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Paris International Fantastic Film Festival : 10 places à gagner

Le 4ème Paris International Fantastic Film Festival (PIFFF) s’ouvre ce mardi 18 novembre au Gaumont Opéra Capucines avec « The Mole Song : Undercover Agent Reiji », le dernier film du réalisateur japonais Takashi Miike.

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Jusqu’au 23 novembre, le festival  accueillera le meilleur du fantastique en salle. Deux séances de courts métrages participent à la programmation le même jour, le samedi 22 novembre : la compétition française (à 16h30) et internationale (à 11h). Format Court,  partenaire du festival, vous offre 10 places pour cette dernière séance.

Intéressé(e)s ? Contactez-nous !

Programmation

A(r)men de Thomas Lunde (Fiction, 14′, Norvège, 2013)

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Bon fils et bon chrétien, Arne perd son bras dans un accident de travail. Alors qu’il tente de s’adapter à sa nouvelle vie, il va être témoin d’un miracle.

Autumn Harvest de Fredrik S. Hana (Fiction, 17′, Norvège, 2014)

Sur le point de mettre fin à ses jours, un marin terrassé par le décès de sa femme reçoit un mystérieux appel de la mer.

Bad Guy #2 de Chris McInroy (Fiction, 10′, États-Unis, 2014)

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Un jeune « bad guy » plein de bonne volonté découvre que grimper dans l’échelle du crime comporte aussi des risques. Après avoir accepté une promotion, il va devoir montrer l’exemple… ou en devenir un.

He Took His Skin Off For Me de Ben Aston (Fiction, 11′, Royaume-Uni, 2014)

Pour faire plaisir à sa petite amie, un homme décide de retirer sa peau. Au départ, tout est merveilleux. Mais la réalité rattrape les tourtereaux.

Invaders de Jason Kupfer (Fiction, 6′, Royaume-Uni, 2014)

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Juste avant de commettre une agression, deux psychopathes soucieux de la forme discutent de la façon idéale d’entrer en scène.

Nocturne de David F. Geiser (Fiction, 15′, Suisse, 2014)

A l’issue de la dernière séance, l`opérateur éteint le projecteur du cinéma. Mais quelque chose ne tourne pas rond…

Suche Nach Liebe de Hans Kaufmann (Fiction, 13′, Suisse, 2014)

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Un tueur en série terrorise Zurich. Chaque nuit, il rend visite à une jeune fille travaillant dans une station service. Ses sentiments à son égard sont partagés…

The Boy with a Camera for a Face de Spencer Brown (Fiction, 14′, Royaume-Uni, 2013)

Madame pousse, Monsieur lui tient la main, le nouveau-né se présente bien. Soudain le visage de la sage-femme se fige de stupeur : en guise de tête, l’enfant a un appareil photo !

Infos

– Paris International Fantastic Film Festival : compétition internationale de courts métrages

– Samedi 22 Novembre 2014, 11h

– Gaumont Opéra Capucines : 2 boulevard des Capucines, 75009 Paris

Short Screens #42 : Feeling Good

Ce mois-ci, Short Screens accorde sa chatoyante programmation aux couleurs de l’automne en vous proposant une séance « Feeling Good » composée de pas moins de 9 courts métrages comiques et légers, burlesques et absurdes, grinçants et hilarants. Venez profiter d’un pur moment de détente et de bonne humeur avec en invité vedette un Charlot joliment éméché en cure thermale. Rendez-vous le jeudi 27 novembre au cinéma Aventure, Galerie du Centre, Rue des Fripiers 57, 1000 Bruxelles. PAF 6€.

Visitez la page Facebook de l’événement ici.

Un projet à l’initiative de l’asbl Artatouille et Format Court.com

PROGRAMMATION

TACHAAAN de Carlos del Olmo, Miguel Ángel Bellot et Rafael Cano/ Espagne/ 2009/ Animation/ 5′
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Dans un cirque, un homme-canon déclare la guerre à un éléphant.

THE CURE de Charlie Chaplin/ USA/ 1917/ Fiction/ 19′
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Un alcoolique arrive dans une paisible station thermale, encore chancelant, la malle pleine d’alcools de toutes sortes.

PRKTRNIC de Julien Patry/ France/ 2014/ Docu-fiction/ 4’44
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La rencontre entre le sommet de la French Touch et l’excellence de la gastronomie charcutière française.

10 WAYS TO GET OVER AN ARTIST’S BLOCK de Demian Albers/ Pays-Bas/ 2007/ Animation/ 5′
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Dix trucs et astuces pour sortir de la dépression artistique.

POULET-POULET de Damien Chemin/ Belgique/ 2006/ Fiction/9’30
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Choisir un plat est parfois très compliqué. Un casse-tête chinois, à la française.

OH MY DOG! de Chloé Alliez/ Belgique/ 2013/ Animation/ 6’25
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Quelque part du côté de la salle des fêtes de Brétigny-sur-Bizet, devant un public déchaîné s‘affrontent des chiens aux talents plus exceptionnels les uns que les autres. Face à eux, Choupette, encouragée par son meilleur et bruyant public.

TOUS EN SCÈNE de Valérie Mréjen/ France/ 2013/ Documentaire/ Production Parc de La Villette/ 4’44
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Des enfants répondent face caméra à des questions sur le cinéma et parlent des films qu’ils aiment.

30 MINUTES PAR JOUR de Samuel Lampaert/ Belgique/ 2013/ Fiction/ 5′
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Ils sont vieux, regardent la télévision toute la journée sauf quand il est temps de faire les 30 minutes d’activité par jour. C’est une prescription médicale. La minuterie est lancée. Chacun, de son côté, fait des exercices pour entretenir la musculation et le dos. Et l’amour dans tout ça?

INSTEAD OF ABRACADABRA de Patrick Eklund/ Suède/ 2008/ Fiction/ 22’30
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Tomas est un peu âgé pour continuer de vivre chez ses parents, mais son rêve de devenir magicien ne lui laisse pas le choix. Son père voudrait simplement qu’il grandisse et qu’il trouve un vrai travail.

Film Noir Festival : 10 places à gagner !

Du 27 au 30 novembre, le 2ème Film Noir Festival aura lieu au cinéma Le Vincennes. Premier et seul festival en France consacré au film noir, il proposera 3 programmes de courts métrages internationaux. Format Court, partenaire du festival, vous offre 10 places pour honorer le cinéma de genre. Intéressé(e)s ? Contactez-nous !

