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Les Rencontres du moyen-métrage de Brive ont 10 ans

Du 2 au 7 avril 2013, le Festival de Cinéma de Brive, organisé par la Société des Réalisateurs de Films, fêtait son 10ème anniversaire. Un anniversaire qui offrait une nouvelle occasion pour la SRF de mettre en valeur un format ayant peu de visibilité dans la majorité des festivals de courts métrages : les films d’une durée comprise entre 30 et 60 minutes. Sous le signe des rencontres, ce rendez-vous a réuni de nombreux réalisateurs français et européens autour des meilleures tables de la cité gaillarde, et d’une programmation riche comprenant entre autres une compétition européenne, un panorama sur le cinéma anglais, des focus sur le cinéma d’animation et les films de Ernst Lubitsch, et des séances rétrospectives sur les 10 ans du festival rassemblant les neuf derniers prix du public.

Avec 23 films sélectionnés parmi plusieurs centaines, la compétition européenne du festival témoigne de la vivacité d’un format auquel restent attachés de nombreux réalisateurs, tant du fait de ses possibilités artistiques potentiellement plus riches que l’expression en court, que pour l’absence de contraintes commerciales qui caractérisent les longs. Une sélection où les fictions avaient la part belle avec notamment quelques films qui poursuivent une carrière brillante en festivals comme « Avant que de tout perdre » de Xavier Legrand, récemment primé à Clermont-Ferrand et à Angers, ou encore « Le Monde à l’envers » de Sylvain Desclous, Prix Format Court au dernier Festival de Vendôme. Si parmi les films sélectionnés, on ne retrouvait finalement qu’un seul film documentaire avec « L’âge adulte » de Eve Duchemin, on pouvait constater une certaine tendance au mélange des genres fictionnel et documentaire. Le film de Robin Harsh, « Les cheveux courts, ronde, petite taille », s’inscrit complètement dans cette tendance. Avec un parti pris de réalisation originale où l’auteur filme sa voisine d’en face de façon obsessionnelle en cultivant à travers elle le souvenir de sa mère défunte, le spectateur est confronté à une mise en scène du réel au service de l’imaginaire du réalisateur. D’une façon un peu différente, « Orléans » de Virgil Vernier suit le parcours de jeunes strip-teaseuses pendant les fêtes de Jeanne d’Arc à Orléans. L’auteur parvient alors à mêler intelligemment actrices et vraie strip-teaseuse, situation fictionnelle et commémoration historique réelle, où le passage de l’un à l’autre s’exécute de façon troublante. À l’ère des avatars et de la communication numérique globalisée, la confusion entre la réalité et ses représentations imaginaires semble trouver naturellement un prolongement dans la création cinématographique présentée à Brive.

Une tendance qu’on a d’ailleurs pu retrouver aussi au sein du panorama sur le jeune cinéma anglais présenté par le programmateur du London Short Film Festival, Philip Ilson. En ce sens, le film de Charlotte Ginsborg « Over the Bones » met en scène à la façon d’un documentaire, l’histoire entre deux personnages a priori diamétralement opposés, un chauffeur routier solitaire et une chanteuse Soul, dont la rencontre lors d’un accident dramatique bouleverse profondément la vie. En utilisant le procédé du documentaire, mêlant interviews et témoignages, auquel viennent s’ajouter des scènes qu’on croirait de recomposition du réel, Charlotte Ginsborg réalise une fiction touchante qui parvient à nous faire croire avec talent à la nature quasi surnaturelle de certaines rencontres humaines et à leur potentiel magique. À noter par ailleurs dans ce programme spécifique sur le cinéma anglais, les deux documentaires expérimentaux de Ben Rivers « I Know Where I’m Going » et « Slow Action » dont les univers visuels et sonores fascinants nous emmènent à la découverte de territoires extrêmes dans une recherche esthétique où le sens de la civilisation humaine est perpétuellement remis en question.

Cette année, le festival a innové en consacrant un programme spécial aux films d’animation, genre cinématographique qui privilégie plus habituellement les formats courts, voir même très courts, ou alors le long métrage destiné à la projection en salles. C’est à Francis Gavelle, journaliste, critique de cinéma à Radio Libertaire et membre du comité animation de l’Académie des César, que l’on doit cette sélection d’une dizaine d’œuvres où s’associaient habilement films de patrimoine et créations plus récentes. L’occasion de revoir « Le Conte des contes » du maître de l’animation russe Youri Norstein, ou de découvrir dans la même séance un film d’animation en marionnettes de 1964 du Tchèque Jiri Trnka « L’Archange Gabriel et Madame l’Oye », où un moine se déguise en archange pour séduire une dévote, et le travail d’Alain Escalle, artiste contemporain mêlant prise de vues réelles, chorégraphie, et composition numérique en 2D et 3D, dans une œuvre surréaliste sur le drame d’Hiroshima, « Le conte du monde flottant ». Une sélection de films plutôt destinée à un public adulte que venait compléter des séances ouvertes aux scolaires mettant en valeur le travail de Izù Troin avec trois de ses films « Le Carnet », « Le bûcheron des mots » et « Ceux d’en haut ».

En marge des projections, la SRF organisait également différentes rencontres professionnelles destinées à dynamiser la production de films de moyen métrage et à pousser la réflexion sur l’état du cinéma français aujourd’hui. Parmi ses initiatives, on pouvait par exemple assister à une session assez classique de pitch de films en gestation présentés devant un panel de producteurs et diffuseurs. En matinée, plusieurs tables rondes étaient organisées pour traiter de différents sujets comme la relation entre compositeurs et réalisateurs dans le cycle de création, ou encore sur la question du court métrage autoproduit et de ses possibilités de diffusion. Sur ce dernier thème, la SRF présentait une étude menée récemment sur l’analyse des films autoproduits destinée à solliciter le CNC pour un soutien à ce secteur créatif indépendant. On regrettera toutefois que dans ces débats, la question de la convention collective du cinéma, actuellement en négociation avec le gouvernement et dont la SRF est signataire, ait été passée sous silence.

Xavier Gourdet

Brive 2013

Début avril, la Société des Réalisateurs de Films organisait les 10èmes Rencontres du moyen-métrage, un festival intégralement dédié à un format cinématographique à la diffusion limitée, difficilement accessible pour les spectateurs, à moins de se rendre à Brive. Pour cette dixième édition, le festival de Brive nous a ouvert ses portes, l’occasion de découvrir une compétition européenne pleine d’expériences surprenantes, ainsi qu’un panorama sur le jeune cinéma anglais, un focus sur les films d’animation, un zoom sur le parcours d’Ernst Lubitsch, une rétrospective sur les 10 ans du Festival, et des rencontres professionnelles en marge des projections.

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Retrouvez dans ce focus :

La critique de « L’âge adulte » de Eve Duchemin (Belgique, France)

La critique de « Retenir les ciels » de Laura et Clara Laperrousaz (France)

Notre reportage sur l’édition 2013

Le palmarès

Les films en compétition

Soirée Format Court, spéciale Lobster Films : les photos !

Jeudi passé, notre séance Format Court était consacrée à Lobster Films, spécialisée dans la conservation et la restauration de films anciens. Lors de cette soirée, 16 films curieux, drôles, émouvants, menacés par le temps et l’oubli, réalisés entre 1904 et 1948, furent présentés par Serge Bromberg, président de Lobster Films. Moins d’une semaine après, voici une trace photographique de cette séance drôle et touchante, marquée par une profusion d’anecdotes et de bonds dans le temps.

Photos : Julien Ti.i.Taming

Prochaine séance : jeudi 9 mai 2013 (réservations : soireesformatcourt@gmail.com)

Cannes 2013 : la sélection de la Cinéfondation

La sélection Cinéfondation a choisi 18 films (14 fictions et 4 animations) parmi les 1550 qui ont été présentés cette année par 277 écoles du monde entier. La Sélection reflète la diversité de l’enseignement du cinéma en mettant l’accent sur la qualité du travail d’écoles moins reconnues que les références traditionnelles. Cet élargissement du champ d’investigation est significatif cette année, avec un tiers d’écoles en sélection pour la première fois et un pays, le Chili, jamais encore représenté. Les trois Prix de la Cinéfondation seront remis par le jury de la Cinéfondation et des courts métrages, présidé par Jane Campion, lors d’une cérémonie précédant la projection des films primés le vendredi 24 mai, salle Buñuel.

