Synospis : Russie, février 2014. Dans une petite ville, une jeune fille nommée Zhenja est harcelée par les habitants. Sa vie est menacée et sa présence n’est plus tolérée en ville. Tout est remis en question lorsque la vérité sur Zhenja éclate au grand jour.
Genre : Fiction
Durée : 14’25’’
Année : 2014
Pays : République tchèque
Réalisation : Eirini Karamanoli
Scénario : Eleni Karamanoli
Image : Tim Spreng
Montage : Juan David Salazar
Son : Yiannis Lamprou
Musique : Loukas Erotokritou
Interprétation : Anna Miller, Gabriel Cohen, Alexander Stasko, Alexander Lyakhovich, Dmitry Barmakov, Alexey Ponomakev
Lors de la 29ème édition du festival du film francophone de Namur (FIFF) qui a eu lieu du 3 au 10 octobre, Format Court a attribué le prix du meilleur court métrage de la compétition internationale au film « Art » d’Adrian Sitaru. Le jury composé de Marie Bergeret, Juliette Borel, Adi Chesson et Zoé Libault a été séduit par l’approche stylistique de ce huis clos oppressant qui questionne intelligemment les limites de la démarche artistique quand celle-ci est confrontée à la notion de responsabilité.
Dans le cadre du prix, le film vient d’être projeté à notre 3ème Soirée Format Court de l’année, le jeudi 13 novembre 2014 au Studio des Ursulines (Paris, 5ème).
Lauréat du Prix Format Court au dernier Festival du film francophone de Namur (FIFF) avec « Art », Adrian Sitaru, cinéaste roumain aux multiples talents n’a eu de cesse de faire parler de lui dès son premier film, « Vagues » (Valuri, 2007). En l’espace de sept ans, il a réalisé pas moins d’une dizaine de films, passant du court au long avec toujours la même volonté farouche de mettre le spectateur mal à l’aise, de le déranger au plus profond de ses convictions.
Apparue au début du millénaire, la Nouvelle Vague du cinéma roumain se caractérise par des films à la mise en scène minimaliste, filmés caméra à l’épaule, mettant en valeur un jeu d’acteurs hyperréalistes. L’émergence d’un renouveau cinématographique en Roumanie est fortement liée au contexte politique et social du pays. La chute de Ceausescu a permis aux artistes d’aborder la réalité de façon critique et d’exprimer ouvertement leur opinion. Aujourd’hui, il semblerait que les cinéastes, réveillés d’un long sommeil, ressentent le besoin frénétique de capturer la réalité en restant le plus authentique possible. Adrian Sitaru en fait partie.
Regard sur la société roumaine
Dès son premier film « Vagues » sorti en 2007, Adrian Sitaru nous confronte à son besoin de flirter avec les limites du politiquement correct. C’est l’été, la plage est bondée. Une Suissesse demande à un jeune homme de surveiller son fils handicapé pendant qu’elle va nager. Elle rencontre un homme qui lui apprend à nager. Mais soudain, elle disparaît dans les vagues. La grandeur du film réside dans l’intelligence de sa mise en scène. Comme pour la plupart de ses films, Sitaru débute en plongeant le spectateur dans un situation en cours. La caméra suit un jeune homme dans la foule. Tel un tableau composite minutieusement pensé, il filme des scènes à l’apparence banale et ordinaire se trouvant à la lisière du documentaire et de la fiction. Puis, lorsque que l’on s’arrête sur l’un des protagonistes, un jeune homme à l’allure pas commode, un jeu de regards s’installe en caméra subjective, passant de plans-séquences à des plans fixes, passant du jeune enfant handicapé à un couple dont la femme est choquée par le manque de pudeur de sa voisine. On l’aura compris, en quelques minutes, c’est la société roumaine que Sitaru a décidé de montrer. Le couple appartient à l’ancienne génération, celle qui reste attachée à ses traditions, à ses valeurs conservatrices. L’hypocrisie n’est alors pas très loin.
Le jeune homme, quant à lui, est quelque peu marginal, il est venu seul pour « mater ». Quand la jeune étrangère lui demande de surveiller son enfant, c’est de manière un peu intéressée qu’il accepte. Il la trouve à son goût, pourquoi s’en cacher ? Mais l’accident de la noyade survient dans l’indifférence générale. L’homme qui était en train d’apprendre à nager à la jeune femme revient à sa place comme si rien ne s’était passé. Le « baby-sitter », se sert allègrement dans les affaires de la disparue, laissant son fils grabataire. Ce n’est qu’après qu’il prend conscience de son acte et qu’il revient sur ses pas. Le film est une critique virulente d’une société post-communiste où l’individu prend ses marques, certes mais sans considération aucune pour ce qui ne le concerne pas directement. Avec ce premier film, multiprimé dont le Pardo d’Oro au festival de Locarno en 2007, Sitaru pose ouvertement la question de la responsabilité individuelle dans une collectivité.
Après « Lord » (2009), Bayard d’or au FIFF en 2010 où il met en scène un jeune voyou qui vole des chiens pour mieux faire chanter leurs maîtres en contrepartie d’une coquette somme d’argent, il signe deux films « La Cage » (Colivia, 2010) et « House Party » (Chefu’, 2012).
« La Cage » traite du rapport conflictuel entre un père et son fils. Après avoir trouvé un oiseau malade dans la rue, l’enfant s’efforce de convaincre ses parents de l’accepter. Pour filmer un lieu fermé, Sitaru use davantage de plans serrés, faisant naître une sensation d’oppression. Le père est le personnage principal autour duquel gravite une mère/femme n’existant qu’au travers de sa fonction de femme au foyer et un fils capricieux mais toujours rabroué par son père. Lorsque l’enfant découvre une colombe blessée, il l’amène à la maison et exige une cage pour l’oiseau. Le père refuse d’accepter l’animal au sein du foyer, prétextant la nécessité de le laisser mourir à l’extérieur mais personne ne semble l’écouter. Chacun est dans son monde et la communication est difficile. Véritable huis clos, la cage ne serait finalement qu’une métaphore de l’appartement et a fortiori de la vie de cette famille issue de la classe moyenne modeste. Mais la cage est aussi un signe extérieur de richesse tout comme une preuve de l’affection que le père ressent malgré tout pour son fils.
Cliquer sur l’image pour visionner « Chefu » (House party)
Si « La Cage » se résume à un appartement ou presque, « House Party » se limite à la cuisine de Neli. Lorsque celle-ci revient de week-end, ses voisines s’empressent de lui raconter les frasques de son petit-fils de 17 ans qui a organisé une fête dans son appartement en son absence. Ces femmes qui s’ennuient prennent un malin plaisir à médire et à exagérer les faits. Car dans les grands immeubles aux appartements identiques, il y a toujours quelqu’un pour épier la vie d’autrui. Assez différent des autres courts métrages de Sitaru, « House Party », est un huis clos verbeux qui traite d’une situation particulière liée au contexte roumain.
La traversée du miroir
Avec les deux films suivants, Sitaru laisse transparaître une certaine transition dans ce qu’il désire montrer, se rapprochant davantage de questions éthiques comme on le retrouvera dans « Art » (Arta, 2014) où il traite de la manipulation et du pouvoir mettant en scène le casting d’une adolescente qui doit jouer le rôle d’une victime de violence sexuelle. Ce n’est plus la société roumaine en tant que tel qui l’intéresse dorénavant mais plutôt la manière dont un individu est amené à remettre en question ses principes moraux. De même, il est fasciné par les enjeux, les intentions et la responsabilité de l’image artistique/médiatique.
