Tous les articles par Katia Bayer

Festival du Court Métrage de Draguignan, appel à films

La Ville de Draguignan organise son 8ème Festival du Court Métrage du 07 au 09 Novembre 2014. Il a pour but d’aider les jeunes réalisateurs à progresser et à se faire connaître.

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2 catégories sont récompensées :

Amateur

– 1er Prix : 1000€
– Prix Public : 700€
– Prix d’Encouragement : un bon d’achat de 250€ chez un photographe de Draguignan

Professionnel

– Projection du film lauréat dans certaines salles du réseau de Cinéma CGR
– Prix de la Jeunesse : 500€

Date limite de dépôt des candidatures : vendredi 17 octobre 2014

Renseignements et inscriptions : http://www.dragui-court.compole.image@ville-draguignan.fr

Cinébanlieue 2014, appel à films

Pour sa 9ème édition (12- 22 novembre 2014) parrainée par Reda Kateb, le Festival Cinébanlieue lance son appel à films. La meilleure réalisation soutenue par Miroir Magique et le CNC remportera le grand prix Cinébanlieue-Talents en court (7500 €). Le deuxième film primé remportera le prix France télévisions (achat et diffusion sur France télévisions).

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Conditions

– Durée maximum : 30 minutes.
– Année de production : 2011 à 2014
– DVD et liens à envoyer avant le 25 septembre 2014
° Adresse d’envoi des films :
Festival Cinébanlieue
 – Loge Gardien
122 avenue Victor Hugo
93300 Aubervilliers
° Envoi lien du film (plateforme viméo avec code d’accès) par mail : CINEBANLIEUE93@GMAIL.COM

Fiche d’inscription et autorisation de diffusion sur : http://www.cinebanlieue.org/actualites/inscription-2014

Le site du festival : www.cinebanlieue.org

Un festival c’est trop court!, appel à jury étudiant

Le prochain festival de Nice, Un festival c’est trop court ! (13-19 octobre 2014), recherche des étudiants pour composer son jury jeunes.

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Lors du festival, un jury de 5 étudiants de tous horizons est constitué. Au même titre que les autres jurys, ceux-ci devront analyser les films en compétition européenne soit 8 programmes de 1h30 répartis sur 6 jours. Ils sélectionneront le lauréat du Prix Étudiant 2014 et remettront ce prix lors de la Cérémonie de Clôture le samedi 18 octobre 2014.

Pour participer, il vous suffit de rédiger une critique (1 page max) du court métrage de votre choix et de l’adresser au festival.

Télécharger le règlement de l’appel à jury étudiant 2014

Remplir le formulaire d’inscription sur le site du festival

Scars of Cambodia d’Alexandre Liebert

« Is there no tomorrow in Cambodia ? » Joan Baez

3 ans, 8 mois et 20 jours : durant cette période, les khmers rouges ont insaturé un pouvoir sanguinaire qui a décimé pas moins d’un cinquième de la population cambodgienne de 1975 à 1979. « Scars of Cambodia », documentaire d’Alexandre Liebert, primé deux fois au festival de Clermont-Ferrand (meilleures photo et musique) et présenté récemment au festival Partie(s) de campagne dans la section Doc 2, s’attache à livrer le témoignage silencieux d’un survivant de ce régime liberticide.

Parce que le cinéma du réel a autant à dire et à montrer que la fiction, il est heureux de constater que le documentaire bénéficie d’une place privilégiée au Festival Partie(s) de campagne (11-14 juillet) à Ouroux, en Morvan. Avec deux compétitions, nouveauté de cette année, et une rétrospective retraçant le genre des années 60 à nos jours, ce sont au total 31 courts métrages documentaires qui ont été mis à l’honneur lors de cette septième édition.

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Bien des cinéastes se sont essayé à refaire vivre ce qui n’est plus, à traiter de l’indicible sous des formes aussi parlantes qu’originales. Nous gardons en mémoire des films tels que « Nuit et brouillard » d’Alain Resnais (1955), « S21, la machine de mort khmère rouge » de Rithy Panh (2002), ou encore « Génocidé » de Stéphane Valentin (2008). Le réalisateur Alexandre Liebert et la photographe Emilie Arfeuil ont voulu à leur tour apporter leur pierre à l’édifice du souvenir en filmant le témoignage de Tut, 52 ans, emprisonné à l’âge de 15 ans par les khmers rouges.

Film, série photographique et webdocumentaire dont la sortie est prévue en avril 2015, « Scars of Cambodia » est une démarche aussi bien documentaire qu’artistique. Loin du reportage classique, « Scars of Cambodia » est une expérience visuelle et sensorielle des plus bouleversantes. Pour faire part de ce génocide enfoui voire refoulé par nombres de cambodgiens (ce qui le différencie nettement d’autres génocides), le tandem d’artistes s’est attaché à utiliser une esthétique et des techniques du cinéma de fiction pour servir une écriture singulière donnant un sens particulier au récit de Tut. La confession est alors silencieuse, mimée et mise en scène.

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À l’instar de Rithy Panh justement, Liebert et Arfeuil semblent s’accorder sur le fait que le peuple cambodgien se doit de se réapproprier son identité et ses racines. Comme lui, ils utilisent le geste et la mise en scène pour faire ressurgir les blessures du passé. Dans un clair-obscur pictural, mêlant photographies fixes et vidéo, sur une bande son narrative, le film est une réflexion intelligente sur la mémoire. Et les cicatrices sur le corps du protagoniste sont autant de traces indélébiles d’un passé douloureux. Au travers d’un témoignage subjectif, ce sont les cris et les chuchotements de tout un peuple aphasique qui se font entendre.

Marie Bergeret 

Consulter la fiche technique du film

S comme Scars of Cambodia

Fiche technique

Synopsis : Tut est un pêcheur de cinquante-deux ans vivant à Kampot. Malgré la barrière de la langue, il a raconté, pour la première fois et sans mots, son passé sous les Khmers Rouges, à une photographe et un réalisateur, mimant les tortures subies en prison l’année de ses quinze ans.

