Tous les articles par Katia Bayer

H comme Hopptornet

Fiche technique

Synopsis : Des gens, seuls ou à deux, grimpent en haut d’un plongeoir de dix mètres, dans le but de sauter ou non, affrontant leur peur du vide.

Genre : Documentaire expérimental

Durée : 19′

Année : 2016

Pays : Suède

Réalisation : Axel Danielson et Maximilien Van Aertryck

Scénario, Image, Montage : Axel Danielson et Maximilien Van Aertryck

Son : Gustaf Berger

Production : Plattform Produktion

Article associé : la critique du film

Rappel. Soirée Format Court, ce jeudi 9 février 2017

Ce jeudi 9 février 2017, à 20h30, Format Court vous invite à sa nouvelle soirée de courts-métrages au Studio des Ursulines (Paris, 5ème).

Pour l’occasion, cinq courts-métrages français et étrangers (Belgique, Canada, Tunisie, Chili) sélectionnés et primés en festivals, seront projetés en présence de nos invités : Chabname Zariab et Judith Lou Lévy, réalisatrice et productrice (Les Films du Bal) de « Au bruit des clochettes », nommé aux Cesar 2017, Eugène Boitsov, réalisateur de « La Table », Prix Format Court au Festival d’Angers 2017 &  Léopold Legrand, réalisateur de « Angelika », Prix Spécial du Jury au Festival de Namur 2016.

En guise de bonus, « La Table » d’Eugène Boitsov, Prix Format Court au Festival d’Angers 2017, fera l’objet d’une exposition de dessins & croquis préparatoires.

Soyez au rendez-vous !

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En pratique

– Projection : 20h30, accueil : 20h
– Durée de la séance : 81′
– Studio des Ursulines : 10 Rue des Ursulines, 75005 Paris
– Accès : RER B Luxembourg (sortie rue de l’Abbé de l’Épée), Bus 21, 27 (Feuillantines), 38 ou 82 (Auguste Comte), 84 ou 89 (Panthéon). Métro le plus proche : Ligne 7, arrêt Censier Daubenton (mais apprêtez-vous à marcher un peu…)
Entrée : 6,50 €
Réservations vivement recommandées : soireesformatcourt@gmail.com
Event Facebook : ici !
Prochaine séance : jeudi 9 mars 2017 !

La Table d’Eugène Boitsov

Le réalisateur ukrainien Eugène Boitsov, auteur du court-métrage « La Table » vient d’obtenir notre Prix Format Court au Festival Premiers Plans d’Angers, dans la catégorie des « Plans animés » grâce à une animation d’excellente qualité, une composition dynamique et un rythme plein d’esprit. Le film sera projeté ce jeudi 9 février 2017 à 20h30 au Studio des Ursulines (Paris, 5ème) à l’occasion de notre nouvelle soirée Format Court, en présence du réalisateur. Une exposition de dessins et croquis préparatoires accompagnera le court-métrage.

Après avoir obtenu un diplôme à la Kharkiv Académie de Culture en Ukraine, Eugène Boitsov a travaillé pendant cinq années comme free-lance avant de s’inscrire à La Poudrière. Dans cette école française de cinéma d’animation, il a réalisé plusieurs court-métrages, tels que « C’est la vie », « Le Roi de la Montagne », « Les Bébêtes » et finalement « La Table ». Ce film de fin d’études de moins de cinq minutes est un court-métrage d’animation inventif mesuré au millimètre.

Le protagoniste, M. Charpentier, dont l’apparence géométrique et délicate est extrêmement liée à la technique précise d’animation de papiers découpés et à une personnalité méticuleuse, est obsédé par un conflit interne, l’oeuvre de sa vie : la création idéale d’un objet, une table, LA table. Apparemment heureux, M. Charpentier souffre toutefois d’un excès de perfectionnisme. En effet, son travail d’artisan est à la fois une source de grande passion et d’angoisse. Il fait de sa vie une oeuvre, sa table est une métaphore de son propre ego et son corps carré correspond aux dimensions de sa fameuse table.

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Dans le film, la création de la table ainsi que d’autres éléments sont influencés par les courants d’avant-garde tels que le suprématisme, le futurisme et même la performance. Sur un fond neutre blanc, des figures géométriques abstraites (réduites à des triangles, des carrés ou des cercles) contrastent avec des éléments plus organiques et naturalistes.

Non seulement, le style graphique s’intègre dans les différents courants de l’art moderne, mais il bénéficie aussi de l’influence orientale, comme par exemple, le jeu chinois « Tangram », casse-tête de sept pièces indépendantes qui peuvent se juxtaposer pour former un grand carré. M. Charpentier est d’ailleurs lui-même un singulier personnage démontable qui se (dé)construit telle une table.

Pour résoudre une imperfection se trouvant sur la surface de la table qui heurte sa sensibilité, M. Charpentier s’immerge dans sa boîte à outils, tel Newt Scamander qui entre dans la valise des créatures dans le film « Les Animaux Fantastiques »  (David Yates, 2016). Une fois à l’intérieur, M. Charpentier se retrouve dans un univers organisé et prévisible, accompagné par la musique parfaite, « Divertimento No 1 K.439: IV Menuetto » de Mozart, où il y a une place pour chaque chose et où chaque chose est à sa place. Un monde intérieur rigoureux et imperturbable, comme une vitrine de papillons disséqués.

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Néanmoins, à la surface, le monde réel perturbe le charpentier. Sa table est utilisée sans permission : d’autres personnes bizarres jouent aux échecs, écrivent ou même dansent sur la musique traditionnelle géorgienne (en opposition à la musique culte de Mozart) en causant la catastrophe in crescendo. L’empreinte des pièces d’échec comme la lampe et les coups, laissent leurs marques sur la table, maintenant presque réduite à son plus maigre élément.

