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Le Rêve de Bailu de Nicolas Boone

« Le Rêve de Bailu », court-métrage en compétition Silvestre au festival IndieLisboa 2015, est une commande du gouvernement chinois à Nicolas Boone. Cet artiste vidéaste est également le réalisateur de « Hillbrow », primé au Festival du Nouveau Cinéma de Montréal et présenté en compétition Fictions Internationales à Lisbonne ces jours-ci.

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« Le Rêve de Bailu » se situe après le terrible tremblement de terre qui ravagea la province de Sichuan en 2008. À cette époque, les autorités chinoises avaient fait reconstruire entièrement de nombreux villages. Celui de Bailu a la particularité d’avoir été repensé selon une architecture dite à la française. Nicolas Boone répond à la commande qui lui a été faite en réalisant un unique plan-séquence d’une douzaine de minutes déambulant dans le village. Fervent utilisateur de ce procédé, « Hillbrow » est lui, une succession de dix plans-séquences, suivant plusieurs jeunes délinquants d’un quartier de Johannesburg.

Les couleurs vives, le beau ciel bleu, les personnages souriants et la joyeuse musique ambiante du « Rêve de Bailu » l’emplissent de la gaité qui, à première vue, correspondrait au cahier des charges du film de propagande. Mais une deuxième lecture du film, beaucoup plus grinçante, est aussi possible. La technique du plan-séquence, nécessitant une construction chronométrée et millimétrée en amont du tournage, est une parfaite métaphore de l’artificialité du village. Le parti pris architectural où tous les types d’architectures françaises d’antan sont représentés ne paraît que peu réaliste pour un regard français.

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Ce village donne plus l’impression d’un décor construit en carton pâte pour un parc à thème que d’un réel village. Heureusement, celui-ci est justement destiné au tourisme. Les habitants supposés de Bailu se transforment le temps du film en des marionnettes contrôlées par Nicolas Boone. Ils se déplacent et agissent selon ses instructions qu’il a par ailleurs décidé de laisser dans la bande sonore. Ce choix permet également de témoigner de l’artificialité de la vie de ces gens, qui, déplacés après le séisme, n’ont plus aucun repère.

Le réalisateur aime jouer avec les frontières entre le documentaire et la fiction et, comme Magritte avec sa pipe, se plait à perdre le spectateur dans une réalité qui, une fois reconstruite, n’en est en fait plus qu’une représentation. A l’instar d’un journaliste, il suit ses sujets avec une caméra épaule fluide pour être au plus proche de la vérité, essayant avec un procédé simple et léger de se faire oublier. Mais en tant que cinéaste au regard critique, il remet totalement en scène la vie quotidienne des villageois, ne dévoilant finalement aucune réelle vérité. Ainsi, ce film est autant un documentaire que le village est un authentique village français.

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Avec ce court-métrage, Nicolas Boone a réalisé en quelque sorte le film attendu par le gouvernement chinois si celui-ci s’en arrête à la première lecture, mais a su détourner la commande pour, en arrière-fond, critiquer le non-sens évident de la construction de ce type de village. Toute l’ironie du film prend son sens dans le titre, « Le Rêve de Bailu », celui-ci représentant alors la double lecture du film.

Zoé Libault

Consultez la fiche technique du film

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Fiche technique

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Synopsis : En 2008, un tremblement de terre a détruit Bailu, province du Sichuan. Le gouvernement chinois a décidé de reconstruire un village français. Le film est une traversée du village. Il croise ses habitants dans leurs activités.

Genre : Documentaire

Durée : 12’

Année : 2013

Pays : France

Réalisation : Nicolas Boone

Scénario : Nicolas Boone

Photographie : Long Qiao

Production : Tournage 3000

Article associé : la critique du film

Les couleurs majestueuses de l’étrange

Après six courts métrages et un long métrage (« Amer », 2010), le duo de réalisateurs français (et belges d’adoption) Hélène Cattet et Bruno Forzani a tourné en 2013 un deuxième film « L’Etrange couleur des larmes de ton corps ». Le film raconte le parcours sinueux d’un homme, Dan Kristensen, à la recherche de sa femme, mystérieusement disparue. Au retour d’un voyage d’affaires, il se lance désespérément à sa trace et finit peu à peu par perdre pied avec le monde qui l’entoure…

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Sortie l’année dernière, la belle édition DVD/Blu-Ray du film assurée par Shellac est l’occasion de revenir sur l’univers foisonnant de ces deux réalisateurs que l’on pourrait situer quelque part entre le cinéma expérimental et le « giallio » (ou thriller horrifique à l’italienne), un genre de films très populaire dans les années 70 qui a préfiguré la vague des films slashers américains comme notamment « Halloween » de John Carpenter. Cattet et Forzani nous proposent donc un vaste champs des possibles.

Toutefois, au fil des films, les deux réalisateurs sont parvenus à tracer leur propre voie, revisitant au passage les codes bien établis des genres cinématographiques qu’ils côtoient (polar, films d’horreurs, giallio, film expérimental…), les tordant jusqu’à en extraire la substantifique moelle. Ralentis, kaléidoscopes, stop-motion, ruptures de rythme : chaque plan est cadré au millimètre près, la lumière, les décors et les couleurs rappellent les grandes heures du cinéma de Dario Argento ou de Mario Bava, et leurs deux auteurs nous proposent ici un véritable travail d’orfèvre, une ode fétichiste au cinéma de genre.

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Tandis que l’œil est captivé par la beauté des formes qui impriment la pellicule, l’entreprise de désorientation du spectateur bat son plein. Les deux réalisateurs brouillent les pistes et semblent prendre un malin plaisir à perdre celui-ci comme pour mieux l’attirer dans la peau du héros Dan Kristensen et ainsi le plonger dans le malaise qui habite cet homme perdu dans une sorte de labyrinthe mental où se confondent pêle-mêle ses fantasmes et ses phobies. Ce mélange d’influences, de poésie et d’abstraction aboutit à un film-bijou baroque et monstrueux, à un coup de poing chimérique et majestueux que nous vous invitons à (re)découvrir.

La première larme

Pour accompagner le film, Shellac propose dans cet élégant digipack quatre bonus dont trois entretiens avec plusieurs critiques (Manlio Gomarasca, Louis Danvers et Fausto Fasulo) mais aussi le premier court métrage d’Hélène Cattet et Bruno Forzani, « Catharsis ». Véritable grand écart dans la filmographie des réalisateurs, ce film est, comme l’indique le carton inséré avant le début du film, la première collaboration d’Hélène Cattet et Bruno Forzani. Il a été « tourné sur un coup de tête en 2000 pour 75 euros et finalisé en une semaine à peine ». L’urgence du tournage est perceptible à l’image et tranche avec la lumière travaillée du long métrage qu’il accompagne.

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Sa présence sur ce DVD/Blu-Ray permet de mesurer l’écart des douze ans qui séparent « Catharsis » de « L’Etrange couleur des larmes de ton corps ». Mais au-delà des évidentes différences techniques, ce court métrage d’à peine 3 minutes a le mérite de nous donner à voir les premières intuitions de réalisation, les obsessions récurrentes des deux réalisateurs et la cohérence de leur univers visuel qui se déploieront par la suite dans leurs deux longs-métrages. Catharsis « pose les bases de leur univers commun » fait d’angoisse et de sensualité, d’horreur et de beauté. Ce premier court est une sorte d’esquisse du film qu’ils avaient probablement déjà en tête et qui deviendra par la suite leur deuxième long-métrage.

