K comme Kusum

Fiche technique

Synopsis : Un jeune prostitué travesti et un professeur de littérature anglaise obsessionnel et suicidaire se retrouvent enfermés dans une pièce, où ils tentent de cohabiter ; la nuit ne fait que commencer…

Genre : Fiction

Pays : Inde

Année : 2010

Durée : 10′

Réalisation : Shumona Banerjee

Scénario : Shumona Banerjee

Image : Raghavendra Matam

Son : Abhik Chatterjee

Montage : Manas Mittal

Décors : Shumona Banerjee

Production : Satyajit Ray Film & Television Institute

Article associé : la critique du film

B comme Between the Rains (Entre les pluies)

Fiche technique

between

Synopsis : La ville, un endroit où les gens de toutes les régions du pays viennent chercher du travail et entreprendre leurs propres voyages. Les priorités et les choix que nous faisons en tant qu’individus dans diverses circonstances font de nous ce que nous sommes.

Genre : Fiction

Pays : Inde

Année : 2011

Durée : 27′

Réalisation : Samimitra Das

Scénario : Samimitra Das

Image : Siddharth Diwan

Musique : Tajdar Junaid

Montage : Rashmina Dutta

Interprétation : Vinod Rawat, Raj Zutshi, Sunita Raina, Chaiti Ghoshai

Montage Son : Binil C Amakkadu

Production : Satyajit Ray Film & Television Institute

Article associé : la critique du film

B comme Beauty

Fiche technique

Synopsis : Une tendre liaison s’installe entre Beauty, 16 ans, vierge et fille de prostituée, vivant dans une maison close, et un jeune garçon de 19 ans inexpérimenté. Mais la tendresse a-t-elle sa place dans ce genre d’endroit ?

Genre: Fiction

Pays : Inde

Année : 2011

Durée : 10’45 »

Réalisation : Torsha Banerjee

Scénario : Torsha Banerjee

Image : Rohit Singh Rana

Son : Aninidit Roy

Musique : Rohit Singh Rana

Montage : Anuj Kumar

Interprétation : Sahajiya Nath , Sourodeep Roy

Décors : Indranil Ghosh

Production : Satyajit Ray Film and Television Institute

Article associé : la critique du film

S comme Sita Haran aur Anya Kahaniyan (L’enlèvement de Sita et autres histoires)

Fiche technique

Synopsis : L’univers d’un conteur et de ses histoires. Lorsque sa fille meurt, les limites entre fiction et réalité se brouillent.

Genre : Fiction, expérimental

Pays : Inde

Année : 2011

Durée : 5’20 »

Réalisation et scénario : Anusha Nandakumar

Production : Satyajit Ray Film & Television Institute

Article associé : la critique du film

La femme qui flottait de Thibault Lang-Willar

Avec un premier film complètement décalé, Thibault Lang-Willar, réussit à provoquer une tension nerveuse drolatique autour d’une morte étrangement tombée du ciel et d’un duo de comédiens à qui le bizarre et l’absurde siéent à merveille. « La femme qui flottait » est une comédie douce-amère. Le film nous transporte dans un drame étrange qui va conduire à un bouleversement des relations de voisinage entre deux quarantenaires hirsutes et enclins à des troubles aussi banals que gênants… très gênants.

D’un côté, on a un personnage de père célibataire campé par Philippe Rebbot (dont le potentiel comique n’est plus à prouver), sorte de grand échalas qu’on dirait tout droit sorti d’un film de Tati et qui semble fort fébrile dans l’attente de la visite imminente de son jeune fils. De l’autre, un personnage quelque peu poseur et arrogant, Mickael Abiteboul, qui traîne ses savates dans son salon moderne, classe, high-tech.

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Entre les deux, une clôture, un bosquet qui sépare leurs pavillons avec piscines… Pas grand chose en somme, rien d’infranchissable. Surtout lorsque l’un d’entre eux trouve une femme morte qui flotte dans sa piscine et n’imagine de meilleure solution pour régler ce « problème » que de – discrètement – se débarrasser du corps chez son voisin ! Un comique de situation qui sonne le début d’une succession de réactions bizarres autant que drôles de la part des deux hommes.

Portant un regard ironico-cynique sur les travers de la société contemporaine, Lang-Willar se sert des nouveaux-outils-indispensables à notre quotidien (pour rester connecter, pour prouver qu’on fait bien partie d’une communauté) tels que le Smartphone ou l’alarme de piscine, et joue à démontrer toute la vacuité et le ridicule attachement que nous avons à ces choses.

Garder le contrôle, de soi, et a fortiori des autres, pourrait être une sorte de vœu pieu, de morale à ce film. Mais justement c’est lorsque les personnages sont dépassés par des évènements aussi exceptionnels qu’incongrus que Lang-Willar emporte les spectateurs. On rit de la situation bien sûr mais également des caractères de ces deux hommes bien allumés et fort dépourvus face à cette femme qui flotte. À travers ce film, et sous le couvert de la comédie, c’est une petite critique de la société individualiste et de plus en plus aseptisée qui nous est ainsi proposée.

