la piété de Mathias Gokalp
Le Comité Animation de l’Académie des Arts et Techniques du Cinéma a sélectionné hier les 12 films de court métrage qui seront en lice au César 2017 du Meilleur Film d’Animation (Court Métrage). Les voici.
– Café froid de Stéphanie Lansaque et François Leroy
– Celui qui a deux âmes de Fabrice Luang Vija
– Iâhmès et la grande dévoreuse de Claire Sichez et Marine Rivoal
– Journal animé de Donato Sansone
– Jukai de Gabrielle Lissot
– Marzevan de Vergine Keaton
– Nœvus de Samuel Yal
– Peripheria de David Coquard‐Dassault
– The Empty de Jeong Dahee
‐ Uncanny Valley de Paul Wenninger
‐ Une tête disparaît de Franck Dion
‐ Yùl et le serpent de Gabriel Harel
Après le succès remporté par la quatrième édition du Coup de Pouce DCP (45 films en lice), le laboratoire numérique Média Solution, dont nous sommes partenaires pour les Prix Format Court, lance sa 5ème édition (la première de la rentrée) avec un principe simple : offrir un DCP (encodage au format Cinéma Numérique) au lauréat de son nouveau concours afin de permettre sa diffusion en salle, mais aussi et surtout, dans les grands festivals de catégorie 1. Il réaffirme ainsi sa volonté de soutenir les jeunes talents du court métrage francophone.
Les réalisateurs (ou les producteurs) intéressés doivent faire parvenir leur court-métrage par internet à l’adresse mail suivante : dcp@mediasolution.fr.
Comment s’effectue le choix du vainqueur ?
Tout d’abord une première sélection des films est effectuée par l’équipe de Média Solution. Puis la « short list » retenue est soumise à un jury de professionnels chargé de visionner et de juger les films. Aux termes de délibérations, le jury choisit le court-métrage qu’il souhaite aider en lui offrant son DCP.
Pour cette seconde édition, le planning est le suivant :
– Lancement du concours : début septembre 2016
– Date de clôture de la réception des films : jeudi 20 octobre 2016
– Délibération du jury : jeudi 24 novembre 2016
Conditions de participation
– Le réalisateur (trice) déclare être âgé d’au moins 18 ans;
– Un réalisateur (trice) ne peut envoyer plus d’un court-métrage par session (il devra attendre la suivante);
– Le court-métrage doit avoir été achevé postérieurement à septembre 2015;
– Il n’est pas nécessaire d’être produit par un producteur;
– Les films doivent avoir une durée maximale de 20 minutes (générique compris);
– Les films doivent être en langue française;
– Les films doivent être envoyés par un lien de téléchargement (FTP, WETRANSFER ou autre) au format MP4 (1080p ou 720p);
– Les réalisateurs doivent pouvoir fournir leur master au format ProRes HQ dans le cas où leur film serait récompensé par le jury
Le 31ème Festival International du Film Francophone de Namur (FIFF) se déroulera du vendredi 30 septembre au jeudi 6 octobre 2016. Pour la quatrième année consécutive, Format Court attribuera un prix parmi les 12 films de la compétition internationale.
Le Jury Format Court (composé de Marie Bergeret, Adi Chesson, Karine Demmou, Zoé Libault) consacrera un dossier spécial au film primé. Celui-ci sera également projeté lors d’une séance Format Court au Studio des Ursulines (Paris, 5ème) et bénéficiera d’un DCP doté par le laboratoire numérique Média Solution. Le Prix Format Court sera dévoilé à l’issue de la cérémonie de clôture du festival.
Films en compétition internationale
Les Dauphines (Juliette Klinke, Belgique)
Villeperdue (Julien Gaspar Oliveri, France)
Que vive l’Empereur (Aude Léa Rapin, France)
Prima Noapte (Andrei Tanase, Roumanie)
Une nuit à Tokoriki (Roxana Stroe, Roumanie)
Opération Commando (Jan Czarlewski, Suisse)
Oh What a Wonderful Feeling (François Jaros, Québec)
Samedi Cinéma (Mamadou Dia, Sénégal)
La Laine sur le dos (Lofti Achour, France/Tunisie)
Kindil el Bahr (Damien Ounouri, Algérie)
Pornography (Eric Ledune, Belgique)
Vaysha, l’aveugle (Theodore Ushev, Québec)
Synopsis : Consentir à être manipulable à souhait, pourquoi pas ?