Genre : Documentaire

Durée : 30’

Pays : France

Année : 2013

Réalisation : Alexandre Liebert

Scénario : Emilie Arfeuil et Alexandre Liebert

Image : Emilie Arfeuil et Alexandre Liebert

Son : Sodasound

Montage : Alexandre Liebert

Production : Helium Films, Studio Hans Lucas

Article associé : la critique du film

5ème Festival Courtscourts, infos & palmarès

Ce samedi soir, s’est clôturée la cinquième édition du festival Courtscourts (24-26 juillet), largement placée sous le signe de la comédie, au domaine de St-Pierre de Tourtour (Var). Ce très sympathique festival de courts métrages en plein air est organisé depuis cinq ans par Michèle van Panhuys-Sigler, sa directrice et une poignée de bénévoles. Soucieux de proposer une alternative aux longs métrages de piètre qualité, Courtscourts cherche à faire connaître la forme courte aux villageois et aux touristes du coin et des environs en organisant des séances quotidiennes à la tombée de la nuit, sous les étoiles. Malgré la pluie du deuxième jour et le budget de fonctionnement extrêmement restreint, le festival a touché plusieurs centaines de spectateurs venus découvrir une vingtaine de courts métrages, pendant trois soirs de suite.

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Invitées à découvrir ce petit festival enthousiaste et sa région magnifique, Katia Bayer et Zoé Libault faisaient partie du jury et présentaient une carte blanche Format Court (la toute première en plein air) le soir de la remise des prix. La projection très suivie a donné lieu à une discussion autour des films et du court métrage en général avec un public, curieux d’en savoir plus sur le secteur et les créateurs (avis aux intéressés !).

Un peu plus tôt dans la soirée, le palmarès distinguait cinq films. Le public avait élu deux films de la compétition. « Welkom », un film d’écoles belge de Pablo Munoz Gomez, traitant du fossé linguistique et de l’absurdité de l’administration, remportait le premier prix.

« Mon ami Nietzsche », une comédie brésilienne sur l’enfance et la philosophie signée Fáuston da Silva obtenait, lui, le deuxième prix du public.

Le jury officiel offrait quant à lui le titre du meilleur film à « Democracia » de Borja Cobeaga, une comédie satirique espagnole à l’humour très noir.

Il récompensait également du Prix spécial une oeuvre originale belge sur l’émancipation des femmes à travers la danse, « The dancing », d’Edith Depaule.

Quant aux enfants, ils avaient droit eux aussi à leur prix via un programme consacré pour les 4-12 ans.  Enthousiastes et réactifs, ils choisirent « SNAP » de Thomas Murphy, un autre film belge, pour le coup animé et subaquatique.

Pour en savoir plus sur le festival Courtscourts, consultez son site internet : www.festivalcourtscourts.fr 

Hinterhof de Ariane Loze

Fiction, 15′, Allemagne, 2010, VAF

Synopsis : Depuis l’intérieur de son appartement, une jeune femme observe le voisinage de l’immeuble d’en face.

Ariane Loze est comédienne, plasticienne et cinéaste. En réalisant « Hinterhof », elle prolonge un travail initié par une série de vidéos mettant en scène le rapport entre son propre corps et différents espaces tout en adaptant le dispositif narratif du film « Fenêtre sur cour » d’Alfred Hitchcock. Il en résulte un court-métrage fascinant, où le sens aiguisé du cadrage découpe l’espace et restitue avec brio l’angoisse de la solitude urbaine.

Marc-Antoine Vaugeois

Pifuskin de Wei Keong Tan

Chaque année, Annecy présente un cinéma d’animation aux multiples visages. L’un des plus fascinants est sûrement le court-métrage non narratif se rapprochant alors du tableau animé, souvent très personnel. Le revers de la médaille est qu’il n’est pas toujours facile de se sentir concerné. « Pifuskin » de Wei Keong Tan, unique court-métrage issu de Singapour y parvient avec un thème simple autour de l’acceptation de son propre corps et une réponse entièrement visuelle à une question intime récurrente : « Est-ce ainsi que les autres me voient ? « .

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Le film fonctionne en deux temps. D’abord, il montre un personnage dessiné, nu et anonyme, qui pourrait autant être le réalisateur que le spectateur, autant être un enfant qu’un adulte. Le personnage se gratte et le bruit de ses grattements est, dès le début, insoutenable. Puis, progressivement, le film est contaminé par des éléments en photocopies animées et en pixillation (stop motion constitué de photos, à la manière de « Trespass » de Paul Menninger, Prix Format Court au Festival d’Angers 2014).

Apparaît alors sous le papier, un univers organique riche et inquiétant, composé de moments flous montrant des corps près de l’œil et des bruits tout proches du creux de l’oreille. Le spectateur est d’autant plus attentif à cet univers sonore que le film ne laisse entendre aucun dialogue au-delà d’une clameur extérieure. Soudain, du sang vient entacher le fond blanc du début et l’on comprend que le personnage songe à s’évader de son propre corps sans y parvenir.

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Cette cruauté du rapport au monde, Wei Keong Tan l’avait déjà mise en scène dans son premier film, « White » et dans son deuxième, « Hush Baby ». Il s’agissait à chaque fois de films très courts développant une seule idée jusqu’à son épuisement. Le réalisateur part souvent du corps de ses personnages et appelle, à travers eux, des concepts plus larges. Le bébé de « Hush baby » se retrouve par exemple, progressivement enfermé dans un espace de plus en plus petit, guidé par une main représentant l’autorité et un arrière-plan arc-en-ciel symbolisant le reste du monde. Ce n’est pas tant le dépouillement que le jeu de ces éléments visuels les uns avec les autres qui fait la force du film.

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Dans ces films comme dans « Pifuskin », on retrouve ce « réalisme sensitif » qui renforce la proximité avec les personnages et qui nous fait ressentir presque physiquement leurs questionnements et leur souffrance.

Au-delà de la présence du geste humain dans le dessin par la mise en avant du trait, une tendance très à la mode cette année à Annecy, « Pifuskin » tente donc un cinéma où la présence humaine se manifeste par le corps. Peu exploitée en cinéma d’animation, cette idée n’aurait sûrement pas été reniée par Norman McLaren, honoré cette année pour son centième anniversaire posthume et dont les films « Pas de deux » (1968) et « Narcisse » (1983), son dernier, montraient justement des corps de danseurs aux mouvements décrits en pixilation.