Fanny Barrot

Consulter la fiche technique du film

Le film  est présenté au Festival de Clermont-Ferrand dans le cadre de la compétition nationale dans le programme F3

F comme La femme qui flottait

Fiche technique

la-femme-qui-flottait

Synopsis : Lionel, un quadragénaire un peu naïf, découvre à l’aube le corps d’une femme qui flotte à la surface de sa piscine.

Genre : Fiction

Durée : 18′

Pays : France

Année : 2012

Réalisation :  Thibault Lang-Willar

Scénario : Thibault Lang-Willar

Image : Julien Poupard

Son : Antoine Guilloux

Musique : Clément Tery, Raphaël Haroche

Montage : Lise Fernandez

Interprétation : Michaël Abiteboul, Chloé Schmutz, Philippe Rebbot

Décors : Marc Barroyer

Production : Karé Productions

Article associé : la critique du film

La présence des chaînes de télévision à Clermont-Ferrand

Lors de la production d’un court-métrage, on compte bien sûr sur le travail assidu et acharné des producteurs qui partent à la recherche de différents partenaires, financeurs et diffuseurs. Et parmi les sources de financement et de diffusion les plus connues et les plus traditionnelles, on citera les régions malgré les quelques derniers retournements pour certaines, le CNC, les entités telles que la SACEM, l’ADAMI, la SACD, etc., la Procirep et les chaînes de télévision.

Tous ces gens-là sont donc bien évidemment présents à Clermont-Ferrand, carrefour professionnel du court métrage. Concernant les chaînes de télévision, il existe pour la plupart, deux manières d’agir : pré-acheter un projet, autrement dit, financer une partie du film à la seule lecture d’un scénario présenté par une société de production ou acheter un film, c’est-à-dire l’acquérir dans le but de le diffuser.

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Kali le petit vampire

Mercredi 6 février, Hélène Vayssières, responsable des programmes courts et formats courts sur Arte, invitait une partie de la profession à déjeuner, en honneur aux nombreux films achetés et pré-achetés par la chaîne qui sont actuellement en compétition à Clermont-Ferrand : « Le banquet de la concubine » de Heifang Wei, « Braise » de Hugo Frassetto, « Ce chemin devant moi » de Mohamed Bourokba (dit Hamé), « Edmond était un âne » de Franck Dion, « Fleuve rouge, Song Hong » de Stéphanie Lansaque et François Leroy, « Je suis une ville endormie » de Sébastien Betbeder, « Kali le petit vampire » de Regina Pessoa, « Konigsberg » de Philippe Mayrhofer, « Le livre des morts » d’Alain Escalle, « Mademoiselle Kiki et les Montparnos » de Amélie Harrault, « Nieuwpoort en juin » de Geoffrey Couanon, « Nous ne serons plus jamais seuls » de Yann Gonzalez, « Peau de chien » de Nicolas Jacquet pour la compétition nationale ; « Miniyamba » de Luc Perez, « Bydlo » de Patrick Bouchard, « Father » de Ivan Bogdanov, Moritz Mayerhofer, Asparuh Petrov, Veljko Popovic, Rositsa Raleva et Dimitry Yagodin pour la compétition internationale.

Angèle Paulino, responsable des programmes courts sur TV5 Monde a quant à elle, une autre mission puisque la chaîne ne fait que acheter, si bien qu’elle visionne activement le plus grand nombre de courts-métrages francophones de sorte à décrocher des perles rares et les diffuser.

Parmi les chaînes importantes pour le court-métrage, on nommera également France Télévisions dont Christophe Taudière est le responsable du Pôle court-métrage. Et ce jeudi 7 février, après Philippe Lioret, Zabou Breitman et Denis Lavant, c’est Julie Gayet qui, entourée par le jury, assurait le rôle de présidente et remettait le Prix France Télévisions du Court-métrage. Pour la 4e édition, ce prix a pour vocation de soutenir la jeune création.

tennis-elbowTennis Elbow

Cette année est une exception puisque le jury a récompensé, ex aequo, deux films parmi 14 courts-métrages (7 issus d’achats ou de pré-achats France 2 de l’année dernière ainsi que 7 courts issus de France 3) : « Tennis Elbow » de Vital Philippot, comédie dans laquelle Philippe Rebbot excelle de drôlerie comme à son habitude aux côtés de Catherine Vinatier et avec une musique signée Pablo Pico et « Les Chancelants » de Nadine Lermite, film grave sur l’autisme adulte dans lequel Ana Girardot et Jonathan Genet sont incroyablement touchants. Les deux lauréats bénéficient du pré-achat de leur prochain film court qu’ils pourront signer avec la société de production de leur choix. Outre le pré-achat, France Télévision leur accorde une bourse de 2500€ chacun.

les-chancelantsLes Chancelants

Autre chaîne à compter parmi celles qui soutiennent le court-métrage et présente à Clermont qui achète et pré-achète des films, on citera Canal +. Les responsables du département court-métrage Pascale Faure et Brigitte Pardo, ont présenté le soir du 7 février en avant-première au festival, les nouveaux films de la Collection Canal sur le thème « Le jeu des 7 familles ». Sept familles personnalités se sont prêtées au jeu « d’écrire pour » : les sœurs Hesme, les frères Astier et Elmaleh, les pères et filles Girardot, Bohringer et De Caunes, ainsi que le duo musical Sing Tank (les De La Baume).

