Tous les articles par Katia Bayer

La passerelle de Juliette Soubrier

Filmer une reconstitution de scène de crime du point de vue de l’actrice qui joue la victime. Le postulat de départ de La passerelle a le don d’intriguer. Quand l’actrice en question se trouve être Florence Loiret Caille déjà mythique victime du vampire incarné par Vincent Gallo dans le Trouble every day de Claire Denis, l’intérêt va grandissant.

Juliette Soubrier dont c’est le premier film, réussit fort heureusement à éviter les effets de manches façon Faites entrer l’accusé et propose de s’éloigner du fait divers racoleur pour se concentrer sur le caractère pour le moins particulier de la situation via une mise en scène sobre mais efficace.

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Amenée en pleine nuit sur le parking d’un centre commercial désert où doit se dérouler la reconstitution, Florence prend son mal en patience et en profite pour réviser Phèdre dans la voiture de police. Le suspect arrive enfin escorté par de nombreux policiers et la première « scène » peut commencer. Elle se tient seule à l’intérieur du supermarché mais déjà rien ne va, ses chaussures sont à talons et pas plates, et ses cheveux ne sont pas attachés.  » Il veut que vous vous attachiez les cheveux », lui dit une femme en parlant du tueur qui la regarde derrière la porte vitrée.

À coups de « Mademoiselle », les flics, metteurs en scène d’un soir, la dirigent pour qu’elle adopte les gestes de cette femme qui sera amenée à mourir plus tard dans la soirée. Ce sont ces gestes, ces positions qu’on lui demande de prendre qui, petit à petit, font le lien entre elle et cette femme qui n’existe plus. Comme sur un tournage, on attend entre chaque changement de décor. L’angoisse monte, la mort approche. Personne à qui donner la réplique, pas de paroles réconfortantes.

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Le parking est glacial, la reconstitution touche à sa fin. L’agression arrive. Près de la voiture, le meurtrier présumé rejoue le moment où il a adressé la parole à sa victime. La tension est palpable et dans un geste de défense, l’actrice le repousse. « On fait semblant. On ne touche pas le prévenu » lui assène immédiatement le flic. La ligne est franchie, le contact établi. Dès lors, la déjà fragile demoiselle se perd dans ses émotions et ne distingue plus le jeu, le « faire semblant », de sa réelle angoisse. Comme la victime, elle part dans la pelouse adjacente, s’écroule puis rampe et hurle : « Me frappe pas, ça suffit ». C’est fini.

En faisant appel à Florence Loiret Caille pour ce rôle un peu casse-gueule, on reconnait déjà à Juliette Soubrier le talent de faire les bons choix. La réussite du film repose sur son interprétation de cette actrice à fleur de peau un peu paumée. Pour autant, la réalisatrice aborde son sujet avec une simplicité bienvenue sans en rajouter dans le pathos, signe d’une élégance certaine.

Amaury Augé

Consulter la fiche technique du film

Article associé : l’interview de Florence Loiret Caille

Pour information, le film sera diffusé en ouverture de notre 5ème Festival Format Court, le jeudi 25 avril 2024, en présence de notre marraine : Florence Loiret Caille.

Nicolas Boone : « Le cinéma rend visible l’invisible »

Après A 86 nord sortie 10, son précédent film qui se passait sur les toits dAubervilliers, le réalisateur Nicolas Boone présentait Aeroflux au festival Le Cinéma du Réel qui se tenait pour sa 46ème édition au Forum des images à Paris. Ce nouvel essai cinématographique de 42 minutes prend place autour de laéroport de Roissy Charles de Gaulle. Dans cette interview, Nicolas Boone nous raconte avec sincérité sa façon toute personnelle de travailler et sa vision dun cinéma libre, libéré de certaines contraintes de productions imposées par lindustrie du court et du long-métrage.

Format Court : Doù vient ton désir de filmer certains territoires insolites, comme ici dans ce film Aeroflux autour de laéroport ? 

Nicolas Boone : Après avoir tourné A 86 nord sortie 10, qui est un film en banlieue proche, je me suis dit que j’aimerais maintenant tourner en banlieue plus lointaine pour montrer un autre aspect. Avec mon vélo, je suis allé faire des repérages du côté de laéroport Charles De Gaulle. Jhabite à Aubervilliers, laéroport représente le bout du RER B. J’ai essayé de faire le tour de laéroport. Je me suis rendu compte que c’était très difficile, quil ny avait pas de chemins, que ce n’était absolument pas fait pour les vélos. Jy suis allé une vingtaine de fois. Ce qui m’intéressait, c’était daller où on ne va pas : entre les flux, dans les interstices, les angles morts, le hors champ, ce qui est caché et rendu invisible… Pour moi, le cinéma, cest rendre visible linvisible. Aller là où on ne va pas. Le cinéma, c’est voir. A 86 Nord sortie 10, c’est un film sur un territoire, un parcours par les toits dAubervilliers. Tous mes films sont des parcours géographiques. Écrire un film revient à marcher, explorer, rencontrer des gens, collecter des histoires, dessiner des circulations. Dessiner des cartes ou repérer, cest déjà commencer à faire un film.

Comment est-ce venu dans ton parcours ?

N.B. : J’ai commencé le cinéma par la performance. Cette idée est restée. Au début, pour mes films il n’y avait pas de caméras. C’était le moment de tournage qui mintéressait. Ensuite, ça a évolué mais le tournage est toujours resté essentiel : voir le film en train de se faire. Pour moi c’est important que la performance du tournage soit là. Dans mes films récents, je n’écris jamais les dialogues, ils sont improvisés. Ce sont des paroles « live ». Le tournage, pour moi, c’est le « live du film ». Jai envie de créer des situations et qu’à partir de ces situations, le film s’écrive.

Pour Aeroflux, jai pédalé à la recherche de gens, jai roulé, jai senti lespace mais je n’ai trouvé que des absences, que des flux. Dans mes films, il y a toujours beaucoup de monde. Ce sont des rassemblements, des foules. Ce sont souvent des films choraux. Or ici, je n’ai trouvé personne. Je n’ai trouvé que des machines vides, des chantiers vides, un camp de Roms abandonné. Parfois, je suis retourné cinq ou six fois sur un site. A un moment donné, j’ai senti comment filmer : j’ai installé une GoPro sur mon guidon. Je me suis dit qu’aller dans ce paysage avec une équipe technique, ce n’était pas possible. C’était trop risqué… Au début, je voulais amener des acteurs. Finalement, je me suis dit quil fallait travailler avec labsence. Cette fois, les foules sont prises dans le flux, dans des boîtes : les voitures, les camions, les aéroports, les avions.

Le film est chapitré avec des cartes, comme si tu emmenais le spectateur dans une visite. Comment est venue cette idée ?

N.B : Quand j’ai commencé à travailler avec le monteur Philippe Rouy, je lui ai montré mes images ainsi que des captures des 19 relevés GPS de mes 19 parcours autour de laéroport. Il a eu l’idée d’en faire des chapitrages. Je les ai redessinés pour me les réapproprier. On a aussi augmenté les cartes dautres relevés du paysage que javais fait pendant mes parcours : des listes de relevés de plaques dimmatriculation, des numéros de vol, des noms de communes, de lieux-dits, des codes postaux….

Tu parlais de la GoPro, on la voit parfois dans le film, notamment son ombre. Quest-ce qui te parle dans le fait de faire intervenir le processus de fabrication cinéma dans le film ?

N.B : C’est moi qui filme, caméra à la main ou embarquée. On le sent, on le voit. En installant la caméra sur mon vélo pendant les déplacements, on entend le vent de la vitesse, mon souffle, mon pédalier….. Mais je navais pas l’impression de filmer. J’oubliais qu’il y avait une caméra. Je navais pas l’impression d’être chef op. La caméra dessine le parcours. Tous mes choix sont arbitraires face au GPS autoritaire. Il y a souvent un combat entre le vivant et le non-vivant : le joggeur qui est avec son corps, avec sa joie, face au Terminal 2 programmé à recevoir un avion toutes les deux minutes. C’est quelque chose qui revient souvent dans le film. Le paysage technologique hyper régulé, précis, face à un corps qui souffle, hésite. Ça crée une dualité, dans laquelle le film se dessine. Plus je roulais, plus l’aéroport m’est apparu comme une frontière, qui ne refoulait pas que les sans papiers, mais tout ce qui n’était pas du flux marchant…

Comment composes-tu les équipes de tes films ? Comment choisis-tu tes partenaires ?

N.B : Avec Philippe Rouy, le monteur, ça fait très longtemps que lon travaille ensemble. On s’entend bien, on a un rapport de confiance. Il est arrivé à un stade où j’avais commencé à isoler sur la time line différents moments du tournage. Ensuite, il a eu lidée de mettre ces chapitrages, d’organiser le film en 19 chapitres. Ces 19 chapitres représentent 19 expériences différentes dans le paysage technologique de l’aéroport. Une fois, on passe en dessous, une autre, on passe dans un interstice, puis c’est la « rue brûlée », ou la piste cyclable avec le jogger batteur, ou encore le camp Rom. A chaque fois, ce sont des expériences différentes.

Est-ce que tu pourrais nous raconter ton rapport au court-métrage ?

N.B : Quand je fais un film, je ne me pose jamais la question de la longueur. Je fais des films, puis après, au montage, je me rends compte de sa durée. Là, il fait 42 minutes, avec Philippe, on a puisé dans toutes les images que j’avais. Jai l’impression d’être loin des critères commerciaux ou industriels du court ou du long-métrage…. La longueur de mes films revendique une certaine liberté non formatée. Mes films sont spontanés, il n’ont pas de scénario. Je prends des notes, des photos, je cherche au fur et à mesure, en repérant, en tournant… Jinstalle ce que jappelle un « dispositif à histoire ». Ici cest le lieu du tournage, le vélo, la GoPro… Dans A 86 nord sortie 10, le dispositif était les toits dAubervilliers, accueillir des gens, des habitants non acteurs sur les toits. C’est ça qui était génial. A peine les gens montaient sur le toit, pris de vertige, ils hallucinaient, ils étaient bien là haut, au dessus de la ville. Ça leur faisait être « autre » et au niveau de la mise en scène, ça a très bien marché.

Considères-tu que tes films sont assez soutenus ? Quel est ton rapport avec les commissions ?

N.B : C’est une économie très fragile. Pour ce film, il y a deux financeurs : la Fondation des artistes, qui m’avait déjà suivi sur un film précédent et le CNAP (Centre Nationale des Arts Plastiques) qui est arrivé à la post-production et qui m’a permis de payer le monteur, toute la post-prod, l’étalonneur, les exports… L’argent est arrivé après. C’est une économie qui se régénère mais qui reste très fragile. C’est peut-être la condition de faire un cinéma complètement libre comme le mien. Cest pour ça que je suis très heureux davoir été sélectionné au festival Le Cinéma du Réel. Le film a été vu !

Propos recueillis par Damien Carlet

Retour sur les courts primés au Cinéma du Réel 2024

Du 22 au 31 mars se déroulait la 46ème édition du festival Cinéma du Réel. Une programmation riche en propositions documentaires, avec des longs-métrages comme des courts, des visions inspirantes et atypiques, des expérimentations et des rétrospectives avec les réalisateur.ice.s Claudia Von Allemann, James Benning et Jean Charles Hue. Côté courts métrages, le jury a décerné le prix 2024 à The Periphery of the Base de Zhou Tao ainsi quune mention pour Light, Noise, Smoke, and Light, Noise, Smoke de Tomonari Nishikawa. Deux films expérimentaux, forts en perception et qui témoignent de la contemplation dun monde vaste.

Dans The Periphery of the Base, le réalisateur choisit de filmer le désert de Gobi. Plusieurs personnes y évoluent, souvent seules au milieu de rien, dans une terre aride où pourtant la vie existe. Dès le début, le plan se fige sur deux ouvriers en train de manger. Lhorizon est lointain, le paysage vide. La caméra se rapproche très lentement, les isolant encore plus. En premier plan, des véhicules flous défilent et rappellent quil y a bien des gens ici, que cette image désertique nest pas inanimée. Les plans se succèdent et dévoilent toujours une nouvelle personne, quelquun.e qui marche, qui erre. Le but de chacune reste imperceptible. Ils et elles deviennent de plus en plus fréquents et le réalisateur filme leurs habitations. Sinueusement, la caméra se meut dans les recoins dune tente, dun matelas. Elle décrit la présence dautrui. Elle nest pas fixe, continuellement en train de chercher le détail. Comme le disait le réalisateur au cours dun entretien accordé au festival : « Ce qui mintéresse, cest de filmer la façon dont les gens interagissent physiquement avec les lieux, leur présence. » Il émane quelque chose dorganique dans cette mise en scène, une sensation pesante. Une langueur accentuée par cette suite de plans séquences que constitue le film.

