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H comme Helix Aspersa

Fiche technique

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 Synopsis : Un père et ses deux filles se rendent dans une décharge forestière, à la recherche de matériaux à récupérer. Ils vont être chacun à leur tour confrontés aux dangers qui imprègnent la forêt.

Genre : Fiction

Durée : 20’

Pays : France

Année : 2014

Réalisation : Grégoire Graesslin

Scénario : Grégoire Graesslin

Image : Lazare Pedron

Montage : Angelos Angelidis

Son : Antoine Bourdain

Interprétation : Jitka Grekova, Zinedine Benchenine, Audrey Bastien, Solène Rigot, Patrick Descamps

Production : Les Films de la Capitaine

Article associé : l’interview de Grégoire Graesslin

Grégoire Graesslin : « Ce qui me plaît dans le cinéma, c’est prendre des coudes, des virages, partir complètement à l’opposé de ce à quoi on s’attend »

Présenté récemment au Festival Côté Court de Pantin en sélection Panorama, le film « Helix Aspersa » de Grégoire Graesslin suit un père et ses deux filles se rendant dans une décharge forestière pour faire de la récupération. Cette cellule familiale déjà fragilisée va être alors confrontée aux dangers que renferme la forêt. Pour en savoir plus sur ce court métrage ambitieux et mystérieux, nous avons interrogé son réalisateur qui s’est prêté avec plaisir au jeu des questions-réponses.

Grégoire Graesslin

Peux-tu nous parler de tes œuvres précédentes ? Est-ce que ton nouveau film s’inscrit dans une sorte de continuité ?

Mon premier court métrage date de 2006, il s’appelle « Coquelicot », c’est un film de 20 minutes, tourné dans les Ardennes, en mini DV à l’époque. Ce fut une expérience d’apprentissage très formatrice.

Ensuite, j’ai réalisé en 2008, « Entre ses doigts » pour lequel nous avons eu une subvention de région, donc un peu plus de budget, avec toujours cette envie de tourner dans les Ardennes. Plusieurs similitudes se retrouvent dans les deux films, notamment dans les décors de forêt, les grandes routes désertiques, les personnages un peu paumés, l’ambiance « de nature ».

En signant ce nouveau film, « Helix Aspersa », presque 6 ans plus tard, je me suis aperçu que je retrouvais des réflexes de mise en scène que j’avais eus sur ces précédentes oeuvres dans la façon dont j’avais de travailler mon découpage, de concevoir mes plans en captant les visages, dans mon style de réalisation en général, avec ces plans de suivi de dos, en caméra portée, en laissant les personnages respirer. Il y a aussi plusieurs obsessions et thématiques que je continue de creuser de film en film.

Comment est venue l’envie d’écrire « Helix Aspersa » ?

Cela m’est venu par le biais de deux images associées entre elles. L’une s’est présentée sous la forme de la fuite éperdue d’une femme dans une forêt, condamnée à se voir toujours rattrapée. Cela m’a été inspiré d’un fait divers particulièrement horrible qui s’est déroulé vers Rambouillet. L’autre, c’est un flash qui m’est venu, sous la forme de deux adolescentes qui marchent difficilement dans un paysage enneigé, en parka, avec de nombreux bruits oppressants autour d’elles. L’association de ces deux images fortes a déclenché l’envie de trouver une histoire concordante qui puisse me permettre de coucher ces sentiments sur papier.

Ce nouveau film se présente à la fois comme une tranche de vie sous la forme d’une chronique sociale adolescente, mais aussi comme une « fable naturaliste », pleine de mystères et de non-dits. Peux-tu nous en dire plus ?

Beaucoup d’éléments du film relèvent de la chronique sociale : la famille qui vient faire de la récupération dans une décharge en pleine forêt, les garçons en scooter zonant dans ce même lieu. L’idée était de perturber ce quotidien établi en y intégrant quelque chose d’étrange et de fantastique, voire carrément d’y créer un suspense. Le cadre de la forêt est un élément très présent dans mon travail, c’est synonyme de mystère, un élément presque maléfique. Cela me plaît beaucoup, l’irruption du fantastique qui fait déborder le fait divers, qui se « répand autour ».

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« Helix Aspersa » est le nom d’une espèce d’escargots, quelle est la signification derrière ce titre ?

Dans un premier temps, j’avais besoin que la forêt et tout le côté naturel prennent place dans l’esprit des spectateurs, qu’ils soient présents, qu’ils rentrent dans le cadre en quelque sorte. Du coup, dans les premières versions du scénario, j’avais intégré des sangliers, des bruits de forêt, mais je ne souhaitais pas montrer tout cela, donc j’ai pensé à l’escargot qui pouvait rentrer dans le cadre de façon assez justifiée, naturelle. Il y avait sa lenteur et ce rappel à la nature, qui, lentement, « se répand ». J’aime aussi le fait que les escargots soient présents avec les trois personnages féminins, parce que c’est un film de femmes avec des problématiques propres à chacune d’entre elles. Ils prennent possession de leurs corps et se déplacent sur leur peau.

Par ailleurs, l’escargot, à l’instar du personnage du père, est un animal qui se recroqueville et rentre dans sa coquille quand il y a du danger. Cette symbolique m’intéressait, à savoir revenir vers ses propres ressources, sa propre nature, ses propres instincts. Enfin, j’aime bien le mouvement de l’animal, le côté étrange et visqueux du gastéropode.

J’ai l’impression que tu développes une certaine fascination pour la forêt en tant qu’élément à part entière. Est-ce que je me trompe ?

C’est parce que je suis originaire de là en quelque sorte. Je viens des Ardennes, j’ai passé beaucoup de temps en forêt. Le film, j’ai commencé à l’écrire sur une souche d’arbre. C’est un endroit qui me fascine et qui me terrorise en même temps, je m’y suis déjà perdu plusieurs fois. Pour moi, en forêt, on retourne à un état de « non civilisation », on redevient un animal. Les sens sont à la fois perturbés et exacerbés, en communion avec la nature.

L’aspect très cinématographique de la forêt vient aussi de l’image véhiculée par tout un pan du cinéma américain, comme par exemple les films de Terrence Malick, Deer Hunter ou encore tous les films d’horreur du style «  Projet Blair Witch », il y a une préconception sur comment filmer la forêt. Je suis arrivé avec ces idées préconçues et j’ai essayé de faire les choses différemment. Par exemple, au lieu d’utiliser des bruits d’oiseaux comme on en entend dans tous les films en forêt, nous avons décidé de ne pas en mettre et de créer, par ce manque, une sensation de danger.

Il me semble que dans l’esprit des Américains, la forêt est objet de peur, quelque chose de primitif, d’ancestral. Cela peut s’expliquer par le simple fait que ce lieu soit associé inconsciemment aux Indiens et aux massacres perpétrés au nom de la « civilisation ». C’est l’inconnu en quelque sorte, la partie qu’ils ne sont pas arrivés à mettre entièrement sous leur coupe. En forêt, tout ce qui vient de la ville, tout ce qui est moderne, se révèle très inquiétant finalement, comme si ces éléments n’étaient pas à leur place.

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Peux-tu nous parler des différentes thématiques du film (l’adolescence, le cocon familial, les rapports entre générations…) ?

Dans un premier temps, je souhaitais parler du conflit intergénérationnel en décrivant une figure de père descendu de son piédestal, déchu en quelque sorte. Un père dont ses filles profitent dans son dos, et alors qu’elles l’accompagnent en forêt par obligation familiale, elles s’adonnent à tout autre chose. Le père possède une atèle, ce qui caractérise sa faiblesse, c’est une bête blessée, un vieux phoenix qui a perdu son rayonnement. On peut imaginer qu’il s‘occupe de ses filles tout seul et il sent que ses gamines lui échappent et pour lui, tout devient difficile, physiquement et psychologiquement.

