Tous les articles par Katia Bayer

Reprise du palmarès du Festival de Brive à L’Archipel Paris Ciné

L’Archipel Paris Ciné (17 boulevard de Strasbourg – Paris 10ème) accueillera dès le dimanche 27 avril la reprise du palmarès du 11ème Festival de Brive .

joanna

Dimanche 27 avril, 20h

Pride , Pavel G. Vesnakov • GRAND PRIX EUROPE (2013 / Bulgarie / 30 min / Fiction )
– Joanna, Aneta Kopacz • PRIX DU PUBLIC (2013 / Pologne / 40 min / Documentaire)

Lundi 28 avril, 20 h

– Ennui ennui, Gabriel Abrantes • GRAND PRIX FRANCE (2013 / France / 34 min / Fiction)
–  Les Jours d’avantKarim Moussaoui  • MENTION FRANCE (2013 / France-Algérie / 47 min / Fiction )

Mardi 29 avril 20 h

– Il est des nôtres, Jean-Christophe Meurisse • PRIX DU JURY JEUNES DE LA CORRÈZE et GRAND PRIX CINÉ + (2013 / France / 47 min / Fiction)
– Tant qu’il nous reste des fusils à pompe, Caroline Poggi et Jonathan Vinel • PRIX SPÉCIAL CINÉ + (2014 / France / 30 min / Fiction)

Informations et réservations : L’Archipel Paris Ciné
Tarif: 6€
01 48 00 01 21 – cinema@larchipel.net
www.festivalcinemabrive.fr

Cannes 2014, les films sélectionnés à la Cinéfondation

La  Cinéfondation a choisi seize films (14 fictions et 2 animations) parmi les 1631 qui ont été présentés cette année par les écoles de cinéma du monde entier. 

Le champ d’investigation s’étend encore cette année, avec 38% d’écoles en sélection pour la première fois ainsi qu’un pays, l’Egypte, jamais représenté auparavant. Autre bonne nouvelle ; plus de la moitié des films de cette édition, 9 sur 16, ont été réalisés par des femmes.

 Les trois Prix de la Cinéfondation seront remis lors d’une cérémonie précédant la projection des films primés le jeudi 22 mai, salle Buñuel.

cannes-2014

Films en compétition

– Our Blood de Max Chan – 25’ – Hampshire College – Etats-Unis
– Home Sweet Home de Pierre Clenet, Alejandro Diaz, Romain Mazevet, Stéphane Paccolat – 10’- Supinfocom Arles – France
– The Aftermath Of The Inauguration Of The Public Toilet At Kilometer 375 de Omar El Zohairy – 18’ – High Cinema Institute, Academy Of Arts – Egypte
– Stone Cars de Reinaldo Marcus Green – 14’ – Nyu Tisch School Of The Arts – Etats-Unis
– Last Trip Home de Han Fengyu – 25’ – Ngee Ann Polytechnic – Singapour
– Une Vie Radieuse (A Radiant Life) de Meryll Hardt – 17’- Le Fresnoy – France
– Niagara de Chie Hayakawa – 27’ – Enbu Seminar – Japon
– Oh Lucy! de Atsuko Hirayanagi – 21’ – Nyu Tisch School Of The Arts Asia – Singapour
– The Visit de Inbar Horesh – 27’ – Minshar For Art, School And Center – Israël
– Leto Bez Meseca (Moonless Summer) de Stefan Ivančić – 31′- Faculty Of Dramatic Arts – Serbie
– The Bigger Picture de Daisy Jacobs – 7′- National Film And Television School – Royaume-Uni
– Provincia de György Mór Kárpáti – 21′ – University Of Theatre And Film Arts – Hongrie
– Soom (Breath) de Kwon Hyun-Ju – 33′ – Chung-Ang University – Corée Du Sud
– Les Oiseaux-Tonnerre (Thunderbirds) de Léa Mysius – 22′ – La Fémis – France
– Lievito Madre (Sourdough) de Fulvio Risuleo – 17′ Centro Sperimentale Di Cinematografia – Italie
– Skunk de Annie Silverstein – 16′ – The University Of Texas At Austin – Etats-Unis

Cannes 2014, les courts métrages en compétition

La sélection officielle des courts métrages a été dévoilée aujourd’hui en avant-première de la conférence de presse du 67e Festival de Cannes, prévue ce jeudi 17 avril 2014.

Cette année, le comité de sélection a reçu 3450 courts métrages, représentants 128 pays de production différents.

 Neuf films vont concourir en 2014 pour la Palme d’or du court-métrage, qui sera remise par Abbas Kiarostami, Président du Jury, lors de la cérémonie du Palmarès du 67e Festival de Cannes, le 24 mai prochain. 
Pour la première fois, un film azéri et un film géorgien participent à la compétition des courts métrages.

cannes-2014

Films en compétition

– The Administration Of Glory de Ran Huang – 15’ – Chine
– Ukhilavi Sivrtseebi 
(Invisible Spaces) de Dea Kulumbegashvili – 10’ – Géorgie
– Happo-En de Sato Masahiko, Ohara Takayoshi, Seki Yutaro, Toyota Masayuki, Hirase Kentaro – 13’ – Japon
– Leidi de Simón Mesa Soto – 15′ – Colombie, Royaume-Uni
– Sonuncu
 (The Last One) de Sergey Pikalov – 15’ – Azerbaijan
– A Kivegzes 
(The Execution) de Petra Szőcs – 14’ – Hongrie, Roumanie
– Aïssa de Clément Trehin-Lalanne – 8’ – France
– Les Corps Etrangers de Laura Wandel – 15’ – Belgique
– Ja Vi Elsker
 (Yes We Love) de Hallvar Witzø – 15’ – Norvège

Sébastien Bailly : « L’intermédiaire 30 à 60 minutes est aujourd’hui le plus grand espace de liberté artistique pour les cinéastes »

Sébastien Bailly a créé les Rencontres du Moyen Métrage de Brive en 2004 avec la réalisatrice Katell Quillévéré (« Un poison violent », « Suzanne »). Depuis dix ans, il assure la fonction de Délégué général du festival. En parallèle, il a réalisé des courts et moyens métrages remarqués, comme « Douce » en 2011 et plus récemment « Où je mets ma pudeur » qui connaît un beau parcours en festivals. Après cette onzième édition du festival de Brive (8-13 avril 2014), il cédera sa place à un nouveau délégué. Il revient avec nous sur ces dix années de travail, sur sa vision du moyen métrage et sur ses nouveaux projets.

sebastien-bailly

Tu as occupé la fonction de Délégué général du Festival de Brive durant dix ans, depuis sa création en 2004. En quoi consistait ton travail ?

Je m’occupais de la sélection des films de la compétition, de la composition des rétrospectives proposées pendant le festival, de la constitution des tables rondes et de la programmation du ciné-concert. Durant le festival, mon rôle consistait à accueillir les réalisateurs, à les accompagner dans leur rencontre avec le public en animant les débats, fonction que j’ai assumée durant dix ans. À l’origine de la création du festival, il y a eu cette forte volonté de faire se rencontrer les cinéastes avec le public, de créer du lien.

Tu as fondé le festival avec la réalisatrice la réalisatrice Katell Quillévéré en 2004, avec la volonté de mettre en avant ce format un peu « bâtard » qu’est le moyen métrage, des films qui rencontrent rarement le public et circulent difficilement dans les festivals de courts métrages. Quelles sont les spécificités du moyen métrage selon toi ?

À l’époque, nous avions fait le constat que les films qui nous intéressaient le plus étaient des films longs, dans lequel les réalisateurs prenaient le temps de s’intéresser à des sujets complexes, de développer des personnages et de déployer leur mise en scène. On a créé le festival pour montrer ces films dans de bonnes conditions car les spectateurs ont rarement l’occasion de les apprécier pleinement dans les festivals plus classiques. Passer d’un film de dix minutes à un film de cinquante minutes dans un même programme peut déstabiliser et empêcher le spectateur d’accueillir la forme et la durée spécifique du moyen métrage.