« Catharsis » a également comme autre point commun avec « L’Etrange couleur » celui de faire jouer l’acteur Jean-Michel Vovk qui interprétera plus tard le rôle de l’inspecteur Vincentelli dans le long-métrage. L’une des scènes du film est d’ailleurs directement inspirée par le court métrage « Catharsis »; il s’agit de la séquence de cauchemar où le héros se dédouble indéfiniment. Cette séquence est le leitmotiv du court métrage et fait également écho au premier plan du long métrage où l’on voit en gros plan le personnage principal dans l’avion qui le ramène chez lui, les paupières closes, probablement en train de rêver.

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Au-delà des faux-semblants et des ambiguïtés latentes qui émanent de ces deux films, il faut tenter de voir ces deux films comme des « films de cauchemar sans scène de réveil » dixit Bruno Forzani. Si « Catharsis » détient déjà les premiers symptômes de ce mal étrange, « L’Etrange couleur des larmes de ton corps » en est atteint au dernier degré.

Julien Beaunay

« L’Etrange couleur des larmes de ton corps » : DVD/Blu-Ray édité par Shellac

Aubagne, paroles de jurés

Lors du dernier Festival d’Aubagne, « quatre garçons plein d’avenir » ont œuvré en tant que jurés pour remettre les prix des meilleurs courts-métrages : le réalisateur Christian Volckman, le compositeur Franck Lebon, le scénariste Scribe et le comédien-réalisateur Nicolas Cazalé. Nous avons rencontré trois membres du jury à l’exception de Franck Lebon. Une évidence nous a sauté aux yeux : un réel esprit d’équipe s’était instauré entre eux malgré la tâche difficile de juger 72 films. Interview-discussion pleine de cohésion et d’humour.

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Sachant qu’il y a beaucoup de courts-métrages en compétition à Aubagne, comment vous organisez-vous ? Chacun d’entre vous se concentre-t-il sur sa spécialité (la musique, le scénario, le jeu d’acteurs, …)?

Nicolas : Non, c’est une décision collective. Nos prix sont le fruit d’une discussion commune. Aucun de nous ne dira : « Je choisis ce film-là parce que je suis compositeur et parce que la musique est belle ».

Scribe : Chacun propose ses idées avec sa propre sensibilité bien sûr. On ne regardera peut-être pas les mêmes choses, mais chaque soir, nous nous parlons et avançons petit à petit. Ce ne sont pas des réunions de travail à proprement parler, mais on échange sur nos sentiments liés à chaque film. Pour moi, c’est vraiment compliqué de juger sur le même plan une comédie extrêmement bien ficelée et un documentaire très onirique.

Nicolas : En même temps, il y a trois prix à décerner chacun dans un secteur différent (documentaire, fiction et animation).

Christian : Ça divise en effet la sélection en plusieurs groupes, néanmoins, c’est vrai que le choix est très grand. Rien qu’en fiction, il y a une quinzaine de films qu’on trouve fantastiques et il ne faut pourtant délivrer qu’un seul prix.

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Vous êtes-vous imposés des critères avant même de commencer à voir les films ?

Nicolas : Non. Ceci étant, les critères sont en quelques sortes imposés puisque le premier prix doit être attribué à un film à la musique originale.

Scribe : En effet, il doit y avoir une balance entre les qualités du film et les celles de la musique originale.

Christian : Ce qui est intéressant en tout cas dans ce petit groupe que forme le jury, c’est que nous ne nous connaissions pas pour la plupart. Le processus a donc d’abord été une rencontre humaine. C’est à travers les films et nos avis qu’on se découvre et qu’on apprend à sentir ce qui plaît aux autres. Finalement, on s’aperçoit qu’on a à peu près les mêmes goûts et la même culture aussi. C’est une bonne chose.

D’une manière générale, que pensez-vous de la sélection de courts-métrages de cette année?

Nicolas : Je pense qu’il y a trop de films. Très honnêtement et malheureusement, lorsqu’on arrive en fin de festival, il n’est pas évident de se rappeler des films vus en début de semaine. Un film peut en effacer un autre, sauf en cas d’énorme coup de cœur. Ceci dit, il y a de très belles choses.

Christian : Il est vrai qu’il y a beaucoup de films, mais le festival est vraiment fantastique. C’est un lieu de rencontres très ouvert, sans être en représentation. L’équipe est formidable et les personnes qui se déplacent ici sont passionnées.. Autre élément vraiment intéressant : il y a beaucoup de compositeurs, ce qui assez rare ailleurs.

Scribe : Personnellement, je suis assez impressionné. Aubagne montre des premiers et deuxièmes courts-métrages. La qualité est absolument incroyable et le talent concentré ici est assez touchant.

Christian : Ceux qui sont ici sont ceux qui résistent ! Par exemple, il y a des Ukrainiens qui ne doivent pas avoir les moyens de faire des films, mais qui en font coûte que coûte. Ils tentent des choses et ils les montrent. En revanche, avouons que beaucoup de réalisateurs sont déprimés (rires) !

Scribe : C’est vrai, les films sont très noirs.

Christian : Ça reflète aussi l’état du monde. C’est intéressant de le sentir, de le digérer, de l’écouter à travers des films.

Y a-t-il des thèmes récurrents selon vous, d’un film à l’autre ?

Scribe : Absolument J’ai remarqué qu’il y avait beaucoup de nature et de retour à la nature sous une forme positive et en même temps, on retrouve aussi beaucoup le suicide, la mort, les violences familiales et les familles chamboulées. C’est très noir. Après, les comédies en sélection ont toutes un niveau incroyable.

Christian : Mais il y en a peu, c’est dommage !

Scribe : Comme les documentaires. Il n’y en a pas beaucoup et ça donne envie d’en découvrir plus. Il y a en effet des choses absolument formidables et beaucoup d’audace dans le traitement. On n’est jamais face à des documentaires classiques. Je crois que c’est un genre qui se redécouvre et qui est en pleine redéfinition.

Les films dans ce festival pourraient-is vous inspirer pour vos créations personnelles ?

Christian : Je ne crois pas car à voir autant de films, il y a un phénomène de saturation qui fait qu’on mélange pas mal de choses. Ça ne permet pas de réfléchir à ses propres travaux et de faire ressortir quelque chose de cohérent.

Nicolas : On ne peut pas se définir comme ça. Après, ça peut révéler des choses en soi.

Christian : Ce qui est très intéressant, c’est la technique, la façon dont les réalisateurs filment, dont ils abordent un sujet. On peut, à partir de là, commencer à avoir une relation avec l’objet cinématographique et se poser des questions sur son propre travail d’un point de vue de l’approche artistique. Sur un même thème, on peut effectivement avoir un traitement qui varie à l’infini. Finalement, ça renvoie à soi-même, on se dit que l’on va rester au plus proche de soi et s’assumer. Mais en réalité, cette réflexion a lieu constamment lors de la phase de création, et pas seulement en festivals.