Lorsqu’il perd la capacité de mener à bien la confection de sa table, aveuglé par la colère, le personnage produit accidentellement une sorte de sculpture moderne qui attire l’attention de la presse, en la voyant comme un véritable chef d’œuvre. Le charpentier, qui ne supporte pas cette tension médiatique, retourne dans sa boîte à outils où même la musique de Mozart ne fonctionne plus. Son monde, ses repères ont été brisés et son refuge est la folie (auto-) destructrice : il se métamorphose lui-même en table. C’est comme ça que l’artisan devenu artiste devient aussi objet et oeuvre.

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Ce film ingénieux, graphique et plein d’humour noir explore les limites de l’obsession par la perfection et nous offre une vision particulière de la tension entre vie et oeuvre. Avec un style graphique original, Eugène Boitsov anime des personnages contradictoires et absurdes, en offrant au spectateur une véritable mise en garde. La relation art-artiste, le processus créatif et la réception de l’oeuvre sont autant de sujets remarquables au service ce de film d’école intemporel et impeccable.

Adriana Navarro Álvarez

Consulter la fiche technique du film

Article associé : l’interview du réalisateur

L comme La Table

Fiche technique

Synopsis : Un menuisier perfectionniste est obsédé par l’idée de créer un objet idéal.

Genre : Animation

Durée : 04’20″

Pays : France

Année : 2016

Scénario : Eugène Boitsov

Réalisation : Eugène Boitsov

Son : Pierre Sauze

Animation : Eugène Boitsov, Camille Rossi

Montage : Myriam Copier

Mixage : Pierre Sauze

Production : L’école de La Poudrière

Articles associés : la critique du film, l’interview du réalisateur

Les lauréats des Goya 2017

La 31ème cérémonie des Goya, les récompenses de cinéma décernées chaque année depuis 1987 par l’Académie des arts et des sciences cinématographiques d’Espagne, a eu lieu ce weekend.

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Destinée à couronner les meilleures productions du cinéma espagnol, elle a élu trois courts-métrages nationaux. Côté documentaire, nous ne pouvons pas nous prononcer sur le film choisi (« Cabezas habladoras »  de Juan Vicente Córdoba, pas vu).

Côté fiction, le bien faible « Time Code » de Juanjo Giménez Peña, déjà Palme d’Or à Cannes cette année, a été plébiscité par les votants (on continue à se demander pourquoi tellement le film est aussi light qu’un yaourt 0%).

Bonne nouvelle toutefois du côté animé : « Decorado », le formidable dernier court-métrage d’animation d’Alberto Vazquez, influencé par l’univers du conte, du fantastique et de la gravure, a été primé par l’Académie qui a également élu son premier long-métrage « Psiconautas : Los niños olvidados » (co-réalisé avec Pedro Rivero) comme Meilleur Film d’Animation !

Clermont-Ferrand 2017

Le Festival de Clermont-Ferrand s’est ouvert ce vendredi 3 février 2016. Pour cette nouvelle édition, le festival propose ses traditionnelles sélections de courts en compétition (nationale, labo, internationale), consacre des séances spéciales à l’humour noir et à la Colombie et une carte blanche à Je suis bien content, et s’intéresse de près aux Regards d’Afrique et aux films en région.

Format Court vous propose de retrouver ses actus & articles publiés régulièrement dans son traditionnel focus annuel.

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Retour sur Clermont-Ferrand 2017
La critique de « Panthéon Discount » de Stéphan Castang (National, France)
Clermont-Ferrand, le palmarès 2017
« Permission », bourse des festivals à Clermont !
La critique de « Hopptornet »de Axel Danielson et Maximilien Van Aertryck (Labo, Suède)
Clermont-Ferrand, une sélection de films à voir en ligne
Clermont-Ferrand 2017, la sélection internationale
Clermont-Ferrand 2017, la sélection nationale
Festival de Clermont-Ferrand, les films en compétition Labo

Clermont-Ferrand, notre sélection de films à voir en ligne

Le Festival de Clermont-Ferrand est en cours depuis vendredi soir. Pour ceux qui ne peuvent s’y rendre ou qui souhaitent prolonger leurs séances, voici une sélection de films programmés au festival, visibles en ligne, repérés dans trois programmes parallèles.

Focus Colombie

Solecito de Oscar Ruiz Navia, Colombie

Articles associés : la critique du film, l’interview de Oscar Ruiz Navia et de Guillaume de Seille (Arizona Films)

Focus Humour noir

Una Furtiva Lagrima de Carlo Vogele (Etats-Unis)

Hasta los huesos de René Castillo (Mexique)

Article associé : la critique du film

Je vais à Disneyland d’Antoine Blandin (France)

Article associé : la critique du film

The Obvious Child de Stephen Irwin (Royaume-Uni)

Article associé : Annecy 2014 : La crème de la crème

Carte blanche Je suis bien content

O’ Moro de de Christophe Calissoni et Eva Offrédo (France)

Article associé : la critique du film

Fêlures de Alexis Ducord & Nicolas Pawlowski (France)

La Chair de ma Chère de Calvin Antoine Blandin (France)

Chroniques de La Poisse de Osman Cerfon (France)

Simon Cartwright : « Dessiner est toujours un bon moyen pour surmonter les problèmes »

En octobre dernier, le Jury Format Court a décerné son prix au festival Court Métrange de Rennes à « Manoman » de Simon Cartwright. Ce film d’animation en stop motion plonge son personnage en pleine crise de schizophrénie cathartique et aborde la question de l’identité, de la normalité, et de leurs inverses, l’autre, la folie. Pour l’occasion, nous nous sommes entretenus avec le réalisateur anglais, Simon Cartwright, sur la conception de son film, son travail en animation, et son état d’esprit pour mener ses projets à bien.

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Quelle a été ta première expérience en tant que réalisateur de court-métrage d’animation ?

J’ai fait mon premier court-métrage d’animation alors que j’étais encore étudiant à l’université, c’était une expérience autour de l’animation 2D, conçue spécialement pour trouver du travail. Ce n’est qu’après avoir obtenu mon diplôme que j’ai réalisé, au sens propre du terme, mon premier court-métrage « The Astronomer’s Sun » pour le UK Film Council (Conseil du cinéma britannique). C’était un film d’animation en stop motion.