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Vendredi 28 novembre

13h30 : Compétition de courts métrages – Programme #1

▪ Great Capers and Other Stories from New City (Anthony Clemente – 8’18’)
▪ Pity (John Pata – 7’07 »)
▪ La Dette (Mike McNeese – 13′)
▪ Le Moment est venu (Fabio Moreno- 2’12’’)
▪ The Last Round (Ted Atherton- 10’25’’)
▪ The Trunk (Mragendra Singh – 9’12’’)
▪ Games People Play (Dawn Westlake- 7’54’’)
▪ Noir (Nicolas Vernet – 11′)

15h : Compétition de courts métrages – Programme #2

▪ Three-O-Seven (Spencer Howson – 8’54’)
▪ Chiropractor For Hire (Phillip Abraham – 7’08 »)
▪ La Belle Gueule (Thierry Sausse – 14’57 »)
▪ La Numéro Un (Alex Moreu Garriga- 1’17’’)
▪ D.T.Tive (Fernanda Do Canto & Javier Di Benedictis – 11’12’’)
▪ Absinthe (Sandeep Balhana – 3’15’’)
▪ Girl #9 (Nick Scott & Gary Roberts- 8’08’’)
▪ Plume fatale (James Lark – 10’18 »)

Samedi 29 novembre

11h : Compétition de courts métrages – Programme #3

▪ Corto (Alexis de Vigan – 9’40’)
▪ Copenhague Noir (Thash Mose – 4’09’)
▪ Teinté en rouge (Jess Weiss – 14’59 »)
▪ Ombres noires (Paula Morales Plaza- 1’30’)
▪ Killer’s Sight (Antonio La Camero – 6’18’’)
▪ La Visite de Medrano (Álvaro H. Blanco – 10’07 »)
▪ Dinner Party (Steve Yager – 5’42’’)
▪ Only John Welles Wears Leather (Jarno Harju – 11’27 »)

Nashorn im Galopp d’Erik Schmitt, Prix Format Court au Festival de Brest 2014

La 29ème édition du Festival Européen du Film Court de Brest s’est clôturée hier soir. Le Jury Format Court (Camille Monin, Katia Bayer, Zoé Libault, Lola L’Hermite) a attribué pour la troisième année consécutive un Prix Format Court au sein de la compétition européenne. Après Gunhild Enger (« Prematur », Norvège) et Chema García Ibarra (« Misterio », Espagne), c’est au tour d’Erik Schmitt
 de bénéficier du prix avec son film « Nashorn im Galopp » (Allemagne). Le film, choisi parmi les 40 films européens sélectionnés, a séduit notre équipe par sa créativité, sa poésie, son rythme et son humour.

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Comme à l’accoutumée, un dossier spécial sera consacré au film primé et celui-ci sera diffusé en mars prochain, lors de la séance Format Court « Spéciale Brest » au Studio des Ursulines (Paris, 5ème). Le réalisateur bénéficiera également d’un DCP (relatif au film primé ou au prochain dans un délai de deux ans) crée et doté par le laboratoire numérique Média Solution.

Prix Format Court 2014 : Nashorn im Galopp
 d’Erik Schmitt
 (Allemagne, Fiction, Animation, 15′, 2013, Detailfilm)

Synopsis : Bruno erre dans les rues de Berlin, la tête pleine d’interrogations, à la recherche de ce qui se cache derrière les innombrables façades et édifices. Il cherche à saisir l’âme de la ville, ce petit quelque chose que les autres ne remarqueront peut-être jamais. Au moment où il s’y attendait le moins, il rencontre une alliée.

Retrouvez le palmarès complet de Brest en ligne

29ème Festival Européen du Film Court de Brest, le palmarès 2014

La 29ème édition du Festival Européen du Film Court de Brest s’est achevée hier soi . En voici le palmarès complet rendu par les différents jurys dont l’officiel composé de Chema García Ibarra (Prix Format Court à Brest l’an passé), Ana Ularu, Mathieu Bompoint, Angélica Sarre et Leonardo Valenti.

Prix décernés pour la compétition européenne

Grand Prix du film court de la ville de Brest : Artun
 de Gudmundur Arnar Gudmundsson 
(Islande, Danemark)

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Prix européen du Conseil Régional de Bretagne :  As Rosas brancas 
de Diogo Costa Amarante (Portugal, États-Unis)

Prix du premier film ou film d’école du Conseil général du Finistère : Kazimir 
de Dorian Boguta (Roumanie)

Prix spécial du Jury : Shadow 
de Lorenzo Recio 
(France)

Mentions spéciales

Reizigers in de Nacht
 de Ena Sendijarevic (Pays-Bas)

The Chicken 
d’Una Gunjak 
(Allemagne,  Croatie)

Prix des passeurs de courts, Prix du public, Prix du Jury Jeune : Discipline
 de Christophe M. Saber 
(Suisse)

Prix Format Court, Mention spéciale Jury Jeune : Nashorn im Galopp
 d’Erik Schmitt
 (Allemagne)

Prix décernés pour la compétition française

Prix France 2 : To be delivered de Pierre Amstutz Roch

Prix Beaumarchais : Sans les gants de Martin Razy

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Prix décerné pour la compétition ovni

Prix Shorts TV : Ja Vi Elsker
 (Yes We Love) de Hallvar Witzø (Norvège)

Prix décerné pour les programmes Brest off

Jury Presse : Anywhere But Here de John Hayes (Irlande, Royaume-Uni)

Cinéma de poche/Cinémathèque française : Repérage #9, jeudi 20 novembre 2014

Coups de coeur, programmations thématiques, cartes blanches à des festivals ou à des sociétés de production, rétrospectives des courts métrages d’un cinéaste : « Cinéma de poche », le rendez-vous du court proposé par Bernard Payen, à la Cinémathèque française, nous intéresse. Après la carte blanche Format Court, le jeudi 30 octobre dernier, retrouvez une nouvelle séquence de  « Repérage » à travers un aperçu de 3 films français, en présence de leurs réalisateurs.

L’Usine, l’autre nuit de Nathalie Giraud et Timothée Corteggiani.
France/2013/16’/Numérique. Avec Emilie Deville, Eric Defosse.

Syn. : Au volant de sa voiture, Andréa s’arrête une dernière fois dans cette usine où elle a travaillé. Fragile et paumée, elle espère pouvoir survivre en renouant avec son passé. Mais la violence de la réalité va détruire toutes ses illusions.

Essaie de mourir jeune de Morgan Simon.
France/2014/20’/DCP. Avec Julien Krug, Nathan Willcocks, Virginie Legeay.

Syn. : Le soir de son anniversaire, Vincent sort avec son père, bavard et ingrat, pour une virée nocturne. Partagé entre l’admiration et le dégout qu’il éprouve pour lui, il l’accompagne dans des situations qui le pousseront à lui avouer son véritable ressenti.

Animal serenade de Béryl Peillard.
France/2014/38’/DCP. Avec Marie Denarnaud, Kevin Azaïs, Léa Poinsot.

Animal serenade

Syn. : À 25 ans, Nina adopte un chien. Elle en est sûre : avec son nouveau compagnon Jojo, elle s’en sortira mieux…

En pratique

Cinéma de poche/Cinémathèque française : Repérage #9, jeudi 20 novembre 2014

Salle Jean Epstein. Durée de la programmation : 74’

Tarifs Cinéma* : 6€50 Plein tarif, 5€50 Tarif réduit, 3€ pour les moins de 18 ans. 4€50 avec le Forfait Atout Prix. Entrée libre avec le Libre Pass

L’info sur le site de la Cinémathèque : http://www.cinematheque.fr/fr/dans-salles/rendez-vous-reguliers/fiche-manifestation/cinema-poche-reperage-9,17312.html

Sans les gants de Martin Razy

« Sans les gants », lauréat ce soir du Prix Beaumarchais au 29ème Festival Européen du Film Court de Brest, raconte l’histoire de Dylan, un garçon d’une quinzaine d’années, boxeur prometteur, amoureux d’une jeune fille de son quartier. Seulement, étant trop jeune, Daylan ne peut participer au championnat de boxe qu’il espérait et Samia, l’objet de son attention, le trouve « trop gamin ». La garçon va alors tâcher de grandir.

On pourrait assimiler ce court-métrage à un énième film sur le thème de la banlieue ou de l’adolescence, mais on se tromperait car Martin Razy propose une approche assez différente. En effet, la banlieue sert essentiellement de décor, le réalisateur ne se concentrant pas sur la façon d’y vivre.