En plus de ce conflit générationnel, nous avons voulu explorer trois rapports hommes-femmes ambigus. Il y a une des deux filles qui est en mode joueuse, elle aguiche les mecs et les provoque. Elle connait son pouvoir de séduction, elle leur lance des regards plutôt langoureux, mais ne dépasse pas une certain limite.

Puis, il y a l’autre fille qui est là pour retrouver son amoureux après une partie de cache-cache, on sent que le garçon voudrait aller plus loin, mais elle ne veut pas, elle aussi impose une limite.

Enfin, il y a l’histoire entre le père et une jeune fille captive qu’il découvre par hasard en explorant une voiture abandonnée. En tombant nez-à-nez avec elle, il prend conscience du danger qui l’entoure et se demande où se trouvent ses filles dans la forêt pour les ramener à la voiture le plus vite possible. Il devient anxieux et les cherche désespérément alors qu’elles se complaisent toujours dans une sorte de frivolité et d’insouciance.

On peut se demander si le personnage de la jeune fille captive existe vraiment, si ce n’est pas plutôt un fantôme, une chimère qui fait prendre conscience au père assez brutalement que ses filles ont grandi et que le rapport entre eux n’est plus du tout le même.

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« Helix Aspersa » semble posséder son propre fonctionnement, plutôt hermétique par moments. As-tu cherché délibérément à perdre ton spectateur dans quelque chose d’abstrait, de l’ordre du ressenti, de l’inexpliqué ?

J’aime effectivement partir complètement à l’opposé de la logique narrative, je préfère raconter les choses différemment, en prenant des virages et en créant des leurres. L’idée est d’installer le spectateur dans un confort, puis de le surprendre en modifiant ses habitudes. Cela peut se jouer au niveau du montage, en allongeant les plans exprès ou en ne respectant pas du tout certaines logiques d’enchaînement. Le seul écueil à éviter est que cela fasse trop effet de style.

Il y a également le refus de résoudre certaines choses, cela frustre d’ailleurs beaucoup les spectateurs. Je crois que nous ne sommes pas obligés de donner toutes les explications d’un film, que l’on peut laisser certains éléments dans le vague, cela permet de garder l’histoire à l’esprit, de maintenir une sorte de saveur. Cela ne me dérange pas de laisser des questions en suspens et certains personnages dans le fossé, là où cela se passe pour moi, c’est plus dans le ressenti et l’ambiance générale. J’aime entretenir des moments de mystère.

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On sent que de film en film, ton univers se développe dans le but de raconter quelque chose de plus grand. Travailles-tu sur un projet de long métrage qui serait dans la continuité de ces thèmes ?

Je travaille sur plusieurs projets, notamment sur un projet de long métrage avec l’aide de Laurine Pelassy, la productrice de « Helix Aspersa », au sein de la structure Les Films de la Capitaine, qui reprend encore une fois des thématiques adolescentes, et surtout le conflit générationnel père-fils. Cela se passe en Haute Marne, dans des prairies de campagne, et m’a été inspiré d’un fait divers qui s’est déroulé en 2006 dans lequel tout un village, toutes générations confondues, a été arrêté un matin par le GIGN.

Il s’est avéré que ce village, depuis plusieurs années, était la plaque tournante d’un trafic de drogue et que tous les gens du village y participaient. Le point de départ est l’incendie de la scierie qui employait tout le monde et qui a laissé les villageois sur la paille. Deux jeunes du village ont commencé alors à ramener de l’argent en faisant du trafic, et ont eu soudain plus d’argent que leurs parents. Ils ont donc pris le pouvoir naturellement. Ce qui m’intéresse, c’est d’avoir d’un côté la génération des parents qui est forcée de se mettre au trafic pour survivre, et de l’autre côté cette génération d’adolescents qui prent l’ascendance sur tout le monde. Je souhaite réaliser un film sur l’héritage, sur ce qu’on laisse à ses enfants quand de son côté, on ne possède rien.

Propos recueillis par Julien Savès

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La Femme à Cordes de Vladimir Mavounia-Kouka

Animation, 15’, 2010, France, Caïmans Productions

Synopsis : Sébastien, jeune homme d’une vingtaine d’années, entre dans un petit théâtre sur les conseils d’un inconnu. L’homme l’invite à regarder son show. Ce dernier s’amuse à malmener une femme devant un parterre médusé. Sébastien s’interpose, sans connaître les règles du jeu.

Sur une musique envoûtante de Rone, « La Femme à cordes » de Vladimir Mavounia-Kouka (« À Feu », « La Bête »), nous invite à plonger dans un monde intriguant, obsessionnel et sensuel. Un univers de faux-semblants, repu de symboles, dans lequel le jeu, l’amour et la douleur se retrouvent étroitement liés par des « fils » inextricables. Le film séduit d’autant plus par l’usage virtuose des techniques de la rotoscopie, avec lequel Vladimir donne vie à ses visions fantastiques, en retouchant avec minutie des images réelles. C’est un conte sombre et d’une grande beauté, qui explore les rapports de domination et de possession, une sorte de variation moderne du réalisme poétique cher à Marcel Carné.

Julien Savès

Le Skate moderne d’Antoine Besse

La pratique du skateboard renvoie assez naturellement aux rampes et autres obstacles tels des trottoirs, des tubes, des escaliers repérables dans les grandes villes, peut-être aussi à des graffitis, assurément à du béton et aux sons urbains.

Antoine Besse, réalisateur du film « Le Skate moderne », Prix Format Court et Grand Prix ex-aequo (avec « La lampe au beurre de yak » de Hu Wei) au Festival de Grenoble, nous montre que le skate s’est fait aussi une place dans les milieux ruraux. Il a suivi le quotidien d’une bande de jeunes en Dordogne pour qui cette pratique est devenue une raison de vivre, un moyen de remédier à l’ennui en s’influençant des cultures citadines. L’un d’entre eux le dit d’ailleurs : « faut bien qu’on fasse quelque chose ».

Ce documentaire ne dure que six minutes et pourtant, il saisit complètement son spectateur tant par l’originalité du sujet que par la manière dont le réalisateur axe sa vision et sa narration. Il alterne des plans de skateurs filmés comme dans un clip ou un ballet avec des regards face caméra dont les propos sont superposés en voix off.

Les images de glisse sont sublimées par l’utilisation de travellings et de ralentis rythmés par de la musique classique. On note également un travail précis sur la lumière permettant de reconstituer au mieux l’ensoleillement des champs en fin de journée ou cette brume matinale qu’on ne voit que dans les campagnes. La nature est belle, tranquille et les skateurs apparaissent alors comme des chevaliers des temps modernes sortis de nulle part.

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Dans son film, Antoine Besse donne la parole à des familles qu’il connaît, des paysans et des fermiers voisins. Les plans sont figés sur leurs visages immobiles, expressifs, cadrés dans leurs cuisines. Leurs regards reflètent à la fois la dureté du travail rural et le trouble d’exprimer leurs pensées. À l’évidence, on pense à Raymond Depardon et tout particulièrement à son film « La Vie moderne », non seulement parce que le réalisateur se penche sur le quotidien de personnes en milieu rural, mais aussi et surtout parce qu’il créé ici un vrai documentaire de par son esthétique, évitant au passage tout misérabilisme qu’on attribue trop souvent à la vie paysanne. On se plaît alors à imaginer que les jeunes qu’il suit ici, sont les enfants des « profils paysans » de Depardon, tout comme Antoine Besse lui-même tel un fils, s’inspire de l’œuvre du père documentariste.