Ces films nous intéressent aussi parce qu’ils sont plus libres, ils ne sont pas soumis à la pression du marché, aux contraintes d’une sortie en salles. Je pense que l’intermédiaire 30 à 60 minutes est aujourd’hui le plus grand espace de liberté artistique pour les cinéastes. Ça s’est manifesté lorsque sont arrivés des films comme « La vie des morts » d’Arnaud Desplechin, « La brèche de Roland » des frères Larrieu, « Ce vieux rêve qui bouge » d’Alain Guiraudie… . Des films marquants qui ont révélé des réalisateurs importants. Nous étions convaincus en 2004 que d’autres films de ce format allaient arriver et nous faire découvrir de nouveaux auteurs. Nous avons ainsi aidé et accompagné avec bienveillance l’émergence de cinéastes comme Arthur Harari, Justine Triet, Sébastien Betbeder, Mikhaël Hers, Shanti Masud, Lucie Borleteau, Yann Gonzalez, Virgil Vernier… Nous mettons un point d’honneur à ce que leur talent soit mis en valeur et présenté dans les meilleures conditions.

Tu évoques les cinéastes français qui sont passés par le festival, mais vous montrez également des films issus d’autres pays d’Europe. Aviez-vous dès le départ cette envie de proposer une sélection de films étrangers ?

L’envie était bien présente, mais lorsque nous avons créé le festival nous ne disposions pas d’un budget suffisant pour accueillir des films étrangers et leurs auteurs. On a commencé par proposer une sélection de films français qui est rapidement devenue francophone. C’est à partir de la septième édition que la compétition est devenue européenne.

Parmi les cinéastes qui ont été découverts et suivis par le festival de Brive, y a- t-il un auteur/ réalisateur en particulier qui t’ait marqué et dont tu es fier d’avoir montré le travail ?

Un des plaisirs de ce métier, c’est lorsqu’au milieu d’une pile de 500 DVD reçus en moyenne chaque année, tu tombes sur un film comme « Un monde sans femmes » de Guillaume Brac dont je ne connaissais ni le parcours ni le travail à l’époque. On se retrouve devant un film d’une apparente simplicité qui, en premier lieu, a le mérite de ne pas chercher à en mettre plein la vue. Le cinéaste parvient à mettre en place un récit assez complexe tout en restant accessible, ce qui constitue un tour de force remarquable. Il fallait mettre en avant ce film car il aurait pu passer inaperçu dans d’autres festivals.

Le premier moyen métrage de Justine Triet, « Sur place », fut pour nous une autre découverte importante. Encore une fois, c’est un film qui ne joue pas sur la séduction, qui demande à être reçu dans sa pleine durée pour comprendre la démarche de la réalisatrice. Il faut accepter de travailler avec le film, de s’en imprégner pour saisir la force et l’intelligence de son dispositif. En règle générale, nous sommes heureux lorsque l’on réussit à extraire une pépite de ce gigantesque tas de sable, mais cela exige des sélectionneurs, une attention et une ouverture suffisante pour se laisser surprendre.

Capture d’écran 2014-04-16 à 18.49.11

« Sur place »

Te méfies-tu de la séduction des films, de ceux qui succombent aux effets de mode lorsque tu sélectionnes les moyens métrages de la compétition ?

C’est en effet quelque chose que j’essaie de fuir, comme spectateur et comme sélectionneur, même si je peux reconnaître le talent et l’intelligence de certains cinéastes qui profitent des opportunités de l’époque pour s’emparer de thèmes et de formes séduisantes. Mais je pense qu’il faut être également sensible aux auteurs qui proposent des films « hors-temps », un peu inusables, comme ceux d’Arthur Harari par exemple (« La Main sur la gueule », « Peine perdue », Prix Format Court au Festival de Brive 2014) . Je pense que par leur aspect intemporel, ses films vieilliront bien.

Lorsque je visionne un film, j’essaye de comprendre le projet du cinéaste en acceptant les forces et les faiblesses du résultat final. Je suis plus sensible au travail d’un cinéaste aventureux qui prend des risques par le choix de son sujet ou dans la manière de le mettre en scène. Les films sages, lisses, qui empruntent des chemins balisés ou traitent de sujets bateaux ne m’intéressent pas. Je ne rejette cependant pas les réalisateurs qui ont recours à une mise en scène classique pour raconter leurs histoires, bien au contraire. S’ils manient les codes avec intelligence et maîtrise, des films magnifiques peuvent émerger. Aujourd’hui, le dispositif prévaut parce que l’époque exige des formes inédites, plus excitantes. Mais les cinéastes ne se montrent pas toujours à la hauteur de leurs propositions et peuvent réaliser des films qui tournent rapidement dans le vide.

la-main-sur-la-gueule1

« La Main sur la gueule »

Après cette dernière édition, tu ne seras plus Délégué général du festival. Est-ce pour consacrer plus de temps à ton activité de réalisateur ou penses-tu proposer tes services à d’autres festivals, sous une autre forme ?

Ni moi ni Katell n’avions à la base le désir ni la vocation de créer un festival de cinéma. On l’a fait parce que l’on ressentait un vide qu’il fallait réparer, par amour du cinéma, pour aider de jeunes cinéastes. C’est une démarche profondément généreuse. J’ai consacré beaucoup de mon temps à d’autres, avec à chaque fois du plaisir et une reconnaissance partagée. Aujourd’hui, j’ai envie de me consacrer à mes projets de films. C’est une décision mûrement réfléchie que j’ai prise il y a un an déjà. Je me sens à présent capable d’assumer des envies profondes, comme celle de réaliser un long-métrage. J’ai envie d’écrire, de tourner rapidement quelque chose. J’ai besoin de parier là dessus, même si cela implique de prendre un risque. Je ne veux pas avoir de regrets.

Marc-Antoine Vaugeois

Peine perdue d’Arthur Harari, récompensé du Prix Format Court au 11è Festival de Brive

Le Jury Format Court, composé de Géraldine Pioud, Zoé Libaut, Marc-Antoine Vaugeois et Camille Monin, présent aux 11e Rencontres du moyen-métrage à Brive, a décidé de primer le film « Peine perdue » réalisé par Arthur Harari et produit par Nicolas Anthomé (Bathysphère Productions).

Sept ans après le très beau « La main sur la gueule », Arthur Harari nous propose un huis clos sur les bords d’une rivière du côté de Blois, où les personnages se croisent, se cherchent et flirtent dans la moiteur de l’été.

Peine perdue de Arthur Harari. Fiction, 40′, France, 2013, Bathysphère Productions

Synopsis : Une fin d’après-midi au bord d’une rivière, un concert près de l’eau. L’étrange Rodolphe remarque Alex, jeune homme timide qui n’a d’yeux que pour Julia, parisienne en vacances. Rodolphe entreprend de l’aider, à sa manière.

Le réalisateur lauréat bénéficie d’une mise en avant de son travail sur notre site ainsi que d’une projection de son film lors de la prochaine soirée Format Court, organisée le jeudi 8 mai 2014 au cinéma Le Studio des Ursulines (Paris 5ème).

Retrouvez le palmarès dans son intégralité par ici

Festival de Brive, le palmarès 2014

Après cinq jours de projections, voici les différents films élus par les différents Jurys présents au 11ème Festival de Brive consacré au moyen métrage.

Palmarès

Grand Prix Europe Brive 2014 : Pride de Pavel G. Vesnakov – Bulgarie

Mention Europe : The love Equation of Henry Fast de Agnieszka Elbanowska – Pologne

Grand Prix France : Ennui Ennui de Gabriel Abrantes – France

ennui-ennui

Cliquez sur l’image pour visionner un extrait du film

Mention France, Mention du Jury Jeunes : Les Jours d’avant de Karim Moussaoui France/Algérie

Prix du Jury Jeunes de la Corrèze, Grand Prix Ciné + : Il est des nôtres de Jean-Christophe Meurisse – France

il_est_des_notres

Prix du public : Joanna de Aneta Kopacz – Pologne

Prix spécial Ciné + : Tant qu’il nous reste des fusils à pompes de Poggi Caroline et Jonathan Vinel – France

Prix Format Court : Peine Perdue de Arthur Harari – France

Prix du Scénario : à Christelle Lheureux pour son projet La Terre penche

Prix de la Maison du Film Court : à Viken Armenian pour son projet Nadim est un Ninja

Le chien, le meilleur ami de l’homme… et des moyens métrages

Parmi les 25 films en sélection à Brive cette année, trois comptent un chien comme personnage important et influent dans leur intrigue. Un détail qui ne nous échappe pas et nous donne envie de faire un petit comparatif.

