Un royaume déménage de Raphaël J. Dostie et Terence Chotard

Après l’organique « To Taste the Ground » évoqué hier dans nos colonnes, « Un royaume déménage » (Once Upon A Kingdom) est un autre documentaire québécois retenant notre attention au Festival du nouveau cinéma ayant lieu en ce moment à Montréal.

Aux abords du Saint-Laurent près de Québec, un bâtiment centenaire protège le quotidien fragile d’une congrégation catholique de 82 religieuses. Désormais confrontées aux limites naturelles de l’âge et à l’absence d’une relève engagée, les sœurs de Sainte-Jeanne-d’Arc ont récemment voté le déménagement de leur congrégation et l’excavation du cimetière.

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À en juger par le synopsis, le premier film de Raphaël J. Dostie et Terence Chotard s’intéresse au sujet ultra prisé des communautés religieuses à la différence près qu’ici, l’intérêt n’est pas seulement la foi et l’unité du groupe mais la fin d’un monde et d’une collectivité confrontée à la vieillesse, la maladie et la solitude, obligée de déménager et de se séparer de ses biens.

Avec son titre à l’allure de conte, « Un royaume déménage » s’ouvre sur une plaine enneigée, des croassements de corbeaux et une voix chuchotant une prière à l’attention de Marie. En quelques minutes, une atmosphère, une sérénité et des images nous imprègnent. Juste après, quelques soeurs de la communauté de Sainte-Jeanne-d’Arc apparaissent, seules ou en groupe, dans la prière ou leur travail quotidien. Pourtant, à y observer de plus près, si au début du film, les religieuses prient, font le ménage et rangent leurs affaires, elles se font de plus en plus discrètes, absentes, perdues dans leurs pensées et prières, ombres derrière les fenêtres ou silhouettes dans l’embrasure des portes.  En se séparant de leurs affaires, de leurs lieux et de leurs congénères, elles personnalisent un monde sacré en train de disparaître.

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Au plus près des visages, des mains, des corps âgés, les deux réalisateurs ont su, au fil des saisons, se faire une place dans un monde sans homme à l’exception de Dieu. Ils captent joliment et douloureusement la vieillesse et la perte (les pas lents, les clés des soeurs disparues, les nombreuses chaises à bascule vides, les pelleteuses dans le cimetière) et la pureté (la blancheur des murs, des draps, des tenues, des cheveux). Le film évite l’écueil de la surcharge textuelle. Ni voix-off, témoignage ou dédicace, quelques inscriptions au début du film doublées au synopsis suffisent, les images et les visages parlant d’eux-mêmes.

Beau, émouvant, bien réel, insoutenable par moments, le film offre une trace permettant d’évoquer et de montrer ces femmes, croyantes, solitaires, silencieuses et leur “royaume” qui n’est peut-être plus mais qui reste vif, tel une flamme de la mémoire.

Katia Bayer

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One thought on “Un royaume déménage de Raphaël J. Dostie et Terence Chotard”

  1. Je désire vraiment TRES profondément me procurer ce film (Un Royaume déménage)
    j ai 39 ans et je pourais dire que ca fait 39 ans que je vais visiter les sœurs de sainte jeanne d arc 12 foix par annee alors la fermeture de cette maison me fait tres mal

    dites moi comment me procurer ce film

    Jimmy Quirion
    418-221-6128

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