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Prix Format Court : Média Solution offrira des DCP aux réalisateurs primés !

Depuis plusieurs mois, nous souhaitions développer les nombreux prix Format Court que nous attribuons depuis quelques années en festival (Court Métrange, FIFF, Brest, Vendôme, Angers, Brive, Grenoble, …). Le projet est désormais tangible grâce à notre nouveau partenariat conclu avec Média Solution, un laboratoire numérique parisien de premier plan.

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Dès la reprise des Prix Format Court en octobre, les réalisateurs primés par nos soins bénéficieront toujours de focus en ligne et de projections de leurs films en salle (séances & cartes blanches Format Court). Grâce à notre nouveau partenaire, ils auront également tous le privilège de disposer d’un DCP (relatif au film primé ou au prochain dans un délai de deux ans) créé et doté par Média Solution. Une façon pour nous de maintenir notre engagement en faveur du court métrage et de collaborer avec un prestataire technique réputé pour son professionnalisme (encodage, sous-titrage, étalonnage) et son lien indéfectible aux auteurs et aux producteurs.

Le site de Média Solution : www.mediasolution.fr

Festival Partie(s) de campagne, rétrospective de films documentaires

La Vérité de l’instant

Dans une grange ourouxoise dont le caractère exigu pousse à la convivialité, une rétrospective consacrée au documentaire français de 1958 à 2009 a défilé cet été devant les yeux d’un public curieux et averti. Composée de deux programmes intitulés « Doc en court », elle offrait un panorama subjectif et non exhaustif.

S’il existe des lieux entièrement dédiés au cinéma documentaire comme peuvent l’être le FID (Marseille), Les Etats généraux du documentaire (Lussas), le festival Cinéma du Réel (Paris), Visions du réel (Suisse), Filmer à tout prix, Millenium (Bruxelles), le genre souffre encore d’une trop faible visibilité, ayant pratiquement disparu des salles de cinéma. On ne peut dès lors que saluer l’initiative du festival Partie(s) de campagne qui, pour sa 7ème édition, lui a consacré pour la première fois deux compétitions et une rétrospective. Aperçu en 4 films phares.

Avec « L’Amour existe » (1960), l’un de ses premiers films, Maurice Pialat déjoue les codes du documentaire classique pour offrir une œuvre atypique et personnelle qui provoque encore aujourd’hui une grande émotion. Ni tout à fait poème ni tout à fait pamphlet, ce court métrage sur la banlieue française se construit sur un montage d’images choisies servant un propos plus littéraire qu’informatif. Le texte est empreint de nostalgie (« Longtemps j’ai habité la banlieue ») et d’amertume (« La banlieue triste qui s’ennuie »), le regard de Pialat sur la banlieue reste à l’image de son regard sur le monde en général, mélancolique et désabusé.

Les premières images du film ne sont pas sans rappeler celles du début de « Les Temps Modernes » (1936) de Charlie Chaplin où le découpage renvoie à la « dépersonnalisation » de l’individu qui n’est plus qu’une masse anonyme. Usant du même procédé métaphorique, Pialat semble nous dire que la banlieue noie l’individu dans des constructions répétitives et insipides. Et comme une machine à remonter le temps, l’auteur de « Sous le soleil de Satan » (1987) termine son film en montrant les bidonvilles des faubourgs et les conditions insalubres dans lesquelles de nombreux ouvriers se trouvent, contrastant grandement avec les pavillons de banlieue proprets. Aux accents de lutte sociale, « L’amour existe » ne peut pourtant pas être considéré comme un film engagé au même titre que les films de Joris Ivens et Chris Marker tant son auteur aime à brouiller les pistes ; les lieux et les individus ne sont pas reconnaissables, le texte reste l’unique guide du spectateur. Plus de 40 ans après, le film de Pialat demeure sans aucun doute l’un des chefs-d’œuvre du cinéma documentaire français.

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A la même époque, Gisèle Braunberger (l’épouse du producteur de la Nouvelle Vague, Pierre Braunberger) signait le très prometteur « La direction d’acteur par Jean Renoir » (1968) où elle dresse le portrait moins connu du « patron » d’un certain cinéma français, pour reprendre les mots de Jacques Rivette. Renoir a effectivement influencé toute une génération de cinéastes. Admiré pour son souci d’authenticité et son degré d’exigence, il était très sensible à la vérité de l’instant pouvant faire répéter un comédien jusqu’à l’épuisement afin que ce dernier ressente et vive entièrement le moment de vérité pour le transmettre au mieux avec la plus grande des sincérités.

Le court métrage montre un réalisateur extrêmement pointilleux face à une Gisèle Braunberger docile. Au fur et à mesure que le cinéaste précise la manière dont les mots doivent être prononcés, c’est-à-dire sans aucune émotion, l’actrice-réalisatrice est de plus en plus nerveuse, laissant entrer en elle une colère froide. Le dernier plan du film est criant de vérité et Renoir a obtenu ce qu’il voulait de sa comédienne. Oui mais à quel prix ? Car c’est justement la relation entre le cinéaste et son actrice qui pose question. Entre manipulation et abus d’autorité les méthodes d’hier ne pourraient plus être utilisées aujourd’hui tant les rapports entre les personnes ont évolué. Le dispositif mis en place permet au spectateur de ressentir la nervosité de Braunberger ainsi que la rage face à l’insistance de Renoir. Avec ce court métrage, Gisèle Braunberger réalise un double film historique : un document sur le cinéma et un autre sur la façon de travailler de Jean Renoir.

Pour certains cinéastes, le documentaire n’est rien d’autre qu’une longue quête initiatique qui permet de s’ouvrir au monde. Ainsi le cinéma de Henri-François Imbert répond à ce besoin. Partant d’images d’archives, les siennes et celles des autres, il leur redonne un sens dans une construction intime et personnelle. Avec « Sur la plage de Belfast » (1996), il prend comme point de départ des images trouvées dans une caméra super 8 achetée lors d’une brocante. Ces images représentent une famille au bord de la mer, à Belfast, filmée 12 ans plus tôt. Fasciné par ces instants de vie qui appartiennent à d’autres, Imbert décide d’en retrouver les protagonistes. Son film est la narration de cette recherche. Doté d’une voix-off, la sienne, il voyage à travers le temps et l’espace rendant ses impressions palpables illustrant un propos universel : la quête de soi à travers les autres. Une réalité subjective se dévoile petit à petit, par touches impressionnistes tout au long de ce moyen métrage à la fois tendre et émouvant. Délicat comme peut être le souvenir, le film de Henri-François Imbert touche juste et laisse transparaître l’ambition suprême du cinéma qui est de museler le réel pour mieux le sublimer. Journal intime d’un cinéaste solitaire, subjugué par le temps qui passe, « Sur la plage de Belfast » met en lumière une autre façon de faire du documentaire.

De Samuel Collardey, on retient « L’Apprenti » qui a glané plusieurs prix à sa sortie dont le prestigieux Prix de la Semaine de la Critique à Venise en 2008, fortement inspiré de son film de fin d’études à la Fémis « Du Soleil en hiver » (2005). En Franche-Comté dans le monde rude de la paysannerie, Michel noue une solide amitié avec son apprenti, Francis. Le film évoque cette relation père-fils avec humour et pudeur. Dans la lignée des films dits humanistes qui traitent d’une situation avec une esthétique poétique, Collardey valorise le monde paysan en le filmant de façon tendre et émouvante car ce qui l’intéresse n’est pas la profession en soi mais l’humain qui se cache derrière. Filmé au plus près, le lien entre Michel et Francis est beau parce qu’il est vrai et a fortiori, le film de Collardey aussi. L’émotion est rendue par le contraste voulu dès le titre, entre la dureté du monde rural, tributaire d’une nature sauvage et la noblesse des sentiments qui lie les hommes entre eux.