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Scribe : Il y a deux processus en fait. D’un côté, il y a le syndrome de « ça peut faire un film », c’est-à-dire que depuis qu’on est ici, on voit une nouvelle idée toutes les demi-heures qui pourraient faire des films géniaux. Et de l’autre côté, on a tous bien appris et compris qu’un bon sujet ne suffit pas à faire un bon film. Ceci étant, comme dit Nicolas, en voyant tous ces films, on a plein d’images, plein d’idées sur le son. L’écriture du son est quelque chose de magnifique qui est encore très peu travaillé. C’est d’ailleurs quelque chose qui nous attire beaucoup tous les quatre.

Christian : Ce qui est assez étonnant, c’est que lorsqu’on regarde un film, on absorbe l’histoire et l’image mais il faut faire un effort pour réellement écouter la bande sonore ou la musique. Dès que c’est médiocre, l’effort est tout d’un coup visible tandis que lorsqu’on est pris dans un film, tout disparaît. C’est une sorte de magie.

Nicolas : Et c’est cette sorte de magie qu’on va essayer de mettre en avant à travers notre prix. L’émotion générale est un des critères importants. En tant que jury, on se doit d’être attentifs à l’image, au son, au jeu et il est parfois difficile de se laisser porter naturellement par les films, alors que lorsque l’émotion est présente, on ne se pose plus de questions car ce sont ces films qui marquent le plus puisque tous les éléments (image, son, histoire) sont en symbiose.

Avez-vous discuté avec certains des réalisateurs présents de leurs films ?

Christian : On a envie d’aller les voir pour savoir ce qui les motive parce qu’on voit des films très forts et qu’on se demande toujours s’il y a un lien avec leur discours intime et personnel. On en a rencontré certains car ils sont accessibles et présents au festival pour les rencontres. En général, ce sont eux qui viennent nous voir. Comme c’est un petit festival, les rencontres se font très facilement.

Scribe : Pour moi, un des critères, c’est de sentir qu’il y a une personne humaine et unique derrière un film.

Christian : Oui, c’est important de sentir qu’il y a une âme. Ça revient à ce que je disais tout à l’heure sur le fait d’accepter sa personnalité et de l’assumer pour traiter tel ou tel sujet et =d’en faire ainsi un film unique. Malheureusement, la tendance actuelle veut qu’on fasse tous un peu la même chose. La société nous tape dessus pour qu’on s’uniformise et qu’on se ressemble tous, si bien que le cinéma doit continuer à essayer de nous sortir la tête de l’eau en proposant son propre point de vue sur le monde. L’art sert en général à la lutte.

Scribe : Mais même l’art est devenu un archétype, donc c’est compliqué !

Nicolas : C’est en ça que l’âme est vraiment importante derrière chaque film ou chaque œuvre d’art. Personnellement, je préfère un film moins maîtrisé, moins parfait, mais plus authentique.

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Christian : Pour rejoindre ce que dit Nicolas, on touche là aux fondamentaux. Cela revient à poser la question de ce qui motive un individu à devenir cinéaste et à vouloir faire des films. Il y a d’un côté celui qui souhaite rentrer dans un marché et sa démarche ne sera que mécanique et de l’autre, celui qui souhaite prendre des risques en exprimant ce qu’il ressent.

Nicolas : C’est ce deuxième type de cinéaste qu’on a envie de primer en lui disant : « Certes, ton film n’est pas parfait, mais il te ressemble ». Bien évidemment, les cinéastes restent tributaires du système, des chaînes de télévision et des autres financements. Malheureusement, ce sont souvent ces structures qui ne prennent pas assez de risques, qui refusent les tentatives des réalisateurs. C’est un vrai problème car ça ne laisse la place qu’à des films standardisés.

Scribe : Oui, c’est dommage car les premiers courts-métrages sont censés être un lieu d’apprentissage, où on donne tout et où il y a aussi des défauts. Seulement, à cause de la question des financements, le premier film n’a plus forcément la valeur d’étape qu’il devrait avoir.

Nicolas : Effectivement, si tout est parfait dans un premier film, comment fait le réalisateur pour se renouveler, s’améliorer ?

Scribe : Tous les courts-métrages qu’on voit ici ne sont pas tous maîtrisés à 100%, fort heureusement mais malgré tout, on y voit vraiment de belles choses et de vrais talents. C’est rassurant.

Propos recueillis par Camille Monin

Article associé : Retour sur les courts présentés au Festival d’Aubagne

Quinzaine des Réalisateurs 2015, les 11 courts-métrages sélectionnés

La Quinzaine des Réalisateurs révélait ce matin, lors de sa conférence de presse, les films en sélection pour sa 47ème édition. Découvrez les 11 courts-métrages qui seront présentés du 14 au 24 mai prochain dans la sélection parallèle du Festival de Cannes.

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Courts-métrages sélectionnés

Bleu Tonnerre de Jean-Marc E. Roy & Philippe David Gagné (Canada)

Calme ta joie d’Emmanuel Laskar (France)

El pasado roto de Martín Morgenfeld & Sebastián Schjaer (Argentine)

Kung Fury de David Sandberg (Suède)

Pitchoune de Reda Kateb (France)

Provas, Exorcismos de Susana Nobre (Portugal)

Pueblo de Elena Lopez Riera (Espagne/Suisse)

Quelques secondes de Nora El Hourch (France)

Quintal de André Novais Oliveira (Brésil)

Rate Me de Fyzal Boulifa (Royaume-Uni)

The Exquisite Corpus de Peter Tscherkassky (Autriche)

Semaine de la Critique 2015, les 10 courts et moyens sélectionnés

Avant de découvrir la sélection de la Quinzaine des Réalisateurs aujourd’hui (la conférence de presse a lieu ce matin), voici les 10 courts et moyens-métrages sélectionnés à la 54e Semaine de la Critique qui aura lieu du 14 au 22 mai prochain lors du Festival de Cannes.

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Courts et moyens métrages en compétition

Varicella de Fulvio Risuleo (Italie)
Command Action de Joao Paulo Miranda (Brésil)
Everything Will Be Ok de Patrick Vollrath (Allemagne)
Ramona d’Andrei Cretulescu (Roumanie)
Too Cool For School de Kevin Phillips (États-Unis)
Love Comes Later de Sonejuhi Sinha (États-Unis)
Boys d’Isabella Carbonell (Suède)
The Fox Exploits The Tiger’s Might de Lucky Kuswandi (Indonésie)
Jeunesse des loups-garous de Yann Delattre (France)
La fin du dragon de Marina Diaby (France)

Les Fleuves m’ont laissée descendre où je voulais de Laurie Lassalle

Les amoureux qui passent, le soleil amer, la nuit verte, des arbres tordus, la barque de Charon, une fête surréaliste, deux adolescents accroupis qui disparaissent dans la nuit… Il s’agit juste d’une partie des éléments qui confluent dans « Les Fleuves m’ont laissée descendre où je voulais », premier film de Laurie Lassalle, en compétition cette année à la 12ème édition des Rencontres Européennes du Moyen Métrage de Brive. Déjà sélectionné en 2014 à la Semaine de la Critique et au Festival international du film d’Amiens, « Les Fleuves… » nous plonge dans la traversée de Flore et Arthur, deux bateaux qui ne sont plus guidés par les haleurs.