Animal serenade

Tout d’abord, il y a « Animal Serenade » réalisé par Béryl Peillard et produit par Elisabeth Perez (CHAZ Productions). Le film n’a de lien avec Lou Reed que par le titre ou bien alors peut-être par le côté rock’n roll de l’histoire de Nina, 25 ans, en couple avec une petite fille, qui préfère définitivement sa liberté fortement alcoolisée aux responsabilités. De ce fait, elle adopte un chien dans un chenil et se persuade que lui seul peut la comprendre, ou tout du moins, ne va pas la contrarier en lui imposant des codes.

Jojo est un bâtard déjà adulte et il suit la jeune femme partout où elle va. Leur relation devient quasi fusionnelle, dérangeant leur entourage, surtout lorsque le chien commence à mordre Nina. Tellement persuadée que l’animal lui offre le réconfort qu’elle recherche, Nina accepte l’agressivité de Jojo et cache tant bien que mal ses blessures jusqu’à ce qu’elle prenne enfin conscience de la folie de la situation.

Le jeu entre le chien et Nina, magnifiquement interprétée par Marie Denarnaud, est assez réussi. « Animal Serenade » est un film assez rare où le chien possède l’un des rôles principaux. Il offre un bel aperçu de la belle et de la bête en décadence, en version trash, avec des moments d’angoisses de-ci de-là. Dommage que la fin tombe un peu à plat, trop pleine de bonne morale.

Ensuite, il y a le film suédois « KK (the girl with the dog) » de Wiktor Ericsson. KK signifie FF, fuck friend, mais qu’on se rassure : il n’y a rien de sexuel entre le chien et sa jeune maîtresse ! Seulement voilà, Lillan, une adolescente corpulente, est connue pour se balader avec son golden retriever Bess qu’elle a pour seule compagnie. C’est l’été et une bande de jeunes garçons du même âge en vacances également, ne trouve pas d’autres occupations que de se moquer de l’adolescente. Lors d’un déjeuner de voisinage, l’un d’entre eux est amené à se rendre chez Lillan qui par vengeance s’adonne avec lui à une expérience sexuelle. Ils deviendront donc des « copains de baise » en cachette, mais toujours sous le regard du bon gros chien baveux.

wiktor_ericsson_kk

Ce moyen métrage est joliment filmé et pas trop mal interprété, mais les premiers jeux sexuels entre ados et le rejet de l’un d’entre eux à cause de sa différence sont des thèmes assez vus et revus. Finalement ici, la seule originalité demeure dans la présence du fameux chien. Effectivement, la jeune fille, plutôt bourrue et ayant des difficultés à exprimer ce qu’elle ressent, transmet toute sa violence et son amour sur son chien. L’animal devient le référent, celui auquel on se rattache quand on a peur ou qu’on se sent seul.

Enfin, on a affaire à « Petit matin » réalisé par Christophe Loizillon et produit par Santiago Amigorena (Les Films du Rat). Le film fonctionne avec une accumulation de séquences d’environ sept minutes chacune qui, à première vue, sont complètement indépendantes les unes des autres pour finalement révéler un fort lien entre elles : celui du décès d’Henriette, respectivement épouse, mère, grand-mère et maîtresse des différents personnages que l’on découvre tout au long de ce petit matin. Le ton est assez glacial, mais le tout fonctionne plutôt bien grâce à la présence de comédiens tels que Mathieu Almaric ou Philippe Landenbach et grâce à la construction très efficace des plans aussi peu nombreux soient-ils, particulièrement celui qui met le personnage de Wallace sur le devant de la scène.

petit-matin

Wallace est un border collie. Ce matin-là, il dort paisiblement sous le lit de sa maîtresse tandis que le médecin légiste arrive et doit faire le constat du décès en présence du mari et de l’aide à domicile. Ça sort par conséquent notre bon Wallace de sa sieste. Celui-ci se rend compte à ce moment-là que quelque chose de triste s’est passé. La séquence filmée à la hauteur de l’animal à quatre pattes se termine sur ses aboiements larmoyants, sorte de cri de douleur au pied du lit de la défunte, preuve que les bêtes pourtant privées d’âme peuvent avoir un semblant d’émotion. Une manière aussi pour Christophe Loizillon de montrer que l’animal avait une place importante dans l’entourage de ladite Henriette.

Dans ces trois films adoptant des tons résolument distincts, trois chiens bel et bien différents ont un même point commun : ils jouent le rôle d’ami dans la vie des gens et remplacent presque les êtres humains dans le cœur de ces personnages. Les chiens, ces compagnons fidèles et peu contrariants, seraient-ils d’authentique remparts à la solitude ambiante ?

Camille Monin

A iucata de Michele Pennetta

Présenté à Brive ces jours-ci, « A iucata » s’ouvre avec cette image assez improbable : celle d’un cheval attelé à un sulky, qui galope sous la pluie, en pleine nuit, suivi par quantité d’automobiles et de scooters qui éclairent la route de leurs phares et font gronder leur moteur. À première vue, on hésite entre une scène grotesque ou à l’inverse, à un film de guerre futuriste voire apocalyptique. En tout les cas, ce lent et long travelling nous hypnotise totalement et nous plonge au plus près de l’univers de ces courses clandestines.

Michele Pennetta, le réalisateur, nous embarque en effet dans un documentaire implacable sur un aspect assez méconnu de la mafia sicilienne où les chevaux n’ont que la valeur de leurs jarrets. Ces courses dont les paris sont assez proches de ceux effectués lors des combats de coqs ou de chiens offrent un spectacle autrement plus beau tant les chevaux sont gracieux, même si tout reste finalement une histoire d’argent.

La première séquence s’enchaîne avec une scène bien plus paisible et pourtant significative de ce que représente le cheval pour son propriétaire mafieux : la caméra de Pennetta suit de près un jeune palefrenier, Vittorio, qui dorlote son cheval nerveux, le prépare pour la prochaine course tandis que son patron l’incite à s’entraîner toujours plus. Le temps, c’est de l’argent, surtout lorsqu’il faut se cacher.

a iucata5

Tout comme les courses, les entraînements ont d’ailleurs lieu la nuit dans les rues de la ville de Catane ou sur la plage au petit matin. Les images quasi surréalistes sont alors rythmées par le martèlement des sabots. Les dialogues sont presque inexistants dans le film, laissant la part belle à l’image du cheval. Puis, c’est le retour à l’écurie où une piqûre attend le cheval déjà dopé. Dans une ambiance aussi froide que le film « Bullhead » de Michael R. Roskam, Concetto, le patron – le parrain – ne fait et ne sait qu’exploiter l’animal afin de le faire remporter la course finale. « A iucata » se termine d’ailleurs sur un duel de chefs par animaux interposés dans un vacarme de klaxons de voitures et de scooters qui les suivent comme au début. De ce duel, on ne saura qui en sortira vainqueur, et ce n’est pas ce qui importe.

« A iucata » est le cinquième film de Michele Penneta. Avec ce film, il a remporté le Pardino d’or au dernier Festival de Locarno. Il réalise ici un documentaire à la limite de la fiction dans lequel il réussit à s’intégrer totalement dans ce monde de courses équestres clandestines et de paris mafieux, le tout sans discours superflu, mais avec des images fortes. Un peu à la manière du film « Gomorra » de Matteo Garrone (fiction à la limite du documentaire), les personnages semblent si éloignés de notre réalité qu’on a parfois du mal à croire qu’ils existent réellement et qu’ils mènent des activités si secrètes.

Camille Monin

Consultez la fiche technique du film

Brive 2014

Les 11e Rencontres du Moyen Métrage de Brive ont débuté ce mardi 8 avril. Elles fêtent le cinéma jusqu’au 13 avril prochain. La Société des Réalisateurs de Films, organisatrice de ce festival, met en valeur un format ayant peu de visibilité, autrement dit des films d’une durée comprise entre 30 et 60 minutes.

Cette année, les programmateurs du festival ont sélectionné 25 moyens métrages parmi plus de 500 films reçus : des fictions, des documentaires et des films expérimentaux français et internationaux.

On ose croire qu’une sélection à Brive est un gage de future réussite pour les réalisateurs puisque nombreux sont ceux qui sont passés au long métrage juste après avoir croisé le chemin du festival : Guillaume Brac, Justine Triet, Sébastien Betbeder, etc.