Georges Coste

Consultez la fiche technique du film

Article associé :  l’interview de Wei Keong Tan

Annecy 2014 : La crème de la crème

Plus d’une centaine de courts métrages ont été projetés cette année au festival international du film d’animation d’Annecy. Compétition, hors compétition, film de fins d’études ou programmes spéciaux : une grande variété de genres et de techniques étaient représentés, avec assez souvent, au détour d’un programme, plusieurs films dont les images sont restés en mémoire.

Don’t Hug Me I’m Scared 2 – Time réalisé par Becky Sloan, Joe Pelling (Royaume-Uni)

Apparu sur Internet à la faveur de deux courts métrages qui en appellent d’autres, cette hilarante parodie des marionnettes de « Sésame Street » (célèbre programme TV américain destiné aux enfants créé à la fin des années 60) met en scène trois personnages découvrant grâce à une horloge l’importance du temps dans leurs existences.

Becky Sloan et Joe Pelling détournent avec brio et pas mal d’humour noir les codes de cette institution télévisuelle aux vertus pédagogiques pour en faire un pastiche plus vrai que nature où nos trois compères apprennent à leurs dépens qu’on ne badine pas avec le Temps.

Marilyn Myller réalisé par Mikey Please (Royaume-Uni)

Marilyn Myller est le nouveau film très personnel, emprunt d’autodérision et d’ironie de Micky Please, auteur du remarquable « The Easgleman Stag ». « Marilyn » créé de ses mains de fragiles sculptures où chacune à sa place dans un univers qui lui est propre. Un soir, elle ne parvient pas à achever l’une des pièces sur laquelle elle travaille et entre alors dans une colère noire.

On retrouve ici ce qui fait la marque de fabrique des films de Micky Please : l’utilisation de textures en stop-motion où le blanc est omniprésent et irradie tout le film d’une énergie lumineuse.

365 réalisé par les frères McLeod (Royaume-Uni)

Après « Codswallop », « 365 » est une autoportrait visuel réalisé en un an. À l’origine de ce film, les frères Mc Leod se sont imposés quatre règles. Entre le 1er janvier 2013 et le 31 décembre 2013, une seconde du film devait être réalisée chaque jour. Dans le même temps, une image accompagnée de son explication devait être postée quotidiennement sur Facebook. Il ne devait y avoir ni de scénario, ni de script ou de story-board. Les idées devaient venir de choses lues, vues ou vécues le jour même. Et pour finir, aucune animation ne pouvait être refaite après coup. Un an et plus de 1000 heures d’animations plus tard, les frères McLeod achevaient un film de 6 minutes qui ne restait pas en place. Chaque jour, ils avaient guetté le petit détail, laissant vadrouiller leur regard et leur imagination afin de capturer ce qui pourrait être à l’origine de l’animation du jour. Si les animations de ce film sont particulièrement inspirées et inattendues, c’est aussi le cas des sons créés tout spécialement pour ce film qui nous immergent en quelques secondes dans ces instantanés animés.

Symphony no. 42 réalisé par Réka Bucsi (Hongrie)

En 47 scènes toutes plus étranges les une que les autres, « Symphony no. 42 » nous donne à voir un monde empli de mystères qui semble répondre à des règles qui nous dépasse. Les scènes s’entrelacent entre elles au moyen d’indices tenus visuels ou sonores. À l’image du renard au début du film qui dessine un schéma et ne semble pas lui-même le comprendre, nous découvrons des personnages qui se débattent dans des situations plutôt improbables et qui partagent la même incrédulité face à un monde totalement abscons et sauvage, poétique et mélancolique. La relation complexe qui existe entre l’Homme et la Nature semble être au centre de ce film. Avec beaucoup de fantaisie, Réka Bucsi décrit la coexistence entre deux représentations concurrentes du monde : une rationnelle, où « l’Homme est la mesure de toute chose » et une décentrée où l’Homme n’est pas le centre du monde mais juste un habitant de la Terre comme n’importe quel autre animal.

Sangre de Unicornio réalisé par Alberto Vazquez (Espagne)

Après « Birdboy » qui lui a valu de nombreux prix dont un Goya du meilleur film, Alberto Vazquez vient de réaliser « Sangre de Unicornio ». Il est également question de personnages anthropomorphes qui évoluent à première vue dans un environnement enchanté.

Ici, deux ours en peluche vont chasser leur proie préférée, la licorne, car sa chair est tendre et son sang a un goût de myrtille. Alberto Vazquez créé un décalage saisissant en utilisant des archétypes du conte destinés aux enfants en les confrontant à des problématiques réservées généralement au monde des adultes. Il amplifie ces contrastes en mettant en scène des personnages habituellement épargnés par ce genre de cruauté (tout du moins dans les réinterprétations modernes de ces contes). D’une certaine manière, le réalisateur retourne aux origines du conte comme avaient pu le faire en leur temps Perrault, Andersen ou les frères Grimm dont les histoires, inspirées des légendes des Temps Anciens, n’étaient pas dénuées d’une certaine cruauté.

The Obvious Child réalisé par Stephen Irwin (Royaume-Uni)

« The Obvious Child » raconte la relation complexe qu’entretiennent une petite fille et un lapin. Celui-ci lui voue une totale admiration, mais reste incrédule face aux actes qu’elle commet. La petite fille cherche désespérément à faire accepter à la grosse tête qui vient d’en haut les restes de ses parents afin qu’ils aillent au paradis.

Après « Moxie » qui raconte l’histoire d’un ours pyromane qui voulait retrouver sa maman, Stephen Irwin continue de s’intéresser aux désillusions de l’enfance et parvient avec un curieux mélange de naïveté et de férocité, a nous embarquer dans un récit stupéfiant, bourré d’humour noir.

Timber réalisé par Nils Hedinger (Suisse)

S’il fallait écrire une punch-line accrocheuse pour ce premier film du réalisateur Nils Hedinger, il faudrait le présenter ainsi : Timber ou « Sa Majesté des Mouches » pour les arbres car il s’agit bien d’une histoire qui n’est pas sans rappeler le célèbre roman de William Golding adapté au cinéma par Peter Brook où des enfants se retrouvent livrés à eux-mêmes sur une île. Dans «  Timber », il s’agit d’un groupe de bûches qui tente de se réchauffer au cours d’une nuit d’hiver glaciale. Celles-ci se rendent rapidement compte que, pour se réchauffer, le seul combustible à leur disposition, c’est elles-mêmes. Un premier film prometteur sans fioritures avec une histoire simple et efficace, une comédie divertissante et bien menée jusqu’au bout. .