La formidable rétrospective de Festival Partie(s) de campagne nous a permis de constater que depuis les premiers films des frères Lumière, le film documentaire s’est fortement diversifié à travers le temps ; des partisans de l’art aux aficionados de l’authenticité et du cinéma-vérité en passant par les fidèles du documentaire « fictionnalisé ». L’initiative est salutaire pour la vitalité du genre.

Marie Bergeret

Portrait de Donato Sansone aka Milkyeyes

Animation, expérimental, 2’51″, Italie, 2014

Synopsis : Un enchaînement lent et surréaliste de personnages cauchemardesques et grotesques apparemment statiques.

À l’occasion de la 20ème édition de l’Étrange Festival, notre grand pourvoyeur en folies filmiques, petit coup de projecteur sur Donato Sansone (aka Milkyeyes), pour le film de la semaine.

Animateur italien virtuose, responsable des courts multi-diffusés « Videogioco » et « Topo Glassato Al Cioccolato », Donato Sansone a réalisé en 2014, le film « Portrait », expérimentation picturale abstraite à base de transformations de visages. Un film hypnotisant et lancinant qui crée tout un monde de cauchemars d’après quelques portraits ordinaires.

Julien Beaunay et Julien Savès

Où je mets ma pudeur de Sébastien Bailly

Pudique cinéma politique

Sélectionné dans de nombreux festivals internationaux dont celui de Sundance et plus récemment celui de Grenoble, « Où je mets ma pudeur » (2014) est le quatrième court-métrage de Sébastien Bailly. Le réalisateur poursuit, après « Douce » (2011) une analyse de l’intimité féminine en contexte normatif : une aide-soignante au sein d’un service hospitalier dans le précédent, une jeune femme voilée dans le monde universitaire parisien dans le dernier. Dans ce nouvel opus, à la mise en scène posée très assumée, nous suivons un épisode sensible d’une vie d’étudiante : la préparation et le passage des examens oraux. La jeune fille, constamment voilée en public, fait des études d’histoire de l’art et doit commenter « La Grande Odalisque » d’Ingres. Le problème : elle doit retirer le hijab pendant l’examen. Entre voilement désirée et dévoilement obligatoire, position intime et code culturel, entre tradition romantique et cinéma politique, le court-métrage dessine une ligne intermédiaire avec l’objectif heureux d’énoncer la difficile inscription de l’intime dans l’espace public.

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Plus qu’une chronique sur une situation estudiantine, le cinéaste semble lorgner du côté de l’allégorie : il s’empare en douceur d’un conflit entre un individu et les codes culturels pour mieux re-lever des questionnements plus larges autour de la position d’une femme prise entre deux mondes — sa religion et sa vie étudiante. L’art, les tableaux, semblent une passerelle entre deux différentes sphères, et également une manière de déplacer l’enjeu politique vers l’enjeu existentiel. Le montage ne fait pas correspondre les plans en assumant la rupture; au contraire, il crée une communication entre intimité et publicité, entre fixité de la toile d’Ingres et la perception vécue. Le film enveloppe sa protagoniste de manière à l’envoûter d’une objectivité distraite, remuée par l’être mais maintenue dans une forme de rationalité. Il devient vite évident que la question est moins de savoir pourquoi la protagoniste retire à un moment son voile que de comprendre pourquoi elle tient à le revêtir.

Du même coup, le film ne peut pas être le bon prétexte à un débat sur la laïcité; il s’agit principalement de désir et d’affirmation. Comme Luis Buñuel et Maurice Pialat, cinéastes qui s’attachent à révéler la non-normativité du désir, on en vient à scruter les mouvements du corps. Le court-métrage de Sébastien Bailly donne de l’exploration de la sensualité son propre programme : sueur, pudeur et candeur. Refusant de trouver refuge dans une forme directement polémique, il semble partir d’un choix radical : lire la réalité uniquement depuis la jeune femme, pour ne jamais perdre de vue la sensibilité de son héroïne. Les affects sont déclinés selon la trajectoire d’un récit initiatique : du corps anonyme et dissimulé qui court aux Buttes-Chaumont au corps exhibé et scruté à la Sorbonne, du contexte familial au contexte académique, en passant par l’acte de rapprochement amoureux dans l’intimité d’une chambre avec l’homme désiré. L’interprétation sur le fil des comédiens — Hafsia Herzi, Bastien Bouillon et Marie Rivière — rend compte de ce cheminement délicat qui mène à l’affirmation d’une pudeur intériorisée autant qu’à une fascination pour l’art du nu. « Où je mets ma pudeur » permet de soulever en beauté un débat qui traverse l’histoire de l’art : montrer signifie-t-il découvrir ?

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La mise en scène feutrée de « Où je mets ma pudeur » ne s’affiche pas directement; elle se dissimule derrière, face, à côté de son héroïne comme pour mieux laisser advenir des attentes — possibilité de mettre en rapport les signes de vie et les symboles religieux, possibilité pour la protagoniste d’accepter ou non les codes sociaux, possibilité pour le spectateur de voir s’annuler la conformité entre un sujet et le comportement qui correspondrait à son identité préjugée. Au fond, le film n’oublie jamais la contradiction de toute vision du corps; au moment où on croit le capter, l’attraper dans l’image, il n’est déjà plus ce qu’il était, ou bien il n’est plus qu’une image. Étrangement, le corps, habité par l’être et mis à disposition des autres, est peut-être ce qui nous appartient le moins et qui, dans le fait même qu’il nous échappe, est le plus précieux signe de notre présence. Que le cinéma montre cela, c’est sa plus belle mission, au risque de s’y casser les jambes, les bras et les dents.

Mathieu Lericq

Consulter la fiche technique

O comme Où je mets ma pudeur

Fiche technique

Synopsis : Hafsia, étudiante en histoire de l’art, va devoir enlever son hijab pour passer un oral. Elle se rend au musée du Louvre pour observer l’œuvre qu’elle doit commenter.

Genre : Fiction

Durée : 20’

Pays : France

Année : 2013

Réalisation : Sébastien Bailly

Scénario : Sébastien Bailly

Image : Sylvain Verdet

Son : Marie-Clotilde Chéry

Montage : Cécile Frey

Musique : Laurent Levesque

Interprétation : Hafsia Herzi, Bastien Bouillon, Marie Rivière, Donia Eden

Production : La Mer à Boire Productions

Article associé : la critique du film

Short Screens #40 : C’est du belge

L’équipe de Short Screens est impatiente de vous retrouver pour une rentrée cinématographique riche en courts métrages avec une séance 100% locale !

Le cinéma du Plat Pays résiste aux catégorisations, mais laisse pourtant transparaître une belgitude bien palpable.

Du brûlot surréaliste des années 30′ de Monsieur Fantomas aux objets animés non identifiés de Carl Roosens, Short Screens vous emmène de part et d’autre de la frontière linguistique et vous invite à découvrir huit pépites du court métrage belge sur grand écran.

Rendez-vous le jeudi 25 septembre à 19h30, au Cinema Aventure, Galerie du Centre 57, 1000 Bruxelles. Une collaboration entre Artatouille asbl et Format Court

Programmation

PAUVRE HISTOIRE PAUVRE 6 de Carl Roosens/ animation/ 3’40 »

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Mes “pauvre histoire pauvre” n’ont aucune espèce d’importance. Leurs images, leurs objets, leurs mots ont presque tous disparu. C’était quelque chose qui s’approchait de moi à un certain moment. Aujourd’hui cette série suit son cours, rythmée par de petites urgences.