Limage est dune perception nette, très précise. Elle saligne à des lignes naturelles formées par la terre et à la marche dune personne. Les yeux divaguent, se perdent dans limmensité du désert, les mirages de notre perception accentuent le sentiment de planer. Le réalisateur a choisi de filmer la périphérie, ce qui est au bord, la vie qui émane en surface de ce quon ne voit pas. Il approche ce lieu énigmatique avec la volonté de marquer le passage des gens, de filmer leur rapport au lieu.

Light, Noise, Smoke, and Light, Noise, Smoke, propose une série de feux dartifice dont les images et le son ont été reportés sur une bande 16mm.  Ce montage a quelque chose de cyclique, il sagit de répétions et de frénésie. Une image qui implose sous les fusées lumineuses. On y perçoit une ressemblance aux vues kaléidoscopiques des films expérimentaux des débuts du cinéma. Comme dans le film précédent, il est question de contemplation. On observe les hauteurs et les explosions dans le ciel. Les plans saccadés font perdre les repères du mouvement. Tout devient abstrait. Un feu dartifice peut être le souvenir dun moment festif ou tout simplement lobservation de quelque chose de spectaculaire. Light, Noise, Smoke, and Light, Noise, Smoke est une suite continue de cette émanation. La pupille est exaltée par ce contenu, le regard saturé par cette intensité lumineuse, encore une fois lesprit s’égare devant quelque chose de plus grand, de plus imperceptible.

Garance Alegria

Festival Format Court 2024, séance d’ouverture : Florence Loiret Caille !

Enfin ! Des mois ont passé et nous voici enfin prêts – et impatients – à vous retrouver en salle pour la cinquième édition du Festival Format Court, organisé du jeudi 25 au dimanche 28 avril au Studio des Ursulines (Paris, 5e). Cette année encore, l’on portera aux nues le court dans toute sa diversité ; de l’animation à l’expérimental en passant par la fiction et le documentaire. Le court se décline et ne se ressemble jamais. Le détail de notre programmation 2024 est à retrouver sur notre site et nos réseaux.  D’ores et déjà, vous pouvez bloquer nos dates dans votre agenda et venir très nombreux, nombreuses !

* Coup d’envoi ce jeudi 25 avril à 19h au Studio des Ursulines (Paris 5e) pour la soirée d’ouverture en compagnie de la comédienne Florence Loiret Caille, Marraine de la 5ème édition du Festival Format Court, mais aussi du réalisateur Erick Zonca et du producteur François Marquis (Les Productions Bagheera).

Florence Loiret Caille fait ses premiers pas à l’écran à 17 ans, dans le court métrage Seule d’Erick Zonca. Nommée en 2010 au César du Meilleur Espoir Féminin pour son rôle face à Daniel Auteuil dans Je l’aimais de Zabou Breitman, l’actrice a tourné 65 films et 12 séries, notamment sous la direction de Sólveig Anspach (Queen of Montreuil et L’effet aquatique), Jérôme Bonnell (Le Chignon d’Olga, J’attends quelqu’un et La Dame de trèfle), les frères Larrieu (Peindre ou faire l’amour), Xavier Giannoli (Une aventure), Agnès Jaoui (Parlez-moi de la pluie), Sarah Léonor (Au voleur), Jeanne Balibar (Merveilles à Montfermeil), Carine Tardieu (Les Jeunes amants), Stéphane Marchetti (La tête froide), Ann Sirot et Raphaël Balboni (Syndrôme des amours passées)… On la retrouvera le 17 avril dans Borgo de Stéphane Demoustier.

Billetterie sur place et en ligne !

Programmation

Seule d’Erick Zonca. Fiction – 34’ – 1996 – France – Les Productions Bagheera – Nommé au César du Meilleur Court-Métrage 1998. En présence de Erick Zonca et François Marquis (Les Productions Bagheera)

Amélie, une jeune fille de 20 ans, perd subitement son logement, son emploi et sombre peu à peu dans la misère.

Les Résultats du bac de Pascal-Alex Vincent. Fiction – 18’ – 2000 – France – Local Films. Sélectionné au Festival de Clermont-Ferrand 2001

Début d’été, trois adolescents, seuls.

La Passerelle de Juliette Sourbrier. Fiction – 17’ – 2012 – France – 4 A 4 Productions – Sélectionné au Festival Premiers Plans 2011

Une reconstitution, la nuit. Une comédienne incarne la victime. Entre la mise en scène de la reconstitution, la fatigue, les angoisses et les souvenirs, Florence se perd parmi ses émotions…


En pratique

– Studio des Ursulines : 10 Rue des Ursulines, 75005 Paris
– Accès : RER B Luxembourg (sortie rue de l’Abbé de l’Épée), Bus 21, 27 (Feuillantines), 38 ou 82 (Auguste Comte), 84 ou 89 (Panthéon). Métro le plus proche : Ligne 7, arrêt Censier Daubenton (mais apprêtez-vous à marcher un peu…)

– Billetterie relative à cette séance sur place et en ligne (prochainement)
– Tarifs : plein tarif : 9,40€, tarif réduit : 7.90€, – de 15 ans : 5€. Cartes UGC Illimité et cartes de fidélité des Cinémas Indépendants parisiens acceptées. Achats en ligne majorés de 0,90€ par place (frais de gestion)

Florence Loiret Caille, Marraine du 5ème Festival Format Court !

Après Damien Bonnard, Philippe Rebbot, Maïmouna Doucouré, Swann Arlaud et Bastien Bouillon, nous avons le plaisir de vous révéler l’identité de la marraine de la cinquième édition du Festival Format Court (25-28 avril 2024) : la comédienne Florence Loiret Caille.

Un programme de plusieurs de ses courts sera diffusé en ouverture du festival le jeudi 25 avril prochain, à 19h au Studio des Ursulines (Paris 5), en sa présence. Billetterie sur place et en ligne !

© Jean-François Robert / modds

Florence Loiret Caille grandit en Égypte et en Indonésie. Arrivée en France à 16 ans, sa passion du jeu lui est révélée le jour où elle assiste à une représentation des Atrides au Théâtre du Soleil dirigé par Ariane Mnouchkine. Elle s’inscrit alors dans un conservatoire de la banlieue parisienne. En passant une audition sur les conseils de son professeur, elle rencontre un agent à 17 ans et fait ses premiers pas d’actrice dans le court métrage Seule d’Érick Zonca. Parallèlement à des études de Lettres, elle alterne tournages et pièces de théâtre jusqu’à faire de sa passion son métier. Au cinéma, on l’aperçoit d’abord dans Portraits chinois de Martine Dugowson, Le Septième ciel de Benoît Jacquot et deux films signés Michael Haneke : Code inconnu et Le Temps du loup.

Employée d’hôtel dans Trouble Every Day de Claire Denis, elle incarne une jeune femme en deuil dans Le Chignon d’Olga de Jérôme Bonnell qui la dirige à nouveau dans J’attends quelqu’un et La Dame de trèfle. Elle retrouve Claire Denis dans Vendredi soir, L’Intrus et Les Salauds et tourne sous la direction de Guillaume Nicloux dans Cette femme-là, Stéphanie Murat dans Victoire et les Frères Larrieu dans Peindre ou faire l’amour. Narratrice d’Une aventure de Xavier Giannoli, elle interprète une serveuse éprise de Jamel Debbouze dans Parlez-moi de la pluie d’Agnès Jaoui et a pour partenaire Daniel Auteuil dans Je l’aimais de Zabou Breitman pour lequel elle est nommée au César du Meilleur Espoir Féminin. Elle surprend aux côtés de Michel Bouquet et Éric Caravaca dans La Petite chambre de Stéphanie Chuat et Véronique Reymond, émeut dans Et soudain, tout le monde me manque de Jennifer Devoldère et joue une partition tout en finesse dans Au voleur de Sarah Léonor et L’Hiver dernier de John Shank.

Sólveig Anspach la sollicite pour tenir le rôle principal de Queen of Montreuil et L’Effet aquatique, avec Samir Guesmi qu’elle retrouve comme acteur et réalisateur dans Ibrahim. L’Enquête de Vincent Garenq et C’est la vie de Julien Rambaldi et Merveilles à Montfermeil de Jeanne Balibar enrichissent sa filmographie.

En 2022, elle donne la réplique à Fanny Ardant et Melvil Poupaud dans Les Jeunes amants de Carine Tardieu, Azuro de Matthieu Rozé, adapté des “Petits chevaux de Tarquignia” de Marguerite Duras, et À propos de Joan de Laurent Larivière avec Isabelle Huppert et Swann Arlaud.

On la retrouvera prochainement dans Borgo de Stéphane Demoustier, et dans la série Apple La Maison, après la sortie de La tête froide de Stéphane Marchetti. Elle était aussi à l’affiche de Syndrôme des amours passées d’Ann Sirot et Raphaël Balboni.

Sur le petit écran, elle joue dans les séries Une famille formidable, Accusé, Engrenages, Cassandre et Platane. On la remarque également dans les séries Visitors et Les Combattantes et les téléfilms Sa mère, la pute, Rituels meurtriers, Pilules bleues et Meurtres en Pays cathare. Son rôle de Marie-Jeanne Duthilleul dans Le Bureau des légendes, diffusé sur Canal+, lui permet d’asseoir sa popularité auprès du public. Sur les planches, elle interprète Bernard-Marie Koltès, Xavier Durringer, Blaise Pascal et Jean Teulé dans des mises en scène de Nicolas Klotz, Xavier Durringer, Bruno Bayen et Anne Bourgeois.

Festival Format Court 2024, Compétition 4

Notre 5ème Festival Format Court vous accueillera du jeudi 25 au dimanche 28 avril, au Studio des Ursulines (Paris, 5ème). Pour info/rappel, nos 4 programmes de films en compétition seront évalués par nos 3 jurys (professionnel, presse et jeune) mais aussi par le public qui pourra voter à l’issue de chaque séance.

Voici les horaires des séances en compétition :

Compétition 1 : jeudi 25 avril, 21h
Compétition 2 : vendredi 26 avril, 21h
Compétition 3 : samedi 27 avril, 17h30
Compétition 4, samedi 27 avril, 19h30

Voici le détail des films projetés lors de la quatrième et dernière compétition du festival le samedi 27 avril à 19h30. La projection sera suivie d’une rencontre avec les équipes présentes. La billetterie est accessible sur place mais aussi en ligne (conditions tarifaires en bas de page).


Programmation

Avec l’humanité qui convient de Kacper Checinski, Fiction – 25’ – France – 2023 – Takami Productions – Prix SACD de la meilleure première œuvre de fiction au Festival de Clermont-Ferrand 2024. En présence du réalisateur

Dans une antenne Pôle Emploi en pleine restructuration, Hélène, directrice adjointe, reçoit un e-mail alarmant de la part d’une chômeuse désespérée. Cette dernière menace de venir mettre fin à ses jours dans les locaux de l’agence. Avec l’aide de son équipe, Hélène va tenter de démêler les dysfonctionnements internes à l’origine de l’affaire afin d’empêcher l’irréparable. Le temps est compté.

Pleure pas Gabriel de Mathilde Chavanne, Fiction – 24’ – France – 2022 – Apaches Films – Sélectionné à la Semaine de la Critique 2023. En présence de la réalisatrice

Gabriel va mal, le monde va mal, tout va mal. Heureusement, des fois, les âmes en peine s’aimantent. Ainsi Margot embarque dans la nuit de Gabriel.

Après l’aurore de Yohann Kouam, Fiction – 24’ – France – 2023 – Alta Rocca Films – Sélectionné au Festival de Clermont-Ferrand 2024. En présence de l’équipe du film

La lumière de l’aurore se diffuse dans un ciel rose qui surplombe des tours imposantes. C’est le début d’une odyssée au cœur d’un quartier HLM de banlieue à travers 3 de ses habitants. Yves, un artiste trentenaire expatrié à Berlin, Hamza un jeune sourd de 14 ans, et Déborah une entraîneuse de basket solitaire de 28 ans.

Boucan de Salomé Da Souza, Fiction – 25’ – France – 2023 – Alta Rocca Films – Festival International du Film Indépendant de Bordeaux 2023. En présence de l’équipe du film

Johannes et Gabin sont jeunes, sont cousins et sont amoureux l’un de l’autre: leur histoire se passe dans le Sud de la France.