« Excursion » (Excursie, 2014). Alors que la télévision annonce l’arrivée d’extra-terrestres en Roumanie, le petit Eugen, 9 ans, s’empare d’une caméra vidéo de son père et passe son temps à filmer le moindre détail de sa vie, récoltant ainsi un ensemble d’informations explicatives à l’intention des petits hommes verts sur la manière dont fonctionnent les choses sur la planète Terre. Un tel sujet aurait pu facilement être montré sous un angle surnaturel et fantastique, pas avec Sitaru pour qui la réalité et ses multiples détails est bien plus intéressante à montrer. C’est pourquoi il choisit toujours une mise en scène hyperréaliste et dynamique. Le titre du film fait référence à une excursion scolaire pour laquelle le père donne de l’argent à Eugen. Avec cette somme, l’enfant organise sa propre excursion, sa fugue. Lorsque la télévision, à la fin du film, annonce la disparition d’Eugen, et montre les images que l’enfant a filmées, les journalistes les interprètent différemment, leur conférant un caractère pervers qu’elles n’avaient pas initialement. Le cinéaste met en avant le problème d’éthique dans l’utilisation de l’image et pose la question de la manipulation des médias et de la contradiction de la surreprésentation qui déforme la réalité. La mise en scène originale répète des lieux et des situations pour mieux les comparer.
Avec « Counterpart » (2013), le réalisateur roumain quitte son pays natal pour tourner au Royaume-Uni. Il est encore question de regard et de morale dans ce récit qui évoque un voyeur à mobilité réduite observant un jeune couple s’ébattre, bronzer et se disputer. Le choix d’avoir recours à des plans très serrés, de filmer les corps au plus près et du plan séquence dans la pénombre de l’appartement du voyeur renforcent cette sensation de confinement oppressant liée à l’acte de regarder sans être vu. Quand le jeune homme se rend compte qu’il est observé, il se rue chez le voyeur et l’agresse violemment. Le lendemain, il s’excuse et lui « offre » les services de sa copine, ex-stripteaseuse pour se faire pardonner. Apprenant cela, la jeune fille refuse dans un premier temps, ne se sentant pas respectée. Elle n’est pas un objet. Puis, elle change d’avis. Elle décide de se mettre à nu pour cet homme handicapé pour lequel elle a pitié. Dérangeant, mettant mal à l’aise, « Counterpart » annonce « Art », dans sa manière d’aborder la manipulation, la sexualité et le regard moral que l’on pose sur celle-ci. Où se situent les limites du partage consentant et celles de la perversion ?
Avec le cinéma d’Adrian Sitaru, nous assistons à un cinéma qui interroge la société roumaine et ses diverses mutations, mais aussi un cinéma qui aime bousculer gentiment le spectateur pour le mettre mal à l’aise et le faire réfléchir. Ses longs-métrages, tels que « Pic-Nic » (2007) pour ne citer que celui-là, ne sont pas en reste de cette envie de pousser toujours plus loin l’étude de la nature humaine au travers de fictions finement réalisées.
Synopsis : Intimité et spectacle, mélancolie et rage, pudeur et pulsion, naissance et disparition. Quatre filles, quatre garçons. Huit solitudes se racontent avec lyrisme et passion, entre Terre et Cosmos, en chemin vers leurs « Métamorphoses. »
Découvrez « Métamorphoses », moyen-métrage surprenant où se succèdent les portraits de huit personnages étranges, que leurs sentiments guident vers une transformation en créatures fantastiques.
Avec « Újratervezes », film hongrois d’une douzaine de minutes en compétition européenne cette semaine au Festival de Brest, on partage quelques moments choisis de la vie d’un couple de sexagénaires vieillissants. Dans le huis clos d’une voiture, on suit l’évolution, ellipse après ellipse, de la vieillesse de ce couple et de la maladie de la femme, avec pour point de repère sa transformation physique. Le jeu d’acteur de Judit Pogány, actrice de théâtre essentiellement, assisté par le maquillage et les costumes, appuient le passage du temps.
La voiture est un des lieux d’intimité de cet homme et de cette femme. Enfermés dans une carapace protectrice, coupés du reste du monde, ils sont confrontés l’un à l’autre sans échappatoire possible. La caméra prend place sur le capot et les filme en plan fixe, se plaçant en narrateur omniscient et adoptant de temps en temps un champ/contre-champ sur chacun des personnages en plan épaule, pour se rapprocher d’eux. Ces plans plutôt larges et le rythme du film, peu découpé, laisse la part belle à l’expression des personnages et au jeu d’acteur.
Les deux individus sont très différents, évoluant chacun l’un à côté de l’autre. Incarnés très justement par deux acteurs confirmés, ces personnages sont d’une crédibilité inouïe, proche du stéréotype sans jamais l’atteindre.
Elle, bavarde et excentrique, lui, froid et droit, se disputent sans cesse dans leur voiture. Ces heurts sont leur façon de s’aimer, de se raccrocher et se compléter l’un à l’autre. Elle l’insupporte mais sans elle, il se sent seul. Le titre anglais du film, « My guide », est une illustration de ce qu’elle est pour lui, sa copilote. Pris au sens propre, elle est une copilote un peu approximative, avec un sens de l’orientation qui laisse à désirer, assez gauche avec une carte routière à la main. Mais au sens figuré, en tant que copilote ou compagne de vie, elle lui est essentielle. Sachant la disparition proche de sa femme, le mari trouve une solution émouvante pour pouvoir la garder toujours près de lui, comme un GPS de vie personnalisé.
Avec plus d’une dizaine de réalisations à son actif, le réalisateur Barnabás Tóth sait toucher avec justesse l’âme humaine. Le sentiment de tendresse et d’attachement envers le beau couple de ce film est accentué par une musique calme et fluette et des personnages doux. Le film distille une humeur joyeuse, transmettant un regard positif sur l’amour au quotidien d’un couple en fin de vie.
Synopsis : Un couple âgé est pris dans la circulation. Elle bavarde, elle avertit, elle contrôle. Lui grogne ou bien il explose. C’est leur façon de vivre. Mais la vie est pleine de rebondissements.
Pour la 11ème édition du Festival Court Métrange en octobre, Format Court a remis un prix au film « A Living Soul ». À l’occasion du focus qui lui est consacré, nous avons posé quelques questions à son auteur, Henry Moore Selder, qui tourne ici son septième court métrage, après avoir réalisé plusieurs clips vidéos, notamment pour The Hives ou Garbage, mais aussi des publicités pour de grandes marques. Nous avons cherché à en savoir plus sur Ypsilon, le cerveau qui rêve de pouvoir s’échapper de son bocal, les scientifiques qui détiennent entre leurs mains son destin et parmi ces blouses blanches, celle chez qui l’espoir semble encore permis.
Quel est votre parcours ? Comment êtes-vous venu au cinéma ?
J’ai commencé à faire des films Super 8, quand j’étais enfant, entre 8 et 10 ans. Puis j’ai mis cela entre parenthèses jusqu’à ce que je commence des études théoriques de cinéma, ce qui m’a conduit à mettre en pratique tout ce que j’avais appris. Ensuite, j’ai commencé à réaliser des clips vidéos et des courts métrages, ce qui m’a emmené vers la publicité.
Vous avez réalisé de nombreuses publicités pour de grandes marques. Comment réussissez-vous à concilier la réalisation de spots pour Nike, Audi, Mercedes ou Pepsi, et la réalisation de courts métrages tels que « A Living Soul » ?
