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Court-circuit (Arte) : Concours de séquences suédées : « Les quatre cents coups »

À l’occasion de l’exposition François Truffaut à La Cinémathèque française, Court-circuit (Arte) organise un concours de séquences suédées ouvert au grand public incitant les internautes à parodier librement une séquence mythique du film « Les quatre cents coups ».

Les 400 coups

Date limite de participation : le 5 janvier 2015.

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La séquence à suéder

Les prix

« Prix ARTE » décerné par un jury composé de professionnels

Achat de la séquence pour une diffusion dans Court-circuit et programmation de la séquence à La Cinémathèque française lors d’une séance spéciale en janvier 2015.

« Prix des internautes ARTE » décerné par les Internautes

Premier prix : Un bon d’achat d’une valeur de 100 euros à valoir sur l’ensemble des produits mis en vente sur boutique.arte.tv et programmation de la séquence à La Cinémathèque française lors d’une séance spéciale en janvier 2015.

Deuxième prix : Un bon d’achat d’une valeur de 50 euros à valoir sur l’ensemble des produits mis en vente sur boutique.arte.tv et programmation de la séquence à La Cinémathèque française lors d’une séance spéciale en janvier 2015.

Reprise des soirées Format Court, jeudi 11 septembre 2014, à 20h30 au Studio des Ursulines

Après la pause estivale, les soirées Format Court redémarrent au Studio des Ursulines (Paris, 5ème). La séance de rentrée aura lieu le jeudi 11 septembre 2014, dès 20h30 et sera composée de films français, slovènes, allemands, hongrois et italiens sélectionnés et/ou primés en festival.

Programmation

Guy Moquet de Demis Herenger. Fiction, 29′, 2014, France, DCP, Baldanders Films. Sélection à la Quinzaine des Réalisateurs 2014

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Synopsis : Guy Moquet ou Guimo ou Guim’s a promis à Ticky de l’embrasser au crépuscule en plein milieu du quartier devant tout le monde. Peut-être pas si fou… mais peut-être pas si simple.

Articles associés : la critique du film, l’interview de Demis Herenger

Boles de Spela Cadez. Animation, 13′, Slovénie, Allemagne, 2013, numérique, No History, Hupe Film. En lice pour le Cartoon d’Or 2014

Synopsis : Filip, qui vit dans un quartier pauvre, rêve de devenir un écrivain célèbre et de mener une existence luxueuse dans un quartier huppé. Un jour quelqu’un frappe à la porte…

Gli Immacolati de Ronny Trocker. Animation, documentaire, 13’30 », 2013, France, DCP, Le Fresnoy. Sélectionné au Festival de Clermont-Ferrand 2014. En présence du réalisateur

Synopsis : Décembre 2011 dans une ville du nord de l’Italie. Comme chaque soir un jeune homme rentre chez lui. Il est en train de garer sa voiture, quand il découvre sa sœur de seize ans en larmes devant la porte de leur maison. Elle lui raconte que deux jeunes Roms l’ont violée brutalement..

Article associé : la critique du film

Lágy Eső de Dénes Nagy. Fiction, 28’, 2013, Hongrie, DCP VOSTF, Campfilm Production. Grand Prix du Jury court-métrage Européen au Festival d’Angers 2014

Synopsis : Dans un village de l’est de la Hongrie, Dani, un adolescent qui a grandi à l’orphelinat, tombe amoureux de sa camarade de classe. Il essaie de se rapprocher d’elle mais ses tentatives sont obscènes et grotesques. Il ne comprend pas les règles du jeu de l’amour, personne ne les lui a jamais appris.

Articles associés : la critique du film, l’interview de Dénes Nagy

Beauty de Rino Stefano Tagliafierro. Animation, 9’49 », Italie, 2014, numérique Rino Stefano Tagliafierro. Sélectionné au Festival d’Annecy 2014

Synopsis : Réflexion sur les émotions les plus fortes qui marquent notre vie, de la naissance à la mort, de l’amour à la sexualité et de la douleur à la peur. Un hommage à l’art et à sa beauté désarmante.

En pratique

Date : Jeudi 11 septembre 2014, à 20h30

► Durée de la séance : 93’

► Studio des Ursulines : 10 Rue des Ursulines, 75005 Paris

► Accès : RER B Luxembourg (sortie rue de l’Abbé de l’Épée), BUS 21, 27 (Feuillantines), 38 ou 82 (Auguste Comte), 84 ou 89 (Panthéon). Métro le plus proche : Ligne 7, arrêt Censier Daubenton (mais apprêtez-vous à marcher un peu…)

Entrée : 6,50 €

► Réservations vivement recommandées : soireesformatcourt@gmail.com

Shadow de Lorenzo Recio

Présenté en sélection internationale au festival Partie(s) de Campagne, « Shadow » a également reçu cet été les Prix du Jury Jeune et du Festival Connexion, ainsi que la mention du Jury Presse au Festival du Film Court en Plein Air de Grenoble. Le film de Lorenzo Recio emprunte les voies du récit fantastique pour faire sombrer le destin d’un timide marionnettiste vers une métaphore vertigineuse de la relation amoureuse.

D’emblée, le décalage du personnage principal avec le reste du monde nous est donné. La première scène s’ouvre sur l’écran d’un théâtre d’ombres. Le gong de la musique traditionnelle rythme les échanges des personnages qui s’exclament, le montreur d’ombres s’agite en tous sens dans l’envers du décor. Le spectacle terminé, l’illusion théâtrale se rompt en un seul contrechamps : la salle est petite, ses chaises métalliques sont vides, le silence règne. Seul un petit garçon applaudit frénétiquement et est immédiatement pressé de partir par son père gêné.

Xiao Shou est un personnage en marge, à contretemps, une « ombre sociale » (Lorenzo Recio, « Court-Circuit », 2014). Le contraste entre son univers et l’extérieur, l’antagonisme de l’ombre et la lumière soulignent son anachronisme. Son théâtre, son atelier et son appartement baignent dans un clair-obscur que ponctue le grésillement intermittent d’un néon balbutiant. Tranchant avec ces éclairages nuancés, la rue, le centre commercial et surtout l’appartement et les habits de la jeune fille dont il tombe amoureux, sont écrasés par une lumière blanche saturée, une atmosphère éthérée. Ébloui par la beauté d’Ann, le jeune homme s’y brûle littéralement les ailes. Piégé par son icône, il fonce en moto dans un panneau publicitaire électrique, fasciné par l’effigie lumineuse de ce visage croisé le jour même. Cette scène pivot flirte entre le gore et l’absurde, la peur et le grotesque. La musique lancinante et répétitive accompagne la plongée dans les eaux troubles du fantastique. Gilles Alonzo l’a composée avant même le tournage (pour des questions de résidence) et le réalisateur a pu l’utiliser comme « matériau de base » pour créer son univers.