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On est plus volontiers face à quatre espaces significatifs pour Dylan : la salle de boxe où il s’entraîne avec son coach, mi-conseiller mi-père et qui représente le lieu de la réflexion et de la rage ; son appartement, lieu intime où il entretient une relation très proche avec sa mère célibataire ; le parc où il croise et retrouve Samia, la nature étant synonyme de virginité ; et enfin, la banlieue ou plus exactement, le pied de son immeuble, qui symbolise pour lui l’âge adulte puisque les types traînent dehors, fument et se font respecter.

Pour traverser ces différents décors introduits par le beau plan-séquence du début du film qui suit le jeune garçon et survole son univers, le personnage de Dylan, interprété par le talentueux et précoce Zacharie Chasseriaud (vu dans « Les Géants »), est loin d’être cet adolescent boutonneux et rebelle qu’on voit souvent. Il est au contraire attachant et touchant. On ressent d’ailleurs très fortement à l’écran, la tendresse que porte le réalisateur pour son personnage principal et qu’il a trouvé en celui-ci le comédien complice parfait pour l’interpréter.

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Dans ce film, le personnage de Dylan est bien éduqué, serviable avec sa mère,  bon apprenti de boxe, timide avec les filles; il ne se laisse pas entraîner par les autres adolescents peu fréquentables du quartier, mais il n’est pas pour autant candide. Loin de là puisque c’est sa colère d’être trop jeune, trop petit, trop môme, qui va le pousser à devenir quelqu’un d’autre.

En se frottant à la vie de « grand », Dylan y trouve des avantages comme celui de taper enfin dans l’œil de Samia et d’être respecté, mais il se retrouve également confronté à l’aversion des adultes. Et alors que le film s’ouvre sur les mains de Dylan qui se prépare à mettre ses gants pour l’entraînement de boxe, il se ferme également sur les mains nues de l’adolescent, cette fois salies et blessées d’avoir grandi peut-être trop vite.

En réalisant « Sans les gants », Martin Razy signe un film sensible, au ton à la fois doux et grave, sur l’envie de grandir, le passage un peu trop rapide à l’âge adulte et une jeunesse en quête de repères. Le film, déjà repéré par notre équipe à Grenoble, est l’une des bonnes surprises de Brest.

Camille Monin

Article associé : l’interview de Martin Razy

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S comme Sans les gants

Fiche technique

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Synopsis : Dylan est un jeune boxeur prometteur. Il apprend coup sur coup que Samia la fille dont il est amoureux trouve qu’il fait gamin et qu’il ne peut pas participer au championnat dont il rêve car trop jeune. Dylan décide de grandir.

Genre : Fiction

Durée : 18’32’’

Pays : France

Année : 2014

Réalisation : Martin Razy

Scénario : Martin Razy, Justine Martini

Image : Thomas Walser

Montage : Émilie Orsini

Son : Mathias Large

Musique : Cyrille Aufort

Interprétation : Zacharie Chasseriaud, Lina Elarabi

Production : Pharos Productions

Articles associés : la critique du film, l’interview de Martin Razy

Arena de Martin Rath

Martin Rath sort à peine de l’école et il possède déjà un univers bien défini qui le démarque de ses pairs. Dans son film « Arena », présenté au 29e Festival Européen du Film Court de Brest au sein de la compétition européenne, il est question d’hommes qui vivent en communauté en pleine nature et de preuves et d’épreuves qu’ils s’imposent pour en faire partie. Le film est assez sombre dans le ton, mais également au niveau de l’image, ce qui rend l’environnement où se situe l’intrigue d’autant plus pesant et mystérieux.

Le héros du film est un jeune homme d’environ 25 ans qu’on devine perdu. En faisant de l’autostop, il est accueilli par une communauté qui vit dans la montagne à laquelle il affirme ne pas savoir bien où il va, ne pas avoir réellement d’objectif, faisant de ce voyage une sorte d’errance nécessaire pour grandir. Il s’attache ainsi à ces hommes tous un peu bourrus et à ce personnage quelque peu énigmatique mais assurément charismatique qu’est le chef du clan.

C’est donc avec la meilleure volonté que notre héros se plie au quotidien de ces hommes en allant couper et charger du bois au fin fond de la forêt. Il accepte également les défis qu’ils lui lancent : se baigner dans une cascade glacée, faire un bras de fer où sont plantés des clous sous chaque main ou encore maîtriser un 4×4 dans une rivière. Le jeune homme se plaît à remplir ces missions jusqu’au jour où l’épreuve est hors de sa portée : abattre un faon à l’aide d’un poignard. Le jeu s’arrête alors : faut-il tuer pour être un homme et se faire accepter ?

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Le jeune réalisateur suit les challenges du personnage principal au sein de cette communauté, caméra à l’épaule pour être au plus proche d’eux et de manière très naturaliste. Les sons ont également leur importance pour se sentir au cœur de cette montagne, pour cerner au mieux ce retour à l’homme ancestral, le chasseur. Il y a finalement peu de dialogues dans ce film et le réalisateur suggère parfois plus qu’il ne montre réellement. Le spectateur devient alors un observateur qui doit comprendre et analyser par lui-même, de la même manière que le héros est poussé à la réflexion par toutes ces actions qu’on lui impose. À ne pas tout savoir, le spectateur ressent une expérience proche de celle du héros et c’est en cela que Martin Rath réussit à créer du suspense, à entretenir un certain mystère autour de cette communauté, le tout avec une grande finesse en confrontation avec l’animalité de ces hommes.

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Martin Rath a choisi de situer son intrigue au cœur de la montagne polonaise où la forêt y est sombre et épaisse, où la nature l’emporte, créant ainsi une sorte de claustrophobie malgré l’espace. Grâce à ce décor, il permet un regard différent sur la manipulation qui passe par des épreuves pour se faire accepter au sein d’un groupe. Une manière de montrer que l’homme est un loup pour l’homme, avec une touche sensorielle en plus, celle liée à la nature, que maîtrise parfaitement Martin Rath.

Camille Monin

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A comme Arena

Fiche technique

Synopsis : Un auto-stoppeur est accueilli par une communauté polonaise isolée dans les montagnes. Absorbé par le charisme des habitants et la dureté impitoyable de son nouvel environnement, il prolonge son séjour dans les montagnes. Mais à qui devons-nous prouver qui nous sommes ?

Genre : Fiction

Durée : 23’

Pays : Pologne

Année : 2013

Réalisation : Martin Rath

Scénario : Martin Rath

Image : Bartosz Swiniarski

Montage : Patrik Ericsson

Musique : Artur Walaszczyk

Interprétation : Marcin Kowalczyk, Piotr Dmyszewicz, Mikolaj Chroboczek

Production : Polish National Film School in Lodz

Article associé : la critique du film

Put(in)Love de Eirini Karamanoli

Avant d’être projeté en festival, le film de Eirini Karamanoli est d’abord paru sur Internet le 14 février 2014 pour la Saint-Valentin, journée choisie en Russie pour faire un coup médiatique en faveur de la communauté LGBT (Lesbiennes, Gays, Bisexuels, Transsexuels). « Put(in)Love » est une réponse à cet appel et est présenté cette semaine au Festival de Brest.

Les Jeux Olympiques d’hiver de Sotchi en février 2014 ont été l’occasion pour les membres de la communauté LGBT et ceux qui les soutiennent de faire parler de leur condition en Russie, profitant de la couverture médiatique de l’événement. En effet, alors que certains pays vont plutôt de l’avant concernant la considération des homosexuels et transsexuels, celle-ci fonctionne à reculons. Pendant que la France légalise le mariage homosexuel par exemple, la Russie vote une loi interdisant la « propagande homosexuelle auprès des mineurs » en juin 2013.