MONSIEUR FANTÔMAS de Ernst Moerman/ 1937/ fiction/ 17′
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Brûlot surréaliste sous le signe des ciné feuilletons de Feuillade. On retrouve ici l’amour fou, les méandres du rêve, l’anticléricalisme forcené, l’appel à la subversion et à l’aventure.

PAUVRE HISTOIRE PAUVRE 4 de Carl Roosens/ animation/ 1’16

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Mes “pauvre histoire pauvre” n’ont aucune espèce d’importance…

DE HONGER de Benoit De Clerck/ 2013/ fiction/ 16′
DeHonger

Un gamin fait une découverte qui va chambouler sa vie.

PAUVRE HISTOIRE PAUVRE 2 de Carl Roosens/ animation/ 1’15 »
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Mes “pauvre histoire pauvre” n’ont aucune espèce d’importance…

LA PART DE L’OMBRE de Olivier Smolders/ 2014/ 28′

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Le 7 février 1944, jour du vernissage d’une importante exposition de ses œuvres, le photographe hongrois Oskar Benedek, disparait. Plus de soixante ans plus tard, une enquête révèle son étrange destin.

Articles associés : l’interview d’Olivier Smolders, la critique du film

DUO DE VOLAILLE SAUCE CHASSEUR de Pascale Hecquet/ 2011/ animation/ 6′

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La vie ne tient souvent qu’à un fil. Parfois même, ce fil n’est autre que l’interrupteur d’une vieille lampe sur pied. Et si toute la question – de vie ou de mort – était de savoir si cette lampe doit rester éteinte ou allumée ?

SOLO REX de François Bierry/ 2013/ fiction/ 23′

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Erik est bucheron solitaire. Kevin joue dans la fanfare du village. Erik ne sort jamais sans sa vieille jument. Kevin a le béguin pour clarinette. La clarinette craque pour les juments. Mais Erik ne sait pas donner. Et Kevin ne sait pas draguer. Ils devront apprendre à deux.

La bonne rentrée de Format Court

Cet été, Format Court est parti en vacances. Quelques articles et appels à films ont été publiés et de nombreux courts métrages ont été diffusés sur notre site. Juillet et août ont toutefois été très profitables pour Format Court. Nous avons à cet effet d’excellentes nouvelles à vous communiquer. Préparez vos bouchons !

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Tout d’abord, nos Soirées Format Court reprennent cette semaine au Studio des Ursulines (Paris, 5è) avec une programmation européenne hybride et de qualité. Depuis près de trois ans, le Studio des Ursulines, cette charmante salle d’art et essai à l’ancienne bien connue des Parisiens, nous laisse carte blanche pour programmer et diffuser des courts métrages sur grand écran. Cette confiance et cette liberté, bien rarement offertes par les salles, méritent d’être saluées et nos profonds remerciements s’adressent à Florian Delporte, le programmateur et directeur du Studio des Ursulines. Que vous connaissiez ou non son bien joli cinéma, nous vous invitons donc à nous rejoindre ce jeudi 11 septembre, à 20h30 pour fêter avec nous cette reprise et découvrir de bien beaux courts métrages repérés/primés en festival, réalisés par de talentueux jeunes auteurs européens.

À présent, place aux scoops, amis internautes. Vous le savez peut-être, nous récompensons depuis quelques années des courts métrages français et étrangers en compétition dans des festivals de qualité (Brest, Vendôme, Angers, Brive, Grenoble, …). Pour bien commencer l’année, nous attribuerons au mois d’octobre trois Prix Format Court. Les deux premiers s’inscrivent dans la continuité de partenariats précédents mis en place avec le Festival Francophone du Film de Namur (parmi les films en compétition internationale) et le Festival Court Métrange de Rennes (parmi ceux de la compétition européenne).

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Le troisième Prix est la concrétisation d’un nouveau partenariat hors les murs : nous attribuerons le mois prochain un Prix Format Court au Festival du Nouveau Cinéma à Montréal, au sein du Focus Québec. Ce prix est le tout premier à être remis dans un pays étranger et nous sommes enchantés de nous associer à un festival aussi qualitatif qu’ancien.

Dans l’optique de développer les nombreux prix Format Court que nous attribuons en festival, nous avons le plaisir de vous annoncer un nouveau partenariat établi cet été. Dès octobre, les réalisateurs primés par nos soins continueront à bénéficier de focus en ligne et de projections en salle (séances & cartes blanches Format Court). Mais ils bénéficieront dorénavant tous d’un DCP (relatif au film primé ou au prochain dans un délai de deux ans) créé et doté par le laboratoire numérique Média Solution. Une façon pour nous de maintenir notre engagement en faveur du court métrage et de collaborer avec un prestataire technique réputé pour son professionnalisme et son soutien invétéré aux auteurs.

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« Solipsist » de Andrew Huang

Parallèlement aux séances et aux Prix Format Court, notre site bénéficiera, toujours le mois prochain de deux cartes blanches, l’une aux Instituts français d’Alger, d’Oran et d’Annaba en Algérie (1-4 octobre) et l’autre à la Cinémathèque Française (le 31 octobre). L’occasion pour nous de combiner Prix Format Court, films de patrimoine, courts d’écoles et coups de coeur en tout genre.

Voilà pour les bonnes nouvelles. Pas si mal pour une rentrée, non ?

Katia Bayer
Rédactrice en chef

Jan Sitta : « Mon film est la projection de mon propre fantasme, de ma propre peur »

Le parcours éclectique de Jan Sitta est éclectique : un DEA de sciences politiques à Nice, une formation de comédien à Cannes, un diplôme de réalisateur à Toulouse. Il a ensuite travaillé au théâtre comme au cinéma avec des casquettes de vidéaste, d’acteur et d’assistant-réalisateur avant de se dédier totalement à son activité d’auteur-réalisateur.

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« Ceux qui restent debout » a obtenu le Prix d’aide à la création au 37e Festival du Court-Métrage en Plein Air de Grenoble; il s’agit de son premier film de fiction produit. L’histoire est celle de Sophia, une jeune fille renvoyée de son centre d’hébergement qui se retrouve sans-abri. Démarre alors une virée nocturne qui mélange le social au fantastique, la noirceur à l’onirisme. Le film de Jan Sitta provoque des débats tant par sa vision obscure que par sa fin ouverte. Nous avons rencontré le réalisateur à Grenoble afin qu’il nous raconte son aventure et nous parle de ses choix.

Pourrais-tu nous parler des origines du film et de ce qui t’a amené à aborder le sujet des sans-abri ?

Durant cinq ans, j’ai exercé des activités de vidéaste et de réalisateur de documentaires dans les centres d’hébergement et de réinsertion sociale, plus couramment appelés les CHRS de la ville de Montreuil, ce qui m’a inspiré pour ce film. Plus exactement, j’ai travaillé comme vidéaste et comédien avec la comédienne Nicole Charpail qui intervenait alors dans ces centres. J’ai par conséquent rencontré de nombreuses personnes, de tous âges, de tous sexes qui n’avaient pas de logement, si ce n’est ces centres d’hébergement. Par ce biais et en travaillant avec ces personnes-là, j’ai fait la connaissance d’un jeune garçon avec qui j’ai fait un documentaire, « Devenir acteur de sa vie ». Il s’est fait expulser lorsque je réalisais ce documentaire et je me suis soudain senti bête avec ma caméra et mes envies de films engagés. Je me suis alors demandé de quelle manière je pourrais l’aider et je me suis embarqué dans sa vie. De son côté, il s’est un peu accroché à moi et on a finalement terminé le documentaire. Mais quelques années après, il a disparu de la circulation sans laisser de traces. Je n’ai plus eu aucune nouvelle de lui et j’ai eu besoin d’écrire sur cette expérience, mais à ma manière, en projetant mes fantasmes, mes délires personnels sur ce qu’aurait pu devenir ce jeune homme. C’est la raison pour laquelle j’ai eu envie de m’éloigner du réalisme et du naturalisme pour plonger dans un film plus cinématographique, complètement assumé, même si je parle d’une question sociale. Je souhaitais créer un univers tirant vers l’étrange, le fantastique sans que ça devienne non plus un film fantastique. Je voulais essayer en tout cas de mélanger les genres pour parler d’une problématique sociale très concrète. En effet, pour moi le court-métrage permet de tenter des choses et pas seulement de préparer son long-métrage.