En le faisant, j’ai beaucoup appris sur le récit, le cinéma, la musique… J’ai réalisé ce film avec une autre animatrice, Jessica Cope : nous avons tout fait par nous-mêmes, de la construction des décors à la fabrication des marionnettes, ce qui représente un travail assez conséquent mais c’est ainsi que j’ai appris à travailler, ce qui se révèle très utile lorsque tu te retrouves à collaborer avec d’autres personnes.

Tu as étudié dans l’une des écoles de cinéma les plus prestigieuses, la National Film and Television School (NFTS). Pourquoi l’avoir choisie et comment y était l’enseignement ?

Avant d’intégrer une école de cinéma, j’avais déjà un travail à mi-temps qui ne me laissait pas beaucoup de temps pour réaliser mes travaux personnels. J’ai senti qu’il était temps de me concentrer sur les films. Steve Warne, un très bon ami animateur, prévoyait d’intégrer l’école Nationale de film et de télévision, alors je m’y suis intéressé. J’ai pensé que ce serait le meilleur endroit pour progresser. C’était risqué de reprendre les études, les deux ans années écoulées ont été très difficiles !

Ce que j’ai beaucoup aimé avec cette école c’est qu’elle offre des cours pour chaque discipline cinématographique telles que l’image, le montage, la production, le son etc… Elle t’offre la possibilité de travailler avec d’autres personnes passionnées dans chacun de ces domaines. J’ai également beaucoup appris de mes amis étudiants, j’ai trouvé des personnes de confiance avec qui j’avais envie de travailler.

Quand tu avais l’impression de ne pas être à la hauteur du point de vue technique ou que tu te sentais bloqué, qu’est-ce qui te donnait envie de continuer ?

Dessiner est toujours un bon moyen pour surpasser les problèmes. Je fais souvent des storyboards de tout, même sans savoir ce que je fais. Le simple fait de dessiner quelque chose m’aide à trouver des solutions à mes problèmes. Je collectionne aussi beaucoup d’images – des photographies, des illustrations, des peintures ou encore des images de films. Lorsque je pense à une nouvelle histoire, je pioche dans mes images en essayant de construire mon histoire uniquement à travers les images sans les intellectualiser.

Je me suis rendu compte que je travaillais mieux en discutant de mes idées avec d’autres personnes. Quand j’étais à l’école, j’ai par exemple travaillé sur la plupart de mes projets avec Nina Gantz, elle aussi, réalisatrice d’animation. En quittant l’école, Nina et moi sommes devenus des partenaires de travail – Cartwright Gantz.

Quels ont les plus gros défis rencontrés en faisant « Manoman » ?

Le plus gros défi a été véritablement de fabriquer les marionnettes. Elles devaient être différentes de celles que j’avais faites dans mes autres films, j’ai donc dû apprendre beaucoup sur le mouvement, sur travail avec de la silicone. J’ai dû concevoir des trucages pour obtenir des plans différents. C’était une phase d’apprentissage très intense et parfois sans espoir.

Quel était ton objectif principal lors de la fabrication du film ?

Le film traite de la masculinité, un sujet souvent caché, c’est pourquoi j’ai voulu faire quelque chose de différent. J’avais l’intention de faire un film qui soit viril. Le film se devait d’être bruyant, rapide, grossier et agressif. Que les gens y adhèrent ou non, ce qui m’intéressait était de faire ressentir aux spectateurs un sentiment particulier même s’ils venaient à le détester ! Avec un peu de chance, le public finit quand même par voir les deux côtés de la masculinité, les bons comme les mauvais.

Quelles ont été tes références et/ou inspirations – en dehors de l’animation – dans la conception de ton film ? Dans la littérature, la musique ou le cinéma par exemple ?

Durant une grande partie de ma vie, j’ai fait de la musique, c’est l’influence la plus prégnante dans tout ce que je fais. Trouver les bonnes musiques sur lesquelles je peux travailler est la meilleure référence pour moi. Par exemple, pour « Manoman », j’ai écouté énormément de heavy métal et du punk. Cela m’a aidé à garder les choses brutes sans toujours chercher à faire quelque de parfait.

Le sculpteur Henry Moore a été également une autre grande influence. Ce qui me fascine chez lui, c’est la simplicité de ses sculptures qui dégagent pourtant une émotion certaine. Son travail m’a aidé à dépasser les personnages d’animation typiques que j’avais l’habitude de faire et à créer à la place des personnages avec très peu de détails.

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Quel a été le personnage pour lequel tu as eu le plus de plaisir à travailler sur « Manoman » ? Et pourquoi ?

Le personnage principal, Glen, était très intéressant à construire comme il était très anxieux et dans la retenue, sa performance pouvait donc être plus subtile que les autres. En utilisant de la silicone pour réaliser les personnages, j’ai pu obtenir le visuel que je voulais, puisque ce matériau n’offrait qu’une amplitude limité de leurs mouvements, ce qui m’arrangeait pour construire le personnage de Glen.

As-tu envisagé une autre technique d’animation pour ce film ? Qu’as-tu tiré de positif à travailler avec des marionnettes ?

Pendant longtemps, je pensais réaliser ce film en stop motion ayant déjà travaillé cette technique auparavant, mais j’ai décidé que ces petits personnages animés en temps réel donneraient plus d’énergie au film. Ça m’a permis aussi de prendre plusieurs prises d’une même scène, ce qui, en animation aurait été trop long et impossible.

Quelles astuces utilisais-tu, d’abord pour te motiver, ensuite pour motiver ton équipe durant le tournage ?

Ça a été un long tournage, il aura fallu trois mois pour tourner ce court, un plan de travail équivalent à un long-métrage ! C’était vraiment difficile de garder une forte énergie pendant une aussi longue période. Ce qui a aidé, c’est qu’avant le tournage, je me suis rendu au studio d’enregistrement avec le compositeur du film, Terence Dunn et l’ingénieur du son, Dayo James. Terry (Terence Ddunn) nous disait quoi faire alors que je jouais de la basse et Dayo de la batterie. Nous avons enregistré quelques morceaux bruts pour le film. Quand nous filmions certaines scènes, je lançais ces morceaux afin de redonner de l’énergie à toute l’équipe. Celle-ci est devenue comme une famille, si bien que dans les moments difficiles, ils me motivaient à leur tour parce qu’ils croyaient tous profondément au film !