Lors des Jeux, beaucoup d’actes militants, allant du boycott aux pieds de nez au gouvernement russe, sont faits dans le monde entier pour protester contre la situation des LGBT en Russie. Cher ou Kylie Minogue ont refusé la proposition d’y chanter, Barack Obama a choisi deux sportifs homosexuels dans sa délégation pour y représenter les États-Unis, la Norvège a proposé une publicité pour des vêtements de sports mettant en scène un baiser lesbien, … « Put(in)love », vidéo militante tchèque, s’inscrit dans ce mouvement protestataire. Le titre, pouvant être lu « Putin Love » ou « Put In Love », fait clairement référence au dirigeant russe Vladimir Poutine, responsable de cette loi sur les mineurs, et une scène très touchante du film représentant une enfant faisant preuve d’humanité envers le personnage principal montre à quel point cette loi est ridicule.

Avec « Put(in)Love », nous suivons un moment-clé de la vie d’un personnage à Sotchi au moment des JO. Il (le personnage) nous est de prime abord présenté comme un garçon s’entraînant dans une équipe masculine de nageurs, ne portant pas de haut de maillot à la piscine et se changeant dans les vestiaires des hommes. Timide, il porte un gros blouson et un pantalon de jogging large et a les cheveux courts. Cependant, il possède des traits, un corps et un prénom de femme, Zhenja. Transexuel, Zhenja est victime de harcèlement moral et physique. Un jour, pourtant, elle décide enfin d’assumer sa féminité, se maquille et enfile une jolie robe à fleurs pour aller à la piscine. Cette décision ne laissera pas indifférents les gens qui l’entourent qui réagissent tous face à cette tenue, allant de l’admiration au lynchage violent, en passant par les regards de mépris ou de pitié.

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Constatant dans le miroir de sa chambre les dégradations physiques de son corps après avoir été tabassé, notre personnage se confronte violemment à un reflet qu’il ne reconnaît plus. Mais qui est-il ? Une « ordure », un « moins que rien », comme le qualifient ses partenaires de natation ? Une femme ? Un homme ? Les deux ? Entre les deux ? Ou simplement un humain comme les autres qui mérite respect et considération ?

La plus grande prouesse de ce film est de maintenir jusqu’à la fin la confusion sur le sexe d’origine du personnage principal. De toute évidence, quel que soit son genre d’appartenance, celui-ci nous est montré tel qu’il se perçoit lui-même, comme une femme, mais peut-être pas tel qu’il est vu par son entourage. Cette question de l’identité du genre est représentée par de nombreux plans de reflets de Zhenja dans un miroir. Ceux-ci lui renvoient l’image qu’il/elle veut voir et l’enferment dans un deuxième cadre dans lequel il/elle est seul avec lui-(elle)même. Cette métaphore de l’isolement par un cadre dans le cadre est d’ailleurs souvent utilisée dans le film.

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Souvent plus apparentés à des publicités qu’à des films de cinéma, les spots militants ont des codes bien à eux. « Put(in)Love » les respecte tout en les transgressant. Le film est court, choquant, violent, a un rythme effréné, avec une musique empathique et finit par le message clairement identifié en lettres blanches sur fond noir : « LGBT RIGHTS ARE HUMANS RIGHTS ». Mais ce qui fait de ce film un film de cinéma, c’est son détournement des codes avec lesquels Eirini Karamanoli joue assez justement pour un premier film. Bien qu’assez court, « Put(in)Love » est tout de même plus long (il dure une quinzaine de minutes), est doté d’un réel scénario, d’un travail sur la photographie et le découpage, ainsi que sur la psychologie des personnages et transporte le spectateur dans une diégèse recherchée.

On pourrait reprocher à ce film militant assumé son manque de subtilité, dévoilant son message trop clairement, mais il favorise grandement la prise de conscience des violences subies par les minorités sexuelles. Grâce à ce genre de films, situés entre spots revendicateurs et courts-métrages de cinéma, on peut espérer de ne plus parler de cette violence au présent mais comme d’un mauvais souvenir pour l’humanité.

Zoé Libault 

Consulter la fiche technique du film

P comme Put(in)love

Fiche technique

Synospis : Russie, février 2014. Dans une petite ville, une jeune fille nommée Zhenja est harcelée par les habitants. Sa vie est menacée et sa présence n’est plus tolérée en ville. Tout est remis en question lorsque la vérité sur Zhenja éclate au grand jour.

Genre : Fiction

Durée : 14’25’’

Année : 2014

Pays : République tchèque

Réalisation : Eirini Karamanoli

Scénario : Eleni Karamanoli

Image : Tim Spreng

Montage : Juan David Salazar

Son : Yiannis Lamprou

Musique : Loukas Erotokritou

Interprétation : Anna Miller, Gabriel Cohen, Alexander Stasko, Alexander Lyakhovich, Dmitry Barmakov, Alexey Ponomakev

Production : Pantheon Pictures

Article associé : la critique du film

Adrian Sitaru, Prix Format Court au Festival International du Film Francophone de Namur 2014

Lors de la 29ème édition du festival du film francophone de Namur (FIFF) qui a eu lieu du 3 au 10 octobre, Format Court a attribué le prix du meilleur court métrage de la compétition internationale au film « Art » d’Adrian Sitaru. Le jury composé de Marie Bergeret, Juliette Borel, Adi Chesson et Zoé Libault a été séduit par l’approche stylistique de ce huis clos oppressant qui questionne intelligemment les limites de la démarche artistique quand celle-ci est confrontée à la notion de responsabilité.

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Dans le cadre du prix, le film vient d’être projeté à notre 3ème Soirée Format Court de l’année, le jeudi 13 novembre 2014 au Studio des Ursulines (Paris, 5ème).

Retrouvez dans ce focus :

La critique du film

Le reportage « Adrian Sitaru ou la philosophie des regards »

L’interview d’Adrian Sitaru

Adrian Sitaru ou la philosophie des regards

Lauréat du Prix Format Court au dernier Festival du film francophone de Namur (FIFF) avec « Art », Adrian Sitaru, cinéaste roumain aux multiples talents n’a eu de cesse de faire parler de lui dès son premier film, « Vagues » (Valuri, 2007). En l’espace de sept ans, il a réalisé pas moins d’une dizaine de films, passant du court au long avec toujours la même volonté farouche de mettre le spectateur mal à l’aise, de le déranger au plus profond de ses convictions.

Counterpart

Apparue au début du millénaire, la Nouvelle Vague du cinéma roumain se caractérise par des films à la mise en scène minimaliste, filmés caméra à l’épaule, mettant en valeur un jeu d’acteurs hyperréalistes. L’émergence d’un renouveau cinématographique en Roumanie est fortement liée au contexte politique et social du pays. La chute de Ceausescu a permis aux artistes d’aborder la réalité de façon critique et d’exprimer ouvertement leur opinion. Aujourd’hui, il semblerait que les cinéastes, réveillés d’un long sommeil, ressentent le besoin frénétique de capturer la réalité en restant le plus authentique possible. Adrian Sitaru en fait partie.