Ombre-sur-elle

À l’image, le corps de Xiao Shou va suivre une série de métamorphoses surnaturelles jusqu’à une dématérialisation complète, un affaissement du volume en une silhouette en deux dimensions. Les effets spéciaux jouent sur différentes modifications de textures créées à partir du corps de l’acteur. Cette mutation physique se passe dans la souffrance. Elle incarne les affres de la passion, de l’aliénation amoureuse. Le jeune homme qui s’est maquillé pour dissimuler sa métamorphose voit ses peintures fondre sur son visage. Le rendez-vous galant se solde en fiasco, la dissolution de son visage liquéfié engendreant le dégoût de tous. Le numéro de clown blanc bascule en pointe tragique. La trame du récit joue des oppositions en noir et blanc, elle se tend sur un fil d’équilibriste. Le réalisme jongle avec le surnaturel, l’angoisse avec le désir. Ainsi cette très belle scène d’amour où Xiao Shou, immatériel, vient visiter la jeune fille dans son sommeil. Le corps de la femme se fait écran pour recevoir l’ombre portée de l’homme et met en relief à la fois la sensualité et le malaise par là même provoqué. Xiao Shou devient ensuite l’ombre d’Ann et trouve enfin sa place dans ce monde de lumière. Le film se termine sur un dialogue muet entre le corps féminin et l’ombre masculine dans une marche aux accents burlesques et poétiques.

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« Shadow » est un conte moderne, une réappropriation du mythe de l’androgyne où les amants composent les deux versants d’une même entité. L’homme et la femme sont pris dans une fusion indissociable, l’un devient le négatif de l’autre. Si le personnage de Xiao Shou est hors d’âge, fondamentalement incompatible à la modernité, il ne pourra exister qu’en se coulant dans son ombre. Il n’est plus qu’un creux, une absence de lumière, sa propre découpe et son manque. Et c’est en devenant l’ombre de lui-même qu’il parviendra à se transcender, à franchir ses propres barrières. De même, le théâtre d’ombres ne trouve plus son public. Il doit se réinventer, redéfinir un lieu pour ses histoires. Le conte vient alors se matérialiser dans le récit filmé en une sorte de processus de mise en abyme inversé. Il nous donne à savourer l’histoire d’Ann et Xiao Shou. Selon Lorenzo Recio, le cinéma en chinois est appelé « ombre électrique ». Il apparaît ici comme une survivance du théâtre d’ombres et de la parole contée.

Juliette Borel

Article associé : l’interview du réalisateur

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Clermont-Ferrand 2015 : les inscriptions sont ouvertes

Les inscriptions en ligne au Festival et au Marché du Court Métrage de Clermont-Ferrand 2015 (du 30 janvier au 7 février) sont accessibles sur Short Film Depot.

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COMPÉTITION INTERNATIONALE

Dates limites d’inscription des films :

– 6 juillet 2014 pour les films terminés en 2013 (après le 1er octobre 2013)
– 6 octobre 2014 pour les films réalisés en 2014

Frais d’inscription : gratuit

Conditions :

1) Film terminé après le : 1er octobre 2013
2) Durée maximale : 40 minutes
3) Origine : Tous pays sauf France
4) Format de projection au festival : fichiers DCP et Quicktime
5) Format de visionnement pour la sélection : fichier téléchargé sur www.shortfilmdepot.com

Contact : Christian Guinot

COMPÉTITION NATIONALE

Date limite d’inscription et de réception des fichiers vidéo pour visionnement : 24 octobre 2014

Frais d’inscription : gratuit

Conditions :

1) Film terminé après le : 1er novembre 2013
2) Durée maximale : 59 minutes
3) Origine : France comme pays de production principal
4) Format de projection au festival : fichiers DCP et Quicktime
5) Format de visionnement pour la sélection : fichier téléchargé sur www.shortfilmdepot.com

Contact : Nadira Ardjoun

COMPÉTITION LABO

Aucune inscription pour cette compétition puisque les films seront choisis parmi ceux inscrits aux deux compétitions ci-dessus.

Contact : Calmin Borel

MARCHE DU FILM COURT

Le fichier pour visionnement sera visible à la Vidéothèque du Marché (possibilité de remplacement par une nouvelle version pour les fichiers téléchargés jusqu’au 10 janvier 2015)

Frais d’inscription : gratuit

Conditions :

Ouvert aux films inscrits aux compétitions nationale et internationale du Festival du Court Métrage de Clermont-Ferrand 2015. Tous les films présentés à la sélection, retenus ou non pour la compétition officielle, seront répertoriés dans le catalogue du 30e Marché du Film Court. Pour que le film soit visible à la vidéothèque du Marché du Film il suffit de laisser cochée l’option « inscription Marché » lors de l’inscription en ligne.

Contact : Roger Gonin

Infos : www.clermont-filmfest.com

La demi-saison de Damien Collet

Jacques Demy n’est pas mort. Tant qu’il y aura de la pluie près d’un port, les corps des hommes et des femmes seront les ancres de l’amour et du hasard.

Mélodique précision, ce serait gâter « La demi-saison » de Damien Collet que de l’emmagasiner hâtivement dans la stricte cire de la copie d’un film de Jacques Demy. Même si les groupies des parapluies et autres comédies chères à Demy pourront s’amuser à glaner les nombreux indices qui (r)attachent « La demi-saison » à la maison de « Cherbourg » Jacques. Mais ce film-animation peut aussi être de saison pour les autres, plus étrangers à son œuvre. Car il caresse l’élixir de l’insouciance et s’affilie à une certaine mémoire du cinéma ainsi qu’à l’espoir que donnent la littérature, la poésie, la musique et la danse soit des arts et des modes d’expression désormais « ancestraux » par opposition à une certaine culture geek.

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Interprétant avec déférence du Demy, Collet – musicien et réalisateur – le modernise en donnant à son histoire les atouts des techniques actuelles. Dans ce film où la pluie est l’étincelle qui rapproche une femme et un homme dans la ville de Bruxelles, tout est réglé à la micro-goutte près, du train de l’alexandrin à la carrosserie des sons qui se transforment selon que l’on regarde le couple depuis le balcon d’un aquarium où depuis la rue. Des décors à une apparition de Yves Montand.