Quel genre de difficultés peut-on rencontrer en créant un court métrage d’animation indépendant ?

Rester motivé est certainement la plus grosse difficulté à laquelle on peut se heurter puisque on doit tout faire soi-même, surtout si on travaille tout seul. Ne pas savoir faire de pauses peut aussi devenir un problème, mais il est nécessaire d’en prendre pour ne pas finir épuisé.

Trouver des personnes enclines à vous aider est également compliqué avec un petit budget mais ça vaut la peine de demander de l’aide à celles dont vous admirez le travail. Elles s’avèrent souvent bienveillantes et finissent par vous aider. Il est aussi facile de se retrouver bloqué et ne plus avoir suffisamment de recul pour se rendre compte de certaines incohérences que peut présenter le film. Montrer le film à d’autres personnes pendant la phase d’écriture du story-board est une bonne chose pour être sûr de faire quelque chose que les spectateurs vont vraiment vouloir regarder !

Le budget et les lieux de tournage sont toujours une barrière, c’est évident. C’est pour cela que j’aime le dessin car on peut le faire n’importe où sans avoir à se préoccuper de ces problématiques.

À ton avis, quels sont les compétences dont un cinéaste doit faire preuve pour réaliser un court-métrage d’animation, et que peut-il apprendre dans ce processus de création ?

Être capable de partager des idées de manière à attiser l’enthousiasme d’autres personnes. Parfois, le meilleur moyen est de leur montrer des références visuelles ou même de leur jouer un morceau de musique afin de mieux exprimer ce vers quoi le film doit tendre.

De façon plus technique, il faut être capable d’utiliser des logiciels de montage, de story-board, d’écrire des traitements de texte et des scénarios. Plus vous vous avez des compétences, moins vous aurez à compter sur d’autres personnes.

Tu as aussi travaillé dans la publicité. Quelle expérience as-tu dans ce domaine et quels défis as-tu rencontrés ?

Travailler dans le monde de la publicité demande les mêmes capacités telles qu’être capable de visualiser et de partager ses idées. Le plus gros défi auquel j’ai été confronté dans la publicité a été de devoir convaincre mes interlocuteurs de chaque petit détail et technique. C’est une discipline très intéressante puisqu’elle t’oblige à prendre en compte tous les aspects d’un projet du début jusqu’à la fin.

J’ai réalisé de nombreux story-boards pour des campagnes publicitaires, ce qui m’a appris à distinguer ce qui fonctionnait et ce qui ne fonctionnait pas. J’essaie d’appliquer tout ce que j’ai appris concernant la construction d’une histoire et d’un personnage à tous mes projets; qu’il s’agisse d’un film personnel ou d’une publicité, le public réagit face aux images de la même manière. Lorsque je dois pitcher et convaincre de la pertinence d’un projet publicitaire, je sais ce sur quoi mettre l’accent.

Quels conseils pourrais-tu donner à ceux qui voudraient réaliser un court métrage, et qui sont en dehors du monde de l’animation ?

Peu importe qu’il s’agisse d’animation ou de fiction, même si son histoire a déjà été racontée des milliers de fois, le réalisateur doit trouver un point de vue qui n’a jamais été traité . Notre point de vue en tant qu’être humain et la passion que l’on porte au projet fera que le public s’intéressera au film. La pire chose que peut faire un réalisateur est de faire un film ennuyant !

Propos recueillis par Adriana Navarro Álvarez. Traduction, mise en forme : Marie Winnele Veyret, avec l’aide de Gary Delépine

Articles associés : la critique de « Manoman », la critique de « Serenity Now »

L’Âge des Sirènes, Prix du Syndicat Français de la Critique 2016

La cérémonie de remise des prix du Syndicat Français de la Critique de Cinéma a eu lieu hier, lundi 30 janvier, à la Cinémathèque Française.

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Un jury de membres du Syndicat Français de la Critique de Cinéma a élu « L’Âge des sirènes » d’Héloïse Pelloquet comme meilleur court-métrage 2016. Le film, produit par Why Not Productions, vient d’obtenir le Prix du public et une Mention spéciale pour l’interprétation de Mattis Durand au Festival Premiers Plans d’Angers. Il a également été programmé à notre dernière Soirée Format Court (en présence de la réalisatrice) au Studio des Ursulines (Paris, 5ème) le jeudi 12 janvier 2017.

Pour rappel, Héloïse Pelloquet est une ancienne lauréate de nos Prix Format Court : nous avions primé son film de fin d’études de la Fémis, « Comme une grande », en 2015, au Festival de Brive.

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À Brive déjà, l’année précédente, nous avions décerné notre prix à Arthur Harari pour son film « Peine perdue », qui avait fait l’objet d’un dossier spécial et d’une projection en mai 2014, en présence de l’équipe. Depuis, vous le savez probablement, le réalisateur a sorti son premier long-métrage en juin 2016, « Diamant noir », produit par Les Films Pelléas, en lice pour les César, et élu hier aussi par le Syndicat Français de la Critique de Cinéma comme… Meilleur premier film français.

2 bonnes nouvelles donc pour nos anciens lauréats 😉

Mr Madila de Rory Waudby-Tolley, en ligne !

Alors que l’équipe de Format Court vient d’attribuer un nouveau Prix au Festival Premiers Plans d’Angers dans la catégorie des « Plans animés » à « La Table » réalisé par Eugène Boitsov, un étudiant issu de l’école de la Poudrière, le film de notre lauréat de l’an passé à Angers, « Mr Madila » de Rory Waudby-Tolley a été mis en ligne il y a quelques jours.