Pour la première fois cette année, un jury Format Court (composé de Zoé Libaut, Géraldine Pioud, Marc-Antoine Vaugeois et Camille Monin) remettra un prix à un film parmi les 25 sélectionnés et projetera le film à sa prochaine séance, le 8 mai 2014. En attendant l’issue du festival, un focus sera proposé sur notre site, particulièrement autour des films en compétition.

En parallèle de la compétition, le festival offre de nombreuses parcours : un hommage à Koji Wakamatsu, un parcours Agnès Varda, un panorama sur le jeune cinéma suisse, des séances spéciales, un ciné-concert, des tables rondes sur l’écriture et la lecture, des rencontres avec des compositeurs, des workshop autour du pitch et autour de la diffusion/ distribution, etc.

Cette édition proposera donc un festival des plus complets aussi bien pour les cinéastes que pour les cinéphiles en Limousin. Cette 11e édition signera par contre la dernière année de Sébastien Bailly en tant que Délégué Général du festival et créateur des Rencontres du Moyen Métrage. Il y a quelques années, nous l’avions rencontré pour une interview que nous vous proposons de (re)découvir en ligne.

Camille Monin

brive

Retrouvez également dans ce Focus :

– Brive 2014, compte rendu
– L’interview de Jonathan Vinel, Caroline Poggi, réalisateurs de « Tant qu’il nous reste des fusils à pompes » (France)
La nouvelle interview de Sébastien Bailly, Délégué général du festival
Le chien, le meilleur ami de l’homme… et des moyens métrages
– La critique de « A iucata » de Michele Pennetta (Suisse)
– Nouveau Prix Format Court au Festival de Brive

A comme A Iucata

Fiche technique 

Synopsis : Au milieu des quartiers populaires de Catane, en Sicile, loin du regard des autorités, se cachent de nombreuses écuries de fortune. Une de celles-ci appartient à Concetto, dit le pharmacien. Personnage respecté voire craint, il s’est construit une renommée dans le monde des courses clandestines.

Genre : Documentaire

Durée : 40’

Pays : Suisse

Année : 2013

Réalisation : Michele Pennetta

Image : Gabriel Lobos

Montage : Orsola Valenti

Son : Ricardo Studer

Production : Close Up Films

Article associé : la critique du film

Short Screens #37: Frontières

Physiques ou psychologiques, symboliques ou littérales, les frontières sont des délimitations artificielles et floues vouées à se transformer sans cesse. Quand elles ne sont pas source de conflits, elles sont une invitation au voyage, une découverte de l’autre côté du miroir. Le temps d’une séance, Short Screens a rassemblé sept courts métrages témoignant de belles traversées aux lisières des genres et des réalités.

Un projet à l’initiative de l’asbl Artatouille et Format Court

Jeudi 24 avril à 19h30 au Cinema Aventure, Bruxelles. PAF 6€

Programmation

ANNA de Spiros Charalambous
Grèce / 2012 / fiction / 23′

Anna

Marie, 30 ans, originaire de Philippines, travaille dans un village à Chypre. Elle prend soin d’un vieil homme âgé de 85 ans et qui souffre d’artériosclérose. Il passe sa journée à regarder la télévision, et plus précisément un feuilleton, mettant en vedette Anna. Il semble obsédé par l’actrice.

MOTORVILLE de Patrick Jean
France / 2013 / animation / 2’46

motorville

Dans Motorville, c’est la « street view » qui prend vie sous nos yeux. Suivez les aventures d’une ville dont le cœur ne bat plus et qui doit s’exiler au Moyen Orient pour se procurer sa dore de pétrole.

STRAIGHT 8 d’Ayisha Abraham
Inde / 2005 / expérimental / 17′
straight-8
Straight 8 est une partie d’un vaste projet racontant l’histoire culturelle des films d’amateurs dans la région de Bangalore. Construire une représentation sur des images déjà produites et imaginées: Le readymade, le recyclage, le found footage ou les objets trouvés, les éléments d’une culture habitant les archives privées de la mémoire, le projet cherche à explorer et décrire une créativité non-professionnelle à un temps où la technologie n’en était encore qu’à l’enfance; le résultat est une contre-histoire du cinéma Indien.

ORPHEUS de James Button
Royaume-Uni / 2011 / fiction / 7′
orpheus
Une histoire sombre et expérimentale d’un homme qui cherche son amour perdu.

DIE ANDERE SEITE d’Ellie Land
Allemagne / 2007 / documentaire-animation / 5’10
die andere seite
Un documentaire animé à propos du mur de Berlin, explorant l’imagination des enfants, ce qu’ils pensent y avoir de l’autre côté, sans n’y être jamais allés.

Article associé : la critique du film

CROIT de Fabrice Couchard
Belgique / 2005 / fiction / 17′

croit-fabrice-couchard

Hiver 1934, un hameau isolé des Ardennes belges. François est le jeune paysan qui livre le lait chez les habitants du village. Un jour, le docteur lui demande d’aller porter d’urgence une lettre à un confrère dans la ville voisine. Sarah, la fille du médecin, prétend être sa captive. Elle persuade François de la prendre avec lui et de la  » libérer  » de cette étrange persécution. Le temps presse, mais le trajet le plus rapide ne peut se faire que par la traversée de la Fagne blanche et glaciale. Pris dans la tourmente, François et Sarah vont se perdre…

THE RUNNERS de Matan Rochlitz & Ivo Gormley
Royaume-Uni / 2013 / documentaire / 11′

TheRunners

Les réalisateurs Matan Rochlitz et Ivo Gormley sont allés à la poursuite de joggers pour ouvrir la discussion pendant leur effort. L’occasion de poser des questions plutôt personnelles, et de voir leur aptitude à s’ouvrir.

Pour la France de Shanti Masud

Strangers in the night

Le film de Shanti Masud s’ouvre sur un cliché, et pas des moindres : Paris, la nuit. L’Allemande Désirée, appareil photo en main, shoote le croissant de lune qui se dessine derrière quelques nuages. Le déclic de l’appareil semble appeler un autre personnage à l’intérieur du cadre, le jeune Charles, blondinet espiègle qui décide « d’offrir sa nuit » à cette inconnue. On devine dans ces quelques paroles échangées par les personnages les intentions de la réalisatrice : Shanti Masud nous offre « sa » nuit parisienne, carrefour cosmopolite où tous les romantiques se donnent rendez-vous et partagent la vision d’une ville rêvée, chargée de mystères et habitée par les fantômes du cinéma. Le titre du film lui-même contient la promesse d’un don, et les multiples cadeaux et petites attentions que les personnages s’échangeront tout au long de cette nuit ne dérogeront pas à la règle : « Pour la France » est un présent fait au spectateur, qu’il serait bien idiot de refuser.

La balade commence lorsque Désirée et Charles sont rejoints par France, jeune femme au long manteau noir semblant surgir de la nuit même. Le trio improvisé s’arrête dans un bar, repaire de quelques oiseaux nocturnes perchés sur leurs tabourets évaluant nos héros à leur entrée en même temps que la caméra détaille cette faune par un élégant panoramique. Ce plan semble répondre au précédent opus de la réalisatrice, le diptyque composé de « But we have the music » et « Don’t touch me please», moyens-métrages réalisés en super 8 où Shanti Masud multipliait les portraits de ses amis pour dresser celui d’une génération sur fond de musique pop. Si la narration classique à pris le pas sur les formes expérimentales, la cinéaste poursuit ici sa recherche personnelle d’alchimie entre les portraits d’individus et les morceaux de musique, très présents dans « Pour la France » (de Debussy à Kraftwerk). Le petit groupe s’élargit lorsque Désirée ramène à son bras deux jeunes marginaux, Blaise et Ivo. France frémit à l’apparition de ce dernier et l’on devine rapidement le lien qui les unit. Il est temps de migrer. Direction l’atelier d’Ivo, le beau tatoueur, pour continuer la soirée.