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Si les protagonistes principaux ont plutôt les attraits d’aujourd’hui, l’histoire de cette rencontre amoureuse pourrait avoir lieu à une époque plus ancienne, via les décors et l’atmosphère de ce film. A voir les caractéristiques de la ville et certaines silhouettes (Montand, Deneuve plus jeune, …), le temps a perdu de son autorité. Sauf peut-être après les ébats où Solange nous apprend qu’elle est moins « libre » qu’elle semble l’être : « Ça y est ! Je suis en retard. Il faut que je file car j’ai un rendez-vous à l’autre bout de la ville « .

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Avant de quitter son marin-amant pour son équivoque rendez-vous, Solange lui écrit son numéro de téléphone sur un bout de papier. « Notre » amoureux a à peine le temps de lire ce numéro que la pluie l’efface. (E)perdu, il lui faut désormais retrouver son aimée.

Commence alors pour l’homme, meilleur danseur que parleur, plus effrayé par le domicile fixe de l’amour que par celui, liquide, de la mer, une quête afin de la retrouver. Une quête patiente où semble le guetter l’éternité.

Franck Unimon

Article associé : l’interview de Damien Collet

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Ground Control, appel @ films de filles !

Le Ground Control, bar éphémère libre et curieux sous la cité de la mode et du design (Paris), recherche de jeunes réalisatrices travaillant autour de la féminité pour projeter gracieusement leurs films pendant la soirée du 31 août prochain, à l’occasion du lancement de Sunday Calling, un site internet consacré aux activités dominicales à Paris.

Si vous vous sentez concernées par l’énergie du du girl power et que vous souhaitez donner de la visibilité à vos projets, n’hésitez pas à contacter celina@sundaycalling.com et dorothee@sundaycalling.com.

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Damien Collet : « J’aime l’éclectisme et l’inventivité de Jacques Demy »

« La demi-saison » est un film d’animation de Damien Collet qui parle d’une rencontre : les prémisses d’une histoire d’amour, dans les rues de Bruxelles, sous la pluie. Dernièrement en compétition au festival Partie(s) de Campagne (Ouroux-en-Morvan), le film sera présenté ce mois-ci aux Rencontres Cinématographiques de Gindou et au Festival International du Film Nancy-Lorraine.

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Peux-tu nous raconter ton parcours ?

Je viens de Lyon où j’ai suivi une formation musicale au Conservatoire. Après le lycée, je suis parti en Belgique pour étudier le cinéma à l’INRACI, une école bruxelloise basée principalement sur l’apprentissage technique. Cela m’a permis d’appréhender les différentes spécialités du cinéma et d’acquérir un langage commun avec les techniciens, ce qui me paraît intéressant quand on essaye de diriger une équipe. J’ai eu l’occasion d’y réaliser un film de fin d’études, «  Le sens de l’orientation ».

Avec d’autres membres de ma promotion, nous avons monté une association afin de mettre au point nos propres projets, cela m’a permis de produire une fiction, « A peine », et mon film actuel, « La demi-saison ». Entre temps, j’ai fait quelques projets plus courts, notamment un film de deux minutes pour « Court-circuit », le programme d’ARTE autour du court métrage.

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« La demi-saison » est ton premier travail en animation. Peux-tu nous expliquer ce choix formel alors que le propos du film se prêtait tout autant à la fiction ?

Pour commencer, j’avais envie de faire de l’animation, tout simplement. D’autre part, j’avais commencé à écrire le scénario d’un court métrage qui se voulait un hommage ou en tout cas qui faisait référence au cinéma de Jacques Demy. Associer les deux a été une évidence à plusieurs points de vue. D’une part, l’animation me permettait beaucoup plus facilement de faire de multiples citations visuelles, de recréer des décors, des costumes, des personnages, des chorégraphies… Ça a notamment été indispensable dans la scène centrale du film, lorsque les personnages déambulent dans une ville imaginaire entièrement composée de décors de différents films de Jacques Demy.

Ensuite, le film est construit sur deux niveaux, la réalité, plutôt visuelle, et l’imaginaire, plutôt sonore. Cela me permettait d’entrée de jeu d’établir de la distance avec ce qu’on voyait à l’image et de brouiller cette frontière entre réel et imaginaire. Enfin, Jacques Demy a fait ses premiers pas dans le cinéma en bricolant de petits films d’animation dans son grenier. Il avait cette envie, alors il l’a fait. Cela me semblait rassurant et cohérent, lorsque je me suis lancé tête baissée dans une démarche similaire.

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Pourquoi cette fascination pour Jacques Demy ?

Pour sa liberté justement. J’aime la filmographie de Jacques Demy pour certains films en particulier mais surtout dans sa globalité. Il a fait des choses très différentes, des essais, des expériences, des choses folles, personnelles, qui n’ont pas toujours été bien reçues d’ailleurs. Mais de l’ensemble, se dégage en plus de la poésie et de certaines thématiques récurrentes, une grande audace. Alors bien sûr, on a essentiellement retenu de son travail son rapport à la musique et aux couleurs, mais même à l’intérieur de ça, il y a des choses très différentes. J’aime cet éclectisme et son inventivité.

Peux-tu nous expliquer la structure musicale de « La demi-saison » ?

J’accorde moi-même beaucoup d’importance à la musique dans les films, et j’aime en général les ponts entre les différentes disciplines artistiques. Comme je le disais, le travail de Jacques Demy est connu pour ses comédies musicales et surtout pour sa collaboration avec Michel Legrand. Il fallait que le film s’ancre là-dedans. Mais le film n’est pas fait pour être vu uniquement par des fans de ce cinéma-là. Au contraire, le but du film est que le spectateur ne puisse voir aucune des références à Jacques Demy, mais de voir une histoire d’amour et, je l’espère, de la poésie. J’ai donc essayé de faire un film musical, mais pas forcément une comédie musicale. La comédie musicale est une citation, au même niveau que le reste des références.

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Du coup, la seule phrase chantée est celle qui donne le titre au film et le passage chorégraphié n’est pas une parenthèse, comme c’est le cas dans de nombreuses comédies musicales, mais fait partie de la narration.

L’idée était plus de travailler la musique un peu a la manière de « Pierre et le Loup ». Utiliser les cordes pour le personnage féminin, les cuivres pour le personnage masculin, et mélanger les deux lorsqu’ils se rencontrent. Une autre manière de raconter l’histoire, qui permet de relier les deux niveaux de réalité dont je parlais.

Quelle importance revêt le dialogue en alexandrin ? Est-ce qu’il fait simplement référence aux codes classiques de la comédie musicale ?

