Tous les articles par Katia Bayer

Anna de Or Sinai, Prix Format Court au Festival de films d’écoles de Tel Aviv

Pour la première fois, Format Court a remis un prix au sein de la compétition israélienne au 18ème Festival international du film étudiant de Tel Aviv. Le Jury (composé de Katia Bayer, Marie Bergeret et Agathe Demanneville) a choisi de récompenser Or Sinai pour son film « Anna », une fiction qui dresse le portrait d’une mère qui, l’espace d’une soirée sans son fils, se lance dans une quête de satisfaction de son désir, et se redécouvre femme.

anna-or-sinai

Ce film abouti trouve un équilibre juste entre pudeur et volonté de dresser un portrait du désir féminin. Entre son rôle de mère célibataire et son travail, Anna a peu de temps pour donner suite à ses désirs, ce sont pourtant ces derniers qui déterminent le parcours du personnage et que la caméra de Or Sinai, issue de la Sam Spiegel Film & TV School de Jérusalem, parvient à capturer habilement.

Pour rappel, un dossier spécial sera consacré au film primé. Celui-ci sera diffusé lors d’une prochaine séance Format Court au Studio des Ursulines (Paris, 5ème). La réalisatrice bénéficiera également d’un DCP (relatif au film primé ou au prochain dans un délai de deux ans) crée et doté par le laboratoire numérique Média Solution.

Anna de Or Sinai (The Sam Spiegel Film & TV School, Israël)

Synopsis : Par une chaude journée d’été, pour la première fois depuis des années Anna se retrouve inopinément seule, sans son fils. La voilà donc partie pour une errance dans les rues de sa petite ville dans le désert, à la recherche d’un homme qui lui donnerait une caresse, même pour un bref instant.

Arnie de Rina B.Tsou

Réalisé par Rina B. Tsou, « Arnie » est une fiction taïwanaise et philippine faisant partie de la sélection des courts métrages de la 55ème édition de la Semaine de la Critique au Festival de Cannes. Le film suit l’histoire d’un jeune migrant philippin à Taïwan qui apprend que sa fiancée est enceinte d’un autre homme.

Dans « Arnie », Rina B. Tsou nous raconte l’histoire d’Arnie un migrant philippin servant en tant que matelot sur un navire de pêche taiwanais. Le film suit Arnie dans sa vie de tous les jours avec ses compagnons qui tout comme lui sont des migrants employés sur le même navire. Rina B. Tsou nous présente tout d’abord un personnage jovial et positif qui reste souriant et confiant malgré la situation précaire dans laquelle ses camarades et lui se trouvent. La première partie du film se concentre d’ailleurs là-dessus.

Puis vient un élément perturbateur qui change le personnage en profondeur. Alors qu’Arnie et ses camarades se trouvent dans un cyber-café afin qu’Arnie puisse demander sa fiancée en mariage par écran interposé il apprend que celle-ci est enceinte d’un autre homme que lui. Il s’opère alors un changement radical chez ce dernier. Le personnage joyeux et plein d’espoir dans le futur de la première partie du film devient plus distant et fragile. De façon réaliste et concrète la réalisatrice illustre le choc qu’un tel événement peut engendrer chez un homme et les différentes phases par lesquelles il peut passer afin de l’encaisser.

L’effet de cette nouvelle peut être perçu comme une véritable tempête s’abattant sur Arnie. Une vague qui fait chavirer ses émotions et l’emporte pour au final le noyer. Arnie est ce marin qui en navigant sur l’océan de sa vie s’est fait emporter par la lame de fond qu’a été la révélation de sa fiancée. Rina B. Tsou dresse une métaphore subtile où la vie est comme un océan, un flot constant animé par les vagues plus ou moins puissantes que sont nos émotions ainsi que celles des gens qui nous entourent pouvant nous emporter à n’importe quel moment.

Arnie

Rina B. Tsou fait ainsi de l’océan une véritable force motrice de la vie autant en tant que source de revenus de ces migrants philippins mais aussi comme une illustration mystique du cours de la vie en elle-même. Le courant peut également attirer deux personnes, à l’image d’Arnie et la jeune femme taïwanaise servant sur son navire.

Tous deux semblent inextricablement attirés l’un vers l’autre jusqu’à ce qu’Arnie soit mystérieusement emporté dans les flots, le courant pouvant certes réunir deux personnes l’une vers l’autre mais également les séparer de façon tout aussi certaine.

Gaël Hassani

Consulter la fiche technique

A comme Arnie

Fiche technique

Synopsis : Amarré dans le port de Kaohsiung, le matelot philippin Arnie achète, aidé par ses camarades, une bague pour demander la main de sa fiancée restée au pays. Ce qui aurait pu être le moment le plus heureux de sa vie prend une mauvaise tournure, car il apprend qu’elle est enceinte – mais pas de lui.

Genre : Fiction

Durée : 24′

Année : 2016

Pays : Philippines, Taïwan

Réalisation : Rina B. Tsou

Scénario : Rina B. Tsou

Image : See Wee Aw

Son : Jen Hao Kuo

Musique : Nityalila

Décor : Adrianne Chiu

Montage : Ming-Sheng Kao – Ching Chiao Wang

Interprétation : Whakin C. Maniego, Yu Hsuan Chen, Mei Man Jin, Erlejun Catequista, Joemel B. Curioso, Nino Maniego, Izra

Production : SANWOOD FILMS CO. LTD.