En pratique

– Studio des Ursulines : 10 Rue des Ursulines, 75005 Paris
– Accès : RER B Luxembourg (sortie rue de l’Abbé de l’Épée), Bus 21, 27 (Feuillantines), 38 ou 82 (Auguste Comte), 84 ou 89 (Panthéon). Métro le plus proche : Ligne 7, arrêt Censier Daubenton (mais apprêtez-vous à marcher un peu…)

– Billetterie relative à cette séance sur place et en ligne
– Tarifs : plein tarif : 9,40€, tarif réduit : 7.90€, – de 15 ans : 5€. Cartes UGC Illimité et cartes de fidélité des Cinémas Indépendants parisiens acceptées. Achats en ligne majorés de 0,90€ par place (frais de gestion)

Festival Format Court 2024, Compétition 3

Notre 5ème Festival Format Court vous accueillera du jeudi 25 au dimanche 28 avril, au Studio des Ursulines (Paris, 5ème). Pour info/rappel, nos 4 programmes de films en compétition seront évalués par nos 3 jurys (professionnel, presse et jeune) mais aussi par le public qui pourra voter à l’issue de chaque séance.

Voici les horaires des séances en compétition :

Compétition 1 : jeudi 25 avril, 21h
Compétition 2 : vendredi 26 avril, 21h
Compétition 3 : samedi 27 avril, 17h30
Compétition 4, samedi 27 avril, 19h30

Voici le détail des films projetés lors de la troisième compétition du festival le samedi 27 avril à 17h30. La projection sera suivie d’une rencontre avec les équipes présentes. La billetterie est accessible sur place mais aussi en ligne (conditions tarifaires en bas de page).


Programmation

Les Rossignols de Juliette Saint-Sardos, Fiction – 23’ – France, Italie – 2022 – Composite Films, Illmatic Films – Sélectionné au Festival Côté Court 2023. En présence de la réalisatrice

Henri et Anaïs partent en week-end à Rome. C’est l’occasion pour Henri de rendre visite à Isadora, l’enfant qu’il a eue avec un amour de jeunesse, et de lui présenter Anaïs. Celle-ci retrouve la ville où elle a vécu enfant avec sa mère, et où cette dernière est morte. Pris dans un enchevêtrement de liens passés et présents, Henri, Anaïs et Isadora vont chacun devoir faire l’expérience de la perte et du deuil du passé.

Dolce casa de Stéphanie Halfon, Documentaire – 22’ – France – 2023 – Mondina Films, Documist, Soul Film Production – Sélectionné au Festival Frontdoc 2023. En présence de l’équipe du film

Maggy, 63 ans, est seule dans une grande maison luxueuse. Toute la journée, elle fait des cartons car le moment est enfin venu de partir, de quitter sa prison dorée où elle vit depuis des années sous le joug de son ex-mari. Celui qui lui avait promis la dolce vita et qui a possédé sa vie comme il a possédé les murs de la maison. Aujourd’hui, les enfants sont grands, et Maggy a reçu une injonction du tribunal de quitter les lieux. Elle n’a pas travaillé, elle n’a droit à rien.

À court de mots de Lara Pinta, Fiction – 15’ – France – 2023 – Autoproduction – Sélectionné au Festival du film Franco-Arabe de Noisy-le-Sec 2023. En présence de l’équipe du film

Sami, 25 ans, parle couramment plusieurs langues. Lalla, sa grand-mère nonagénaire, ne parle, elle, que l’arabe tunisien. Lorsque Sami doit se rendre chez Lalla pour tenter de réparer son téléphone défaillant, la barrière de la langue ne tarde pas à se dresser entre eux…

Mémoires du bois de Théo Vincent, Fiction – 20’ – France – 2023 – Le GREC – Prix du meilleur court-métrage 2023 du Syndicat Français de la Critique de Cinéma. En présence du réalisateur

Le Bois de Vincennes. Les ruines d’un bâtiment de l’exposition coloniale où sommeillent d’étranges voix et de vieilles images que personne ne veut raviver. Pourtant Moussa n’a qu’une obsession : garder près de lui cet ami dont le corps sans vie est rentré au Sénégal.

Déshabille-moi de Florent Médina et Maxime Vaudano, Fiction – 16’ – France – 2023 – Félicité Production, CNC Talent, Micro Climat, La Puce À l’Oreille – Sélectionné au Festival Off-Courts de Trouville 2023. En présence de l’équipe du film

Antoine, jeune thésard introverti, paie Anaïs, une camgirl, pour un striptease par webcam. Mais Anaïs, lassée par la routine des camshows, n’a pas envie de se déshabiller et décide d’imposer ses règles du jeu : si Antoine veut qu’elle se dénude, il doit lui aussi ôter ses vêtements. D’abord désemparé, Antoine finit par céder au désir d’Anaïs et la rejoint dans un duo sensuel d’effeuillage qui va bouleverser sa notion du plaisir.


En pratique

– Studio des Ursulines : 10 Rue des Ursulines, 75005 Paris
– Accès : RER B Luxembourg (sortie rue de l’Abbé de l’Épée), Bus 21, 27 (Feuillantines), 38 ou 82 (Auguste Comte), 84 ou 89 (Panthéon). Métro le plus proche : Ligne 7, arrêt Censier Daubenton (mais apprêtez-vous à marcher un peu…)

– Billetterie relative à cette séance sur place et en ligne
– Tarifs : plein tarif : 9,40€, tarif réduit : 7.90€, – de 15 ans : 5€. Cartes UGC Illimité et cartes de fidélité des Cinémas Indépendants parisiens acceptées. Achats en ligne majorés de 0,90€ par place (frais de gestion)

Festival Format Court 2024

Le Festival Format Court fête ses 5 ans ! Il se déroulera au Studio des Ursulines (Paris 5ème) du jeudi 25 au dimanche 28 avril. Cette année, nous compterons sur le soutien de Florence Loiret Caille, notre nouvelle marraine. Un focus d’une sélection de ses courts-métrages lui sera d’ailleurs dédié en ouverture. La Ville de Paris, partenaire du festival depuis deux ans maintenant, présentera elle aussi un focus de films soutenus par son fond court-métrage. Et enfin, cette année nous dédions une séance à la section Orizzonti du Festival de Venise ! En parallèle de ses séances thématiques, le festival accueillera 2 événements professionnels ainsi que 19 films répartis en 4 séances ; ces derniers seront jugés par trois jurys, professionnel, presse et jeune, qui remettront leurs prix. Le public lui aussi attribuera son prix, alors, venez nombreux.ses !

Festival Format Court 2024, le palmarès !

Rencontre professionnelle : le Labo du court-métrage de La Scénaristerie au Festival Format Court

Rencontre professionnelle : l’atelier de la SRF au Festival Format Court

La bande-annonce du Festival

Le programme du Festival

Festival Format Court 2024, séance d’ouverture : Florence Loiret Caille !

Florence Loiret Caille, Marraine du 5ème Festival Format Court !

L’affiche du festival

La composition du Jury Professionnel

La composition du Jury Presse

La composition du Jury Étudiant

Séance thématique : Carte blanche Ville de Paris

Séance thématique Venice Film Festival

Les 19 films en compétition

Compétition 1

Compétition 2

Compétition 3

Compétition 4

Festival Format Court 2024, Compétition 2

Notre 5ème Festival Format Court vous accueillera du jeudi 25 au dimanche 28 avril, au Studio des Ursulines (Paris, 5ème). Pour info/rappel, nos 4 programmes de films en compétition seront évalués par nos 3 jurys (professionnel, presse et jeune) mais aussi par le public qui pourra voter à l’issue de chaque séance.

Voici les horaires des séances en compétition :

Compétition 1 : jeudi 25 avril, 21h
Compétition 2 : vendredi 26 avril, 21h
Compétition 3 : samedi 27 avril, 17h30
Compétition 4, samedi 27 avril, 19h30

Voici le détail des films projetés lors de la deuxième compétition du festival le vendredi 26 avril à 21h. La projection sera suivie d’une rencontre avec les équipes présentes. La billetterie est accessible sur place mais aussi en ligne (conditions tarifaires en bas de page).


Programmation

Le Bannissement de Yilmaz Özdil, Fiction – 20’ – Turquie, Irak – 2022 – Yılmaz Özdil, Docudrama. Sélectionné au Festival du Film de Cerdagne

Ziko est un jeune homme somnambule exilé de son village pour un “péché grave” qu’il a commis dans son sommeil. Cette décision est également annoncée à tous les villages environnants afin que personne ne l’héberge et ne le nourrisse. Par une froide journée d’hiver, à moitié nu et affamé, il doit traverser plusieurs villages pour rejoindre la ville. Le même jour, un chasseur sourd-muet doit lui aussi faire le même trajet.

Pas le temps de Camille Lugan, Fiction – 12’ – France – 2022 – Barney Production. Sélectionné au Festival de films de femmes de Créteil 2023. En présence de la réalisatrice et de la comédienne Sonia Bonny

Julie est coursière à vélo. Cette nuit, elle devait la passer avec Tom, son petit ami. Seulement, cette nuit, Julie est obligée d’aller travailler. Car elle est en « malus » et doit absolument rattraper son retard. Commence alors pour Julie, un contre-la-montre intense à travers Paris, d’une livraison à l’autre…

L’Américain de Maxime Renard, Fiction – 23’ – France – 2023 – G.R.E.C. Sélectionné au Festival de Clermont-Ferrand 2024. En présence du réalisateur, de la productrice et du comédien Bilel Chegrani

Pour tromper l’ennui et attirer l’attention, Malik annonce à trois jeunes de son quartier qu’il va partir aux USA. Il ment, mais la nouvelle fait rapidement le tour du quartier et Malik devient un symbole d’espoir et de fierté pour tout le monde.

Guerre las de Jean-Baptiste Bertholom, Animation – 18’ – France – 2023 – Eddy Production. Sélectionné au Festival de Varsovie 2023. En présence de l’équipe

Gabriel, paysan haut-savoyard, reproduit mécaniquement les gestes de son métier. Acculé, las de se battre, il avance vers une fin inéluctable.

L’Anniversaire d’Enrico de Francesco Sossai, Fiction – 17’ – France, Allemagne – 2023 – Kidam. Sélectionné à la Quinzaine des Cinéastes 2023

Décembre 1999. Je me souviens que, au milieu de l’angoisse du bug de l’an 2000, je suis allé à l’anniversaire d’Enrico, un enfant qui vivait avec sa famille dans une vieille ferme isolée.


En pratique

– Studio des Ursulines : 10 Rue des Ursulines, 75005 Paris
– Accès : RER B Luxembourg (sortie rue de l’Abbé de l’Épée), Bus 21, 27 (Feuillantines), 38 ou 82 (Auguste Comte), 84 ou 89 (Panthéon). Métro le plus proche : Ligne 7, arrêt Censier Daubenton (mais apprêtez-vous à marcher un peu…)

– Billetterie relative à cette séance sur place et en ligne
– Tarifs : plein tarif : 9,40€, tarif réduit : 7.90€, – de 15 ans : 5€. Cartes UGC Illimité et cartes de fidélité des Cinémas Indépendants parisiens acceptées. Achats en ligne majorés de 0,90€ par place (frais de gestion)

Festival Format Court 2024, compétition 1

Notre 5ème Festival Format Court vous accueillera du jeudi 25 au dimanche 28 avril, au Studio des Ursulines (Paris, 5ème). Pour info/rappel, nos 4 programmes de films en compétition seront évalués par nos 3 jurys (professionnel, presse et jeune) mais aussi par le public qui pourra voter à l’issue de chaque séance.

Voici les horaires des séances en compétition :

Compétition 1 : jeudi 25 avril, 21h
Compétition 2 : vendredi 26 avril, 21h
Compétition 3 : samedi 27 avril, 17h30
Compétition 4, samedi 27 avril, 19h30

Retrouvez ci-dessous le détail des films projetés lors de la première compétition du festival, diffusée le jeudi 25 avril à 21h. La projection sera suivie d’une rencontre avec les équipes présentes. La billetterie est accessible sur place mais aussi en ligne (conditions tarifaires en bas de page).


Programmation – Compétition 1

Boléro de Nans Laborde-Jourdaà. Fiction – 17’ – France – 2023 – Wrong Films, Memo Films. En lice pour le César du meilleur court-métrage de fiction 2024. En présence du réalisateur

Fran est de passage dans sa ville natale pour se reposer et rendre visite à sa mère. Suivant le rythme saccadé du Boléro, ce parcours sur les chemins du souvenir et du désir va le mener, ainsi que tout le village, à une apothéose joyeusement chaotique.  

Le Vide de Mandana Ferdos. Documentaire – 16’ – France – 2023 – Les Salines Films. Sélectionné au Festival de Villeurbanne 2023. En présence de la réalisatrice

Le confinement m’a fait repenser à la terrible obligation de rester à la maison, à celle de porter le voile et à un cinéma incendié. Un temps pour songer à la peur que provoque la liberté des femmes et des images.

