Tous les articles par Katia Bayer

6 courts, en lice pour les Oscars 2019, à voir en ligne

Les films shortlistés pour les Oscars 2019 ont été annoncés cette semaine. Parmi les courts présélectionnés (retrouvez la liste complète sur le site de l’Académie), 6 films documentaires, animés et fictionnels sont en ligne. Les voici.

Documentaire

Black Sheep de Ed Perkins, Royaume-Uni

My Dead Dad’s Porno Tapes de Charlie Tyrell, États-Unis

Animation

Lost & Found de Andrew Goldsmith & Bradley Slabe (Australie)

Lost & Found from Goldy on Vimeo.

Pépé le Morse de Lucrèce Andreae, France

Article associé : la critique du film

Fiction

Caroline de Logan George & Celine Held, États-Unis

Article associé : notre reportage sur le Festival de Cannes 2018

Fauve de Jeremy Comte, Canada

Et pour vous, quels sont les meilleurs courts de l’année ?

Depuis 9 ans, l’équipe de Format Court se prête à l’exercice du Top 5 des meilleurs courts-métrages de l’année. D’ici quelques jours, nos choix seront publiés sur notre site internet qui s’apprête à fêter son 10ème anniversaire (on y reviendra très prochainement).

Depuis 3 ans, nous vous invitons à nous indiquer, vous aussi, vos 5 films préférés de l’année par mail.

Faites-nous part jusqu’au vendredi 28 décembre 2018 inclus de vos 5 courts-métrages favoris de l’année, tous pays et genre confondus, par ordre de préférence, en n’oubliant pas de mentionner leurs réalisateurs et pays d’appartenance.

Nous ne manquerons pas de publier les résultats de vos votes sur Format Court ! À vos tops, prêts ? Partez !

Bonnes fêtes de fin d’année à tous !

Sunday Shorts #2, dimanche 9.12 au Central Park !

Après une première séance Sunday Shorts en octobre, Format Court vous donne à nouveau rendez-vous ce dimanche 9 décembre à 19h au Central Park, 5 rue du Jour (75001 Paris) pour une deuxième projection gratuite de films, tous les quatre présélectionnés au César du Meilleur Court Métrage 2019, en présence de certaines équipes.

Programmation

Ato San Nen de Pedro Collantes. Fiction, France, Espagne, 25′, 2017, Easy Tiger, Mizunonaka. En présence de Marc-Benoît Créancier (producteur délégué) et Marine Mary (productrice exécutive)

Synopsis : Marisa est une veuve qui vit seule dans un petit village de campagne, avec la seule compagnie de son chien, Tico. Un jour, Marisa et Tico reçoivent la visite inespérée d’Hiroshi, un Japonais qui dit être un ami du fils de Marisa. Malgré la barrière de la langue, Hiroshi et Marisa font des efforts pour communiquer.

Ordalie de Sacha Barbin. Fiction, France, 15′, 2017, Yukunkun Productions, Vixens

Synopsis : À l’heure du thé, on sonne à la porte de M. Kaplan. Le cinquantenaire se trouve nez à nez avec un jeune homme qu’il ne connaît pas, une visite qu’il n’attendait plus.

Les Petites Mains de Rémi Allier. Fiction, France, 15′, 2017, Films Grand Huit, Wrong Men. En présence de Rémi Allier

Synopsis : Léo, un an et demi, est le fils du directeur d’une usine de produits chimiques. Quand les employés apprennent la fermeture du site, Bruno, un ouvrier plus radical, enlève Léo pour tenter de négocier.

J’mange froid de Romain Laguna. Fiction, France 18′, 2017, Les Films du clan. En présence de Romain Laguna et de Charles Philippe (producteur)

Synopsis : Veille de concert pour Melan, Selas et Abrazif. Entre l’affiche, la Nintendo et la pizza froide, les trois rappeurs s’embrouillent.

En pratique

Dimanche 9/12, 19h : projection & rencontres. Entrée libre

Central Park Paris : 5 Rue du Jour, 75001 Paris (métro : Châtelet – Les Halles)

Evénement Facebook : ici !