Article associé : la critique du film

Festival des Nouveaux Cinémas 2016

Organisée du 16 au 26 juin à Paris et en Île-de-France, dans 10 lieux différents, la 12ème édition du Festival des Nouveaux Cinémas propose de découvrir gratuitement un panorama de la création cinématographique numérique à travers une programmation de courts-métrages issus du monde entier (France, Allemagne, Ukraine, Russie, Corée du sud).

festival

S’ouvrant avec une séance en plein air aux Arènes de Lutèce, le Festival part à la rencontre de tous les publics dans des lieux prestigieux de la capitale et de ses alentours : (cinémas La Clef, Étoile Lilas, UGC Paris 19, Centre Wallonie-Bruxelles, Ris Orangis, Tousson, …). Les projections seront suivies de rencontres-débats, en présence des équipes des films, et de cocktails.

Dates et lieux : entrée Gratuite, réservation conseillée en complétant le formulaire en ligne : http://goo.gl/forms/vlRMVRw1KFDs9W5I2

Plus d’infos : www.nouveaucine.com

Chasse royale de Lise Akoka et Romane Gueret

Chasse royale ? À la base, un titre comme un autre, un premier film, un tournage entamé à la rentrée 2015, deux jeunes femmes (Lise Akoka et Romane Gueret) à la réalisation, l’aide d’une amie productrice (Marine Alaric, Les Films du Velvet), une cagnotte Ulule remplie par la famille, les copains et les anonymes.

À l’arrivée, un moyen-métrage formidable, puissant comme on les aime, ravivant l’amour qu’on porte pour le court, une véritable bouffée d’air dans le cinéma français, le genre de cadeau qu’on refuserait d’échanger ou de rendre, un moyen-métrage révélant deux jeunes réalisatrices très prometteuses, un film passionnant, beau, sauvage, repéré et primé par illy à la dernière Quinzaine des Réalisateurs, un court « waouh » qu’on n’est pas peu fier de projeter demain soir, à notre dernière Soirée Format Court de l’année, en présence de son équipe.

Point de départ. En faisant des repérages pour un casting de long-métrage dans le nord de la France, Lise Akoka et Romane Gueret font la connaissance de deux adolescents, un garçon (Corentin) et une fille (Ashley), fascinants, déroutants. Casting dans un collègue « Chasse Royale », logé dans un coin défavorisé de Valenciennes : impros, oubli de la caméra, fraîcheur, apprivoisement, spontanéité, … . Les deux filles sont conquises, mais leurs repérés refusent d’en être (Ashley) ou sont recalés (Corentin) par le réalisateur du long-métrage peu de temps avant le tournage prévu.

Frustrées, les deux jeunes femmes de la ville (Paris) s’interrogent sur leur place dans ces quartiers, sur l’espoir et la curiosité qu’elles ont suscités chez ces deux jeunes qui n’ont rien demandé (sans parler de tous ceux qu’elles ont rencontrés), sur les fantasmes liés au casting sauvage et aux projections entourant le mot « cinéma ». Elles refont un casting, ressentent une urgence de tourner, et tombent sur Angélique et Eddhy qui garderont leur prénom dans le film final, titré Chasse royale.

chasse-royale-akoka-Gueret2

Angélique reprend le « rôle » d’Ashley, Eddhy, celui de Corentin. L’histoire du film, c’est celle d’Angélique, issue d’une famille nombreuse, choisie pour passer un casting, mais dont la carapace, la « rebelle attitude » et la peur de l’échec se heurtent à d’autres émotions et à Eddhy, son « petit frère » de cinéma, drôle, spontané, qui voit dans l’expérience nouvelle proposée à sa soeur une opportunité formidable d’accéder à la célébrité et d’aller à Paris (la capitale, là où il y a Jim Morrison, Maître Gims et la Tour Eiffel).

Le reste suit : l’écriture, l’envie de faire un film sur un instant, une expérience, un partage, deux identités, dans un endroit précis, la confrontation à l’inconnu, aux inconnus, le désir de mêler réel et fiction, d’évoquer le statut du cinéaste et son image, de brouiller les pistes, mais aussi de se représenter en tant qu’auteurs sans visages, vocalement ou de dos, à l’écran.

chasse-royale1

Akoka et Gueret ne lâchent rien dans leur film. Ça crie, ça hurle, ça (s’)insulte, ça se rebelle, ça chante, ça pleure, ça rêve, ça crâne, ça flippe, ça se soutient, ça grandit aussi. La réussite de ce film tient à une  mise en scène extrêmement maîtrisée, à la palette d’émotions interprétées par ses jeunes comédiens sauvages, libres, féroces, vrais, à la beauté de ses cadres, à ses incursions musicales, à sa très belle fin et au cinéma joyeux, réaliste et pertinent proposé par ce nouveau duo de réalisatrices.

Katia Bayer

Consulter la fiche technique du film

Article associé : l’interview de Lise Akoka et Romane Gueret

C comme Chasse Royale

Fiche technique

Synopsis : Angélique, 13 ans, aînée d’une famille nombreuse, vit dans la banlieue de Valenciennes. Ce jour là, dans son collège, on lui propose de passer un casting.

Genre : Fiction

Durée : 28′

Année : 2016

Pays : France

Réalisation : Lise Akoka, Romane Gueret

Scénario : Lise Akoka, Romane Gueret

Image : Éric Dumont

Son : Guillaume Pellerin, Boris Chapelle, Marc Doisne

Décor : Julie Saillard

Montage : Albertine Lastera

Interprétation : Angélique Gernez, Eddhy Dupont

Production : Les Films Velvet

Articles associés : la critique du film, l’interview de Lise Akoka et Romane Gueret

Rappel. Nouvelle Soirée Format Court, spéciale Cannes, ce jeudi 9 juin

Ce jeudi 9 juin 2016, à 20h30, le magazine Format Court, consacré au court métrage, organise sa dernière soirée de l’année au Studio des Ursulines (Paris, 5ème). Seront projetés à cette occasion 4 films sélectionnés au dernier Festival de Cannes (Compétition officielle, Cinéfondation, Quinzaine des Réalisateurs).