Le Songe de Joseph de François Hébert. Fiction – 23’ – France – 2023 – Kalpa Films, TVR, Tébéo, Tébésud. Sélectionné au Festival de Rhode Island 2023. En présence du réalisateur et de la comédienne Agathe Mazouin

Un été, Maud, 26 ans, rencontre un garçon sur la plage et s’effondre face à une image. Quelques mois plus tard, elle revient avec un appareil-photo pour essayer de comprendre.

Herbe verte d’Elise Augarten, Animation – 12’ – France – 2023 – Novanima, Le-loKal production. Sélectionné au Festival Tous Courts d’Aix-en-Provence 2023

Rouge monte dans le train. Si elle pouvait disparaître à cet instant, elle le ferait. Tout est décalé, irréel. Les souvenirs se mêlent au paysage. L’espace-temps se déchire. Une petite fille court vers une maison grinçante. Des herbes folles poussent dans le train. Rouge affronte son passé à contre-courant.

Saint Lazare de Louis Douillez. Fiction – 28’ – France – 2023 – Les Films du Sursaut. Sélectionné au FIFIB 2023. En présence du réalisateur et de la productrice Dorothée Levesque

À la suite d’un quiproquo, Lazare s’incruste une semaine en avance à la soirée de Flore. Elle en profite pour lui demander un service.


En pratique

– Studio des Ursulines : 10 Rue des Ursulines, 75005 Paris
– Accès : RER B Luxembourg (sortie rue de l’Abbé de l’Épée), Bus 21, 27 (Feuillantines), 38 ou 82 (Auguste Comte), 84 ou 89 (Panthéon). Métro le plus proche : Ligne 7, arrêt Censier Daubenton (mais apprêtez-vous à marcher un peu…)

– Billetterie relative à cette séance sur place et en ligne
– Tarifs : plein tarif : 9,40€, tarif réduit : 7.90€, – de 15 ans : 5€. Cartes UGC Illimité et cartes de fidélité des Cinémas Indépendants parisiens acceptées. Achats en ligne majorés de 0,90€ par place (frais de gestion)

🎉 Festival Format Court 2024, l’affiche 🎉

Après Lucrèce Andreae, Agnès Patron, Marie Larrivé et Marine Laclotte, c’est au tour de Vadim Alsayed de signer l’affiche du Festival Format Court ! Lauréat du Prix de l’Image pour son travail sur Sèt Lam de Vincent Fontano lors de notre dernière édition, Vadim Alsayed signe la direction de la photographie du clip vidéo de la chanteuse Maëlle Ouvrir les yeux, réalisé par Elisa Baudoin, qui est l’image de notre 5ème Festival Format Court !

Venez célébrer avec nous cette nouvelle édition du festival, organisée du jeudi 25 au dimanche 28 avril au Studio des Ursulines (Paris 5e), où de nombreux courts-métrages et de bien belles rencontres vous attendent !

Restez connectés sur notre site internet et nos réseaux sociaux pour toutes les informations relatives au festival !

Graphisme : Louise Barsali

Festival Format Court 2024, le Jury Etudiant

Dernier jury de notre festival à vous être dévoilé : le Jury Étudiant. Voici la composition de ce jury qui évaluera, tout comme le Jury professionnel et le Jury Presse, les 19 films en compétition.

LOU B., jeune cinéaste parisien de 18 ans, a déjà réalisé deux courts-métrages (The end of the sun, Through a mourning) et prépare son premier moyen-métrage. Entre espace urbain et solitude des corps, il explore les dynamiques du parcours initiatique et du sensuel au travers des motifs de la disparition et du deuil.

Ribal Chedid est un jeune cinéaste libanais, actuellement basé à Paris, où il poursuit un master en production et financement du cinéma. Il a écrit, monté et réalisé plusieurs courts métrages pendant ses études de licence à l’IESA, le dernier étant son film de fin d’études Talk to me (2022). Ce film met en lumière l’intérêt de Ribal pour les formes simples, les drames sociaux et les relations familiales dysfonctionnelles au cinéma. Il a remporté de nombreux prix (Festival international des écoles de cinéma de Tétouan au Maroc, Festival du Film Européen du Liban, Festival international du film et de la vidéo pour étudiants de l’Académie du film de Pékin en Chine,  Festival du film de Carthage, en Tunisie, dans la section « Promesse du cinéma de Carthage »). Il développe actuellement son deuxième court-métrage, Farewell, mom.

Axelle Jean suit un Master 2 en Communication Interculturelle et Muséologie à Sorbonne Université. Elle a travaillé pour différents marchés et festivals tels que Cannes Docs, Cinéma du réel, Festival de Cabourg et FIPADOC. Passionnée de documentaires, elle fait partie du comité de pré-sélection de Venice Days et du Reykjavik IFF. Elle est l’ambassadrice française du projet 27 Times Cinema 2024.

Mara de Montalivet a commencé sa formation à l’ESRA (École supérieure de réalisation audiovisuelle). Elle a eu la chance de voir ses scénarios sélectionnés et a donc réalisé plusieurs court-métrages dont D-Day et Oui! qui est actuellement sur la route des festivals. Elle est aujourd’hui en Master d’écriture fiction et documentaire et oriente son écriture vers un cinéma inspiré du réel. Elle est actuellement en développement d’un court-métrage de fiction et d’un projet documentaire qui verront le jour dans l’année 2024.

D’une passion pour le cinéma à une vocation, Hélène Walter étudie en Master à SATIS et aspire à devenir cheffe monteuse. Elle aime également incarner des rôles devant la caméra et raconter des histoires dans tous les formats. Son terrain de prédilection demeure les courts-métrages, où elle peaufine son art et se professionnalise.

Le Jury Presse du Festival Format Court 2024

Après avoir annoncé le Jury professionnel de notre 5ème Festival Format Court (25-28 avril 2024, Studio des Ursulines), voici la composition de notre Jury presse qui aura pour mission de décerner le Prix de la presse à l’un des films en compétition.

Joseph Boinay

Lointainement étudiant en philo sur les rives du Rhône, Joseph Boinay est journaliste et critique de cinéma pour Télérama depuis 2017, passé par Vodkaster et Accréds. Il est sensible aux questions politiques soulevées par le cinéma.

Léon Cattan

Léon Cattan est rédactrice en chef adjointe de Sorociné, le média de cinéma féministe. Après des études sur le genre, elle se reconvertit dans le journalisme en passant par les Inrocks. Elle travaille également dans la presse littéraire pour Livres Hebdo et s’intéresse notamment aux liens entre cinéma, littérature et jeux vidéo.

Pierre Charpilloz

Journaliste et critique de cinéma, Pierre Charpilloz collabore régulièrement aux magazines So Film et Bande à Part ainsi qu’aux émission Viva Cinema sur Ciné+ et Court-Circuit sur Arte. Il enseigne également le cinéma à l’Université Paris-8 et à l’Université de Strasbourg, et est l’auteur de « Audrey Hepburn, une star pour tous » aux éditions Capricci.

Farah El Amraoui

Après des études de sciences politiques et communication audiovisuelle, Farah El Amraoui se lance dans le journalisme culturel et écrit pour plusieurs médias à l’instar de Maze, Le Bondy Blog ou encore Konbini Biiinge. Elle est notamment passée par le média professionnel Boxoffice Pro où elle a couvert l’actualité de l’exploitation et distribution française. Elle s’intéresse tout particulièrement à un cinéma issu de la région MENA mais pas seulement.

Clémentine Goldszal

Clémentine Goldszal est journaliste. Pour ELLE et M le Magazine du Monde, elle écrit sur la littérature, le cinéma, et la culture en général, avec un goût particulier pour les États-Unis. Un temps correspondante de ELLE à Los Angeles, elle vit désormais à Paris mais retraverse régulièrement l’Atlantique pour écrire des portraits ou des reportages qui, à travers le prisme culturel, tentent de raconter quelque chose du contemporain.

Festival Format Court 2024, le jury professionnel

Notre cinquième édition approche à grands pas : le Festival Format Court aura lieu du 25 au 28 avril prochain au Studio des Ursulines (Paris 5). L’intégralité de la programmation sera dévoilée d’ici peu. Voici d’ores et déjà la composition de notre jury professionnel qui évaluera les 19 films en compétition.

© James Weston

Née à Paris en 2002, Céleste Brunnquell commence le théâtre à l’âge de onze ans. En 2018, elle est repérée lors d’un cours au théâtre par la directrice de casting Elsa Pharaon pour le rôle principal du premier film de Sarah Suco, Les Eblouis (2019). Toujours au lycée, Elsa Pharaon la recontacte pour jouer dans la série En Thérapie, diffusée en 2021 sur Arte. Le bac en poche, Céleste commence des études d’histoire de l’art et continu en parallèle le cinéma. Elle joue dans L’Origine du mal de Sébastien Marnier (2022), Fifi de Jeanne Aslan et Paul Saintillan (2023), et La Fille de son père d’Erwan le Duc (2023). On la verra cette année dans Une Affaire de principe d’Antoine Raimbault, En attendant la nuit de Céline Rouzet et Maria de Jessica Palud. Céleste continue les tournages et fera prochainement ses débuts au théâtre.

Miquel Escudero Diéguez est programmeur et critique de cinéma. Il travaille actuellement comme programmeur au festival IndieLisboa. Il a fait partie du comité de sélection de la Semaine de la Critique du Festival de Cannes depuis 2020. Il a également travaillé comme programmeur au Festival Entrevues de Belfort aux éditions 2020 et 2021. Miquel a travaillé comme lecteur et consultant de projets pour La Fabrique de Cinémas du Monde de l’Institut français de Paris, le Rawi Screenwriters Lab de la Royal Film Commission de Jordanie, la Résidence de scénario de l’Académie du Cinéma Català, le Cinema Pendent de l’Alternativa de Barcelona, l’Extremlab de Badajoz et le MECAS du Festival de Las Palmas de Gran Canaria. Il est également consultant artistique à El Retorno, où il travaille avec Pol Roig. Les articles de Miquel ont été publiés dans des revues telles que Sofilm (France et Espagne), Dirigido Por et Caimán Cuadernos de Cine. Miquel travaille aussi comme agent et conservateur des films du collectif de cinéastes d’avant-garde Obscuritads.

Après des études de cinéma à l’Université, Tom Harari apprend le métier de directeur de la photo en autodidacte, cadrant et éclairant de nombreux courts et moyens-métrages. Depuis 2010, il collabore avec des réalisatrices et réalisateurs de sa génération – Suzanne, Réparer les Vivants, Le Temps d’Aimer de Katell Quillévéré, Un Monde sans femmes, Tonnerre de Guillaume Brac, La Bataille de Solférino de Justine Triet, Diamant Noir, Onoda d’Arthur Harari, Le Monde de Demain de Hélier Cisterne et Katell Quillévéré. Mais aussi avec des cinéastes de la génération précédente – Suite Armoricaine de Pascale Breton, Le Lion est mort ce soir de Nobuhiro Suwa.

Sociologue de formation, Cécile Polard est scénariste et consultante. Elle a suivi l’atelier long métrage de la Scénaristerie et l’atelier scénario de la Fémis. Elle écrit pour des séries d’animation (Les Trois Mousquetaires …) et de fiction (La faute à Rousseau  …). Elle a également co-écrit un court-métrage d’animation, Un caillou dans la chaussure d’Eric Montchaud (Prix du jury junior Canal+ au festival d’Annecy) et des projets de long-métrage. Elle travaille actuellement sur une série de docu-animation, Lycéens de guerre, et un biopic. Elle développe également un court et un long-métrage qu’elle souhaite réaliser.

Géomètre-topographe de formation, Yassine Qnia découvre le cinéma dans les maisons de jeunes de sa ville en participant à la fabrication de plusieurs films d’ateliers. Ces trois premiers courts-métrages – Fais croquer, Molii et F430 – sont sélectionnés dans de nombreux festivals et remportent plusieurs prix, en France et à l’étranger. En 2020, il réalise son premier long-métrage De bas étage.

Claude Delafosse : « Ce qui m’amuse, c’est de faire vivre ce qui ne vit pas »

En février, Claude Delafosse et son premier film L’effet de mes rides faisaient partie des 3 nommés au César du meilleur court-métrage documentaire (le prix est finalement allé à Gala Hernández López pour La Mécanique des fluides). Nous avions repéré en amont le travail de Claude Delafosse mêlant animation d’objets, petits-fils nommé Gaston, humour et premier film. Le réalisateur, passé par le journal Astrapi et l’émission Karambolage (Arte), s’entretient depuis sa maison à Saint-Clair-sur-Epte, entre Rouen et Paris, autour de son court-métrage, du secteur de l’animation, mais aussi des films faits en famille et de l’imperfection.