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La sélection de la Cinéfondation

The norm of life d’Evgeny Byalo – 23′ – High Courses for Scriptwriters and Film Directors – Russie
The magnificient lion boy d’Ana CARO – 10′ – NFTS – Royaume Uni
O Šunce d’Eliška Chytkovà – 6′ – Tomas Bata University in Zlίn – République Tchèque
Duet de Navid Danesh – 24′- Karnameh Film School – Iran
Babaga de Gan DE LANGE – 26′ – The Sam Spiegel Film & TV School – Israël
Needle d’Anahita Ghazvinizadeh – 21′ – The School of the Art Institute of Chicago – Etats-Unis
En attendant le dégel de Sarah Hirtt – 20′ – INSAS – Belgique
Contrafàbula de una nina disecada d’Alejandro Iglesias Mendizabal – 25′ – CCC – Mexique
Stepsister de Joey Izzo – 184 – San Francisco State University – Etats-Unis
Au-delà de l’hiver de Jow Zhi Wei – 19′ – Le Fresnoy – France
În acvariu de Tudor Cristian Jurgiu – 20′ – UNATC – Roumanie
Seon de Kim Soo-Jin – 27′ – Chung-Ang University – Corée du Sud
Asuncion de Camila Luna Toledo – 21′ – Pontificia Universidad Católica – Chili
Going south de Jefferson Moneo -15′ – Columbia University – Etats-Unis
Danse macabre de Małgorzata Rzanek – 5′- Academy of Fine Arts in Warsaw – Pologne
Manana todas las cosas de Sebastián Schjaer – 17′ – UCINE – Argentine
Exil de Vladilen Vierny – 16′- La fémis – France
Pandy de Matúš Vizar – 12′- FAMU – République Tchèque

Cannes 2013, les 9 courts métrages en compétition officielle

Alors que la sélection officielle des longs métrages du 66e Festival de Cannes sera présentée ce jeudi 18 avril, celle des courts métrages a été dévoilée en avant-première hier soir. Cette année, le comité de sélection a reçu 3500 courts métrages, représentant 132 pays de production différents. Neuf films retenus vont concourir pour la Palme d’or du court-métrage, qui sera remise par Jane Campion, Présidente du Jury, lors de la Cérémonie de clôture du 66e Festival de Cannes, le 26 mai prochain. Pour la première fois, un film palestinien participe à la compétition des courts métrages.

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Les 9 courts métrages en compétition

Bishtar Az Do Saat (More than two Hours) – Ali Asgari – 15′- Iran

Condom Lead – Mohammed et Ahmad Abou Nasser – 14′ – Palestine, Jordanie

Hvalfjordur (Whale Valley) – Gudmundur Arnar Gudmundsson – 15′ – Islande, Danemark

Inseki to Impotence (The Meteorite and Impotence) – Omoi Sasaki – 10′ – Japon

Mont Blanc – Gilles Coulier – 14′ – Belgique

Olena – Elzbieta Benkowska – 14′ – Pologne

Ophelia – Annarita Zambrano – 15′ – France

Safe – Byounggon Moon – 13′ – Corée du Sud

37°4 S – Adriano Valerio – 11′ France

Silence, on court !, le palmarès 2013

La 6ème édition du festival Silence, on court ! s’est terminée samedi soir au Forum des images. Voici le palmarès établi par les différents jurys (pro, public, lycéen).

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Grand Prix du Jury : Chantier 00 de Denis Frères (France)

2ème prix :  À nos terres de Aude Verbiguié (Belgique)

3ème prix : Comme des lapins : chroniques de la poisse de Osman Cerfon (France)

Le Prix du public : Riolette Autopsie de Rémi Gendarme (France)

Prix International : Die Schaukel des Sargmachers de Elmar Imanov (Allemagne)

Prix des lycéens : En équipe de Steve Achiepo (France)

Roman Klochkov : « L’énergie et la spontanéité du début, des esquisses, ne doivent pas disparaître »

Roman Klochkov est un animateur russe, né au Kazakhstan. Après nous avoir épatés avec son film de fin d’études, « Administrators » tourné à KASK, une école d’animation belge située à Gand, il revient avec son premier film professionnel, « Natasha ». Le film chroniqué le mois dernier sur le site a remporté le Prix du Meilleur Film d’Animation au dernier festival Aubagne. Sur place, nous avons rencontré Roman Klochkov, pour un entretien mélangeant l’humour, l’allégorie et les petits rêves.

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Je t’ai beaucoup vu dessiner dans ton agenda, pendant le festival. Qu’est-ce qui te plait dans le dessin, dans l’animation ? Qu’est-ce qui t’a incité à étudier à Gand ?

J’ai toujours dessiné et ça a été une chance d’étudier en Belgique. C’était un rêve de faire des films d’animation. Je vivais à Gand comme réfugié, le KASK s’y trouvait. Je la connaissais pour sa très bonne réputation, et j’ai eu l’opportunité d’y entrer et d’y étudier.

Quand es-tu arrivé en Belgique ?

En 1999, il y a 13 ans.

Dans « Administrators », tu parles de l’administration, de la bureaucratie, et dans « Natasha », tu évoques l’immigration, la situation des réfugiés…

Dans les deux films, je parle des problèmes capitaux du monde (rires) !

Est-ce que tu t’es basé sur des expériences personnelles pour nourrir ces deux films ?

Je me suis basé sur mon expérience, il y a beaucoup de réalisme dans les deux films. J’ai aussi voulu filmer l’allégorie dans « Natasha », en montrant le quotidien d’immigrés arrivant en Europe et recevant des boulots pas terribles.

Qu’est-ce qui t’intéresse justement dans l’allégorie ?

Les problèmes, les conflits, la philosophie ayant trait à la frustration des gens.

Pourtant, cette idée de frustration est commune aux deux films. Dans le premier, le personnage d’Igor le lapin n’arrive pas à éteindre le feu, il court d’une administration à l’autre. Dans le deuxième, Nicolaï l’ours n’arrive pas à être lui-même, il est bloqué, confiné dans un tout petit espace.

Oui, mais malgré tout, j’essaye toujours d’aller vers quelque chose de différent. Mon but n’est pas de me répéter. J’ai travaillé pendant six ans sur « Natasha », après mon film d’école. Je suis allé voir un producteur qui a accepté de me suivre sur ce projet. Je voulais raconter l’histoire d’un grand ours qui arrivait en Europe, sans trop savoir ce que j’allais en faire. Depuis 2006, j’ai beaucoup retravaillé le scénario car je n’étais pas content, sauf qu’à un moment, j’ai bien dû arrêter de tout changer.

Dans ce film, tu cultives l’humour noir, tu joues avec les stéréotypes sur les pays et les nationalités. Travailler autour des clichés t’intéresse ?

Au moment où j’ai fait le film, oui. Si maintenant j’avais la possibilité de le refaire, je retravaillerais ces clichés, je les rendrais plus subtils. Je voulais faire une blague, raconter une histoire, mais je n’aime plus trop ces stéréotypes.

À un moment, un de tes personnages dit que les gens ne vivent pas dans un rêve. Quand les animaux arrivent en Europe, ils ont peut-être des espoirs, des rêves, mais quand ils se confrontent à la réalité, ils déchantent très vite.

Quand tu atteins le rêve, il est vide, alors, je préfère ne pas trop rêver. Quand j’ai un but, je rêve avec précaution. Je pense toujours à ce qui peut mal se passer. Je ne rêve pas trop en grand.

Sur quoi travailles-tu actuellement ?

Je travaille sur un film autour de la paix, cent après la fin de la première guerre mondiale. Il s’agit d’un projet qui englobe une petite dizaine de personnes; chacune anime une histoire courte d’une minute autour de la paix. Mon histoire est celle d’un ours et d’un lapin qui se préparent pour la guerre et puis… C’est la fin !  Je ne la raconterai pas pour ne pas dévoiler le film !

Pourquoi es-tu si intéressé par les lapins ? Dans chacun de tes films, il y en a un !

C’est ma marque. Je ne veux pas répéter de concept mais c’est vrai que je reproduis le personnage du lapin. J’aime le dessiner comme un personnage mixte : frustré, toujours effrayé, plein d’esprit.