Bum Bum – Doch’ rybaka (Bum Bum, the Baby of the Fisher) réalisé par Ivan Maximov (Russie)

Dernier film en date du réalisateur Ivan Maximov, « Bum Bum, the Baby of the Fisher » est un film d’atmosphère. Dans un petit village de bord de mer habité par des animaux, un pécheur solitaire croise la route d’un bébé éléphant qui le prend pour sa mère. Dans ce film, le temps y est comme suspendu, les personnages que l’on voit évoluer sont à la lisière du fantastique, la musique écrite par Pavel Karmanov donne le ton et le temps de regarder évoluer ce petit univers. La force du cinéma de Ivan Maximov est de parvenir sans aucun dialogue, avec une histoire simple et poétique à exprimer des émotions profondément humaines et touchantes.

Phantom Limb réalisé par Alex Grigg (Australie – Royaume-Uni)

James et Martha ont eu un accident de moto. Martha a perdu son bras gauche et James se retrouve hanté par le membre fantôme de sa compagne. Plutôt que de s’intéresser à la principale victime de l’accident, Alex Grigg se focalise sur la culpabilité de son conjoint qui s’en sent responsable. Cette culpabilité se retrouve alors incarnée par les multiples apparitions de ce membre fantôme qui le poursuit sans relâche. Sans recourir aux dialogues (si ce n’est dans la première scène), le réalisateur parvient avec subtilité à montrer comment cette pensée finit par l’obséder mais aussi comment celui-ci parvient à s’en défaire. À noter, la très belle musique d’ Oswald Skillbard qui participe brillamment au parcours du personnage dans cette épreuve.

Myosis réalisé par Emmanuel Asquier-Brassart, Ricky Cometa, Guillaume Dousse, Adrien Gromelle et Thibaud Petitpas (France)

Comme l’indique très justement les co-réalisateurs de ce film des Gobelins, le myosis est un terme qui désigne la diminution de la pupille par contraction de l’iris. C’est un phénomène inconscient qui peut être provoqué par une lumière vive, par la peur, ou sous l’effet d’une prise de conscience.

« Myosis » est aussi le titre de ce film qui, en à peine trois minutes orchestrées avec précision et maîtrise, nous emporte dans un véritable tourbillon tout en tension et en émotion. La musique et le sound design de Igor Comes donnent une force encore plus vive à ces images déjà empreintes d’une beauté ardente.

Beauty réalisé par Rino Stefano Tagliafierro (Italie)

« Beauty » est un voyage à travers les oeuvres peintes par certains des plus grands artistes de tous les temps. Pendant 5 mois, Rino Stefano Tagliafierro a travaillé seul, les soirs et les weekends pour réaliser cet objet non identifié où se croisent les personnages des toiles animées de grands noms de la peinture tels que Caravage, Rembrandt, Rubens ou Vermeer. L’idée ici n’est pas de se substituer à l’oeuvre elle-même mais plutôt d’en proposer une version alternative et animée. Rino Stefano Tagliafierro instille des mouvements à peine perceptibles dans ces toiles, créant un effet de réel tout à fait remarquable et donne à voir ces œuvres sous un nouveau jour.

Le Retour des Aviateurs réalisé par Olga Pärn et Priit Pärn (Estonie, Canada)

Créé à quatre mains par deux grands noms de l’animation – Olga Pärn et Priit Pärn, « Le retour des aviateurs » est un conte satirique sur les relations hommes-femmes mettant en scène trois aviateurs ayant perdu leur avion qui se retrouvent cloués au sol. Ils cheminent ensemble dans le désert avec en tête leur femme respective et à la main une valise refermant chacun une des parties du corps d’une autre femme. Mêlant virilité et absurdité, le récit de ce film est un voyage singulier où flotte dans l’air un parfum sensuel. Non sans humour, nous suivons le parcours et les fantasmes de ces trois grands gaillards qui marchent inexorablement tandis qu’un aigle vole au dessus de leurs têtes, inatteignable…. Il faut noter la minutie du travail avec lequel ce film a été réalisé; l’animation sur le sable (accompagnée ensuite par ordinateur) réalisée par Olga Pärn est en effet une des plus compliquée à orchestrer. De plus, celle-ci se marie admirablement bien avec les dessins de Priit Pärn et donne à ses lignes une texture particulière. Le rendu est de toute beauté et produit une atmosphère unique.

The Bigger Picture réalisé par Daisy Jacobs (Royaume-Uni)

Lauréat du Cristal du film de fin d’études, « The Bigger Picture » raconte l’histoire de deux frères que tout oppose et qui doivent portant s’entendre afin de s’occuper de leur mère âgée. L’histoire n’est pas en elle-même très originale, c’est surtout le traitement de Daisy Jacobs qui est le principal intérêt de ce film. À partir d’une situation, elle créé un univers détonnant où se mélangent les techniques, mettant sur le même plan des dessins peints sur des murs avec des objets en 3D, le tout filmé image par image. Ce florilège de techniques reste toutefois au service de l’histoire et notamment du ressenti des personnages, venant ainsi illustrer une interaction entre les deux frères ou souligner un état d’esprit de l’un des personnages. Un film fourmillant de créativité où les personnages et leur environnement ne font plus qu’un.

Julien Beaunay

Off-Courts 2014, la sélection officielle

Le 15ème festival Off-Courts se déroulera du 5 au 13/09 2014 à Trouville. Voici les films retenus en compétition sur les 2.000 visionnés.