Ne ratez pas cette séance exceptionnelle composée de nouveaux courts-métrages français, italien, espagnol et sud-coréen, suivie d’une rencontre avec deux équipes (Ali Asgari et Farnoosh Samadi Frooshani pour « Il silenzio », Romane Gueret et Marine Alaric pour « Chasse royale ») et d’un pot en fin de soirée.

Enfin, pour les amateurs d’animation, une exposition de dessins et croquis préparatoires autour du film « Decorado » d’Alberto Vazquez accompagnera cette toute nouvelle projection.

projo
projo1

En pratique

* Accueil : 20h
* Programmation, extraits, articles : ici !
* Durée : 88′
* Entrée : 6,50 €
* Réservations vivement recommandées : soireesformatcourt@gmail.com

Le Python de Julien David

Pour fêter le lancement imminent de la 4ème édition du Festival BD6Né (du 10 au 12 juin), rien de mieux que d’évoquer le film qui a reçu le Grand Prix lors de la 1ère édition, à savoir « Le Python » de Julien David.

Le Python de Julien David (Fiction, 17’, 2012, France, R!Stone)

Synopsis : Sophie, cinquante-cinq ans, est vendeuse en librairie dans une grande enseigne à Paris. C’est une femme seule, un peu caractérielle, dont le cœur est à prendre. Pendant les vacances, elle garde l’animal de son voisin de palier : un  python.

Œuvre protéiforme, utilisant images réelles et bouts de séquences en animation, « Le Python » explore la psychologie d’une femme, écrasée par la solitude, qui recherche amour et affection. Alors qu’elle accepte de garder l’animal de compagnie de son voisin, à savoir un python, elle doit affronter une nouvelle désillusion amoureuse. Elle commence alors à s’enfoncer peu à peu dans un repli névrotique et à s’abandonner à un désespoir nocif.
Flirtant avec plusieurs tons et genres (comédie noire, étude psychologique, film d’animation hystérique), « Le Python » travaille sur la métaphore frontalement, mais de manière très juste. Le film brosse avant tout un portrait de femme saisissant, en proie à la plus profonde solitude, et réussit à naviguer entre le rire et le sordide sans forcer le trait.

Julien Savès

Illégitime de Adrian Sitaru, en salles ce 8 juin

La liste des sorties en salles se poursuit sur Format Court. Après Arthur Harari, Prix Format Court à Brive 2014 avec « Peine perdue » (dont le premier long-métrage, « Diamant noir » sort en salles aujourd’hui) et Sylvain Desclous, réalisateur de « Le Monde à l’envers », Prix Format Court au Festival de Vendôme 2012 dont le premier long-métrage, « Vendeur », est toujours à l’affiche, on vous parle aujourd’hui d’une nouvelle sortie en salles d’un ancien lauréat Format Court.

illegitime-sitaru

Le cinéaste roumain, Adrian Sitaru, que nous avions primé en 2014 au Festival du film francophone de Namur pour son très beau film, « Art », sort son nouveau long-métrage (il en a déjà réalisé plusieurs), joliment nommé « Illégitime », aujourd’hui.

Le film est distribué par Damned Films, très proche du cinéaste (et à l’origine de la sortie en salles et en DVD d’un autre Prix Format Court, remis également au Festival de Namur, en 2013 cette fois, à « Les Jours d’avant », réalisé par le cinéaste algérien Karim Moussaoui qui prépare également son premier long-métrage).

Synopsis : Lors d’un repas de famille, quatre frères et sœurs découvrent le passé polémique que leur père leur a caché. Tandis que cette révélation divise la famille, un autre scandale surgit: Romi et Sasha, frère et sœur jumeaux, entretiennent secrètement un amour fusionnel et physique.

Alberto Vázquez. Dessin-langage, animaux iconiques, cousinage illustré

Réalisateur espagnol, prolifique et sympa, Alberto Vázquez a présenté son nouveau court-métrage d’animation « Decorado » à la Quinzaine des Réalisateurs cannoise. Dans quelques jours, le film sera présenté au public du festival d’Annecy en même temps que son premier long-métrage, « Psiconautas » (co-réalisé avec Pedro Rivero). Ce jeudi 9 juin 2016 nous diffuserons « Decorado » à notre nouvelle séance Format Court au Studio des Ursulines (Paris, 5ème), en accompagnement d’une exposition autour du film. Entretien avec son auteur, amateur d’histoires, de dessins et de courts-métrages.

Alberto-Vazquez

Format Court : « Decorado » n’est pas ton premier court. Dans ton travail, on sent que le conte te nourrit ainsi qu’un goût sombre pour les histoires.

Alberto Vázquez : Je viens du dessin, de l’illustration, de la bande dessinée. J’aime les contes classiques, j’ai envie de les traduire en animation avec ma propre vision du monde. Je ne sais pas pourquoi je fais ça, mais je le fais (rires) ! J’utilise le dessin comme un langage. Je dessine beaucoup, et je dois bien admettre qu’un certain nombre d’idées sont mauvaises (rires) ! Les films me permettent de transmettre mes idées. « Sangre de Unicorno », mon film précédent, empruntait déjà beaucoup à l’imaginatif, au fantastique, « Decorado » en est proche, à la différence que son niveau d’animation est renforcé. Avant, je faisais des courts en low budget. Pour ce film-ci, j’ai eu plus d’argent.

Tu as fait beaucoup d’illustration. Qu’est-ce qui te plait dans le dessin ?

A.V. : Les gens pensent que l’animation et la BD sont frères, mais ils ne le sont pas. Ils sont cousins (rires) ! Ce n’est pas la même chose. J’utilise beaucoup le langage des bandes dessinées, comme celui de l’ellipse en animation. Je n’ai pas étudié l’animation ni la BD. Mon langage, c’est mon sens de la narration (rires) !