En bref, les chaînes de télévision archi présentes à Clermont-Ferrand sont définitivement un maillon important à prendre en compte dans la production et la diffusion des courts-métrages. On souhaite que prochainement, des chaînes de la TNT prendront plus de place également au sein du court-métrage.

Camille Monin

S comme Sevilla

Fiche technique

Synopsis : Trois jeunes gens partent en voiture, direction Séville, pour un voyage qui changera leurs vies à tout jamais.

Pays : Pays-Bas

Année : 2012

Genre : Fiction

Durée : 11’14 »

Réalisateur : Bram Schouw

Scénariste : Marcel Roijaards

Image : Jasper Wolf

Son : Evelien van der Molen

Musique : Rutger Reinders

Montage : Annelien van Wijnbergen

Interprétation : Stefanie van Leersum , Kay Greidanus , Ludwig Bindervoet

Décors : Rikke Jelier

Montage Son : Evelien van der Molen

Prodcution : BALDR Film

Article associé : la critique du film

Sevilla de Bram Schouw

« Sevilla » de Bram Schouw est un film sur le voyage, sur le départ. En filmant trois jeunes gens, le réalisateur du film « Impasse » montre des êtres forts de l’amour qui les unit et d’une liberté solaire qui va s’éteindre brusquement.

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Il est souvent dit que le voyage importe plus que l’arrivée. Ici, le road trip sera à la fois la cause et la conséquence d’ultimes bouleversements dans les liens qui unissent Boris, sa petite amie et son frère.

C’est le temps de l’amour, le temps des copains, le temps de l’aventure…

Si le film s’ouvre un peu à la façon d’une bluette où tout semble très léger, c’est surtout de l’énergie qui se dégage des premières séquences dont il faut se nourrir. Les personnages sont sur le départ, la voiture est chargée, Boris prend le volant et invite les deux autres au voyage à destination de Séville.

Tout de suite, Schouw pose sa caméra dans la voiture break qui accueille les personnages du film. Les présentations aux spectateurs sont formelles, grâce aux gros plans sur les visages et les corps enceints dans l’automobile. On comprend sans mal qui sont ces trois personnes : les garçons sont frères et la fille, la copine de l’aîné. Pas besoin d’en savoir beaucoup plus pour comprendre que le personnage fort du trio est Boris.

Boris et les autres

Tantôt dans la provocation, tantôt dans la tendresse envers les autres, Boris agit comme le moteur du groupe. C’est lui qui impulse les mouvements. Il est fort de sa liberté qu’il saisit à chaque instant, chaque bouffée d’air qu’il capte le rend plus vivant. À l’image, ce personnage est toujours devant les autres. Schouw le filme avec un léger retrait, en le décadrant un peu comme si cet être était insaisissable. Les deux autres personnages le suivent sans condition. Ils s’accrochent à lui comme à un mentor, il est celui qui sait, celui qui avance, vite, aveuglément.

Les liens entre Boris, sa petite amie et son frère sont forts, intimes. Le réalisateur pose un regard très doux sur ce trio qui fonctionne en tant que tel. Les personnages constituent une réelle unité. Leur complicité semble sans concession : Ils existent ensemble, envers et contre tout. Le réalisateur joue à l’image avec cette force du trio ; lorsque l’un d’entre eux sort du cadre, il le fait entrer de nouveau dans le champ.

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De l’aube au crépuscule

Le film est monté avec une alternance entre flashbacks et moment présent. Le réalisateur oppose le voyage initial du trio et un second voyage sans Boris. Le nœud du film, la clé, est dévoilé à peu près au milieu du film: Schouw place une séquence qui agit comme le pivot chronologique entre le premier et le second voyage. Ce moment est celui qui précède le climax. Le réalisateur nous invite dans une longue séquence de fête dans un village français, une pause joyeuse dans le voyage. Dans cette parenthèse enchantée, les personnages flottent hors de toute contrainte. Ensuite, c’est l’accident.

Dans un long mouvement panoramique, on suit les trois personnages dans une funeste marche. Boris provoque une dernière fois les deux autres en les interpelant comme par défi : « Quand était-ce la dernière fois que vous avez fait quelque chose d’inoubliable ? »

« Sevilla » traite du voyage mais également du travail de deuil où ceux qui restent doivent composer avec l’absence. Ici, le frère et la petite amie reproduisent les derniers moments partagés avec Boris comme une façon de tourner la page et de terminer, enfin, le voyage jusqu’à Séville. « Sevilla » est un film qui travaille les codes du road trip et de la tragédie à travers le regard d’un réalisateur qui réussit à capter l’envie de vie de jeunes gens dans un mouvement cinématographique maîtrisé.