Les publicités ont été une véritable école et un terrain d’essai pour moi. Cela m’a permis de rencontrer des professionnels du cinéma (plusieurs directeurs de la photographie, directeurs artistiques et autres personnes venant des effets spéciaux), mais aussi de travailler avec de grosses équipes et de se frotter à toutes sortes de techniques et d’expérimenter des effets. Seulement, ayant d’autres aspirations artistiques, j’ai toujours essayé de garder une place pour mes projets de fiction. L’année où j’ai réalisé « A Living Soul », je n’ai pas gagné un seul centime tellement je devais m’impliquer sur le projet au quotidien. Sans le travail publicitaire réalisé avant, j’aurais été en très grande difficulté financière.
« A Living Soul » est adapté d’un roman de P. C. Jersild, comment avez-vous découvert ce livre et qu’est-ce qui vous y a intéressé ?
Le roman est très célèbre en Suède depuis sa parution en 1980, je l’ai lu à l’âge de 10-12 ans et il m’avait plutôt marqué. Quand la possibilité de développer un projet de film est arrivée, je me suis replongé dans le livre et j’ai réalisé que ce serait une histoire parfaite à raconter sur une durée de trente minutes.
En voyant votre film, on pense au fameux plan en caméra subjective de « Robocop » lorsque ce dernier se réveille après son opération, on pense aussi au soldat sacrifié de « Johnny Got his Gun », notamment dans sa relation avec son infirmière. Est-ce que ces films ont été des références ou influences pour vous ? Plus généralement, qu’est-ce qui vous a influencé dans la réalisation de ce film ?
Je n’ai pas vu « Johnny Got his Gun » de Dalton Trumbo, mais je connais bien l’histoire, car j’ai lu le roman sur lequel il est basé (ndlr : écrit par Dalton Trumbo lui-même, le roman est paru en 1939 ; le film, quant à lui, date de 1971). « Robocop » est une source d’inspiration évidente, j’aime beaucoup l’univers hors-norme de Paul Verhoeven. Dans « Robocop 2 », il y a même un cerveau vivant qui est placé dans un autre robot. Je me suis aussi inspiré du film « Le Scaphandre et le Papillon » qui réussit à faire naître beaucoup d’émotion dans une situation de point de vue subjectif complètement verrouillé. Enfin, j’ai particulièrement étudié l’approche du point de vue subjectif dans les films « Orange Mécanique », « Brainstorm » et « Enter The Void ».
Votre film se situe au croisement de plusieurs genres (SF, comédie noire, surréalisme). Comment avez-vous su allier ces différences de ton et de style et garder une cohérence tout du long ?
Tous les projets sur lesquels j’ai travaillé se présentent à plusieurs égards comme un croisement des genres. Je me disais que si le cœur émotionnel du film était suffisamment réussi pour rendre possible toute identification avec Ypsilon, le personnage principal (ndlr : un cerveau doué de conscience), alors je pouvais tenter d’aller dans toutes sortes de directions différentes. Je suis très friand de cinéma transgressif et cette histoire a été une excellente occasion de repousser un peu les limites. Si le film se développe un jour en version longue, je serais ravi d’y inclure une scène d’amour plus explicite entre Emma et le cerveau…
Dans votre film, la dichotomie entre le corps et l’esprit est poussée à son paroxysme. Pourtant cet être sans corps, qui n’est qu’esprit, rêve de pouvoir se mouvoir. Qu’est-ce qui vous a intéressé dans ce paradoxe ? Qu’est-ce qui, selon vous, peut toucher le spectateur dans la figure d’Ypsilon ?
La dimension purement physique du protagoniste était très présente dans le livre ainsi que l’idée de vouloir s’échapper. Ce que je trouve particulièrement intéressant est la différence entre ce que le scientifique pense que le cerveau ressent et ce qu’il expérimente vraiment de lui-même.
Ypsilon possède cette espèce de petit « corps » pourvu d’oreilles qui lui permettent de se propulser vers l’avant. Son instinct de survie le poussant à utiliser tout ce qu’il a encore à disposition pour s’enfuir, même ses oreilles, cela lui donne une volonté et une apparence très humaine et nous nous retrouvons dans sa lutte pour sa liberté.
Ypsilon imagine à plusieurs reprises des moyens de retrouver sa liberté. Pouvez-vous nous en dire plus sur ces rêves éveillés sous forme de décrochages poétiques et surréalistes ?
La situation claustrophobe dans laquelle il se trouve le pousse à trouver toutes sortes de solutions d’évasion, même si cela n’est que le fruit de son imagination. Ce sont des scènes qui étaient présentes dans le livre, mais plutôt sous la forme d’un monologue intérieur. J’ai pensé qu’il était essentiel de mettre cela en images, car de nombreuses situations sont particulièrement singulières et intéressantes visuellement.
Comment s’est déroulé le tournage du film ? Quelles sont les différentes techniques employées pour donner vie à Ypsilon ?
J’ai beaucoup storyboardé en amont et j’ai travaillé étroitement avec l’équipe des effets spéciaux pour parvenir à filmer chaque prise de vue que j’avais imaginé. La plupart des scènes sont filmées avec des effets plateau (environ 95%), en utilisant une marionnette animatronique et des trucages simples pour les mouvements larges. Nous avons également tourné une série de plans avec une version CGI 3D numérisée du cerveau, par exemple lorsque les deux cerveaux nagent ensemble à la fin.
Quels sont vos projets ?
Je développe de nombreux projets qui se trouvent à divers degrés d’avancement, mais celui sur lequel je travaille actuellement est un long métrage sur Ture Sventon, un détective qui possède un tapis volant et qui résout des crimes en Suède, à la fin des années 40. Le film s’inspire notamment des univers de Caro et Jeunet, Terry Gilliam, Michaël Powell et Emeric Pressburger, mais aussi du réalisateur suédois Hasse Ekman.
Henry Moore Selder réalise depuis plus de 10 ans des courts métrages, des clips et des publicités. Son dernier film « A Living Soul » a reçu en octobre le prix Format Court au festival Court Métrange 2014 et est projeté ce jeudi 13 novembre 2014 au Studio des Ursulines (Paris, 5ème), dans le cadre des Soirées Format Court.
Format Court consacre un focus à ce réalisateur suédois aux multiples facettes qui s’était fait connaître en 2001 avec « Deadly Boring » (Grand Prix au festival Entrevues de Belfort). L’occasion de découvrir un corpus de films entre comédies musicales, rock indé et film d’anticipation aux limites de la science fiction.
Réalisateur de la Nouvelle Vague du cinéma roumain, Adrian Sitaru est déjà un habitué du Festival du Film Francophone de Namur (FIFF), où il était sélectionné pour la sixième fois cette année. Également connu et apprécié de l’équipe de Format Court (ses précédents courts « Lord » et « Chefu » ont attiré notre attention), il s’est vu conférer le Prix Format Court au FIFF pour son dernier court métrage « Art » (Arta). Entretien virtuel autour d’un parcours et une démarche bien singuliers.
D’où vient ta motivation à faire du cinéma ?
Ce n’est pas facile à exprimer. C’était quelque chose que j’ai ressenti au plus profond de moi-même, lorsque j’ai eu 18 ans, et que j’ai découvert Tarkovski, puis Bergman et Fellini. Avant cela, j’étais un passionné de la musique, je voulais devenir musicien.
Dans tes films comme « Art » et « Counterpart », on perçoit un intérêt particulier pour un regard qui frôle le voyeurisme. Il y a aussi l’idée de responsabilité du regard collectif sur le sujet individuel. On dirait que tu aimes jouer avec les limites du politiquement correct.