Regard sur la société roumaine

Dès son premier film « Vagues » sorti en 2007, Adrian Sitaru nous confronte à son besoin de flirter avec les limites du politiquement correct. C’est l’été, la plage est bondée. Une Suissesse demande à un jeune homme de surveiller son fils handicapé pendant qu’elle va nager. Elle rencontre un homme qui lui apprend à nager. Mais soudain, elle disparaît dans les vagues. La grandeur du film réside dans l’intelligence de sa mise en scène. Comme pour la plupart de ses films, Sitaru débute en plongeant le spectateur dans un situation en cours. La caméra suit un jeune homme dans la foule. Tel un tableau composite minutieusement pensé, il filme des scènes à l’apparence banale et ordinaire se trouvant à la lisière du documentaire et de la fiction. Puis, lorsque que l’on s’arrête sur l’un des protagonistes, un jeune homme à l’allure pas commode, un jeu de regards s’installe en caméra subjective, passant de plans-séquences à des plans fixes, passant du jeune enfant handicapé à un couple dont la femme est choquée par le manque de pudeur de sa voisine. On l’aura compris, en quelques minutes, c’est la société roumaine que Sitaru a décidé de montrer. Le couple appartient à l’ancienne génération, celle qui reste attachée à ses traditions, à ses valeurs conservatrices. L’hypocrisie n’est alors pas très loin.

Le jeune homme, quant à lui, est quelque peu marginal, il est venu seul pour « mater ». Quand la jeune étrangère lui demande de surveiller son enfant, c’est de manière un peu intéressée qu’il accepte. Il la trouve à son goût, pourquoi s’en cacher ? Mais l’accident de la noyade survient dans l’indifférence générale. L’homme qui était en train d’apprendre à nager à la jeune femme revient à sa place comme si rien ne s’était passé. Le « baby-sitter », se sert allègrement dans les affaires de la disparue, laissant son fils grabataire. Ce n’est qu’après qu’il prend conscience de son acte et qu’il revient sur ses pas. Le film est une critique virulente d’une société post-communiste où l’individu prend ses marques, certes mais sans considération aucune pour ce qui ne le concerne pas directement. Avec ce premier film, multiprimé dont le Pardo d’Oro au festival de Locarno en 2007, Sitaru pose ouvertement la question de la responsabilité individuelle dans une collectivité.

Après « Lord » (2009), Bayard d’or au FIFF en 2010 où il met en scène un jeune voyou qui vole des chiens pour mieux faire chanter leurs maîtres en contrepartie d’une coquette somme d’argent, il signe deux films « La Cage » (Colivia, 2010) et « House Party » (Chefu’, 2012).

« La Cage » traite du rapport conflictuel entre un père et son fils. Après avoir trouvé un oiseau malade dans la rue, l’enfant s’efforce de convaincre ses parents de l’accepter. Pour filmer un lieu fermé, Sitaru use davantage de plans serrés, faisant naître une sensation d’oppression. Le père est le personnage principal autour duquel gravite une mère/femme n’existant qu’au travers de sa fonction de femme au foyer et un fils capricieux mais toujours rabroué par son père. Lorsque l’enfant découvre une colombe blessée, il l’amène à la maison et exige une cage pour l’oiseau. Le père refuse d’accepter l’animal au sein du foyer, prétextant la nécessité de le laisser mourir à l’extérieur mais personne ne semble l’écouter. Chacun est dans son monde et la communication est difficile. Véritable huis clos, la cage ne serait finalement qu’une métaphore de l’appartement et a fortiori de la vie de cette famille issue de la classe moyenne modeste. Mais la cage est aussi un signe extérieur de richesse tout comme une preuve de l’affection que le père ressent malgré tout pour son fils.

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Cliquer sur l’image pour visionner « Chefu » (House party)

Si « La Cage » se résume à un appartement ou presque, « House Party » se limite à la cuisine de Neli. Lorsque celle-ci revient de week-end, ses voisines s’empressent de lui raconter les frasques de son petit-fils de 17 ans qui a organisé une fête dans son appartement en son absence. Ces femmes qui s’ennuient prennent un malin plaisir à médire et à exagérer les faits. Car dans les grands immeubles aux appartements identiques, il y a toujours quelqu’un pour épier la vie d’autrui. Assez différent des autres courts métrages de Sitaru, « House Party », est un huis clos verbeux qui traite d’une situation particulière liée au contexte roumain.

La traversée du miroir

Avec les deux films suivants, Sitaru laisse transparaître une certaine transition dans ce qu’il désire montrer, se rapprochant davantage de questions éthiques comme on le retrouvera dans « Art » (Arta, 2014) où il traite de la manipulation et du pouvoir mettant en scène le casting d’une adolescente qui doit jouer le rôle d’une victime de violence sexuelle. Ce n’est plus la société roumaine en tant que tel qui l’intéresse dorénavant mais plutôt la manière dont un individu est amené à remettre en question ses principes moraux. De même, il est fasciné par les enjeux, les intentions et la responsabilité de l’image artistique/médiatique.

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« Excursion » (Excursie, 2014). Alors que la télévision annonce l’arrivée d’extra-terrestres en Roumanie, le petit Eugen, 9 ans, s’empare d’une caméra vidéo de son père et passe son temps à filmer le moindre détail de sa vie, récoltant ainsi un ensemble d’informations explicatives à l’intention des petits hommes verts sur la manière dont fonctionnent les choses sur la planète Terre. Un tel sujet aurait pu facilement être montré sous un angle surnaturel et fantastique, pas avec Sitaru pour qui la réalité et ses multiples détails est bien plus intéressante à montrer. C’est pourquoi il choisit toujours une mise en scène hyperréaliste et dynamique. Le titre du film fait référence à une excursion scolaire pour laquelle le père donne de l’argent à Eugen. Avec cette somme, l’enfant organise sa propre excursion, sa fugue. Lorsque la télévision, à la fin du film, annonce la disparition d’Eugen, et montre les images que l’enfant a filmées, les journalistes les interprètent différemment, leur conférant un caractère pervers qu’elles n’avaient pas initialement. Le cinéaste met en avant le problème d’éthique dans l’utilisation de l’image et pose la question de la manipulation des médias et de la contradiction de la surreprésentation qui déforme la réalité. La mise en scène originale répète des lieux et des situations pour mieux les comparer.

Avec « Counterpart » (2013), le réalisateur roumain quitte son pays natal pour tourner au Royaume-Uni. Il est encore question de regard et de morale dans ce récit qui évoque un voyeur à mobilité réduite observant un jeune couple s’ébattre, bronzer et se disputer. Le choix d’avoir recours à des plans très serrés, de filmer les corps au plus près et du plan séquence dans la pénombre de l’appartement du voyeur renforcent cette sensation de confinement oppressant liée à l’acte de regarder sans être vu. Quand le jeune homme se rend compte qu’il est observé, il se rue chez le voyeur et l’agresse violemment. Le lendemain, il s’excuse et lui « offre » les services de sa copine, ex-stripteaseuse pour se faire pardonner. Apprenant cela, la jeune fille refuse dans un premier temps, ne se sentant pas respectée. Elle n’est pas un objet. Puis, elle change d’avis. Elle décide de se mettre à nu pour cet homme handicapé pour lequel elle a pitié. Dérangeant, mettant mal à l’aise, « Counterpart » annonce « Art », dans sa manière d’aborder la manipulation, la sexualité et le regard moral que l’on pose sur celle-ci. Où se situent les limites du partage consentant et celles de la perversion ?

Avec le cinéma d’Adrian Sitaru, nous assistons à un cinéma qui interroge la société roumaine et ses diverses mutations, mais aussi un cinéma qui aime bousculer gentiment le spectateur pour le mettre mal à l’aise et le faire réfléchir. Ses longs-métrages, tels que « Pic-Nic » (2007) pour ne citer que celui-là, ne sont pas en reste de cette envie de pousser toujours plus loin l’étude de la nature humaine au travers de fictions finement réalisées.