Fanny Barrot

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J comme La Jetée

Fiche technique

Synopsis : L’histoire d’un homme marqué par une image d’enfance. La scène qui le troubla par sa violence, et dont il ne devait comprendre que beaucoup plus tard la signification, eut lieu sur la grande jetée d’Orly, quelques années avant le début de la Troisième Guerre mondiale.

Pays : France

Année : 1962

Genre : Fiction

Durée : 28′

Réalisateur : Chris Marker

Scénariste : Chris Marker

Directeur photographie : Chris Marker

Son : Antoine Bonfanti

Musique : Trevor Duncan

Montage : Jean Ravel

Interprétation : Hélène Chatelain, Jacques Branchu, Jacques Ledoux, Davos Haniche, Pierre Joffroy, André Heinrich

Voix Off : Jean Négroni

Production : Argos Productions

Article associé : la critique du film

La Jetée de Chris Marker

Matière et mémoire

Modestement qualifié de photo-roman par son auteur, « La Jetée » est une œuvre unique, profonde et mystérieuse qui a marqué les esprits et inspiré plusieurs générations de réalisateurs. Projeté en ouverture du 35e Festival de Clermont-Ferrand plus de 50 ans après sa réalisation, ce film continue toujours autant de fasciner le public et la critique au point de prêter son nom au bâtiment qui abrite l’association « Sauve qui peut le court métrage ». Cet hommage rendu par le Festival de Clermont-Ferrand rappelle l’importance donnée au patrimoine cinématographique et par la même occasion à la mémoire du Cinéma.

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« Ceci est l’histoire d’un homme marqué par une image d’enfance »

« La Jetée » c’est une impression persistante, sonore et visuelle qui bouleverse la perception du spectateur. Peu de films ont mis en scène avec autant d’économie et de clairvoyance un mécanisme aussi complexe que celui de la mémoire humaine. (Re)voir « La Jetée », c’est découvrir un monde étrange composé de photographies en noir & blanc dans lequel un homme traverse le temps et tente d’échapper à la fatalité.

En substituant progressivement une image par une autre, le réalisateur donne l’impression que les photographies s’animent par elles-mêmes. Il parvient ainsi à contourner une des sacro-saintes règles du cinéma qui veut qu’un film se compose de 24 images par seconde. À chacune de ses photos, le réalisateur de « Sans Soleil » capture des instantanés de mémoire en suspendant le temps et crée ainsi la matière de son film. La composition des cadres est d’une grande précision, ceux-ci s’enchaînent avec tant de justesse que l’on jurerait les voir bouger. La musique de Trevor Duncan prend part également à cette illusion et donne le rythme au passage des images. Tel le fil d’Ariane, la voix mystérieuse de Jean Négroni lisant la prose poétique de Chris Marker nous guide dans cette recherche du temps perdu et démultiplie la portée des photographies.

« D’autres images se mêlent dans un musée qui pourrait être celui de sa mémoire »

Tout au long de sa vie, Chris Marker n’a cessé de questionner sa mémoire personnelle et la mémoire collective. Il a créé en 1997 un CD-ROM intitulé « Immemory » qu’il présente comme la « visite guidée d’une mémoire ». Il poursuit ainsi : « (…) Mon vœu le plus cher est qu’il y ait ici assez de codes familiers (la photo de voyage, l’album de famille, l’animal-fétiche) pour qu’insensiblement le lecteur-visiteur substitue ses images aux miennes, ses souvenirs aux miens, et que mon Immémoire ait servi de tremplin à la sienne pour son propre pèlerinage dans le Temps Retrouvé. »

À chacun sa Madeleine. Pour Chris Marker, ce fut l’héroïne de « Vertigo » de Hitchcock. Dans « La Jetée », la citation est explicite : l’homme et la femme se promènent dans un jardin et regardent ensemble la coupe d’un sequoia millénaire. Le cinéphile se souvient alors du personnage de Madeleine qui dans « Vertigo » montre à Scottie une semblable coupe de sequoia et pointe du doigt deux endroits : l’année de sa naissance et celle de sa mort.

Le héros de « La Jetée » est désigné par ses pairs pour participer aux expérimentations en raison de la persistance dans son esprit d’ « une image d’enfance ». Cette singularité va lui faciliter ses aller-retours dans le temps, mais aussi lui permettre, l’espace d’un instant d’échapper aux tortionnaires du présent, et de retrouver le visage de cette femme dont l’image a imprimé sa mémoire. Lorsqu’elle et lui se retrouvent, « elle l’accueille sans étonnement. Ils sont sans souvenirs, sans projet. Leur temps se construit simplement, autour d’eux, avec pour seuls repères le goût du moment qu’ils vivent, et les signes sur les murs. »

Chris Marker réussit le tour de force de suspendre le cours du temps jusque dans ses images. Il crée un film-monde très personnel tout en étant ouvert à l’identification, une véritable incarnation de la Mémoire, une invitation au voyage.