Je n’ai pas réfléchi à cette question en écrivant le scénario, mais c’est sûr que c’est quelque chose que j’avais en tête. Dans « Counterpart », je voulais que le jeune homme soit noir mais le producteur m’a dit qu’il était impossible en Grande-Bretagne d’unir un acteur blanc et un acteur noir. Je n’ai pas insisté car ce n’était pas essentiel, et puis, je ne trouvais pas un bon acteur d’origine africaine non plus. La responsabilité de la collectivité est un thème majeur dans mes films, et notamment également dans mon dernier long-métrage, « Domestic ».
Comment expliques-tu ta fascination de filmer en huis clos ?
Je trouve ce procédé plus réaliste et c’est comme ça que j’ai commencé à faire des films ; dans des lieux réels avec des vraies personnes comme des amis ou de la famille. Ce n’est pas toujours possible. D’ailleurs, je ne dirais pas que c’est forcément une fascination. En l’absence de budget, c’est parfois une bonne solution !
« Lord »
On dirait que tu restes fidèle à certains acteurs comme Adrian Titieni et à une boîte de production (4Proof Film). Qu’est-ce que ces collaborations t’apportent ?
J’ai moi-même créé la boîte de production 4Proof Film, avec Adrian Titieni, Adrien Silsiteanu (le chef opérateur de la plupart de mes films) et Monica Gorgan. On a fondé cette société pour produire mon premier long métrage « Pescuit Sportiv » (Picnic), que j’ai réalisé sans budget. Je m’entends très bien avec Titieni et c’est à mes yeux le meilleur acteur roumain. Nous travaillons très bien ensemble.
Tes films, comme d’autres de la Nouvelle Vague roumaine, ont une dimension hyperréaliste, très proche du documentaire. As-tu jamais été attiré par le cinéma non-fictionnel ?
À vrai dire, je n’aime pas trop le genre documentaire. Cela ne m’intéresse pas de faire des films documentaires classiques. En revanche, j’aime beaucoup me rapprocher le plus possible du réel par le biais de la fiction et avoir un regard documentaire d’observateur. Je pense souvent à réaliser une œuvre hybride entre fiction et non-fiction. C’est un défi qui me plairait bien.
Cliquer sur l’image pour visionner « Chefu » (House party)
Dans tes films, tu laisses toujours une certaine ambiguïté dans le discours. Pourquoi ?
Parce que je n’ai pas les réponses ! La plupart de mes films se basent sur mes propres dilemmes, comment puis-je alors avoir les réponses ? L’ambiguïté est quelque chose de très intéressant, elle s’approche de la philosophie. Mais il ne faut pas assimiler l’ambiguïté à la confusion qui, elle, n’a rien de bon pour un film.
Ton premier court métrage « Valuri » est sorti en 2007. Depuis, tu as réalisé autant de longs que de courts. Quel intérêt a le format court pour toi ?
Les courts métrages sont plus faciles à réaliser. « Art » a coûté environ 1.000 euros et 2 jours de tournage. Il est bien plus difficile de réaliser un long métrage, et pas seulement en Roumanie. Cela demande énormément d’argent et prend tellement de temps qu’on oublie la raison pour laquelle on voulait faire le film ! Ce n’est pas normal. De plus, j’adore le format court. Et puis, les critiques littéraires n’ont jamais demandé aux écrivains pourquoi ils écrivaient des nouvelles après des romans !
Comment est-ce que les courts métrages sont reçus en Roumanie ? Y a-t-il un marché pour l’achat et la diffusion de ces films ? Comment cela se passe-t-il au niveau de la production ?
Il n’y a pas de marché, juste des festivals et la chaîne HBO Romania qui achète quelques dix courts par an. La plupart des courts métrages sont indépendants ou sont des films d’études. Nous n’avons pas beaucoup de financement de la part du CNC local. Cela dit, la situation n’est pas tellement différente pour les longs métrages.
Comment est né le film « Art » ? Pourquoi as-tu décidé de raconter cette histoire en particulier ?
Je travaille actuellement sur un long métrage « Fixeur » co-produit avec la France que nous allons tourner en février. Le film parle d’une roumaine de 14 ans, une mineure qui se retrouve dans le réseau de la prostitution à Paris. Nous avons eu de longues discussions, non seulement au sujet de la thématique principale de l’abus, mais aussi autour de la recherche d’une comédienne pour jouer ce rôle. Ce n’est pas du tout facile si on veut éviter soi-même de virer vers un certain abus au nom de l’art, ou comme les personnages du long, au nom du bon journalisme. Nous avons donc parlé longuement, avec mon consultant de scénario Razvan Radulescu et deux co-auteurs, de nos enfants et de nos propres comportements. Beaucoup de dialogues d’« Art » viennent de nos discussions.
Comment s’est passé le travail avec la jeune comédienne, Iulia Crisan ? Était-elle consciente de ce qu’elle devait faire ?
Le jeune comédienne était doublée pendant la scène principale, par notre productrice Ana Maria Antoci. Même si la fille avait tout compris à la lecture du scénario, nous ne voulions pas la mettre dans cette position. Personnellement, je pense que là, se trouve la fine limite entre abuser de quelqu’un et vouloir le protéger.
Peux-tu nous parler de ce nuage surréaliste dans le film, apparaissant au début et à la fin du film ? Qu’est-ce qu’il signifie ?
Pour moi, le nuage représente ce que l’on voit très rarement, comme l’art. Cela signifie que l’art n’est pas nécessairement fabriqué par nous par un processus créatif. L’art n’est pas forcément connecté à notre existence, il est cet élément surprenant de notre vie dont nous ne sommes que des témoins passagers. Aussi, au vu de tous les arguments exposés dans le film, ce nuage se présente comme le symbole de l’art, de la raison pour laquelle nous avons encore besoin de faire de l’art ; il existe des choses comme ce nuage qui méritent d’être montrées d’une manière ou d’une autre.
Est-ce que tes films sont fort scénarisés ou est-ce que tu laisses beaucoup de place pour l’improvisation ?
D’habitude, nous suivons un scénario, mais je fais beaucoup de répétitions durant lesquelles nous revoyons le texte, ajoutons de nouvelles idées, etc. Mais au moment de tournage, 99 % de ce que je filme se trouve dans le scénario. Bien sûr, j’aime bien le fait que cela ressemble à de l’improvisation sans vraiment l’être. Cela rend le film plus réaliste, n’est-ce pas ?
Ton court métrage « Counterpart » a été réalisé en anglais avec des acteurs anglais. Pourquoi ce choix ? Aussi, il n’est pas sans rappeler « Fenêtre sur cour » de Hitchcock. T’en es-tu inspiré ?
J’ai rencontré des producteurs britanniques qui cherchaient à faire un long métrage, mais n’ayant pas trouvé de financement, nous avons décidé de faire un court. Mon inspiration vient de tout ce que je vois, il est possible que Hitchcock en fasse partie, mais je n’ai pas pensé à ce film quand je réalisais « Counterpart ». Je m’essayais à un nouveau genre, le grand défi étant de mélanger la comédie et le thriller.
Peux-tu nous parler de tes projets à venir ?
En plus du film « Fixeur » dont j’ai parlé précédent, je viens de terminer « It’s Time », un long métrage sans budget. Ce projet était un véritable défi d’un film à la lisière de fiction et de la non-fiction. Les personnages étaient fictifs, mais tout était tourné en plans-séquences uniques pour imiter la vie réelle. J’avais un scénario mais les acteurs ne connaissaient pas leurs dialogues. Ils ont parlé et agi comme les personnages qu’ils incarnaient. C’étaient des plans-séquences plutôt longs, comme dans le documentaire d’observation. Nous essayions de capter quelque chose qui n’arrive qu’une fois et en un seul plan pour éviter toute artificialité.