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Quelles ont été tes influences pour créer ce mélange de genres ?

Mes influences ont été assez diverses, peut-être pas conciliables, mais claires dans ma tête : en quelques sortes, je voulais mélanger les frères Dardenne et David Lynch. Dans l’absolu, ce sont des réalisateurs qui m’ont vraiment marqué lorsque j’étais plus jeune, même s’ils ont des univers très différents les uns des autres. J’aime les questions sociales contemporaines inscrites dans le réel et en même temps, j’adore voir au cinéma, des images qui me font sortir de la réalité. Il y a aussi par conséquent, Lars Von Trier avec ses premiers films et plus récemment « Oslo 31 août » de Joachim Trier. Ça a été un choc pour moi de suivre le parcours du jeune homme du film, ancien drogué qui essaie de se réinsérer et qui n’y arrive pas, et de constater en même temps, les choix de mise en scène avec ce mélange de travelling et de caméra à l’épaule. J’ai été impressionné par cette liberté. De la même manière, j’avais envie à la fois de cinéma et de mélanger les différentes façons de tourner tout en étant dans la ville et dans le réel ainsi qu’en s’offrant la possibilité de s’éloigner de cette réalité pour parler de la peur de se retrouver à la rue. Après, tout ce que j’ai écrit, hormis la fin qui est plus fantasmagorique, est bel et bien réel. Les expulsions, les raisons du renvoi, les appels au 115, l’impossibilité d’être hébergé par une autre personne qui elle-même est dans la précarité : je n’ai rien inventé. A travers ce film, au lieu de tout expliquer précisément et pédagogiquement, je voulais vraiment mettre en avant des situations fragiles qui font que du jour au lendemain, on peut être amené à basculer dans ce qu’on assimile à de la phobie et à des visions.

Comment se sont déroulées les différentes étapes du film?

J’ai écrit seul. Ca a été assez rapide car j’ai sorti l’histoire d’un jet, puis je l’ai peaufinée. Katell Quillévéré (« Suzanne », « Un poison violent ») m’a donné des pistes intéressantes de même que Julie Galopin qui a été conseillère artistique sur le projet du début à la fin. Par après, j’ai contacté plusieurs sociétés de production car je n’en connaissais aucune en matière de court-métrage. Certaines se sont montrées intéressées, mais Takami a été la première à avoir réagi aussi vite. Ensuite, tout l’enjeu du film a résidé dans le passage de l’écrit à l’image, il a fallu créer une image précise pour chaque situation. L’un des enjeux principaux du film était de représenter symboliquement cette angoisse d’être à la rue et de devenir des corps échoués dans la ville. Heureusement, j’étais entouré d’une équipe collective magnifique avec qui j’ai beaucoup communiqué. On a fait un important travail de repérages en amont car on s’est aperçu que tout était à la fois possible et impossible dans chaque rue de Paris. On a ensuite rencontré un spécialiste d’effets spéciaux, Jacques-Olivier Molon, avec qui on a également pu travailler sur la mise en place des décors. Il y en a avait plus de quinze en extérieur et une seule comédienne seule face à la ville, sans échanges ni dialogues. La ville est devenue alors un personnage à part entière. On a tourné pendant dix jours très intenses dont deux réservés aux effets spéciaux durant lesquels on a commencé à 14h pour finir le lendemain à 10h du fait qu’il était extrêmement compliqué d’éclairer les rues et de rendre toutes les scènes crédibles. Comme tout réalisateur, j’aurais aimé plus de temps, à la fois pour la préparation et pour le tournage afin d’essayer plus de choses, surtout parce que j’avais fait le choix de représenter la précarité de manière onirique. C’était donc à double tranchant, je prenais le risque que ce soit complètement ridicule ou pas assez clair.

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Un jeune homme t’a inspiré pour cette histoire et pourtant, tu as choisi une comédienne, Louise Szpindel. Pour quelle raison ?

J’ai eu besoin de prendre du recul par rapport à mon expérience réelle avec ce jeune sans logement que j’avais suivi pour mon documentaire. Pourtant, dans les premières versions du scénario, il s’agissait d’un garçon et je ne voyais que celui que je connaissais. J’ai alors fait un casting pour lequel on m’a proposé des comédiens. À ce moment, j’ai eu envie de prendre plus de distance et comme je ne connaissais pas les jeunes comédiennes, Katell Quillévéré m’a suggéré Louise Szpindel. J’ai commencé à voir les films dans lesquels elle avait joué et au casting, elle m’a immédiatement impressionné. Dès le début, je me suis dit qu’elle avait ce truc que je recherchais, c’est-à-dire un mélange de fragilité et de sauvagerie, de retenue et d’explosivité possible. Quand je l’ai choisie, elle avait les cheveux longs, par après, elle les a coupéé sans m’en parler et lorsque je l’ai vue avec ce côté asexué, j’ai trouvé ça très bien car le fait d’être à la rue est quelque chose d’assez universel. Aujourd’hui en effet, il y aussi bien des hommes que des femmes sans-abri. D’ailleurs, je pense que c’est encore plus violent pour les femmes.

Peux-tu nous parler de cette sensation que créé le film, un genre de claustrophobie à l’extérieur ?

Je me rappelle d’une phrase que j’ai lue dans la rue : « On est enfermé dehors ». J’ai projeté le film dans des centres d’hébergement et j’ai été très touché par la réaction des personnes qui ont vécu cette expérience. Avec ce film, le but n’était pas vraiment de raconter une histoire dans laquelle on comprendrait tout, mais plus volontiers de proposer une expérience sensitive. D’ailleurs, à partir de la dixième minute, il n’y a plus de dialogues justement pour vivre la violence et la peur de cette situation. Par exemple, certaines personnes qui ont vécu dans la rue ont pointé dans le film ce moment où on entend le bruit des feuilles dans les arbres. J’ai eu le sentiment qu’ils étaient contents que je n’ai pas choisi une démarche documentaire ou trop proche du réel pour traiter ce sujet.

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D’où est venue l’idée d’intégrer les sans-abri à l’espace urbain ?

Je suis Niçois et je suis monté assez tardivement à Paris. Á force de voir le nombre de gens dans la rue, allongés sur le sol, je me suis dit qu’à un moment donné, ils allaient disparaître dans la ville. Après, j’ai commencé à travailler avec Nicole Charpail dans les centres d’hébergement si bien que la question des problèmes de logement, des appels répétés au 11, m’ont d’autant plus interpellé sur cette notion de disparition. Par conséquent, tout s’est imbriqué : j’ai eu envie de parler de ce jeune homme sur lequel je faisais mon documentaire en y ajoutant ma propre fantasmagorie. Ce film est donc la projection de mon propre fantasme, de ma propre peur.

Depuis juin dernier, tu es élu délégué au court-métrage de la SRF (Société des Réalisateurs de films). Quelle est ton implication en matière de court surtout que tu n’es pas celui qui en a réalisé le plus ?