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« Natasha » est très marqué musicalement. Le film est plutôt drôle, mais dès que l’ours commence à jouer au piano, cela devient émouvant et triste.

La musique sauve tout : la situation, le film, Nicolaï, son amour et la fin dont nous ne parlerons pas ! La musique est très importante, c’est le coeur même du film. Ici, à Aubagne, le festival s’intéresse de près à la combinaison entre musique et cinéma, et dans « Natasha », cela se ressent bien.

Comment as-tu travaillé avec la compositrice, Tifany Veys ?

J’avais travaillé avec elle pour « Administrators », donc ça a été très rapide. On se connait bien, elle sait ce que je veux. Je lui ai expliqué mes envies sur le film. Elle travaille avec son mari, ils ont écouté mes remarques et m’ont proposé une version que j’ai aimé. Ils m’ont aussi envoyé une petite vidéo de mains jouant au piano, car je ne savais pas comment animer les doigts, le toucher. La musique est très importante dans le film, c’était une remarquable collaboration.

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Tes films se distinguent par une ligne, un contour noir, imparfait, encerclant les personnages…

Une ligne grasse, oui. Le trait doit être imparfait et rapide pour être plus énergique et volumineux. Ça rend les personnages plus lumineux, ça leur donne plus d’épaisseur. J’adore animer comme ça, j’aime que ce soit un peu sale. Il ne faut pas que tout soit superbe dans un film, qu’on consacre trop de temps à ce côté lisse. L’énergie et la spontanéité du début, des esquisses, ne doivent pas disparaître. C’est ce que j’ai appris de Michaela Pavlátová, qui, elle aussi cherche à ne pas se répéter de film en film.

Qu’est-ce qui a changé entre le film d’école et le film pro ? La notion de liberté ?

Non, à KASK comme maintenant, j’étais libre. Au début, à l’école, je voulais juste faire des blagues qui feraient rire et qui rendraient tout le monde joyeux et heureux. Depuis, je veux dépasser l’effet de blague, raconter des histoires, mais pas pour autant faire des films très tristes à l’image des 90% des productions actuelles.

L’humour est important, il est à conserver pour l’avenir ?

Oui, absolument. Il ne faut pas donner plus de tristesse à l’écran qu’il y en a déjà. La plupart des films parle de problèmes, de situations difficiles. « Natasha » aussi, mais je ne veux pas que les gens soient déprimés en regardant mes films. Parfois, il faut qu’il y ait un peu d’humour….

Propos recueillis par Katia Bayer

Articles associés : la critique de « Natasha », celle d’« Administrators »

Soirée Croq’LaBelle, mercredi 17 avril à la Bellevilloise

Le festival d’animation de Paris, Croq’Anime lance cette semaine sa première Soirée Croq’LaBelle, lors d’une séance Spéciale Film d’Animation organisée en partenariat avec la société de production les 3 Ours. De la partition inspirée de la musique française des années 20 de « Mademoiselle Kiki et les Montparnos » d’Amélie Harrault à la création sonore envoûtante de « Saison mutante », en passant par le blues acoustique de « Betty’s Blues » et la musique mystérieuse et lancinante d’inspiration japonaise du « Le Printemps », les 3 Ours proposent un voyage visuel et sonore qui sera agrémenté d’invitations à deux clips musicaux particulièrement inventifs « MumBo JumBo » et « Le Soleil chante » (interprété en live par Ignatus).

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Infos

Soirée Croq’LaBelle

Mercredi 17 Avril de 20h à 22h à la Bellevilloise, 21 rue Boyer 75020 Paris

Entrée gratuite

Michael Rittmannsberger : « D’un film à l’autre, j’ai appris à avoir confiance dans mes choix, mes désirs et mes visions »

Parmi les 41 films européens sélectionnés cette année au Festival de Brest, se trouvait « Abgestempelt », réalisé par un jeune Autrichien, Michael Rittmannsberger. À l’époque, nous avions découvert et apprécié ce film très rythmé et très bien construit dans le cadre du Prix Format Court remis à Brest. Après l’avoir projeté à notre séance spéciale Brest le mois passé, en présence de Michael Rittmannsberger, nous avons retrouvé celui-ci au Festival d’Aubagne où il présentait son film, en compétition internationale cette fois. Cela fait longtemps que nous souhaitions sortir son interview. La voici, enfin.

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Comment as-tu commencé à t’intéresser au cinéma ?

J’ai commence à m’y intéresser assez tard, à l’âge de 20 ans. J’étais plutôt attiré par à la musique. Pendant mes études, j’ai eu un professeur d’allemand, passionné de cinéma, qui nous faisait écrire des critiques de films. Ça m’a incité à m’y intéresser, et je me suis rendu compte que je me laissais vite transporter par les univers de certains films. Je me suis alors spécialisé en cinéma à l’Université de Multimédia de Salzburg. Raconter des histoires par le biais d’images est quelque chose qui m’intéresse très fort. Dans mes films, il n’y a d’ailleurs pas beaucoup de dialogues.

Comment étaient les cours à Salzburg ?

On faisait des films à l’université. C’est sûrement le cas pour beaucoup de réalisateurs mais la plupart de mes connaissances actuelles, je les dois à mon expérience des plateaux,à  des petits films. Je travaillais sur les films des autres étudiants, j’expérimentais pas mal de choses.

Qu’est-ce qui était le plus intéressant pendant ces années-là ?

Récemment, j’ai remarqué quelque chose de très important : juste de croire en soi. Au début, quand tu fais un film, tu es celui qui prend des décisions, tout le monde te pose des questions, tu dois savoir ce que tu veux. D’un film à l’autre, j’ai appris à avoir confiance dans mes choix, mes désirs et mes visions.

Les images peuvent être plus importantes que les mots. Tes films marchent beaucoup avec les silences et les regards. Pourquoi ?

Je ne sais pas trop. J’aime l’observation, c’est lié aux films que j’aime, comme ceux de Kubrick et d’Haneke. Dans les films de ce dernier, il n’y a pas beaucoup de dialogues non plus. Le fait de n’avoir que des images m’apparaît comme quelque chose de très astucieux. C’est particulièrement vrai dans « Abgestempelt » , les comédiens ne parlent pas beaucoup, cela permet aux spectateurs de se faire leurs propres interprétations. Un regard, par exemple, peut être lu de différentes manières. Je préfère créer une atmosphère particulière, ne pas expliquer trop les choses, et faire des films très ouverts à l’interprétation, sans mots, comme « Sister ». Sur ce film, je me souviens avoir entendu des interprétations très intéressantes de la part des spectateurs.

Est-ce que le scénario de « Abgestempelt » a été beaucoup réécrit ?

Oui. J’ai passé beaucoup de temps dessus. J’ai commencé à écrire le scénario, je l’ai mis de côté pour d’autres projets, puis, je l’ai repris. Grâce à cela, j’avais une certaine distance qui me permettait de le relire différemment.

Au début, le petit garçon du film ne figurait pas dans le scénario, puis, je l’ai ajouté parce que je voulais bénéficier d’un air innocent sur la situation décrite dans le film. Maintenant, le petit garçon est très présent dans le projet. J’ai fait beaucoup de réécritures qui n’ont rien à voir avec l’interprétation. Les changements ont été faits pour améliorer le scénario.

D’où t’est venue l’idée du film ?

Dans les années 2000, j’étais à Londres dans le cadre d’un programme d’échanges d’étudiants. J’y suis arrivé peu de temps après les attentats dans le métro. La panique était toujours là pour les bagages abandonnés. Cette expérience a fait naître l’idée, mais j’ai commencé à écrire le scénario un an après. Et puis, j’ai réfléchi à la façon dont les choses se passeraient si une personne prévoyant un attentat se retrouvait dans une situation d’humanité, si on lui venait en aide sans qu’elle s’y attende. J’aime penser à ce qui aurait pu se passer dans ce genre de rêve.

Dans ton film, l’enfant demande à plusieurs reprises à son père pourquoi les êtres sont coupables. La faute, la culpabilité, c’est quelque chose qui t’intéresse ?