En tant que réalisateur multiprimé, qu’est-ce qu’un prix comme celui de Format Court signifie pour toi ?
Chaque film a une vie. C’est important pour moi de savoir comment il est reçu. C’est le film qui est primé, et non pas moi. L’idée du film m’est venue et j’ai fait mon mieux pour le réaliser. Cela me procure beaucoup de plaisir lorsqu’un film est reconnu, quand il reçoit un prix, c’est comme ce que l’on ressent pour son enfant. Et c’est très important pour le futur du film. Par exemple, grâce au Prix Format Court, « Art » sera projeté dans un lieu connu à Paris. J’en suis fier. Je me félicite d’avoir pris la décision de réaliser ce film, c’est tout.
« Hjonabandssela », en sélection ces jours-ci à Brest, prend place dans un décor paradisiaque. Les deux personnages principaux apparaissent dans le plan d’ouverture, filmés au dessus des hanches en plan moyen, comme deux anges nus et potelés, devant un fond de nuages blancs. Le deuxième plan du film, plan d’ensemble, révèle en fait deux sexagénaires faisant leur sport du matin en maillot de bain au bord d’une merveilleuse piscine en plein air, située dans la campagne islandaise, devant lacs et montagnes.
Ces deux hommes, célibataires, sont deux amis de longue date qui travaillent et passent leurs loisirs ensemble, entre promenades, sport, parties d’échecs et goûters. Inséparables, ils le sont jusqu’au jour où une femme de leur âge fait irruption dans cette piscine et leur vie. En très peu de temps, leurs habitudes vont changer et leur lien va se briser brutalement quand l’un des deux aura la mauvaise idée d’inviter l’intruse à la fête d’anniversaire de son ami.
Après avoir eu un moment d’attendrissement pour ces deux hommes maladroits et timides face à cette femme convoitée qu’ils ne savent pas comment aborder, le spectateur est pris d’empathie pour l’être délaissé, abandonné par son ami. À soixante-sept ans, cet homme va devoir se réinventer un rythme de vie, seul.
Au-delà de cette empathie ressentie, le calme des longs plans fixes sur cette région reculée d’Islande apaise. Avec sa lumière grise et ses couleurs pâles et froides, le pouvoir lénifiant de l’île s’empare du film. Ce rythme lent s’accorde avec la vie de ces hommes en proie au vieillissement et à l’ennui.
La séduction et la nudité des hommes d’âge mûr, bel et bien réelles, sont rarement montrées au cinéma. Jörundur Ragnarsson, jeune réalisateur, s’intéresse à la vieillesse pour la magnifier et lui rendre l’intérêt qui lui est dû. Acteur de profession, il réalise un premier film réussi, abordant avec justesse et originalité des thèmes aussi universels que la jalousie et l’amour en les transposant sur un petit groupe de personnes âgées.
Synopsis : Deux amis de toujours vont voir leur petite vie tranquille perturbée lorsqu’une superbe femme pulpeuse de leur âge les rejoint dans le jacuzzi.
Genre : Fiction
Durée : 15′
Pays : Islande
Année : 2014
Réalisation : Jörundur Ragnarsson
Scénario : Jörundur Ragnarsson
Image : Gunnar Auðunn Jóhannsson
Montage : Jörundur Ragnarsson
Son : Sindri Þór Kárason
Interprétation : Sigurður Skúlason, Theódór Júlíusson
La 3ème Soirée Format Court de l’année a lieu ce jeudi 13 novembre, dès 20h30, au Studio des Ursulines (Paris, 5ème). À l’occasion de cette nouvelle séance, nous vous invitons à découvrir 4 courts métrages insolites et touchants, français comme étrangers, repérés et primés en festival. Au programme : un cerveau suédois rêvant d’évasion, une interrogation roumaine sur la responsabilité individuelle, un film sur l’amour et le lien intergénérationnel et un conte sur la liberté, Truffaut et le cinéma. Mais aussi 2 Prix Format Court, 2 équipes de films, de très bons bonbons et une exposition de croquis préparatoires à l’un des films programmés, « La Nuit américaine d’Angélique » ! What else ?!
► Retrouvez la programmation en ligne (+ synopsis, critiques, trailers, …)
► Horaire : Jeudi 13 novembre 2014, à 20h30. Accueil : 20h
► Durée de la séance : 84’
► Studio des Ursulines : 10 Rue des Ursulines, 75005 Paris
► Accès : RER B Luxembourg (sortie rue de l’Abbé de l’Épée), BUS 21, 27 (Feuillantines), 38 ou 82 (Auguste Comte), 84 ou 89 (Panthéon). Métro le plus proche : Ligne 7, arrêt Censier Daubenton (mais apprêtez-vous à marcher un peu…)
► Entrée : 6,50 €
► Réservations vivement recommandées : soireesformatcourt@gmail.com
Le court métrage fantastique a son festival, Court Métrange (Rennes), et cette année, ses invités suédois semblaient partants pour traiter, chacun à leur manière, une question philosophique très actuelle sur les limites de l’être humain au moment même où la science rejoint la fiction.
Lars Lundström, Président du jury y avait répondu en réalisant la série « Real Humans », diffusée sur Arte et décrivant un monde où des « presque humains », des robots, cherchaient une place dans la société. Henry Moore Selder, réalisateur du film « A living soul », lauréat du Prix Format Court, y apporte une autre réponse.
Il y décrit les pensées et la vie d’un être humain lambda, ici appelé Ypsilon, réduit à son seul cerveau, enfermé dans un bocal au sein d’un laboratoire aux allures de mouroir aseptisé et brillant. Il tombe sous le charme d’une technicienne de laboratoire, Emma (Excellente Louise Peterhoff, vue justement dans « Real Humans ») et réussit à entrer en contact avec elle. Comment, dès lors, vivre un amour sans corps et au travers d’un contact ténu ?
Ypsilon est véritablement « Une âme dans un bocal », selon le titre du roman de Per Christian Jersilde (encore un suédois) ayant servi de base au film. Partant du monologue intérieur du livre, Henry Moore Selder construit un huis clos en un seul point de vue subjectif. Ypsilon étant à la merci physique des éléments de son entourage, il ne véhicule, en bon cerveau, que de la pensée. Aussi, à intervalles réguliers, des éléments insolites surgissent, venant perturber le cours de la narration, comme autant de rêves éveillés pour Ypsilon et le spectateur. Ils en deviennent parfois proprement imprévisible et même loufoque quand ils ne sont pas tout simplement drôles. Difficile de ne pas être surpris par exemple quand le film nous montre un œil scrutateur vissé dans les fesses d’un chien ou une main coupée cavaleuse digne de « La Famille Adams ».
Entre minimalisme formel et réseau de références sophistiquées un brin cryptiques, « A living soul » pose Ypsilon comme une sorte de spectateur minimal. Il ne voit pas en trois dimensions, il ne lui reste qu’un oeil, et il ne peut entendre qu’au travers de son bocal rempli d’eau. Ce bocal, c’est un peu sa salle de cinéma à lui, d’où il observe le monde.
Alors que l’on pense à « Johnny s’en va t’en guerre » (un film de 1971 réalisé par Dalton Trumbo, scénariste controversé, entre autres de Stanley Kubrick) et à son homme-tronc, survivant de la première guerre mondiale, voyageant dans ses souvenirs, le film cite explicitement des éléments issus des standards de la science-fiction. On y croise le stylo en apesanteur de « 2001, L’Odyssée de l’espace », les lunettes d’ « Invasion Los Angeles » de John Carpenter en passant par des plans entiers sortis de « Robocop » jusqu’à la musique classique agrémentée de synthétiseur modulaire, comme celle de Wendy Carlos dans « Orange Mécanique ».
