Omoi Sasaki : « Ce court métrage est complètement différent des autres films que j’ai pu réaliser. J’ai souhaité travailler dans un esprit de tradition visuelle du Japon »

Omoi Sasaki, réalisateur de « Inseki + Impotence », et Yuko Nobe, en charge de la promotion internationale des courts métrages japonais, nous ont parlé du film sélectionné en compétition officielle au Festival de Cannes. Omoi Sasaki nous livre quelques clés, à saisir à la volée, sur son incroyable court métrage qui parle de la société japonaise actuelle et qui rend hommage au cinéma de science-fiction nippon.

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L'équipe du film

Pourquoi avez-vous décidé de traiter conjointement de météorite (Inseki) et d’impuissance (Impotence) ?

Comme vous le savez, il y a eu un grave accident dans une centrale nucléaire au Japon, à Fukushima il y a deux ans. Pourtant, on vit toujours dans le pays comme si rien de grave, de dangereux s’était produit et pourtant, les traces sont bien présentes. La météorite est en quelque sorte le symbole de cela, elle est au dessus de la tête des habitants et pourtant, elle ne les effraie pas plus que cela.

En ce qui concerne l’impuissance de l’homme, du personnage masculin principal, il s’agit également d’un symbole, plus individuel, qui se rapporte aux Japonais qui subissent aujourd’hui de nombreux problèmes politiques et sociaux. L’impuissance agit comme le symbole de ces frustrations. Dans la société japonaise, on pense communément que les hommes perdent leur confiance physique et mentale à cause de ces problèmes sociétaux.

L’histoire du film fonctionne autour de trois personnages principaux  : une femme, son compagnon et un pizzaiolo qui sera son amant pour un soir. Comment avez-vous travaillé les caractères de ces antihéros ?

Le couple représente les Japonais qui supportent mal la situation actuelle du pays. La femme est un personnage qui vit et qui aime l’idée de faire l’amour, elle souhaite avoir un enfant mais elle a aussi beaucoup de peine car son compagnon ne peut pas la satisfaire à cause de son impuissance. Au contraire, le jeune homme, le pizzaïolo, est sexuellement très vigoureux mais finalement il a aussi des problèmes car il ne vit pas l’amour autrement que par l’acte physique.

Comment avez-vous choisi le couple de comédiens ?

Je connais bien l’acteur principal du film car je suis également comédien et nous avions déjà travaillé ensemble. J’ai aussi choisi de travailler avec lui car je savais que dans la vie « réelle », il était très heureux avec sa femme ! C’est un vrai rôle de composition pour lui. Pour le rôle féminin, j’ai suivi les recommandations de mon conseiller artistique sur le film. Si dans le film, elle apparaît comme une femme disons très « normale », en fait au Japon, c’est une star de la chanson.

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Quelles sont vos références cinématographiques ?

Ce court métrage est complètement différent des autres films que j’ai pu réaliser. J’ai souhaité travailler dans un esprit de tradition. J’ai essayé de jouer avec des effets spéciaux «à la japonaise». C’est vraiment ce que j’ai cherché à retranscrire visuellement dans le film.

Pouvez-vous revenir sur votre démarche en termes de travail sonore ?

Pour ce film, j’ai choisi un groupe qui est connu pour sa recherche sur des sons nouveaux. On a essayé de composer un son un peu différent de celui qu’on peut entendre habituellement dans les films de science-fiction.

Yuko, comment sont produits les courts-métrages au Japon ?

Tous les courts métrages produits sont des films indépendants. Le format court n’est pas très connu au Japon. Les producteurs produisent plutôt des longs métrages mais les cinéastes indépendants n’ont pas beaucoup d’argent pour réaliser leurs films, ils font plus facilement des courts métrages.

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Omoi et Yuko, comment avez-vous vécu votre expérience au festival de Cannes ?

Omoi : Je suis très content que le film soit présenté ici en compétition officielle, qu’il ait pu être vu par de nombreux professionnels et je suis également content pour les comédiens.

Yuko : Pour moi c’est évidemment très fort. Le film est en partie produit par les pouvoirs publics. Le ministère de l’industrie a créé un fonds pour les cinéastes japonais, c’est une aide un peu différente de celle que peut apporter le ministère de la culture du pays car il promeut l’industrie du cinéma au Japon. Cette aide économique a débuté il y a trois ans, seize projets en ont bénéficié et deux sont allés à Cannes, donc c’est déjà une belle récompense.

Quels sont vos projets à tous les deux ?

Omoi : Je vais commencer à travailler avec de jeunes comédiens sur un prochain court métrage qui se déroulera dans la vie quotidienne mais je chercherai également à revenir sur les questions sociales dans mon travail.

Yuko : Et moi, je vais continuer à promouvoir le travail des cinéastes japonais !

Propos recueillis par Fanny Barrot

Consultez la fiche technique du film

Pour information, « Inseki + Impotence » sera projeté à Paris, ce soir à 20h30 au Cinéma du Panthéon lors de la reprise des courts métrages en compétition au Festival de Cannes 2013

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