Ce court-métrage réalisé au Royal College of Art, que nous avons diffusé en avril 2016, en présence du réalisateur grâce au soutien du British Council, est une animation (très) légère, au croisement du documentaire fictif et du cartoon, où le réalisateur se met lui-même en scène dans une série de conversations entretenues avec Mr Madila, un extravagant marabout, bonimenteur au débit enflammé, enclin à lui révéler les puissants secrets de l’Univers.

Découvrez pour l’occasion ce film enfin visible dans son intégralité sur le web, mais aussi notre notre dossier spécial consacré à Rory Waudby-Tolle, publié en juillet 2016.

Synopsis : « Le Tout, dans l’ensemble, c’est du rien. Regardez-y de plus près et vous verrez tous les petits morceaux, tous les petits fragments, et tous les vides dans les interstices. » Mr Madila ou La Couleur du rien met en scène une série de conversations entretenues par le réalisateur avec un guérisseur revendiquant un don spirituel.

La Table d’Eugène Boitsov, Prix Format Court au Festival d’Angers

Pour la quatrième année consécutive, un jury composé de rédacteurs de la revue Format Court a remis ce samedi 28 janvier 2017, lors de cérémonie de clôture, un prix lors de la nouvelle édition du Festival Premiers Plans d’Angers, dans la catégorie des « Plans animés », regroupant 17 films de jeunes cinéastes européens en école d’animation. Cette année, le jury composé d’Adriana Baradri, de Stenny Sigere, de Marc-Antoine Vaugeois et de Katia Bayer a décidé de décerner le prix Format Court au court-métrage « La Table » réalisé par Eugène Boitsov, un étudiant issu de la prestigieuse école de la Poudrière.

Pour son trait cartoonesque intemporel et son écriture comique construite sur des délires géométriques savoureux, ce court-métrage d’animation a remporté rapidement tous les suffrages de notre jury. Sans se conformer à des effets de mode et en cultivant sa propre singularité avec minutie tout au long de ses quatre minutes, le film d’Eugène Boitsov fait mouche et donne envie de découvrir le travail de ce jeune auteur et de le partager.

Nous lui consacrerons donc un prochain focus sur le site Format Court et projetterons son court-métrage lors de notre prochaine séance Format Court le jeudi 9 février 2017, en présence du réalisateur, au Studio des Ursulines (Paris, 5ème). Le réalisateur bénéficiera également d’une copie DCP pour un prochain projet, dotée par le laboratoire numérique Média Solution.

Synopsis : Un menuisier perfectionniste est obsédé par l’idée de créer un objet idéal.

Nouvelle Soirée Format Court, jeudi 9 février 2017

Format Court a le plaisir de vous inviter le jeudi 9 février 2017 à 20h30 à sa nouvelle soirée au Studio des Ursulines (Paris, 5ème). Cette projection mettra en avant cinq courts-métrages français et étrangers (Belgique, Canada, Tunisie, Chili) sélectionnés et primés en festivals, en présence de trois équipes.

En guise de bonus, les 2 films d’animation programmés (« Vaysha, l’aveugle » de Théodore Ushev et « La Table » d’Eugène Boitsov, Prix Format Court au Festival d’Angers 2017) feront l’objet de 2 expositions de dessins & croquis préparatoires.

Programmation

Au bruit des clochettes de Chabname Zariab, Fiction, 26′, 2015, France, Tunisie, Les Films du Bal. En lice pour le Cesar du Meilleur Court Métrage 2017, Prix de la meilleure première œuvre de fiction au Festival de Clermont-Ferrand 2016 En présence de l’équipe

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En Afghanistan, les batchas sont de jeunes garçons prostitués contraints à danser habillés en filles pour un public d’hommes, sous la protection d’un maître. Au bruit des clochettes raconte l’histoire de l’un d’entre eux, Saman, qui voit arriver avec inquiétude la relève, Bijane, un garçon plus jeune qui doit prendre sa place.

Articles associés : la critique du film, l’interview de la réalisatrice

Vaysha, l’aveugle de Théodore Ushev, Animation, 8′, 2016, Canada, Office National du Film du Canada. En lice pour l’Oscar du Meilleur Film d’Animation 2017, Prix du jury & Prix du jury junior au Festival du film d’animation d’Annecy 2016

Pour Vaysha, le présent est invisible, même quand elle a les yeux grands ouverts. De l’œil gauche, cette femme ne peut voir que le passé, et de l’œil droit, seulement l’avenir. Tout le monde au village pense qu’on lui a jeté un sort et l’appelle « Vaysha, l’aveugle ».

San Cristóbal de Omar Zúñiga Hidalgo, Fiction, 29′, 2015, Chili, Cinestacion, La Medallita. Teddy Award du meilleur court métrage à la Berlinale 2015

Lucas rend visite à sa soeur sur une île isolée du Chili avant de partir à l’étranger. Avec Antonio, pêcheur, il vit une forte romance que certains locaux ne voient pas d’un bon œil.

Angelika de Léopold Legrand, Documentaire, 14′, 2016, Belgique, INSAS. Prix du Meilleur Court Métrage (compétition nationale) au Festival International du Film Francophone de Namur 2016, sélectionné au Festival Premiers Plans d’Angers 2017 En présence du réalisateur

angelika

Angelika a probablement vu trop de choses pour une enfant de 7 ans. Pourtant, sans jamais se plaindre, elle avance déterminée et courageuse. Entre le foyer où elle vit désormais et le chenil où elle va rendre visite au chien de la famille, elle marche la tête haute et le cœur gros.

La Table d’Eugène Boitsov. Animation, 4, 2016, France, La Poudrière. Prix Format Court au Festival d’Angers 2017. En présence du réalisateur

Un menuisier perfectionniste est obsédé par l’idée de créer un objet idéal.

Article associé : la critique du film

En pratique

– Projection : 20h30, accueil : 20h
– Durée de la séance : 81′
– Studio des Ursulines : 10 Rue des Ursulines, 75005 Paris
– Accès : RER B Luxembourg (sortie rue de l’Abbé de l’Épée), Bus 21, 27 (Feuillantines), 38 ou 82 (Auguste Comte), 84 ou 89 (Panthéon). Métro le plus proche : Ligne 7, arrêt Censier Daubenton (mais apprêtez-vous à marcher un peu…)
Entrée : 6,50 €
Réservations vivement recommandées : soireesformatcourt@gmail.com
Event Facebook : ici !
Prochaine séance : jeudi 9 mars 2017 !