Tout en avançant la belle idée que l’amour et le rêve sont les seuls traits purement humains « A living soul » s’offre le luxe de nous parler du rapport aux machines, de télépathie et surtout de handicap. Avec une grande intelligence autant sonore que visuelle, il reprend les questions philosophiques posées par le livre dont il est issu. Il ne vous suffit plus qu’à le découvrir…
Synopsis : Un cerveau humain maintenu en vie artificiellement se réveille dans un laboratoire. Après un simple retour à la conscience, Ypsilon se met à forger une personnalité…
Genre : Fiction
Durée : 30′
Pays : Suède
Année : 2014
Réalisation : Henry Moore Selder
Scénario : Peter Modestij, basé sur “Mon âme dans un bocal”
Image : Gustav Danielsson
Son : Thomas Huhn
Musique : Daniel Fagerström
Montage : Joakim Pietras, Henry Moore Selder
Décors : Robert Bohman
Interprétation : Tova Magnusson-Norling, Louise Peterhoff, Claes Ljungmark, Stina Ekblad, Christoffer Svensson, Michelle Meadows, Lisette Pagler, Kristian Petri, Ivica Zubak
On nous l’annonce sur la pochette du DVD, « Oh Willy… », réalisé par Emma de Swaef et Marc Roels a reçu quelques 75 récompenses et il s’agit du film flamand le plus primé de tous les temps. À Format Court, nous avions repéré le film lors de sa première sélection française au festival de Clermont-Ferrand en 2012. Programmé récemment lors de notre carte blanche au festival Court Métrange (où il a remporté le Métrange du public), « Oh Willy… » est désormais disponible en DVD en Belgique et aux Pays-Bas, et on ne se lasse pas de le revoir, avec quelques bonus en prime. L’occasion de revenir sur le parcours de ce film d’exception.
« Oh Willy… » aborde l’histoire d’un homme qui, accablé par le chagrin suite à la disparition de sa mère, prend la fuite et se réfugie dans la nature qui deviendra une mère de substitution. Fait de personnages et de décors exclusivement en laine, ce film sans dialogue laisse s’exprimer la matière chaude et réconfortante qui évoque la douceur du cocon maternel, et vient contre-balancer la dureté du propos. Filmés image par image, les personnages en laine d’Emma de Swaef et la lumière de Marc Roels s’assemblent pour un résultat qui témoigne de l’habileté et du souci du détail de ces deux jeunes réalisateurs.
Parce que l’on aime bien en savoir plus et que les personnages et décors d’Emma de Swaef nous intriguent, nous poursuivons notre visionnage avec le making-of dans lequel les deux réalisateurs de « Oh Willy… » nous livrent avec passion et nostalgie les origines du projet, leur méthode de travail et l’envol de leur progéniture.
Car le personnage de Willy est en effet leur bébé. Un bébé qui a bien grandi depuis sa première ébauche, lorsqu’Emma De Swaef a mis en scène pour la première fois ce personnage de quarantenaire solitaire, rond et dégarni, pour son film de fin d’étude « Zachte Planten » (Plante douce) en 2008, au sein de l’École Supérieure des Arts Saint-Luc à Bruxelles.
Le film, qui figure également sur le DVD, introduit le personnage de Willy en chair et en os, assis devant son bureau dans une austère pièce de travail. Rêveur, l’homme se retrouve soudain dans une forêt faite de laine, un monde doux que le spectateur comme le personnage souhaite parcourir des mains, en effleurant et en caressant ce décor chaleureux peuplé de moutons qui vous recouvrent de leur laine pour vous protéger du froid.
Ici, le monde de laine est avant tout le monde des rêves, celui dans lequel Willy trouve refuge et échappe au quotidien. Déjà, le savant mélange de douceur et de cruauté, et la quête de l’homme qui se rapproche de la nature, apparaissent comme les éléments clés du travail d’Emma de Swaef.
La musique qui accompagne l’escapade de Willy évoque les airs doux d’une boîte à musique, et ravive les souvenirs d’enfance. On entre avec Willy dans l’univers des poupées, du rêve et de l’imagination débridée de l’enfant curieux et avide de découvertes. Dans ce voyage, alors que Willy explore une forêt où le jeu et l’insouciance semblent régner, l’adulte apparait comme une menace, sous forme de géant dont on ne voit que les jambes et l’énorme bouche dévorant tout sur son passage.
Dans « Zachte Planten », l’histoire nous ramène au point de départ, à l’endroit d’où naît le rêve de Willy, vers une réalité aux contours beaucoup plus durs. Plus tard, dans « Oh Willy… », le destin de ce petit homme de laine sera tout autre.
De « Zachte Planten » à « Oh Willy… », le personnage a évolué, il est plus abouti, plus expressif, et son histoire gagne en profondeur. Dans le making-of, la réalisatrice nous parle de la conception de ce personnage mystérieux et attachant, du premier jet jusqu’à la maturation. D’un film à l’autre, l’univers de la réalisatrice, complété par le savoir-faire de Marc Roels, se précise et s’épanouit.
Ce qui fait la particularité du travail d’Emma de Swaef et de Marc Roels, c’est la volonté de donner encore plus de vie à la matière, de créer un univers aux contours doux et chauds, fait d’assemblages de textures que l’on peut voir et sentir.
L’équipe du film évoque la création, la manipulation des personnages et les choix de mise en scène, autant d’éléments qui nous rappellent que l’animation est un travail de patience et de dextérité, où les créateurs fabriquent de leurs mains, tels des artisans.
Après avoir parcouru le monde entier, « Oh Willy… » revient sur nos écrans pour nous livrer quelques secrets, mais continue à nous émerveiller.
La 9ème édition du Festival Cinébanlieue a lieu ces jours-ci, du 12 au 21 novembre. Ce festival dynamique et pointu, très suivi en banlieue, nous intéresse depuis quelques années pour sa programmation qualitative et diversifiée. Cette année, nous vous proposons de gagner des places pour 2 séances de courts métrages programmées. Intéressé(e)s ? Contactez-nous de ce pas !
Vendredi 14 novembre à 18H00 à L’écran de Saint-Denis (14 Passage Aqueduc, 93200 Saint-Denis, Métro : Basilique de Saint-Denis, ligne 13) : Compétition Talents en court 1, en présence des réalisateurs. 15 places à gagner !
A la Source de Steve Achiepo. Fiction, 25′, 2014, France, Barney Production
Syn. : Drey a dix-neuf ans et poursuit ses études à Paris. Après six mois d’absence, elle retrouve sa cité de campagne, ses copines, sa famille et son copain. Mais ce qui devait être un séjour de confort se transforme peu à peu en une confrontation.
Aïssa de Clément Tréhin-Lalanne. Fiction, 8′, 2014, France, Takami Productions
Syn. : Aïssa est congolaise. Elle est en situation irrégulière sur le territoire français. Elle dit avoir moins de dix-huit ans, mais les autorités la croient majeure. Afin de déterminer si elle est expulsable, un médecin va examiner son anatomie
Syn. : Guy Moquet ou Guimo ou Guim’s a promis à Ticky de l’embrasser au crépuscule en plein milieu du quartier devant tout le monde. Peut-être pas si fou… mais peut-être pas si simple.
Après les cours de Guillaume Renusson. Fiction, 17, 2014, France, Madeleine Films
Syn. : Élève en internat, Gérald est un adolescent réservé et asthmatique. Un soir, il prend la décision de suivre la bande de Théo, celui qui partage sa chambre, pour essayer le jeu auquel ils s’adonnent en secret la nuit.