France1

Dans la pénombre de la cour d’immeuble, Charles s’apprête à faire sursauter ses deux compagnes en se cachant derrière un muret. Sa blague tombe à l’eau lorsque le gémissement de Blaise, résonnant depuis l’atelier, redirige les regards des trois compères vers une fenêtre du premier étage. À l’image de cette scène, le film de Shanti Masud procède en permanence à de subtils déplacements des enjeux à l’intérieur des séquences, à des ruptures de tons qui l’empêchent de se figer dans une pose trop sérieuse ou révérencieuse. Si la réalisatrice emprunte aux films de chambres des années 70 de Garrel et d’Eustache le grain charbonneux du noir et blanc et le sens du portrait, elle ne s’abandonne pas pour autant à la contemplation tragique ou nostalgique d’un imaginaire révolu. À la fièvre enivrante qui consumait les héros de ces films, Shanti Masud préfère la caresse, la douceur des échanges de regards et les pirouettes d’un “petit clown triste”.

Dans l’intimité retrouvée de l’appartement, France et Ivo vont se confier à Désirée, lui livrant leurs secrets et leurs rêves à tour de rôles. La belle allemande devient ainsi le vecteur de parole, le maillon manquant pour relier les amants entre eux. Comme la navette qui traversera le corps de Désirée en surimpression lorsque, assoupie sur les bords de Seine, elle profitera des premiers rayons du soleil au petit matin, son corps se transforme en vaisseau et permet la liaison providentielle des individus croisés au court de la nuit. Peut-être est-elle réellement un ange, et cette soirée un peu magique et hors du temps son œuvre ? Shanti Masud ne tranche pas, mais conclut son film par un hymne à son personnage principal résonnant jusque dans les chambres de ces titis parisiens que la chance aura placée sur son chemin.

« Pour la France » est un beau cadeau fait par la réalisatrice à la ville qu’elle aime, aux acteurs qu’elle filme avec désir et aux spectateurs las du naturalisme triste. Shanti Masud nous invite à rêver Paris à nouveau en régénérant une imagerie trop longtemps dévolue aux cartes postales, sublimée par le noir et blanc et par une bande son hétéroclite.

Marc-Antoine Vaugeois

Consultez la fiche technique du film

Article associé : l’interview de Shanti Masud

P comme Pour La France

Fiche technique

Synopsis : Un soir, Désirée, jeune Allemande de passage à Paris, rencontre Charles, France et Ivo. Passée l’effervescence de la nuit, ils se retrouvent dans une intimité soudaine. Le petit matin les découvrira changés.

Genre : Fiction

Durée : 28’

Pays : France

Année : 2012

Réalisation : Shanti Masud

Scénario : Shanti Masud

Directeur de la photo : Tom Harari

Montage : Julie Picouleau

Son : Mathieu Descamps, Matthieu Deniau

Auteur de la musique : Olivier Marquerit

Décors : Yannick Moine

Interprétation : Friedelise Stutte, Sigrid Bouaziz, Bastien Bouillon, David Atrakchi, Pascal Tagnati

Production : La Vie est Belle Films Associés

Articles associés : la critique du filml’interview de Shanti Masud

 

T comme Trespass

Fiche technique

*** Local Caption *** Trespass, , Paul Wenninger, A, 2012, V'12, Kurzfilme

Synopsis : En anglais « trespass » signifie s’immiscer, mais peut aussi faire allusion à une entrée non autorisée ou, dans le jargon juridique, une « perturbation domestique ». Ce film d’animation en prises de vue réelle joue avec tous les sens du terme.

Genre : Animation, Fiction

Durée : 10’30

Pays : Autriche

Année : 2012

Réalisation : Paul Wenninger

Scénario : Paul Wenninger

Image : Paul Wenninger, Nik Hummer

Lumière : Jerzy Palacz, Paul Wenninger

Montage : Martin Music

Musique / son : Nik Hummer, Michael Moser

Interprétation : Paul Wenninger

Production : Kabinett ad Co. , Paul Wenninger, KGP – Kranzelbinder Gabriele Production, Sixpack Film

Articles associés : la critique de « Trespass », l’interview de Paul Wenninger

Paul Wenninger : « Je ne suis pas comédien mais danseur. L’animation est pour moi ce qui se rapproche le plus de ma pratique artistique, la chorégraphie »

C’est au festival Premiers Plans d’Angers que nous avons rencontré Paul Wenninger qui est venu présenter son premier film « Trespass », présenté dans la catégorie Plans Animés. Membre du collectif Kabinett ad Co.,  ce chorégraphe et musicien autrichien est un artiste à la recherche de nouvelles expériences visuelles et sensorielles que nous avons interviewé afin de mieux appréhender son travail autour du mouvement. Pour « Trespass », il a utilisé la pixilation, technique d’animation en volume et a filmé son corps image par image dans un décor toujours en mouvement, créant un film très maîtrisé où chaque élément semble dépasser les contraintes de l’espace et du temps.

paul

Comment est né le projet « Trespass » ?

J’ai commencé avec une série de performances scéniques dans lesquelles le corps était toujours contextualisé parmi des objets et au sein d’un environnement. Avec ces rapports de cause à effet, je laissais le public être acteur de la performance. Pour moi, commencer à faire de la pixilation fut une étape logique. Alors, on s’est lancé dans le projet naïvement et on a commencé à faire du slow motion, à expérimenter cette technique.

Quelle était votre motivation pour faire un film d’animation après toutes ces années de performance scénique ? Pourquoi vous êtes-vous tourné vers l’animation plutôt que vers la prise de vue réelle ?

Tout part du mouvement. De ce point de vue, pour moi, c’était ma première œuvre cinématographique, mais pas ma première création artistique. Bien sûr, la stop-motion est un procédé différent, mais cela fait cinq ans qu’il est présent dans mon travail et que j’utilise des médias différents. On a aussi des projets musicaux, un groupe de deathmetal qui s’appelle Superlastic, on travaille sur des sons, des objets, des images, la scène, la performance, on a du mal à se contenter d’une seule chose. D’un point de vue chorégraphique, c’est intéressant pour moi de travailler de façon très précise en studio, sur l’animation d’un film, parce que vous pouvez obtenir des choses beaucoup plus précises que sur scène.

L’essence du film est un travail chorégraphique sur la façon dont nous créons l’environnement, comment celui-ci change, comment les objets bougent et comment la caméra se déplace par rapport au corps, et vice-versa. Tout cela revêt un aspect chorégraphique à mes yeux. Filmer le réel ne m’intéresse pas, on le voit dans les documentaires, et c’est toujours intéressant, mais refléter ce qu’on voit ne correspond pas à ma démarche artistique. Je ne suis pas comédien mais danseur, et l’animation est pour moi ce qui se rapproche le plus de ma pratique artistique, la chorégraphie.

trespass3

Pourquoi votre corps évolue-t-il dans votre film à un rythme différent des objets qui l’entourent ?

Ce qui était intéressant dans ce projet, c’est que le corps possède déjà en lui un tas d’informations à propos de ce qui l’entoure. Par exemple, lorsque je veux prendre une tasse, avant de la toucher, toutes les informations la concernant sont déjà présentes dans mon corps, alors je sais, grâce à l’expérience, comment je vais la saisir. Je connais son poids, sa taille, sa texture, il y a donc plein de paramètres qui sont déjà présents dans le corps. Dans « Trespass », j’ai beaucoup travaillé sur le fait que le corps transporte toutes ces informations avant que l’objet ne soit là. Le corps essaye de s’asseoir alors que la chaise n’apparaît qu’au dernier moment, ou un bras se tend pour appuyer sur un bouton et la radio n’apparaît qu’au dernier instant, même si vous l’entendez déjà. Tout cela est un jeu chorégraphique, c’est ça qui m’intéresse.

Votre travail sur le corps évoque notre rapport au mouvement et à la conscience que nous en avons. Comment « Trespass » questionne-t-il notre rapport à l’environnement qui nous entoure ?

Nous savons aujourd’hui que nous sommes des individus conditionnés dans un monde conditionné. « Trespass » aborde notre expérience et les images que nous connaissons. Par exemple, lorsque nous avons créé ces performances scéniques auparavant, nous avons travaillé sur l’expérience de notre savoir. Vous avez par exemple une peau de banane sur la scène, puis quelqu’un la retire et à la place, vous mettez un corps étalé sur le sol, et tout le monde rit parce que les gens comprennent que l’homme est tombé à cause de la peau de banane. La banane, un corps sur le sol, sont deux éléments connectés et nous faisons facilement l’association entre eux, c’est une relation de cause à effet. Mais en réalité, je n’ai jamais vu personne tomber à cause d’une peau de banane, et je pense qu’il en est de même pour la plupart des gens, mais nous en avons une image tellement forte que nous associons immédiatement ces deux éléments.