Retour sur le 33ème Festival européen du Film court de Brest

Du 6 au 11 novembre dernier à Brest, se tenait la 33ème édition du Festival européen du Film Court. Avec 30.000 entrées et près de 200 professionnels accrédités, la ville bretonne comptait encore cette année parmi les plus importants festivals de courts-métrages en Europe.

À chaque édition, son lot d’incontournables : les compétitions européennes, françaises, Made in Breizh ou encore ovni. Et, d’une année sur l’autre, quelques nouveautés venues étoffer les festivités. C’était le cas pour cette édition, du rapport étroit entre musique et cinéma, mis à l’honneur au travers d’une projection, de rencontres avec les compositeurs et d’un Prix de la meilleure musique originale. Format Court est allé y faire un tour. Au programme, des bonnes surprises, des moins bonnes, des déjà vu, des piscines, quelques zombies et de la pluie évidemment !

Avec 38 films en provenance de 20 pays, l’Europe était une nouvelle fois bien représentée. À côté des habituelles Belgique, Allemagne et Grande-Bretagne, les jeunes cousins : la Serbie (dont le film Sretan Put de Sinisa Galic est reparti avec le prix du jury jeune), la Pologne, Chypre ou Malte donnaient le change. Les 7 compétitions européennes ont donné lieu à un panorama riche et subjectif de la création européenne d’aujourd’hui. Si les propositions – drôles, décalées ou engagées – ne se valaient pas toutes, certains films n’ont pas manqué de nous enthousiasmer. Du côté des réalisations primées, voici les trois films qui ont retenu notre attention.

C’est avec plaisir que l’on a retrouvé le premier court-métrage de la comédienne Tiphaine Raffier, La Chanson, adapté de sa troisième pièce de théâtre, dont vous pouvez retrouver la critique et l’interview de la réalisatrice sur le site de Format Court. Le film qui se déroule dans l’environnement étrange de Val d’Europe met en scène trois amies d’enfance qui rêvent de gagner un concours de sosies ensemble mais dont l’une, Pauline, se désolidarise pour écrire en solo. Pour sa première réalisation au cinéma, Tiphaine Raffier s’est amusée à déconstruire la ville dans laquelle elle a vécu les premières 20 années de sa vie. Une ville, copie artificielle du patrimoine architectural européen, entièrement pensée et conçue par l’homme, qu’elle a quitté pour mieux la raconter. Elle a choisi de suivre Pauline, le personnage principal, dans son parcours vers l’émancipation du groupe et de la norme. Si l’on se moque d’abord un peu de cette jeune femme différente, on sourit aussi parce qu’elle est touchante cette fille, avec ses paroles de chansons pour le moins habituelles qui décrivent le fonctionnement d’objets manufacturés. Et puis, très vite, on perçoit la portée philosophique du film. Dans La Chanson, Tiphaine Raffier raconte la difficulté d’être singulière dans un univers où tout n’est qu’immitation et celle de partager ses rêves avec ses meilleures amies. Le film marque pas sa forme, l’absence de linéarité et l’intégration d’images documentaires.

Le court-métrage, avait déjà fait l’objet d’une sélection à la Quinzaine des Réalisateurs cette année, il a également convaincu le jury brestois en emportant le Grand Prix du Film court de la ville de Brest. Nous, on attend la prochaine réalisation de Tiphaine Raffier…

La technique qui consiste, dans les rayonnages de supermarchés, à placer les produits les plus frais derrière les plus avancés a un nom : le « first in first out » ou FIFO. C’est aussi celui du film de Sacha Ferbus et Jérémy Puffet qui montre un employé de supermarché, Stéfan, tiraillé entre ses obligations professionnelles et sa difficulté à détruire les produits bientôt périmés sous les yeux des personnes qui pourraient les consommer. Mais sa supérieure est intraitable : les produits dont la date de consommation arrive à expiration doivent être détruits à grands coups de Javel. Dans le parking glauque d’un supermarché, le spectateur, comme Stéfan, se confronte à cette triste réalité terriblement actuelle. Le film convainc par son image presque documentaire et sa critique, sans véhémence, de la société de consommation dans laquelle nous vivons et de ses absurdités. La réalisation étudiante (produite par l’IAD en Belgique) avait déjà été récompensée par le Prix Arte du Jury professionnel lors du concours de fiction organisé par le magazine Court-circuit d’ARTE. À Brest, elle est repartie avec le prix spécial du jury et c’est mérité !