Antoine Besse signe par conséquent un film extrêmement lyrique sur une pratique et un milieu qui n’évoque pas habituellement la délicatesse. Il révèle ainsi un lien plutôt méconnu entre la ville et la campagne. Le skate est bel et bien la discipline de ceux qui savent réinventer leur espace, quel qu’il soit.

Camille Monin

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Article associé : l’interview du réalisateur

S comme Le Skate moderne

Fiche technique

Synopsis : Loin des lignes classiques au « fisheye », des spots de béton lisses et parfaits, « le skate moderne » nous présente un groupe de skaters qui n’hésitent pas à mettre leurs boards dans la boue et rouler sur un environnement insolite et atypique, celui de nos campagnes.

Genre : Documentaire, fiction

Durée : 6’43’’

Pays : France

Année : 2013

Réalisation : Antoine Besse

Scénario : Antoine Besse

Image : Antoine Besse, Romain Campet, Inès Tabarin

Montage : Mathieu Staub

Son : Pierre Ravoyard

Musique : Gabriel Fauré

Interprétation : Benjamin André-Thant, Pierre Bonami, Daniel Bonami, Alex Serer, Florent Pomier, Jérémy Potard, Loan Mak, Mathias Serieys, Cédric Dubreuil et Yoris Couegnoux

Production : KloudBox Production

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Les 5 films en lice pour le Cartoon d’Or 2014

Cinq films sont en lice pour le Cartoon d’Or 2014, prix du meilleur court métrage d’animation européen. La cérémonie de remise de prix aura lieu le jeudi 25 septembre à Toulouse lors du Cartoon Forum, la plate-forme de coproduction pour les séries d’animation.

Les cinq films finalistes sont les suivants :

– Boles, Spela Cadez, Slovénie / Allemagne, 13’ (No History / Hupe Film)

– La bûche de Noël, Stéphane Aubier & Vincent Patar, Belgique / France, 26’ (PANIQUE! / Autour de Minuit)

La petite casserole d’Anatole, Eric Montchaud, France, 5’47 (JPL Films)

Mademoiselle Kiki et les Montparnos, Amélie Harrault, France, 14’ 27 (Les Trois Ours)

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– Mr Hublot, Laurent Witz & Alexandre Espigares, Luxembourg / France, 11’48 (Zeilt Productions)

Le jury du Cartoon d’Or 2014, composé du producteur Eric Goossens (Walking the Dog, Belgique), du réalisateur/producteur Tony Loeser (MotionWorks, Allemagne) et du réalisateur Benjamin Renner (France), a sélectionné les finalistes parmi près de 30 courts métrages primés aux festivals d’animation européens, partenaires de CARTOON.

La 25e édition du Cartoon d’Or se déroulera du 23 au 26 septembre 2014 à Toulouse, Midi-Pyrénées. Le nom du vainqueur sera dévoilé à l’issue de la cérémonie de remise de prix du Cartoon d’Or, le lauréat remportera une aide financière de 10 000 EUR grâce au soutien de Europe Créative – MEDIA.

Format Court dans Côté Cinéma

Après la pause estivale, les projections Format Court reprendront à la rentrée, le jeudi 11 septembre 2014, à 20h30, au Studio des Ursulines (Paris, 5e). La revue Côté Cinéma, via la plume d’Amandine Fournier, a consacré un article à nos séances, retrouvez-le en ligne.
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Carte blanche Format Court au festival Courtscourts

Du jeudi 24 au samedi 26 juillet 2014 aura lieu le 5ème festival CourtsCourts, à Tourtour, dans le Var. Deux membres de notre équipe feront partie du Jury (Katia Bayer, Zoé Libault) et présenteront une carte blanche Format Court le soir de la remise des prix, samedi 26 juillet 2014, à 21h. L’occasion de mettre en lumière  la jeune création française et européenne à travers un programme éclectique de courts métrages repérés et primés en festival.

Programmation

Dripped de Léo Verrier.  Animation, France,  8′, 2010, Chez Eddy. Prix du meilleur film d’animation au Festival du film francophone d’Angoulême 2012

Synopsis : New York, 1950. Passionné de peinture, Jack écume les musées à longueur de journée. Il y vole des tableaux qu’il cache ensuite chez lui pour…

Articles associés : la critique du film, l’interview de Léo Verrier

Aïssa de Clément Tréhin-Lalanne. Fiction, France, 8′, 2014, Takami Productions. Mention spéciale au Festival de Cannes 2014

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Synopsis : Aïssa est congolaise. Elle est en situation irrégulière sur le territoire français. Elle dit avoir moins de dix-huit ans, mais les autorités la croient majeure. Afin de déterminer si elle est expulsable, un médecin va examiner son anatomie.

Article associé : la critique du film

Les Petits cailloux de Chloé Mazlo. Animation, 15′, France, 2014, Les films sauvages. Sélection Prix uniFrance du court-métrage 2014

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Synopsis : Chloé est une jeune femme qui mène une vie légère et heureuse, se laissant porter joyeusement par les choses de la vie. Mais une souffrance physique viscérale la fait ployer peu à peu, perturbant sa vie quotidienne insouciante.

Misterio de Chema García Ibarra. Fiction, 11’30’’, Espagne, autoproduction. Prix Format Court au Festival de Brest 2013, en sélection au Festival de Berlin 2013

Synopsis : On dit qu’en collant son oreille sur sa nuque, on entend parler la Vierge.

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Dans le cochon, tout est bon d’Iris Alexandre. Animation, 4’44’’, Belgique, Atelier de Production de la Cambre

Synopsis : Du cochon vivant au banquet de cochonnailles, rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme.

Article associé : la critique du film

(T.I.A) THIS IS AFRICA de Matthieu Maunier-Rossi. Documentaire, fiction, 7’15’’, France, République du Congo, auto-production. Mention spéciale Format Court au Festival de Grenoble 2014

Synopsis : Les rues populaires et les marchés de Brazzaville… Aïpeur Foundou y danse, au milieu de tous. « Quand on danse, on ne peut pas tricher ». C’est une forme de liberté.

Tune for two de Gunnar A.K Järvstad

Fiction,  2’40 », Suède, 2011

Synopsis : L’exécution d’un homme prend une tournure plutôt inattendue.

Simple, court et suédois, ce court métrage de moins de trois minutes est un concentré d’humour noir tout à fait rafraîchissant. Projeté aux quatre coins du globe dans de nombreux festivals, le film de Gunnar A.K Järvstad a été vu plus de 40 millions de fois sur internet. Son nouveau court-métrage, « Best man », qui a fait il y a quelques mois sa première européenne sera – on l’espère – du même acabit !

Julien Beaunay

Festival national du film d’animation de Bruz, appel à films

Le Festival national du film d’animation, créé en 1983 par l’Association française du cinéma d’animation, est la vitrine annuelle de la production française contemporaine. Il se déroule à Bruz-Rennes Métropole depuis 2010. La prochaine édition aura lieu du 8 au 14 décembre 2014 et son appel à films est ouvert. La date limite d’inscription des films est fixée au 1er septembre 2014.

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Les inscriptions se font en ligne sur la plateforme d’inscription : www.filmfestplatform.com.