FUCKKKYOUUU d’Eddie Alcazar

Expérimental, 8′, prod. : Eddie Alcazar, 2015

Synopsis : Avec la capacité de voyager dans le temps, une fille seule trouve l’amour et le confort en se connectant avec son moi passé. Finalement confrontée au rejet, elle lutte avec son identité et son sexe, et comme le temps se replie sur lui-même, seul l’un des deux peut rester.

Tourné en noir et blanc, le film d’Eddie Alcazar révèle lentement un personnage sombre et monstrueux, laissant magistralement beaucoup à l’imagination de l’auditoire en manipulant la lumière d’une manière très théâtrale. Le résultat est étrange et tension s’installe dès les premières secondes. La conception sonore de Flying Lotus se construit avec une tonalité extraterrestre qui trouble tout autant l’ouïe.

N’ayant pas peur de pousser leur public au-delà de leur zone de confort, les effets visuels du réalisateur sont éprouvants pour les yeux. C’est parfois difficile de les garder ouverts. Malgré tout un lien d’empathie se dessine pour la créature cauchemardesque. Une ambiance morbide et futuriste, à la fois organique et orgasmique où une fille solitaire se réconforte avec son double du passé. Une lutte incestueuse à laquelle une seule des deux survivra.

Le film difficilement compréhensible à la première vision installe un vrai malaise que l’on ne peut pas s’empêcher de rire au titre de la fin qui clignote « FUCKKKYOUU ». Brillant et fou, il faut admettre que le film nous emmène dans un tourbillon d’émotion de l’extase jusqu’à vomir.

Ce n’est pas un film nouveau puisqu’il s’est retrouvé l’an dernier à Sundance, il est déjà en ligne, mais il satisfera les fans de film de genre qui seront présents à la séance Courts mais Super Trash pour la dernière projection du festival Courts mais Trash (samedi 28 janvier à 21.00).

François Marache, fondateur et directeur du Festival Courts mais Trash

Simon Cartwright, Prix Format Court au Festival Court Métrange 2016

Primé fin 2016 du Prix Format Court au Festival Court Métrange, Simon Cartwright fait partie désormais de ces cinéastes à suivre. De « Sernity Now » à « Manoman » en passant par « the Astronomer’s Sun », Simon Cartwright cultive un cinéma de la métamorphose. C’est en explorant toutes les possibilités de l’animation qu’il crée des personnages fatalement perturbés et qui, le temps d’un voyage comme dans « Serenity Now », ou le temps d’une thérapie comme dans « Manoman », dévoilent aux spectateurs leur intérieur entaché des craintes socialement partagés par tous.

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C’est grâce à un travail minutieux à la fois des décors et du montage que ces craintes surgissent à l’image, troublent et au final réjouissent tant les propos se retrouvent transcendés. De la recherche ardente d’une masculinité à affirmer à une véritable vision mortifère et guerrière de notre société, le réalisateur anglais ose mettre des mots sur ce qui angoisse beaucoup sans demi-mesure. Simon Cartwright ne se contente pas de faire un cinéma qui plaît, bien au contraire, ses personnages souvent muets racontent leur époque avec une touche de poésie angoissante. En cela, Simon Cartwright assoit son univers quelque peu déjanté sans concession.

Marie Winnele Veyret

Retrouvez dans ce focus :

La critique de « Manoman »
La critique de « Serenity Now »
L’interview de Simon Cartwright

César, les résultats du second tour

La conférence de presse des César a eu lieu aujourd’hui. Voici les résultats des deux prix qui nous intéressent particulièrement à Format Court, avec comme pour les Oscars hier, quelques films visibles en ligne à la clé (grâce à Court-Circuit et Télérama)

Sont nommés pour le César du Meilleur Film d’Animation :

Café froid de Stéphanie Lansaque et François Leroy

Celui qui a deux âmes de Fabrice Luang Vija

Journal animé de Donato Sansone

Peripheria de David Coquard‐Dassault

Sont nommés pour le César du Meilleur Film de Court Métrage

Après Suzanne de Félix Moati

Au bruit des clochettes de Chabname Zariab

Au bruit des clochettes-Chabname Zariab

Chasse royale de Lise Akoka et Romane Gueret

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Maman(s) de Maïmouna Doucouré

Vers la tendresse d’Alice Diop

 

Oscars 2017, les résultats du second tour

Oscars, la suite. L’Académie des Oscars a dévoilé aujourd’hui les films nommés pour la 89ème cérémonie des Oscars, qui aura lieu fin février. En novembre, nous vous annoncions les résultats de votes du premier tour. Voici ceux du second, côté fiction, animation & documentaire, avec en bonus quelques films déjà visibles en ligne.

Fiction

Ennemis Intérieurs de Sélim Azzazi

Sing (Mindenki) de Kristof Deák

La Femme et le TGV de Timo von Gunten

Timecode de Juanjo Giménez

Silent Nights de Aske Bang

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Animation

Blind Vaysha de Theodore Ushev

Pearl de Patrick Osborne

Borrowed Time de Andrew Coats et Lou Hamou-Lhadj

Piper de Alan Barillaro

Pear Cider and Cigarettes de Robert Valley

Documentaire

Extremis de Dan Krauss

Watani: My Homeland de Marcel Mettelsiefen & Stephen Ellis

EUROPA,Deutschland, Frankfurt,, Ferhat tanzt, aufgenommen am 17.01.2016 © Alina Emrich

EUROPA,Deutschland, Frankfurt,, Ferhat tanzt, aufgenommen am 17.01.2016 © Alina Emrich

4.1 Miles de Daphne Matziaraki

The White Helmets de Orlando von Einsiedel & Joanna Natasegara

The White Helmets

Joe’s Violin de Kahane Cooperman & Raphaela Neihausen

Serenity Now de Simon Cartwight

Mis à l’honneur par le focus que Format Court lui réserve, Simon Cartwright n’en est pas à sa première réussite avec « Manoman » qui a remporté le Prix Format Court au Festival Court Métrange en octobre dernier. Il y a 4 ans, maniant déjà avec dextérité un art de la métaphore débridée et accrocheuse, Simon Cartwright livrait un pamphlet aussi concis qu’appuyé avec le très très court-métrage « Serenity Now ».