Venerman, le premier court-métrage de l’acteur césarisé Swann Arlaud, est une histoire de famille! Co-réalisé avec sa mère Tatiana Vialle, il raconte le passage à l’âge adulte un peu particulier de son frère, Tobias Nuytten, qui joue son propre rôle dans le film. Charles, Tobias Nuytten donc, a 18 ans et vit dans une campagne tranquille en rêvant d’être noir et de vivre en ville. Il fait du rap et son fantasme a un nom : Black Charles, son double qui l’accompagne partout, y compris dans cette journée où il décide sur un coup de tête de rompre avec son quotidien pour rejoindre son frère aîné à Paris, dans l’espoir d’une nouvelle vie. Il y a du rythme et du rap dans ce film pour exprimer une crise universelle, celle du passage vers l’âge adulte avec son corollaire, la résignation et le désenchantement. Une belle entrée dans le monde de la réalisation pour Swann Arlaud puisque le film est reparti avec le prix du public de la compétition française. À quand la version longue?

Emilie Sok

After Short spécial César 2019, les photos !

J+7, voici une sélection de photos de la soirée After Short, consacrée aux courts-métrages présélectionnés aux César 2019, organisée au Point Ephémère (Paris, 10ème) le jeudi 22/11/2018.

Pour l’occasion, 35 pros, représentant 21 courts, avaient fait le déplacement ! Merci à eux, à l’Académie des César, à l’ESRA, aux étudiants & à vous tous pour cette super soirée !

Crédit photo : Florencia Fabris

Découvrez l’intégralité de notre album sur Facebook !

Festen de Thomas Vinterberg

Pour fêter le 20ème anniversaire de Festen, Doriane Films a sorti le 6 septembre dernier, une nouvelle édition DVD contenant le film, deux courts-métrages de Thomas Vinterberg, ainsi que Free Dogme, un documentaire de Roger Narbonne et Marie Berthélius, abordant les principes du Dogme95.

Pour rappel, Festen fut projeté pour la première fois au Festival de Cannes en 1998 et repartit avec le Prix du Jury (ex aequo avec La Classe de Neige de Claude Miller). Le film est la première œuvre manifeste du Dogme95 avec Les Idiots de Lars Von Trier.

Daté et proclamé en mars 1995 par les deux réalisateurs danois, ce dogme impose aux réalisateurs désireux de s’y plier, dix règles de fabrication très strictes. Selon le dogme, c’est en se forçant à éliminer tout élément superficiel pendant leurs tournages que les cinéastes retrouveront la forme de cinéma la plus pure possible. Interdiction donc d’utiliser des lumières artificielles, du maquillage, de la musique extradiégétique… Le but du Dogme95 est simple : contrer les grosses productions formatées et bourrées d’effets spéciaux, pour projeter sur les écrans une création libre et engagée.

Alors que le Dogme95 l’exigeait, Festen n’a pas pu être tourné en 35mm à cause de soucis de production. Avec son chef opérateur Anthony Dod Mantle, Thomas Vinterberg décide par conséquent d’explorer les balbutiements du numérique, en se tournant vers les caméras DV bon marché. L’image de Festen est aussi réaliste que plate, loin de ce que l’on a l’habitude de voir jusqu’alors. L’effet de proximité devient saisissant : on a l’impression de regarder un film de famille filmé par l’un de ses membres. La mise en scène est alors en totale adéquation avec son sujet…

Car Festen retrace l’anniversaire d’un patriarche de famille bourgeoise qui, devant une assemblée réunie en son honneur, va être accusé d’agression sexuelle par son fils aîné. À sujet choc, traitement cru : la caméra DV tenue au poing est au plus près des personnages et le ressenti est frontal. L’image est sans cesse en mouvement et les angles de prises de vues sont multiples et omniscients. Le tout donne vite le tournis mais crée une nouvelle dramaturgie au sein même de l’image.

Comme Vinterberg fuit tout esthétisme, le film dérange par son rendu sale et improvisé. Le montage décomplexé – entre jump cuts et faux raccords – amplifie la dimension étouffante et impudique de l’événement familial, et le huis clos devient violemment ludique ! En fustigeant la figure du patriarche et de la bourgeoisie, Thomas Vinterberg s’attaque métaphoriquement à la réception lénifiante et confortable des grosses productions balisées, celles-là même qui affadissent notre œil critique de spectateur et notre pensée.