Format Court : L’effet de mes rides joue beaucoup avec les codes de l’animation. Y figurent des objets qui bougent, avec des voix entremêlées. Le film a été inscrit en documentaire aux César. Pourquoi ce choix ?

Claude Delafosse : L’animation, ce n’est pas un style, c’est une technique, en fait. Pour moi, l’animation, c’est un biais pour raconter des histoires, c’est juste une écriture. Quand j’ai fait ce film, je ne me suis pas du tout posé la question si c’était de la fiction, du documentaire ou autre chose. Pour moi, c’était un film. Avec le temps, il s’est avéré que les gens l’ont reçu, plus comme un peu un documentaire, dans la mesure où tout ce qui est dit dedans est la réalité. Ce sont nos voix. Il n’y a pas d’artifice particulier. Dans les films de fiction, je dis qu’il y a du documentaire. Et dans les documentaires, je pense qu’il y a aussi de la fiction. Le fait qu’il ait été inscrit en documentaire aux César, là, pour moi, ce n’est pas une erreur de casting.

Vu que tu connais quand même bien le milieu de l’animation, comment la perçois-tu aujourd’hui ?

C.D. : Moi, je fais de l’animation depuis plus de 50 ans. Voilà, c’était il y a quelques années ! Quand j’ai fait les Beaux-Arts, j’ai passé mon diplôme en faisant des films d’animation. À l’époque, c’était avec de la vraie pellicule. Ça coûtait un bras, c’était très cher, c’était très long. C’était très compliqué, mais c’était déjà très, très sympa à faire. A l’époque, on ne pouvait pas trop vivre de ça donc je suis parti vers le journal Astrapi et puis, j’ai fait plein de bouquins pour enfants. J’ai retrouvé l’animation dans les années 90. Il y a eu un essor. J’ai travaillé sur des CD-Rom interactifs qui étaient des objets absolument fabuleux et qui ont totalement disparu de la circulation parce qu’on ne peut plus les regarder. J’ai repris le goût de faire de l’anim’. Avec toutes les techniques qui arrivaient, avec les appareils photonumériques. C’est devenu beaucoup, beaucoup plus facile d’en faire. Moi, j’en ai un peu fait au quotidien comme ça, ce que me reproche Gaston (son petit-fils ndlr) dans le film. J’ai fait plein de petits bouts de trucs rigolos que je montrais à mes amis, mais sans en faire vraiment des films. Et puis, après, j’ai rencontré par hasard Claire Doutriaux à Arte qui montait l’émission Karambolage. Je suis devenu l’un des piliers de l’émission, j’ai dû faire 150 sujets pour elle en 20 ans. Mais c’est vrai que l’évolution, elle est colossale.

La première fois que je suis allé à Annecy, il y a bientôt 50 ans, c’était tout petit. Il y avait 200 personnes qui arrivaient du monde entier et qui montraient des bijoux, des trucs extraordinaires. Et puis, ça a grossi. Aujourd’hui, c’est devenu un peu un monstre, parce qu’on ne peut même plus rentrer. Autrefois, quand il y avait trois longs-métrages, c’était le Graal. Aujourd’hui, il y en a 50. Ce n’est plus du tout le même monde. L’esprit a changé. Mais ça a des bons côtés parce que, du coup, c’est devenu une vraie industrie, ce n’est plus seulement destiné aux enfants. De l’autre côté, l’aspect « un peu bijou » et travail d’une seule personne s’est un petit peu marginalisé.

Pourtant, j’entends quand même encore beaucoup en entretien des gens qui parlent d’artisanat, des gens qui travaillent seuls, et qui mettent du temps. Je pense à Stephen Vuillemin, qui a fait son film quand même en grande partie tout seul avant d’être rejoint par une boîte de production.

C.D. : Oui, c’est bien. Il y a encore des gens qui font leurs petits bijoux seuls ou même avec d’autres, peu importe. A côté de ça, il y a une grosse machinerie qui est très bien parce que ça permet de faire des films comme Linda veut du poulet de Sébastien Laudenbach que moi, je trouve formidable. Mais a priori, moi, je trouve que l’animation, ce n’est pas un format pour faire du long-métrage parce que je trouve que c’est quelque chose de tellement riche, qu’il y a un peu une saturation. Je pense qu’on dit tout dans un court en animation, mais bon, ça, c’est personnel. Il y a assez peu de longs-métrages que je trouve justifiés dans ce format-là.

L’effet de mes rides s’est conçu comme un vrai film, un premier film, justement à l’opposé des ou des commandes et des petits films que tu fais dans ton bureau. Pourquoi y avait-il cette nécessité à ce moment-là ?

C.D. : J’ai déjà pas mal attendu, en réalité. Ca fait maintenant à peu près vingt ans, que je fais des films d’animation, essentiellement de commande et puis, des petits trucs pour moi. Et très régulièrement, les gens qui voient ce que je fais me disent : « Pourquoi tu ne fais pas un vrai film ? ». Et moi, je m’en sentais pas très capable.

Moi, ce qui m’amuse, c’est quand je croise un bout de bois dans mon jardin et que je l’anime. Et puis, basta. J’ai accumulé tous ces petits trucs-là comme ça. Un jour, je me suis dit : « C’est quand même bête d’avoir tous ces petits trucs rigolos. Ce serait bien de faire un film avec ».

J’ai demandé à Jeanne (Delafosse ndlr) à ma fille qui est réalisatrice de documentaires : « Si je te donnais tous mes petits trucs, est-ce que tu pourrais faire un film avec ? ». Elle est partie avec un disque dur et est revenue un peu plus tard en me disant : « On ne peut pas faire un film juste en collant des trucs comme ça, ce n’est pas possible parce qu’il n’y avait pas de fil narratif ». Je l’ai déjà fait, d’ailleurs. C’est assez rigolo de mettre bout à bout tous mes petits trucs avec de la musique. Ça fait un truc qui est un peu joli, mais qui ne raconte pas grand-chose.

Après, j’ai un peu abandonné l’idée. Et puis, Yves Bouveret que j’avais rencontré à Annecy, il y a une vingtaine d’années, et qui s’occupe du festival Image par Image, me présentait à chaque fois qu’on se voyait à Annecy, à des producteurs et leur disait : « Vous devriez faire un film avec lui, il a fait des trucs super ». Moi, ça me terrorisait de voir des producteurs des vrais. Je ne disais rien et puis je me barrais. Il y a quatre ans, ou cinq ans, il m’a dit qu’il venait de monter une boîte de production. Je lui disais : « Ah, ben, si c’est le cas, alors là, pour le coup, comme toi, tu ne me fais pas peur, on pourrait peut-être faire un film ensemble ».

Je venais d’avoir l’idée de ce que pouvait être mon film grâce à Jean-Charles Mbotti Malolo que j’avais croisé à la Poudrière et qui me disait aussi : « Pourquoi tu ne fais pas un film ? ». Je lui ait dit que je n’y arrivais pas. Il m’a dit : « C’est ça ton film. C’est un mec qui arrive pas à faire un film ». Du coup, j’ai dit à Jeanne et à Yves qu’on allait faire un film comme ça. Et le titre, en fait, je l’ai depuis 30 ans. Je voulais faire tous les jours une petite séquence de quelques secondes. Mis bout à bout, ça aurait fait un film au bout de 365 jours. Je l’ai commencé il y a plusieurs années mais ça n’a jamais été au-delà du mois de février. Mais j’aimais bien le titre. A l’époque, je n’en avais pas (de rides) !

Je vois le nom Lafosse souvent indiqué dans le générique…

C.D. : Il y a Jeanne qui fait les films et Martin qui est dans le son. C’est très pratique pour les engager ! Il y en a un qui est moins en avant, mais qui est super utile aussi. C’est le troisième, Lucas. Lui, il est paysagiste, mais il est très fort pour les dossiers, pour corriger les coquilles.

Vous avez déjà été amenés à travailler ensemble sur des projets ?

C.D. : Oui. Avec Jeanne, on fait souvent des trucs ensemble. Avec Martin, on a fait plein de musiques. Je pioche bien dans toute la famille. Ma femme, elle me flagelle pour que j’arrive au bout des projets parce que souvent, j’en ai marre. J’aime bien que ça aille vite. Et souvent, quand c’est sérieux, c’est un peu plus long.

Du coup, sur le film, L’effet de mes rides, c’était quoi ton rapport au temps ?

C.L : L’idée est venue il y a 4-5 ans. J’ai mis 3 ans pour faire le film. On a eu quelques aides mais le film n’a pas coûté très cher. J’ai de la chance, en tant que vieillard, de toucher une retraite. Ce qui n’était pas le cas autrefois où il fallait que je bosse pour avoir de l’argent. Après, ça permet de vivre sans se poser trop de questions donc, finalement, le film, moi, je l’ai fait un peu gratos, mais je ne le regrette pas. C’est aussi un peu lié à la réalité du court-métrage où on ne va pas toujours pouvoir se payer.

Dans ton parcours, tu es passé par Astrapi et Karambolage. Qu’as-tu retenu de ces expériences ?

C.D : Ce que je peux dire, c’est que j’ai eu beaucoup, beaucoup de chance, parce que j’ai fait des rencontres un peu fortuites. Ma première chance, c’est que Sabine, ma femme, a été admise à la Casa de Velázquez en sortant des Beaux-Arts. On était ensemble aux Beaux-Arts. On est partis deux ans en Espagne, c’était déjà assez génial.

J’avais fait quelques trucs pour Bayard. Au moment où on est rentré en France, ils voulaient monter un journal et à mon grand étonnement, ils m’ont demandé si je voulais y participer alors que je me destinais à être simplement illustrateur.

Il s’est avéré que ça a été un super truc de s’occuper d’un journal parce que c’est une machinerie un peu infernale. Il faut, tous les quinze jours, sortir un nouveau truc donc, ça oblige à penser vite, à imaginer des choses.

Et Karambolage ?

C.D : Bayard m’a viré au bout de 23 ans. Je me suis retrouvé un peu le bec dans l’eau. A ce moment-là, j’ai eu la chance de commencer à faire des trucs pour Arte, pour leurs soirées thématiques. C’est en faisant un habillage que j’ai croisé Claire qui montait son émission. Je lui ai montré ce que je faisais. J’ai travaillé avec elle pendant ces vingt années-là, à faire des petits sujets. Ca me convenait parce que là, j’étais tout seul. Je changeais de style un peu à chaque fois. C’est ce que j’aimais bien. Je n’aime pas trop répéter ni faire des choses longues.

Tu continues encore à faire des sujets pour eux ?

C.D : J’ai fait un break de trois ans pour faire le film. Là, pour l’instant, je me tâte un peu. Je ne sais pas encore si je poursuis au vu de la carrière de L’Effet de mes rides. Je me pose des questions de savoir si je continue ou pas, si j’essaye de faire d’autres trucs plus personnels ou de retourner à Karambolage.

Parmi tous les Karambolage, est-ce qu’il y en a un en particulier que tu aimes vraiment bien ?

C.D : J’en ai fait beaucoup. J’ai fait des portraits de personnages et des sujets marrants. Un sujet sur le champagne, par exemple. Souvent, des trucs prémonitoires. J’ai fait un truc sur Angela Merkel, alors qu’elle n’était pas encore arrivée à la tête de l’Allemagne. J’ai fait un truc sur Sarkozy avant qu’il ne soit élu. C’était assez marrant. A côté, j’ai fait beaucoup de livres pour enfants, essentiellement, pour Gallimard, via une collection qui s’appelle « J’observe », avec une petite lampe en papier qui éclaire les images, qui est un peu magique. Je suis un peu multi-style.

Ce sont les Beaux-Arts qui t’ont appris le principe du touche-à-tout ?

C.D : Non, c’est plutôt mon état d’esprit. Et puis, c’est la vie. Aux Beaux-Arts, il y avait des secteurs assez précis. Moi, j’étais en communication. La communication, c’est un peu tout et n’importe quoi. A l’époque, il n’y avait rien pour faire de l’animation. Moi, j’en ai fait dans la cave d’un copain, un peu à la débrouille, quoi.

Ton film est un film de montage aussi. Il y a énormément de séquences qui n’ont rien à voir les unes avec les autres.

C.D : Oui. Jeanne me disait que je devrais retourner. Je lui disais : « Mais ce n’est pas possible. » Moi, ces trucs-là, je les fais au moment où elles arrivent. Comme l’image n’était pas d’une très bonne qualité, elle me disait : « Tu peux la refaire. » Je lui disais non.

Comment filmes-tu d’ailleurs ?

C.D. : J’ai beaucoup utilisé l’appareil photo en rafale. J’avais acheté un petit appareil Sony, je m’étais fait avoir. Il n’avait pas de truc en-dessous pour le mettre sur un pied. Comme il était assez puissant, j’ai développé tout un système où je faisais des photos en rafale, en tenant mon appareil et en me déplaçant. C’est à cette période-là, en fait que j’ai fait pas mal de séquences et que ça donne une espèce d’animation saccadée, rigolote.