En effet, je ne suis pas celui qui a réalisé le plus de courts-métrages parmi les réalisateurs de la SRF, mais ça ne réduit pas mon implication. J’ai fait un court documentaire et ce film de fiction. Je pense que je vais en faire un autre le temps de finir de développer mon long et aussi parce que je m’aperçois que j’en ai envie, tout simplement pour la pratique. Je suis impliqué au sein de la SRF depuis un an. J’ai assisté à la réunion sur la Convention Collective de juin 2013 à La Fémis justement parce que j’avais envie de m’impliquer auprès de ceux qui s’impliquent dans le cinéma et ont une influence dans ce champ. Je l’ai fait aussi parce que je souhaite aujourd’hui vivre seulement de l’écriture et de la réalisation. J’ai toujours été assez proche des prises de position de la SRF par rapport à la Quinzaine des Réalisateurs que j’ai beaucoup suivie lorsque j’étais adolescent. Je connaissais aussi Katell Quillévéré et son implication dans la création du Festival du Moyen-Métrage à Brive. En deux mots, j’aimais la démarche de la SRF. L’année dernière, j’ai donc découvert les différentes actions et positions de la SRF, et leur ai proposé simplement de participer aux réunions et aux projets, sans y être élu. Cette année, j’ai eu envie de franchir un cap et de m’investir beaucoup plus. Après, je ne pense pas que l’investissement soit lié au nombre de courts-métrages que l’on peut faire. J’ai bien sûr envie de passer au long et je travaille au développement de mon film, mais dans le fond, ce n’est pas important. Je suis sûr qu’en rencontrant et en discutant avec les forces vives du court-métrage dont Format Court fait justement partie, on pourra réfléchir à comment avancer, rendre plus visible et donner une dynamique pour défendre ce format qui est assez fragile. Il n’est pas complètement mis en danger car on y porte encore un certain respect en France mais lorsqu’on apprend que Canal + ne veut plus produire de courts qui font plus de 15 minutes, que les festivals n’acceptent pas toujours des courts trop longs ou encore qu’il faut un casting connu pour monter le budget d’un court, ça porte atteinte à ce milieu.

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Quelles sont alors les ambitions et actions à venir au sein de la SRF pour le court-métrage ?

Je ne peux pas encore parler des grands axes qu’on prendra à la SRF puisqu’on se réunit justement prochainement pour en discuter. Ce que je sais c’est que personnellement, j’ai envie de défendre le court-métrage comme un lieu où l’on tente des choses. En fait, je trouve un peu dommage que dans beaucoup de courts-métrages, on sente déjà la préparation du long. Je vois plus volontiers le court-métrage comme un endroit où l’on expérimente des choses, où l’on se sente libre. En effet, dans le court, on n’est pas censé subir les contraintes de distributeur ni d’audimat comme dans le long. Il faut donc en profiter. Ensuite, en terme de visibilité, le débat est large et compliqué, mais il faut réfléchir à comment rendre visible les courts dans de grosses salles multiplexes. MK2 a bien essayé, mais les courts projetés sont vraiment très courts et ce sont toujours les mêmes qui sont diffusés et ce ne sont pas forcément les meilleurs. Ca reste indispensable à mes yeux de se battre pour le court et de trouver des moyens d’action pour faire passer le message.

Propos recueillis par Camille Monin

Article associé : la critique du film

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C comme Ceux qui restent debout

Fiche technique

Synopsis : Sophia, une jeune femme de vingt-cinq ans, est renvoyée de son centre social. Elle se retrouve à errer, appelant sans cesse le 115, dans l’espoir d’y trouver une place. Les coups de fil se succèdent, sans succès, et petit à petit montent l’angoisse, la peur, sans cesse croissante, de se retrouver à la rue, d’être aspirée par le béton de la ville.

Genre : Fiction

Durée : 26’

Pays : France

Année : 2013

Réalisation : Jan Sitta

Scénario : Jan Sitta

Image : Tristan Tortuyaux

Montage : Antoine Rodet

Son : Grégory Le Maître

Décors : Guillaume Deviercy

Musique : Alexander Zekke

Interprétation : Louise Szpindel, Miglen Mirtchev, Chad Chenouga

Production : Takami Productions

Articles associés : l’interview du réalisateur, la critique du film

Rappel : Soirée Format Court, ce jeudi 11 septembre 2014, à 20h30 au Studio des Ursulines

Depuis près de 3 ans, nous programmons du court métrage sur grand écran au Studio des Ursulines (Paris, 5e). Ce jeudi 11 septembre 2014 marque la reprise des Soirées Format Court avec une programmation composée de cinq films repérés/primés en festival, réalisés par de talentueux jeunes auteurs européens. Nous vous invitons à assister à ce premier rendez-vous de l’année et à découvrir des films de très grande qualité dans une charmante salle art & essai.

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En pratique

Date : Jeudi 11 septembre 2014, à 20h30

► Durée de la séance : 93’

► Infos (synopsis, critiques, interviews, extraits) : ici !

► Studio des Ursulines : 10 Rue des Ursulines, 75005 Paris

► Accès : RER B Luxembourg (sortie rue de l’Abbé de l’Épée), BUS 21, 27 (Feuillantines), 38 ou 82 (Auguste Comte), 84 ou 89 (Panthéon). Métro le plus proche : Ligne 7, arrêt Censier Daubenton (mais apprêtez-vous à marcher un peu…)

Entrée : 6,50 €

► Réservations vivement recommandées : soireesformatcourt@gmail.com

Court-circuit (Arte) : Concours de séquences suédées : « Les quatre cents coups »

À l’occasion de l’exposition François Truffaut à La Cinémathèque française, Court-circuit (Arte) organise un concours de séquences suédées ouvert au grand public incitant les internautes à parodier librement une séquence mythique du film « Les quatre cents coups ».

Les 400 coups

Date limite de participation : le 5 janvier 2015.

>> Télécharger le règlement du concours
>> Télécharger la fiche d’inscription

La séquence à suéder

Les prix

« Prix ARTE » décerné par un jury composé de professionnels

Achat de la séquence pour une diffusion dans Court-circuit et programmation de la séquence à La Cinémathèque française lors d’une séance spéciale en janvier 2015.

« Prix des internautes ARTE » décerné par les Internautes

Premier prix : Un bon d’achat d’une valeur de 100 euros à valoir sur l’ensemble des produits mis en vente sur boutique.arte.tv et programmation de la séquence à La Cinémathèque française lors d’une séance spéciale en janvier 2015.

Deuxième prix : Un bon d’achat d’une valeur de 50 euros à valoir sur l’ensemble des produits mis en vente sur boutique.arte.tv et programmation de la séquence à La Cinémathèque française lors d’une séance spéciale en janvier 2015.

Reprise des soirées Format Court, jeudi 11 septembre 2014, à 20h30 au Studio des Ursulines

Après la pause estivale, les soirées Format Court redémarrent au Studio des Ursulines (Paris, 5ème). La séance de rentrée aura lieu le jeudi 11 septembre 2014, dès 20h30 et sera composée de films français, slovènes, allemands, hongrois et italiens sélectionnés et/ou primés en festival.

Programmation

Guy Moquet de Demis Herenger. Fiction, 29′, 2014, France, DCP, Baldanders Films. Sélection à la Quinzaine des Réalisateurs 2014

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Synopsis : Guy Moquet ou Guimo ou Guim’s a promis à Ticky de l’embrasser au crépuscule en plein milieu du quartier devant tout le monde. Peut-être pas si fou… mais peut-être pas si simple.

