Dans le cochon tout est bon de Iris Alexandre

Au Fidec cette année, se trouvait une pléthore d’animations en compétition nationale et internationale, montrant que celles-ci occupent une place importante dans l’enseignement cinématographique. Dans ce cadre – et la plupart de films présentés au festival en témoignent – il n’est pas inhabituel que le genre animé serve principalement à démontrer un travail technique, aux dépens du sujet qui, lui, est réduit à un simple prétexte narratif à des fins purement formelles. Il est rafraichissant alors, de voir un film qui renverse ce constat, qui montre un sujet délicat avec respect à l’aide des facultés à la fois représentative et symbolique de l’animation. Tel est le cas de « Dans le Cochon tout est bon » d’Iris Alexandre (La Cambre, Belgique).

Se basant sur l’idée de la transformation au lieu de la création ou la destruction de la matière, Iris Alexandre montre, par le biais de l’animation en volume, la métamorphose d’un cochon, passant d’un être vivant à la source d’un repas infini. Sang, os, morceaux de chair s’intègrent tous dans les rangs du festin avec une discipline digne d’un restaurant 3 étoiles. Un acte plutôt brutal et, indépendamment de son utilité sociale, peu humain, s’enjolive en une chorégraphie de formes et de couleurs gracieuses. Procédant par contraste, Alexandre détermine une structure narrative ingénieuse. Au début de son récit, entre le plan emblème du film montrant la répartition gastronomique de la bête en pâte à modeler et le reste de l’animation, la réalisatrice intercale une image filmée, celle d’un vrai cochon abattu et égorgé. Le cri poussé par l’animal massacré symbolise l’exception à l’adage dont fait référence le titre. Ainsi, Alexandre dose bien ironie et réprobation tout en évitant tout côté moral. La partition originale de Michel Capelier fait écho à cet équilibre en se balançant elle-même entre ironie et charge émotionnelle.

Loin de la lourdeur écœurante et (trop puissante) du « Sang des bêtes » de Georges Franju, de la froideur clinique de « Avaca » de Gustavo Rosa De Moura, ou encore de l’humour ludique et sardonique de « The Cow Who Wanted to Be a Hamburger » de Bill Plympton, le message est ici plus digeste mais reste néanmoins pertinent et, à sa propre manière, efficace.

Adi Chesson

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