L’idée vient d’une séquence des « Demoiselle de Rochefort ». Le film alterne les séquences parlées et chantées, et d’un coup, au milieu du film, sans raison apparente, les personnages disent leurs alexandrins sans les chanter. Cela donne l’impression très curieuse d’être à la jonction entre la réalité et l’idéalisation de la réalité. Ça fait écho au propos du film : il ne tient qu’à nous de basculer de l’autre côté, d’idéaliser notre vie et d’en faire une comédie musicale. J’ai essayé de reproduire cet effet d’écriture. Les alexandrins donnent une distance par rapport a ce qui est raconté. De la même façon que l’animation donne du recul à la réalité de l’image, l’alexandrin en donne à la voix off du narrateur.

Par ailleurs, les alexandrins donnent d’emblée au texte un côté très écrit, cela permet d’accepter plus facilement le jeu sur le sens des mots et leur sonorité. Je trouvais ce jeu avec la langue important à travailler puisque que c’est cette voix off qui nous fait partir dans l’imaginaire. Après, bien sûr, le procédé est justifié par la narration, il fait partie intégrante de l’histoire.

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Comment gère-t-on la réalisation quand on s’occupe de l’animation et de la musique de son propre film ?

C’était juste plus simple sur ce projet vu que j’avais envie de jouer sur des références autant dans le son qu’à l’image et que la construction musicale était partie prenante dès l’écriture du scénario. Il me semblait plus compliqué de communiquer mes envies à une tierce personne que de le faire moi-même. Mais la bande son ne se résume pas à la musique. Il y a beaucoup de travail sur le montage son que je n’ai pas fait moi-même. Le monteur son Julien Mizac a justement dû composer avec l’omniprésence de la musique et recréer un univers sonore complet, ce qui n’était pas forcement facile. La seule chose qui change quand on a plusieurs casquettes, c’est la longueur du projet. Forcement, ça prend plus de temps et il faut tenir la distance.

Que penses-tu d’un festival comme Partie(s) de Campagne ?

C’est un festival que j’aime beaucoup, j’ai eu l’occasion d’être présent à plusieurs éditions, pour présenter un film ou juste pour le plaisir. Je pense qu’il est important pour la carrière d’un film d’être projeté dans de grands festivals renommés pour qu’ils soient vus par des acheteurs, des programmateurs; ces grands festivals sont des endroits privilégiés pour les rencontres professionnelles. En contrepartie, c’est très intéressant pour un réalisateur d’être projeté dans un festival comme Partie(s) de Campagne, un festival à taille humaine.

On a peu d’occasions de rencontrer autant les spectateurs : c’est tout un village qui vit au rythme du cinéma pendant quelques jours.  Les rencontres se font dans le jardin, chez l’habitant, très simplement, ou on surprend des conversations à propos des films autour d’un café sur la place du village, dans la rue, entre deux lieux de projections. C’est aussi ça la force de ce festival : le cinéma prend possession d’espaces très différents, dans les granges, en plein air, dans les bois, avec les animations de rue. C’est l’occasion de voir les multiples formes que peut prendre le cinéma, via la compétition de courts métrages bien sûr, mais aussi avec les ateliers d’enfants qui font les bandes annonces du festival, les passionnés qui travaillent tout au long de l’année pour nous présenter de vieilles pellicules oubliées.

Quels sont tes projets ?

Je suis en train de finir un nouveau court métrage d’animation autour du monde de la peinture. Les personnages principaux sont les œuvres elles-mêmes qui aimeraient s’affranchir des musées. Ensuite, je ne sais pas encore ce qui avancera le plus vite, un scénario de fiction ou d’animation. Je manque de temps, pas de projets…

Propos recueillis par Juliette Borel, Adi Chesson et Marie Bergeret

Articles associé : la critique du film

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Fiche technique

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Synopsis : Quand Solange décroche le téléphone, Mathieu fait le récit de leur rencontre furtive, avec certes un rien de fantaisie. Il voulait la revoir, elle voulait un peu de poésie. Jacques Demy lui aurait dit : «Tu la retrouveras, car tu sais qu’elle existe ».

Genre : Animation

Pays : Belgique

Durée : 11’50 »

Année : 2014

Scénario /Animation / Musique : Damien collet

Voix : Simon Duprez, Christelle Cornil, Dominique Laroche, Ondine Levrau, Hélène Many

Chorégraphie : Claire Croizé et Denis Robert

Violon : Déborah Devreux

Violoncelle : Aubin Denimal

Trompette : Sander Kintaert

Bruitages : Elias Vervecken

Montage son : Julien Mizac – Chocolat Noisette

Mixage : Philippe Charbonnel

Production : Lentillebioptique

Article associé : la critique du film, l’interview de Damien Collet

Festival International du Court métrage de Tiznit (Maroc), appel à films

Le Festival International du Court métrage de Tiznit (Maroc) ouvre l’inscription des films à sa 5ème édition (1-4 mars 2015), jusqu’au 30 septembre 2014.

Depuis 2011, cette manifestation se veut un rendez-vous des cinématographies du monde au Maroc. Le festival a pour vocation d’amener au public marocain et aux invités des films qui n’ont quasiment pas d’autre occasion d’être projetés dans le pays. L’ambition du festival est aussi de favoriser la diffusion d’un cinéma exigeant, ouvert sur le monde et de nourrir le désir de cinéma du public marocain.

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Conditions

– L’inscription est gratuite
– Les films ne doivent pas dépasser 30 minutes
– Le thème est libre
– Les participants peuvent présenter plus d’un film

Pour que l’inscription soit effective, la copie DVD doit être accompagnée par :

*le formulaire et le règlement d’inscription signé (5 pages)
* un CD de données contenant les photos et l’affiche du film, et la photo du réalisateur

Pour plus de renseignements : jamal.direction.festival@gmail.com

Festival du Court Métrage de Draguignan, appel à films

La Ville de Draguignan organise son 8ème Festival du Court Métrage du 07 au 09 Novembre 2014. Il a pour but d’aider les jeunes réalisateurs à progresser et à se faire connaître.

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2 catégories sont récompensées :

Amateur

– 1er Prix : 1000€
– Prix Public : 700€
– Prix d’Encouragement : un bon d’achat de 250€ chez un photographe de Draguignan

Professionnel

– Projection du film lauréat dans certaines salles du réseau de Cinéma CGR
– Prix de la Jeunesse : 500€

Date limite de dépôt des candidatures : vendredi 17 octobre 2014

Renseignements et inscriptions : http://www.dragui-court.compole.image@ville-draguignan.fr

Cinébanlieue 2014, appel à films

Pour sa 9ème édition (12- 22 novembre 2014) parrainée par Reda Kateb, le Festival Cinébanlieue lance son appel à films. La meilleure réalisation soutenue par Miroir Magique et le CNC remportera le grand prix Cinébanlieue-Talents en court (7500 €). Le deuxième film primé remportera le prix France télévisions (achat et diffusion sur France télévisions).