Tu viens de faire un long-métrage, « Psiconautas », qui est basé sur un de tes romans graphiques. Quelle est l’histoire de ce film ?

A.V. :C’est une histoire sociale et intime dans un monde fantastique. Les personnages sont des animaux drôles qui évoluent autour de Birdboy, un oiseau qui ne peut pas voler et qui veut s’échapper de son île désenchantée. C’est un film choral, avec beaucoup de personnages.

Souvent, dans tes films, tu utilises des animaux pour interpréter des êtres vivants. Pourquoi ?

A.V. :C’est typique dans l’histoire de l’animation, comme Disney par exemple. Je ne sais pas pourquoi je fais ça, j’aime bien dessiner les animaux (rires !). Ils sont plus drôles et doux. Peut-être qu’ils sont iconiques et on peut ressentir plus d’empathie pour des icônes (rires) ! Pour le moment, je me sens bien avec les animaux, peut-être à l’avenir, je m’en désintéresserai.

En illustration, ton style est pourtant différent..

A.V. :En animation, je préfère garder un seul style. Les choses différentes, je les fais en illustration. Là, j’ai d’autres styles. J’ai travaillé pour El Pais pendant 8 ans, je devais illustrer des articles et des histoires différentes portant sur la politique, la psychologie, …. J’ai illustré aussi des livres pour enfants et pour adultes. À chaque fois, cela demandait un autre style. Mais en animation, je préfère faire les choses d’une seule manière.

Screen shot 2016-06-06 at 10.45.16 PM

Qu’est-ce qui a changé depuis que tu fais des courts ?

A.V. :Cela me rend très heureux. J’aime beaucoup les courts-métrages. J’aime bien que le dessin de manière générale raconte une histoire, peu importe que ce soit de l’illustration, de l’animation, de la BD. Comme je l’ai dit précédemment, la BD et l’animation sont cousins. La seule chose qui a changé, c’est que maintenant, quand je lis une BD, j’imagine la musique et le film derrière (rires) !

Tes films précédents étaient souvent imprégnés de couleur. « Decorado » est un film entièrement en noir et blanc. Pour quelle raison ?

A.V. :Nicolas Schmerkin (co-producteur du film, Autour de Minuit) m’a proposé de mettre de la couleur, mais comme mon film a recours à la gravure du 19ème siècle, je préférais maintenir le noir et blanc d’origine. Si je le fais, c’est pour mieux intégrer les formes, les figures, les arrière-plans. Pour moi, le noir et blanc est élégant, classique, atemporel.

Souvent, tes histoires se passent dans la campagne, les bois, les lieux sombres…

A.V. :Les animaux vivent dans les forêts, non (rires) ? Quand j’étais enfant, j’adorais Bambi mais j’étais aussi très curieux. Les classiques, comme Fantasia ou Dragon Ball Z, me passionnaient !

Pourquoi est-ce que ça t’a tellement plu ?

A.V. :Je ne sais pas, j’aime la capacité de raconter des histoires (rires) ! À 18 ans, j’ai publié ma première BD; si je n’avais pas dessiné, j’aurais essayé d’écrire.

Qu’as-tu l’impression d’avoir appris en animation ?

A.V. :À la base, j’ai étudié aux Beaux-Arts en Espagne. Je ne suis pas animateur, mais réalisateur. Je travaille avec Khris Cembé, un directeur d’animation, je fais toute la pré-production, le story-board, le scénario, le layout, les arrière-plans. On a une bonne communication avec Khris, je crois en lui, il croit en moi (rires) et je travaille avec des bons artistes. J’apprends beaucoup grâce à eux.

Tu sors en même temps un court et un long. Quelles en sont les différences ?

A.V. :Il y a beaucoup de différence entre un court et un long. « Psiconautas » a été très dur, le projet m’a fort fatigué. Même en étant deux réalisateurs et en se répartissant le travail, on a travaillé avec seulement 8 animateurs en 10 mois de production avec un financement de low-budget. Sur un long, il y a beaucoup de personnages et d’histoires à maîtriser, pour cela, tu dois avoir un bon storyboard et une animatique qui tienne la route. Heureusement, mon expérience de dessinateur de BD m’a beaucoup aidé car la narration m’a beaucoup appris.

Penses-tu faire d’autres courts ?

A.V. :Oui ! Quand tu fais un long, l’art est plus grand, plein de couleurs, de transitions, de scènes. La complexité est plus grande, c’est comme faire 8 courts ensemble, c’est super dur (rires) ! Après, je suis super heureux d’avoir pu mener à bien ce projet. Faire ce long en valait la peine, c’était réaliser un rêve d’enfant.

Comment le cinéma d’animation s’apprend-il en Espagne ?

A.V. :En Espagne, il n’y a pas d’écoles d’animation mais des écoles d’art ou des formations privées. Les films d’animation produits sont des films commerciaux ou des films en 3D. Il n’y a pas beaucoup d’animateurs, mais maintenant, une nouvelle génération d’animateurs apparaît et se forme, notamment avec le Net. C’est grisant !

Propos recueillis par Katia Bayer

Article associé : la critique du film

Consulter la fiche technique du film

Dernière porte au sud de Sacha Feiner, Prix Format Court au Court en dit long 2016

Pour la deuxième année consécutive, Format Court est partenaire du festival Le Court en dit long dont la 24ème édition s’est terminée hier soir au Centre Wallonie-Bruxelles à Paris.

Après avoir récompensé « Kanun » de Sandra Fassio, l’an passé, le jury Format Court (composé de Adi Chesson, Karine Demmou, Gaël Hassani, Aziza Kaddour) a choisi de primer cette année « Dernière porte au sud » de Sacha Feiner, parmi les 44 courts en compétition, un film d’animation fantastique mêlant l’innocence infantile au bizarre et à l’étrange selon Tim Burton.