Mais habitué à une certaine grammaire de la mise en scène, le spectateur est malmené jusqu’à l’indigestion. Par ce choix revendiqué de détruire les codes esthétiques, Thomas Vinterberg nous projette au cœur d’une destruction familiale plus vraie que nature. L’expérience est viscérale tant le dispositif technique rend physique et réaliste les scènes de joutes verbales et de bagarres. On ressent la même tension que devant un film d’action à la postproduction luxueuse, sauf que dans Festen tout repose sur la captation de l’instant T entre performance et improvisation.

En explorant les bonus du DVD, deux court-métrages de Thomas Vinterberg nous éclairent sur les obsessions du cinéaste. Un dernier tour, premier court-métrage professionnel tourné en 1993, suit les dernières heures d’un jeune homme condamné à mourir.

Le garçon qui marchait à reculons, deuxième et dernier court-métrage professionnel, sorti en 1994, retrace le parcours du jeune Andreas qui est persuadé de pouvoir faire revenir à la vie son grand frère décédé s’il passe toute une journée à reculons.

Malgré des sujets lourds, le réalisateur danois s’amuse à rendre ces histoires excentriques et imprévisibles. Le spectateur ne sait plus s’il doit ressentir de la joie ou de la tristesse pour ces protagonistes qui basculent peu à peu dans la folie, seul refuge exutoire contre la dépression et la mort. On retrouve alors les thématiques fortes du réalisateur (le deuil, la fraternité, l’imaginaire) travaillées toujours de façon ludique via des projections subconscientes.

On retrouve ce même goût pour le jeu dans Festen, que ce soit dès le scénario (quand Christian demande à son père de choisir entre le discours vert ou le discours jaune), ou lors du tournage. Vinterberg raconte s’être amusé à tourner la scène du fameux discours deux semaines après le début du tournage ; ainsi les figurants incarnant le reste de la famille, et qui ne connaissaient pas le script, furent choqués en découvrant en direct le contenu du discours. Ce malaise spontané capté par les caméras DV se ressent dans le film fini, estompant d’autant plus la frontière entre le réel et la fiction.

Sur un DVD à part, le documentaire Free Dogme, tourné en 2000, vient parfaire l’exploration du Dogme95 via une conversation téléphonique émise simultanément entre Lars Von Trier, Wim Wenders, Jean-Marc Barr et Lone Scherfig. Pendant 60 minutes, durée d’une cassette DV, chaque cinéaste se filme pendant qu’il participe à la conversation. Le film final, monté en images alternées et en temps réel, réunit géographiquement les cinéastes autour d’une réflexion précieuse sur la nécessité de ne jamais cesser de repenser le cinéma.

Comme vous l’aurez compris, cette édition DVD très complète est l’argument parfait pour revoir l’un des films cultes des années 90. Même si nos yeux ont vu défiler des milliers d’heures d’images numériques en 20 ans, Festen est resté ce petit bijou d’impertinence et de modernité qui marqua éternellement nos souvenirs de cinéphile.

Pour ceux qui aimeraient le (re)découvrir sur grand écran, sachez que le film est ressorti en salles ce 14 novembre. Pour les plus curieux, une adaptation théâtrale signée Cyril Teste tourne dans toute la France depuis un an. De quoi relativiser sur sa propre famille à quelques semaines des fêtes de fin d’année…

Pierre Le Gall

Festen de Thomas Vinterberg : édition DVD Doriane Films

Le film de la semaine : Pépé le morse de Lucrèce Andreae

Depuis fin octobre, Pépé le Morse est visible sur grand écran aux cotés de 5 autres courts-métrages dans le progamme « Ta mort en short(s) ».

Dans ce film d’animation produit par Caïmans Productions, Lucrèce Andreae nous parle avec une grande justesse et beaucoup de poésie du deuil en nous présentant une famille qui, après la mort du grand-père, vient se recueillir sur la plage où il passait le plus clair de son temps. Loin du pathos, elle déconstruit les clichés de la mort et de la famille avec une grande subtilité.