La question de la culpabilité, de la victime et de son identité, c’est quelque chose qui m’intéresse très fort. Le long-métrage sur lequel je travaille traitera aussi de ça.« Abgestempelt » va dans une direction et puis dans une toute autre, mais cette question le traverse, oui, c’est sûr.

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Qui sont tes comédiens ?

L’enfant a fait des photos, mais n’avait jamais fait de cinéma avant. Je crois qu’il a très envie de devenir acteur (rires) ! Sur le plateau, il était absolument génial et très actif ! Je devais parfois négocier avec lui. Il disait qu’il ne le ferait qu’une seule prise alors qu’on devait en faire 2 ou 3 autres !

Sami Loris, le comédien qui joue le rôle du père, est plutôt connu dans les films en langue allemande, il a joué dans des longs. Je l’ai rencontré il y a quelques années, je me suis dit qu’il serait très bon pour ce rôle et c’est ainsi qu’il a participé au projet. D’autres comédiens sont professionnels, celui qui joue l’un des contrôleurs est d’ailleurs Michael Fuith qui avait le rôle principal de « Michael » (réalisé par Markus Schleinzer), un film autrichien qui était en compétition officielle à Cannes il y a deux ans.

Tu as fait deux courts, tu travailles depuis sur un long. Penses-tu que le court t’a suffisamment aidé pour aborder une durée plus longue et un projet plus ambitieux ?

Je pense que c’est le bon moment pour écrire un long. Au début, j’ai toujours pensé au format long et puis, en faisant des courts, j’ai commence à penser au format court. Je suis toujours là-dedans mais je pense à nouveau au long. En fait, je n’ai plus d’idées pour des courts, seulement pour des longs. J’en ai quatre pour des longs, si je refais un court, ce sera entre deux longs car tout cela prendra du temps à se concrétiser.

Dans ton pays, les courts se financent-ils facilement ?

En Autriche, il y a de l’argent pour les courts mais il faut être bien vu du système. On n’a pas eu de financements publics pour monter « Abgestempelt », mais le producteur a reçu de l’argent pour produire un film promotionnel et c’est ce qui a permis de faire mon court. J’ai eu de la chance car cela représentait suffisamment d’argent pour faire le film. Après, on a demandé de l’argent pour la distribution en festival et on l’a eu. Avec les longs, si tu arrives à avoir l’argent une fois, ce n’est pas trop compliqué d’en avoir une deuxième fois, paraît-il. « Abgestempelt » marche bien en festival, il a eu quelques prix. J’espère que cela m’aidera à attirer l’attention des organismes de financement pour avoir un peu d’argent pour mon long.

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Pour mon film précédent, « Sister », on a demandé de l’argent, mais on n’en a pas reçu. Mon chef op’ et moi avons réglé les coûts qui étaient assez bas (moins de 2.000 euros). Pour le long, j’aimerais aussi me dire que si personne ne me donne d’argent pour le faire, je pourrais aussi le financer moi-même.

Beaucoup de gens peuvent attendre très longtemps pour trouver un producteur et pour que celui-ci dégote de l’argent. Cela peut prendre deux ans pour y arriver. Personnellement, je suis un peu impatient. Dès que j’ai le scenario, j’ai envie de commencer le casting et de filmer dès que possible. Si ça prend trop de temps, j’essaye de me débrouiller.

Propos recueillis par Katia Bayer

Article associé : Brest. Courts européens & petits comédiens

Consulter la fiche technique de « Abgestempelt »

Etaix et ses pairs en salle dès aujourd’hui

Heureuse initiative que celle de l’Agence du court métrage qui sort aujourd’hui en salles un programme de 5 courts métrages intitulé « Etaix et ses pairs » composé des trois courts métrages du génial Pierre Etaix et accompagnés à sa demande de ceux des maîtres que sont Chaplin et Keaton.

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L’articulation entre les films d’Etaix et ceux de Chaplin (« Charlot fait sa cure », 1917) et Keaton (« La maison démontable », 1920, présenté en octobre à notre séance Format Court) illustre parfaitement l’influence essentielle que ces deux génies burlesques ont pu avoir sur Etaix qui développera son propre personnage un brin dandy, un brin lunaire. C’est d’ailleurs Jean-Claude Carrière, son acolyte scénariste et réalisateur, qui l’emmena voir pour le première fois un film de Keaton à la Cinémathèque. Leur collaboration leur permettra ainsi d’obtenir l’Oscar du court métrage en 1963 pour « Heureux anniversaire », projeté également à l’une de nos séances, en septembre.

Nous avions rencontré Pierre Etaix en décembre 2010 au Festival de Vendôme alors que ressortaient sur les écrans ses longs métrages dans leur version restaurée et longtemps demeurés invisibles pour des questions de droits. À l’occasion de la sortie en salles du programme « Etaix et ses pairs », retrouvez cet entretien en ligne ainsi que la critique des films de Pierre Etaix et notre reportage sur ses courts métrages.

Le programme est présenté, pour le moment, dans 4 salles parisiennes:

Reflet Médicis / tous les jours à 13h50
MK2 Gambetta / mer, sam, dim à 10h40
Cinéma des cinéastes / mer, sam, dim à 12h
L’Archipel / mer 11h & 15h30, sam 14h, dim 17h30

Semaine de la Critique. Mia Hansen-Løve, présidente des Jurys du Prix Découverte du court métrage et du Prix Révélation France 4

Les infos cannoises commencent à tomber avant les différentes conférences de presse prévues ce mois-ci. Si Jane Campion sera à la tête du Jury des courts métrages et de la Cinéfondation, Mia Hansen-Løve présidera les Jurys du Prix Découverte du court métrage et du Prix Révélation France 4 à la Semaine de la Critique.

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La réalisatrice française Mia Hansen-Løve présidera deux jurys avec pour mission de découvrir un cinéaste du court métrage et révéler l’auteur d’un long métrage. Elle remettra le Prix Découverte du court métrage, succédant ainsi à João Pedro Rodrigues qui a récompensé l’an passé Un dimanche matin de Damien Manivel. Accompagnée d’un jury composé de producteurs et de directeurs de festivals, elle décernera le Prix Découverte à l’un des 10 films de cette compétition, qui a révélé des artistes de renom : François Ozon, Gaspar Noé ou Andrea Arnold.

Mia Hansen-Løve poursuit cette mission en présidant le Jury Révélation France 4, un prix qui reflète l’enthousiasme de jeunes cinéphiles du monde entier pour les nouveaux talents du cinéma. Entourée de 4 jeunes critiques internationaux, elle récompensera l’un des 7 longs métrages de la Compétition.

Après un premier rôle au cinéma en 1998 dans « Fin août, début septembre » de Olivier Assayas, Mia Hansen-Løve intègre le conservatoire d’art dramatique de Paris puis collabore aux Cahiers du Cinéma jusqu’en 2005. Elle réalise plusieurs courts métrages dont « Après mure réflexion » sélectionné au Festival de Locarno. Réalisé en 2007, son premier long métrage « Tout est pardonné » est sélectionné à la Quinzaine des Réalisateurs, puis obtient le Prix Louis-Delluc. « Le père de mes enfants », hommage au producteur Humbert Balsan, est sélectionné en 2009 dans la section Un Certain Regard où il est primé. « Un amour de jeunesse », son troisième long métrage, est présenté au Festival de Locarno en 2011.

10e Festival du cinéma de Brive, le palmarès

Le 10ème Festival de Brive, dédié au moyen métrage, s’est achevé ce dimanche. En voici le palmarès…

Grand Prix Europe Brive 2013 : One Song de Catalina Molina / Autriche / 2012 / 31’ / Fiction / Production : Six Pack Films

Prix d’interprétation honorifique : Armi Toivanen dans Korsoteoria (So it goes)/Finlande / 2012 / 30’ / Fiction/ Production : Aalto University

Grand Prix France Brive 2013 : Artémis, cœur d’artichaut de Hubert Viel /France / 2012 / 58’ / Fiction / Production : Artisans du Film

Mention : L’Age adulte de Eve Duchemin/France-Belgique / 2012 / 56’ / Documentaire / Production : Les Films Grains de Sable

Prix du Jury Jeunes de la Corrèze : One Song de Catalina Molina/Autriche / 2012 / 31’ / Fiction / Production : Six Pack Films

Mention : Those for whom it’s always complicated de Husson/France / 2013 / 55’ / Fiction / Production : KIDAM

Prix du Jury des spectateurs : Artémis, cœur d’artichaut de Hubert Viel/France / 2012 / 58’ / Fiction / Production : Artisans du Film

Mention : Toucher l’horizon de Emma Benestan/France / 2012 / £Fiction / 30’ / Production : La Femis

Prix du public : Je sens le beat qui monte en moi de Yann Le Quellec /France-Autriche / 2012 / 32’ / Fiction / Production : White Light Films

Prix Ciné+ : Artémis, cœur d’artichaut de Hubert Viel/France / 2012 / 58’ / Fiction / Production : Artisans du Film

Prix du scénario de moyen-métrage : Les cailloux de Bambéto de Anne Cissé

Rappel. Séance Format Court/Carte blanche Lobster Films ce jeudi 11/04 !