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Conditions

– Durée maximum : 30 minutes.
– Année de production : 2011 à 2014
– DVD et liens à envoyer avant le 25 septembre 2014
° Adresse d’envoi des films :
Festival Cinébanlieue
 – Loge Gardien
122 avenue Victor Hugo
93300 Aubervilliers
° Envoi lien du film (plateforme viméo avec code d’accès) par mail : CINEBANLIEUE93@GMAIL.COM

Fiche d’inscription et autorisation de diffusion sur : http://www.cinebanlieue.org/actualites/inscription-2014

Le site du festival : www.cinebanlieue.org

Un festival c’est trop court!, appel à jury étudiant

Le prochain festival de Nice, Un festival c’est trop court ! (13-19 octobre 2014), recherche des étudiants pour composer son jury jeunes.

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Lors du festival, un jury de 5 étudiants de tous horizons est constitué. Au même titre que les autres jurys, ceux-ci devront analyser les films en compétition européenne soit 8 programmes de 1h30 répartis sur 6 jours. Ils sélectionneront le lauréat du Prix Étudiant 2014 et remettront ce prix lors de la Cérémonie de Clôture le samedi 18 octobre 2014.

Pour participer, il vous suffit de rédiger une critique (1 page max) du court métrage de votre choix et de l’adresser au festival.

Télécharger le règlement de l’appel à jury étudiant 2014

Remplir le formulaire d’inscription sur le site du festival

Scars of Cambodia d’Alexandre Liebert

« Is there no tomorrow in Cambodia ? » Joan Baez

3 ans, 8 mois et 20 jours : durant cette période, les khmers rouges ont insaturé un pouvoir sanguinaire qui a décimé pas moins d’un cinquième de la population cambodgienne de 1975 à 1979. « Scars of Cambodia », documentaire d’Alexandre Liebert, primé deux fois au festival de Clermont-Ferrand (meilleures photo et musique) et présenté récemment au festival Partie(s) de campagne dans la section Doc 2, s’attache à livrer le témoignage silencieux d’un survivant de ce régime liberticide.

Parce que le cinéma du réel a autant à dire et à montrer que la fiction, il est heureux de constater que le documentaire bénéficie d’une place privilégiée au Festival Partie(s) de campagne (11-14 juillet) à Ouroux, en Morvan. Avec deux compétitions, nouveauté de cette année, et une rétrospective retraçant le genre des années 60 à nos jours, ce sont au total 31 courts métrages documentaires qui ont été mis à l’honneur lors de cette septième édition.

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Bien des cinéastes se sont essayé à refaire vivre ce qui n’est plus, à traiter de l’indicible sous des formes aussi parlantes qu’originales. Nous gardons en mémoire des films tels que « Nuit et brouillard » d’Alain Resnais (1955), « S21, la machine de mort khmère rouge » de Rithy Panh (2002), ou encore « Génocidé » de Stéphane Valentin (2008). Le réalisateur Alexandre Liebert et la photographe Emilie Arfeuil ont voulu à leur tour apporter leur pierre à l’édifice du souvenir en filmant le témoignage de Tut, 52 ans, emprisonné à l’âge de 15 ans par les khmers rouges.

Film, série photographique et webdocumentaire dont la sortie est prévue en avril 2015, « Scars of Cambodia » est une démarche aussi bien documentaire qu’artistique. Loin du reportage classique, « Scars of Cambodia » est une expérience visuelle et sensorielle des plus bouleversantes. Pour faire part de ce génocide enfoui voire refoulé par nombres de cambodgiens (ce qui le différencie nettement d’autres génocides), le tandem d’artistes s’est attaché à utiliser une esthétique et des techniques du cinéma de fiction pour servir une écriture singulière donnant un sens particulier au récit de Tut. La confession est alors silencieuse, mimée et mise en scène.

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À l’instar de Rithy Panh justement, Liebert et Arfeuil semblent s’accorder sur le fait que le peuple cambodgien se doit de se réapproprier son identité et ses racines. Comme lui, ils utilisent le geste et la mise en scène pour faire ressurgir les blessures du passé. Dans un clair-obscur pictural, mêlant photographies fixes et vidéo, sur une bande son narrative, le film est une réflexion intelligente sur la mémoire. Et les cicatrices sur le corps du protagoniste sont autant de traces indélébiles d’un passé douloureux. Au travers d’un témoignage subjectif, ce sont les cris et les chuchotements de tout un peuple aphasique qui se font entendre.

Marie Bergeret 

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Fiche technique

Synopsis : Tut est un pêcheur de cinquante-deux ans vivant à Kampot. Malgré la barrière de la langue, il a raconté, pour la première fois et sans mots, son passé sous les Khmers Rouges, à une photographe et un réalisateur, mimant les tortures subies en prison l’année de ses quinze ans.

Genre : Documentaire

Durée : 30’

Pays : France

Année : 2013

Réalisation : Alexandre Liebert

Scénario : Emilie Arfeuil et Alexandre Liebert

Image : Emilie Arfeuil et Alexandre Liebert

Son : Sodasound

Montage : Alexandre Liebert

Production : Helium Films, Studio Hans Lucas

Article associé : la critique du film

5ème Festival Courtscourts, infos & palmarès

Ce samedi soir, s’est clôturée la cinquième édition du festival Courtscourts (24-26 juillet), largement placée sous le signe de la comédie, au domaine de St-Pierre de Tourtour (Var). Ce très sympathique festival de courts métrages en plein air est organisé depuis cinq ans par Michèle van Panhuys-Sigler, sa directrice et une poignée de bénévoles. Soucieux de proposer une alternative aux longs métrages de piètre qualité, Courtscourts cherche à faire connaître la forme courte aux villageois et aux touristes du coin et des environs en organisant des séances quotidiennes à la tombée de la nuit, sous les étoiles. Malgré la pluie du deuxième jour et le budget de fonctionnement extrêmement restreint, le festival a touché plusieurs centaines de spectateurs venus découvrir une vingtaine de courts métrages, pendant trois soirs de suite.

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Invitées à découvrir ce petit festival enthousiaste et sa région magnifique, Katia Bayer et Zoé Libault faisaient partie du jury et présentaient une carte blanche Format Court (la toute première en plein air) le soir de la remise des prix. La projection très suivie a donné lieu à une discussion autour des films et du court métrage en général avec un public, curieux d’en savoir plus sur le secteur et les créateurs (avis aux intéressés !).