Julien Beaunay

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Solipsist d’Andrew Thomas Huang

Petit phénomène en soi dans le milieu artistique branché, Andrew Thomas Huang a su imposer avec « Solipsist » un univers coloré et texturé, marqué par une direction artistique très aboutie et un syncrétisme parfait dans l’utilisation de marionnettes et d’effets spéciaux. Ce petit bijou lui a valu de nombreuses louanges et récompenses, ainsi que l’attention d’un des grands noms de la musique islandaise, Björk, qui lui a confié, les yeux fermés, la réalisation de son nouveau clip : Mutual Core. Saluons le travail de défrichage de la programmation Labo du Festival de Clermont-Ferrand pour nous proposer une telle œuvre dans sa sélection 2013.

« Solipsist » se découpe en trois grands tableaux qui mettent en scène la fusion d’êtres distincts dans quelque chose de plus grand et de plus beau, une sorte d’entité mystique et supérieure qui dépasse le Moi original.

Dans le premier tableau, deux femmes assises dos à dos entament une chorégraphie dansée sous forme de transe synchronisée. Elles sont habillées de diverses fourrures, planctons et autres plumes qui, sous l’effet du va-et-vient musical, vont se répandre et constituer un costume de matière. Au son de la musique zen, la transformation s’opère inexorablement et une entité fusionnelle émerge des deux corps, monticule de textures et de couleurs évoquant quelque nature séculaire.

Dans le deuxième tableau, des êtres aquatiques de même type communiquent entre eux à l’aide d’impulsions sonores et lumineuses, quand soudain ils se retrouvent accostés par une autre espèce qui se met elle aussi à communiquer avec eux. Au détour d’un ballet enivrant de sons et de couleurs, une union s’opère entre ces différents êtres et aboutit à la création de nouvelles formes et espèces qui créent un tout d’une homogénéité parfaite.

Enfin, dans le dernier tableau, deux hommes sophistiqués et très semblables se croisent sur une plage déserte, mais s’évitent sciemment en se tournant le dos. Leurs visages et nombrils respectifs se rétractent alors sur eux-mêmes et s’éparpillent en grains de sable colorés pour aller à la rencontre de l’autre. Les deux flots de sable se rejoignent dans une gerbe d’explosion qui contamine les autres tableaux.

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« Solipsist » semble fonctionner en prenant le contrepied de la théorie philosophique du « solipsisme », à savoir qu’ « il n’y aurait pour le sujet pensant d’autre réalité que lui-même », en somme que l’ego est la seule chose dont nous ne puissions douter et que tout élément extérieur appartient à la représentation que l’on s’en fait. Tout au long de ces trois tableaux, Andrew Thomas Huang s’essaie à démontrer les écueils d’une telle forme de pensée en utilisant plusieurs figures et symboles évocateurs, comme par exemple ces nombrils et visages se désagrégeant en poussière. Le jeune réalisateur américain croit en la fusion des êtres, à un éveil à la conscience de l’autre et à la nature environnante. Il invite le spectateur à se transcender soi-même et à se laisser envahir par l’autre, il nous convie à une explosion de l’ego et à la création d’une nouvelle forme, supérieure et positive. Ce n’est pas anodin si Björk a fait appel à ses services. Elle a su reconnaître, au-delà de sa virtuosité graphique, la volonté du réalisateur de partager certaines valeurs d’union et d’ouverture qu’elle dispense également dans sa musique.

Julien Savès

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S comme Solipsist

Fiche technique

Synopsis : Ils pensaient être les seuls êtres réels dans ce monde étrange…

Genre : Expérimental

Durée : 10′

Pays : Etats-Unis

Année : 2012

Réalisation : Andrew Huang

Scénario : Andrew Huang

Directeur de la photographie : Laura Merians

Animation : Sebastiano D’aprile

Effets spéciaux : Cameron Clark / Alexander Martinez / Nate Jess / Zachary Nussbaum / Carlos Lopez Estrada

Son : Andrew Huang

Décors : Hugh Zeigler

Costumes : Lindsey Mortensen

Musique : Andrew Huang

Interprétation : Marissa Merrill / Mary Elise Hayden / Dustin Edward

Production : Moo Studios et Future You

Article associé : la critique du film

Rodri de Franco Lolli

L’art et la maîtrise du portrait

Avec « Rodri », Franco Lolli renoue des liens avec son film de fin d’études de la Fémis, « Como todo el mundo » : même équipe de tournage, même regard sociologique porté sur la société colombienne, même recours aux comédiens non professionnels. Le premier film avait déjà bien circulé en festival (à Clermont-Ferrand, entre autres, où il avait remporté le Grand Prix en 2008). « Rodri » lui emboîte le pas (Quinzaine des Réalisateurs, Festival Côté Court de Pantin, Premiers Plans d’Angers et maintenant, Clermont-Ferrand).

Format Court avait interviewé le jeune réalisateur alors qu’il sortait tout juste de La Fémis : son discours était déjà bien construit et il manifestait des envies ainsi qu’un style bien personnel. Aujourd’hui, à 29 ans, le jeune homme poursuit sur sa lancée et surtout, il prouve avec « Rodri », qu’il est resté fidèle à ses idéaux de cinéma d’il y a quatre ans en maintenant son intérêt pour l’intime, les gens, les rapports de classe.