Ce sont des images conditionnées, mais lorsque nous les vivons, à quel point sommes-nous libres, combien de nos décisions sont-elles réellement dénuées de tout conditionnement, ce qui pose également la question de ce que peut être un corps libre. Tous ces aspects mènent vers cette question de la frontière : quelles sont les limites, comment traverser des lieux ou des choses qui font barrière dans nos esprits ? Qu’est-ce qui, par exemple, génère cette notion de privatisation ? Je vis dans une grande ville, mais est-ce que je vis dans un espace libre, est-ce réellement public ou privatisé ? Cela pose également à la question du droit du corps et sur la façon dont les frontières sont utilisées afin de créer un dedans et un dehors.

Nous sommes des créatures qui dépendent du temps et de l’espace. C’est justement la question du temps qui est posée dans le film, en plaçant le corps en premier, puis le temps, et ensuite l’espace, ce qu’on peut faire grâce au stop-motion. Le corps est ainsi libéré de son environnement et de la vitesse réelle du temps. Ce n’est pas un film de danse mais c’est un film qui exploite les qualités du danseur, qui est capable de contrôler son corps sur le long terme. Ce film aborde toutes ces questions.

*** Local Caption *** Trespass, , Paul Wenninger, A, 2012, V'12, Kurzfilme

Était-ce très différent pour vous de jouer devant une caméra plutôt que sur scène ? Avez-vous dû modifier votre façon de travailler et de décomposer le mouvement ?

Exactement, si bien que ça ressemble plus à un travail de chi kong. J’ai programmé les mouvements de la caméra en fonction du corps, si bien qu’ils revêtent un aspect chorégraphique à son égard, et nous avons parfois travaillé pendant trois ou quatre heures rien que sur un mouvement. Si j’avais fait cela sur scène, ça aurait été très ennuyeux pour le public. Comme nous filmions beaucoup en extérieur, c’était aussi une sorte de performance d’avoir un corps qui faisait un même geste sur une durée de trois heures. Cela créait une sorte de tension et attirait du public. Faire ce film, c’était placer mon corps hors du temps, mais par la suite, nous avons animé mon corps en temps réel, et c’est finalement les éléments extérieurs qui sont passés hors du temps. Ils changent très rapidement, ce qui crée un décalage.

Quelles ont-été les différentes étapes de sa réalisation ? Comment avez-vous travaillé sur le son qui constitue un élément très important du film ?

Nous avons filmé pendant neuf mois, presque tous les jours et la post-production a pris presque un an. Ça aurait pu être plus rapide, il y avait beaucoup d’autres choses sur lesquelles travailler, la composition, le son ont justement été très importants… Il y a trois couches de son dans le film : une pour donner une textualité acoustique au corps, une deuxième pour créer l’atmosphère, les sons ambiants, et puis il y a l’aspect musical. Le passage d’une couche à l’autre (parfois le corps disparaît lorsque le son augmente) crée une très belle composition.

Quelles ont été les influences cinématographiques, plus particulièrement en animation, qui vous ont inspiré pour ce travail ?

C’est une question difficile car avant de faire ce film, je ne m’intéressais pas particulièrement au cinéma d’animation. Mais maintenant, étant présent sur des festivals, j’ai soudainement vu beaucoup de films qui ont été réalisés plus ou moins en même temps que le mien, dont des choses exceptionnelles. J’étais comme un enfant aux yeux grands ouverts qui découvre le monde de l’animation, stimulé par ces images. Bien sûr, j’ai fait quelques recherches à droite à gauche, j’aime bien notamment le travail de Julia Pott, et j’aime beaucoup l’approche artistique de Chris Landreth. Je trouve que dans beaucoup de films d’animation, l’aspect narratif est très bien mené, mais la démarche artistique l’est moins, on s’en tient à une certaine technique et on raconte une histoire qui pourrait provenir d’un livre. J’ai eu parfois des doutes à cet égard. Je suis moins intéressé par cette façon de raconter.

*** Local Caption *** Trespass, , Paul Wenninger, A, 2012, V'12, Kurzfilme

Avez-vous d’autres projets de film ?

Oui, nous sommes actuellement en train de travailler sur un film de pixilation au sujet de cette année, qui marque l’anniversaire de la Première Guerre Mondiale. C’est très lointain, et en même temps, ça fait partie de notre histoire. Je me suis demandé comme je ne me suis encore jamais attaqué à quelque chose d’aussi concret dans mon travail comment traiter artistiquement un tel événement. J’ai travaillé avec des dioramas, j’aime beaucoup ces endroits, et j’aimerais y replacer cette guerre. De cette manière, j’aimerais créer quelque chose de générationnel sur la façon dont nous regardons la guerre, car je ne peux pas la reconstruire. Le but est de poser des questions destinées à la caméra sur ce que sont de véritables images et sur ce que l’on choisit de montrer.

Je termine l’écriture d’un scénario, ce que je n’avais jamais fait auparavant. C’est très intéressant de faire des choses nouvelles, d’essayer de trouver le langage adapté aux choses que j’imagine, de commencer par les images que j’ai en tête, car généralement, mon travail part d’expérimentations et de trouvailles, en étant quelque peu dogmatique face aux résultats, et en en recherchant les conséquences. Pour moi, l’art est toujours une question de décisions que l’on a prises, et avant de réaliser ce travail artistique, écrire à son propos me paraît parfois absurde. C’est donc un monde nouveau pour moi.

Propos recueillis par Agathe Demanneville

Consultez la fiche technique du film

Article associé : la critique du film

Trespass de Paul Wenninger

Avant ce premier court métrage d’animation auquel nous avons attribué le Prix Format Court au festival Premiers Plans d’Angers, en compétition dans la section Plans Animés, l’Autrichien Paul Wenninger n’était pas vraiment un cinéaste, mais un metteur en scène, un chorégraphe et un musicien. Ces pratiques sont toutes réunies dans « Trespass », film qui associe la technique du stop-motion à une mise en scène soignée où chaque détail compte. Le film met en scène des corps et des objets en mouvement soumis à des rythmes différents, véritable chorégraphie sublimée par une bande son à plusieurs niveaux qui comprend l’acoustique du corps, les sons ambiants et la musique.

trepass

Le mot anglais « trespass », signifie « faire intrusion », « passer le seuil », et résume l’intention de celui qui anime et donne un sens à ce mot : mettre en relation des objets, des corps et des lieux qui s’animent et entrent en relation au sein d’un espace filmique relevant de la sphère privée. Ces éléments interagissent devant et avec la caméra, se contaminent et outrepassent leurs propres limites, abolissant pour quelques minutes toute notion de frontière temporelle et spatiale. Le seuil est ainsi dépassé.

« Trespass » offre des images auxquelles le spectateur peut attribuer différents sens de lecture. Déroutantes, poétiques, parfois absurdes, les images créées par Paul Wenninger mettent en relation les corps, les objets et les sons, et les font communiquer pour créer du sens. Son personnage, ou plutôt le corps qu’il met en mouvement mais auquel il ne donne pas réellement vie, se trouve entre quatre murs et entre en contact avec divers objets du quotidien, effectuant les mouvements auxquels on associe ces objets avant même qu’ils n’apparaissent à l’écran : chaque geste semble être une sorte d’anticipation de l’objet. Le personnage, conditionné par les éléments qui l’entourent, ne réfléchit pas et se déplace instantanément, presque robotisé, comme s’il avait enregistré au préalable des informations sur ces objets.

*** Local Caption *** Trespass, , Paul Wenninger, A, 2012, V'12, Kurzfilme

Le film met en scène un homme dont on ne sait rien et qui devient non pas sujet mais objet du film. Véritable chorégraphie du quotidien, cette figure voyage dans toutes sortes de lieux sans réellement franchir les quatre murs qui l’entourent, et sans subir le passage du temps qu’un tel voyage, de l’Afrique à l’Europe par exemple, implique : ce sont les éléments extérieurs, les objets, les personnes et les bruits qui tour à tour viennent envahir l’écran et la sphère privée, pénétrant dans l’intimité de cet homme.