Un peu plus tôt dans la soirée, le palmarès distinguait cinq films. Le public avait élu deux films de la compétition. « Welkom », un film d’écoles belge de Pablo Munoz Gomez, traitant du fossé linguistique et de l’absurdité de l’administration, remportait le premier prix.

« Mon ami Nietzsche », une comédie brésilienne sur l’enfance et la philosophie signée Fáuston da Silva obtenait, lui, le deuxième prix du public.

Le jury officiel offrait quant à lui le titre du meilleur film à « Democracia » de Borja Cobeaga, une comédie satirique espagnole à l’humour très noir.

Il récompensait également du Prix spécial une oeuvre originale belge sur l’émancipation des femmes à travers la danse, « The dancing », d’Edith Depaule.

Quant aux enfants, ils avaient droit eux aussi à leur prix via un programme consacré pour les 4-12 ans.  Enthousiastes et réactifs, ils choisirent « SNAP » de Thomas Murphy, un autre film belge, pour le coup animé et subaquatique.

Pour en savoir plus sur le festival Courtscourts, consultez son site internet : www.festivalcourtscourts.fr 

Hinterhof de Ariane Loze

Fiction, 15′, Allemagne, 2010, VAF

Synopsis : Depuis l’intérieur de son appartement, une jeune femme observe le voisinage de l’immeuble d’en face.

Ariane Loze est comédienne, plasticienne et cinéaste. En réalisant « Hinterhof », elle prolonge un travail initié par une série de vidéos mettant en scène le rapport entre son propre corps et différents espaces tout en adaptant le dispositif narratif du film « Fenêtre sur cour » d’Alfred Hitchcock. Il en résulte un court-métrage fascinant, où le sens aiguisé du cadrage découpe l’espace et restitue avec brio l’angoisse de la solitude urbaine.

Marc-Antoine Vaugeois

Pifuskin de Wei Keong Tan

Chaque année, Annecy présente un cinéma d’animation aux multiples visages. L’un des plus fascinants est sûrement le court-métrage non narratif se rapprochant alors du tableau animé, souvent très personnel. Le revers de la médaille est qu’il n’est pas toujours facile de se sentir concerné. « Pifuskin » de Wei Keong Tan, unique court-métrage issu de Singapour y parvient avec un thème simple autour de l’acceptation de son propre corps et une réponse entièrement visuelle à une question intime récurrente : « Est-ce ainsi que les autres me voient ? « .

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Le film fonctionne en deux temps. D’abord, il montre un personnage dessiné, nu et anonyme, qui pourrait autant être le réalisateur que le spectateur, autant être un enfant qu’un adulte. Le personnage se gratte et le bruit de ses grattements est, dès le début, insoutenable. Puis, progressivement, le film est contaminé par des éléments en photocopies animées et en pixillation (stop motion constitué de photos, à la manière de « Trespass » de Paul Menninger, Prix Format Court au Festival d’Angers 2014).

Apparaît alors sous le papier, un univers organique riche et inquiétant, composé de moments flous montrant des corps près de l’œil et des bruits tout proches du creux de l’oreille. Le spectateur est d’autant plus attentif à cet univers sonore que le film ne laisse entendre aucun dialogue au-delà d’une clameur extérieure. Soudain, du sang vient entacher le fond blanc du début et l’on comprend que le personnage songe à s’évader de son propre corps sans y parvenir.

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Cette cruauté du rapport au monde, Wei Keong Tan l’avait déjà mise en scène dans son premier film, « White » et dans son deuxième, « Hush Baby ». Il s’agissait à chaque fois de films très courts développant une seule idée jusqu’à son épuisement. Le réalisateur part souvent du corps de ses personnages et appelle, à travers eux, des concepts plus larges. Le bébé de « Hush baby » se retrouve par exemple, progressivement enfermé dans un espace de plus en plus petit, guidé par une main représentant l’autorité et un arrière-plan arc-en-ciel symbolisant le reste du monde. Ce n’est pas tant le dépouillement que le jeu de ces éléments visuels les uns avec les autres qui fait la force du film.

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Dans ces films comme dans « Pifuskin », on retrouve ce « réalisme sensitif » qui renforce la proximité avec les personnages et qui nous fait ressentir presque physiquement leurs questionnements et leur souffrance.

Au-delà de la présence du geste humain dans le dessin par la mise en avant du trait, une tendance très à la mode cette année à Annecy, « Pifuskin » tente donc un cinéma où la présence humaine se manifeste par le corps. Peu exploitée en cinéma d’animation, cette idée n’aurait sûrement pas été reniée par Norman McLaren, honoré cette année pour son centième anniversaire posthume et dont les films « Pas de deux » (1968) et « Narcisse » (1983), son dernier, montraient justement des corps de danseurs aux mouvements décrits en pixilation.

Georges Coste

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Article associé :  l’interview de Wei Keong Tan

Annecy 2014 : La crème de la crème

Plus d’une centaine de courts métrages ont été projetés cette année au festival international du film d’animation d’Annecy. Compétition, hors compétition, film de fins d’études ou programmes spéciaux : une grande variété de genres et de techniques étaient représentés, avec assez souvent, au détour d’un programme, plusieurs films dont les images sont restés en mémoire.

Don’t Hug Me I’m Scared 2 – Time réalisé par Becky Sloan, Joe Pelling (Royaume-Uni)

Apparu sur Internet à la faveur de deux courts métrages qui en appellent d’autres, cette hilarante parodie des marionnettes de « Sésame Street » (célèbre programme TV américain destiné aux enfants créé à la fin des années 60) met en scène trois personnages découvrant grâce à une horloge l’importance du temps dans leurs existences.

Becky Sloan et Joe Pelling détournent avec brio et pas mal d’humour noir les codes de cette institution télévisuelle aux vertus pédagogiques pour en faire un pastiche plus vrai que nature où nos trois compères apprennent à leurs dépens qu’on ne badine pas avec le Temps.

Marilyn Myller réalisé par Mikey Please (Royaume-Uni)

Marilyn Myller est le nouveau film très personnel, emprunt d’autodérision et d’ironie de Micky Please, auteur du remarquable « The Easgleman Stag ». « Marilyn » créé de ses mains de fragiles sculptures où chacune à sa place dans un univers qui lui est propre. Un soir, elle ne parvient pas à achever l’une des pièces sur laquelle elle travaille et entre alors dans une colère noire.