Pour info/rappel, le film primé bénéficiera d’un focus spécial en ligne, sera programmé lors d’une prochaine séance Format Court organisée au Studio des Ursulines (Paris, 5ème). Le réalisateur bénéficiera, quant à lui, d’un DCP doté par notre partenaire, le laboratoire numérique Média Solution.

derniere-porte-au-sud-sacha-feiner

Dernière porte au sud de Sacha Feiner. Animation, 15′, 2015, Belgique, France, Take Five

Synopsis : Le Monde est fait d’étages reliés par des escaliers. Les étages sont faits de pièces reliées par des couloirs. Et tous les étages, ça fait le Monde. Telle est la théorie élaborée par Toto, l’ami et seconde tête siamoise d’un enfant que sa mère n’a jamais laissé sortir de l’immense manoir familial. Entre explorations de couloirs interminables, scolarité privée et visites au mausolée paternel, les frères n’ont jamais remis en question les limites de ce monde. Jusqu’au jour où, obsédés par une étrange lumière aperçue par accident, ils jurent d’en trouver le bout.

Sortie de « Diamant noir » de Arthur Harari le 8 juin !

Après vous avoir donné des nouvelles de Sylvain Desclous, réalisateur de « Le Monde à l’envers », Prix Format Court au Festival de Vendôme 2012, Héloïse Pelloquet, réalisatrice de « Comme une grande », lauréate du Prix Format Court au festival de Brive 2015 et de Erik Schmitt (Allemagne), réalisateur de « Nashorn im Galopp », Prix Format Court au festival de Brest 2014, nous attirons votre attention aujourd’hui sur Arthur Harari, réalisateur de plusieurs films dont le moyen-métrage « Peine perdue », ayant reçu le Prix Format Court au Festival de Brive 2014.

Arthur Harari, que nous avions invité à présenter son film au Studio des Ursulines en mai 2014, a achevé son premier long-métrage, « Diamant noir », avec Niels Schneider, August Diehl, Hans-Peter Cloos, Raphaele Godin, Guillaume Verdier et Abdel Hafed-Benotman. Le film, produit par Les Films Pelléas, sortira en salles en France le 8 juin prochain.

Synopsis : Pier Ulmann vivote à Paris, entre chantiers et larcins qu’il commet pour le compte de Rachid, sa seule « famille ». Son histoire le rattrape le jour où son père est retrouvé mort dans la rue, après une longue déchéance. Bête noire d’une riche famille de diamantaires basée à Anvers, il ne lui laisse rien, à part l’histoire de son bannissement par les Ulmann et une soif amère de vengeance. Sur l’invitation de son cousin Gabi, Pier se rend à Anvers pour rénover les bureaux de la prestigieuse firme Ulmann. La consigne de Rachid est simple : « Tu vas là-bas pour voir, et pour prendre. » Mais un diamant a beaucoup de facettes…

Concours. Reprise des courts de la Semaine de la Critique à la Cinémathèque

Comme tous les ans, la Cinémathèque reprend la sélection (courts et longs métrages) de la Semaine de la critique du Festival de Cannes. Pour accompagner cette reprise et vous permettre de voir les courts de Cannes, nous vous offrons 5 places pour chaque séance de courts métrages prévues le week-end prochain. Intéressé(e)s ? Contactez-nous !

Programme de courts métrages 1 : samedi 4 Juin 2015 – 19h30. Salle Georges Franju. En présence d’Erwan Le Duc et Cristèle Alves Meira. 5×2 places à gagner !

feeling

Le Soldat vierge de Erwan Le Duc /France / 2015 / 39 min
Prenjak de Wregas Bhanuteja /Indonésie / 2015 / 13 min. Prix Découverte Leica Cine du court métrage
Oh What A Wonderful Feeling /François Jaros /Canada / 2015 / 15 min
Campo de víboras / Cristèle Alves Meira /Portugal-France / 2015 / 20 min
Arnie /Rina B. Tsou /Taïwan-Philippines / 2015 / 24 min

Programme de courts métrages 2 : dimanche 5 juin 2016, 19h00. Salle Georges Franju. En présence d’Antoine de Bary. 5×2 places à gagner !

limbo

Limbo de Konstantina Kotzamani /Grèce-France / 2015 / 30 min
L’Enfance d’un chef de Antoine de Bary /France / 2015 / 15 min. Prix Canal+ du court métrage
Ascensão de Pedro Peralta / Portugal / 2015 / 18 min
Superbia de Luca Toth / Hongrie / 2015 / 15 min
Delusion is Redemption to Those in Distress (O Delírio é a redenção dos aflitos) de Fellipe Fernandes /Brésil / 2015 / 21 min

Nouvelle et dernière Soirée Format Court de l’année, jeudi 9 juin 2016 !

Notre dernière soirée Format Court de l’année, organisée le jeudi 9 juin à 20h30 au Studio des Ursulines (Paris, 5ème), accueille quatre films sélectionnés au dernier Festival de Cannes (Compétition officielle, Cinéfondation, Quinzaine des Réalisateurs) : « Il silenzio », un film tout en finesse et en pudeur, co-réalisé par deux cinéastes iraniens Ali Asgari et Farnoosh Samadi Frooshani, « 1 kilogram », un film d’écoles sud-coréen abordant un sujet tabou réalisé par Park Young-ju, « Chasse royale », un premier film bluffant né de l’expérience de castings sauvages co-réalisé par Lise Akoka et Romane Gueret, et « Decorado », le nouveau film épatant, sombre et animé du réalisateur espagnol Alberto Vazquez.