Toujours en parallèle de la 22ème édition de l’Étrange Festival (7-18 septembre 2016) et pour en fêter dignement la bonne tenue, voici notre « film de la Semaine », sélectionné l’année dernière pour la compétition internationale de courts métrages du festival.
Dispositif expérimental drôle et jouissif, travaillé comme une « tentative d’épuisement » physique, « Trafo » de l’autrichien Paul Horn met en scène plusieurs visages d’hommes et de femmes filmés de face et de profil, comme s’il s’agissait d’une arrestation policière, et malmenés et transformés en direct par plusieurs sévices et maltraitances corporels.
Le détournement par l’accumulation permet alors d’embarquer dans un voyage hypnotisant quelque part entre les délires picturaux d’Arcimboldo et les facéties existentielles d’un clown triste. Le film se double également d’une réflexion allégorique sur la dignité humaine et tout ce que peut représenter et véhiculer un visage, réceptacle désabusé de comportements asociaux troubles et parcouru de douleurs intenses.
Alors qu’il sort tout juste de l’École de cinéma Krzysztof Kieślowski à Katowice, en Pologne, nous avons pu interviewer cet été Kordian Kądziela, que nous suivons depuis novembre dernier, suite à la découverte de son film d’école Larp, présenté au dernier Festival du court métrage européen de Brest et primé par Format Court.
Peux-tu nous parler de ta formation ? Comment t’es-tu dirigé vers la réalisation ?
En réalité, j’ai voulu être réalisateur dès l’âge de 5 ans. Je ne savais pas vraiment ce que faisait un réalisateur mais je savais que je voulais faire des films. Mon oncle, qui vivait juste à côté de chez nous, était le propriétaire d’une boutique de location de VHS, j’ai donc eu la possibilité de regarder beaucoup de films lorsque j’étais enfant. Le plus étrange, c’est que plutôt que de regarder plein de films les uns après les autres, je préférais regarder une petite poignée d’entre eux, comme Les Aventures du Baron Munchausen ou Willow, un nombre incalculable de fois. J’ai eu une période de doutes face à l’idée de devenir réalisateur lorsque j’étais au lycée car j’ai commencé à me dire que ce n’était qu’un rêve impossible à réaliser. J’ai pensé devenir critique musical, et j’ai commencé à écrire quelques articles, mais tout a changé quand je suis allé voir Kill Bill vol.1 au cinéma. Je pense qu’on peut voir dans ce film un pur amour pour le cinéma. J’ai tellement été ébahi par ce film que ça m’a décidé à m’inscrire en école de cinéma, à la Krzysztof Kieslowski Faculty of Radio and Television, à l’université de Silésie à Katowice.
Larp, court métrage réalisé dans le cadre de tes études, a pour toile de fond le monde du jeu de rôle grandeur nature, et crée un second univers qui vient s’imbriquer dans la fiction, une sorte de mise en abîme. Pourquoi cet univers en particulier ?
Pour Larp, j’ai choisi l’univers du jeu de rôle parce que j’adore les films dont les personnages sont tiraillés entre deux mondes – le monde réel et leur univers mental, comme c’est le cas dans l’un de mes films préférés La Science des rêves de Michel Gondry. Je voulais faire mon propre film avec ce genre de personnage et je voulais également raconter l’histoire d’un jeune garçon qui devient un homme. Peut-être parce que c’est ce que je vivais à ce moment là ? De plus, j’ai participé deux fois à des jeux de rôles grandeur nature par le passé. Mon ami d’enfance est aujourd’hui l’organisateur d’un des plus grands jeux de rôle grandeur nature en Pologne. Il y a quelques années, avant que je n’intègre l’école de cinéma, il m’a proposé de participer à l’un de ses jeux de rôles en forêt et je suis ainsi devenu, pendant trois jours, un propriétaire terrien qui souhaite récupérer sa terre par conspiration. C’était une expérience inhabituelle et inoubliable, si bien que quelques années plus tard, lorsque je cherchais un sujet pour mon film d’école, je me suis dis que le monde des joueurs grandeur nature (« larpers ») serait idéal pour construire une histoire. Lorsque j’ai créé le personnage de Sergiusz, je me suis beaucoup inspiré de mes souvenirs de jeu de rôle. Sergiusz est un assemblage de traits de personnalités de quelques personnes rencontrées dans ce contexte.