On retrouve ici ce qui fait la marque de fabrique des films de Micky Please : l’utilisation de textures en stop-motion où le blanc est omniprésent et irradie tout le film d’une énergie lumineuse.

365 réalisé par les frères McLeod (Royaume-Uni)

Après « Codswallop », « 365 » est une autoportrait visuel réalisé en un an. À l’origine de ce film, les frères Mc Leod se sont imposés quatre règles. Entre le 1er janvier 2013 et le 31 décembre 2013, une seconde du film devait être réalisée chaque jour. Dans le même temps, une image accompagnée de son explication devait être postée quotidiennement sur Facebook. Il ne devait y avoir ni de scénario, ni de script ou de story-board. Les idées devaient venir de choses lues, vues ou vécues le jour même. Et pour finir, aucune animation ne pouvait être refaite après coup. Un an et plus de 1000 heures d’animations plus tard, les frères McLeod achevaient un film de 6 minutes qui ne restait pas en place. Chaque jour, ils avaient guetté le petit détail, laissant vadrouiller leur regard et leur imagination afin de capturer ce qui pourrait être à l’origine de l’animation du jour. Si les animations de ce film sont particulièrement inspirées et inattendues, c’est aussi le cas des sons créés tout spécialement pour ce film qui nous immergent en quelques secondes dans ces instantanés animés.

Symphony no. 42 réalisé par Réka Bucsi (Hongrie)

En 47 scènes toutes plus étranges les une que les autres, « Symphony no. 42 » nous donne à voir un monde empli de mystères qui semble répondre à des règles qui nous dépasse. Les scènes s’entrelacent entre elles au moyen d’indices tenus visuels ou sonores. À l’image du renard au début du film qui dessine un schéma et ne semble pas lui-même le comprendre, nous découvrons des personnages qui se débattent dans des situations plutôt improbables et qui partagent la même incrédulité face à un monde totalement abscons et sauvage, poétique et mélancolique. La relation complexe qui existe entre l’Homme et la Nature semble être au centre de ce film. Avec beaucoup de fantaisie, Réka Bucsi décrit la coexistence entre deux représentations concurrentes du monde : une rationnelle, où « l’Homme est la mesure de toute chose » et une décentrée où l’Homme n’est pas le centre du monde mais juste un habitant de la Terre comme n’importe quel autre animal.

Sangre de Unicornio réalisé par Alberto Vazquez (Espagne)

Après « Birdboy » qui lui a valu de nombreux prix dont un Goya du meilleur film, Alberto Vazquez vient de réaliser « Sangre de Unicornio ». Il est également question de personnages anthropomorphes qui évoluent à première vue dans un environnement enchanté.

Ici, deux ours en peluche vont chasser leur proie préférée, la licorne, car sa chair est tendre et son sang a un goût de myrtille. Alberto Vazquez créé un décalage saisissant en utilisant des archétypes du conte destinés aux enfants en les confrontant à des problématiques réservées généralement au monde des adultes. Il amplifie ces contrastes en mettant en scène des personnages habituellement épargnés par ce genre de cruauté (tout du moins dans les réinterprétations modernes de ces contes). D’une certaine manière, le réalisateur retourne aux origines du conte comme avaient pu le faire en leur temps Perrault, Andersen ou les frères Grimm dont les histoires, inspirées des légendes des Temps Anciens, n’étaient pas dénuées d’une certaine cruauté.

The Obvious Child réalisé par Stephen Irwin (Royaume-Uni)

« The Obvious Child » raconte la relation complexe qu’entretiennent une petite fille et un lapin. Celui-ci lui voue une totale admiration, mais reste incrédule face aux actes qu’elle commet. La petite fille cherche désespérément à faire accepter à la grosse tête qui vient d’en haut les restes de ses parents afin qu’ils aillent au paradis.

Après « Moxie » qui raconte l’histoire d’un ours pyromane qui voulait retrouver sa maman, Stephen Irwin continue de s’intéresser aux désillusions de l’enfance et parvient avec un curieux mélange de naïveté et de férocité, a nous embarquer dans un récit stupéfiant, bourré d’humour noir.

Timber réalisé par Nils Hedinger (Suisse)

S’il fallait écrire une punch-line accrocheuse pour ce premier film du réalisateur Nils Hedinger, il faudrait le présenter ainsi : Timber ou « Sa Majesté des Mouches » pour les arbres car il s’agit bien d’une histoire qui n’est pas sans rappeler le célèbre roman de William Golding adapté au cinéma par Peter Brook où des enfants se retrouvent livrés à eux-mêmes sur une île. Dans «  Timber », il s’agit d’un groupe de bûches qui tente de se réchauffer au cours d’une nuit d’hiver glaciale. Celles-ci se rendent rapidement compte que, pour se réchauffer, le seul combustible à leur disposition, c’est elles-mêmes. Un premier film prometteur sans fioritures avec une histoire simple et efficace, une comédie divertissante et bien menée jusqu’au bout. .

Bum Bum – Doch’ rybaka (Bum Bum, the Baby of the Fisher) réalisé par Ivan Maximov (Russie)

Dernier film en date du réalisateur Ivan Maximov, « Bum Bum, the Baby of the Fisher » est un film d’atmosphère. Dans un petit village de bord de mer habité par des animaux, un pécheur solitaire croise la route d’un bébé éléphant qui le prend pour sa mère. Dans ce film, le temps y est comme suspendu, les personnages que l’on voit évoluer sont à la lisière du fantastique, la musique écrite par Pavel Karmanov donne le ton et le temps de regarder évoluer ce petit univers. La force du cinéma de Ivan Maximov est de parvenir sans aucun dialogue, avec une histoire simple et poétique à exprimer des émotions profondément humaines et touchantes.

Phantom Limb réalisé par Alex Grigg (Australie – Royaume-Uni)

James et Martha ont eu un accident de moto. Martha a perdu son bras gauche et James se retrouve hanté par le membre fantôme de sa compagne. Plutôt que de s’intéresser à la principale victime de l’accident, Alex Grigg se focalise sur la culpabilité de son conjoint qui s’en sent responsable. Cette culpabilité se retrouve alors incarnée par les multiples apparitions de ce membre fantôme qui le poursuit sans relâche. Sans recourir aux dialogues (si ce n’est dans la première scène), le réalisateur parvient avec subtilité à montrer comment cette pensée finit par l’obséder mais aussi comment celui-ci parvient à s’en défaire. À noter, la très belle musique d’ Oswald Skillbard qui participe brillamment au parcours du personnage dans cette épreuve.