À l’occasion de cette nouvelle et dernière séance de l’année, venez rencontrer les deux équipes de films présentes et découvrir notre nouvelle exposition de dessins et croquis préparatoires organisée autour de « Decorado ». En guise de bonus sympa, la projection sera suivie d’un verre offert.

Programmation

1 kilogram de Park Young-ju, Fiction, 29’, 2016, Corée du sud, Korea National University of Arts, sélectionné à la Cinéfondation

1-kilogram-Park-Young-ju

Synopsis : Cinq ans après la mort de son fils, Min-young se joint à un groupe de femmes qui ont perdu un enfant. Mais si c’est pour entendre des rires…

Decorado d’Alberto Vazquez. Animation, 7′, 2016, France, Espagne, Autour de Minuit, UniKo. Sélection à la Quinzaine des Réalisateurs 2016 et au Festival d’Annecy 2016

Synopsis : Le monde est un merveilleux théâtre, il est dommage que le casting y soit déplorable.

Articles associés : la critique du film, l’interview d’Alberto Vazquez

Il Silenzio de Ali Asgari et Farnoosh Samadi Frooshani. Fiction, 15′, 2016, Italie, France, Kino Produzioni, Filmo. En compétition officielle au Festival de Cannes 2016. En présence des réalisateurs

Article associé : la critique du film

Chasse royale de Lise Akoka et Romane Gueret, Fiction, 28′, 2016, France, Les Films Velvet. Prix illy du court métrage à la Quinzaine des Réalisateurs 2016. En présence de l’équipe

chasse-royale1

Synopsis : Angélique, 13 ans, aînée d’une famille nombreuse, vit dans la banlieue de Valenciennes. Ce jour là, dans son collège, on lui propose de passer un casting.

Article associé : la critique du film

En pratique

* Jeudi 9 juin 2016, à 20h30. Accueil : 20h
* Durée : 79′
* Studio des Ursulines : 10 Rue des Ursulines, 75005 Paris
* Accès : RER B Luxembourg (sortie rue de l’Abbé de l’Épée), Bus 21, 27 (Feuillantines), 38 ou 82 (Auguste Comte), 84 ou 89 (Panthéon). Métro le plus proche : Ligne 7, arrêt Censier Daubenton (mais apprêtez-vous à marcher un peu…)
* Évènement Facebook : ici !
* Entrée : 6,50 €
* Réservations vivement recommandées : soireesformatcourt@gmail.com

Nouveau Prix Format Court au Festival de films d’écoles de Tel Aviv !

Le 18ème Festival international du film étudiant de Tel Aviv aura lieu du 9 au 16 juin prochain. Pour la première fois, Format Court y attribuera un prix au sein de la compétition israélienne. Le Jury Format Court (composé de Katia Bayer, Marie Bergeret et Agathe Demanneville) récompensera l’un des 22 films d’écoles sélectionnés, issus de 20 écoles israéliennes.

À l’issue du festival, un dossier spécial sera consacré au film primé. Celui-ci sera diffusé lors d’une prochaine séance Format Court au Studio des Ursulines (Paris, 5ème). Le réalisateur/la réalisatrice bénéficiera également d’un DCP (relatif au film primé ou au prochain dans un délai de deux ans) crée et doté par le laboratoire numérique Média Solution.

tau1

Films en compétition

– The Egg de Nadav Direktor
– Andy’s birthright de Noam Ellis, Ori Rom
– Blue In Green deLeigh Heiman Pruzanski
– Santé de Sabrine Khoury
– Funjoya de Omri Laron, Adam Weingrod
– InSight de Elad Ayzen, Gil Leron, Shahar Madmon
– Winds Junction de Rotem Murat
– Anna de Or Sinai
– Guilty de Gal El-ad
– Out of Reach de Efrat Rasner
– Blessed de Prague Benbenisty
– The Principle of Grace de Maya Kessel
– Scapegoat de Shulamit Tager, Gal Haklay
– In other words de Tal Kantor
– Within thy Walls de Omer Sharon, Daniella Schnitzer
– No One Should Be Here de Tsur Avigad
– With Full Belief de Matan Gradshtein
– Inside Shells de Tomer Shushan
– Feya de Liron Shnaider
– Last Round de Ziv Mamon
– Cold Water de Tehila Peter Dansker
– Between Two Deaths de Amir Fakhereldin

Naomi Kawase : « Pour arriver à regarder vraiment le monde aujourd’hui, il faut pouvoir le regarder complètement, entièrement »

Originaire de Nara où elle a créé un festival de cinéma, la réalisatrice Naomi Kawase (« Suzaku », « Shara », « La Forêt de Mogari », « Hanezu l’esprit des montagnes », « Still the Water », « Les Délices de Tokyo ») vient de présider le Jury de la Cinéfondation et des courts métrages en sélection officielle au 69ème Festival de Cannes. Entretien autour du Japon, de Nara plus précisément, du numérique, de l’expérience du court et du regard sur le monde.

naomi-kawaze

Vous avez commencé avec des films expérimentaux et avez fait des allers-retours entre les formats courts et longs, et travaillé autour de la famille, l’âge adulte. Quel est votre intérêt pour le court-métrage ?

Vous pouvez définir les courts à travers la longueur mais aussi les thématiques. J’ai toujours choisi des sujets qui me touchaient vraiment, qui étaient très personnels comme la famille. Le court comporte en soi une idée de recherche. C’est ce qui m’a permis de faire mon premier long-métrage « Suzaku ». Ici, à Cannes, à la Cinéfondation, les réalisateurs de courts-métrages sélectionnés vont très probablement être amenés à faire un long-métrage. Ils sont dans la recherche, ils ont prouvé qu’ils peuvent bien raconter une histoire dans un délai court.

suzaku

Vous avez créé un festival international de cinéma à Nara, chez vous, au Japon. Pourquoi était-ce important pour vous ?