Pandore d’Halida Boughriet. Fiction, 9′, 2014, France
Syn. : Le film se concentre sur un groupe social, enfants en marge de la société française, et porte un regard sombre et inquiétant sur la réalité des rapports humains…
Les empreintes douloureuses de Bernard Auguste Kouemo. Fiction, 15′, 2014, France, autoproduction
Syn. : Nathalie, 30 ans, jeune femme d’origine camerounaise, se met en tête de se faire refaire le nez…
Samedi 15 novembre, 18h, à L’écran de Saint-Denis (14 Passage Aqueduc, 93200 Saint-Denis, Métro : Basilique de Saint-Denis, ligne 13) : Autour du comédien Steve Tientcheu : 10 places à gagner !
La Mort de Danton d’Alice Diop. Documentaire, 64′, 2011, France. Mille et une Films. En présence de l’équipe
Syn. : Steve a 25 ans. Il y a quelques mois, avec ses potes, il « tenait les barres » de sa cage d’escalier. Il décide
subitement de changer de vie et entame une formation d’acteur au cours Simon…
Molii de Hakim Zouhani, Yassine Qnia, Carine May, Mourad Boudaoud. Fiction, 13’, 2013, Les Films du Worso. En présence de l’équipe
Syn. : Steve, ce soir-là, remplace son père, gardien de la piscine municipale. Il entend des bruits inhabituels.
Prix Format Court à Court Métrange 2014, « A Living Soul » nous fait partager les réflexions d’un cerveau humain maintenu en vie artificiellement. La vision de ce film curieux donne envie d’en savoir plus son réalisateur. À défaut d’avoir pu fendre le crâne d’Henry Moore Selder pour y observer le fonctionnement de son cerveau, nous avons regardé ses précédents travaux – court-métrages, clips et pubs – afin d’en tirer quelques enseignements.
Henry Moore Selder (né en 1973 à Stockholm) partage ses activités entre la musique et le cinéma, souvent les deux en même temps. Musicien, il a collaboré à plusieurs albums au début des années 2000, en particulier au sein du duo d’électro PuppetMasters. Réalisateur, il a signé entre le milieu des années 90 et aujourd’hui plus d’une trentaine de clips, essentiellement pour la scène rock suédoise ainsi que quelques artistes anglo-saxons. La forme courte du clip lui permet de s’essayer à différents genres et techniques : l’animation en 2D (le clip « Shut Your Mouth », une parodie de talk show pour Garbage en 2001) et l’image de synthèse (« With Every Heartbeat » pour la chanteuse suédoise Robyn en 2006), la prise de vue en relief (« Stanna klocka stanna », pour l’improbable groupe Bob Hund et son chanteur masqué en 2011), la comédie musicale (« Ain’t Getting Nowhere » du groupe Monster est en 1999 un ballet façon « West Side Story » punk) et l’insolite (dans le clip de « River Running Wild » en 2012, le groupe Woodland fait du canoë et pagaie avec ses instruments de musique). On retrouve cette joyeuse bizarrerie dans les pubs de Moore Selder : une chèvre qui chante pour promouvoir son fromage, une parodie de King Kong pour Hyundai, des scènes de bar surréalistes pour la bière Tiger…
Les quatre premiers courts-métrages de Moore Selder apparaissent comme des hybrides entre le cinéma et le clip. « Dans Let There Be Drums » (1999) il filme un musicien effectuer un solo de batterie dans un sous-sol : un film sans histoire ni personnage, entre la vidéo expérimentale et la bande démo musicale. À la même époque, le réalisateur entame une collaboration de trois films avec la chanteuse Sara Lundén (pour laquelle il signera également plusieurs clips). Dans « Harlem » (1999), « Deadly Boring » (2001) et « She Is Dead », la talentueuse musicienne occupe les fonctions de scénariste, compositrice et d’interprète principale (dans son propre rôle pour les deux premiers films).
La « trilogie Lundén » permet d’observer l’émergence du style du cinéaste, qui abandonne progressivement la réalité pour créer un univers personnel. Chaque film est plus long que le précédent avec une dimension fictionnelle plus affirmée et une création visuelle plus marquée. « Harlem » montre Sara Lundén marcher en chantant dans les rues du quartier populaire de New York. La caméra portée et le grain de la pellicule évoquent la patine documentaire du cinéma des années 70 ; une impression de prise sur le vif renforcée par le début d’agression dont est victime le caméraman, au milieu de la chanson, lorsqu’un passant lui reproche de l’avoir filmé. Filmé dans le même 16 mm vintage, « Deadly Boring » reconstitue une des performances musicales excentriques de Lundén et sa troupe, dans un bar au milieu de nulle part. Avant et après le spectacle, la jeune femme continue de trainer son spleen en chantant, héroïne de Jacques Demy perdue chez Jim Jarmusch.
À l’opposé de cette approche presque documentaire, « She Is Dead » assume son artificialité par le choix d’un Scope noir et blanc. L’histoire est celle d’un amour fou que n’auraient pas renié les surréalistes : la passion d’un médecin pour une diva récemment décédée dont il doit effectuer l’autopsie (en musique, avec des cadavres qui chantent !). Avec ce film, Moore Selder accomplit son passage à la fiction et aborde pour la première fois, avant « A Living Soul » , le monde médical et ses corps (ou morceaux de corps) à la fois morts et vivants.
En 2004, « A Thorough Examination » développe cet intérêt pour la science avec la confrontation tendue, en huis clos et sans musique, entre un soldat et un savant fou. Un suspense minimaliste mais efficace dans lequel il serait tentant de voir un prélude aux mystérieuses expériences d’« A Living Soul » : le cerveau qui parle du dernier film en date de Moore Selder serait-il celui celui du soldat mort pour la science d’« A Thorough Examination » ?
Entre ces deux films s’intercale Köra runt (2007), consacré aux pérégrinations d’un voleur de voitures qui vient de sortir de prison. Le choix d’un sujet réaliste et l’assagissement du réalisateur ne sont qu’apparents et, rapidement, le voyage prend une dimension onirique, émaillé de rencontres insolites. On n’en attendait pas moins de la part d’Henry Moore Selder.
Synopsis : Deux cinéastes ont trouvé la parfaite jeune fille de 14 ans pour jouer dans leur nouveau film. Maintenant, ils doivent convaincre la mère de laisser sa fille jouer le rôle d’une enfant victime de violence sexuelle.
Réalisation : Adrian Sitaru
Genre : Fiction
Durée : 19’
Pays : Roumanie
Année : 2014
Image : Adrian Silistanu
Son : Andrei Pacuraru
Montage : Andrei Gorgan
Interprétation : Emanuel Parvu, Andrei Rus, Ioana Abur, Iulia Crisan
Le film roumain « Art » a reçu le prix Format Court au FIFF 2014 à Namur. Dans ses courts et longs-métrages (« PicNic », « Best Intentions »), Adrian Sitaru manie l’art des tensions en soupape, des nœuds d’oppression. Il ne déroge pas à la règle avec ce huis clos au malaise latent.
La situation initiale est simple : lors d’un casting, une jeune fille mineure doit incarner le rôle d’une préadolescente embarquée dans un réseau de prostitution. Il en découle tout un questionnement sur la notion de responsabilité, à la fois artistique et parentale. Comment dénoncer la violence sans que le processus de monstration reproduise lui-même une forme d’abus ? Quelles sont les limites de l’art et où situer le point de bascule vers l’utilisation, le détournement ? Un parent pensant, tranchant pour son enfant n’est-il pas aussi piégé par la problématique de l’abus ? Finalement peut-on réchapper à l’ingérence parentale quand l’éducation n’est en soi qu’une succession de décisions prises pour autrui ? Où s’arrête le désir de convaincre et où commence le mécanisme de la manipulation verbale ? Toutes ses interrogations se rassemblent en une seule : la fin, aussi noble soit-elle, justifie-t-elle les moyens ?