Comme son titre l’indique, le film « Rodri » raconte l’histoire de Rodrigo Gómez, alias Rodri, quadragénaire vivant à Bogotá, entretenu par sa sœur aînée, Leticia. On suit pendant quelques jours cet homme au physique fragile, à l’allure un peu attardée, profondément paumé et détruit par sa relation avec son ex-femme.
Le film débute par une scène filmée dans un cabinet médical où l’insistance de la sœur de Rodri confirme la présence acerbe de celle-ci dans la vie de son frère. Femme au caractère autoritaire, elle décide de tout ce que doit faire, dire ou manger son frère sans que celui-ci n’ose réagir.

Y succèdent différentes scènes de la vie de Rodri, presque toujours accompagné de sa sœur : les achats pour une nouvelle paire de lunettes, la prise du petit-déjeuner à l’appartement, le premier jour d’un nouvel emploi et la fête d’anniversaire en famille dans une propriété à la campagne. Tout du long, Rodri ne cesse d’être considéré comme un enfant par Leticia, voire par tous les membres de sa famille. Et à chaque fois qu’il se permet de refuser une situation ou bien d’imposer un de ses choix, il récolte la colère et les critiques de sa sœur. Si bien que la conjoncture n’évolue pas vraiment : il n’a pas envie de faire d’efforts pour convenir à sa sœur puisqu’il ne souhaite qu’une chose, qu’on le laisse tranquille ; et elle, persuadée qu’elle doit rester vivre à ses côtés afin qu’il s’en sorte, persiste à jouer un rôle démesurément maternel.

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En Colombie tout particulièrement, la famille est sacrée, malgré les tensions qu’elle peut engendrer. Franco Lolli a tendance à souligner dans ce film comme dans le précédent, que l’on peut voir dans le devoir familial, une grande générosité aussi bien qu’un enfermement. On est par conséquent touché par ce personnage si malheureux intérieurement qu’il n’arrive pas à s’imposer dans cette famille tellement envahissante.

Le travail de Franco Lolli ne se résume pas seulement à raconter des histoires familiales ou sociales, mais plus volontiers à livrer des moments de vie, à filmer des individus sous forme d’une parenthèse de leur quotidien. C’est-à-dire qu’il les (sur)prend à un moment A et les laisse à un moment B pour tourner entre ces deux points. Ces héros-là (ou plutôt, ces anti-héros) ont eu une vie avant le film et celle-ci se poursuivra sa fin. On remarquera à ce propos que le réalisateur a pris l’habitude de signaler la période et le(s) lieu(x) de tournage à la fin des génériques de ses films, ce qui leur donne un aspect proche du documentaire et un regard assurément sociologique. Par exemple, « Rodri » a été tourné entre le 27 septembre et le 9 octobre 2011, entre Bogotá et Arbelaez en Colombie.

Concernant l’approche sociologique, Lolli maîtrise à merveille l’art du portrait. Que l’on soit sensible ou pas aux personnalités choisies par le réalisateur, on est conquis par ce qu’il filme, par la justesse du jeu des comédiens, par la crédibilité de la mise en scène, par l’intimité créée par ses choix de caméra, par la véracité des dialogues.

Le réalisateur dirige des comédiens qui ne sont pas professionnels avec une recherche de vraisemblance et de réalité, un peu comme l’auraient fait les frères Dardenne dans leur style. En l’occurrence, pour « Rodri », il s’agit de la propre famille du réalisateur. Autre remarque qui donne au film un aspect réel et authentique est le choix de ne pas accentuer l’émotion par la musique. Elle est effectivement absente du film sauf au moment du générique final où le Vallenato prend place pour rappeler les appartenances latino-américaines du réalisateur.

Franco Lolli nous offre, à travers « Rodri », une carte postale vivante, un regard unique et intime sur un contexte familial assez général où chacun pourrait finalement y trouver des similitudes avec sa propre famille. Notons que le réalisateur travaille aujourd’hui activement au développement de son long-métrage, « Gente de bien », avec la même « patte » sociologique et les mêmes thématiques qui lui sont chères.

Camille Monin

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R comme Rodri

Fiche technique

Synopsis : Rodrigo va bientôt avoir 47 ans. Il ne travaille plus depuis 8 ans.

Genre : Fiction

Durée : 23’

Pays : France, Colombie

Année : 2012

Réalisation : Franco Lolli

Scénario : Franco Lolli

Image : Sébastien Hestin

Montage : Nicolas Desmaison

Son : Samuel Aïchoun, Matthieu Perrot

Interprétation: Leticia Gomez , Fabiola Gomez , Rodrigo Gomez , Jorge Guijo , Eulalia Gomez

Production : Les Films du Worso

Article associé : la critique du film

P comme Prematur

Fiche technique

Synopsis : Prematur narre l’histoire d’un Norvégien, Martin, et de sa petite amie espagnole, Lucia, qui est enceinte. On suit le couple pendant leurs quinze premières minutes ensemble sur le sol norvégien, et notamment la rencontre de Lucia avec cette nouvelle culture, et surtout sa belle-famille.