La première scène du film donne l’impression au spectateur qu’il est en train de regarder un film d’ « heroic fantaisy », est-ce un genre cinématographique (et littéraire) que tu affectionnes ?
Pas vraiment. Je n’ai pas de genre de film préféré. J’aime simplement le bon cinéma peu importe le genre. J’aime tout autant regarder des drames sociaux que les Batman à partir du moment où le réalisateur parvient à raconter l’histoire suffisamment habilement pour que je me prenne au jeu. J’aime les films qui me surprennent et c’était là le but principal de la scène d’introduction de Larp – surprendre les spectateurs en montrant le contraste entre l’imagination du personnage principal et la réalité.
Comment Lockjaw, film que tu as réalisé après Larp et dans lequel un trio d’artistes amateurs rêve de conquérir le monde de l’art a-t-il été produit ? L’École Polonaise de Mockumentaire mentionnée sur ton site internet existe-t-elle réellement ?
Lockjaw est un film d’école, mais nous n’avons pas eu l’argent alloué par celle-ci car nous n’avons pas démarré le tournage à temps, nous avons donc dû trouver les financements par nous-mêmes. Tous les membres de l’équipe ont travaillé bénévolement, y compris les acteurs. Ils aimaient tous le scénario et connaissent ce genre de situation. Au final, nous étions une bande de copains qui voulait faire ce film ensemble. On a tourné le film par étapes. Lorsque nous avons réuni un peu d’argent, nous avons organisé la première journée de tournage, puis nous avons attendu un mois avant de mettre en place les deux jours de tournage suivants, et plus d’un an s’est écoulé entre le premier et les trois derniers jours de tournage ! Michał Pukowiec, directeur de la photographie sur Lockjaw, et moi, avons créé un groupe qui s’appelle Polish School of Mockumentary (École Polonaise de Documenteur) et nous voulons réaliser d’autres films, émissions télévisées ou clips dans le style de la comédie « mockumentaire ». Nous venons de terminer le premier épisode d’une série « mockumentaire » intitulée Tyci Brat et notre producteur cherche désormais des chaînes de télévision ou en ligne qui soient prêtes à acheter une saison entière.
Peux-tu expliquer le concept de « mockumentaire » tel que tu le vois ?
Le concept du « mockumentaire » repose sur l’utilisation du récit documentaire pour raconter des événements ou développer des personnages totalement fictifs. C’est un peu ce qu’on pourrait appeler un faux documentaire. Je pense que c’est une très bonne façon de réaliser une comédie parce qu’on utilise la confiance que les gens peuvent avoir dans la réalité du documentaire. Ainsi, au bout de quelques minutes, une fois que le spectateur commence à croire à l’authenticité du personnage, vous pouvez commencer à placer ce dernier dans des situations étranges ou absurdes qui vont créer un effet comique, tandis que la même situation dans une comédie classique « non-mockumentaire » pourrait être peu crédible et sans effet comique.
Lockjaw questionne avec humour le monde de la performance artistique, et ce qui fait une œuvre d’art. Ce questionnement du statut complexe (et parfois ridicule) de l’art est-il quelque chose que tu appliquerais au cinéma ?
Bien sûr. Lockjaw n’est pas une critique de tout le monde de l’art mais une critique de tout ce qui peut être trop calculé dans l’art. Je voulais attirer l’attention sur les artistes qui pensent qu’on peut réaliser un chef d’œuvre simplement en assemblant des morceaux d’œuvres réalisées précédemment. Ce genre d’artistes existe dans tous les domaines de l’art – y compris dans le cinéma. Il y a quelques semaines j’ai vu The Lobster de Yorgos Lanthimos et j’étais en colère après la projection. J’ai eu la sensation que l’on cherchait à me tromper en me montrant un film qui prétend être plus que ce qu’il n’est réellement. Tadeusz Sobolewski – un très bon critique de cinéma polonais – appelle ce genre de film une «contrefaçon de chef d’œuvre ». C’est de cela que parle Lockjaw, de la réalisation de faux chefs d’œuvres.