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QUÉBEC

Bec de lièvre de Louis Bélanger
Bernard Le Grand de Marie-Hélène Viens et Philippe Lupien
Chaloupe de Sophie B Jacques
Del Ciego Desert de François Leduc
Dive de Kaveh Nabatian
Écho de Vincent Wilson
Je ne suis pas un grand acteur de Jean-Guillaume Bastien
Le courant faible de la rivière de Joël Vaudreuil
Le cycle des moteurs de Patrice Laliberté
Le gouffre de Carl Beauchemin, David Forest et Thomas Chrétien
Mémorable moi de Jean-François Asselin
Nicola en retard de Xavier Havitov
Nous avions de Stéphane Moukarzel
Petit frère de Rémi Saint-Michel
Rotor de Guillaume Cyr
Sans dehors, ni dedans de Joëlle Desjardins-Paquette
Suivre la piste du renard de Simon Laganière
Sur le ciment de Robin Aubert
T’es pas game de Sandrine Brodeur-Desrosiers
y2o (distillé) de Dominique T Skoltz

FRANCE

À pas de loup de Vanessa Santullo
Abymée de Lionel Abeillon-Kaplan
Ailleurs exactement de Kristina Wagenbauer
Baby Phone d’Olivier Casas
I’m a Sharpener de Madhi Lepart
L’air( e ) de rien de Jamel Zaouche
L’atente de StrAtos Gabrielidis
La nuit autour de Benjamin Travade
La petite casserole d’Anatole d’Eric Montchaud
La semaine des quatre jeudis de Franck Janin
Le Saint de Stockholm de Claude Saussereau
Le Skate moderne d’Antoine Besse
Les insouciants de Louise De Prémonville
Les voiles du partage de Pierre Mousquet
Mr Lune de Julien Sèze
Smart Monkey de Vincent Paronnaud
Supervénus de Frédéric Doazan
The Big Shake de Lucie Ricot
T’étais où quand Michael Jackson est mort ? de Jean-Baptiste Pouilloux
To Be Delivered de Pierre Amstutz Roch
Un été de Clémence Marcadier
Un jour mon prince viendra de Léa Domenach
Zéro de Tony T. Datis

EUROPE ET FRANCOPHONIE

02:43 de Hector Rull
About Ndugu de David Muñoz
Au moins le sais-tu d’Arthur Lecouturier
Auguste et Louis de Nicolas Bertrand
Bär de Pascal Floerks
Ex Animo de Wojciech Wojtkowski
Intro d’Ivan Salatic
Kaleïdoscope de Dania Bdeir
Plug & Play de Michael Frei
Rebel Menopause d’Adele Tulli
The Bee de Cid
The Kármán Line d’Oscar Sharp
Vanilla de Mette Carla Albrechtsen
Vigia de Marcel Barelli
With Best Regards de Bernhard Wenger

H comme Helix Aspersa

Fiche technique

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 Synopsis : Un père et ses deux filles se rendent dans une décharge forestière, à la recherche de matériaux à récupérer. Ils vont être chacun à leur tour confrontés aux dangers qui imprègnent la forêt.

Genre : Fiction

Durée : 20’

Pays : France

Année : 2014

Réalisation : Grégoire Graesslin

Scénario : Grégoire Graesslin

Image : Lazare Pedron

Montage : Angelos Angelidis

Son : Antoine Bourdain

Interprétation : Jitka Grekova, Zinedine Benchenine, Audrey Bastien, Solène Rigot, Patrick Descamps

Production : Les Films de la Capitaine

Article associé : l’interview de Grégoire Graesslin

Grégoire Graesslin : « Ce qui me plaît dans le cinéma, c’est prendre des coudes, des virages, partir complètement à l’opposé de ce à quoi on s’attend »

Présenté récemment au Festival Côté Court de Pantin en sélection Panorama, le film « Helix Aspersa » de Grégoire Graesslin suit un père et ses deux filles se rendant dans une décharge forestière pour faire de la récupération. Cette cellule familiale déjà fragilisée va être alors confrontée aux dangers que renferme la forêt. Pour en savoir plus sur ce court métrage ambitieux et mystérieux, nous avons interrogé son réalisateur qui s’est prêté avec plaisir au jeu des questions-réponses.

Grégoire Graesslin

Peux-tu nous parler de tes œuvres précédentes ? Est-ce que ton nouveau film s’inscrit dans une sorte de continuité ?

Mon premier court métrage date de 2006, il s’appelle « Coquelicot », c’est un film de 20 minutes, tourné dans les Ardennes, en mini DV à l’époque. Ce fut une expérience d’apprentissage très formatrice.

Ensuite, j’ai réalisé en 2008, « Entre ses doigts » pour lequel nous avons eu une subvention de région, donc un peu plus de budget, avec toujours cette envie de tourner dans les Ardennes. Plusieurs similitudes se retrouvent dans les deux films, notamment dans les décors de forêt, les grandes routes désertiques, les personnages un peu paumés, l’ambiance « de nature ».

En signant ce nouveau film, « Helix Aspersa », presque 6 ans plus tard, je me suis aperçu que je retrouvais des réflexes de mise en scène que j’avais eus sur ces précédentes oeuvres dans la façon dont j’avais de travailler mon découpage, de concevoir mes plans en captant les visages, dans mon style de réalisation en général, avec ces plans de suivi de dos, en caméra portée, en laissant les personnages respirer. Il y a aussi plusieurs obsessions et thématiques que je continue de creuser de film en film.

Comment est venue l’envie d’écrire « Helix Aspersa » ?

Cela m’est venu par le biais de deux images associées entre elles. L’une s’est présentée sous la forme de la fuite éperdue d’une femme dans une forêt, condamnée à se voir toujours rattrapée. Cela m’a été inspiré d’un fait divers particulièrement horrible qui s’est déroulé vers Rambouillet. L’autre, c’est un flash qui m’est venu, sous la forme de deux adolescentes qui marchent difficilement dans un paysage enneigé, en parka, avec de nombreux bruits oppressants autour d’elles. L’association de ces deux images fortes a déclenché l’envie de trouver une histoire concordante qui puisse me permettre de coucher ces sentiments sur papier.

Ce nouveau film se présente à la fois comme une tranche de vie sous la forme d’une chronique sociale adolescente, mais aussi comme une « fable naturaliste », pleine de mystères et de non-dits. Peux-tu nous en dire plus ?

Beaucoup d’éléments du film relèvent de la chronique sociale : la famille qui vient faire de la récupération dans une décharge en pleine forêt, les garçons en scooter zonant dans ce même lieu. L’idée était de perturber ce quotidien établi en y intégrant quelque chose d’étrange et de fantastique, voire carrément d’y créer un suspense. Le cadre de la forêt est un élément très présent dans mon travail, c’est synonyme de mystère, un élément presque maléfique. Cela me plaît beaucoup, l’irruption du fantastique qui fait déborder le fait divers, qui se « répand autour ».

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« Helix Aspersa » est le nom d’une espèce d’escargots, quelle est la signification derrière ce titre ?