La compétition (dotée) comprend deux catégories : les  courts métrages professionnels et les films de fin d’études

La sélection nationale hors compétition comprend deux catégories : les films de commandes et les films d’ateliers

Télécharger le règlement 2014

Infos : www.festival-film-animation.fr, films@afca.asso.fr

Côté Court 2014, morceaux choisis

Au festival Côté Court de Pantin, le programme 5 de la compétition fiction regroupait quatre courts métrages réunis a priori pour leur propension à inscrire leurs récits dans le cadre champêtre de la province française. Des volutes brumeuses enveloppant les pics des montagnes filmées en plans larges (récurrents dans les films de la sélection) aux enceintes des petits villages chargés de folklore et de légendes, la province filmée par les cinéastes de ce programme se faisait le berceau des rêves, des révoltes ou des miracles.

Devenu quasiment un sous-genre dans la production de courts métrages français, le film-province ou film-de-campagne invite ses personnages à partir en quête d’exils, d’aventures, à emprunter des chemins escarpés pour revenir aux sources. Si les films composant cette sélection ne dérogent sensiblement pas à cette règle du genre, ils invitent néanmoins à prolonger cette réflexion et à l’étendre au processus même de fabrication : comment les auteurs de ces courts métrages appréhendent leurs récits, les possibilités de la fiction et ses glissements de terrains, aussi bien narratifs que formels ?

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Le premier film du programme, « Au vent » réalisé par Vincent Tricon, ancien étudiant en montage à la Fémis, constitue une belle entrée en matière. Le jeune cinéaste a exhumé de sa banque d’images les rushs d’un précédent projet mené au sein de l’école et a entrepris de les monter, composant ainsi un étrange court métrage dont le résultat relève d’avantage de l’essai que de la fiction pure.

Le film s’ouvre sur des plans aériens rasant des décors de plaines tandis que s’inscrivent à l’écran quelques sous-titres posant sommairement le cadre de l’action : un jeune homme se remémore un hiver passé à la campagne en compagnie de sa sœur et de leur meilleur ami, l’intimité qu’ils partagèrent et l’instant de bascule qui troubla cette douce harmonie. La narration éclatée procède par une irruption de flashs impressionnistes pour constituer un semblant de cadre, quelques repaires donnés par l’agencement de courtes scènes de vie (jeux dans la nature, confidences échangées à une terrasse de café) en un fil narratif très ténu.

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Ces partis pris formels – que l’on imagine aussi bien imposés par la matière dont disposait le cinéaste que par ses intuitions au moment du montage – déplacent l’intérêt du film en réduisant les enjeux du récit de fiction au strict minimum, les figures se mouvant sur l’écran ayant à peine le temps de devenir des personnages. Le film tire sa force et sa singularité de sa capacité à accueillir des images de natures diverses, à faire surgir dans son montage des instantanés a priori déconnectés du récit. Ainsi, lorsque s’insère dans la narration un plan large filmant un troupeau de moutons tournant leur regard vers l’objectif de la caméra, l’on est saisi par la beauté du plan et convaincu qu’il a parfaitement sa place. Les images glanées par Vincent Tricon portent en elles le souvenir d’un tournage peut-être plus émouvant que la fiction recomposée.

Le prologue de « Madeleine et les deux apaches », projeté en quatrième position du programme, semble répondre au film de Vincent Tricon. Un montage de rushes filmés en vidéo restitue la journée d’une famille en vacance, moment saisi par la Madeleine du titre, étrange grand-mère bienveillante dont la seule présence passe par la voix douce et reconnaissable entre toutes de la comédienne Marie Rivière. La caméra s’attarde longuement sur Myrtille, la petite-fille de Madeleine dont elle enregistre les jeux d’enfants qui sont autant de signes annonçant le récit de fiction à venir (le costume d’indien qu’elle enfile, le titre de variété qu’elle chante à capella). Vers la fin du prologue, Myrtille demande à sa grand-mère : « Pourquoi tu ne regardes jamais les images que tu filmes ? Comme cela, tu saurais si ce que tu as filmé est beau !». Cette réflexion contient en germe la principale question que pose le cinéma de Christelle Lheureux : à quel moment décide-t-on de croire à ce que l’on voit, de faire aveuglément confiance à notre seul regard, que l’on soit créateur ou spectateur ?

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Passé ce très beau prologue, certainement la partie la plus émouvante du film, Lheureux développe une fiction et filme Myrtille devenue adulte, incarnée par Clémentine Beaugrand. Celle-ci confie, au réveil, un rêve qu’elle vient de faire à son amoureux (Thomas Blanchard). Le récit du film prend alors la forme d’une promenade dans l’univers onirique de Myrtille où elle guide son amoureux et le spectateur à travers différents décors, remontant le fil de sa mémoire et composant progressivement un portrait de l’énigmatique Madeleine. Ce dispositif permet à la cinéaste de procéder elle aussi par digressions pour construire son récit, reproduisant ainsi la forme décousue que prennent les rêves.

Si dans « La Maladie blanche », le précédent opus de Lheureux (lauréate du Prix Format Court au Festival de Vendôme en 2012), nous suivions un sanglier jusque dans une grotte où la découverte de peintures rupestres raisonnait avec la réflexion que menait le film autour des origines du langage, c’est en poursuivant dans « Madeleine » une balle de ping-pong dans un tunnel que l’on remonte aux origines du cinéma, assis dans une salle face à un film muet de Louise Brooks. Christelle Lheureux parvient à nous surprendre en usant délibérément de l’artifice, comme un magicien qui n’hésiterait pas à expliquer les secrets de ses tours de passe-passe en même temps qu’il les exécute. Le pacte de la fiction ainsi renouvelé remet le spectateur fasse à sa propre croyance et l’invite à élargir le cadre de ses perceptions.

Aux antipodes, le film « Poisson » de Aurélien Vernhes-Lermusiaux échoue à remporter notre adhésion. Le film fait le récit du périple entrepris sur les routes de campagne par une mère et ses deux jeunes enfants à la suite de la mort de leur père, ponctué par quelques rencontres insolites et les manifestations d’étranges phénomènes. L’ennui, c’est que chaque péripétie, chaque glissement de terrain dans ce « Poisson » se heurte à un encombrant souci de « bien faire » de la part du réalisateur, soucieux de trouver le juste dosage entre chaque élément qui compose son film jusqu’à figer l’ensemble dans une espèce de carte postale décorative et désincarnée. Ainsi, le casting (trop) bien élaboré réunissant les talentueux Adélaïde Leroux, Samir Guesmi et Nathalie Boutefeu ne parvient pas à transcender un scénario surécrit dans lequel chaque dialogue, chaque intention est surlignée et coûte cher à l’interprétation des comédiens. Lorsque la mère explique la mort à son fils d’une voix blanche en disant que « papa était tout cassé à l’intérieur et que les médecins n’ont pas pu le réparer », on souffre grandement pour Leroux.

À ce souci d’explicitation outrancier, s’ajoute une manie pour l’échantillonnage de scènes « tendances », symptomatiques du court métrage français : la drague inoffensive en mode provoc’ entre adultes qui se comprennent, une séquence documentaire où des « vrais gens » découpent la « vraie viande » d’un « vrai cochon »,…

Le film avance tranquillement sur ses rails, tant et si bien que lorsque la chute survient, son caractère fantastique amuse plus qu’il ne surprend. Vernhes-Lermusiaux a tellement bien préparé le terrain que son miracle final n’émeut pas et laisse flotter une odeur de pétard mouillé.

Geronimo

Terminons avec un film de mauvais élève réjouissant, foutraque qui nous donne des nouvelles de l’une des plus stimulantes jeunes pousses du cinéma français : Frédéric Bayer-Azem, auteur des courts métrages « Les Ficelles » et « Pan » venu présenter « Géronimo », son petit dernier pour la première fois en compétition à Pantin. Comme dans ses précédentes réalisations, Bayer-Azem ouvre son film par un coup de dé fictionnel, un postulat improbable auquel il faut adhérer. Ici, un groupe de parisiens branchés débarquent dans un petit village de province pour y mettre le souk, faire du bruit et surtout investir la fête foraine, perturbant ainsi les bandes d’enfants venus s’amuser tranquillement.