De quoi parle le premier épisode de Tyci Brat ?
Tyci Brat parle d’une famille issue d’une petite ville et dont le plus jeune membre est aussi le plus riche. Le plus jeune des frères est le troisième vidéo-blogueur le plus populaire du pays. Le point positif, c’est qu’il gagne de l’argent pour toute la famille mais d’un autre côté, cela pose problème en terme de hiérarchie familiale, en particulier face à la fierté d’un père. Le fait que le père se retrouve à emprunter de l’argent à son fils de 14 ans ne favorise pas la bonne ambiance. Comme si cela n’était pas suffisant, le garçon a de plus grandes ambitions. Il veut être le premier vidéo-blogueur du pays, il a donc l’idée de créer une émission de télé-réalité sur sa famille. Il invite chez lui une petite équipe de tournage qui n’a précédemment filmé que des mariages, des bals de promo, des enterrements, etc… Le premier épisode parle d’une « visite d’intégration ». Chaque membre de la famille doit se présenter face au « metteur en scène de leur vie de famille ». Il devient très vite clair que c’est une véritable maison de fous face à une équipe de tournage tout aussi délurée. La visite d’intégration, et donc le premier épisode, se termine en désastre social.
Est-ce différent pour toi d’écrire pour la télévision par rapport au cinéma ? Aimes-tu ça ?
C’est différent d’écrire pour la télévision – il faut être plus clair, plus spécifique et penser constamment aux spectateurs avec une télécommande dans les mains. Au cinéma on peut s’essayer à de longues introductions de personnages par exemple. À la télévision, lorsqu’il s’ennuie ou ne comprend pas quelque chose, le spectateur peut simplement changer de chaîne. Mais en réalité j’aime ça, c’est comme une leçon de discipline pour les scénaristes.
La télévision et l’écran sont comme des leitmotivs dans tes films, car ils apparaissent toujours à l’image ou deviennent même le sujet du film, comme dans Tiwi. Comment expliques-tu cela ?
Je n’avais jamais réalisé que j’avais autant d’écrans de télévision dans mes films. Maintenant que tu le dis je dois bien reconnaître que c’est vrai mais je ne l’explique pas de façon rationnelle. Je n’ai plus d’écran de télévision depuis plusieurs années mais enfant, je la regardais beaucoup. C’est peut-être une sorte de désir inconscient.
Peux-tu nous parler de ton dernier court métrage, Dregs ?
Dregs est une comédie amère sur une diseuse de bonne aventure d’émission télévisée (comme celle-ci : https://www.youtube.com/watch?v=QlLjmJvnevw&app=desktop). Ces émissions sont très populaires aujourd’hui en Pologne. Elles sont diffusées tard dans la nuit et chaque minute d’appel coûte très cher. Quand vous appelez une voyante à la télévision au beau milieu de la nuit et que vous êtes prêt à dépenser beaucoup d’argent pour ça, c’est que cela doit sûrement être votre dernière option et que vous devez être extrêmement désespéré. Les gens y posent des questions très sérieuses concernant des problèmes avec leur époux, leurs enfants qui ont fait une fugue, etc…, et la partie la plus choquante c’est que ces voyantes regardent leurs cartes (ou leur boule de cristal, ou pierres, ou marc de café) et donnent des réponses très précises. Cela m’a choqué car de toute évidence il s’agit d’une arnaque mais le spectateur désespéré fera exactement ce que la voyante lui a dit. C’est une énorme responsabilité que de changer le cours de la vie de quelqu’un de la sorte, surtout lorsqu’il/elle vit un moment aussi important, mais ces voyantes ne semblent absolument pas s’en préoccuper. Je ne veux pas trop spoiler le scénario de Dregs mais il s’agit d’une voyante de télévision qui provoque accidentellement la tentative de suicide d’un de ses clients et qui tente de le retrouver afin de savoir s’il est toujours vivant. Nous terminons actuellement le montage et Dregs sera diffusé en 2017.
As-tu envie de te diriger vers le long-métrage ?
Oui, j’ai même commencé l’écriture d’un scénario de long-métrage mais il est encore trop tôt pour en dire plus. Croisons les doigts !