Myosis réalisé par Emmanuel Asquier-Brassart, Ricky Cometa, Guillaume Dousse, Adrien Gromelle et Thibaud Petitpas (France)

Comme l’indique très justement les co-réalisateurs de ce film des Gobelins, le myosis est un terme qui désigne la diminution de la pupille par contraction de l’iris. C’est un phénomène inconscient qui peut être provoqué par une lumière vive, par la peur, ou sous l’effet d’une prise de conscience.

« Myosis » est aussi le titre de ce film qui, en à peine trois minutes orchestrées avec précision et maîtrise, nous emporte dans un véritable tourbillon tout en tension et en émotion. La musique et le sound design de Igor Comes donnent une force encore plus vive à ces images déjà empreintes d’une beauté ardente.

Beauty réalisé par Rino Stefano Tagliafierro (Italie)

« Beauty » est un voyage à travers les oeuvres peintes par certains des plus grands artistes de tous les temps. Pendant 5 mois, Rino Stefano Tagliafierro a travaillé seul, les soirs et les weekends pour réaliser cet objet non identifié où se croisent les personnages des toiles animées de grands noms de la peinture tels que Caravage, Rembrandt, Rubens ou Vermeer. L’idée ici n’est pas de se substituer à l’oeuvre elle-même mais plutôt d’en proposer une version alternative et animée. Rino Stefano Tagliafierro instille des mouvements à peine perceptibles dans ces toiles, créant un effet de réel tout à fait remarquable et donne à voir ces œuvres sous un nouveau jour.

Le Retour des Aviateurs réalisé par Olga Pärn et Priit Pärn (Estonie, Canada)

Créé à quatre mains par deux grands noms de l’animation – Olga Pärn et Priit Pärn, « Le retour des aviateurs » est un conte satirique sur les relations hommes-femmes mettant en scène trois aviateurs ayant perdu leur avion qui se retrouvent cloués au sol. Ils cheminent ensemble dans le désert avec en tête leur femme respective et à la main une valise refermant chacun une des parties du corps d’une autre femme. Mêlant virilité et absurdité, le récit de ce film est un voyage singulier où flotte dans l’air un parfum sensuel. Non sans humour, nous suivons le parcours et les fantasmes de ces trois grands gaillards qui marchent inexorablement tandis qu’un aigle vole au dessus de leurs têtes, inatteignable…. Il faut noter la minutie du travail avec lequel ce film a été réalisé; l’animation sur le sable (accompagnée ensuite par ordinateur) réalisée par Olga Pärn est en effet une des plus compliquée à orchestrer. De plus, celle-ci se marie admirablement bien avec les dessins de Priit Pärn et donne à ses lignes une texture particulière. Le rendu est de toute beauté et produit une atmosphère unique.

The Bigger Picture réalisé par Daisy Jacobs (Royaume-Uni)

Lauréat du Cristal du film de fin d’études, « The Bigger Picture » raconte l’histoire de deux frères que tout oppose et qui doivent portant s’entendre afin de s’occuper de leur mère âgée. L’histoire n’est pas en elle-même très originale, c’est surtout le traitement de Daisy Jacobs qui est le principal intérêt de ce film. À partir d’une situation, elle créé un univers détonnant où se mélangent les techniques, mettant sur le même plan des dessins peints sur des murs avec des objets en 3D, le tout filmé image par image. Ce florilège de techniques reste toutefois au service de l’histoire et notamment du ressenti des personnages, venant ainsi illustrer une interaction entre les deux frères ou souligner un état d’esprit de l’un des personnages. Un film fourmillant de créativité où les personnages et leur environnement ne font plus qu’un.

Julien Beaunay

Off-Courts 2014, la sélection officielle

Le 15ème festival Off-Courts se déroulera du 5 au 13/09 2014 à Trouville. Voici les films retenus en compétition sur les 2.000 visionnés.

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QUÉBEC

Bec de lièvre de Louis Bélanger
Bernard Le Grand de Marie-Hélène Viens et Philippe Lupien
Chaloupe de Sophie B Jacques
Del Ciego Desert de François Leduc
Dive de Kaveh Nabatian
Écho de Vincent Wilson
Je ne suis pas un grand acteur de Jean-Guillaume Bastien
Le courant faible de la rivière de Joël Vaudreuil
Le cycle des moteurs de Patrice Laliberté
Le gouffre de Carl Beauchemin, David Forest et Thomas Chrétien
Mémorable moi de Jean-François Asselin
Nicola en retard de Xavier Havitov
Nous avions de Stéphane Moukarzel
Petit frère de Rémi Saint-Michel
Rotor de Guillaume Cyr
Sans dehors, ni dedans de Joëlle Desjardins-Paquette
Suivre la piste du renard de Simon Laganière
Sur le ciment de Robin Aubert
T’es pas game de Sandrine Brodeur-Desrosiers
y2o (distillé) de Dominique T Skoltz

FRANCE

À pas de loup de Vanessa Santullo
Abymée de Lionel Abeillon-Kaplan
Ailleurs exactement de Kristina Wagenbauer
Baby Phone d’Olivier Casas
I’m a Sharpener de Madhi Lepart
L’air( e ) de rien de Jamel Zaouche
L’atente de StrAtos Gabrielidis
La nuit autour de Benjamin Travade
La petite casserole d’Anatole d’Eric Montchaud
La semaine des quatre jeudis de Franck Janin
Le Saint de Stockholm de Claude Saussereau
Le Skate moderne d’Antoine Besse
Les insouciants de Louise De Prémonville
Les voiles du partage de Pierre Mousquet
Mr Lune de Julien Sèze
Smart Monkey de Vincent Paronnaud
Supervénus de Frédéric Doazan
The Big Shake de Lucie Ricot
T’étais où quand Michael Jackson est mort ? de Jean-Baptiste Pouilloux
To Be Delivered de Pierre Amstutz Roch
Un été de Clémence Marcadier
Un jour mon prince viendra de Léa Domenach
Zéro de Tony T. Datis

EUROPE ET FRANCOPHONIE

02:43 de Hector Rull
About Ndugu de David Muñoz
Au moins le sais-tu d’Arthur Lecouturier
Auguste et Louis de Nicolas Bertrand
Bär de Pascal Floerks
Ex Animo de Wojciech Wojtkowski
Intro d’Ivan Salatic
Kaleïdoscope de Dania Bdeir
Plug & Play de Michael Frei
Rebel Menopause d’Adele Tulli
The Bee de Cid
The Kármán Line d’Oscar Sharp
Vanilla de Mette Carla Albrechtsen
Vigia de Marcel Barelli
With Best Regards de Bernhard Wenger