Articles associés : la critique du film, l’interview de Demis Herenger

Boles de Spela Cadez. Animation, 13′, Slovénie, Allemagne, 2013, numérique, No History, Hupe Film. En lice pour le Cartoon d’Or 2014

Synopsis : Filip, qui vit dans un quartier pauvre, rêve de devenir un écrivain célèbre et de mener une existence luxueuse dans un quartier huppé. Un jour quelqu’un frappe à la porte…

Gli Immacolati de Ronny Trocker. Animation, documentaire, 13’30 », 2013, France, DCP, Le Fresnoy. Sélectionné au Festival de Clermont-Ferrand 2014. En présence du réalisateur

Synopsis : Décembre 2011 dans une ville du nord de l’Italie. Comme chaque soir un jeune homme rentre chez lui. Il est en train de garer sa voiture, quand il découvre sa sœur de seize ans en larmes devant la porte de leur maison. Elle lui raconte que deux jeunes Roms l’ont violée brutalement..

Article associé : la critique du film

Lágy Eső de Dénes Nagy. Fiction, 28’, 2013, Hongrie, DCP VOSTF, Campfilm Production. Grand Prix du Jury court-métrage Européen au Festival d’Angers 2014

Synopsis : Dans un village de l’est de la Hongrie, Dani, un adolescent qui a grandi à l’orphelinat, tombe amoureux de sa camarade de classe. Il essaie de se rapprocher d’elle mais ses tentatives sont obscènes et grotesques. Il ne comprend pas les règles du jeu de l’amour, personne ne les lui a jamais appris.

Articles associés : la critique du film, l’interview de Dénes Nagy

Beauty de Rino Stefano Tagliafierro. Animation, 9’49 », Italie, 2014, numérique Rino Stefano Tagliafierro. Sélectionné au Festival d’Annecy 2014

Synopsis : Réflexion sur les émotions les plus fortes qui marquent notre vie, de la naissance à la mort, de l’amour à la sexualité et de la douleur à la peur. Un hommage à l’art et à sa beauté désarmante.

En pratique

Date : Jeudi 11 septembre 2014, à 20h30

► Durée de la séance : 93’

► Studio des Ursulines : 10 Rue des Ursulines, 75005 Paris

► Accès : RER B Luxembourg (sortie rue de l’Abbé de l’Épée), BUS 21, 27 (Feuillantines), 38 ou 82 (Auguste Comte), 84 ou 89 (Panthéon). Métro le plus proche : Ligne 7, arrêt Censier Daubenton (mais apprêtez-vous à marcher un peu…)

Entrée : 6,50 €

► Réservations vivement recommandées : soireesformatcourt@gmail.com

Shadow de Lorenzo Recio

Présenté en sélection internationale au festival Partie(s) de Campagne, « Shadow » a également reçu cet été les Prix du Jury Jeune et du Festival Connexion, ainsi que la mention du Jury Presse au Festival du Film Court en Plein Air de Grenoble. Le film de Lorenzo Recio emprunte les voies du récit fantastique pour faire sombrer le destin d’un timide marionnettiste vers une métaphore vertigineuse de la relation amoureuse.

D’emblée, le décalage du personnage principal avec le reste du monde nous est donné. La première scène s’ouvre sur l’écran d’un théâtre d’ombres. Le gong de la musique traditionnelle rythme les échanges des personnages qui s’exclament, le montreur d’ombres s’agite en tous sens dans l’envers du décor. Le spectacle terminé, l’illusion théâtrale se rompt en un seul contrechamps : la salle est petite, ses chaises métalliques sont vides, le silence règne. Seul un petit garçon applaudit frénétiquement et est immédiatement pressé de partir par son père gêné.

Xiao Shou est un personnage en marge, à contretemps, une « ombre sociale » (Lorenzo Recio, « Court-Circuit », 2014). Le contraste entre son univers et l’extérieur, l’antagonisme de l’ombre et la lumière soulignent son anachronisme. Son théâtre, son atelier et son appartement baignent dans un clair-obscur que ponctue le grésillement intermittent d’un néon balbutiant. Tranchant avec ces éclairages nuancés, la rue, le centre commercial et surtout l’appartement et les habits de la jeune fille dont il tombe amoureux, sont écrasés par une lumière blanche saturée, une atmosphère éthérée. Ébloui par la beauté d’Ann, le jeune homme s’y brûle littéralement les ailes. Piégé par son icône, il fonce en moto dans un panneau publicitaire électrique, fasciné par l’effigie lumineuse de ce visage croisé le jour même. Cette scène pivot flirte entre le gore et l’absurde, la peur et le grotesque. La musique lancinante et répétitive accompagne la plongée dans les eaux troubles du fantastique. Gilles Alonzo l’a composée avant même le tournage (pour des questions de résidence) et le réalisateur a pu l’utiliser comme « matériau de base » pour créer son univers.

Ombre-sur-elle

À l’image, le corps de Xiao Shou va suivre une série de métamorphoses surnaturelles jusqu’à une dématérialisation complète, un affaissement du volume en une silhouette en deux dimensions. Les effets spéciaux jouent sur différentes modifications de textures créées à partir du corps de l’acteur. Cette mutation physique se passe dans la souffrance. Elle incarne les affres de la passion, de l’aliénation amoureuse. Le jeune homme qui s’est maquillé pour dissimuler sa métamorphose voit ses peintures fondre sur son visage. Le rendez-vous galant se solde en fiasco, la dissolution de son visage liquéfié engendreant le dégoût de tous. Le numéro de clown blanc bascule en pointe tragique. La trame du récit joue des oppositions en noir et blanc, elle se tend sur un fil d’équilibriste. Le réalisme jongle avec le surnaturel, l’angoisse avec le désir. Ainsi cette très belle scène d’amour où Xiao Shou, immatériel, vient visiter la jeune fille dans son sommeil. Le corps de la femme se fait écran pour recevoir l’ombre portée de l’homme et met en relief à la fois la sensualité et le malaise par là même provoqué. Xiao Shou devient ensuite l’ombre d’Ann et trouve enfin sa place dans ce monde de lumière. Le film se termine sur un dialogue muet entre le corps féminin et l’ombre masculine dans une marche aux accents burlesques et poétiques.

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« Shadow » est un conte moderne, une réappropriation du mythe de l’androgyne où les amants composent les deux versants d’une même entité. L’homme et la femme sont pris dans une fusion indissociable, l’un devient le négatif de l’autre. Si le personnage de Xiao Shou est hors d’âge, fondamentalement incompatible à la modernité, il ne pourra exister qu’en se coulant dans son ombre. Il n’est plus qu’un creux, une absence de lumière, sa propre découpe et son manque. Et c’est en devenant l’ombre de lui-même qu’il parviendra à se transcender, à franchir ses propres barrières. De même, le théâtre d’ombres ne trouve plus son public. Il doit se réinventer, redéfinir un lieu pour ses histoires. Le conte vient alors se matérialiser dans le récit filmé en une sorte de processus de mise en abyme inversé. Il nous donne à savourer l’histoire d’Ann et Xiao Shou. Selon Lorenzo Recio, le cinéma en chinois est appelé « ombre électrique ». Il apparaît ici comme une survivance du théâtre d’ombres et de la parole contée.

Juliette Borel

Article associé : l’interview du réalisateur

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Clermont-Ferrand 2015 : les inscriptions sont ouvertes

Les inscriptions en ligne au Festival et au Marché du Court Métrage de Clermont-Ferrand 2015 (du 30 janvier au 7 février) sont accessibles sur Short Film Depot.