Au premier abord, le temps et l’espace ne semblent plus être des obstacles et toute frontière parait soudainement abolie. Mais « Trespass » a quelque chose d’inquiétant, car il reflète un aspect angoissant de la société post-moderne : le développement rapide des moyens de transport et de communication et la course perpétuelle contre le temps tendent vers une abolition des frontières spatiales et temporelles qui rend floues les limites entre l’espace public et l’espace privé, entre ce qui est urgent ou ne l’est pas, ce qui est indispensable ou ne l’est pas. Très vite, on a l’impression que le corps est devenu prisonnier d’une boucle temporelle sur laquelle il n’a aucune emprise, sans véritable conscience.

trespass3

Dans ce film, le corps, évoluant dans un espace envahi et sujet à de multiples agressions extérieures se déplace machinalement et sa destruction, son épuisement, semblent quant à eux imminents. Certains motifs récurrents sont là pour le certifier : les chutes du personnage, les tableaux de son corps inerte et le sang, des éléments qui viennent s’immiscer dans cette chorégraphie de la vie, une chorégraphie presque absurde.

« Trespass » est un film qui ne prétend pas illustrer le réel mais crée au contraire un monde dans monde, une réflexion abstraite et imagée de notre fonctionnement et de notre rapport au corps et à l’espace. Paul Wenninger analyse et décompose le mouvement, il transforme les gestes du quotidien en une chorégraphie déconcertante, qui mérite d’être vue et revue pour lui attribuer un sens.

Agathe Demanneville

Consultez la fiche technique du film

Article associé : l’interview de Paul Wenninger

Projection Format Court, jeudi 10 avril 2014, à 20h30, au Studio des Ursulines (Paris, 5ème)

Notre prochaine projection de courts, organisée le jeudi 10 avril à 20h30 au Studio des Ursulines (Paris, 5ème), s’articule autour de deux Prix Format Court, « Pour la France » de Shanti Masud, primé au dernier Festival de Vendôme et « Trespass » de Paul Wenninger, récompensé au Festival Premiers Plans d’Angers. Deux autres films complètent notre programmation : « La fugue » de Jean-Bernard Marlin, l’un des cinq finalistes aux César et « A Story for the Modlins », un docu-fiction ayant fait sensation à Clermont-Ferrand l’an passé. Comme toujours, la séance sera accompagnée d’une rencontre avec les équipes présentes.

Programme

La Fugue de Jean-Bernard Marlin, Fiction, 2013, 22′, France, Les Films de la Croisade. Ours d’or (Festival de Berlin 2013), Prix de la presse Télérama  (Festival de Clermont-Ferrand 2014). En présence de l’équipe

Synopsis : Lakdar, éducateur dans un foyer pour mineurs délinquants à Marseille, accompagne au tribunal sa jeune protégée, Sabrina, jugée pour une ancienne affaire. Il part confiant, convaincu que leurs efforts seront récompensés.

Articles associés : la critique du film, l’interview de Jean-Bernard Marlin

Pour la France de Shanti Masud, Fiction, 2012, 30′, France, La vie est belle films associés. Prix Format Court  (Festival de Vendôme 2013). En présence de l’équipe

Synopsis : Une nuit à Paris. Le passage de l’allemande Désirée dans la vie de Charles, France et Ivo. Le petit matin les découvrira changés.

Article associé : la critique du film

Trespass de Paul Wenninger, Animation, 2012, 11′, Autriche, Sixpack Film. Prix Format Court (Festival d’Angers 2014). En présence de Elisabeth Lampurée (chargée des partenariats et de la communication du Festival Premiers Plans d’Angers)

trepass

Synopsis : En anglais, « trespass » signifie s’immiscer, mais peut aussi faire allusion à une entrée non autorisée ou, dans le jargon légal, à une « perturbation domestique ». Ce film d’animation joue avec toutes ces significations.

Articles associés : la critique du film, l’interview de Paul Wenninger

A Story for the Modlins de Sergio Oksman. Documentaire, 2012, 26′, Espagne, Dock Films. Grand Prix Labo et Prix du Public (Festival de Clermont-Ferrand 2013)

Synopsis : Après avoir participé au film Rosemary’s Baby, Elmer Modlin a fui avec sa famille dans un pays lointain et s’est enfermé dans un appartement sombre pendant trente ans.

Article associé : la critique du film

En pratique

► Date, horaire : jeudi 10 avril 2014, à 20h30

► Durée de la séance : 86’

► Studio des Ursulines : 10 Rue des Ursulines, 75005 Paris

► Accès : RER B Luxembourg (sortie rue de l’Abbé de l’Épée), BUS 21, 27 (Feuillantines), 38 ou 82 (Auguste Comte), 84 ou 89 (Panthéon). Métro le plus proche : Ligne 7, arrêt Censier Daubenton (mais apprêtez-vous à marcher un peu…)

 Entrée : 6,50 €

 Réservations vivement recommandées : soireesformatcourt@gmail.com

Festival Courtisane du 2 au 6 avril

courtisane-2014

Plateforme pour le cinéma, la vidéo ou le multimédia, Courtisane continue à (se) chercher sur les chemins de traverses du cinéma expérimental. Entre vidéos d’art et expérimentations virtuoses, les œuvres présentées dans le cadre de la programmation du festival demeurent à nouveau des découvertes incontournables de la scène nationale et internationale.

Toutes les informations : www.courtisane.be

6ème Millenium Festival – du 3/4 au 11/4, Bruxelles

millenium2014-logo

Depuis sa création en 2009, le Festival Millenium poursuit sa vocation de proposer des documentaires qui interpellent et nous font découvrir l’Autre dans sa complexité ainsi que la beauté de la différence. Initié pour mettre à l’honneur des films dont les thèmes sont liés aux Objectifs du Millénaire pour le Développement, le festival est devenu un rendez-vous incontournable grâce à l’originalité de sa programmation.

La 6ème édition du festival aura lieu du 3 au 11 avril, ai CIVA et à l’espace Senghor à Bruxelles.

Découvrez la sélection de courts et moyens métrages!

Compétition internationale

Yemeniettes de Shawn Thompson (Yemen, 60′)
Trois adolescentes yéménites participent à un concours d’entrepreunariat. Cependant, en chemin, elles rencontrent les difficultés posées par un pays où l’éducation est corrompue, sans emploi et sous la menace de la présence d’Al-Qaïda. Malgré le fait d’avoir grandi dans une société où le modèle traditionnel des genres est encouragé et perpétué, Wafaa, Maha et Reem sont déterminée à se forger un meilleur avenir.

Compétition « Travailleurs du Monde »
Films sélectionnés en collaboration avec Le P’tit Ciné, organisateur du Festival Regards sur le Travail

Avec le vent de Raf Custers (Belgique, 36′)
Croissance pour les uns, patience pour les autres. Nous le voyons en République démocratique du Congo, où ce documentaire a été tourné en avril 2013. Le film déconstruit les rapports entre les populations locales et l’industrie minière. Pendant que le cuivre et le cobalt sont extraits des mines pour nourrir l’économie mondialisée, les congolais toussent. Le vent chargé de pollution est aussi celui des aspirations à un développement soutenable et au bien être pour le peuple congolais.

Karaoké domestique d’Ines Rabadan (Belgique, 35′)
Dans toutes les maisons, quelqu’un doit ranger, lessiver, nettoyer. Mais qui ? Karaoké domestique est une performance et une expérience : trois « couples » de femmes, dont l’une s’occupe du travail ménager de l’autre, sont interviewés par la réalisatrice Inès Rabadán au sujet de l’organisation et de la hiérarchie complexe qui règne dans une maison.