Librement inspirée du Bateau Ivre de Rimbaud, la cinéaste nous met devant un road- movie de 38 minutes qui suit le cours de deux personnages à la dérive, deux petits flâneurs de campagne qui partent sur la route pour aller « se battre » avec la mort, le sexe, l’amour et le malheur. Le film démarre avec une visite de Flore au cimetière où elle reçoit un texto d’Arthur : « Envie de faire la fête, ma trompe d’éléphant traîne par terre, ma tête est un champ de bataille, viens te battre avec moi ce soir ! » Elle prend son vélo et roule jusqu’à la nuit pour le rejoindre à l’hôpital où il s’est fait interner après avoir volé au supermarché du village. Enfoncés dans la nuit, avec les rues désertes et sous la lumière incandescente des poteaux de couleurs, Arthur propose de trouver un bateau. Et c’est là, coincés au milieu de « nulle part » qu’ils tombent sur le camion de Charon, un routier auquel Arthur demande de les déposer près du fleuve, fleuve qui pourtant n’existe pas. Comme le Charon de la mythologie grecque qui faisait passer sur sa barque les âmes des morts à travers l’Achéron et le Styx pour les amener aux Enfers, le routier, aussi énigmatique que sa contrepartie mythologique, conduit les enfants par les Fleuves de la route.

Deux images se superposent ensuite : un travelling de l’autoroute qui semble infinie et la tête géante d’un lièvre qui danse dans une fête onirique et fantasmagorique. Des visages, des mains, des épaules, mélangés et couverts par les fils de lumière rouge- violette sont filmés de près, en gros plans. La caméra se fixe sur les corps des personnages, bouge avec eux, les suit de dos, en plongée et contre-plongée. Flore est contente, mais soudainement ça coupe. Comme si l’on sortait du terrier du lapin blanc, le rêve de cette soirée psychédélique qui avait l’air de s’étaler jusqu’à l’aube arrive à la fin. Avec le lever du soleil, la frontière entre le jour et la nuit va disparaître. Les longs travellings de la route et de la campagne qui mêlent le bleu cobalt du crépuscule et l’orange brûlé de l’aurore troublent notre perception du temps et nous font témoins des hallucinations et des délires des personnages.

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C’est là où le film nous fait sortir du champ du réel pour nous installer dans la rêverie des personnages, exemplifiée et accentuée par l’éclairage. La lumière est utilisée ici comme l’élément technique qui rend réelle ou irréelle leur réalité. Notamment, la couleur violemment artificielle de la palette choisie par la réalisatrice, mise en scène par son chef-opérateur et étalonneur Brice Pancot, nous permet de trouver une distance avec les visions et phantasmes des protagonistes. Elle contribue à créer un effet brechtien de distanciation qui nous empêche de nous impliquer directement avec la fiction à l’écran, rompt avec l’illusion cathartique et permet un détachement critique par rapport à l’histoire.

Par ailleurs, de la même façon que la puissance des couleurs domine l’aspect plastique et narratif du film, elle est aussi présente sur les visages des comédiens. Ce sont ces couleurs présentes à chaque plan qui moulent et nimbent les figures de Solène Rigot et de Théo Cholbi. Bien que Rigot apparaisse toujours avec ses yeux grands ouverts, c’est la forte présence des tons rose vif de ses lèvres et du roux corail de ses cheveux qui accorde du magnétisme à sa performance. Pareil avec Cholbi dont les tons pâles de la peau et le vert sauge des yeux sautent à l’œil du spectateur.

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Pourtant, même si l’articulation entre ce traitement de l’image, les mouvements souples de caméra et les travellings de nuit très réussis construisent un film visuellement fascinant, il reste un goût un peu amer au niveau du scénario. Nous sommes obligés de faire des concessions à cause de la gratuité d’une ou deux séquences où les délires vont au-delà du pacte établi entre le public et le parti pris de la réalisatrice, et avec certains dialogues qu’il faut avaler sans justification dans le bon intérêt du film et pour le plaisir des images. En conséquence, il est facile de lâcher le fil narratif de l’histoire pour se mettre à admirer le cadrage artistique de la forêt, l’usage antinaturel de la couleur, et oublier le récit proposé.

Ce qui résulte est un film viscéral, d’initiation, de découverte et rempli de références, qu’il faut savoir saluer. Une incarnation moderne et sauvage du poète maudit avec Arthur et du deuil et du malaise avec Flore, synecdoque de la vie adolescente. Un univers qui appartient uniquement à deux jeunes gens qui voguent pour se rendre à une fête et qui finissent obscurs dans la nuit solitaire.

Julián Medrano Hoyos

Consultez la fiche technique du film

F comme Les Fleuves m’ont laissée descendre où je voulais

Fiche technique

Synopsis : Flore, dix-huit ans, rejoint Arthur pour se rendre à une fête qui n’existe pas. Sur leur route, personnages étranges et hallucinations les conduisent au bout de la nuit. Flore fait l’expérience du deuil et de l’enfance perdue, pour se retrouver au cœur de son désir.

Genre : Fiction

Durée : 38’25’’

Année : 2014

Pays : France

Réalisation : Laurie Lassalle

Scénario : Laurie Lassalle

Image : Brice Pancot

Montage : Louise Jaillette

Son : Jean-Barthélémy Velay

Musique: Ulysse Klotz, Stéphane Bellity

Interprétation: Solène Rigot, Théo Cholbi, Miglen Mirtchev

Production : Haïku Films

Article associé : la critique du film

Festival de Brive, le palmarès

La 12ème édition du festival du cinéma de Brive s’est clôturée ce weekend. En voici le palmarès.

Prix Maison du Film Court : Je souffrirai pas de Hubert Benhamdine

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Prix Format Court, Prix du Public, Grand Prix France-Brive 2015 : Comme une grande de Héloïse Pelloquet

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Prix spécial CINE+, Prix du Jury Jeunes de la Corrèze – Brive 2015 : Lupino de François Farellacci co-écrit avec Laura Lamanda

Prix CINE+ : Ton coeur au Hasard de Aude Léa Rapin

Mention spéciale d’interprétation du Jury pour Jonathan Couzinié dans Ton coeur au Hasard de Aude Léa Rapin

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Mention du Jury Jeunes de la Corrèze, Mention du Jury Grand Prix France : Notre Dame des Hormones de Bertrand Mandico

Mention du Jury Grand Prix Europe : Vous qui gardez un coeur qui bat de Antoine Chaudagne & Sylvain Verdet (France)

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Grand Prix Europe – Brive 2015 : Motu Maeva de Maureen Fazendeiro (France)

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Prix du Scénario de moyen-métrage : Blind Sex de Sarah Santamaria-Mertens

« Comme une grande » d’Héloïse Pelloquet, Prix Format Court au Festival de Brive !

Le jury Format Court de la douzième édition des Rencontres du moyen ­métrage de Brive (14-19 avril), composé de Georges Coste, Nadia Le Bihen, Aziza Kaddour et Marc­-Antoine Vaugeois, a choisi de récompenser « Comme une grande », film de fin d’études de l’ancienne élève de la Fémis, Héloïse Pelloquet, parmi les 22 films en compétition européenne. En choisissant de ne pas trancher entre le documentaire et la fiction, la réalisatrice livre un émouvant portrait de jeune fille, porté de bout en bout par son actrice principale Imane Laurence, véritable boule d’énergie et de fantaisie irrésistible.

Comme une grande de Héloïse Pelloquet. Fiction, 43′, France, 2014, La Fémis

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Synopsis : Un an de la vie d’Imane, au bord de l’océan. Un jour Imane sera grande. En attendant, il y le collège, les copines, les garçons, l’été, les vacanciers de passage, l’hiver, les projets, les rêves.