Marie Bergeret

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Métamorphoses de Shanti Masud

Fiction, 49′, 2014, France, Kidam

Synopsis : Intimité et spectacle, mélancolie et rage, pudeur et pulsion, naissance et disparition. Quatre filles, quatre garçons. Huit solitudes se racontent avec lyrisme et passion, entre Terre et Cosmos, en chemin vers leurs « Métamorphoses. »

Le site d’Arte Creative diffuse en ce moment l’une des dernières productions de la réalisatrice Shanti Masud, lauréate du Prix Format Court au Festival de Vendôme 2013 avec son court-métrage « Pour la France », récemment projeté avec d’autres films de la cinéaste au cinéma L’Archipel dans le cadre du nouveau rendez-vous « À la rencontre du jeune cinéma français ».

Découvrez « Métamorphoses », moyen-métrage surprenant où se succèdent les portraits de huit personnages étranges, que leurs sentiments guident vers une transformation en créatures fantastiques.

Marc-Antoine Vaugeois

Újratervezes de Barnabás Tóth

Avec « Újratervezes », film hongrois d’une douzaine de minutes en compétition européenne cette semaine au Festival de Brest, on partage quelques moments choisis de la vie d’un couple de sexagénaires vieillissants. Dans le huis clos d’une voiture, on suit l’évolution, ellipse après ellipse, de la vieillesse de ce couple et de la maladie de la femme, avec pour point de repère sa transformation physique. Le jeu d’acteur de Judit Pogány, actrice de théâtre essentiellement, assisté par le maquillage et les costumes, appuient le passage du temps.

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La voiture est un des lieux d’intimité de cet homme et de cette femme. Enfermés dans une carapace protectrice, coupés du reste du monde, ils sont confrontés l’un à l’autre sans échappatoire possible. La caméra prend place sur le capot et les filme en plan fixe, se plaçant en narrateur omniscient et adoptant de temps en temps un champ/contre-champ sur chacun des personnages en plan épaule, pour se rapprocher d’eux. Ces plans plutôt larges et le rythme du film, peu découpé, laisse la part belle à l’expression des personnages et au jeu d’acteur.

Les deux individus sont très différents, évoluant chacun l’un à côté de l’autre. Incarnés très justement par deux acteurs confirmés, ces personnages sont d’une crédibilité inouïe, proche du stéréotype sans jamais l’atteindre.

Elle, bavarde et excentrique, lui, froid et droit, se disputent sans cesse dans leur voiture. Ces heurts sont leur façon de s’aimer, de se raccrocher et se compléter l’un à l’autre. Elle l’insupporte mais sans elle, il se sent seul. Le titre anglais du film, « My guide », est une illustration de ce qu’elle est pour lui, sa copilote. Pris au sens propre, elle est une copilote un peu approximative, avec un sens de l’orientation qui laisse à désirer, assez gauche avec une carte routière à la main. Mais au sens figuré, en tant que copilote ou compagne de vie, elle lui est essentielle. Sachant la disparition proche de sa femme, le mari trouve une solution émouvante pour pouvoir la garder toujours près de lui, comme un GPS de vie personnalisé.

Avec plus d’une dizaine de réalisations à son actif, le réalisateur Barnabás Tóth sait toucher avec justesse l’âme humaine. Le sentiment de tendresse et d’attachement envers le beau couple de ce film est accentué par une musique calme et fluette et des personnages doux. Le film distille une humeur joyeuse, transmettant un regard positif sur l’amour au quotidien d’un couple en fin de vie.

Zoé Libault 

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U comme Újratervezes

Fiche technique

Synopsis : Un couple âgé est pris dans la circulation. Elle bavarde, elle avertit, elle contrôle. Lui grogne ou bien il explose. C’est leur façon de vivre. Mais la vie est pleine de rebondissements.

Genre : Fiction

Durée : 12’17

Pays : Hongrie

Année : 2013

Réalisation : Barnabás Tóth

Scénario : Barnabás Tóth

Image : Gábor Marosi

Montage : Barnabás Tóth

Interprétation : Judit Pogány, Zsolt Kovács

Production : Csokonai Müvelödési Központ

Article associé : la critique du film

Henry Moore Selder : « Je suis très friand de cinéma transgressif. Mon film a été une excellente occasion de repousser un peu les limites »

Pour la 11ème édition du Festival Court Métrange en octobre, Format Court a remis un prix au film « A Living Soul ». À l’occasion du focus qui lui est consacré, nous avons posé quelques questions à son auteur, Henry Moore Selder, qui tourne ici son septième court métrage, après avoir réalisé plusieurs clips vidéos, notamment pour The Hives ou Garbage, mais aussi des publicités pour de grandes marques. Nous avons cherché à en savoir plus sur Ypsilon, le cerveau qui rêve de pouvoir s’échapper de son bocal, les scientifiques qui détiennent entre leurs mains son destin et parmi ces blouses blanches, celle chez qui l’espoir semble encore permis.

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Quel est votre parcours ? Comment êtes-vous venu au cinéma ?

J’ai commencé à faire des films Super 8, quand j’étais enfant, entre 8 et 10 ans. Puis j’ai mis cela entre parenthèses jusqu’à ce que je commence des études théoriques de cinéma, ce qui m’a conduit à mettre en pratique tout ce que j’avais appris. Ensuite, j’ai commencé à réaliser des clips vidéos et des courts métrages, ce qui m’a emmené vers la publicité.

Vous avez réalisé de nombreuses publicités pour de grandes marques. Comment réussissez-vous à concilier la réalisation de spots pour Nike, Audi, Mercedes ou Pepsi, et la réalisation de courts métrages tels que « A Living Soul » ?

Les publicités ont été une véritable école et un terrain d’essai pour moi. Cela m’a permis de rencontrer des professionnels du cinéma (plusieurs directeurs de la photographie, directeurs artistiques et autres personnes venant des effets spéciaux), mais aussi de travailler avec de grosses équipes et de se frotter à toutes sortes de techniques et d’expérimenter des effets. Seulement, ayant d’autres aspirations artistiques, j’ai toujours essayé de garder une place pour mes projets de fiction. L’année où j’ai réalisé « A Living Soul », je n’ai pas gagné un seul centime tellement je devais m’impliquer sur le projet au quotidien. Sans le travail publicitaire réalisé avant, j’aurais été en très grande difficulté financière.

« A Living Soul » est adapté d’un roman de P. C. Jersild, comment avez-vous découvert ce livre et qu’est-ce qui vous y a intéressé ?

Le roman est très célèbre en Suède depuis sa parution en 1980, je l’ai lu à l’âge de 10-12 ans et il m’avait plutôt marqué. Quand la possibilité de développer un projet de film est arrivée, je me suis replongé dans le livre et j’ai réalisé que ce serait une histoire parfaite à raconter sur une durée de trente minutes.

En voyant votre film, on pense au fameux plan en caméra subjective de « Robocop » lorsque ce dernier se réveille après son opération, on pense aussi au soldat sacrifié de « Johnny Got his Gun », notamment dans sa relation avec son infirmière. Est-ce que ces films ont été des références ou influences pour vous ? Plus généralement, qu’est-ce qui vous a influencé dans la réalisation de ce film ?