Dans un premier temps, j’avais besoin que la forêt et tout le côté naturel prennent place dans l’esprit des spectateurs, qu’ils soient présents, qu’ils rentrent dans le cadre en quelque sorte. Du coup, dans les premières versions du scénario, j’avais intégré des sangliers, des bruits de forêt, mais je ne souhaitais pas montrer tout cela, donc j’ai pensé à l’escargot qui pouvait rentrer dans le cadre de façon assez justifiée, naturelle. Il y avait sa lenteur et ce rappel à la nature, qui, lentement, « se répand ». J’aime aussi le fait que les escargots soient présents avec les trois personnages féminins, parce que c’est un film de femmes avec des problématiques propres à chacune d’entre elles. Ils prennent possession de leurs corps et se déplacent sur leur peau.

Par ailleurs, l’escargot, à l’instar du personnage du père, est un animal qui se recroqueville et rentre dans sa coquille quand il y a du danger. Cette symbolique m’intéressait, à savoir revenir vers ses propres ressources, sa propre nature, ses propres instincts. Enfin, j’aime bien le mouvement de l’animal, le côté étrange et visqueux du gastéropode.

J’ai l’impression que tu développes une certaine fascination pour la forêt en tant qu’élément à part entière. Est-ce que je me trompe ?

C’est parce que je suis originaire de là en quelque sorte. Je viens des Ardennes, j’ai passé beaucoup de temps en forêt. Le film, j’ai commencé à l’écrire sur une souche d’arbre. C’est un endroit qui me fascine et qui me terrorise en même temps, je m’y suis déjà perdu plusieurs fois. Pour moi, en forêt, on retourne à un état de « non civilisation », on redevient un animal. Les sens sont à la fois perturbés et exacerbés, en communion avec la nature.

L’aspect très cinématographique de la forêt vient aussi de l’image véhiculée par tout un pan du cinéma américain, comme par exemple les films de Terrence Malick, Deer Hunter ou encore tous les films d’horreur du style «  Projet Blair Witch », il y a une préconception sur comment filmer la forêt. Je suis arrivé avec ces idées préconçues et j’ai essayé de faire les choses différemment. Par exemple, au lieu d’utiliser des bruits d’oiseaux comme on en entend dans tous les films en forêt, nous avons décidé de ne pas en mettre et de créer, par ce manque, une sensation de danger.

Il me semble que dans l’esprit des Américains, la forêt est objet de peur, quelque chose de primitif, d’ancestral. Cela peut s’expliquer par le simple fait que ce lieu soit associé inconsciemment aux Indiens et aux massacres perpétrés au nom de la « civilisation ». C’est l’inconnu en quelque sorte, la partie qu’ils ne sont pas arrivés à mettre entièrement sous leur coupe. En forêt, tout ce qui vient de la ville, tout ce qui est moderne, se révèle très inquiétant finalement, comme si ces éléments n’étaient pas à leur place.

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Peux-tu nous parler des différentes thématiques du film (l’adolescence, le cocon familial, les rapports entre générations…) ?

Dans un premier temps, je souhaitais parler du conflit intergénérationnel en décrivant une figure de père descendu de son piédestal, déchu en quelque sorte. Un père dont ses filles profitent dans son dos, et alors qu’elles l’accompagnent en forêt par obligation familiale, elles s’adonnent à tout autre chose. Le père possède une atèle, ce qui caractérise sa faiblesse, c’est une bête blessée, un vieux phoenix qui a perdu son rayonnement. On peut imaginer qu’il s‘occupe de ses filles tout seul et il sent que ses gamines lui échappent et pour lui, tout devient difficile, physiquement et psychologiquement.

En plus de ce conflit générationnel, nous avons voulu explorer trois rapports hommes-femmes ambigus. Il y a une des deux filles qui est en mode joueuse, elle aguiche les mecs et les provoque. Elle connait son pouvoir de séduction, elle leur lance des regards plutôt langoureux, mais ne dépasse pas une certain limite.

Puis, il y a l’autre fille qui est là pour retrouver son amoureux après une partie de cache-cache, on sent que le garçon voudrait aller plus loin, mais elle ne veut pas, elle aussi impose une limite.

Enfin, il y a l’histoire entre le père et une jeune fille captive qu’il découvre par hasard en explorant une voiture abandonnée. En tombant nez-à-nez avec elle, il prend conscience du danger qui l’entoure et se demande où se trouvent ses filles dans la forêt pour les ramener à la voiture le plus vite possible. Il devient anxieux et les cherche désespérément alors qu’elles se complaisent toujours dans une sorte de frivolité et d’insouciance.

On peut se demander si le personnage de la jeune fille captive existe vraiment, si ce n’est pas plutôt un fantôme, une chimère qui fait prendre conscience au père assez brutalement que ses filles ont grandi et que le rapport entre eux n’est plus du tout le même.

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« Helix Aspersa » semble posséder son propre fonctionnement, plutôt hermétique par moments. As-tu cherché délibérément à perdre ton spectateur dans quelque chose d’abstrait, de l’ordre du ressenti, de l’inexpliqué ?

J’aime effectivement partir complètement à l’opposé de la logique narrative, je préfère raconter les choses différemment, en prenant des virages et en créant des leurres. L’idée est d’installer le spectateur dans un confort, puis de le surprendre en modifiant ses habitudes. Cela peut se jouer au niveau du montage, en allongeant les plans exprès ou en ne respectant pas du tout certaines logiques d’enchaînement. Le seul écueil à éviter est que cela fasse trop effet de style.

Il y a également le refus de résoudre certaines choses, cela frustre d’ailleurs beaucoup les spectateurs. Je crois que nous ne sommes pas obligés de donner toutes les explications d’un film, que l’on peut laisser certains éléments dans le vague, cela permet de garder l’histoire à l’esprit, de maintenir une sorte de saveur. Cela ne me dérange pas de laisser des questions en suspens et certains personnages dans le fossé, là où cela se passe pour moi, c’est plus dans le ressenti et l’ambiance générale. J’aime entretenir des moments de mystère.

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On sent que de film en film, ton univers se développe dans le but de raconter quelque chose de plus grand. Travailles-tu sur un projet de long métrage qui serait dans la continuité de ces thèmes ?