La réalisatrice lauréate bénéficie d’une mise en avant de son travail sur notre site, d’une projection de son film lors de la prochaine soirée Format Court, organisée le jeudi 14 mai 2015 au cinéma Le Studio des Ursulines (Paris 5ème) ainsi que de la création d’un DCP par notre partenaire Média Solution.

Short Screens #49 : Moi, Femme

Ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre, aussi bien indépendante, émancipée et active que mère et maîtresse, la femme moderne endosse ses différents rôles avec affirmation, n’hésitant pas à fouler hors des sentiers battus du modèle patriarcal fatalement effeuillé. Pour sa séance d’avril, Short Screens se découvre d’un fil et vous dévoile huit regards francs et effrontés, révélateurs de l’identité féminine d’aujourd’hui.

Un projet à l’initiative de l’asbl Artatouille et Format Court.com.

Rendez-vous le jeudi 30 avril à 19h30, au cinéma Aventure, Galerie du Centre, Rue des Fripiers 57, 1000 Bruxelles – PAF 6€

Visitez la page Facebook de l’événement ici.

Programmation

NO ERAMOS POCAS  de Ximena Gonzalez / Argentine/ 2013/ expérimental/ 5′

no eramos pocasExpérience audio-visuelle basée sur le texte homonyme de Soledad Lazaro. Univers onirique parcouru par les représentations sociales du corps, de la féminité et de la maternité.

I AM A GIRL de Susan Koenen / Pays-Bas/ 2010/ documentaire/ 15′

i am girlA treize ans, Joppe est une jeune fille amoureuse mais confrontée à un terrible dilemme: née garçon, doit-elle avouer ses sentiments et sa transsexualité à Brad?

UNDRESSING MY MOTHER de Ken Wardrop / Irlande/ 2004/ documentaire/ 5′

undressing my motherKen Wardrop a demandé à sa mère de se déshabiller devant la caméra, tout en lui racontant sa vie…

LA MÉTÉO DES PLAGES d’Aude-Léa Rapin/ France/ 2013/ fiction/ 26′

la-meteo-des-plagesAlice et Louise sont en couple. Elles veulent un enfant. Tom leur propose son aide. Ils se lancent.

ELENA de Marie Le Floc’h et Gabriel Pinto Monteiro/ Belgique/ 2014/ fiction/ 17′
ElenaElena, adolescente polonaise de 15 ans, doit accompagner ses parents à un rendez-vous pour leur servir d’interprète. Ce qu’elle pensait être une simple formalité la confronte à la violence d’être adulte.

SUPERVÉNUS de Frédéric Doazan/ France/ 2013/ animation/ 3′

SupervenusUn chirurgien plasticien s’en donne à cœur joie pour transformer une femme selon les canons de beauté les plus courants. On ne peut plus l’arrêter!

THE GAME CHANGED de Michael Truog/ États-Unis/ 2004/ expérimental/ 5′

the-game-changed1Présentation du sexisme et de l’exploitation de la femme dans les années 40-50.

100% YSSAM d’Isabelle Mayor/ Suisse/ 2011/ fiction/ 15′

100 pc YssamComme les garçons et les filles de son âge, Sémira, 15 ans, pense qu’être vierge n’est pas cool. Alors qu’elle ressent du désir pour Yssam, sa vie sexuelle commence. Un portrait du 19ème arrondissement de Paris entre crudité et poésie.

Une plongée dans l’imaginaire d’Erik Schmitt

Récompensé par le Prix Format Court au dernier festival de Brest, « Nashorn im galopp » d’Erik Schmitt avait séduit le jury par sa poésie et sa créativité. Dans ce film coloré, le cinéaste allemand nous enjoignait à découvrir la ville sous un œil nouveau.

On retrouve cette atmosphère, à la fois drôle et mélancolique dans « Forever Over », réalisé en 2014. Un court métrage qui lui aussi fait la part belle à l’onirisme et à la poésie. Le film met en scène un homme et une femme, qui s’ennuient, qui peinent à se souvenir des raisons qui les ont fait s’aimer. Afin de raviver la flamme, de sortir de la routine, ils mettent au point un jeu, écrire chacun sur des bouts de papiers leurs rêves, du plus commun au plus fou, et les réaliser. Les couleurs, la lumière, la musique, se font les calques parfaits des émotions des personnages, de la joie à la frustration, de l’énergie à l’abattement. Erik Schmitt nous livre un film qui se présente comme une quête des sensations perdues. Une histoire où le rêve apparaît comme l’ultime remède avant la séparation.

Néanmoins, l’univers du cinéaste ne se limite pas à ce type d’esthétiques. Dans un tout autre registre, il se plait à réaliser des films très courts, qui nous plongent dans un univers comique et décalé. C’est le cas de « Now Follows », réalisé en 2011 ou de « Telekommando », qui date de 2014. Le premier ne possède aucun dialogue, toute l’intrigue est narrée par une voix off qui décrit les actions et influence le spectateur dans sa lecture des personnages. Dans un décor enneigé, un jeune homme quitte son appartement pour rendre visite à sa grand-mère lorsqu’un homme à l’air austère vient à sa rencontre. Ils apparaissent sur des plans séparés et la voix du narrateur crée un effet d’anticipation à mesure que la confrontation approche.

Après une brève plongée dans le subconscient du jeune homme qui imagine différents moyens de se cacher, une course poursuite s’engage entre les deux hommes. La voix off s’accélère, c’est elle qui traduit et rythme toutes les actions. L’issue de cette séquence, prendra pourtant le contre-pied de celle que le narrateur semble vouloir amener. C’est dans cette chute que se trouve la réussite du film, le spectateur, guidé par le commentateur est passif. Le décalage entre les commentaires et l’action finale intensifie l’élément de surprise et procure au film une dimension nouvelle.

« Telekommando » prend la forme d’un reportage qui serait diffusé dans un journal télévisé. Le sujet du jour porte sur un homme dont le métier est de contrôler tout ce qui à nos yeux paraît naturel dans la ville. À l’aide de sa télécommande, il provoque l’ouverture et la fermeture des portes automatiques, l’arrêt des bus et même la chute des feuilles d’arbres en hiver. Devant la camera, l’homme, dont l’accoutrement ressemble à celui des agents des travaux publics, affirme que sa télécommande peut tout contrôler, y compris le maire de la ville. Cette allégorie urbaine, aux ressorts absurdes, nous place face à une réalité inattendue, celle du devenir de l’homme au sein de sociétés ou la technologie est vouée à tenir une place de plus en plus importante.

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Bien que très différents, les films d’Erik Schmitt ont tous pour point commun de faire appel au rêve et à l’imagination. Qu’ils prennent des airs de comédies absurdes ou de fables contemporaines aux images soignées, tous s’éloignent de la réalité quotidienne pour transporter le spectateur dans un univers décalé. C’est la voie que poursuit le cinéaste dont les réalisations, derrière leurs apparences souvent légères, recèlent des questionnements bien plus profonds qu’elles ne le laissent paraître au premier abord. S’entourant de partenaires fidèles, il nous propose des paraboles urbaines pour parler du monde contemporain.