Nara se trouve dans la campagne japonaise, c’est une ville qui ne joue aucun rôle économique. On parle toujours de Tokyo aux nouvelles, pourtant, il y a des choses précieuses à trouver dans cet endroit. Je veux que les habitants de Nara soient fiers de leur propre ville. Se focaliser sur leur ville, la filmer, leur permet de réaliser à quel point elle est magnifique. Les gens pensent que ce n’est pas un bon endroit, mais ce n’est pas vrai du tout !

Est-ce que ça marche ? Les gens se sentent-ils différemment grâce à votre festival ?

Au Japon, il n’y a presque que des Japonais, peu d’étrangers y vivent. C’est une île, quand on est au Japon, on est à l’écart. Comme beaucoup de gens viennent du monde entier pour le festival et que les films sont projetés au centre de Nara, le dialogue et la rencontre peuvent se faire. C’est une expérience qui inspire beaucoup de gens, les habitants de Nara y compris.

nara

Cannes est international et accueille des auteurs du monde entier. Quel regard portez-vous sur les jeunes auteurs de votre pays ?

Le niveau est très bas car ils ne sont pas inspirés. Certains sont partis à l’étranger, dans des écoles de cinéma, mais c’est très rare qu’ils restent sur place et quand c’est le cas, les films ne sont malheureusement pas très bons.

Les réalisateurs sélectionnés à la Cinéfondation ont étudié le cinéma. Vous êtes sortie d’une école de photographie. Y voyez-vous une différence ?

En fait, mon école [l’École des Arts Visuels d’Ōsaka] était considérée comme une école de photographie, mais j’étais dans le département cinéma. L’une des nos premières tâches, en classe, a été de recueillir des images dynamiques avec une caméra fixe, sauf qu’on ne pouvait pas changer de position ni zoomer. Il fallait regarder le monde à travers un point de vue fixe.

Avez-vous gardé cette idée ?

Oui. Pour arriver à regarder vraiment le monde aujourd’hui, il faut pouvoir le regarder complètement, entièrement. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas, on regarde les choses brièvement, comme lorsqu’on est sur son portable. Un proverbe japonais dit que quand on regarde une chose minutieusement, on peut tout comprendre. Mais actuellement, l’humanité se développe dans l’autre direction.

Pensez-vous que c’est votre job d’aller dans la bonne direction ?

Oui. Par exemple, avant, on écrivait tout à la main. Les mots prennent un autre sens à l’écrit, dépendent de l’écriture, …. . Maintenant, on délaisse la pellicule pour le digital, je pense que cela influence aussi le résultat final. Vous savez, les jeunes auteurs n’ont expérimenté que le numérique, ils ont commencé avec ce cinéma-là. C’est important de s’en rendre compte. Ils ne voient pas forcément la signification de regarder le monde dans son entièreté.

delices-de-tokyo

Les films de la Cinéfondation comme de la compétition officielle proviennent de contrées et de formations très différentes. Que recherchez-vous dans ces films ? La simplicité, par exemple ?

La simplicité, c’est la seule chose que je sais et que je peux faire (rires) ! Je ne sais pas comment ça se passe pour les autres réalisateurs, mais la simplicité m’a aidée tout au long de mon travail.

On ne vous connait pas vraiment pour vos premiers films, plutôt pour vos longs. Qu’avez-vous appris avec le format court ? 

Au début, quand vous faites du court, vous n’avez pas d’argent, même pour engager une équipe. Vous devez tenir la caméra et faire tout, tout seul. C’est un moment important, vous vous faites votre propre expérience, vous êtes vus, vous recevez en retour les réactions du public. Tout cela donne la force de poursuivre.

L’apprentissage passe aussi par les erreurs, non ?

Oui ! J’aime bien tenter des nouvelles choses. Évidemment, cela peut comporter des erreurs. J’essaye, je me trompe, j’essaye, je me trompe (rires!). Ce n’est jamais parfait !

Propos recueillis par Katia Bayer

Pour information, « Les Délices de Tokyo » sortira en DVD et Blu-Ray le 7 juin chez l’éditeur Blaq Out

5 pass à gagner pour le festival Le Court en dit long 2016 !

Le 24ème festival Le Court en dit long, dont Format Court est partenaire à nouveau cette année, aura lieu du 30 mai au 4 juin prochain. Ce festival compétitif de courts métrages produits ou coproduits en Belgique francophone diffuse pendant plusieurs jours, au Centre Wallonie-Bruxelles à Paris, 40 courts métrages belges francophones ou franco-belges en compétition, répartis en huit programmes thématiques.

avant-terme

Samedi 4 avril, la remise des prix sera précédée à 17h30 d’un film collectif (59′) « Avant terme » co-réalisé par Matthieu Donck et Xavier Seron, Antoine Russbach et Emmanuel Marre et Banu Akseki, et sera suivie à 19h30 de l’avant-première de « Parasol », le premier long-métrage de Valéry Rosier.

Bonne nouvelle : Format Court vous propose de gagner 5 pass pour assister à l’intégralité du festival. Intéressé(e)s ? Contactez-nous !

Le site du festival : http://www.cwb.fr/programme/24e-festival-le-court-en-dit-long

Short Screens #62: « Fais ce qu’il te plaît »

« En mai, fais ce qu’il te plaît », dit le dicton. Prenant la parole aux images, Short Screens vous a concocté une programmation de courts métrages traversés par un souffle d’émancipation et de liberté. Parce que vivre sa vie comme on l’entend et tracer sa route en marge des conventions, même pour un instant, est un délice auquel on aspire tous.

Rendez-vous le jeudi 26 mai à 19h30, au cinéma Aventure, Galerie du Centre, Rue des Fripiers 57, 1000 Bruxelles – PAF 6€

Visitez la page Facebook de l’événement ici.