Genre : Fiction

Durée : 17’

Pays : Norvège

Année : 2012

Réalisation : Gunhild Enger

Scénario : Gunhild Enger

Image : Marte Vold

Son : Rune Baggerud

Interprétation : Aina Huguet Estrada, Christine Stoesen, Eilif Hartwigsen, Martin Bohmer

Production : Motlys A/S

Articles associés : la critique du film, l’interview de la réalisatrice, notre reportage sur les films de Gunhild Enger

Prematur de Gunhild Enger

Dans Prematur, le court-métrage lauréat du Prix Format Court au Festival de Brest, présenté ces jours-ci  au Festival de Clermont-Ferrand, la réalisatrice norvégienne Gunhild Enger a su mêler de manière très maîtrisée, la sobriété à la violence, raison pour laquelle son film a retenu notre attention.

Martin, norvégien et Lucía, sa petite amie espagnole, attendent un enfant. Les parents de Martin viennent les chercher à l’aéroport et leurs retrouvailles se déroulent dans un seul cadre fixe, celui de l’intérieur d’une voiture. On aperçoit le décor humide des paysages norvégiens qui défile par les vitres au fur et à mesure que les langues se dénouent, particulièrement celle d’Anne-Lise, la mère de Martin.

Tous font preuve d’une politesse et d’une amabilité exemplaires qui deviennent, au fil du film, de plus en plus hypocrites, jusqu’à la brisure totale. On sent pourtant les efforts des parents de Martin pour converser avec leur belle-fille et tenter de la mettre à l’aise. Les sujets de discussion sont de l’ordre du cliché, passant des conditions de voyage du jeune couple aux diversités touristiques de l’Espagne et de la Norvège. Malgré une communication peu évidente, en partie due à la langue, la mère tâche de combler les vides. Le silence devient alors un personnage à part entière, celui qui créé le malaise dans cet espace confiné.

Lorsque les sujets abordés se font de plus en plus intrusifs, la tension monte entre le jeune couple et les parents. Et l’espace clos de la voiture créé une réelle sensation d’enfermement, d’étouffement, qui n’est pas à même de changer d’autant plus qu’aucune musique ne vient libérer le spectateur.

La mère aborde un sujet sensible et terriblement malveillant qui aurait pu largement offenser la jeune femme enceinte : celui de la perte d’un enfant durant la grossesse, en faisant allusion à une tante qui a vécu cet incident, tout en lui conseillant de se préparer à cette situation. Bien que particulièrement heurtée, la jeune fille n’ose rien dire ; c’est son petit ami qui craquera finalement devant le manque absolu de finesse de la part de sa mère. Son père, lui, garde le silence, en soutenant à la fois son épouse et en craignant également de prendre position. C’est à ce moment que nous prenons en compte le double sens du titre donné par Gunhild Enger : « prématuré » pour l’enfant né et mort avant l’heure, et la « discussion prématurée » pour le sujet évoqué trop tôt et hors contexte.

Suite aux mots brutaux de sa mère, le cordon est par conséquent coupé et la rupture est si brutale que Martin sort de la voiture. Métaphoriquement, il s’extrait de cette cage pour respirer, quitter le ventre de sa mère et refuser désormais tout échange avec elle.

Avec son film, Gunhild Enger réussit à nous prendre en otage, 15 minutes durant, pour parler de la violence et de l’écart générationnel. Elle parvient également à filmer avec subtilité ce qu’on appelle un moment de vie : un épisode choisi et déterminant dans la vie familiale. Nous nous retrouvons en effet témoins d’une scène « banale » où les protagonistes passent progressivement de la discussion à la dispute, toujours avec un seul et même point de vue qui se veut volontairement assez neutre.

On notera à ce propos le jeu des comédiens, d’une rare justesse et d’une incroyable crédibilité : de la joie des retrouvailles à un sentiment d’amabilité forcée jusqu’à la rupture totale, tout se joue avec une extrême finesse et une incroyable retenue. On pense alors à « Festen »de Thomas Vinterberg ou encore à certains films de Michael Haneke où la froideur des affole nos nerfs de spectateurs.

Camille Monin

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A Story for the Modlins de Sergio Oksman

Se voir offrir une histoire passionnante et étrange, clés en main, pourrait représenter le rêve de beaucoup de cinéastes. C’est ce qui est arrivé à Sergio Oksman, réalisateur de « Notes on the Other », précédemment montré au Festival de Clermont-Ferrand, qui a trouvé dans une rue de Madrid un carton contenant les archives personnelles d’une famille américaine, les Modlins et qui a décidé de reconstituer leur histoire rocambolesque, « à sa façon » comme il le précise fort justement. Objet réellement fascinant, « A Story for the Modlins », présenté dans la section Labo de Clermont-Ferrand, est le récit d’une ambition déchue et questionne la réalité et le fantasme. La vie et le cinéma.