Passé les premières scènes semblant établir une dichotomie un peu rapide entre les adultes et les enfants, les parisiens et les provinciaux (lorsque la bande attaque une parade costumée défilant à travers le village à grand renfort de gestes et de paroles obscènes), le rythme s’emballe, le montage éclate la narration et le film mute vers une forme plus surprenante et abstraite. Dès lors que les parisiens investissent l’attraction phare de la fête foraine, à savoir le stand d’autos-tamponneuses, le film se met à fonctionner comme une centrifugeuse, brassant violemment toutes les images dans un tourbillon furieux et insaisissable.

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À l’instar des véhicules colorés pilotés par les protagonistes, les plans s’entrechoquent, surgissent de nulle part et font dévier en permanence nos attentes de spectateurs. Chaque saillie comique se teinte d’un sentiment d’inquiétude, d’une violence latente s’apprêtant à éclater au milieu de ces jeux d’enfants. L’intervention d’un tiers personnage, le jeune et fringuant Géronimo, indien mutique passé maître dans la conduite d’auto-tamponneuse, sera l’incident déclencheur qui sonnera la fin des hostilités. Au milieu de cette nouvelle communauté constituée d’enfants et d’adultes originaires de multiples ethnies (blancs, noirs, arabes, juifs…), se rejouent les enjeux libéraux du monde occidental, où ceux qui ont l’argent (les jetons) mènent la danse et imposent leur régime.

La dimension politique du film de Bayer-Azem devient progressivement acide et tranchante à mesure que les tensions apparaissent entre la bande de parisiens et le jeune apache venu perturber leur manège. Son exclusion est inévitable, et le couperet tombe violemment lorsque le groupe isole l’Indien avant de le dégommer au volant de leurs autos-tamponneuses. Difficile de ne pas deviner, à la vision de cette rixe fantasmée, la douleur et la colère légitime d’un cinéaste qui parvient à sublimer son regard par les moyens du cinéma.

Au détour de l’un des dialogues savoureux du film, un des parisiens échange quelques réflexions avec un enfant noir alors qu’il désigne une des filles de la bande : «Un soleil, Caroline ! Elle libère les gens !». Et l’enfant de rétorquer : «Moi, je me libère tout seul.» Frédéric Bayer-Azem s’est libéré depuis longtemps et poursuit sa route chaotique vers un horizon cinématographique inconnu. Nous le suivrons pas à pas.

Marc-Antoine Vaugeois

Carte blanche Format Court au Festival Partie(s) de Campagne

Du 11 au 14 juillet prochain se déroulera la 7ème édition du festival Partie(s) de Campagne, à Ouroux en Morvan. L’association Sceni Qua Non soutient ce parti pris engagé de développer le cinéma en milieu rural. Avec une convivialité et une proximité revendiquées, le festival accueille les spectateurs dans divers lieux de ce village bourguignon et propose cette année 6 programmes en compétition francophone, 2 en compétition jeune public, 2 en compétition documentaire, des cartes blanches, une sélection de films internationaux, des ciné-concerts, des films d’animations, des rétrospectives, et des rencontres avec les nombreux réalisateurs présents.

Format Court sera plus que présent pour cette édition puisqu’il fera partie du Jury pro et bénéficiera d’une carte blanche conçue par Marie Bergeret, Juliette Borel et Adi Chesson. Pour l’occasion, sept films, coups de cœur d’hier et d’aujourd’hui, découvertes d’ici et d’ailleurs seront présentés dans une diversité de tons et de genres le samedi 12 et le lundi 14 juillet dans la salle Frères Lumière, en présence de Juliette Borel.

Programmation

A Family Portrait de Joseph Pierce (animation, 5′, 2009, Royaume-Uni)

Un portrait de famille tourne mal à mesure que jalousie et soupçons se font jour, sous le regard implacable du photographe. Le malaise règne à la fin de la séance, laissant présager une journée mémorable.

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The Corridor de Sarah Vanagt (documentaire, 7’, 2010, Belgique)

Durant 5 jours, Sarah Vanagt et Anne-Marie Lean-Vercoe ont suivi un âne pendant ses visites hebdomadaires dans une résidence pour personnes âgées dans le Sud de l’Angleterre.

Article associé : la critique du film

Les Possibilités du dialogue de Jan Svankmajer (animation, 12’, 1982, République Tchèque)

« Deux personnages inspirés des peintures d’Arcimbolo, deux visages d’argile et des bustes d’amoureux forment un triptique impitoyable sur l’incompréhension. »

Article associé : Jan Švankmajer en DVD  

Not Swiss Made de Apiyo Amolo (documentaire, 2′, Suisse, 2012)

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Apiyo Amolo, d’origine kenyane, vit à Zürich depuis plusieurs années. Ce personnage fantasque et fascinant n’hésite pas à aborder de manière frontale et hirsute les sujets qui la touchent. C’est ce qu’elle fait dans ce film de deux minutes qui traite de la position particulière de la double culture.

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Robyn O (14) de Cecilia Verheyden (fiction, 25′, Belgique, 2012)

Robyn est une ado qui fait tout son possible pour accompagner ses grands frères à des soirées, mais ils ne veulent pas d’elle…

Figs In Motion de Trevor Anderson (expérimental, 8’, Canada, 2010)

Deux hommes se transforment en ballerines à tête de cheval et tutu, pour un ballet aussi bestial qu’impromptu.

Prora de Stéphane Riethauser (fiction, 23’, Suisse, 2012)

Prora, au bord de la Mer Baltique. Un centre de vacances érigé par les Nazis aux dimensions infinies. Dans ce colosse de béton, Jan et Matthieu, un Allemand et un Français, 17 ans, s’embarquent dans une aventure qui va confronter leurs identités et mettre en péril leur amitié. Fable sur l’adolescence et la découverte de soi, Prora est une tendre histoire d’amour et d’amitié.

Article associé : la critique du film

Festival du Film Court en Plein Air de Grenoble, le palmarès

À Grenoble, les différents Jurys (international, presse, jeune, Format Court) ont rendu leurs verdicts ce samedi 5 juillet 2014, à l’occasion de la remise de prix de la 37ème édition du Festival du Film Court en Plein Air. Voici leurs choix respectifs.