Je travaille sur plusieurs projets, notamment sur un projet de long métrage avec l’aide de Laurine Pelassy, la productrice de « Helix Aspersa », au sein de la structure Les Films de la Capitaine, qui reprend encore une fois des thématiques adolescentes, et surtout le conflit générationnel père-fils. Cela se passe en Haute Marne, dans des prairies de campagne, et m’a été inspiré d’un fait divers qui s’est déroulé en 2006 dans lequel tout un village, toutes générations confondues, a été arrêté un matin par le GIGN.

Il s’est avéré que ce village, depuis plusieurs années, était la plaque tournante d’un trafic de drogue et que tous les gens du village y participaient. Le point de départ est l’incendie de la scierie qui employait tout le monde et qui a laissé les villageois sur la paille. Deux jeunes du village ont commencé alors à ramener de l’argent en faisant du trafic, et ont eu soudain plus d’argent que leurs parents. Ils ont donc pris le pouvoir naturellement. Ce qui m’intéresse, c’est d’avoir d’un côté la génération des parents qui est forcée de se mettre au trafic pour survivre, et de l’autre côté cette génération d’adolescents qui prent l’ascendance sur tout le monde. Je souhaite réaliser un film sur l’héritage, sur ce qu’on laisse à ses enfants quand de son côté, on ne possède rien.

Propos recueillis par Julien Savès

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La Femme à Cordes de Vladimir Mavounia-Kouka

Animation, 15’, 2010, France, Caïmans Productions

Synopsis : Sébastien, jeune homme d’une vingtaine d’années, entre dans un petit théâtre sur les conseils d’un inconnu. L’homme l’invite à regarder son show. Ce dernier s’amuse à malmener une femme devant un parterre médusé. Sébastien s’interpose, sans connaître les règles du jeu.

Sur une musique envoûtante de Rone, « La Femme à cordes » de Vladimir Mavounia-Kouka (« À Feu », « La Bête »), nous invite à plonger dans un monde intriguant, obsessionnel et sensuel. Un univers de faux-semblants, repu de symboles, dans lequel le jeu, l’amour et la douleur se retrouvent étroitement liés par des « fils » inextricables. Le film séduit d’autant plus par l’usage virtuose des techniques de la rotoscopie, avec lequel Vladimir donne vie à ses visions fantastiques, en retouchant avec minutie des images réelles. C’est un conte sombre et d’une grande beauté, qui explore les rapports de domination et de possession, une sorte de variation moderne du réalisme poétique cher à Marcel Carné.

Julien Savès

Le Skate moderne d’Antoine Besse

La pratique du skateboard renvoie assez naturellement aux rampes et autres obstacles tels des trottoirs, des tubes, des escaliers repérables dans les grandes villes, peut-être aussi à des graffitis, assurément à du béton et aux sons urbains.

Antoine Besse, réalisateur du film « Le Skate moderne », Prix Format Court et Grand Prix ex-aequo (avec « La lampe au beurre de yak » de Hu Wei) au Festival de Grenoble, nous montre que le skate s’est fait aussi une place dans les milieux ruraux. Il a suivi le quotidien d’une bande de jeunes en Dordogne pour qui cette pratique est devenue une raison de vivre, un moyen de remédier à l’ennui en s’influençant des cultures citadines. L’un d’entre eux le dit d’ailleurs : « faut bien qu’on fasse quelque chose ».

Ce documentaire ne dure que six minutes et pourtant, il saisit complètement son spectateur tant par l’originalité du sujet que par la manière dont le réalisateur axe sa vision et sa narration. Il alterne des plans de skateurs filmés comme dans un clip ou un ballet avec des regards face caméra dont les propos sont superposés en voix off.

Les images de glisse sont sublimées par l’utilisation de travellings et de ralentis rythmés par de la musique classique. On note également un travail précis sur la lumière permettant de reconstituer au mieux l’ensoleillement des champs en fin de journée ou cette brume matinale qu’on ne voit que dans les campagnes. La nature est belle, tranquille et les skateurs apparaissent alors comme des chevaliers des temps modernes sortis de nulle part.

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Dans son film, Antoine Besse donne la parole à des familles qu’il connaît, des paysans et des fermiers voisins. Les plans sont figés sur leurs visages immobiles, expressifs, cadrés dans leurs cuisines. Leurs regards reflètent à la fois la dureté du travail rural et le trouble d’exprimer leurs pensées. À l’évidence, on pense à Raymond Depardon et tout particulièrement à son film « La Vie moderne », non seulement parce que le réalisateur se penche sur le quotidien de personnes en milieu rural, mais aussi et surtout parce qu’il créé ici un vrai documentaire de par son esthétique, évitant au passage tout misérabilisme qu’on attribue trop souvent à la vie paysanne. On se plaît alors à imaginer que les jeunes qu’il suit ici, sont les enfants des « profils paysans » de Depardon, tout comme Antoine Besse lui-même tel un fils, s’inspire de l’œuvre du père documentariste.

Antoine Besse signe par conséquent un film extrêmement lyrique sur une pratique et un milieu qui n’évoque pas habituellement la délicatesse. Il révèle ainsi un lien plutôt méconnu entre la ville et la campagne. Le skate est bel et bien la discipline de ceux qui savent réinventer leur espace, quel qu’il soit.

Camille Monin

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Article associé : l’interview du réalisateur

S comme Le Skate moderne

Fiche technique

Synopsis : Loin des lignes classiques au « fisheye », des spots de béton lisses et parfaits, « le skate moderne » nous présente un groupe de skaters qui n’hésitent pas à mettre leurs boards dans la boue et rouler sur un environnement insolite et atypique, celui de nos campagnes.

Genre : Documentaire, fiction

Durée : 6’43’’

Pays : France

Année : 2013

Réalisation : Antoine Besse

Scénario : Antoine Besse

Image : Antoine Besse, Romain Campet, Inès Tabarin

Montage : Mathieu Staub

Son : Pierre Ravoyard

Musique : Gabriel Fauré

Interprétation : Benjamin André-Thant, Pierre Bonami, Daniel Bonami, Alex Serer, Florent Pomier, Jérémy Potard, Loan Mak, Mathias Serieys, Cédric Dubreuil et Yoris Couegnoux

Production : KloudBox Production

Articles associés : la critique du film, l’interview du réalisateur

 

Les 5 films en lice pour le Cartoon d’Or 2014

Cinq films sont en lice pour le Cartoon d’Or 2014, prix du meilleur court métrage d’animation européen. La cérémonie de remise de prix aura lieu le jeudi 25 septembre à Toulouse lors du Cartoon Forum, la plate-forme de coproduction pour les séries d’animation.