Programmation

La Femme côtelette de Mariette Auvray, France, 2013, Fiction, 20’


Mme Alexandre est une vieille dame bourgeoise et ancienne femme côtelette. Elle reçoit ses amies dans son appartement haussmannien pour des ateliers d’hébreu, et loge un jeune homme bricoleur dans la chambre de son mari. Portrait d’une émancipation.

Coffee & Allah de Sima Urale, Nouvelle-Zélande, 2007, Fiction, 14’

coffee

L’amour d’une femme musulmane pour le café, l’islam et le badminton.

Le Sommeil des Amazones de Bérangère McNeese, Belgique, 2015, Fiction, 25’

sommeil-des-amazones

Camille a eu une aventure avec son prof de français. Exclue de sa communauté, elle s’enfuit et rencontre Lena, qui la prend sous son aile. Chez elle, elles sont déjà quatre. Elles forment une tribu, une famille, un groupe si serré que tout est partagé. Le reste du monde est leur terrain de jeu, leur adversaire. Elles se rebellent parfois juste pour la rébellion, mènent des batailles juste pour être en guerre. Car être en guerre, ça évite de devoir penser à la reconstruction.

Modern Love: A Kiss Diferred de Moth Collective, Etats-Unis, 2015, Documentaire animé, 3’46’’

ModernLove

La vie et les amours d’une ado de 12 ans, perturbées par la guerre en Ex-Yougoslavie.

Dulce Dolor de Moisés Aisemberg, Mexique, 2014, Fiction, 13’

dulcedolor

Une Piñata rencontre l’amour de sa vie en même temps que la raison de son existence.

Decorado d’Alberto Vázquez

Après avoir réalisé « Birdboy » et « Sangre de Unicornio »,  le réalisateur et illustrateur espagnol Alberto Vázquez revient avec un nouveau court, influencé par l’univers du conte, du fantastique et de la gravure, « Decorado », présenté à la dernière Quinzaine des Réalisateurs et au prochain festival d’Annecy.

Arnold, un ourson tout mignon, Maria, sa souris de copine, Ronald Duck, un comédien sur le retour, un copain fantôme, des poissons sexy à souhait, un monstre harpiste, un champignon parlant, un hibou géant, … : la dernière création d’Alberto Vázquez possède un sacré lot de curiosités.

Son film très court (7 minutes) fonctionne comme un tout entrecoupé d’un refrain (« Decorado », le décor) enchanteur ou flippant (c’est selon). L’histoire est celle d’Arnold, un petit ourson anxieux ne sachant jamais vraiment si il évolue dans le rêve ou la réalité, si ce qui l’entoure est un décor crée de toutes pièces ou sa propre vie.

Dans la foulée de ses précédents courts, le réalisateur continue de représenter les passions humaines sous les traits d’animaux : « Birdboy » s’intéressait déjà à une souris et à un oiseau échouant à prendre son envol dans un monde déshumanisé et masqué tandis que « Sangre de Unicornio » suivait des frères ours chassant la licorne sur fond de rivalité Caïn/Abel.

Avec « Decorado », Alberto Vázquez se balade élégamment entre l’étrange et le cauchemardesque, le monde intérieur, les hommages à Munch, les petites voix intérieures et les rires préenregistrés, la frontière complexe entre l’artifice et la réalité.

« Decorado » est un film intriguant, hilarant, glaçant, noir. Même animé, le film dit beaucoup sur le ressenti, la solitude face au monde, le lien amoureux, la folie, l’envers du décor. Ces thèmes se retrouvent ailleurs, sur papier puisque Vazquez, n’ayant pas étudié l’animation, a réalisé bon nombre d’illustrations pour la presse (jetez un oeil à la page Editorial sur son site internet) et achevé plusieurs livres qu’il n’hésite pas à adapter (comme pour « Birdboy »).

Avec son univers pour le moins singulier, un attrait pour le mystère et l’iconique, un rendu poétique/sombre, un côté touche-à-tout, Alberto Vázquez nous intéresse. Ses films se ressemblent et diffèrent à chaque fois. On sent un artiste évoluer, avancer dans son travail et ses recherches, prendre des risques tant au niveau de la musique, des voix (espagnoles,  ça change !) que de l’animation.

Si les premiers films se faisaient sans beaucoup d’argent, Alberto Vázquez peut désormais compter sur le soutien d’Autour de Minuit qui l’a accompagné pour « Decorado » et son premier long, « Psiconautas », co-réalisé avec Pedro Rivero, basé sur le roman graphique homonyme de Vazquez.

En juin, le film sera présenté dans la compétition officielle des longs-métrages à Annecy et on y retrouvera les personnages animaliers de « Birdboy » dans un monde désolé, dévasté. « Decorado » ne sera pas loin puisqu’il est programmé aussi, dans la compétition des courts. À la Quinzaine des Réalisateurs, ces jours-ci, ce dernier n’a peut-être pas remporté le prix illy du court métrage (le seul pour la forme courte dans cette section), mais il a représenté le film d’animation le plus original qu’on aura vu à Cannes, toutes catégories confondues.

Katia Bayer

Consulter la fiche technique du film

Article associé : l’interview du réalisateur

D comme Decorado

Fiche technique

Synopsis : Le monde est un merveilleux théâtre, il est dommage que le casting y soit déplorable.

Genre : Animation

Durée : 7′

Pays : France, Espagne

Année : 2016

Réalisation : Alberto Vazquez

Scénario : Alberto Vazquez

Son : David Rodríguez

Montage : Iván Miñambres

Musique : Víctor García

Voix : Angel Gómez, Josep Ramos, Kepa Cueto, Mireia Faura

Production : Autour de Minuit, UniKo

Articles associés : la critique du film, l’interview d’Alberto Vazquez