Toutes ces animations, tu les stockes sur un disque dur avec un nom ?

C.D. : Le film a été un cauchemar pour Jeanne, parce que je ne sais jamais où sont mes trucs sur l’ordinateur. Tout est totalement en bordel. Je dois avoir 25 petits disques durs que j’accumule dans un tiroir. On a regardé des trucs ensemble. En effet, elle a fait un boulot de montage absolument extraordinaire à partir de tout ça parce qu’elle a réussi à redonner au projet une colonne vertébrale et un sens qui n’était pas du tout évident.

À un moment donné, dans ton film, Gaston, ton petit-fils dit : « Pourquoi tu ne fais pas un vrai film avec des vrais gens ? ». Les vrais gens, est-ce que c’est quelque chose qui peut te tenter maintenant ?

C.D : Non. Je pense que je ne ferai jamais de film avec des vrais gens. Moi, ce qui m’amuse, c’est de faire vivre ce qui ne vit pas, d’animer l’inanimé. J’ai des heures d’images avec mes petits-enfants. Pour moi, ça n’a pas le même caractère que le reste. Là, par exemple, sur Instagram, je mets des petites séquences de Gaston qui sont très rigolotes. Mais je ne me verrais pas faire un film comme ça. Ce n’est pas trop dans mon ADN de faire ça. J’aime vraiment mieux essayer de créer de toutes pièces. J’ai mon assistant qui est là, qui me soutient (il désigne son doigt dessiné avec le visage d’un petit bonhomme portant des écouteurs, ndlr). Il m’aide pour l’interview (sourire) !

Comment as-tu expliqué ton film à Gaston ?

C.D. : Il n’a pas trop bien réalisé ce qui se passait sur le moment. Maintenant, il comprend mieux. En fait, quand il vient chez nous pendant les vacances, on fait plein de trucs ensemble. Par moments, je le filme. On joue, on parle de choses et d’autres ensemble. On avait une espèce de matière brute qu’après, Jeanne a récupérée et on a réécrit des choses et puis, on a réenregistré. De toute façon, en animation, tu ne peux pas enregistrer des voix avec les images que tu fais. Ce n’est pas dans le même rythme. Avec Gaston, on lui a fait redire un peu ces trucs. C’était rigolo parce qu’il était quand même petit. Martin venait avec son matériel pour enregistrer. On commençait à enregistrer. Gaston prononçait sa phrase. Jeanne disait : « C’est très, très bien, Gaston. On l’a refait ». Au bout de dix fois, il commençait à s’énerver et disait : « Pourquoi tu me dis que c’est bien puisqu’on n’arrête pas de la refaire ?! ». Il avait envie d’aller jouer avec ses cousins.

Qu’est-ce qu’il a envie de faire plus tard ?

C.D. : Il est hyper doué en dessin. Pour l’instant, il n’est pas vraiment décidé. Je crois qu’il pourrait faire pas mal de choses. Comme il est allé habiter à Douarnenez, il fait du surf. Je ne crois pas qu’il deviendra champion de surf. L’architecture, ça l’intéresse. Il a bien grandi. Il est presque aussi grand que moi maintenant.

Comment comprends-tu les réseaux comme Instagram ?

C.D. : Je ne les comprends pas du tout ! Très peu de gens me suivent. La plupart, c’est des amis. Je ne mets jamais un truc de hashtag ou je ne sais pas quoi parce que je ne sais pas bien comment ça marche. Quand j’ai un truc que je trouve rigolo, j’ai envie de le poster… C’était un peu spécial avec les César. Du coup, j’ai essayé de devenir communicant et influenceur.

Tu n’as pas trouvé quelqu’un dans ta famille pour le faire ?

C.D. : Non. C’est bizarre. Martin et Jeanne ont relayé des infos sur le film sur leur réseau Linkedin. Ca a dû pas mal marcher parce que moi, j’étais à peu près sûr qu’on ne passerait pas aux 3 nommés. Ca a été pour moi l’énorme surprise. Je ne sais pas comment le truc a pu se produire. Ca a été un petit miracle. En tout cas, moi, je suis très nul en réseaux sociaux. Franchement, je trouve ça rigolo mais je ne sais pas m’en servir. Je n’ai pas la science.

Depuis que le film est terminé, je suppose que tu continues à animer, à faire des petites choses pour toi.

C.D. : Je ne cherche jamais un sujet, ce sont les sujets qui viennent à moi. Quand je me balade dans ma campagne, souvent, je reviens avec un petit trésor, un petit machin, un bout de ferraille tordu. Quand je vais dans mon jardin, ou quand on épluche des légumes, tout d’un coup, je me mets à voir les épluchures. Et puis, je fais un ours avec, en épluchures. Et puis après, je vais me mettre à l’animer, comme ça, pendant trois, quatre secondes. Je pourrais comparer ça à ceux qui font du jogging. Moi, je fais de l’anim’. Tout ça, c’est dans un petit coin de mon ordinateur où j’ai plein de petites séquences qui attendent peut-être un jour de devenir quelque chose, mais qui ont plus de chance d’y rester.

Est-ce que tu les regardes ? Reviens-tu en arrière un peu comme dans un livre de souvenirs ?

C.D. : Oui, de temps en temps, justement. Je fais toujours des trucs un peu à côté. C’est devenu un peu mon image de marque, cette l’imperfection. C’est bien l’imperfection.

Propos recueillis par Katia Bayer

After Short, Spécial Magritte !

Pour la toute première fois, Format Court organise un After Short à Bruxelles. Le jeudi 28 mars 2024, un événement autour des Magritte aura lieu à l’ESRA Bruxelles, situé au 34, rue du Beau Site (1000 Bruxelles). En collaboration avec l’ESRA et le soutien de l’Académie André Delvaux, cette soirée mettra à l’honneur le dynamisme et la créativité du cinéma belge. Y participent de nombreux lauréats de la dernière cérémonie des Magritte.


Vous voulez en apprendre davantage sur les parcours d’auteurs et producteur.trice.s qui bâtissent le cinéma d’aujourd’hui et de demain, découvrir leurs films, échanger avec elles et eux sur leurs œuvres, leurs choix artistiques, leurs expériences et le déroulement de leur travail et poursuivre ces discussions autour d’un verre ?

Un After Short, comment ça se passe ?

En amont : les photos et bios des intervenants ainsi que les liens de visionnage des courts sont mis à la disposition des personnes ayant réservé leur place. Le jour J, le public a ainsi la possibilité de participer activement à la discussion qui s’engage avec les équipes de films.

Lors de l’évènement : les équipes (réalisateurs.trices et/ou producteurs.trices, anciens lauréats des César, membres de comités de sélection de l’Académie) se succèdent sur scène pour une intervention et un échange avec le public d’une dizaine de minutes chacune. Deux animateurs sont là pour introduire leur travail et vous donner la parole.

Rappel : il n’y a pas de projection de films au cours de la soirée.

Après la rencontre : un cocktail est organisé par l’ESRA Bruxelles à l’école. C’est entre autres l’occasion de poursuivre les discussions de façon plus informelle avec les équipes présentes.

Attention : nombre de places limitées. Inscriptions : bruxelles@esra.edu

Nos invités

Emmanuelle Nicot, réalisatrice de Dalva, Magritte du Meilleur film, du Meilleur premier film, de la Meilleure réalisation, et du Meilleur scénario

Zelda Samson, comédienne dans Dalva, Magritte du Meilleur espoir féminin

Sandrine Blancke, comédienne dans Dalva, Magritte de la Meilleure actrice dans un second rôle ex-aequo

Valérie Le Docte, monteuse son, membre de l’équipe lauréate du Magritte du Meilleur son pour Dalva

Sophie Vercruysse et Raphaël Balboni, monteuse et réalisateur et monteur de Le Syndrome des amours passées, Magritte du Meilleur montage

Lazare Gousseau, comédien dans Le Syndrome des amours passées, Magritte du Meilleur espoir masculin

Alexander Weiss, producteur (Fox the Fox) de Adieu sauvage de Sergio Guataquira Sarmiento, Magritte du Meilleur documentaire

Jérémy Depuydt, co-réalisateur de Pina, Magritte du Meilleur court métrage d’animation

Natan Castay, réalisateur de En attendant les robots, Magritte du Meilleur court métrage documentaire

Basile Vuillemin, Blandine Jet et Samuel Feller, réalisateur, co-scénariste et producteur (Magellan Films) de Les Silencieux, Magritte du Meilleur court métrage de fiction

Festival Format Court 2024 : Spotlight Venise !

Notre 5ème Festival Format Court approche à grands pas. Il aura lieu du jeudi 25 au dimanche 28 avril, au Studio des Ursulines (Paris, 5). Ce sera l’occasion de découvrir plein de courts en compétition mais aussi au détour de nos 3 séances thématiques.

Voici le détail des films projetés lors de la troisième projection parallèle du festival, dimanche 28 avril à 17h. Après Cannes, Locarno et Berlin, nous nous intéressons cette année à un nouveau festival de type A : le Festival International du cinéma de Venise. Créé en 1932, le festival est le plus ancien au monde. 4 films, en compétition officielle au dernier festival de Venise, dans la section Orizzonti, seront diffusés à cette occasion, en présence de nos invités : la conseillère courts-métrages Carla Vulpiani, les réalisateurs Margherita Giusti et Erenik Beqiri et la comédienne Luàna Bajrami. Cette séance exceptionnelle est organisée avec le soutien de l’Institut Culturel Italien.

La billetterie est accessible sur place mais aussi en ligne (conditions tarifaires en bas de page).

Programmation

A Short Trip d’Erenik Beqiri. Fiction, 17′, 2023, France, Origine Films, Moteur S’il Vous Plaît. Prix Orizzonti du meilleur court-métrage2023. En présence du réalisateur, de la comédienne Luàna Bajrami et du producteur Olivier Berlemont

Klodi et Mira, jeune couple albanais, décident de marier Mira à un français pendant cinq ans contre de l’argent, pour obtenir la nationalité française. Ils vont alors devoir choisir le bon mari pour elle, et apprendre à se détacher l’un de l’autre.

The Meatseller de Margherita Giusti, Animation, 17′,  2023, Italie, Frenesy Film Company. Sélectionné au Festival de Venise 2023 et au Festival Anima 2024. En présence de la réalisatrice

The Meatseller est l’histoire vraie de Selinna Ajamikoko, une jeune Nigériane qui rêve de devenir bouchère comme sa mère. Pour réaliser son rêve, elle commence son voyage vers l’Italie, une expérience pleine d’atrocité et de bestialité. Ce voyage animé, guidé par la propre voix de Selinna, nous conduit à travers la quête d’identité qui caractérise chaque être humain.

Cross my heart and hope to die de Sam Manacsa, Fiction, 18′,  2023, Philippines, Chad Cabigon, Carlo Francisco Manatad. Sélectionné au Festival de Venise 2023 et au Festival de Clermont-Ferrand 2024

Mila lutte car elle n’est pas payée au travail et trouve du réconfort dans un intérêt amoureux à travers ses appels téléphoniques constants. Mais une promesse d’espoir peut également mener à la tragédie et à des chansons d’amour tristes.

Et si le soleil plongeait dans l’océan de nues de Wissam Charaf. Fiction, 20′,  2023, France, Liban, Aurora Films. Sélectionné au Festival de Venise 2023. Prix spécial du jury national au Festival de Clermont-Ferrand 2024. En présence de la productrice Katia Khazak

Au Liban, sur le chantier du front de mer, Raed, agent de sécurité, doit empêcher les promeneurs d’accéder en bord de mer. Mais alors que l’horizon est bouché chaque jour davantage par le chantier, Raed fait des rencontres singulières. Rêves ou incarnations de ses désirs ?


En pratique

Studio des Ursulines : 10 Rue des Ursulines, 75005 Paris
– Accès : RER B Luxembourg (sortie rue de l’Abbé de l’Épée), Bus 21, 27 (Feuillantines), 38 ou 82 (Auguste Comte), 84 ou 89 (Panthéon). Métro le plus proche : Ligne 7, arrêt Censier Daubenton (mais apprêtez-vous à marcher un peu…)

Billetterie sur place et en ligne

Tarifs : plein : 8,50€, réduit : 7€. Cartes UGC Illimité et cartes de fidélité des Cinémas Indépendants parisiens acceptées. Achats en ligne majorés de 0,40€ par place (frais de gestion)

Vincent doit mourir de Stephan Castang

Un jour qu’il se rend au travail, Vincent, graphiste sans histoires, est violemment agressé par un stagiaire. S’ensuit le début d’un quotidien infernal, où de plus en plus de gens vont tenter de le tuer. Entre fuite et affrontement, Vincent doit survivre… mais à quel prix ? A l’occasion d’un jeu concours, Format Court et Capricci vous font gagner 3 exemplaires DVD du film Vincent doit mourir, réalisé en 2023 par Stéphan Castang, contenant les bonus exclusifs du court-métrage Finale du réalisateur, des entretiens avec Vimala Pons, Karim Leklou et Stephan Castang, des extraits du storyboard de Giuseppe Liotti et l’analyse de la musique du film par son compositeur John Kaced.