Sensible au cinéma d’antan, le site internet Format Court, spécialisé dans le court métrage, vous invite à sa nouvelle soirée mensuelle, le jeudi 11 avril prochain, au Studio des Ursulines (Paris, 5ème), pour une carte blanche consacrée à Lobster Films, société parisienne spécialisée dans la conservation et la restauration de films anciens. Lors de cette séance exceptionnelle, pas moins de 16 curiosités et autres raretés (documentaires, dessins animés, burlesques, soundies, publicités, bandes annonces, scènes à trucs, …), réalisées entre 1904 et 1948, vous seront proposées, en présence de Serge Bromberg, président de Lobster Films.

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En pratique

► Projection des films : jeudi 11 avril 2013, à 20h30. Durée du programme : 77’

► Studio des Ursulines : 10 Rue des Ursulines, 75005 Paris

► Accès : BUS 21, 27 (Feuillantines), 38 ou 82 (Auguste Comte), 84 ou 89 (Panthéon).
 RER B Luxembourg (sortie rue de l’Abbé de l’Épée).

Entrée : 6 € !

Réservations vivement recommandées : soireesformatcourt@gmail.com

Silence, on court ! : les films sélectionnés

Le Festival Silence, on court !, que nous couvrons pour la première fois et dont nous sommes partenaires cette année, débute ce soir aux Voûtes. Jusqu’au 13 avril, il se déplacera dans Paris, au Studio des Ursulines, à la Péniche Cinéma, à Confluences et au Forum des images. Pour sa sixième édition, parrainée par Bertrand Bonello, ce festival mettant en avant le travail de jeunes réalisateurs tous âgés de moins de trente ans a sélectionné 24 films français et étrangers. En voici les titres, jugés très prochainement par le jury du festival (Vanja Kaludjercic, programmatrice, Nathalie Lapicorey, Gizem Zeynep, productrices/Partizan Films, Manuel Chiche, distributeur et éditeur DVD/Wild Side Films, Amaury Augé, rédacteur/Format Court).

Compétition nationale

► J’ai toujours rêvé d’être un robot, Robert Ly, 2012, Fiction, 5’17
► Nieuwpoort en juin, Geoffrey Couanon, 2012, Fiction, 30′, Shellac Sud
► La Maison d’Olga, Morgane Le Péchon, 2012, Animation expérimentale, 6’, École nationale supérieure des Arts Décoratifs
► Comme des lapins (Chroniques de la poisse, CHAP. 2), Osman Cerfon, 2012, Fiction animée, 8’, Production Je Suis Bien Content
Rodri, Franco Lolli, 2012, Fiction, 23’, Les Films du Worso
► Chantier 00 – Journal d’Éric Melville, Denis Frêres, 2012, Fiction / Documentaire, 25’, Association Franciste
► En équipe, Steve Archiepo, 2012, Fiction / Documentaire, 21’10, Shaker Production
► Il n’y a pas de nom plus beau, Alexandre Donot, 2012, Documentaire, 30’, La fémis
► La terre, Vincent Le Port, 2012, Expérimental, 8’45
► Le Ballet, Thomas Louis, 2012, Animation / Fiction, 4’08, Gobelins
► Les Compliments d’Amour, Marie Madinier, 2012, Fiction, 16’, AGAT Films et Cie
► Mauvais coton, Sébastien Zaccoletti, 2012, Fiction, 25’
► Merci mon chien, Nicolas Bianco-Levrin & Julie Rembauville, 2012, Animation, 7’47, Folimage
► Riolette Autopsie, Rémi Gendarme, 2012, Documentaire / Expérimental, 21’

Compétition internationale

► Snail Trail, Philipp Artus, Allemagne,2012 Expérimental, 3’13, The Academy of Media Arts
Men of the Earth, Andrew Kavanagh, Australie, 2012, Fiction, 9’50, Ramona Telecican
► Die Schaukel des Sargmarchers, Elmar Imanov, Allemagne, 2012, Fiction, 30’
The River, Tarquin Netherway, Australie, 2012, Expérimental, 13’
L’Amour bègue, Jan Czarlewski, Suisse, 2012, Fiction, 20’, ECAL École cantonale d’Art de Lausanne
À nos terres, Aude Verbiguié, Belgique, 2012, Documentaire, 21’22, Médiadiffusion
► Head Over Heels, Timothy Reckart, Royaume-Uni, 2012, Animation / Fiction, 10’18, Fodhla Cronon O’Reilly
► L’incertitude d’Henseinberg, Richard Gérard, Belgique, 2012, Fiction, 16’33, IAD, Institut des Arts de Diffusion de Louvain-la-Neuve
► Os Vivos Tambem Choram, Basil Da Cunha, Suisse, 2012, Fiction / Expérimental, 30’, Box Productions
► Pièce à nouer, Ornella Macchia, Belgique, 2012, Animation, 5’26, Atelier de production La Cambre

Le site du festival : www.silenceoncourt.fr

Soirée Bref, mardi 9 avril 2013 : les charmes du spectacle

Comédie burlesque, faux documentaire, western, danse : chacun de ces films flirte avec une matière – pour ne pas dire un genre – pour mieux en jouer, l’évoquer, la questionner ou s’en inspirer. Il se trouve que ce sont des premiers films programmés par la revue Bref mardi prochain, à 20h30, au MK2 Quai de Seine.

Le jardin des Eden de Sébastien Ors. France, 2012, couleur, 26 mn, Blu-ray.

Réalisation et scénario : Sébastien Ors • Image : Nathanaël Louvet • Montage : Rémi Dumas • Son : Bruno Auzet • Interprétation : Fabien Ara, Géraldine Martineau, Claire Nebout, Robin Renucci, Julien Boulinguez, Julia Kende Rozgonyi, Marie Puil, Hélier Cisterne et Hugo Cisterne • Production : Shellac Sud

Teddy et Juliette ne le savent pas encore, mais ils sont faits l’un pour l’autre. Teddy entame alors un véritable chemin de croix au long duquel nombre d’éléments – de la rivalité amoureuse aux caprices divins – vont se déchaîner. Quant à Juliette, son coeur est prêt à s’ouvrir. Encore faudrait-il qu’elle ose avouer à son prétendant sa passion secrète…

Fais croquer de Yassine Qnia . France, 2011, couleur, 22 mn, DCP.

Réalisation : Yassine Qnia • Scénario : Mourad Boudaoud, Carine May, Yassine Qnia et Hakim Zouhani • Image : Marianne Tardieu • Son : Clément Maléo et Samuel Beaucamps • Montage : Linda Attab • Interprétation : M’Barek Belkouk, Rudolph Mendy, Mounir Idriss, Smail Chalaane et Mohamed Faroud • Production : Nouvelle toile

Yassine, jeune cinéphile passionné, veut tourner un film dans son quartier. Il souhaite associer ses amis d’enfance à son projet. Mais l’amitié a parfois ses travers…

Ce n’est pas un film de cow-boys de Benjamin Parent. France, 2012, couleur, 12 mn, DCP.