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COMPÉTITION INTERNATIONALE

Dates limites d’inscription des films :

– 6 juillet 2014 pour les films terminés en 2013 (après le 1er octobre 2013)
– 6 octobre 2014 pour les films réalisés en 2014

Frais d’inscription : gratuit

Conditions :

1) Film terminé après le : 1er octobre 2013
2) Durée maximale : 40 minutes
3) Origine : Tous pays sauf France
4) Format de projection au festival : fichiers DCP et Quicktime
5) Format de visionnement pour la sélection : fichier téléchargé sur www.shortfilmdepot.com

Contact : Christian Guinot

COMPÉTITION NATIONALE

Date limite d’inscription et de réception des fichiers vidéo pour visionnement : 24 octobre 2014

Frais d’inscription : gratuit

Conditions :

1) Film terminé après le : 1er novembre 2013
2) Durée maximale : 59 minutes
3) Origine : France comme pays de production principal
4) Format de projection au festival : fichiers DCP et Quicktime
5) Format de visionnement pour la sélection : fichier téléchargé sur www.shortfilmdepot.com

Contact : Nadira Ardjoun

COMPÉTITION LABO

Aucune inscription pour cette compétition puisque les films seront choisis parmi ceux inscrits aux deux compétitions ci-dessus.

Contact : Calmin Borel

MARCHE DU FILM COURT

Le fichier pour visionnement sera visible à la Vidéothèque du Marché (possibilité de remplacement par une nouvelle version pour les fichiers téléchargés jusqu’au 10 janvier 2015)

Frais d’inscription : gratuit

Conditions :

Ouvert aux films inscrits aux compétitions nationale et internationale du Festival du Court Métrage de Clermont-Ferrand 2015. Tous les films présentés à la sélection, retenus ou non pour la compétition officielle, seront répertoriés dans le catalogue du 30e Marché du Film Court. Pour que le film soit visible à la vidéothèque du Marché du Film il suffit de laisser cochée l’option « inscription Marché » lors de l’inscription en ligne.

Contact : Roger Gonin

Infos : www.clermont-filmfest.com

La demi-saison de Damien Collet

Jacques Demy n’est pas mort. Tant qu’il y aura de la pluie près d’un port, les corps des hommes et des femmes seront les ancres de l’amour et du hasard.

Mélodique précision, ce serait gâter « La demi-saison » de Damien Collet que de l’emmagasiner hâtivement dans la stricte cire de la copie d’un film de Jacques Demy. Même si les groupies des parapluies et autres comédies chères à Demy pourront s’amuser à glaner les nombreux indices qui (r)attachent « La demi-saison » à la maison de « Cherbourg » Jacques. Mais ce film-animation peut aussi être de saison pour les autres, plus étrangers à son œuvre. Car il caresse l’élixir de l’insouciance et s’affilie à une certaine mémoire du cinéma ainsi qu’à l’espoir que donnent la littérature, la poésie, la musique et la danse soit des arts et des modes d’expression désormais « ancestraux » par opposition à une certaine culture geek.

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Interprétant avec déférence du Demy, Collet – musicien et réalisateur – le modernise en donnant à son histoire les atouts des techniques actuelles. Dans ce film où la pluie est l’étincelle qui rapproche une femme et un homme dans la ville de Bruxelles, tout est réglé à la micro-goutte près, du train de l’alexandrin à la carrosserie des sons qui se transforment selon que l’on regarde le couple depuis le balcon d’un aquarium où depuis la rue. Des décors à une apparition de Yves Montand.

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Si les protagonistes principaux ont plutôt les attraits d’aujourd’hui, l’histoire de cette rencontre amoureuse pourrait avoir lieu à une époque plus ancienne, via les décors et l’atmosphère de ce film. A voir les caractéristiques de la ville et certaines silhouettes (Montand, Deneuve plus jeune, …), le temps a perdu de son autorité. Sauf peut-être après les ébats où Solange nous apprend qu’elle est moins « libre » qu’elle semble l’être : « Ça y est ! Je suis en retard. Il faut que je file car j’ai un rendez-vous à l’autre bout de la ville « .

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Avant de quitter son marin-amant pour son équivoque rendez-vous, Solange lui écrit son numéro de téléphone sur un bout de papier. « Notre » amoureux a à peine le temps de lire ce numéro que la pluie l’efface. (E)perdu, il lui faut désormais retrouver son aimée.

Commence alors pour l’homme, meilleur danseur que parleur, plus effrayé par le domicile fixe de l’amour que par celui, liquide, de la mer, une quête afin de la retrouver. Une quête patiente où semble le guetter l’éternité.

Franck Unimon

Article associé : l’interview de Damien Collet

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Ground Control, appel @ films de filles !

Le Ground Control, bar éphémère libre et curieux sous la cité de la mode et du design (Paris), recherche de jeunes réalisatrices travaillant autour de la féminité pour projeter gracieusement leurs films pendant la soirée du 31 août prochain, à l’occasion du lancement de Sunday Calling, un site internet consacré aux activités dominicales à Paris.

Si vous vous sentez concernées par l’énergie du du girl power et que vous souhaitez donner de la visibilité à vos projets, n’hésitez pas à contacter celina@sundaycalling.com et dorothee@sundaycalling.com.

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Damien Collet : « J’aime l’éclectisme et l’inventivité de Jacques Demy »

« La demi-saison » est un film d’animation de Damien Collet qui parle d’une rencontre : les prémisses d’une histoire d’amour, dans les rues de Bruxelles, sous la pluie. Dernièrement en compétition au festival Partie(s) de Campagne (Ouroux-en-Morvan), le film sera présenté ce mois-ci aux Rencontres Cinématographiques de Gindou et au Festival International du Film Nancy-Lorraine.

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Peux-tu nous raconter ton parcours ?

Je viens de Lyon où j’ai suivi une formation musicale au Conservatoire. Après le lycée, je suis parti en Belgique pour étudier le cinéma à l’INRACI, une école bruxelloise basée principalement sur l’apprentissage technique. Cela m’a permis d’appréhender les différentes spécialités du cinéma et d’acquérir un langage commun avec les techniciens, ce qui me paraît intéressant quand on essaye de diriger une équipe. J’ai eu l’occasion d’y réaliser un film de fin d’études, «  Le sens de l’orientation ».

Avec d’autres membres de ma promotion, nous avons monté une association afin de mettre au point nos propres projets, cela m’a permis de produire une fiction, « A peine », et mon film actuel, « La demi-saison ». Entre temps, j’ai fait quelques projets plus courts, notamment un film de deux minutes pour « Court-circuit », le programme d’ARTE autour du court métrage.

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« La demi-saison » est ton premier travail en animation. Peux-tu nous expliquer ce choix formel alors que le propos du film se prêtait tout autant à la fiction ?

Pour commencer, j’avais envie de faire de l’animation, tout simplement. D’autre part, j’avais commencé à écrire le scénario d’un court métrage qui se voulait un hommage ou en tout cas qui faisait référence au cinéma de Jacques Demy. Associer les deux a été une évidence à plusieurs points de vue. D’une part, l’animation me permettait beaucoup plus facilement de faire de multiples citations visuelles, de recréer des décors, des costumes, des personnages, des chorégraphies… Ça a notamment été indispensable dans la scène centrale du film, lorsque les personnages déambulent dans une ville imaginaire entièrement composée de décors de différents films de Jacques Demy.

Ensuite, le film est construit sur deux niveaux, la réalité, plutôt visuelle, et l’imaginaire, plutôt sonore. Cela me permettait d’entrée de jeu d’établir de la distance avec ce qu’on voyait à l’image et de brouiller cette frontière entre réel et imaginaire. Enfin, Jacques Demy a fait ses premiers pas dans le cinéma en bricolant de petits films d’animation dans son grenier. Il avait cette envie, alors il l’a fait. Cela me semblait rassurant et cohérent, lorsque je me suis lancé tête baissée dans une démarche similaire.

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Pourquoi cette fascination pour Jacques Demy ?