L’histoire de Vincent, interprété par Karim Leklou qu’on a récemment vu dans Le Monde est à toi ou La Troisième guerre, est celle de beaucoup de personnes, d’une banalité surprenante. La quarantaine entamée, célibataire sans enfants, il travaille dans une boîte de graphistes, jusqu’au jour où après une blague ratée faite au nouveau stagiaire, ce dernier prend son ordinateur et frappe violemment Vincent avec. Au fur et à mesure, les personnes qu’il regarde dans les yeux vont essayer de le tuer à tout prix. Ces explosions de violence sont incompréhensibles, mises en scène dans des moments de grande tension aux cascades et aux effusions de sang impressionnantes. Agressé chez lui, toutes les interactions de Vincent lui deviennent dangereuses. Pire encore, de victime, il n’est cru de personne dans son entourage, qui font de lui un bouc-émissaire, tenu pour seul responsable de la violence physique des agressions, et la violence sociale de l’exclusion, qu’il subit. Forcé de vivre dans la marginalité et l’exclusion, chassé de chez son père, il fuit son quotidien et fera des rencontres décisives.

Le réalisateur Stéphan Castang, ainsi que Mathieu Naert et Dominique Baumard qui ont adapté le scénario, excellent dans l’art des dialogues, comiques par leur prolifération dans des moments absurdes (comme lors de la scène du commissariat), d’une rare finesse lors des moments d’émotion.

Vincent doit mourir aurait pu être un film dont le concept tiendrait en un seul court-métrage. Au contraire, Stéphan Castang développe avec intelligence une profonde réflexion sur la société et la condition humaine, à travers le destin mouvementé de Vincent. C’est d’abord un film sur le pouvoir des images, qui l’accompagnent dans sa quête de sens autant qu’elles le font sombrer dans sa détresse. Sur Internet, Vincent cherche ce qui cause ce phénomène, entre vidéos de possession et virus qui se propageraient au sein de la population. L’espace numérique devient ce trou de lapin dans lequel Vincent tombe en y trouvant du réconfort, bien que les sous-entendus et argumentaires des sphères complotistes ne sont jamais loin.

Puis, dans la seconde moitié du film, la narration prend le tournant inattendu d’une romance intense avec une serveuse Margaux (Vimala Pons), dont la fraîcheur et la spontanéité complètent la brutalité silencieuse de Vincent. L’acharnement contre Vincent est d’autant plus cruel qu’il n’a pas d’explication, lui qui se retrouve confronté à une tragédie contradictoire et existentielle : devant tuer pour ne pas mourir, il doit vivre dans une société qui lui est devenue activement hostile. Dans des scènes de violence dignes des films de zombies, la musique électronique, grave et minimale qui s’intensifie et le travail sur les sons et les bruitages (notamment avec les grognements du chien dès que Vincent est en danger) font revêtir au film une couche anxiogène, loin du burlesque du début. Seul contre tous, Vincent essaie de garder sa raison. Mais comment faire quand le monde veut notre peau ? Stéphan Castang, dans sa réalisation, développe un propos subtil sur le rapport aux autres et à la violence. Quand l’effondrement d’un homme devient celui d’une société toute entière, à partir de quel seuil la violence devient-elle intolérable ?

Ces thématiques sont également abordées dans son court-métrage de 26 minutes réalisé en 2019, Finale, visionnable dans la version DVD du film. Dans la présentation du film, Stéphan Castang dit vouloir parler des “vieux”, qu’il veut montrer en situation de résistance, et ne veut pas, par son choix des mots, les mettre à distance. Lors de la finale de la coupe du monde 2018, François (François Chattot) et Chantal (Chantal Jablon) vivent une histoire d’amour. Mais alors que la France s’apprête à battre la Croatie, dans un montage parallèle, Chantal apprend que son mari Jean-Pierre à l’Ehpad, est sur le point de mourir, et François (interprétant aussi le père de Vincent dans le long-métrage) se fait mettre dehors par sa fille et son beau-fils après qu’il ait été attrapé avec de la drogue. Pour égayer les derniers instants de son mari mourant, Chantal invite leurs amis dans sa chambre et ils fument de l’herbe ensemble. Après quoi, le directeur de l’Ehpad (jouant le policier dans Vincent doit mourir) lui demandera avec une violente condescendance : “Vous savez ce que ça coûte à la société ?”. Avec des acteurs touchants et explosifs, le réalisateur met en scène des vieux, qui ne sont pas transgressifs parce qu’ils couchent et se droguent, mais justement parce qu’ils “n’ont plus l’âge” de faire ça. Tendresse et cruauté sont révélées dans le traitement social de ces corps tachetés, et considérés comme jetables et inutiles par la société. Par les fragments d’une vie fanés dans des photographies, les vieux, comme Vincent, sont seuls et incompris.

Vincent doit mourir prolonge la vision fine de son réalisateur, et fait penser à un Rhinocéros moderne, pièce dans laquelle Eugène Ionesco met en scène la transformation extraordinaire d’individus normaux en animaux. De monstre, le rhinocéros devient banal, sauf pour ceux qui décident de résister. Quand toute la société sombre dans la violence, Vincent et Margaux deviennent l’allégorie de cette résistance, puis de cette libération, incarnant la célèbre phrase écrite par Ionesco : “La vie est une lutte, c’est lâche de ne pas combattre”.

Mona Affholder

Mili Pecherer : « Sans contraintes, tout est possible et donc impossible »

Sur la terrasse d’un café fermé à Berlin, on est allé à la rencontre de Mili Pecherer, la réalisatrice du court-métrage d’animation Nous ne serons pas les derniers de notre espèce, présenté en compétition à la Berlinale cette année. Le film renouvelle le sujet de l’arche de Noé comme dernier refuge de l’humanité et programme de réinsertion professionnelle minutieusement planifié. La réalisatrice israélienne basée à Marseille nous a raconté son travail et ses inspirations et, en nous transmettant ses connaissances et sa passion sur un tas de différents sujets.

Format Court : Comment as-tu fait tes premiers pas dans le cinéma, qu’est-ce qui t’a intéressé en premier ?

Mili Pecherer : J’ai commencé par étudier à Jérusalem, mais il n’y a pas beaucoup de moyens comme en France. Il fallait faire un film et je n’avais aucune idée de ce que ça voulait dire. Je partais à l’aventure avec ma caméra et c’est devenu un documentaire, sans faire exprès. C’est aussi comme ça que je suis devenue le personnage principal de mes films, parce qu’il n’y avait que moi avec ma caméra et le monde que je rencontrais.

Comment es-tu passée du documentaire à l’animation ? Est-ce que tu as choisi l’animation en fin de compte ?

M.P. : En réalité je ne choisis jamais, je ne sais pas choisir. J’ai fait le Fresnoy, une école en deux années où il fallait créer un projet par an. La première année, j’ai fait un documentaire, et la deuxième, le Ministre de la Culture a imposé qu’on travaille avec de nouvelles technologies. Sur le coup, c’était chiant mais c’était aussi un défi, et puis je me suis dit qu’une nouvelle technique pouvait changer ma vie donc je l’ai pris au sérieux. Je pense que l’animation, c’est beaucoup plus de souffrance mais aussi de beauté par rapport au documentaire. En ce moment, je travaille sur un documentaire et d’un coup, le monde me paraît un peu plus fade. J’essaie de trouver un entre-deux.

Quelle est la technique d’animation que tu as préféré utiliser ?

M.P. : Quand j’ai basculé dans l’animation, j’ai cherché une technique qui pouvait préserver un peu cet univers, ce hasard que j’avais dans le documentaire et j’ai l’impression que le jeu vidéo me donne cette idée. Et puis, écrire des scénarios, ça me fait très peur. Un jeu vidéo, ce n’est pas compliqué, il y a juste à écrire les règles et après, je fais ce que je veux.

Comme c’est difficile pour toi, comment as-tu fait pour écrire Nous ne serons pas les derniers de notre espèce ?

M.P. : J’avais pris beaucoup de notes sur l’arche de Noé, et après, j’ai basculé sur l’aspect technique. Mes restrictions techniques nourrissent ce que je peux faire au point de vue de la narration, et inversement. J’ai lu l’histoire biblique comme des règles d’un jeu, en me créant un cadre de contraintes. Parce que sans contraintes, tout est possible et donc tout est impossible… d’une certaine manière. C’était un peu compliqué parce que c’est l’histoire la plus connue et la plus travaillée, et il fallait que je me trouve un petit coin où je sois à l’aise, où je puisse chercher mes propres interrogations contemporaines.

Comment as-tu travaillé l’animation de ton film?

M.P. : La première chose qu’on a faite, c’est l’arche. Eliav Varda a fait la 3D en tant qu’architecte design, mais elle était toute blanche. Il a fallu trouver quelqu’un qui fasse les textures, les lumières. On a trouvé quelqu’un à Londres, qui a choisi le logiciel sur lequel on a travaillé : Unreal Engine.

Moi, je ne sais pas faire d’animation. Il me fallait donc un développeur, quelqu’un qui traduise mes idées à l’ordinateur. J’essaie de travailler avec des logiciels de jeux vidéo, ce qu’on appelle du real time engine, parce que tu n’as pas de rendu : tu as un logiciel, un univers, et tout ce que tu mets dedans, tu le vois tout de suite. Dans cet univers de jeu vidéo, il y a d’immenses marchés virtuels d’objets. Je suis allée dans un magasin d’animaux, avec des animations intégrées. En voyant les possibilités des avatars, cela a nourri la façon dont je voulais raconter l’histoire.

Finalement, d’où est né ce projet ?

M.P. : Je n’avais aucune idée que j’allais faire ce film, j’avais juste promis que j’allais faire un film sur l’arche de Noé au Musée d’Art et d’Histoire du Judaïsme à Paris. C’était une installation faite pour la Nuit blanche, et il y avait l’écran principal avec le film, et sur les côtés, des fenêtres comme dans un bateau donnant sur la mer, avec l’impression pour le spectateur d’être lui aussi sur l’arche.

Comment as-tu choisi les personnages de ton arche ?

M.P. : J’ai rapidement su que l’histoire du corbeau et du pigeon m’intéressait, parce qu’on connaît tous l’image de la colombe, mais en hébreu, l’écriture est plus vague et donc sujette à plus d’interprétations : l’oiseau pourrait aussi ien être une colombe qu’un pigeon. Dans la Bible, il est écrit que cela fait longtemps qu’ils sont tous coincés dans l’arche, et que Noé veut savoir si les eaux ont baissé et si la vie va reprendre. Il dit une seule phrase très énigmatique, avec un corbeau qui fait des aller-retours sans cesse, sans accomplir sa mission. De l’autre côté, il y a la colombe, qui elle arrive à l’accomplir. La révolte du corbeau est énigmatique et un peu oubliée dans cette histoire, et je me suis dit que je le voulais comme personnage.

Il me fallait d’autres animaux, et il est écrit dans le texte qu’il y a des animaux purs et impurs. J’essayais de comprendre ce que ça voulait dire. Je suis juive donc je me suis dit que ça voulait dire casher. C’est pour cette raison que j’ai choisi des poules, des vaches et des canards.

En parlant des animaux, pourquoi as-tu choisi de sous-titrer le langage des animaux ?

M.P. : J’avais vu ça dans le film Uccellacci e uccellini (Des oiseaux, petits et gros) de Pasolini. Dedans, des oiseaux parlent avec des moineaux, et il y a aussi un corbeau qui parle avec un être humain. Tout est sous-titré. Et puis j’avais aussi envie de donner aux animaux une place réelle. J’avais aussi ce petit fantasme, parce que j’ai toujours vécu dans des villes et que je n’ai pas ce contact que j’aimerais avoir avec eux. Je trouve du plaisir à passer du temps avec des animaux, même s’ils ne sont pas réels, ils sont un peu de la même substance. Et puis ça nous rend égaux, moi quand je parle francais, je suis aussi sous-titrée par exemple.