 Little Land de Nikos Dayandas (Grèce, 51′)
Depuis l’arrivée de la crise financière en Grèce, de plus en plus de jeunes athéniens ont décidé de déménager vers la campagne, dans l’espoir d’une vie meilleure. Parmi eux, Theodoris qui s’est installé sur l’île isolée d’Ikaria dans la mer Égée. Il y découvre une économie locale qui s’avère fonctionnelle, une petite société qui fait preuve d’une exceptionnelle culture de l’autonomie et de la coopération, où le peuple vit mieux et plus longtemps. Le documentaire a pour but de dévoiler le secret des habitants de l’île, dont la vie, totalement différente, pourrait nous inspirer en temps de crise économique et sociale.
Compétition « Vision Jeune »

Le printemps d’Hana de Sophie Zarifian, Simon Desjobert (France, 55′)
Le 11 février 2011, après 18 jours de manifestations populaires, le président égyptien Hosni Moubarak démissionne et décide de remettre le pouvoir entre les mains du conseil suprême des forces armées. Du haut de ses 18 ans, Hana décide de participer activement à ce mouvement révolutionnaire. Elle cherche, avec la grande spontanéité qui la caractérise, un moyen de s’impliquer dans les changements politiques et sociaux de son pays. Elle essaie de faire entendre sa voix auprès de sa famille, au sein d’un nouveau parti politique, dans son groupe d’amis, ou encore dans la rue.

Democracy Camp de Ismail Elmokaden, Zahra Mackaoui (Israel, 48′)
Dans un camp pour adolescent en Egypte, durant l’été 2011, la rébellion est dans l’air. Encouragés à s’exprimer librement et influencés par la vague révolutionnaire du printemps arabe, les jeunes adolescents du camp commencent une révolte contre le règlement de leur propre camp. Mais après l’euphorie initiale, des divisions émergent entre les différents protagonistes, et les enfants découvrent que la démocratie est plus compliquée à mettre en place que ce qu’ils imaginaient. A leur retour à la maison – en Egypte, Tunisie, Yémen et Cisjordanie – ils peinent à trouver leur voie parmi les bouleversements qui ont lieu dans la région. Ces adolescents ordinaires représentent la pensée et les changements du monde arabe, et à travers eux le film explore la prise de conscience politique et sociale vécue par des millions d’enfants.

Nous, dehors de Bahïa Bencheikh-El-Fegoun, Merieme Achour Bouakkaz (Algeria, 53′)
Manel, jeune fille de 23 ans, a porté le voile pendant deux ans. Aujourd’hui, elle est sur le point de changer sa vie et de se libérer du hijab qui l’opprime de plus en plus. Manel se cherche, elle est en quête de réponses au coeur d’une société qui a du mal à accepter deux concepts : la liberté et le respect. A travers son histoire, nous rencontrons d’autres femmes de son âge mais aussi d’autres générations. Elles se font par de leurs quêtes, de leurs doutes et des expériences qu’elles ont vécues.

La alfombra roja de Manuel Fernández et Iosu López (Espagne, 12′)
En Inde, pas moins de 158 millions de personnes vivent dans l’extrême insalubrité des bidonvilles. Des millions d’enfants jouent autour de déchets, de vaches, de rats et d’excréments. Le bidonville Garib Nagar, dans le quartier de Bandra (Bombay) est la maison de Rubina, une jeune fille de 12 ans qui rêve de devenir actrice et de transformer son bidonville en un endroit propre et habitable.

Panorama « Connaître l’Autre »

The War Campaign de Boris Benjamin Bertram (Danemark, 60′)
Dans plusieurs pays, l’invasion de l’Irak de mars 2003 a été déclarée illégale. Boris Bertram décortique le processus de la guerre et suggère des façons d’organiser les futures campagnes militaires pour les vendre au public. Il efface notre croyance en l’intégrité politique avec son reportage sur le prélude de la guerre en Irak et le jeu politique qui l’a déclenchée. Par l’intermédiaire d’archives et d’interviews avec des personnalités-clés, il nous montre comment les récits sont inventés et comment l’histoire s’écrit.

The Rape of the Samburu Women d’Iara Lee (Kenya, 13′)
Lorsque le Kenya était encore une colonie britannique, les femmes ont été confrontées à une épidémie de viol. Bien que ces viols aient été officiellement rapportés, les soldats n’ont pas été reconnus coupables par l’armée britannique. Au milieu des années 1990, Beatrice Chili a réagi face à cette situation en mettant en place le village de Senchen, une communauté auto-suffisante dirigée entièrement par des femmes. Dans ce village, les femmes construisent des maisons, fabriquent des vêtements, cultivent la terre et élèvent les enfants. Ce court métrage montre le courage de ces femmes qui racontent à cœur ouvert leur souffrance et qui parlent avec passion de leur combat pour obtenir justice.

The Kalasha and the Crescent d’Iara Lee (Pakistan, 13′)
Les Kalash du Chitral forment un peuple du Pakistan septentrional, dont le riche héritage culturel est en contradiction avec l’islam dominant. Aujourd’hui, bien que ce peuple doive faire face à la pauvreté, au tourisme et à l’islam, certains militent pour ne pas que leur culture s’éteigne. Les traditions Kalash peuvent-elles résister à la fois à la mondialisation et aux tensions religieuses ?

Battle for the Xingu de Iara Lee (Brésil, 11′)
Le long du fleuve Xingu, un affluent de l’Amazone, vivent plus de 10 000 indigènes dont la survie dépend de la rivière. Le gouvernement brésilien, pour développer la région, propose d’y construire un barrage hydro-électrique. Cette initiative mettrait en danger la biodiversité de son bassin mettant ainsi en péril le futur de ses habitants. En janvier 2009, plus de 100 000 Brésiliens se sont rassemblés à Belem pour le Forum social mondial, où les habitants du Xingu ont fait entendre leurs voix et ont assuré qu’ils ne laisseraient pas menacer la rivière et leur culture.

The Ghost of Piramida de Andreas Koefoed (Danemark, 58′)
Dans The Ghost of Piramida, le réalisateur Andreas Koefoed suit Efterklang dans une expédition audio de 9 jours dans la ville fantôme de Piramida sur le Spitsbergen, à quelque mil kilomètre du Pôle Nord et habité par plus d’ours polaires que d’hommes. Accompagnés par leur taciturne et peu impressionné protecteur russe d’ours polaire, le groupe part à la chasse au trésor dans les immeubles vides de la ville fantôme.

Au nom du Maire de Hirte Anca (Roumanie, 54′)
Bienvenue à Piatra Neamt, Roumanie ! Dans un petit bureau près de la Mairie, des demandeurs d’emploi font la queue devant une seule et unique interlocutrice. Un jeu de rôles commence à se mettre en place. On suit au plus près les visages, les regards et les expressions, créant ainsi une allégorie du pouvoir. De l’absurde au tragique, du comique au sérieux : c’est un film construit comme une pièce de théâtre de l’Ionesco en cinéma documentaire !

Anplagd de Mladen Kovacevic (Serbia, 52′)
Avec la technologie adéquate, on peut faire d’une simple feuille d’arbre un instrument à part entière. C’est ce que nous apprend ce sympathique film sur un village serbe qui consacre tout son amour à cet instrument si primitif. Dans le vrai style de Tarkovski, le film commence par une brise caressant les arbres et, pendant que la vie suit paisiblement son cours dans le village, l’automne décroche les feuilles des arbres. Josip et Petar se rassemblent pour jouer de la feuille et, avec l’aide de l’excentrique Vera, ils en apprennent la phonétique. Une amitié extraordinaire et taciturne se développe entre ces trois personnes.

Le site du festival

Retour en images sur la séance Format Court de mars

Jeudi 13 mars 2014, notre séance mensuelle au Studio des Ursulines (Paris, 5ème) accueillait une programmation « Spécial Brest » consacrée au Festival Européen du Film Court de Brest. La projection fut suivie d’une rencontre avec Fabienne Wipf, directrice du festival, de Gudmundur Arnar Gudmundsson (réalisateur islandais de « Hvalfjordur »), de Chema García Ibarra et Leonor Díaz (réalisateur et directrice artistique/coproductrice espagnols de « Misterio », Prix Format Court à Brest) et de Bérenger Thouin (réalisateur français de « Guillaume le Désespéré »). Voici les photos de la soirée, proposées par l’objectif de Laura Bénéteau.

FC_6-3

-13

Avec Fabienne Wipf, directrice du Festival de Brest

FC_

Avec Leonor Díaz et Chema García Ibarra, directrice artistique/coproductrice et réalisateur (« Misterio »)

-7FC_10-12FC_32

FC_4

Avec Gudmundur Arnar Gudmundsson, réalisateur (« Hvalfjordur »)

FC_25FC_41FC_39
-10

Avec Bérenger Thouin, réalisateur (« Guillaume le Désespéré »)

FC_5 -4-2-1