Dans la cabine d’un train, un homme est heurté par les manières de son voisin de cabine qui lui laisse imaginer les pires débordements aux conséquences tragiques. Le voir poser nonchalamment ses chaussures sur les sièges déclenche chez notre personnage des sueurs froides, des flashs violents d’images de guerre et d’horreur…

Pour convoyer ses idées à un rythme soutenu, et notamment au rythme de la pensée du personnage, « Serenity Now » use du stratagème de la citation, chacune de ses images se rattachant à une référence connue du public, qui lui permet d’être comprise plus facilement car déjà fortement connotée.

Le titre en est le premier signe, « Serenity Now » se situe dans la réflexion d’un grand monument du cinéma « Apocalypse Now ». Et si les personnages de Simon Cartwright sont muets, le fait que le film nous montre le train de pensée du protagoniste raccroche immédiatement notre lecture du court-métrage à celle de la vision du Capitaine Willard, le personnage incarnée par Martin Sheen dans le classique de Coppola.

Par ailleurs, cette référence guerrière se répercute sans transition sur la bande son, puisque le moindre mouvement des personnages est traduit par un bruitage d’armurerie, fait de sons métalliques et menaçants.

La menace représentée par le nouveau passager de la cabine culmine alors qu’il étire ses jambes sur la banquette du protagoniste, une montée de stress l’inonde alors sous un flot d’images brutales, d’humiliation, qui lui font sauter au cou de son supposé agresseur jusqu’à le défigurer dans un accès de violence cathartique.

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Au grand dam du personnage peut-être, cette libération sanglante n’est, comme les flashs d’images violentes la précédant, que le produit de son imagination. Le voisin de cabine se porte bien mais apeurée par l’expression tendue et humide de son vis-à-vis, ôte fissa ses pieds pour reprendre la position indiquée. C’est une victoire pour notre personnage, mais une victoire par la terreur.

Par le biais d’une animation stop motion qui permet de désamorcer un ton très cynique de la condition humaine moderne, brassant des références allant d’Alfred Hitchock et « L’inconnu du Nord-Express » aux derniers grands scandales médiatiques, Simon Cartwright exulte les tensions et paradoxes qui écartèlent les contemporains en proie à leurs sentiments les plus forts, les plus violents.

Gary Delépine

Articles associés : la critique de « Manoman », l’interview de Simon Cartwright

After Short, les photos !

Lundi 16 janvier 2017, nous organisions au Point Ephèmère (Paris, 10ème) notre premier After Short de l’année en partenariat avec la Société des réalisateurs de films (SRF) en l’honneur du Festival International du court métrage de Clermont-Ferrand 2017.

De nombreuses équipes sélectionnées en compétition nationale et labo étaient présentes : « Ce qui nous éloigne » de Hu Wei (Ama Productions), « Un ciel bleu presque parfait » de Quarxx (Blast Production, Broken Production), « Et toujours nous marcherons » de Jonathan Millet (Films Grand Huit, Offshore, Hélicotronc),, « Le Sens des choses » de Frédéric Radepont (Les Fil(m)s du Vent), « L’Exilé du temps » de Isabelle Putod (Les films de l’aqueduc), « Au loin, Baltimore » de Lola Quivoron (La Fémis), « Du plomb pour les bêtes » de Theorore Sanchez (G.R.E.C.), « Baby Love » de Nathalie Najem (31 Juin Films), « Guillaume à la dérive » de Sylvain Dieuaide (Yukunkun Productions), « Dirty South » de Olivier Strauss (Sedna Films), «  Bêlons » de El Mehdi Azzam (Barney Production), «  Rhapsody In Blueberry » de Gaëlle Denis (La Voie Lactée), « Panthéon Discount » de Stéphan Castang (Takami Production), …

Voici les photos de la soirée, signées Stenny Sigere.

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Short Screens #68: « Love Pains »

Il n’y a pas d’amour heureux, disait Aragon. A Short Screens de nuancer qu’il n’y a pas d’amour qui ne vive de heurts et d’ainsi consacrer sa séance de janvier aux peines de cœurs. En guise de préliminaires volontairement contestataires à la fête des amoureux, nous vous proposons une sélection de courts métrages où convolent à l’unisson affliction et affection !

En présence de Jean-François Ravagnan, le réalisateur de « Renaître ».

Rendez-vous le jeudi 26 janvier à 19h30, au cinéma Aventure, Galerie du Centre, Rue des Fripiers 57, 1000 Bruxelles – PAF 6€

Visitez la page Facebook de l’événement ici!

PROGRAMMATION

Renaître de Jean-François Ravagnan, Fiction, Belgique, 2015, 23’ (Les Films du Fleuve) – Prix Format court au Festival international du film francophone de Namur (FIFF), 2015

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Sarah, jeune femme d’origine maghrébine vivant en Belgique, apprend que Malik, l’homme qu’elle aime, s’apprête à se marier avec une autre femme en Tunisie. Seule, mentant à ses proches, Sarah traverse la Méditerranée pour le revoir une dernière fois. Même si elle sait que le mariage de Malik est inévitable, Sarah est déterminée à vivre jusqu’au bout l’amour qu’ils se sont porté.