Sur une ouverture nette et frontale, le spectateur se retrouve jeté dans la scène d’exposition. Le casting est en cours, il n’a qu’à le saisir au vol. Après l’essai de jeu, les deux cinéastes séduits par la prestation de la candidate cherchent à convaincre la mère de laisser sa fille jouer dans le film, malgré une scène au caractère érotique évident bien que non dénudée et seulement suggérée. Le huis clos est déjà installé, il tisse son filet.
Pas de véritable progression narrative ici, mais une impression de piétinement, d’engluement dans le temps. Les plans fixes figent le déroulement. À l’intérieur de ces cadres immobiles se dessinent nettement les pans et les arrêtes murales. Les deux pièces de l’appartement sont constamment délimitées à l’image par les cloisons, aucune échappée n’est envisageable. L’espace est encombré par un mélange d’objets du quotidien et de matériel de tournage. Très vite, le manque d’air se fait sentir. Et la parole des adultes, omniprésente, envahit tout, ne laisse aucun répit. Sitaru cadre un personnage et ne le lâche plus, il tire le plan dans la durée, sans alternance de champs/contre-champs. Les répliques des autres protagonistes se font donc hors champs. Malgré l’échange verbal, la caméra révèle l’impossibilité d’une discussion, d’un partage d’idées. Il s’agit bien d’assaillir l’autre avec son discours, de prendre le dessus par la parole.
Et au milieu de tout ça, la principale intéressée a disparu. Littéralement absente de l’image, effacée. Dissimulée par sa mère dans le seul axe où elle aurait pu être visible, le spectateur découvre brusquement sa présence, lorsqu’on lui demande enfin son avis. L’apparition subite, par son effet de surprise, fait sourire. D’un sourire jaune. Et cette prise de parole n’est que balbutiement puisque très vite on la lui coupera. Lorsque la jeune fille doit mimer une fellation pour donner un aperçu de la future scène choc du film, elle mime l’excitation de son chiot en se dandinant dans tous les sens, sur les indications et encouragements de sa mère… et sous le regard interloqué des deux hommes. Jamais, il n’est réellement expliqué à la jeune fille les enjeux de la scène, ce qu’elle représente concrètement. Le rire reste coincé dans la gorge, un comique du malaise que Sitaru sait très bien cultiver.
À la fin du casting, échange entre l’assistant et le réalisateur : le premier reproche au second ses procédés de persuasion. L’autre rétorque qu’il en va de là responsabilité de la mère, lui-même n’aurait jamais amené sa fille à un tel casting. Volte-face des personnages masculins qui révèlent leurs paradoxes. Leur discussion est interrompue par une découverte improbable. Les deux hommes se retrouvent nez à nez avec un nuage flottant et statique au centre de la pièce. Celui-ci rappelle le plan apparu juste après le titre au début du film. Le lettrage de ce dernier ayant disparu sous forme de fumée, une rémanence blanche enveloppe la jeune fille dans un plan calme, silencieux (le seul du film) où l’adolescente, en retrait du monde, sourit. Ce nuage final leur clouera le bec. Réponse de l’indicible face à l’oppression des discours, la domination de l’argumentaire… Jusqu’alors la sensation d’étouffement du réel était très forte avec une saisie du temps sans concession, sans ellipse, un aspect cru de la lumière et une densité palpable des dialogues. À présent, elle s’évapore dans l’étrange, l’incompréhensible. Un retour à la poésie qui vient remettre les choses à leur place, balayer le malaise. On ne sait pas ce que va décider la mère, les deux cinéastes sont coincés dans leurs contradictions. Le nuage ne conclut rien, il transporte le film et le regard ailleurs.
Kinopolska, le festival du film polonais en France organisé par l’Institut Polonais de Paris, aura lieu du 11 au 16 novembre au Balzac et le 21 novembre au Grand Action, à Paris. 3 séances de courts métrages sont programmées à l’occasion de cette 7ème édition. Format Court vous offre 10 places par programme. Intéressé(e)s ? Contactez-nous !
Vendredi 14 novembre à 14h et samedi 15 novembre à 14h au cinéma Le Balzac : programme de courts métrages polonais (durée : 1h37). 20 invitations à gagner (10 par séance) !
Fragments d’Aga Woszczyńska
Syn. : Anna et son conjoint ont des emplois bien rémunérés, une vie sexuelle intense et pratiquent le jogging matinal. Petit à petit, Anna sent s’effondrer le monde auquel elle s’accroche. Elle pourrit de l’intérieur.
Une chambre bleue de Tomasz Siwiński
Syn. : Un homme se réveille dans une chambre bleue. Il est coincé à l’intérieur et ne peut s’en échapper. Une fenêtre est son unique lien avec l’extérieur. La réalité qu’il perçoit lui apparaît d’une bien mystérieuse manière.
Arena de Piotr Bernaś
Syn. : Quelles sont les raisons pouvant conduire un homme à l’auto-destruction? Quelles motivations peuvent pousser une personne à mettre sa vie en choisissant une vie de lutte et d’automutilation ? Arena est un projet audacieux de mise en scène du gladiateur contemporain dans son arène moderne.
La pierre de Jakub Michnikowski
Syn. : Un garçon et une jeune fille enceinte traversent la montagne brumeuse. En silence, ils essaient de prendre leurs responsabilités, tout en réussissant à garder le coeur léger. Après un long périple, le couple trouve un moment de répit dans une maison de bois vide.
Lumière d’août de Matej Bobrik
Syn. : Un garçon veut devenir un homme, dans le village d’ Olchówka, où tout le monde connaît tout le monde, et où le rythme de vie est plutôt tranquile. Kuba et Jurek boivent et s’amusent jusqu’au petit matin. Quand Kuba se réveille, son ami n’est plus là. Pour le trouver, il doit parler avec la belle jeune fille qui les a rejoint la veille.
Vendredi 21 novembre à 20h : Vents d’Est 07, Carte blanche à Cinessonne au Cinéma Le Grand Action. Programme de courts métrages français et polonais (durée : 1h35). 10 invitations à gagner !
Sinner de Kalina Alabrudzińska (Pologne)
Syn. : Pouvez-vous enseigner comment séduire des femmes ? Oui vous pouvez définitivement. Sinner vous montrera le chemin pour devenir un homme meilleur.
Habitat de Arjun Talwar (Pologne)
Syn. : Une histoire sur la vie de plusieurs générations de bergers de chèvre, nomades, vivant au bord du désert en Afrique du Nord. Nous observons leur vie difficile et lutte quotidienne avec leurs animaux, le climat et leur recherche d’eau.
Volcan de Michal Wawrzecki (Pologne)
Syn. : Un couple s’enferme dans leur belle maison après avoir laissé tomber l’idée de partir en vacances. Ils décident de se couper du monde et de passer leur vacances ensemble afin de raviver leurs passions.
L’éblouie de Morgane Derriennic (France, La fémis)
Syn. : Je cherche une femme, la cinquantaine, elle est routier. Elle est Serbe. Elle a un semi-remorque rouge. Vous l’auriez pas vue ?
Ce qui nous échappe de Pauline Laplace (France, La fémis)
Syn. : Un jeune éducateur en psychiatrie, Julien, accompagne cinq patients en sortie. Seul, débordé, il va trouver peu à peu sa place dans le groupe, s’éloigner de l’hyper-contrôle et comprendre un peu mieux sa position de travailleur social.