Comme tu l’as expliqué, tu es le personnage principal de tes films. Dans Nous ne serons pas les derniers de notre espèce, il y a le personnage central de cette femme seule, mais aussi entourée d’animaux, dans le Département des Purs. Elle cherche d’abord un sens à sa mission puis finit par s’y soumettre. Comment as-tu décidé de traiter ce personnage et pourquoi de cette manière ?

M.P. : Je n’arrivais pas à trouver ma place dans l’arche, et une amie, Cindy Coutant, m’a beaucoup aidée. On s’est retrouvées, je lui ai lu toutes mes notes, et elle m’a fait une sorte de psychothérapie de film. À ce moment-là, je travaillais sur un chantier d’insertion parce que j’étais au RSA (Revenu de Solidarité Active, qui assure aux personnes sans ressources un niveau minimum de revenu qui varie selon la composition du foyer) pendant un moment et que Pôle Emploi m’avait dit qu’ils allaient me le couper. J’ai essayé d’expliquer que j’étais artiste et que ce n’était pas toujours évident, ce à quoi ils ont répondu : “Oui Madame, mais il y a la passion, et il y a ce qui met la nourriture dans le frigo… il faut trouver un vrai métier” (ndlr: référence à la “nourriture dans le frigo” répétée plusieurs fois par l’oiseau dans le film pour convaincre la femme de faire son travail sans poser de questions) .

Le seul travail que j’ai trouvé, c’était un chantier d’insertion. J’étais sûre que j’allais devenir menuisière, que j’avais trouvé un “vrai” travail. Pour notre chef, le truc le plus important, c’était de nous apprendre à être des êtres humains et à nous insérer dans la société. On doit arriver à l’heure, en uniforme, ne pas poser trop de questions, remplir nos tâches sans comprendre ce qu’on fait, sans distinction. La plupart des gens qui m’entouraient étaient des immigrants, des gens de tous les coins du monde et de toutes les religions. Mais il y avait un grand principe où il fallait qu’on soit tous pareils.

Mon amie Cindy m’a dit : “Tu sais, j’ai l’impression que ton arche, c’est un chantier insertion”. Ça a bien matché, parce que l’arche de Noé c’est aussi une histoire d’obéissance, où Noé est choisi par Dieu pour construire une arche sans pouvoir poser de questions. Il y a un seul personnage qui n’obéit pas – le corbeau, et sa place est si petite qu’on l’oublie.
Je me suis demandé : « Comment ça se fait que ces animaux qui étaient sauvages ont répondu à l’appel de l’homme pour monter sur cette arche ? Parce que c’est la fin du monde ? Est ce qu’ils sont même capables de le comprendre ? ». Et puis j’ai fait le lien. L’appel pour l’arche, ce serait celui de Pôle Emploi, qui leur promet que s’ils obéissent, leur vie sera plus confortable.

Ton film soulève aussi cette question : est-ce que ça a vraiment du sens de s’inquiéter pour son salaire alors que c’est la fin du monde ?

M.P. : C’est possible qu’on soit dans la même situation, parce qu’on nous dit aussi que la fin arrive, mais notre préoccupation principale reste quand même nos heures supplémentaires. On est dans un paradoxe où par exemple tu sais que le plastique, ce n’est pas bien, que tu dois être responsable dans ta consommation, mais quand tu vas au supermarché, tu es seule à résister à ça. Si tu dois te révolter, tu es seule et tu dois choisir seule.

Dans ton film, la recherche du sens puis l’abandon prend une place très importante., Avec cette voix des hauts-parleurs, cette espèce de dieu du patronat, tu installes une vision plutôt négative, non?

M.P. : Cette voix dans les hauts parleurs, c’est le manager de ce projet arche d’insertion au monde. J’ai un peu mis Dieu de côté, et j’imagine plus la voix comme celle de Noé, le grand chef qui commande tout depuis sa cabine. La vision est aussi assez négative dans la Bible. Il est écrit que quand Noé sort de l’arche, il construit un autel pour Dieu, et il sacrifie quelques animaux qu’il vient de sauver. Dieu passe et sent l’odeur, ça lui fait plaisir mais il comprend que l’homme est mauvais par nature. Cet autel, je l’ai transformé en barbecue dans mon histoire, et à la fin tous ceux qui ont obéi, ils finissent au barbecue construit par le personnage principal.

Pourquoi cet intérêt pour le texte biblique, que tu as déjà traité dans différents courts ?

M.P. : La Bible, c’est un livre incroyable que j’ai découvert ces dernières années. En hébreu, c’est écrit d’une manière tellement étrange et poétique que chacun peut l’interpréter comme il veut. Dans la tradition, c’est un livre que tu dois lire chaque année, chaque histoire va te retrouver dans un autre moment de ta vie et tu peux t’y identifier différemment.

C’est vrai qu’avant Nous ne serons pas les derniers de notre espèce, j’ai traité l’histoire du sacrifice d’Isaac dans Ce n’était pas la bonne montagne, Mohammad, projeté aussi à la Berlinale il y a quatre ans. C’était la première fois que je faisais de l’animation et que j’interprétais la Bible. Le résultat ne m’a pas trop plu, c’était trop dramatique, et j’en ai fait une autre version. Dans cette histoire aussi, il est question d’obéissance. Dedans, je suis une bergère dans le désert qui se promène avec son troupeau de béliers. Petit à petit, ils meurent, et le dernier va être sacrifié par Dieu pour sauver Isaac. C’est une happy end, et en même temps pas vraiment.

Alors ton choix de titre, Nous ne serons pas les derniers de notre espèce c’est plutôt ironique, non ?

M.P. : J’imagine, parce qu’ils meurent tous à la fin (rires) ! J’ai été inspirée par une phrase de Yuval Noah Harari. Pour lui, un rhinocéros rare, à moins d’être en voie d’extinction, n’est pas moins content qu’un veau qui reste sa vie dans une petite boîte pour se retrouver dans notre assiette. Pour le veau, d’un point de vue évolutionnaire, il a gagné. Mais pour l’individu, une vache seule, c’est beaucoup de souffrance. Il s’agit de la grande question : est ce que cela vaut la peine de survivre à tout prix ?

Est-ce que tu peux nous parler de projets à venir?

M.P. : Comme je te l’ai dit, avant de faire ce film, je suis allée en chantier d’insertion. Ça me semblait tellement absurde que je me suis dit que peut-être, il faudrait aller au travail avec une caméra. C’est un peu la version documentaire de l’animation mais dans la vraie vie. J’ai accroché une caméra sur mon corps avec un harnais. Comme je n’intéressais personne dans mon équipe, on m’a dit : “Pourquoi pas ?”.

C’est dur de faire un film, avec la charge mentale. Mais la chose qui m’a poussée, c’est que mon chef ne m’aimait pas trop et m’a mis en binôme avec un autre gars de l’équipe, un menuisier de soixante ans un peu usé de la vie, mais très sympa avec moi et totalement conspirationniste. Il m’expliquait que Brigitte Macron était un homme, que les franc-maçons ont construit les pyramides, etc. Un jour, il m’a demandé si je voulais vraiment devenir menuisière. Ça faisait déjà un moment que je prenais des notes sur l’arche de Noé sans savoir que j’allais faire une animation, et je lui ai dit en blaguant que si dieu me choisissait pour construire une arche avant le déluge, il faudrait que je sache utiliser une visseuse. Lui, il est un peu habitué à ce genre de récits, alors il m’a répondu qu’il était d’accord pour m’aider à construire. C’était très touchant parce que les adultes d’habitude disent : “arrête tes conneries”. Là ça m’a un peu réconciliée avec les conspirationnistes parce qu’il y a une dimension de fantaisie qui est bien dans tout ça. Ça peut permettre d’autres choses qu’une vision rationnelle de la vérité. Et c’est avec cette rencontre entre autres que je me suis dit : « Il faut vraiment que je filme ici ».

Un dernier mot ?

M.P. : Que la fin arrive… (rires) !

Propos recueillis par Amel Argoud

Article associé : la critique du film

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Festival Format Court 2024. Carte blanche Ville de Paris

La 5ème édition du Festival Format Court se tiendra du 25 au 28 avril prochain au Studio des Ursulines (Paris 5). Une compétition de 19 courts-métrages et différents programmes thématiques, dont un focus dédié à la Ville Paris, seront proposés au public et aux professionnels.

Pour la deuxième année consécutive, le festival programme une carte blanche consacrée au Fonds court métrage de la Ville de Paris. Cette séance aura lieu le vendredi 26 avril prochain à 18h30 au Studio des Ursulines et est complète !

Après avoir dédié une séance aux femmes cinéastes l’an passé en présence de 3 réalisatrices (Brigitte Sy, Aurélia Morali et Jawahine Zentar), le thème sera axé cette année autour des liens familiaux. Cette nouvelle projection se déroulera en présence de nombreux invités : Jeanne Herry, Mariame N’Diaye et son producteur Léonard Héliot (Golgota Productions), Karine Blanc, Vibirson Gnanatheepan, Alexey Evstigneev et ses producteurs Clémence Crépin Neel, Igor Courtecuisse (Moderato) et Yanna Buryak (Mimesis).

Participeront également à cette séance exceptionnelle : Clotilde Courau, Présidente du jury du Fonds court métrage de la Ville de Paris, Jean-Paul Salomé et Judith Nora, membres du fonds de soutien de la Ville de Paris et Carine Rolland, adjointe à la Maire de Paris en charge de la culture et de la ville du quart d’heure.

Cette séance confirme également le soutien de la Ville de Paris qui devient cette année partenaire officiel du festival. La billetterie est accessible sur place mais aussi en ligne (conditions tarifaires en bas de page).

Programmation

Marcher de Jeanne Herry. Fiction, 2009, France, Égérie Productions, Onyx Films. Sélectionné au Festival Premiers Plans d’Angers 2009. En présence de la réalisatrice

Une femme va devenir grand-mère. Dans son quotidien rien n’a changé, et pourtant ! Comme chaque semaine, cette actrice reconnue se rend à pied à son cours d’Anglais. En chemin, et tandis que les rencontres inattendues se succèdent, elle mesure à quel point la naissance imminente de l’enfant de son enfant l’habite.

Langue Maternelle de Mariame N’Diaye (France). Fiction, 24′, 2023, France, Golgota Productions. En compétition au Dakar Court Short Film Festival 2023. En présence de la réalisatrice et du producteur Léonard Héliot

Dans les années 80, Sira, jeune femme malienne de 26 ans, mène en France une existence paisible entre son mari Malick et sa fille Abi 6 ans. Son quotidien se vit en soninké, la seule langue qu’elle connaisse. Mais Abi parlant mal français, l’école propose de l’orienter vers une classe d’adaptation et invite les parents à privilégier l’usage du français à la maison. Sira s’y oppose.

Planter les choux de Karine Blanc. Fiction, 18′, 2013, France, Takami Productions. En compétition au Festival du court-métrage méditerranéen de Tanger 2014. En présence de la réalisatrice

Julie a un rendez-vous important aujourd’hui. Elle a un bébé aussi, et pas de place en crèche. Elle a tout prévu sauf les caprices d’un ascenseur fatigué et un tête à tête singulier avec
son futur employeur.

Father’s Letters d’Alexey Evstigneev. Animation, 12′, 2023, France, Russie, Moderato, Mimesis. Sélectionné au Festival de Clermont-Ferrand 2024. En présence du réalisateur et des producteurs Clémence Crépin Neel, Igor Courtecuisse et Yanna Buryak

Un jour d’hiver 1934. Le professeur Vangengheim, météorologue, membre du Parti et victime des purges staliniennes, est conduit au goulag sur les Îles Solovki. Pour protéger sa fille Elya, il prétend être en voyage d’exploration, lui envoyant des lettres et herbiers des îles.

Anushan de Vibirson Gnanatheepan. Fiction, 24’, France, 2023, Bien ou Bien Productions, (SIC) Pictures. Sélectionné au Festival Cinébanlieue 2023. En présence du réalisateur

Anushan est un adolescent de treize ans et fils unique d’une famille tamoule. Alors qu’il renie sa culture et ignore l’histoire de son pays d’origine, il se retrouve à partager sa chambre pour quelques jours avec son oncle arrivé du Sri Lanka.


En pratique

Studio des Ursulines : 10 Rue des Ursulines, 75005 Paris
– Accès : RER B Luxembourg (sortie rue de l’Abbé de l’Épée), Bus 21, 27 (Feuillantines), 38 ou 82 (Auguste Comte), 84 ou 89 (Panthéon). Métro le plus proche : Ligne 7, arrêt Censier Daubenton (mais apprêtez-vous à marcher un peu…)

Billetterie sur place et en ligne (séance complète !)

Tarifs : plein : 8,50€, réduit : 7€. Cartes UGC Illimité et cartes de fidélité des Cinémas Indépendants parisiens acceptées. Achats en ligne majorés de 0,40€ par place (frais de gestion)