Réalisation : Benjamin Parent • Scénario : Benjamin Parent et Joris Morio • Image : Nicolas Loir • Son : Arnaud Julien, Guillaume Dham et Olivier Do Huu • Montage : Béatrice Herminie • Interprétation : Leïla Choukri, Garance Marillier, Finnegan Oldfield, Malivaï Yakou et Damien Pinto Gomes • Production : Synecdoche

Le secret de Brokeback Mountain est passé hier soir à la télé. Vincent l’a regardé et ça l’a bouleversé. Il profite de la récréation et de l’intimité des toilettes du collège pour raconter de manière touchante et naïve le film à Moussa. De l’autre côté du mur, dans les toilettes des filles, Jessica, elle aussi très affectée, en profite pour poser pas mal de questions sur les deux papas homosexuels de Nadia, le tout avec beaucoup de maladresse.

Je sens le beat qui monte en moi de Yann Le Quellec. France/Belgique, 2012, couleur, 32 mn, DCP.

Réalisation et scénario : Yann Le Quellec • Image : Nicolas Guicheteau • Son : Antoine Corbin, Fred Meert, Benoît Biral • Montage : Martial Salomon • Interprétation : Rosalba Torres Guerrero, Serge Bozon, Véronique Hervouet et Julien Playe • Production : White Light Films, Kinoko Films et La Parti

Rosalba, jeune guide touristique, souffre d’une affection étrange : la moindre mélodie provoque chez elle gesticulations et danse de façon aussi subtile qu’incontrôlable. Malgré ses ruses pour cacher son excentricité, ce corps indomptable pourrait bien séduire son surprenant collègue Alain…

Infos pratiques

Séance à 20h30

MK2 Quai de Seine
14 Quai de la Seine
75019 Paris
M° Jaurès ou Stalingrad
Tarif : 7,90 € (cartes illimitées acceptées)

Festival du Film d’Aubagne, les plus, les moins

Il y a plus d’une semaine, Format Court rentrait d’Aubagne, petite ville du sud de la France connue pour son écrivain maison (Marcel Pagnol) et son festival annuel, combinant musique et cinéma. L’an passé, nous vous avions présenté cette manifestation très proche du court métrage, mettant à égalité les réalisateurs et les compositeurs. Cette année, nous sommes retournés trois jours à Aubagne, pour glaner un peu de soleil (raté) et repérer de nouvelles perles courtes (rares au regard de l’importante sélection)

Cette année, 73 courts métrages étaient en compétition internationale au festival. Au départ, la page 21 du catalogue, introduisant les 11 programmes de courts, promettait des « énergies créatrices (…), un nouveau cinéma (…), des petits moments délicieux ». Curieux, nous sommes allés en salle et avons puisé dans le carton de DVD pour faire le lien entre les séances (deux programmes de courts étant seulement projetés quotidiennement), en faisant l’impasse sur les déjà vus « Tennis Elbow », « Kali le petit Vampire », « Tram » , « Prora », « Topo Glassato al Cioccolato », « La Bifle » et « Abgestempelt » (dont l’interview de son réalisateur Michael Rittmansberger fait partie du focus consacré au festival). À l’arrivée, sur 37 nouveaux films, nous avons trouvé 7 exceptions remplissant cette fameuse promesse.

Commençons par les points d’interrogation et les franches consternations. Le Prix du Public, « Du Poil de la bête » de Sylvain Drécourt (France, 2ème film), mettant en scène Philippe Nahon, déçoit par le traitement très inabouti d’une histoire entre un fils et un père, sur fond de chasse à l’homme et de course au Goncourt. « Les cerises du bateau » de Sarah Hatem (Liban, France, 1er film) agace profondément par ses longueurs et son propos (une rencontre soi-disant improbable, dans un Beyrouth, « tiraillé » entre modernité, blabla et tradition). « Dans le pas de Léa » de Renaud Ducoing (France, 3ème film) offre le même sentiment par son histoire tirée par les perruques entre Léa, ex-prostituée, et Maryline, toujours active dans le métier, qui papotent (à poil) de la fidélité et de la liberté, à l’intérieur d’une caravane (logique).

« Return to Sender » de Denise Hauser (Finlande, 1er film), s’intéresse (sans nous) à une scientifique cherchant tant mal que bien l’homme de sa vie sur Internet, alors que « Leon & Barbara » de Marcin Mikulski (Pologne, 2ème film) mêle sans grande originalité petits vieux, fins de mois difficiles et culture de la marijuana, sur un air d’accordéon lancinant et insupportable. Enfin, « Sex, Lies and Flowers » de Jan Santroch (République tchèque, 1er film) ose se présenter comme un film d’humour noir et ironique (cf. synopsis) là où on ne voit qu’un film à sketches bancal avec pots de fleur et tromperies à gogo.

Gardons le meilleur du pire pour la fin avec deux premiers films ex-aequo : a) « La promotion » de Manu Joucla (France), une comédie pas drôle sur les rapports dominant/dominé dans le monde du travail et de l’amour trop libre, et b) « You Missed Sonja » de Félix Koch (Allemagne), un film d’école bourré d’hémoglobine, de dialogues pas possibles et d’images de caméras de surveillance, plus proche du thriller pathétique que du cinéma de demain.

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"La Ville lumière"

Heureusement, à Aubagne, nous avons trouvé des « films gentils », possédant certaines qualités sans pour autant nous emballer complètement. Commençons par « Grace » de Jo Kelly (Etats-Unis, Suisse, Belgique, 1er film), Mention du festival, qui lie Jérôme, handicapé mental et physique à Via, prostituée vieillissante, sur fond musical plus ou moins tolérant, mais qui oublie de finaliser son histoire. Poursuivons avec « The Rattle of Benghazi » de Paco Torres (Espagne, Irlande, 3ème film), dans lequel on troque la guerre contre des jeux d’enfants mais dans lequel les bons sentiments et les mauvais acteurs ne font pas bon ménage. « La Ville Lumière » de Pascal Tessaud (France, 3ème film), autre film aimable, confronte un jeune homme à ses pairs, lors de certaines séquences empruntes d’une belle émotion, face aux femmes aimées, pour la vie ou pour un soir.

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"How Dave and Emma Got Pregnant"

Terminons avec deux films d’animation très distincts. En premier lieu, une autre Mention, « Fuga » de Juan Antonio Espigares (Espagne, 3ème film) dont on n’a pas compris grand chose, mais dont la musique qui l’accompagne est tellement belle que le film peut bien être mentionné dans ce reportage. Enfin, « How Dave and Emma Got Pregnant » de Joost Lieuwma (Pays-Bas, 3ème film) a le mérite de déclencher l’hilarité par son idée crétine de base : un homme, frustré de ne pas devenir père, voit dans la graisse de son épouse sa progéniture tant rêvée au point de la bercer et de l’accompagner au parc à la vue de tous (sa graisse, oui, vous avez bien lu). Le film, déjanté à souhait, tient plutôt bien la route, mais se ratatine vers la fin, en n’assumant pas son délire jusqu’au bout. Dommage tant cette histoire absurde convoque le rire gras (sans mauvais jeu de mots), changeant de la morosité ciné ambiante.

Parlons maintenant des films réjouissants, vus à Aubagne (car oui, il y en a eu, n’allez pas croire tout ce qu’on vous écrit). À nos yeux virtuels, sept titres valaient le détour cette année au festival. « Korosteoria » d’Antti Heikki Pasonen (Finlande, 3ème film), Prix du Meilleur film de fiction au festival, illustre avec drôlerie et finesse le lien entre deux jeunes paumés, dans une Finlande dépressive et esseulée. sur un air de Dr Alban (aah, It’s My life), de caisses IKEA et d’envies de changement (l’ailleurs ou l’amour ?). « Le Chevreuil » de Rémi St-Michel (Canada, 3ème film) lui emboîte le pas en suivant Marc, un fumeur de joints nonchalant, qui troque le corps de son père contre celui d’un chevreuil percuté sur la route (!), en empruntant à l’humour absurde et à la musique fun & rock toutes leurs saveurs.

Côté belge flamand, deux premiers films nous ont également plu : « Dood van een schaduw » de Tom Van Avermaet, dernièrement nominé aux Oscar (excusez du peu), montre un Matthias Schoenarts méconnaissable (oubliez la masse, la force, concentrez-vous sur son regard, ses émotions), en proie à l’amour et au sacrifice dans ce conte fantastique, plongé dans l’ombre et les ténèbres. Sans autre lien avec ce film si ce n’est sa nationalité, « Natasha » de Roman Klochkov (interviewé au festival), lauréat du prix du Meilleur film d’animation à Aubagne, suit, sous le couvert de l’animation, un ours russe Nicolaï, confronté aux clichés, à la destruction du rêve européen et à l’amour brûlant pianoté un soir de tristesse éthylique. Dans la lignée d’« Administrators », le film de fin d’études de Klochkov, Natasha touche par son graphisme soigné, son humour teinté de mélancolie et le soin apporté à sa partition musicale (un plus à Aubagne).