Je n’ai pas vu « Johnny Got his Gun » de Dalton Trumbo, mais je connais bien l’histoire, car j’ai lu le roman sur lequel il est basé (ndlr : écrit par Dalton Trumbo lui-même, le roman est paru en 1939 ; le film, quant à lui, date de 1971). « Robocop » est une source d’inspiration évidente, j’aime beaucoup l’univers hors-norme de Paul Verhoeven. Dans « Robocop 2 », il y a même un cerveau vivant qui est placé dans un autre robot. Je me suis aussi inspiré du film « Le Scaphandre et le Papillon » qui réussit à faire naître beaucoup d’émotion dans une situation de point de vue subjectif complètement verrouillé. Enfin, j’ai particulièrement étudié l’approche du point de vue subjectif dans les films « Orange Mécanique », « Brainstorm » et « Enter The Void ».

Votre film se situe au croisement de plusieurs genres (SF, comédie noire, surréalisme). Comment avez-vous su allier ces différences de ton et de style et garder une cohérence tout du long ?

Tous les projets sur lesquels j’ai travaillé se présentent à plusieurs égards comme un croisement des genres. Je me disais que si le cœur émotionnel du film était suffisamment réussi pour rendre possible toute identification avec Ypsilon, le personnage principal (ndlr : un cerveau doué de conscience), alors je pouvais tenter d’aller dans toutes sortes de directions différentes. Je suis très friand de cinéma transgressif et cette histoire a été une excellente occasion de repousser un peu les limites. Si le film se développe un jour en version longue, je serais ravi d’y inclure une scène d’amour plus explicite entre Emma et le cerveau…

Dans votre film, la dichotomie entre le corps et l’esprit est poussée à son paroxysme. Pourtant cet être sans corps, qui n’est qu’esprit, rêve de pouvoir se mouvoir. Qu’est-ce qui vous a intéressé dans ce paradoxe ? Qu’est-ce qui, selon vous, peut toucher le spectateur dans la figure d’Ypsilon ?

La dimension purement physique du protagoniste était très présente dans le livre ainsi que l’idée de vouloir s’échapper. Ce que je trouve particulièrement intéressant est la différence entre ce que le scientifique pense que le cerveau ressent et ce qu’il expérimente vraiment de lui-même.

Ypsilon possède cette espèce de petit « corps » pourvu d’oreilles qui lui permettent de se propulser vers l’avant. Son instinct de survie le poussant à utiliser tout ce qu’il a encore à disposition pour s’enfuir, même ses oreilles, cela lui donne une volonté et une apparence très humaine et nous nous retrouvons dans sa lutte pour sa liberté.

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Ypsilon imagine à plusieurs reprises des moyens de retrouver sa liberté. Pouvez-vous nous en dire plus sur ces rêves éveillés sous forme de décrochages poétiques et surréalistes ?

La situation claustrophobe dans laquelle il se trouve le pousse à trouver toutes sortes de solutions d’évasion, même si cela n’est que le fruit de son imagination. Ce sont des scènes qui étaient présentes dans le livre, mais plutôt sous la forme d’un monologue intérieur. J’ai pensé qu’il était essentiel de mettre cela en images, car de nombreuses situations sont particulièrement singulières et intéressantes visuellement.

Comment s’est déroulé le tournage du film ? Quelles sont les différentes techniques employées pour donner vie à Ypsilon ?

J’ai beaucoup storyboardé en amont et j’ai travaillé étroitement avec l’équipe des effets spéciaux pour parvenir à filmer chaque prise de vue que j’avais imaginé. La plupart des scènes sont filmées avec des effets plateau (environ 95%), en utilisant une marionnette animatronique et des trucages simples pour les mouvements larges. Nous avons également tourné une série de plans avec une version CGI 3D numérisée du cerveau, par exemple lorsque les deux cerveaux nagent ensemble à la fin.

Quels sont vos projets ?

Je développe de nombreux projets qui se trouvent à divers degrés d’avancement, mais celui sur lequel je travaille actuellement est un long métrage sur Ture Sventon, un détective qui possède un tapis volant et qui résout des crimes en Suède, à la fin des années 40. Le film s’inspire notamment des univers de Caro et Jeunet, Terry Gilliam, Michaël Powell et Emeric Pressburger, mais aussi du réalisateur suédois Hasse Ekman.

Propos recueillis par Julien Beaunay et Julien Savès

Articles associés : la critique du filmle reportage « Dans la tête d’Henry Moore Selder »

Henry Moore Selder, Prix Format Court au Festival Court Métrange 2014

Henry Moore Selder réalise depuis plus de 10 ans des courts métrages, des clips et des publicités. Son dernier film « A Living Soul » a reçu en octobre le prix Format Court au festival Court Métrange 2014 et est projeté ce jeudi 13 novembre 2014 au Studio des Ursulines (Paris, 5ème), dans le cadre des Soirées Format Court.

Format Court consacre un focus à ce réalisateur suédois aux multiples facettes qui s’était fait connaître en 2001 avec « Deadly Boring » (Grand Prix au festival Entrevues de Belfort). L’occasion de découvrir un corpus de films entre comédies musicales, rock indé et film d’anticipation aux limites de la science fiction.

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Retrouvez dans ce focus :

La critique du film

Le reportage « Dans la tête d’Henry Moore Selder »

L’interview d’Henry Moore Selder

Adrian Sitaru : « J’aime beaucoup me rapprocher le plus possible du réel par le biais de la fiction »

Réalisateur de la Nouvelle Vague du cinéma roumain, Adrian Sitaru est déjà un habitué du Festival du Film Francophone de Namur (FIFF), où il était sélectionné pour la sixième fois cette année. Également connu et apprécié de l’équipe de Format Court (ses précédents courts « Lord » et « Chefu » ont attiré notre attention), il s’est vu conférer le Prix Format Court au FIFF pour son dernier court métrage « Art » (Arta). Entretien virtuel autour d’un parcours et une démarche bien singuliers.

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D’où vient ta motivation à faire du cinéma ?

Ce n’est pas facile à exprimer. C’était quelque chose que j’ai ressenti au plus profond de moi-même, lorsque j’ai eu 18 ans, et que j’ai découvert Tarkovski, puis Bergman et Fellini. Avant cela, j’étais un passionné de la musique, je voulais devenir musicien.

Dans tes films comme « Art » et « Counterpart », on perçoit un intérêt particulier pour un regard qui frôle le voyeurisme. Il y a aussi l’idée de responsabilité du regard collectif sur le sujet individuel. On dirait que tu aimes jouer avec les limites du politiquement correct.

Je n’ai pas réfléchi à cette question en écrivant le scénario, mais c’est sûr que c’est quelque chose que j’avais en tête. Dans « Counterpart », je voulais que le jeune homme soit noir mais le producteur m’a dit qu’il était impossible en Grande-Bretagne d’unir un acteur blanc et un acteur noir. Je n’ai pas insisté car ce n’était pas essentiel, et puis, je ne trouvais pas un bon acteur d’origine africaine non plus. La responsabilité de la collectivité est un thème majeur dans mes films, et notamment également dans mon dernier long-métrage, « Domestic ».

Comment expliques-tu ta fascination de filmer en huis clos ?

Je trouve ce procédé plus réaliste et c’est comme ça que j’ai commencé à faire des films ; dans des lieux réels avec des vraies personnes comme des amis ou de la famille. Ce n’est pas toujours possible. D’ailleurs, je ne dirais pas que c’est forcément une fascination. En l’absence de budget, c’est parfois une bonne solution !