Paola Casamarta

 Articles associés : la critique de « Nashorn im galopp », l’interview de Erik Schmitt

Jean-Sébastien Chauvin : « Il faut veiller à ce que le «moi critique» et le «moi réalisateur» regardent dans la même direction »

Jean-Sébastien Chauvin est critique de cinéma (Cahiers du Cinéma, Chronic’art, Vogue) et enseignant à l’ESEC (École Supérieures des Études Cinématographiques). Depuis 2008, il a réalisé cinq courts-métrages qui tracent une voie singulière au sein de la production française de par leur inspiration fantastique et leur propension à ouvrir leurs cadres sur des territoires peu explorés. Son nouvel opus « Les Enfants » que nous avions découvert lors de l’ultime édition du festival de Vendôme l’année dernière se retrouve aujourd’hui en compétition parmi les moyens-métrages du Festival de Brive. Rencontre avec un cinéaste pour qui le geste de création est indissociable d’une lutte pour la croyance dans l’imaginaire.

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Comment es-tu arrivé au cinéma ?

Je suis cinéphile depuis mes quinze ans. Mes parents étaient eux-mêmes des cinéphiles autodidactes et je sais que je leur dois beaucoup. J’ai toujours fantasmé l’idée de faire des films, mais j’ai mis beaucoup de temps à y venir car je ne me sentais pas prêt, je n’avais pas la maturité nécessaire. Après la fac, j’ai connu deux années de flottement à l’issue desquels je me suis dit que je pourrais écrire sur le cinéma. C’était une idée qui me tentait d’autant que j’étais lecteur des Cahiers du Cinéma depuis longtemps. J’ai commencé à écrire des critiques dans mon coin, puis je les ai envoyées à tout le monde, à toutes les revues spécialisées de Paris. J’ai eu la chance que cela soit Les Cahiers du Cinéma qui me répondent.

Pour moi, la critique était un domaine très intéressant car c’était une autre manière de faire des films. J’ai toujours considéré que l’intérêt de l’exercice ne résidait pas seulement dans l’expression d’une pensée critique, mais qu’il permettait également de « refaire » le film, de l’analyser, de comprendre son fonctionnement, son esprit. Quand j’ai commencé à réaliser des films, j’ai compris que les questions que se pose un cinéaste n’ont pas grand chose à voir avec la lecture d’un critique qui est souvent très théorique. La décision de me lancer dans la réalisation est venue en 2004, quand toute la rédaction des Cahiers dont je faisais partie s’est fait virer par les nouveaux arrivants. J’ai profité du passage à vide qui a suivi pour sauter le pas, et j’ai co-écrit avec Sébastien Bénédict le court-métrage « Les filles de feu » qui a été produit par le GREC.

L’exercice critique a-t-il influencé ton travail de réalisateur ?

Tout à fait, dans la mesure où cela m’a permis d’affiner mes goûts et de savoir quel genre de films j’avais envie de réaliser. Cela dit, je pense que c’est aussi en réalisant des films que l’on découvre ce que l’on a vraiment envie de faire. Un autre aspect qui m’a toujours semblé important, c’est que le passage à la réalisation soit un prolongement, une mise en application des idéaux critiques. On vit aujourd’hui dans une époque où la parole n’a plus aucune valeur, où l’on constate qu’un candidat à la présidence de la République est capable de faire exactement le contraire de ce qu’il a promis durant sa campagne le lendemain de son accession au pouvoir. À notre niveau, je pense qu’il est important de s’imposer une discipline car j’ai l’impression que c’est très facile de se formater, de finir par faire des choses en tant que réalisateur que l’on n’aurait jamais supporté en tant que critique. Il faut veiller à ce que le «moi critique» et le «moi réalisateur» regardent dans la même direction.

Quelle a été la genèse de ton dernier court-métrage, « Les Enfants » ?

Pour dire la vérité, c’est parti d’une blague ! J’ai dit un jour à Stefan Lauper, l’artiste qui avait conçu le téléphone magique de mon précédent film « Et ils gravirent la montagne » que j’aimerais bien réaliser un film avec une soucoupe volante, puisque la science-fiction est un genre que j’adore et qu’inconsciemment, je voulais investir depuis longtemps. Stefan m’a répondu un peu comme une provocation : « Si tu veux, je te la construis cette soucoupe ! ». C’est vraiment parti de là, et j’ai ensuite imaginé cette histoire d’une mère qui serait exclue de l’imaginaire de ses enfants alors qu’ils fuient ensemble un monde apocalyptique. Je me rends compte aujourd’hui qu’il s’agit d’un point commun à tous mes films, cette mise en scène des êtres qui sont séparés par une barrière. Et cette barrière, essentiellement, est celle de l’imaginaire. J’insiste dessus car il y a presque une dimension politique à raconter cette situation, dans une époque où on nous assène en permanence qu’il faut « être réaliste », alors que tous ceux qui ont fait bougé les choses dans l’histoire ont pu le faire car ils croyaient en un idéal, en leurs rêves.

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Ce qui me plaisait dans le scénario des « Enfants », c’était de mettre en scène un univers fantastique qui ne correspondrait pas à une vision d’un paradis artificiel, mais qui à force de croyance finirait par devenir concret. Et la mère dans cette histoire, puisqu’elle refuse de croire dans l’imaginaire de ses enfants, est rejetée de cet univers. Il y avait donc à l’origine du projet cette blague autour de la soucoupe et ce pitch qui tenait en un paragraphe. L’écriture du scénario est toujours une étape compliquée pour moi, et pour ce projet, une de mes amies écrivains, Hélène Frappat, m’a proposé d’écrire le script. Entre ses romans et mes films, il y a plusieurs points d’accroches. La rédaction est donc allée assez vite.

Ce besoin de croire en l’imaginaire qui impulse ta démarche et relie chacun de tes films fait apparaître d’autres similitudes. Tes films font presque tous le récit d’un parcours dans lequel tes personnages vont quitter un semblant de civilisation pour fuir vers la forêt où ils partiront en quête de leur lumière intérieure. En cela, la fin de « Et ils gravirent la montagne » et des « Enfants » est la même : deux personnages s’en vont vers la voûte céleste et rejoignent les étoiles.

Je n’avais pas formulé clairement cette idée, ce schéma, mais effectivement ce mouvement qui fait avancer les personnages de mes films traduit sans doute le besoin que j’ai d’être sincère avec moi-même, de pousser la logique et le désir jusqu’au bout. Le monde d’aujourd’hui ne pousse pas forcément les individus à être sincères, et en leur vendant une idéologie hyper individualiste dont le slogan serait « Soyez vous-même ! » ne donne finalement que le droit à chacun d’être comme tout le monde. Je comprends parfaitement les envies de révoltes de certains, le besoin d’envoyer valser un système qui les oppresse en tuant leur imaginaire.

J’ai réalisé il y a quelques années un film avec un groupe de collégiens dans le cadre d’un atelier proposé par le festival de Pantin. L’idée était de réaliser un court-métrage fantastique, et au cours d’une improvisation où l’un des élèves était attaqué par un monstre, tous ses camarades ont réagi de la même façon : ils ont fui et l’ont laissé en plan ! Sur le moment, ça m’a amusé, et je leur ai dit sur le mode de la plaisanterie qu’ils n’étaient pas très solidaires. Et eux m’ont répondu, à la fois blagueurs et sérieux, que c’était « chacun pour soi ». C’est un détail mais qui est révélateur d’une violence ancrée dans la société et que les plus jeunes sont déjà prêts à retourner contre les autres. Une de mes ambitions est de réussir à filmer justement l’utopie d’un groupe dans mes prochaines réalisations, pour sortir du schéma du couple ou du trio sur lesquels étaient construits tous mes films jusqu’à présent.