Côté français, « Lisières » de l’acteur devenu réalisateur Grégoire Colin (2ème film) porte bien son nom et son pluriel puisque le film joue beaucoup sur l’entre-deux (forêt/ville, marginalisation/intégration) en suivant Tchavo, un jeune rom perdant quelque peu ses repères le jour où sa famille disparaît, le laissant seul, malgré lui.

Nos deux derniers intérêts vont à deux films d’écoles, l’un anglais, l’autre israélien. « Head over Heel » de Timothy Rechart (Royaume-Uni), sélectionné cette année à la Cinéfondation et lui aussi nominé aux Oscar (ens animation, pour le coup) propose de s’immiscer dans la vie de Walter, vivant au sol et de sa femme, Madge, vivant au plafond, dans une maison dans laquelle ils se sont éloignés l’un de l’autre depuis bien longtemps. Ce film de marionnettes fonctionne par l’originalité de sa construction (en haut/en bas, le monde à l’endroit/à l’envers), son absence de parole, ses petits regards par dessus les lunettes et ses pas chassés de rapprochement. De son côté, « The House on the Water » de Omer Regev (Israël) s’en sort plutôt convenablement, pour un film d’école, en abordant le choc post traumatique d’un ancien soldat et ses conséquences néfastes sur sa vie d’artiste, d’homme marié et de père de famille. Le sujet n’est certes pas nouveau, mais le film adopte dans sa forme des partis pris intéressants servant son histoire (de l’obscurité des flash-back à la lumière du jour, de l’image tremblante, reflet des incertitudes et des tourments intérieurs à la dissimulation d’un enfant apeuré, derrière un bol de céréales matinales).

Profitons de la nationalité et du sujet de ce dernier film pour parler, une fois n’est pas coutume d’un long-métrage. Cette année, un autre film israélien était en compétition à Aubagne : « Rock The Casbah » de Yariv Horowitz. À la clôture du festival, le film a obtenu une Mention spéciale du Jury à la grande joie du réalisateur (“Merci la France !”). Ce n’est que quelques jours plus tard qu’on a appris que le réalisateur avait perdu connaissance pendant quelques minutes après s’être fait agresser physiquement et verbalement pendant le festival, à l’issue de la projection de son film lié à un souvenir personnel de l’armée (après la mort brutale de l’un des leurs dans la bande de Gaza, quatre soldats israéliens sont réquisitionnés pour retrouver le meurtrier, sur le toit d’un immeuble).

À Aubagne, le contact entre les gens est aisé, et c’est une bonne chose. On se rencontre au petit déjeuner, en terrasse, à une fête, devant le ciné (Le Marcel Pagnol, pour rester simple) ou au resto de pâtes pas terribles. Pendant le festival, nous avons ainsi pu un peu échanger avec Yariv Horowitz et son compositeur, Assaf Amdursky, tout comme avec l’équipe de « The House on the Water » et avec les autres.

Nous n’avons pas pu voir  « Rock The Casbah ». À en juger par la bande-annonce, ci-dessus, il est fort possible que le film interroge, interpelle et dérange. Pourquoi pas ? Tous les films ne sont pas lisses, bien heureusement. Mais si certains se défoulent sur d’autres au nom d’une nationalité et d’un sujet traité (par besoin de catharsis ou non), pendant un festival, lieu de culture, de découvertes et d’échanges, on est en droit de se poser des questions et de dénoncer, à notre minuscule échelle, ce genre d’agissements confondant fiction et réalité, cinéma et actualité.

Katia Bayer

Festival d’Aubagne 2013

Le 23 mars, se terminait le Festival international du film d’Aubagne, très copain avec l’image, la musique et le son, et mettant les compositeurs autant en avant que les réalisateurs. Beaucoup de courts figuraient au programme de cette édition : u une compétition de 73 films, subdivisés en 11 programmes, quatre cartes blanches à quatre festivals européens (Festival de Clermont-Ferrand, Festival Anima/Belgique, Zagreb Film Festival/Croatie et DOCsk/Slovaquie) ainsi qu’un programme de courts avant les longs et un autre de « Courts qui rendent heureux », spécialité du festival ces dernières années. Après avoir suivi le festival pendant trois jours, nous vous invitons à nous retrouvez ces jours-ci pour notre compte-rendu de cette toute dernière édition.

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Cinéma du Réel. Pays rêvés, pays réels

Proposé en collaboration avec le site internet Critikat.com, le programme « Pays rêvés, pays réels » présenté ces derniers jours au Cinéma du Réel se compose d’une sélection de films contemporains courts et longs traitant au sens large de représentations imaginaires, fantasmées ou concrètes que les individus portent sur des espaces géographiques d’ici ou d’ailleurs.

La sélection de courts métrages s’articule autour de six films. Certains sont orientés vers un imaginaire fort, comme « L’île » de Pauline Delwaulle (France) qui explore une forme documentaire à la frontière de la fiction en utilisant des textes de récits de voyage qui illustrent les images contemporaines. D’autres, en revanche, sont très ancrés dans une réalité sociale comme « Mitote » où le réalisateur, Eugenio Polgovsky (Mexique) jongle entre contexte politique, rituels culturels et rassemblement sportif.

Comment rêver, s’extraire d’une réalité parfois trop dure à porter pour les populations, les individus ? Comment s’accomplir dans un monde en mutation ? Quelles vies peut-on s’autoriser dans la marginalité, dans la norme ? À quel moment basculer dans la folie douce pour mieux accepter sa condition réelle ? Autant de questionnements qu’abordent les réalisateurs dans ces films courts qui interrogent l’individualité et le groupe.

Chacun à sa manière, avec son propre spectre de connaissances et d’envies cinématographiques, explore les pays et paysages. Chez Bertille Bak, on regarde même du côté de l’art contemporain. Le film « Transport à dos d’hommes » (France) use en effet de procédés artistiques relevant du happening mis en scène au sein d’une population de voyageurs comme pour surligner leurs pratiques : le mouvement, toujours le mouvement vers l’ailleurs.

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À l’opposé, dans son court métrage « A Cerbère » (France), Claire Childéric filme au plus près les gestes répétés d’ouvriers dans un entrepôt ferroviaire et fige ainsi leur vie dans cet espace unique où les trains partent sans jamais emmener les ouvriers à leur bord. À Cerbère, la vie continue mais flotte sur les vestiges d’un prestigieux passé qui n’est plus. Ultime trace architecturale du faste d’antan : l’hôtel qui n’est plus qu’une coquille vide presque muséifiée.

Dans ce programme, la part belle est faite aux productions récentes avec des films encore peu vus. Seul le court métrage de l’inimitable Luc Moullet datant de 1995 « Imphy, capitale de la France » ouvre un regard sur le contexte avant la crise dans laquelle ont été réalisés les autres courts métrages. Ce film offre ainsi une bouffée d’air rieuse dans ce programme qui tend plutôt vers la nostalgie d’un monde passé et une certaine mélancolie de l’ailleurs.

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Pour autant, le programme ne donne pas dans le fatalisme, les hommes semblent tous trouver des ressources pour s’extraire de leur réalité par l’imaginaire. Le film biélorusse « Wooden People » de Victor Asliuk représente sans aucun doute le mieux la capacité humaine à s’inventer un monde pour survivre. Un vieil homme seul dans un village abandonné s’est ainsi récréé une vie où il est prophète en son pays, un pays peuplé de figurines en bois qu’il façonne de ses mains.

« Pays rêvés, pays réels » est un programme qui transporte le spectateur dans des moments de vie d’individus aussi différents dans leurs existences quotidiennes que semblables au regard de leurs rêves. L’imaginaire est, semble-t-il, le propre de l’homme, et pourtant dans les récits des courts métrages présentés ici, les pays les plus rêvés sont aussi ceux où les hommes sont les plus absents.