Palmarès

Jury international (Hichem Ben Ammar, Nicole Gillet, Youna de Perretti, Giuseppe Gavazza)

Grand Prix ex-aequo : La lampe au beurre de yak de Hu Wei

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Le Skate Moderne d’Antoine Besse

Prix du meilleur scénario,  Prix Unifrance, Prix du public : Du grain à moudre de Sonia Lauré

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Mention : Man on the chair de Dahee Jeong

Prix Spécial : Serori de Pedro Collantes

Prix d’aide à la création : Ceux qui restent debout de Jan Sitta

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Jury Presse (Caroline Vernisse, Maïlys Medjadj, Gilles Colpart, Sylvain Angiboust, Jean-Pierre Andrevon)

Prix de la Presse : La lampe au beurre de yak de Hu Wei

Mention : Shadow de Lorenzo Recio

Jury Jeune

Prix ex-aequo : Shadow de Lorenzo Recio et Rendez-vous avec Ninette de Souad Amidou

Mention : Land de Masanobu Hiraoka

Coupe Juliet Berto : La Bête de Vladimir Mavounia-Kouka

Prix du festival Connexion-Région Rhône Alpes : Shadow de Lorenzo Recio

Jury Format Court (Katia Bayer, Camille Monin, Mathieu Lericq) 

Prix Format Court : Le Skate Moderne de Antoine Besse

Mention : T.I.A. (This is AfricA) de Matthieu Maunier-Rossi

Prix du concours de scénario 

Stage d’écriture : Éclats de Patrick de Meersman et Luna Park de Pablo Leiva

Bourse d’aide à la création : Incomplet de Michaël Schapira Villain

Le Skate moderne d’Antoine Besse, Prix Format Court au Festival de Grenoble

Le 37ème Festival du Film Court en plein air de Grenoble s’est achevé ce weekend. Format Court y a récompensé pour la première fois un film en compétitionLe Jury Format Court (Katia Bayer, Camille Monin, Mathieu Lericq) a décerné son prix (dossier spécial & projection dans le cadre des soirées Format Court) au film « Le Skate moderne » réalisé par Antoine Besse et a attribué une Mention spéciale à  « (T.I.A) THIS is Africa » de Matthieu Maunier-Rossi.

Prix Format Court : Le Skate moderne d’Antoine Besse (France, documentaire, fiction, 6’43 », KloudBox Production)

Synopsis : Loin des lignes classiques au « fisheye », des spots de béton lissés et parfaits, « le skate moderne » nous présente un groupe de skaters qui n’hésitent pas à mettre leurs boards dans la boue et rouler sur un environnement insolite et atypique, celui de nos campagnes. Entre fiction et documentaire, la vidéo suit de manière contemplative une bande de skaters/fermiers dans les coins les plus reculés de la Dordogne.

Mention spéciale : (T.I.A) THIS is Africa de Matthieu Maunier-Rossi (France, République du Congo, fiction, vidéo d’art, 7’15 », auto-production)

Synopsis : Les rues populaires et les marchés de Brazzaville… Aïpeur Foundou y danse, au milieu de tous. « Quand on danse, on ne peut pas tricher ». C’est une forme de liberté.

Wei Keong Tan : « L’illustration est pour moi la meilleure manière de communiquer mes idées »

Avec son univers à la fois intime mais accessible et ses techniques diverses et très maîtrisées, Wei Keong Tan était le seul Singapourien à avoir vu son film, « Pifuskin », sélectionné à Annecy cette année. Récemment diplômé, repéré au SIGGRAPH et déjà auteur de trois courts-métrages d’animation mais aussi d’installations d’art contemporain et d’effets spéciaux, il nous parle de son parcours, parti d’un pays atypique et méconnu.

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Comment as-tu eu l’idée de travailler dans l’animation ?

J’aime dessiner, je viens en réalité du milieu de l’illustration. À l’époque, j’envoyais des dessins à un journal de Singapour. Pendant mon service militaire, la première licence en cinéma d’animation du pays s’est mise en place à l’université de Singapour. Je me suis dis que c’était le moment idéal pour aller étudier là-bas après mon service.

J’y suis entré sans avoir réellement en tête l’idée de faire de l’animation ; c’est seulement en deuxième année que j’ai réalisé que je voulais raconter des histoires avec des images en mouvement. C’est ainsi que je m’y suis mis.

Habituellement, mes histoires commencent par une seule image. Par exemple, mon premier film, « White », raconte l’histoire d’un homme qui a une boîte à la place de la tête. Le film a commencé avec cette idée et j’ai construit mon histoire autour.

Au début du développement de l’histoire, il m’arrive de m’arrêter pour réfléchir à nouveau à la nature du personnage principal et à son évolution. Du coup, parfois, je me surprends moi-même avec la tournure que prend l’histoire.

Tu commences donc avec une image, puis la technique et l’histoire suivent ?

Oui, mais quand j’ai l’image en tête, j’ai déjà un peu une idée de l’histoire et du sujet Par exemple, « White » parle d’identité alors que mon deuxième film, « Hush Baby » parle de la lutte pour s’adapter dans la société et dans son environnement immédiat. Pour « Pifuskin », il s’agit plus d’une lutte intérieure avec le corps, la sexualité et d’une tentative d’être à l’aise avec soi-même avant d’aller à la rencontre des autres.

Quand je tiens une idée d’histoire, je pense aux raisons qui me font choisir un certain aspect visuel. Je me demande aussi quel est mon attachement à l’histoire que je raconte. Je travaille donc à l’envers et me découvre de plus en plus au fil de mon travail. C’est seulement après que je me rends compte que cela a une signification cachée pour moi. C’est tantôt à cause de ma mère ou de ma famille. Mais cela ne prend du sens qu’une fois que le film est en cours de réalisation ou terminé.

Est-ce que tu fais toujours de l’illustration ?

En quelque sorte. Quand j’écris mes idées, je les dessine. J’ai récemment fait l’affiche du film « Ilo Ilo » d’Antony Chen. L’illustration est pour moi la meilleure manière de communiquer mes idées. C’est le langage avec lequel je suis le plus à l’aise. Mon frère et moi avons grandi en lisant des BD. Je suis parti de là, des BD japonaises et taïwanaises et de mon goût pour le dessin.

Tu évoques des influences japonaises et taïwanaises. Comment définirais-tu un style graphique typiquement singapourien ?

Je ne pense pas qu’il y en ait un. S’il y a une caractéristique qui regroupe la plupart des réalisateurs singapouriens, en prise de vues réelles ou en animation, je pense que ça pourrait être la probité. Des cinéastes comme Anthony Chen, Eric Khoo ou Kelvin Tong sont très honnêtes, ne font pas d’esbroufes, ni d’agressions gratuites. Leurs films débordent sur des questions plutôt politiques et ça pourrait être une seconde caractéristique du cinéma singapourien.

Tes films utilisent des techniques vraiment différentes. En cherches-tu une en particulier dans laquelle te spécialiser ou penses-tu continuer à expérimenter ?

Avec « Pifuskin », j’ai fait du stop-motion avec un arrière-plan en noir et blanc contrastant avec la couleur de la peau que l’on trouve partout dans le film, autant sur les personnages que dans les décors. Je pense que j’ai trouvé là un style qui m’intéresse. J’aimerais explorer des thèmes qui seront en rapport avec ce style. Je compte donc continuer un moment dans cette direction, au moins pour le prochain film.

Avant l’interview, tu m’as parlé de ton affection pour le travail de Koji Yamamura. Il y a des similitudes esthétiques entre son travail et le tien comme le fond blanc et la stop motion.

C’est un peu mon idole. C’est quelqu’un de formidable, il dessine tout sur une seule feuille unique. Je l’ai rencontré à Singapour il y a 4 ou 5 ans. C’est une belle personnalité, il a une vraie vision de ce qu’il veut faire.

Pour revenir à ton dernier film, que cherchais-tu à obtenir avec cet univers sonore, composé de grattements de peau et de sons saturés ?

Le sound design est fait par un collègue singapourien, Darren Ng. Il est très réputé à Singapour. C’est mon premier travail avec lui. Il décrit souvent son travail en expliquant qu’il veut créer un univers très réaliste. C’est ce style qu’on trouve au début de « Pifuskin », puis il y a un passage plus musical qu’on a appelé ensemble « la séquence du rêve ». Quand la musique s’arrête, nous avons marqué le retour à la réalité en reprenant le bruitage des grattements.

L’idée était de commencer avec un son et un corps familier pour que tout le monde puisse se sentir concerné. Quand la musique commence, il y a une séquence qui correspond à une naissance et qui est conçue pour emporter le spectateur et l’amener vers un rêve. C’est avec Darren que j’ai le plus parlé de cet enchaînement : « réalité – rêve – réalité » qui est en fait la structure du film.