Pour sa liberté justement. J’aime la filmographie de Jacques Demy pour certains films en particulier mais surtout dans sa globalité. Il a fait des choses très différentes, des essais, des expériences, des choses folles, personnelles, qui n’ont pas toujours été bien reçues d’ailleurs. Mais de l’ensemble, se dégage en plus de la poésie et de certaines thématiques récurrentes, une grande audace. Alors bien sûr, on a essentiellement retenu de son travail son rapport à la musique et aux couleurs, mais même à l’intérieur de ça, il y a des choses très différentes. J’aime cet éclectisme et son inventivité.

Peux-tu nous expliquer la structure musicale de « La demi-saison » ?

J’accorde moi-même beaucoup d’importance à la musique dans les films, et j’aime en général les ponts entre les différentes disciplines artistiques. Comme je le disais, le travail de Jacques Demy est connu pour ses comédies musicales et surtout pour sa collaboration avec Michel Legrand. Il fallait que le film s’ancre là-dedans. Mais le film n’est pas fait pour être vu uniquement par des fans de ce cinéma-là. Au contraire, le but du film est que le spectateur ne puisse voir aucune des références à Jacques Demy, mais de voir une histoire d’amour et, je l’espère, de la poésie. J’ai donc essayé de faire un film musical, mais pas forcément une comédie musicale. La comédie musicale est une citation, au même niveau que le reste des références.

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Du coup, la seule phrase chantée est celle qui donne le titre au film et le passage chorégraphié n’est pas une parenthèse, comme c’est le cas dans de nombreuses comédies musicales, mais fait partie de la narration.

L’idée était plus de travailler la musique un peu a la manière de « Pierre et le Loup ». Utiliser les cordes pour le personnage féminin, les cuivres pour le personnage masculin, et mélanger les deux lorsqu’ils se rencontrent. Une autre manière de raconter l’histoire, qui permet de relier les deux niveaux de réalité dont je parlais.

Quelle importance revêt le dialogue en alexandrin ? Est-ce qu’il fait simplement référence aux codes classiques de la comédie musicale ?

L’idée vient d’une séquence des « Demoiselle de Rochefort ». Le film alterne les séquences parlées et chantées, et d’un coup, au milieu du film, sans raison apparente, les personnages disent leurs alexandrins sans les chanter. Cela donne l’impression très curieuse d’être à la jonction entre la réalité et l’idéalisation de la réalité. Ça fait écho au propos du film : il ne tient qu’à nous de basculer de l’autre côté, d’idéaliser notre vie et d’en faire une comédie musicale. J’ai essayé de reproduire cet effet d’écriture. Les alexandrins donnent une distance par rapport a ce qui est raconté. De la même façon que l’animation donne du recul à la réalité de l’image, l’alexandrin en donne à la voix off du narrateur.

Par ailleurs, les alexandrins donnent d’emblée au texte un côté très écrit, cela permet d’accepter plus facilement le jeu sur le sens des mots et leur sonorité. Je trouvais ce jeu avec la langue important à travailler puisque que c’est cette voix off qui nous fait partir dans l’imaginaire. Après, bien sûr, le procédé est justifié par la narration, il fait partie intégrante de l’histoire.

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Comment gère-t-on la réalisation quand on s’occupe de l’animation et de la musique de son propre film ?

C’était juste plus simple sur ce projet vu que j’avais envie de jouer sur des références autant dans le son qu’à l’image et que la construction musicale était partie prenante dès l’écriture du scénario. Il me semblait plus compliqué de communiquer mes envies à une tierce personne que de le faire moi-même. Mais la bande son ne se résume pas à la musique. Il y a beaucoup de travail sur le montage son que je n’ai pas fait moi-même. Le monteur son Julien Mizac a justement dû composer avec l’omniprésence de la musique et recréer un univers sonore complet, ce qui n’était pas forcement facile. La seule chose qui change quand on a plusieurs casquettes, c’est la longueur du projet. Forcement, ça prend plus de temps et il faut tenir la distance.

Que penses-tu d’un festival comme Partie(s) de Campagne ?

C’est un festival que j’aime beaucoup, j’ai eu l’occasion d’être présent à plusieurs éditions, pour présenter un film ou juste pour le plaisir. Je pense qu’il est important pour la carrière d’un film d’être projeté dans de grands festivals renommés pour qu’ils soient vus par des acheteurs, des programmateurs; ces grands festivals sont des endroits privilégiés pour les rencontres professionnelles. En contrepartie, c’est très intéressant pour un réalisateur d’être projeté dans un festival comme Partie(s) de Campagne, un festival à taille humaine.

On a peu d’occasions de rencontrer autant les spectateurs : c’est tout un village qui vit au rythme du cinéma pendant quelques jours.  Les rencontres se font dans le jardin, chez l’habitant, très simplement, ou on surprend des conversations à propos des films autour d’un café sur la place du village, dans la rue, entre deux lieux de projections. C’est aussi ça la force de ce festival : le cinéma prend possession d’espaces très différents, dans les granges, en plein air, dans les bois, avec les animations de rue. C’est l’occasion de voir les multiples formes que peut prendre le cinéma, via la compétition de courts métrages bien sûr, mais aussi avec les ateliers d’enfants qui font les bandes annonces du festival, les passionnés qui travaillent tout au long de l’année pour nous présenter de vieilles pellicules oubliées.

Quels sont tes projets ?

Je suis en train de finir un nouveau court métrage d’animation autour du monde de la peinture. Les personnages principaux sont les œuvres elles-mêmes qui aimeraient s’affranchir des musées. Ensuite, je ne sais pas encore ce qui avancera le plus vite, un scénario de fiction ou d’animation. Je manque de temps, pas de projets…

Propos recueillis par Juliette Borel, Adi Chesson et Marie Bergeret

Articles associé : la critique du film

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D comme La demi-saison

Fiche technique

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Synopsis : Quand Solange décroche le téléphone, Mathieu fait le récit de leur rencontre furtive, avec certes un rien de fantaisie. Il voulait la revoir, elle voulait un peu de poésie. Jacques Demy lui aurait dit : «Tu la retrouveras, car tu sais qu’elle existe ».

Genre : Animation

Pays : Belgique

Durée : 11’50 »

Année : 2014

Scénario /Animation / Musique : Damien collet

Voix : Simon Duprez, Christelle Cornil, Dominique Laroche, Ondine Levrau, Hélène Many

Chorégraphie : Claire Croizé et Denis Robert

Violon : Déborah Devreux

Violoncelle : Aubin Denimal

Trompette : Sander Kintaert

Bruitages : Elias Vervecken

Montage son : Julien Mizac – Chocolat Noisette

Mixage : Philippe Charbonnel

Production : Lentillebioptique

Article associé : la critique du film, l’interview de Damien Collet

Festival International du Court métrage de Tiznit (Maroc), appel à films

Le Festival International du Court métrage de Tiznit (Maroc) ouvre l’inscription des films à sa 5ème édition (1-4 mars 2015), jusqu’au 30 septembre 2014.

Depuis 2011, cette manifestation se veut un rendez-vous des cinématographies du monde au Maroc. Le festival a pour vocation d’amener au public marocain et aux invités des films qui n’ont quasiment pas d’autre occasion d’être projetés dans le pays. L’ambition du festival est aussi de favoriser la diffusion d’un cinéma exigeant, ouvert sur le monde et de nourrir le désir de cinéma du public marocain.

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Conditions

– L’inscription est gratuite
– Les films ne doivent pas dépasser 30 minutes
– Le thème est libre
– Les participants peuvent présenter plus d’un film

Pour que l’inscription soit effective, la copie DVD doit être accompagnée par :

*le formulaire et le règlement d’inscription signé (5 pages)
* un CD de données contenant les photos et l’affiche du film, et la photo du réalisateur

Pour plus de renseignements : jamal.direction.festival@gmail.com