Fanny Barrot

Cinéma du Réel, le palmarès côté court

Le Cinéma du Réel, que nous avons suivi ces jours-ci, s’est terminé hier soir, avec la reprise des films primés hier. Voici le palmarès, côté court établis par les deux jurys.

– Jury officiel (Ariane Doublet (réalisatrice), Felice D’Agostino (réalisateur) et Fabien Gaffez (critique, directeur du festival d’Amiens)

Prix du court métrage : MAURO EM CAIENA de Leonardo Mouramateus / Brésil, 2012, 18′

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Mention spéciale : CHA FANG / THE QUESTIONNING de Zhu Rikun / Chine, 2013, 20′

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– Jury des détenus du centre pénitentiaire de Fresnes

Prix : MADERA de Daniel Kvitko / Cuba, 2013, 25′

Mention spéciale : QUAND PASSE LE TRAIN de Jérémie Reichenbach / France, 2013, 30′

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Consulter le palmarès complet sur le site du festival

Prochaine soirée Format Court, jeudi 11/04/13 : carte blanche à Lobster Films, en présence de Serge Bromberg !

Depuis la rentrée, nous vous proposons régulièrement, lors de nos Soirées Format Court, de voyager dans le temps, avec des courts d’époque poétiques et formidables. Nous avons ainsi programmé au Studio des Ursulines (Paris, 5ème) « One Week » (La Maison démontable) de Buster Keaton et Edward F. Clin (1920), « Symphonie bizarre » de Segundo de Chomon (1909) et « Mighty like a moose » (À visage découvert) de Leo Mac Carey (1926). Ces films ont un point commun : ils figurent tous trois dans le catalogue de Lobster Films, une société de conservation et de restauration de films anciens dirigée par Serge Bromberg et Eric Lange. Par le passé, nous avons consacré un Focus à cette structure amoureuse du cinéma d’antan dont les premiers films remontent à 1895. Aujourd’hui, nous lui offrons une carte blanche, le jeudi 11 avril prochain, lors de laquelle pas moins de 16 curiosités et autres raretés, réalisées entre 1904 et 1948, seront projetées au Studio des Ursulines, en présence de Serge Bromberg.

Programmation

Tramway (documentaire, muet N & B, 5’15, France, 1913)

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Synopsis : Sous le regard complice d’une ribambelle d’enfants, un tramway s’engage dans les rues de Dunkerque au début du XXe siècle. Au détour d’un long travelling le quotidien se déploie : commerçants, hommes d’affaires, ménagères, marchands ambulants, badauds de toute sorte participent de l’effervescence urbaine. Puis, à mesure que l’on s’éloigne du centre, la ville se voile et un autre mouvement, celui de la périphérie, prend le dessus.Issu d’une copie nitrate, ce documentaire empreint d’une beauté immuable témoigne de l’impact du temps dans l’image filmique et sa matière.

Le Roi du Maquillage de Georges Méliès (scène à truc, muet sonorisé N & B, 2’42, France, 1904, Star Film)

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Synopsis : Méliès, en habit et chapeau haut de forme, dessine sur un tableau noir les têtes d’un poète, d’un vieillard barbu puis d’un jockey anglais, enfin d’un “comic excentric”. Il prend tour à tour l’apparence de ces personnages avant définir en Méphistophélès.

Betty Boop’s Crazy Inventions de Dave Fleischer (dessin animé, série Betty Boop, sonore N & B, 6’32, États-Unis, 1933, Fleischer Studios)

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Synopsis : Venez découvrir les merveilleuses inventions toutes plus loufoques les unes que les autres que Betty et ses amis vous proposent.

Rum and Coca Cola (jazz, série Soundies, avec Jeri Sullivan, sonore N & B, 2’30, États-Unis, 1945)

Petites causes, grands effets de O’Galop (dessin animé, muet N & B, 2’04, France, 1918)

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Synopsis : Les effets d’un petit verre d’alcool. Et en le prenant chaque jour, on devient alcoolique.

Pour résister à la tuberculose de O’Galop (dessin animé, muet N & B, 1’44, France, 1918)

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Synopsis : Pour résister à la tuberculose, soyez fort et pratiquez les sports en plein air.

Le Circuit de l’alcool de O’Galop (dessin animé, muet N & B, 2’11, France, 1918)

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Synopsis : Dessin animé de propagande anti-alcoolique. Le circuit de l’alcool ou la métamorphose d’un écu.

Un duello allo Schrapnell (comique, muet sonorisé teinté, 5’00, Italie, 1913, Itala Films)

Synopsis : Deux alpinistes sauvent une randonneuse qui s’est blessée en grimpant la montagne. Dès commence une rivalité qui les mènera au duel pour conquérir le cœur de la jeune femme.

Le bon exemple (publicité, avec Fernandel, sonore N & B, 2’17, France, 1938, Seita)

Synopsis : Publicité de la firme Seita avec Fernandel.

I’ll say she is (bande annonce, avec les Marx Brothers, N & B, 4’36, États-Unis, 1931, Paramount)

Synopsis: Bande annonce du film « Monkey business », dans laquelle chacun des frères Marx tente d’imiter Maurice Chevalier pour une audition.

Tulips shall grow de George Pal (animation, sonore couleur, 6’59, États-Unis, 1942, Paramount)

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Synopsis : Jan est amoureux de Janette. Les jours s’écoulent paisiblement au rythme des moulins à vent, jusqu’à ce qu’une armée de boulons arrive et massacre tout sur son passage. Mais les tulipes repousseront. Un chef-d’oeuvre.

Premier prix de violoncelle (comique, muet N & B, 2’41, France, 1907, Pathé)

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Synopsis : L’artiste s’installe sur un pliant au beau milieu de la rue et se met à jouer. Bientôt, des fenêtres pleuvent des projectiles de toutes sortes sans pour autant couper l’inspiration du musicien jusqu’à ce qu’une petite fille vienne lui offrir un bouquet de fleurs. Celui-ci remercie, salue et s’en va.

The fresh lobster (burlesque, avec Billy Bletcher, sonore N & B, 6’29, États-Unis, 1948)

Synopsis : Billy descend au milieu de la nuit manger le reste de langouste du frigo. De retour dans son lit, il réalise rapidement qu’il s’est couché sur une langouste géante. Il prend la fuite, poursuivi par l’énorme langouste. Situations absurdes, langouste animée etc. Ce film très rôle se termine dans le lit car. Ce n’était qu’un rêve.

Fiddlesticks de Ub Iwerks (dessin animé, série Flip the Frog, couleur, 6’02, États-Unis, 1930, Celebrity Pictures)

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Synopsis : Flip dirige un orchestre animalier. Une terrible compétition s’engage entre lui au piano et la souris au violon… Lequel est le virtuose des animaux ?

Un Monsieur qui a mangé du taureau de Eugène Deslaw (comique, sonore N & B, 6’49, France, 1935, Victor Films)

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Synopsis : A l’issue d’un repas, un monsieur clame que c’est du taureau qu’il a mangé, et se dispose à encorner tout le monde. Il décroche du mur une paire de cornes, se la flanque sur la tête et entame une corrida frénétique. Les convives affolés téléphonent d’urgence en Espagne pour réclamer un matador. Version sonorisée et commentée de façon délirante par Betove d’un film de 1909.

The Rounders de Charlie Chaplin (burlesque, avec Charlie Chaplin, Fatty Arbuckle, Minta Durfee, Charley Chase, Al Saint John, muet sonorisé N & B, 13’15, États-Unis, 1914, Keystone)

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Synopsis : Charlie et Fatty, qui viennent de se payer une beuverie carabinée, regagnent leurs foyers respectifs. Ils font les fonds de tiroir et s’en retournent au cabaret.

Infos pratiques

– Projection des films : jeudi 11 avril 2013, à 20h30. Durée du programme : 77’

– Adresse : Studio des Ursulines – 10 Rue des Ursulines, 75005 Paris – Accès : BUS 21, 27 (Feuillantines), 38 ou 82 (Auguste Comte), 84 ou 89 (Panthéon).
 RER B Luxembourg (sortie rue de l’Abbé de l’Épée).

Entrée : 6 € !

Réservations vivement recommandées : soireesformatcourt@gmail.com

– Prochaine séance : le jeudi 9 mai 2013 !