Tes films révèlent tous un souci, une ambition de travailler à partir du « décor français », de s’emparer de ses espaces pour en exploiter la ciné-génie et raconter une histoire. À travers des cadres fixes, un découpage très élaboré et la manière de faire se mouvoir les corps dans l’espace, tu parviens à transcender ces décors et à leur donner une nouvelle dimension. Comment appréhendes-tu cet élément pendant la fabrication ?

Les lieux sont parfois même à l’origine des scénarios. Pour « Les filles de feu », j’ai co-écrit avec Sébastien Bénédict une histoire qui prenait pour décor les résidences d’immeubles qu’il habitait alors. L’impression première que j’avais en arpentant ces lieux était que je pouvais m’y perdre facilement, car ils avaient un aspect labyrinthique. Je trouvais à ces espaces des qualités très cinématographiques, et ils ont réellement impulsé et guidé l’écriture de la fiction. Je pense que l’on ne peut pas filmer indifféremment des lieux pour raconter une histoire. Godard disait qu’il faut « faire un casting de lieux comme on ferait un casting d’acteurs », et je souscris complètement à cette idée.

Pour « Les Enfants », j’avais envie de tourner en Bretagne car j’avais repéré des lieux et des paysages qui m’inspiraient en faisant des recherches sur le net. Je me disais que si je n’obtenais pas l’aide de la région, j’aurais été bien en peine. J’aurais pu tourner le film ailleurs, mais ça n’aurait pas été la même chose. Je considère les lieux comme des personnages, et j’aime les filmer comme s’ils étaient vivants, comme s’ils interagissaient avec les acteurs. Par exemple, dans « Et ils gravirent la montagne », l’idée était de montrer que le lieu observe les deux adolescents durant leur fuite. Cette notion du paysage me fascine et m’émeut, notamment dans le cinéma américain. Je suis souvent déçu de constater que les réalisateurs français ne profitent pas plus des paysages magnifiques que l’on peut trouver en France.

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Quels sont tes projets pour la suite ?

Je viens de commencer l’écriture d’un long-métrage avec Hélène Frappat. Nous ne sommes qu’au début d’un long processus de création et si l’on arrive à le mener à son terme, je réaliserai mon premier long-métrage. Le film s’inscrira à nouveau dans le registre fantastique et racontera une histoire d’amour passionnelle à partir d’un présupposé surnaturel.

Propos recueillis par Marc-Antoine Vaugeois

If Mama Ain’t Happy, Nobody’s Happy de Mea de Jong

Le film de fin d’études de Mea de Jong, présenté en compétition au festival Go Short aux Pays-Bas où il a gagné le prix de la jeunesse, est ce qu’on pourrait appeler un work in progress, un travail de recherche non figé, qui semble s’écrire sous nos yeux. « If Mama Ain’t Happy » part d’une envie de réaliser un film sur les femmes et sur la notion d’indépendance. Sans réel fil conducteur, la jeune réalisatrice bute face à son sujet et nous dévoile les étapes de l’écriture et de la réalisation d’un film qui se révélera bien plus éprouvant que prévu.

Face à la difficulté, le sujet est finalement proposé par la mère de la réalisatrice : réaliser un film sur sa propre famille, un choix qui à première vue promet au spectateur un énième portrait familial fait d’images d’archives et de témoignages divers. Mais cette introduction révèle une difficulté supplémentaire : la résistance du sujet et de cette figure maternelle. Ce personnage de « mama » ne semble guère prendre les choses au sérieux.

Des propos de ce personnage central de mère célibataire découlent les plans suivants : images d’archives en super 8, photographies et interviews des hommes qui ont fait partie de sa vie. Cependant, bien au-delà du simple film de famille qui retrace l’arbre généalogique, « If Mama Ain’t Happy » met en scène la rencontre d’une mère et de sa fille autour d’un projet dans lequel chacune d’entre elle se voit donner un peu de soi, et qui révèle la force et la fragilité de la relation mère-fille, tandis que la réalisatrice et sa mère se mettent à nu.

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Au fil de l’œuvre, cette relation touchante invite le spectateur dans la confidence, et c’est finalement elle qui constitue le fil rouge de « If Mama Ain’t Happy ». La mère renvoie une image de femme forte et indépendante mise à l’épreuve par sa fille-réalisatrice qui cherche la faille. On se demande tout au long du film qui tient les rênes. La réalisatrice partage ses doutes et ses difficultés mais parvient à amener sa mère, son sujet, vers une voix imprévue.

En effet, après un saut dans le passé où sont présentées les femmes de la famille, le propos du film surgit comme une évidence : « Si on devient trop dépendant de quelqu’un, on devient vulnérable ». On comprend alors à travers cette phrase bien plus qu’il n’est dit à l’écran. Le film soulève la question de l’amour pour toujours, de l’amour conjugal et maternel, et acquiert une portée universelle, en partant de l’intime.

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Plus on entre dans l’intimité de cette femme remarquable, plus ses choix de vie son remis en question par la réalisatrice qui, face à un tel discours, refuse cette soi-disant prédétermination qui voudrait qu’elle non plus ne puisse pas connaître un bonheur conjugal durable. Plus Mea de Jong creuse les raisons du célibat de sa mère, plus elle doute de leur bien-fondé. A l’heure du bilan, les questions posées se tournent maintenant vers elle, et à la suggestion de sa mère, la réalisatrice passe à son tour devant la caméra, comme s’il s’agissait là du divan du psychanalyste.

« If Mama Ain’t Happy » s’apparente à une sorte de thérapie familiale et affirme les vertus cathartiques du processus de réalisation pour l’auteur. Cependant, le film nous met face au doute : tout cela était-il écrit dès le départ ? La réalisatrice fait-elle semblant de tâtonner, de ne pas savoir où son film va la mener ? Les pistes sont brouillées pour le spectateur et s’il se trouve en effet que Mea de Jong sait dès le départ où elle souhaite aller, alors nous pouvons nous sentir bernés par cette illusion de l’inconnu. Cependant, ce film reste un témoignage émouvant sur la relation mère-fille où l’intimité de ces deux femmes nous est offerte, comme un présent.

Agathe Demanneville

Consultez la fiche technique du film

I comme If Mama Ain’t Happy, Nobody’s Happy

Fiche technique

Synopsis : Une mère et sa fille se lancent ensemble dans le projet de faire le portrait des quatre générations de femmes de leur famille, qui toutes ont dû s’en sortir sans hommes. Une mystérieuse tradition familiale émerge progressivement. Une tradition dont la mère est fière, mais dont la fille doute.

Genre : Documentaire

Durée : 25’

Pays : Pays-Bas

Année : 2014

Réalisation : Mea de Jong

Image : Nina Badoux

Montage : Jose van Koppenhagen

Son : Laura Solleveld

Musique : Jesper Ankarfeldt

Production : Nederlandse Film Academie

Article associé : la critique du film

Raging Blues de Vincent Paronnaud, Lyonnel Mathieu et Stéphane Roche

Animation, 6′, France, 2003, Je Suis Bien Content

Synopsis : Dans les années trente, à la période de Noël, un projet immobilier est proposé avec succès au maire d’une grande ville. Dans les rues, une femme, la main tendue, cherche à subvenir aux besoins de son fils.