Le but du film serait donc de faire partager au public un de tes rêves ?

Oui, il n’y a pas vraiment de morale ou de message que j’aimerais que les spectateurs emportent avec eux. C’est le contact lui-même que je valorise. Du moment que les gens quittent le film avec une certaine chaleur et un sentiment de familiarité, ça me suffit déjà amplement car pour moi, l’essentiel, c’est le spectateur.

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Quand on voit ta bande démo sur ton site, on y trouve plus d’images de synthèse.

Oui, ça, c’est plus lié au travail, mais je n’ai pas actualisé mon site depuis longtemps. C’est le travail que j’ai fait en revenant du Japon, après « Hush Baby ». C’est un graphisme très hollywoodien et justement, ça m’a donné envie de faire mon film indépendant.

Penses-tu que les techniques d’animation par ordinateur dont tu te sers dans ton travail t’ont aidé pour tes œuvres plus personnelles ?

Pas vraiment. Le travail en image de synthèses que je fais est vraiment hollywoodien, comme la série « Transformers Prime ». C’est très différent car pour ce genre de travail, un superviseur te dit quoi faire et tu exécutes la commande. Pour mes films indépendants, je réalise et effectue le travail moi-même, avec mes idées. C’est donc autant différent au niveau des idées qu’au niveau des outils en eux-mêmes.

Je trouve évidemment l’animation indépendante bien plus stimulante. J’ai plus confiance pour montrer mon travail quand il reflète vraiment mes idées personnelles. Il y a aussi l’idée séduisante de faire partie de la petite communauté d’animateurs que nous formons, moi et quelques autres, à Singapour. Ca sonne un peu comme un rêve communautaire mais c’est faisable car Singapour est un tout petit pays.

Tes courts-métrages peuvent être ressentis comme des brefs chocs pour les spectateurs. Te sentirais-tu prêt pour un long-métrage où une esthétique du choc est plus difficile à tenir ?

Je pense que j’ai besoin de poursuivre mes expériences en courts-métrages pour encore quelques années. Pour moi, l’histoire est très importante, mais pour l’heure, je n’ai pas de scénario construit, mais, bien sûr, je reste assez impatient de faire un long-métrage. Peut-être d’ici deux ou trois ans, je serai à même de commencer la réalisation d’un long.

À part Koji Yamamura, y a–t-il d’autres artistes qui t’inspireraient pour les longs métrages ?

J’aime le film japonais « Mind Game » de Masaaki Yuasa. C’est un des premiers films d’animation japonais que j’ai vus avant de faire mon premier film.

À Annecy, j’ai vu « Le Garçon et le monde » d’Alé Abreau, Cristal du long métrage à Annecy. C’est un film qui est un vrai jalon pour le long-métrage d’animation contemporain. Un petit garçon nous y montre le monde et l’industrialisation du Brésil. C’est une histoire très adulte mais également très enfantine en même temps, composée uniquement de dessins d’enfants. C’est un film très inspirant au niveau musical, mais également au niveau des couleurs et du graphisme.

Propos recueillis par Georges Coste

Consultez la fiche technique du film

Article : la critique du film

Festival d’Annecy, Off Limits

Cette année, le festival d’Annecy a réaffirmé sa relation privilégiée avec l’expérimentation et a proposé pour la deuxième année consécutive un corpus de 12 films labélisé « Off Limits », avec cette fois-ci un prix à la clef. Cette sélection a joué les sentinelles et est allé chercher aux frontières de l’animation et de l’expérimentation des films qui ne caressaient pas le spectateur dans le sens du poil.

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La séance débute par un film chinois en 3D « Magician Party and Dead Crow » (Moshushi dang yu si wuya) qui nous donne à voir quelques représentants d’un ancien monde peuplé de divinités étranges et inquiétantes. Le réalisateur Sun Xun court-circuite dès les premiers instants le cours du récit en s’invitant avec ses animateurs devant la caméra, nous montrant ainsi l’envers du décor et la mise en place de l’animation. Les rôles sont inversés : les dieux se retrouvent articulés devant nos yeux par de simples mortels. Malgré cette rupture brutale dans le dispositif, l’aura qui entoure ces êtres de légende continue à exercer une certaine fascination.

Le film suivant, « Virtuos Virtuell » est tout aussi fascinant. Réalisé à partir de tâches d’encres animées et accompagné par une musique d’orchestre, ce court-métrage allemand opère un savant mélange entre formes abstraites et figuratives associées avec justesse à une musique qui donne à la fois le rythme et la direction. Interactions, confrontations et poursuites : l’encre court sur la page blanche et semble agir comme une sorte de catalyseur d’émotions naviguant entre joie, colère et curiosité. Un véritable poème animé.

On sort de la quiétude de ce petit monde pour entrer dans la violence et le bruit de « Picture Particules ». Ici aussi, on s’adresse directement à nos sens mais cette fois-ci pour mieux les mettre à l’épreuve. Après « Hex Suffice Cache Ten » il y a deux ans, l’Allemand Thorsten Fleisch continue à explorer les zones tumultueuses de notre perception et passe un cran au dessus dans la radicalité, en nous offrant une sorte de magma d’images colorées et fulminantes accompagné de sons plutôt agressifs. Si l’on est attentif, on peut reconnaître quelques formes familières entre deux photogrammes. Selon le réalisateur, l’incursion de ces quelques images à des moments bien précis vise à capturer l’instant où l’oeil aperçoit dans son champ de vision ces particules en mouvement.

S’ensuit une petite promenade en plein air sur les marches de la butte Montmartre où l’on peut voir François Vogel déclamer avec un sympathique accent français un poème de Henri Michaux « Marchant Grenu » (ou plutôt Walking Grenu) dans la langue de Yeats. Le réalisateur de « Cuisine », « Stretching » et de « Terrains Glissant » poursuit ses expérimentations à base d’effets kaléidoscopiques et d’objectifs « fish eye », magnifiant le monde qui l’entoure de ses circonvolutions filmiques.

Réalisé par un ancien élève de l’école du Fresnoy (promotion Chris Marker), le film « Gli immacolati » de Ronny Trocker nous plonge dans un tout autre univers. Déjà présenté en sélection nationale au festival de Clermont Ferrand cette année, ce film explore à sa manière un lieu désaffecté et occupé par plusieurs familles rom. Le réalisateur prend le parti de déconstruire les a priori qui peuvent exister vis-à-vis de ce lieu et de ses occupants. La voix-off poursuit le même but : mettre à plat le processus qui a conduit un groupe de personnes d’un quartier à s’en prendre aux habitants de ce lieu. Avec des cadres épurés et une animation en 3D pleine de sobriété et d’inventivité, le réalisateur plante un décor et créé une ambiance qui lui permet de parler de façon inattendue d’un sujet qui demeure d’actualité depuis plus d’un siècle : le sort réservé par les Européens aux peuples itinérants.

On change complétement d’horizon avec « Theresia » qui nous propose une ballade improvisée conduite par Thomas Steiner. Le réalisateur autrichien n’en est pas à son coup d’essai : il réalise depuis 1986 des films expérimentaux où il travaille à la fois la peinture et la pellicule. Ici, il combine instinctivement ces différentes techniques les faisant évoluer dans l’espace, débordant du cadre et prenant de vitesse nos rétines. Le minimalisme des formes et la répétition des sons nous amène spontanément devant les portes de l’abstraction. Libre à nous de les entrebâiller.