Les lettres roses du générique de début sont un leurre. A la manière des lettres géantes et blanches d’Hollywood, elles appellent au rêve. Celui d’Elmer Moldin, acteur inconnu qui avec un rôle de figurant dans le chef d’œuvre de Polanski, « Rosemary’s baby » (auquel le court métrage emprunte son générique déroutant), atteint le climax de sa carrière et par la même occasion celui de son rêve américain.

C’est son histoire et celle de sa famille que Sergio Oksman tente de raconter à partir de photos, de lettres et de vidéos retrouvées sur un trottoir madrilène quarante plus tard au pied de l’immeuble autrefois habité par les Modlins.

Le dispositif utilisé est d’une simplicité déconcertante mais frappe par son efficacité et son côté hypnotique. Oksman pose les unes après les autres, dans un ordre chronologique, les photos de la famille Moldin sur un cadre noir et nous conte en voix off le récit de leur(s) vie(s). Quasiment à la façon d’un flipbook au ralenti, les images défilent et forment une suite passionnante d’événements à priori anodins mais qui prennent ici une dimension toute autre.

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Chaque membre de la famille devient ainsi un personnage. Le père, aspirant acteur rongé par l’échec est comme effacé, dominé par le caractère suffocant de cette mère, peintre et sculptrice qui fait poser son fils adoré en espérant qu’il puisse un jour réussir là où son père a échoué. C’est l’installation de la famille à Madrid qui semble précipiter ce trio vers la chute. Les volets de l’appartement restent fermés toute la journée et c’est dans ce huis clos que se joue la partie la plus intéressante du film.

Margaret Moldin, la mère, enchaîne les tableaux bibliques grand format qu’elle ne montre pas et qu’elle ne vendra jamais. Nelson, le fils, pose pour sa mère. Ephèbe aux cheveux bouclés et blonds, il ressemble à ces statues antiques qu’elle affectionne tant. Lorsqu’il décide de fuir le domicile familial vers l’Amérique du sud il grossit et devient quasiment quelqu’un d’autre, comme ci jusqu’ici il avait été préservé, modelé par le désir de ses parents.

Le cinéaste trouve également une cassette vidéo dans le carton qui contenait les archives de la famille, celle ci montre le couple dans son appartement décrivant à deux amies les tableaux religieux accrochés aux murs. Cette arrivée soudaine de l’image en mouvement montrant les Moldin âgés et quelque peu illuminés intervient comme un choc. On découvre leurs voix et leur vie dans cet endroit énigmatique et ce qui était jusqu’ici un enchaînement de photos devient instantanément réel, palpable.

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Cette « réalité » reste malgré tout constamment questionnée. L’auteur insiste dès son introduction sur le fait qu’il va nous raconter l’histoire des Modlins « comme il le souhaite » (« who would piece it together just as he pleased »). On peut en effet se demander si les faits relatés sont le fruit de son imagination ou s’ils relèvent de vérifications. On pencherait volontiers pour la première option tant cette « histoire pour les Modlins » est bien celle qu’Oskman semble leur offrir, leur créer, la rendant certainement plus romanesque qu’elle ne le fut. Jusqu’où alors la fiction empiète sur la réalité ? Nul indice n’est donné et le film tire sa force de cette incertitude et de ce balancement constant.

On pense bien évidemment au travail de Jonathan Caouette (« Tarnation », « Walk Away Renée ») qui ,en documentant sa vie sur vidéo, livrait un patchwork passionnant mais aussi plus récemment aux recherches de Sébastien Lifshtiz qui collectionnant les photos anciennes vendues en lot sur les brocantes, illustrant les vies d’inconnus, en avait fait le matériau de départ pour son film « Les Invisibles ».

« A Story for the Modlins »  est un peu comme cette boîte posée sur le trottoir de la capitale espagnole : un objet inattendu, incongru que l’on s’approprie avec un plaisir rare.

Amaury Augé

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S comme A Story for the Modlins

Fiche technique

Synopsis : Après avoir participé au film Rosemary´s Baby, Elmer Modlin a fui avec sa famille dans un pays lointain et s´est enfermée dans un appartement sombre pendant trente ans.

Genre : Documentaire

Durée : 26′

Pays : Espagne

Année : 2012

Réalisation : Sergio Oksman

Scénario : Carlos Muguiro, Emilio Tomé, Sergio Oksman

Image : Migue Amoedo

Montage : Fernando Franco, Sergio Oksman

Son : Carlos Bonmati

Musique : Carlos Bonmati

Production : Dock Films

Article associé : la critique du film

M comme Men of the Earth

Fiche technique

Synopsis : La circulation est arrêtée près de travaux sur la route. Mais que font les employés municipaux ? Une rencontre privilégiée avec un rituel ouvrier, sombre et secret.

Genre : Fiction

Durée: 9’50 »

Pays: Australie

Année: 2012

Réalisation : Andrew Kavanagh

Scénario : Andrew Kavanagh

Image : Kai Smythe , Kai Smythe

Son: Benjamin Holmes

Musique : Benjamin Holmes , Andrew Kavanagh

Montage : Andrew Kavanagh

Interprète : Paul Bennett

Décors : Dominic Kavanagh

Production : Ramona Telecican

Article associé : la critique du film