Primé par notre équipe lors du dernier Festival du court métrage européen de Brest avec son film d’école « Larp », Kordian Kądziela est un jeune réalisateur polonais très prometteur qui n’en est pas à son premier coup d’essai. Avec bientôt cinq courts métrages et quelques clips et publicités à son actif, il semble obnubilé par notre rapport à la télévision et aux médias et utilise avec habilité la confusion entre réalité et fiction : personnages à cheval entre monde réel et imaginaire, absurdité de la télé-réalité, faux-documentaires, sont autant de sujets – et de genres, qui alimentent ses œuvres. Kordian Kądziela est aujourd’hui l’objet de ce focus qui nous permettra de découvrir ses films d’école tels que « Larp », « Tiwi » ou « Lockjaw » mais également d’évoquer ses films à venir. Après le court, la série, et peut-être le long métrage, on lui souhaite en tout cas de continuer sur cette (bonne) lancée !
Le 73ème festival de Venise a dévoilé ses lauréats hier. Du côté des courts, deux films ont été primés parmi les 16 titres en lice dans la section Orizzonti.
Palmarès
Meilleur court métrage : La voz perdida de Marcelo Martinessi (Paraguay/Venezuela/Cuba, 11m)
Nomination EFA : Amalimbo de Juan Pablo Libossart (Suède/Estonie, 15m)
À l’occasion de la 22ème édition de l’Étrange Festival, nous avons demandé à Alain Burosse, vice-président du festival et responsable de la programmation courts-métrages de la manifestation, de nous proposer son propre film de la semaine, choisi parmi les 61 courts venus du monde entier et en lice pour le Grand Prix Canal+, ainsi que le Prix du Public. Voici son choix : « The Invitation of Armageddon » de Paul Hough.
Fiction, 15’50, 2016, États-Unis, LoS Productions LLC
Synopsis : Train d’enfer pour sauver le monde en chansons.
Après deux films plutôt violents (« The Backyard » en 2002 et « The Human Race » en 2012), Paul Hough revient au court métrage – on aime ce va-et-vient temporel – et s’ enivre dans les brumes rétrofuturistes du steampunk, genre plutôt rare dans la programmation du festival : en 1888, la League of S.T.E.A.M. (Supernatural and Troublesome Ectoplasmic Apparition Management) reçoit une invitation de l’ Enfer où se prépare l’apocalypse. Embarquée dans un train fantôme, elle part, la fleur au canon à vapeur et la chansonnette aux lèvres, rencontrer le maître du Mal.
La League of S.T.E.A.M. est à l’origine une troupe de théâtre/performance californienne – regroupant un cryptozoologue, un spécialiste en lycanthropie, un expert en sons d’outre-tombe, etc.- dont la mission est de rechercher ou neutraliser des créatures surnaturelles. Une web série en est née (c’est déjà la troisième saison) et ce film en est un épisode spécial.
D’autant plus spécial qu’il est musical, et même en partie chorégraphié – autre originalité de ce film. Costumes wild wild west, armes uchroniques attrape-méchants, lumière soignée, effets spéciaux variés (l’ infernale plongée, par exemple) : Paul Hough nous entraîne dans une comédie qui invite à découvrir les exploits passés et futurs de ces sympathiques chasseurs paranormaux. À suivre sans doute, à toute vapeur…
Alain Burosse
Retrouvez « The Invitation of Armageddon » de Paul Hough dans le cadre du Programme 3 de la compétition de l’Étrange Festival : « Dans quel état j’erre » (mardi 13 septembre 2016 – 22H15 – Salle 100 – Séance réservée à un public de plus de 16 ans).
Super nouvelle ! « Dans les eaux profondes », le très beau film de Sarah Van Den Boom, produit par Papy3d et l’Office National du Film du Canada, présélectionné aux derniers César et programmé il y a près d’un an dans le cadre de nos soirées Format Court, est en ligne depuis quelques jours !
On ne peut que vous recommander de (re)voir le film, de le partager, de vous intéresser au travail de Sarah Van Den Boom (ses autres films sont également visibles sur le net) et de (re)lire nos articles associés : la critique du film et l’interview de la réalisatrice. Enjoy !
Synopsis : Trois personnages ont en commun un vécu intime et secret qui semble déterminer leur vie.