Les portes refermées, l’esprit encore vagabond, les abstractions colorées se changent alors en « Corps Etrangers », titre du nouveau film de Nicolas Brault après notamment « Le Cirque » et « Hungu ». Il a reçu pour ce nouveau film le prix prix « Off-Limits ». Réalisé à partir de radios ou d’IRM de parties du corps humain, le réalisateur transforme ces « corps transparents » que l’on peut voir dans l’imagerie médicale moderne pour les amener assez naturellement à se mouvoir dans un espace obscur et indéterminé, à tel point que l’on en vient presque à oublier la provenance de ces images et découvrir chez certaines d’entre elles des parentés avec des méduses ou d’autres animaux marins qui hantent le fond des mers. Ce film a reçu le prix du film « Off-Limits ».

La séance se poursuit avec le nouveau film de Theodore Ushev, « 3e page après le soleil » dont la carrière a débuté dans le cadre d’une installation à la Cinémathèque québécoise et se poursuit maintenant en festival. Après « Gloria Victoria », « Drux Flux » ou encore « Les Journaux de Lipsett », Theodore Ushev prend une nouvelle direction et livre ici un film âpre et brut fait de matières et de couleurs où le support utilisé – le papier – est le thème central du film. Entre dématérialisation, rareté et recyclage, l’utilisation de ce matériau a beaucoup évolué ces dernières décennies. Partant du postulat que le livre est une espèce en voie de disparition et que son usage va bientôt tomber en désuétude, Theodore Ushev s’est demandé ce que nous allions faire des livres et il en a fait un film. S’inspirant du palimpseste (autrement dit de parchemins déjà annotés dont on a gratté les inscriptions pour y écrire à nouveau), il transforme un programme de festival en œuvre d’art.

Le film suivant, « Box » réalisé par l’Américain Tarik Abel-Gawad, aurait pu lui aussi être montré lors d’une exposition d’art. Il s’agit d’une performance en cinq étapes filmée en vrai-faux plan-séquence où a été intégrée avec ingéniosité une multitude de formes en 3D créées par ordinateur. L’alliance de ces techniques permet de produire en temps réel de véritables illusions d’optique qui trompent à chaque seconde l’œil qui les regarde. Oubliant vite le procédé, on est comme hypnotisé par ces structures qui se font et se défont sous nos yeux. Comme l’indique la célèbre citation de Arthur C Clarke qui clôt le film, « toute technologie suffisamment avancée est indiscernable de la magie ».

Les figures de « Portrait », dernier film en date de l’Italien Donato Sansone (aka Milkyeyes), n’ont rien de magique. Pourtant, elles recèlent en elles une inquiétante étrangeté qui les rend curieusement attirantes. Issues vraisemblablement d’une rencontre improbable entre les toiles de Francis Bacon et les Crados de Art Spiegelman et Mark Newgarden, ces gueules grimaçantes envahissent l’écran exhibant leurs visages grotesques et faussement statiques. S’ajoute à cela une ambiance sonore qui distille sans fioritures une certaine angoisse tandis que ces têtes flottent dans l’image comme dans une vision cauchemardesque. Après « Topo Glassato Al Cioccolato », Donato Sansone confirme son talent pour créer des atmosphères marquées par la peur et la monstruosité, et nous donne à voir ici une galerie de personnages tous les plus inquiétants les uns que les autres.

A l’origine, le film « E in Motion 2 » de Sumito Sakakibara était présenté dans un musée sur un écran à 360° sans qu’il n’y ait ni début ni fin. Dans la version présentée cette année au festival d’Annecy, la boucle a été remplacée par un mouvement latéral qui suit les pérégrinations des personnages. Le réalisateur japonais mélange mémoires personnelles et réinterprétations de tableaux de maîtres, mettant en avant le caractère cyclique de ces scénettes. Dès les premiers instants, cette splendide fresque impose son rythme au spectateur, le ramenant au présent et l’invitant à visiter un univers foisonnant, un peu comme si les tableaux de Pieter Brueghel et de Jérôme Bosch avaient été détournés par Banksy. Une véritable œuvre-monde.

Cette séance s’achève sur le nouveau clip d’Ugly Max Beer, « Invasion » réalisé par les français Hugo Ramirez et Olivier Patté (qui sont aussi les co-fondateurs de Moustache Studio, producteur du film). « Invasion » offre en quatre minutes un condensé de scènes archétypales du cinéma d’horreur. L’intérêt principal du film réside dans l’équilibre habile qui a pu être trouvé entre le sujet, la musique et la technique utilisée, un mélange de rotoscopie et d’aquarelles magnifiées par une musique dense et percutante.

Avec sa sélection « Off Limits » pour spectateur averti, le festival d’Annecy se dote d’un véritable laboratoire de curiosité où les films dialoguent en liberté. On souhaite de tout cœur une longue vie à ce programme.

Julien Beaunay

Luminaris de Juan Pablo Zaramella

Animation, 6’14, Argentine, JPZtudio

Synopsis : Dans un monde entièrement rythmé par la lumière, un homme ordinaire nourrit un projet qui pourrait bien tout changer.

« Luminaris », court-métrage du talentueux réalisateur argentin Juan Pablo Zaramella, transporte Buenos Aires dans un monde fantastique rythmé par la lumière. Monté en stopmotion, le film combine plusieurs styles, allant de l’art déco au surréalisme en passant par le burlesque et le néoréalisme. Ce métissage d’influences est directement en lien avec l’histoire de Buenos Aires ; la ville et sa population partageant plusieurs cultures. Aussi, le film est impressionnant tant par ses jeux d’ombres et de lumières que par sa gestion de la temporalité.

Zoé Libault

Retour en images sur la séance de juin, spéciale Cannes

Jeudi 12 juin 2014, notre dernier rendez-vous de l’année avait lieu au Studio des Ursulines (Paris, 5ème) pour une séance spéciale Cannes, en présence du producteur et sélectionneur Olivier Chantriaux et l’équipe de « Aïssa » de Clément Tréhin-Lalanne, lauréat d’une Mention spéciale au dernier festival. Retrouvez toutes les photos de la soirée, signées Laura Bénéteau.

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Avec le producteur et sélectionneur Olivier Chantriaux

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Avec l’équipe de « Aïssa » : Clément Tréhin-Lalanne (réalisateur),  Pauline Seigland (productrice), Romain Le Bonniec (chef opérateur), Manda Touré (comédienne)

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Festival du Film Merveilleux et Imaginaire, le palmarès 2014

Ce weekend, s’est achevé le 5è Festival du Film Merveilleux et Imaginaire. Le jury composé de Lotfaï (Chez Lotfaï ), Cécilia Pietrzko (Grown kid), Laurence Lascary (productrice DACP), Onna Clairin (scénariste et comédienne), Marie Baron (Peermusic France), Katia Bayer (Rédactrice en chef Format Court)  et Julien Seri ( producteur réalisateur Daigoro films ) a récompensé les films suivants.

Palmarès

Prix du Meilleur Film : Strange Fruit de Noy Hili et Aresay Shimi (Israël)

Prix du Meilleur film d’animation : Dji death fails de Dmitri Voloshin (Moldavie)

Prix du Meilleur scénario : La maison de poussière de Jean-Claude Rozec (France)

Coup de coeur musical : Tears of steel de Ian Hubert (Pays-Bas)

Prix spécial (coup de coeur du Jury) : Lila de Carlos Lascano (Espagne, Argentine)

Prix Quiet Earth : Beyond the sphere de Meghdad Asadi Lari (Etats-Unis)

Mention spéciale pour La petite casserole d’Anatole de Eric Montchaud (France)