Articles associés : la critique du film, l’interview du réalisateur

Quand on est amoureux, c’est merveilleux de Fabrice Du Welz, Fiction, Belgique, 1999, 23’ (La Parti Production)

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Pour fêter ses 40 ans, Lara, une femme en manque d’affection, s’offre les services de Joe, stripteaseur à domicile. Mais celui-ci refuse de se soumettre à ses fantasmes érotiques. Furieuse, Lara tue le strip-teaseur, et conserve le cadavre…

First Aid de Yarden Karmin, Fiction, Israël, 2010, 16’ (Sam Spiegel Film & Television School)

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A la veille de son mariage, Shay rend visite à Tamar, son ex, pour une dernière rencontre houleuse avant que commence sa vie maritale. La situation se complique à cause du suçon que Tamar lui laisse dans le cou.

Article associé :  la critique du film

Tati Ramitsu de Victoria Vancells, Animation volume, France, 2012, 10’ (JPL Films)

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Tati Ramitsu, une petite vieille exubérante et délurée, vit avec son chat Ernest. Victime d’un accident domestique Ernest se retrouve chez un étrange et mystérieux vétérinaire. Tati tombe littéralement sous le charme de ce dernier. Afin d’approcher et de séduire l’élu de son coeur, Tati subit un changement comportemental radical et devient alors le bourreau de son chat en lui livrant une guerre sans merci.

Dinner and a Movie de Ben Aston, Fiction, Royaume-Uni, 2013, 14’21’’ (Tolu Itegboje)

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Après avoir échangé des lettres romantiques durant un an, Randy Stubleski, un célibataire transi et la convaincante Crystal Philipps se rencontrent enfin alors que cette dernière sort d’une prison du Michigan.

Cathy et les hommes à passion de Jeoffrey Guillemard, Documentaire, France, 2016, 4’ (Jeoffrey Guillemard)

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Cathy est dominatrice SM professionnelle. Elle a commencé comme prostituée dans la mythique rue Saint-Denis à Paris à l’âge de 21 ans. Petit à petit, elle s’est dirigée vers le sadomasochisme et les « hommes à passion ». Aujourd’hui Cathy a 57ans et prend sa retraite. Elle nous explique sa vision du métier et sa relation avec ses clients qu’elle connait pour certains depuis plus de 20 ans. Bienvenue dans l’envers du décor d’un donjon sadomasochiste.

Keeper de Guillaume Senez

Il y a quelques temps sur Format Court, on vous faisait découvrir Guillaume Senez, un jeune réalisateur belge, l’une des promesses de sa génération. On l’avait rencontré et on avait apprécié ses courts métrages pour leurs sujets audacieux, leur mise en scène réaliste et leur direction d’acteurs particulièrement originale. Un ensemble qui trouve, selon nous, son paroxysme dans « U.H.T », un très beau court métrage sur un couple d’agriculteurs confronté aux difficultés du métier.

Avec « Keeper », son premier long-métrage sorti en 2015,  édité en DVD chez Blaq Out, et ayant obtenu son lot de récompenses et appréciations dans divers festivals de part le monde et nominé aux Magritte du cinéma 2017 (récompenses du cinéma belge) dans pas moins de sept catégories dont celle du “Meilleur film”, Guillaume Senez reprend un thème qui lui est cher, celui de l’adolescence. Après avoir approché la question du suicide chez les jeunes (« La Quadrature du cercle ») ou celle de la relation père-fils (« Dans nos veines »), il aborde ici l’hypothèse des “ados-parents”.

Maxime et Mélanie s’aiment passionnément comme on peut s’aimer à 15 ans. Certes, ils ne sont pas les premiers et ne seront pas les derniers. Sauf qu’ici, Mélanie tombe enceinte et par un subtil jeu de “pile ou face”, ils décident de garder l’enfant. Car après tout, n’est-ce pas l’unique “chose” qu’ils ont faite ensemble.

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Senez aime l’idée de mettre en scène une situation exceptionnelle au sein d’une réalité banale. Le propos du film n’est certainement pas de juger le fait d’être parent tôt ou encore celui d’avorter ou pas mais plutôt de poser les questions de la responsabilité sans nécessairement apporter de réponses toutes faites. Son mérite est de prendre le point de vue de Maxime qui, du haut de ses 15 ans, veut garder le bébé et d’y confronter le regard de la société au travers de personnages secondaires archétypaux: la mère de Mélanie veut qu’elle avorte pour ne pas qu’elle fasse la même “connerie” qu’elle avec Mélanie: être mère trop jeune et se retrouver à devoir endosser de grandes responsabilités trop tôt, la mère de Maxime accepte la situation, le père qui a été absent tente de se rattraper par le biais du football. Sport qui cristallise cette relation père-fils et qui donne un sens à l’adolescence de Maxime.

La maîtrise rencontrée dans « U.H.T » trouve néanmoins ici ses limites dans « Keeper » et l’on peut regretter une mise en scène moins probante. Les personnages déploient leurs palettes plus ou moins variée dans un ensemble de scènes qui, selon nous, s’éloignent quelque peu de la justesse de ton tant appréciée auparavant. Et pourtant ce n’est pas faute d’avoir essayé. On peut effectivement admirer la performance sans faille de Maxime (Kacey Mottet Klein, remarqué dans les films de Ursula Meier dont l’excellent court métrage documentaire « Naissance d’un acteur » ) et de Catherine Salée. Devenue l’actrice fétiche de Senez, celle-ci est une habituée des courts métrages belges qu’on a également pu apercevoir dans « La Vie d’Adèle » de Abdellatif Kechiche.

Et pour les amateurs, sur le DVD édité par Blaq Out, on peut découvrir les débuts du réalisateur belge grâce à deux de ses courts métrages « Dans nos veines » et  « U.H.T ». On l’a dit plus haut, « Dans nos veines » traite de la relation père-fils. Il serait en quelque sorte le pendant court de « Keeper » puisqu’il aborde également la future paternité d’un jeune ado si ce n’est que s’ajoute ici la question de l’hérédité. Le jeune Lionel, se demande s’il sera aussi violent avec son fils comme son père l’a été avec lui. Jouant subtilement sur les non-dits et les hors-champs, Senez arrive à nous interpeller avant son long sur une question cruciale.

Marie Bergeret

« Keeper » de Guillaume Senez. DVD, entretien avec le réalisateur, scènes coupées & courts-métrages. Edition : Blaq Out