Les cinq films finalistes sont les suivants :

– Boles, Spela Cadez, Slovénie / Allemagne, 13’ (No History / Hupe Film)

– La bûche de Noël, Stéphane Aubier & Vincent Patar, Belgique / France, 26’ (PANIQUE! / Autour de Minuit)

La petite casserole d’Anatole, Eric Montchaud, France, 5’47 (JPL Films)

Mademoiselle Kiki et les Montparnos, Amélie Harrault, France, 14’ 27 (Les Trois Ours)

Articles associés : la critique du film, l’interview de Amélie Harrault

– Mr Hublot, Laurent Witz & Alexandre Espigares, Luxembourg / France, 11’48 (Zeilt Productions)

Le jury du Cartoon d’Or 2014, composé du producteur Eric Goossens (Walking the Dog, Belgique), du réalisateur/producteur Tony Loeser (MotionWorks, Allemagne) et du réalisateur Benjamin Renner (France), a sélectionné les finalistes parmi près de 30 courts métrages primés aux festivals d’animation européens, partenaires de CARTOON.

La 25e édition du Cartoon d’Or se déroulera du 23 au 26 septembre 2014 à Toulouse, Midi-Pyrénées. Le nom du vainqueur sera dévoilé à l’issue de la cérémonie de remise de prix du Cartoon d’Or, le lauréat remportera une aide financière de 10 000 EUR grâce au soutien de Europe Créative – MEDIA.

Format Court dans Côté Cinéma

Après la pause estivale, les projections Format Court reprendront à la rentrée, le jeudi 11 septembre 2014, à 20h30, au Studio des Ursulines (Paris, 5e). La revue Côté Cinéma, via la plume d’Amandine Fournier, a consacré un article à nos séances, retrouvez-le en ligne.
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Carte blanche Format Court au festival Courtscourts

Du jeudi 24 au samedi 26 juillet 2014 aura lieu le 5ème festival CourtsCourts, à Tourtour, dans le Var. Deux membres de notre équipe feront partie du Jury (Katia Bayer, Zoé Libault) et présenteront une carte blanche Format Court le soir de la remise des prix, samedi 26 juillet 2014, à 21h. L’occasion de mettre en lumière  la jeune création française et européenne à travers un programme éclectique de courts métrages repérés et primés en festival.

Programmation

Dripped de Léo Verrier.  Animation, France,  8′, 2010, Chez Eddy. Prix du meilleur film d’animation au Festival du film francophone d’Angoulême 2012

Synopsis : New York, 1950. Passionné de peinture, Jack écume les musées à longueur de journée. Il y vole des tableaux qu’il cache ensuite chez lui pour…

Articles associés : la critique du film, l’interview de Léo Verrier

Aïssa de Clément Tréhin-Lalanne. Fiction, France, 8′, 2014, Takami Productions. Mention spéciale au Festival de Cannes 2014

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Synopsis : Aïssa est congolaise. Elle est en situation irrégulière sur le territoire français. Elle dit avoir moins de dix-huit ans, mais les autorités la croient majeure. Afin de déterminer si elle est expulsable, un médecin va examiner son anatomie.

Article associé : la critique du film

Les Petits cailloux de Chloé Mazlo. Animation, 15′, France, 2014, Les films sauvages. Sélection Prix uniFrance du court-métrage 2014

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Synopsis : Chloé est une jeune femme qui mène une vie légère et heureuse, se laissant porter joyeusement par les choses de la vie. Mais une souffrance physique viscérale la fait ployer peu à peu, perturbant sa vie quotidienne insouciante.

Misterio de Chema García Ibarra. Fiction, 11’30’’, Espagne, autoproduction. Prix Format Court au Festival de Brest 2013, en sélection au Festival de Berlin 2013

Synopsis : On dit qu’en collant son oreille sur sa nuque, on entend parler la Vierge.

Articles associés : la critique du film, l’interview de Chema García Ibarra et Leonor Diaz

Dans le cochon, tout est bon d’Iris Alexandre. Animation, 4’44’’, Belgique, Atelier de Production de la Cambre

Synopsis : Du cochon vivant au banquet de cochonnailles, rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme.

Article associé : la critique du film

(T.I.A) THIS IS AFRICA de Matthieu Maunier-Rossi. Documentaire, fiction, 7’15’’, France, République du Congo, auto-production. Mention spéciale Format Court au Festival de Grenoble 2014

Synopsis : Les rues populaires et les marchés de Brazzaville… Aïpeur Foundou y danse, au milieu de tous. « Quand on danse, on ne peut pas tricher ». C’est une forme de liberté.

Tune for two de Gunnar A.K Järvstad

Fiction,  2’40 », Suède, 2011

Synopsis : L’exécution d’un homme prend une tournure plutôt inattendue.

Simple, court et suédois, ce court métrage de moins de trois minutes est un concentré d’humour noir tout à fait rafraîchissant. Projeté aux quatre coins du globe dans de nombreux festivals, le film de Gunnar A.K Järvstad a été vu plus de 40 millions de fois sur internet. Son nouveau court-métrage, « Best man », qui a fait il y a quelques mois sa première européenne sera – on l’espère – du même acabit !

Julien Beaunay

Festival national du film d’animation de Bruz, appel à films

Le Festival national du film d’animation, créé en 1983 par l’Association française du cinéma d’animation, est la vitrine annuelle de la production française contemporaine. Il se déroule à Bruz-Rennes Métropole depuis 2010. La prochaine édition aura lieu du 8 au 14 décembre 2014 et son appel à films est ouvert. La date limite d’inscription des films est fixée au 1er septembre 2014.

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Les inscriptions se font en ligne sur la plateforme d’inscription : www.filmfestplatform.com.

La compétition (dotée) comprend deux catégories : les  courts métrages professionnels et les films de fin d’études

La sélection nationale hors compétition comprend deux catégories : les films de commandes et les films d’ateliers

Télécharger le règlement 2014

Infos : www.festival-film-animation.fr, films@afca.asso.fr