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« Lord »


On dirait que tu restes fidèle à certains acteurs comme Adrian Titieni et à une boîte de production (4Proof Film). Qu’est-ce que ces collaborations t’apportent ?

J’ai moi-même créé la boîte de production 4Proof Film, avec Adrian Titieni, Adrien Silsiteanu (le chef opérateur de la plupart de mes films) et Monica Gorgan. On a fondé cette société pour produire mon premier long métrage « Pescuit Sportiv » (Picnic), que j’ai réalisé sans budget. Je m’entends très bien avec Titieni et c’est à mes yeux le meilleur acteur roumain. Nous travaillons très bien ensemble.

Tes films, comme d’autres de la Nouvelle Vague roumaine, ont une dimension hyperréaliste, très proche du documentaire. As-tu jamais été attiré par le cinéma non-fictionnel ?

À vrai dire, je n’aime pas trop le genre documentaire. Cela ne m’intéresse pas de faire des films documentaires classiques. En revanche, j’aime beaucoup me rapprocher le plus possible du réel par le biais de la fiction et avoir un regard documentaire d’observateur. Je pense souvent à réaliser une œuvre hybride entre fiction et non-fiction. C’est un défi qui me plairait bien.

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Cliquer sur l’image pour visionner « Chefu » (House party)


Dans tes films, tu laisses toujours une certaine ambiguïté dans le discours. Pourquoi ?

Parce que je n’ai pas les réponses ! La plupart de mes films se basent sur mes propres dilemmes, comment puis-je alors avoir les réponses ? L’ambiguïté est quelque chose de très intéressant, elle s’approche de la philosophie. Mais il ne faut pas assimiler l’ambiguïté à la confusion qui, elle, n’a rien de bon pour un film.


Ton premier court métrage « Valuri » est sorti en 2007. Depuis, tu as réalisé autant de longs que de courts. Quel intérêt a le format court pour toi ?

Les courts métrages sont plus faciles à réaliser. « Art » a coûté environ 1.000 euros et 2 jours de tournage. Il est bien plus difficile de réaliser un long métrage, et pas seulement en Roumanie. Cela demande énormément d’argent et prend tellement de temps qu’on oublie la raison pour laquelle on voulait faire le film ! Ce n’est pas normal. De plus, j’adore le format court. Et puis, les critiques littéraires n’ont jamais demandé aux écrivains pourquoi ils écrivaient des nouvelles après des romans !

Comment est-ce que les courts métrages sont reçus en Roumanie ? Y a-t-il un marché pour l’achat et la diffusion de ces films ? Comment cela se passe-t-il au niveau de la production ?

Il n’y a pas de marché, juste des festivals et la chaîne HBO Romania qui achète quelques dix courts par an. La plupart des courts métrages sont indépendants ou sont des films d’études. Nous n’avons pas beaucoup de financement de la part du CNC local. Cela dit, la situation n’est pas tellement différente pour les longs métrages.

Comment est né le film « Art » ? Pourquoi as-tu décidé de raconter cette histoire en particulier ?

Je travaille actuellement sur un long métrage « Fixeur » co-produit avec la France que nous allons tourner en février. Le film parle d’une roumaine de 14 ans, une mineure qui se retrouve dans le réseau de la prostitution à Paris. Nous avons eu de longues discussions, non seulement au sujet de la thématique principale de l’abus, mais aussi autour de la recherche d’une comédienne pour jouer ce rôle. Ce n’est pas du tout facile si on veut éviter soi-même de virer vers un certain abus au nom de l’art, ou comme les personnages du long, au nom du bon journalisme. Nous avons donc parlé longuement, avec mon consultant de scénario Razvan Radulescu et deux co-auteurs, de nos enfants et de nos propres comportements. Beaucoup de dialogues d’« Art » viennent de nos discussions.

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Comment s’est passé le travail avec la jeune comédienne, Iulia Crisan ? Était-elle consciente de ce qu’elle devait faire ?

Le jeune comédienne était doublée pendant la scène principale, par notre productrice Ana Maria Antoci. Même si la fille avait tout compris à la lecture du scénario, nous ne voulions pas la mettre dans cette position. Personnellement, je pense que là, se trouve la fine limite entre abuser de quelqu’un et vouloir le protéger.

Peux-tu nous parler de ce nuage surréaliste dans le film, apparaissant au début et à la fin du film ? Qu’est-ce qu’il signifie ?

Pour moi, le nuage représente ce que l’on voit très rarement, comme l’art. Cela signifie que l’art n’est pas nécessairement fabriqué par nous par un processus créatif. L’art n’est pas forcément connecté à notre existence, il est cet élément surprenant de notre vie dont nous ne sommes que des témoins passagers. Aussi, au vu de tous les arguments exposés dans le film, ce nuage se présente comme le symbole de l’art, de la raison pour laquelle nous avons encore besoin de faire de l’art ; il existe des choses comme ce nuage qui méritent d’être montrées d’une manière ou d’une autre.

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Est-ce que tes films sont fort scénarisés ou est-ce que tu laisses beaucoup de place pour l’improvisation ?

D’habitude, nous suivons un scénario, mais je fais beaucoup de répétitions durant lesquelles nous revoyons le texte, ajoutons de nouvelles idées, etc. Mais au moment de tournage, 99 % de ce que je filme se trouve dans le scénario. Bien sûr, j’aime bien le fait que cela ressemble à de l’improvisation sans vraiment l’être. Cela rend le film plus réaliste, n’est-ce pas ?

Ton court métrage « Counterpart » a été réalisé en anglais avec des acteurs anglais. Pourquoi ce choix ? Aussi, il n’est pas sans rappeler « Fenêtre sur cour » de Hitchcock. T’en es-tu inspiré ?

J’ai rencontré des producteurs britanniques qui cherchaient à faire un long métrage, mais n’ayant pas trouvé de financement, nous avons décidé de faire un court. Mon inspiration vient de tout ce que je vois, il est possible que Hitchcock en fasse partie, mais je n’ai pas pensé à ce film quand je réalisais « Counterpart ». Je m’essayais à un nouveau genre, le grand défi étant de mélanger la comédie et le thriller.

Peux-tu nous parler de tes projets à venir ?

En plus du film « Fixeur » dont j’ai parlé précédent, je viens de terminer « It’s Time », un long métrage sans budget. Ce projet était un véritable défi d’un film à la lisière de fiction et de la non-fiction. Les personnages étaient fictifs, mais tout était tourné en plans-séquences uniques pour imiter la vie réelle. J’avais un scénario mais les acteurs ne connaissaient pas leurs dialogues. Ils ont parlé et agi comme les personnages qu’ils incarnaient. C’étaient des plans-séquences plutôt longs, comme dans le documentaire d’observation. Nous essayions de capter quelque chose qui n’arrive qu’une fois et en un seul plan pour éviter toute artificialité.

En tant que réalisateur multiprimé, qu’est-ce qu’un prix comme celui de Format Court signifie pour toi ?


Chaque film a une vie. C’est important pour moi de savoir comment il est reçu. C’est le film qui est primé, et non pas moi. L’idée du film m’est venue et j’ai fait mon mieux pour le réaliser. Cela me procure beaucoup de plaisir lorsqu’un film est reconnu, quand il reçoit un prix, c’est comme ce que l’on ressent pour son enfant. Et c’est très important pour le futur du film. Par exemple, grâce au Prix Format Court, « Art » sera projeté dans un lieu connu à Paris. J’en suis fier. Je me félicite d’avoir pris la décision de réaliser ce film, c’est tout.

Propos recueillis par Marie Bergeret et Adi Chesson

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