Portrait au vitriol de l’american way of life des années 30, « Raging Blues » met en perspective le gouffre conséquent entre les desiderata des populations aisées en termes de confort de vie et les aspirations simples des pauvres, victimes amères d’un système sans pitié qui leur assène un soi-disant progrès industriel, mais qui se trouve être vecteur d’encore plus de violence et de misère.

Film d’animation âpre, au graphisme épuré et au style proche d’une signalétique de brochure d’entreprise, comme pour mieux dénoncer le système avec ses propres outils, « Raging Blues » est le premier court en animation de Winshluss (Vincent Paronnaud) qui a continué depuis de creuser des thématiques subversives, notamment dans le petit bijou « Il Était une fois l’Huile ».

Julien Savès

Cannes 2015 : la sélection de la Cinéfondation

La Sélection Cinéfondation a choisi, pour sa 18e édition, 18 films (14 fictions et 4 animations) parmi les 1600 présentés cette année par des écoles de cinéma du monde entier. Seize pays venus de quatre continents y seront représentés cette année à Cannes.

Les trois Prix de la Cinéfondation, décernés par le jury présidé par le réalisateur mauritanien Abderrahmane Sissako, seront remis lors d’une cérémonie précédant la projection des films primés le vendredi 22 mai, salle Buñuel.

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Films sélectionnés

Koshtargah de Behzad Azadi (Teheran, Iran)

El Ser Magnetico de Mateo Bendesky (Argentine)

Share de Pippa Bianco (Etats-Unis)

Manoman de Simon Cartwright (Royaume-Uni)

Victor XX de Ian Garrido Lòpez (Espagne)

Vozvrashenie Erkina de Maria Guskova (Russie)

Leonardo de Félix Hazeaux, Thomas Nitsche, Edward Noonan, Franck Pina, Raphaëlle Plantier (France)

Locas Perdidas de Ignacio Juricic Merillàn (Chili)

Tsunami de Sofie Kampmark (Danemark)

Retriever de Tomáš Klein et Tomáš Merta (Prague, République Tchèque)

Les chercheurs de Aurélien Peilloux (France)

Abwesend d’Eliza Petkova (Allemagne)

Asara Rehovot Mea Etsim de Miki Polonski (Israël)

14 Steps de Maksim Shavkin (Russie)

Anfibio de Héctor Silva Nùñez (Cuba)

Ainahan Ne Palaa de Salla Sorri (Finlande)

Het Paradijs de Laura Vandewynckel (Belgique)

Ri Guang Zhi Xia de Qiu Yang (Australie)

Cannes 2015, les 9 courts métrages en compétition officielle !

En avant-première de la conférence de presse du 68e Festival de Cannes qui aura lieu ce jeudi 16 avril, les courts métrages en compétition et la sélection de la Cinéfondation ouvrent un jour plus tôt la sélection officielle 2015.

Le Jury de la Cinéfondation et des courts métrages, présidé par Abderrahmane Sissako, récompensera à la fois les meilleurs films de la compétition des courts métrages et ceux de la Cinéfondation à l’issue de leurs délibérations.

Voici donc les titres des 9 films sélectionnés (7 fictions et 2 animations) sur 4 550 soumissions qui concourront à la Palme d’or du court métrage 2015.

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Courts métrages en sélection officielle

Waves’98 de Ely Dagher (Liban, Qatar)

The Guests de Shane Danielsen (Australie)

Sali de Ziya Demirel (Turquie/France)

Love is blind de Dan Hodgson (Royaume-Uni)

Ave Maria de Basil Khalil (Palestine/France/Allemagne)

Copain de Jan et Raf Roosens (Belgique)

Patriot d’Eva Riley (Royaume-Uni)

Presente Imperfecto de Iair Said (Argentine)

Le repas dominical de Céline Devaux (France)

Festival à l’Est du Nouveau, dix ans entre l’Est et l’Ouest

Du 17 au 24 avril 2015, le Festival « A l’Est, du Nouveau » pose ses valises pour sa dixième édition, dans quatre salles de cinéma de la région Haute-Normandie (l’Omnia à Rouen, l’Ariel à Mont-Saint-Aignan, le Drakkar à Yvetôt et le Grand Mercure à Elbeuf). Pour la première fois, une reprise du festival aura lieu à Paris entre le 11 et le 21 mai au centre culturel tchèque.

Cette année encore, les spectateurs auront l’occasion de découvrir des petits bijoux en provenance d’Allemagne, Bulgarie, Croatie, Géorgie, Hongrie, Kosovo, Lettonie, Macédoine, Pologne, République Tchèque,  Roumanie, Slovaquie et Serbie.

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Des moments forts viendront éclairer cette édition avec entre autres une matinée engagée autour de l’Ukraine, sans oublier le format court : des films de l’Est proposés en coopération avec le festival Courtivore, des courts expérimentaux reflétant la création de ces deux dernières années en Europe de l’Est, un ciné-concert autour des films des frères Manakis et des courts métrages d’animation polonais, sélectionnés par le festival O!Pla à Lodz.

La sélection officielle ‘A l’Est’ est composée de 8 films en compétition, pour la plupart inédits en France et représentant de nouvelles tendances cinématographiques.

– Viktoria de Maya Vitkova (Bulgarie),
– Les petits béguins d’Aleksandra Gowin et Piotr Grzyb (Pologne),
– Pour des raisons inexpliquées de Gabor Reiz (Hongrie)
– La nuit approche de Petr Vaclav (République Tchèque),
– Roxane de Valentin Hotea (Roumanie)
– Le Monument de Michael Jackson de Darko Lungulov (Serbie)
– Cailloux dans mes poches de Signe Baumane (Lettonie)
– Rendez-vous arrangés de Levan Koguashvili(Géorgie)

Retrouvez le programme complet de la manifestation sur www.alest.org

Festival Go Short, le palmarès

Ce samedi, se clôturait la septième édition du festival Go Short de Nijmegen, un événement offrant une pléthore de courts néerlandais et européens de tous genres et pour tous les goûts, en et hors compétition. Nous vous invitons à découvrir le palmarès de cette dernière édition.

Sélection européenne

Prix NTR du meilleur documentaire : Hotel Straussberg de Jan Soldat (Allemagne)

Mention spéciale : Super Unit de Teresa Czepiec (Pologne)

Prix NTR du meilleur film d’animation : House of Unconsciousness – Priit Tender (Estonie)

Mention spéciale : We Can’t Live Without Cosmos de Konstantin Bronzit (Russie)

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Prix NTR du meilleur film d’art : Planet ∑ de Momoko Seto (France)

Prix NTR du meilleur film de fiction : Aïssa de Clément Tréhin-Lalanne (France)

Prix d’encouragement pour le meilleur film d’école : Mother Earth de Piotr Zlotorowicz (Pologne)

Mention spéciale : The Bigger Picture de Daisy Jacobs (Royaume-Uni)

Sélection nationale

Prix Format Court,Prix VEVAM du meilleur film néerlandais : Onder Ons de Guido Hendrikx

MovieZone Go Short Youth Award : If Mama Ain’t Happy, Nobody’s Happy de Mea de Jong

Mention spéciale : Tussentijd de Christian van Duuren