Sa prouesse est également esthétique. Fruit de 4 ans de travail, le film mêle décors à l’aquarelle et animations numériques pour un rendu très fin inspiré des photographies de Shōji Ueda. Cette pépite, récompensée à de nombreuses reprises, notamment du Cesar du Meilleur Film d’Animation 2018, est disponible en ligne pour notre plus grand plaisir !

Juliette Lytovchenko

Article associé : la critique du film

Projections des courts présélectionnés aux Cesar 2019

Comme les années précédentes, les courts métrages en lice pour les César des Meilleurs Films de Fiction et d’Animation seront visibles avant la cérémonie de 2019. Les films de fictions seront montrés au Balzac (une séance a déjà eu lieu), ceux d’animation seront diffusés au au Cinéma Les 3 Luxembourg.

L’entrée libre et gratuite dans la limite des places disponibles, la plupart des équipes (35 pros!) seront présentes à notre soirée de networking After Short, spécial Cesar, organisée en partenariat avec l’ESRA le jeudi 22/11 prochain, à 19h30 au Point Éphémère (Paris, 10ème). 2 bonnes raisons de se (re)mettre au goût du court.

17/11, 10h : Projection Programme 2 Courts Métrages César, Cinéma Le Balzac

24/11, 10h : Projection Programme 3 Courts Métrages César, Cinéma Le Balzac

1/12, 10h : Projection Programme 4 Courts Métrages César, Cinéma Balzac

8/12, 10h : Projection Programme Courts Métrages d’Animation César, Cinéma Les 3 Luxembourg

Concours de scénario de court, résidence d’écriture à la clé

La DIFFUSION KVA organise en partenariat avec France Télévisions, la Collectivité de Corse (en partenariat avec le CNC), Air Corsica, Air France, Le Cors’Hotel, Corsica Pôle tournages, l’Université de Corse, Cinefeel Prod, le 8e concours de scénario de court-métrage en Corse dans le cadre du festival Les Nuits MED di u filmu cortu.

Le concours d’écriture scénaristique s’adresse à des auteurs – réalisateurs qui ont déjà réalisé un court métrage projeté dans un cinéma et/ou sélectionné dans un festival et/ou diffusé par une chaine de télévision. Les candidats concourent avec un scénario original d’une fiction de quinze minutes qui sera tournée en Corse.

Les lauréats seront accompagnés pendant une résidence d’écriture à Furiani en Corse, ensuite, ils présenteront oralement leur projet devant des professionnels à l’occasion du Festival Les Nuits MED di u filmu cortu. Un Grand jury décernera un Premier prix à la production doté d’un préachat du magazine Libre court (sur France 3) par France Télévisions (Partenaire exclusif). Les membres du jury apporteront des conseils aux autres lauréats pour poursuivre le développement de leur projet.

Inscription jusqu’au 8 décembre 2018. Cliquer ici pour en savoir plus.

Enough de Anna Mantzaris

Il y a des jours comme ça… Anna Mantzaris, jeune réalisatrice suédoise ayant fait ses études à Londres et au Royal College of Art, a réalisé en première année, en 2017, un tout petit film de 2 minutes d’animation, Enough. Depuis septembre, le film est en ligne.

Inspiré par sa nouvelle vie à Londres et ses tracas quotidiens (la foule dans la ville, le métro, les accros au portable, …),  Anna Mantzaris a choisi de faire un film sur ces situations qu’on connaît tous, qui nous irritent et devant lesquelles on agit presque jamais, par auto-censure et peur du regard d’autrui (les deux vont souvent de pair). Enough résume bien la société de plus en plus individualiste d’aujourd’hui, coincée entre machins électroniques et pauvreté de liens réels, amoureux, familiaux, professionnels. Le film, drôle et bien rythmé, raconte sans mots et par gestes choisis, le stress, l’exaspération, le sentiment de solitude dans notre monde ultra moderne et cette hypothèse bien sentie (si au lieu d’endurer les difficultés, on se laissait aller à nos besoins simples, primaires, qu’arriverait-il?).

Esthétiquement, Anna Mantzaris a choisi une animation en volume et des personnages en laine, qui rappelle bien évidemment le style des Belge Emma de Swaef et Marc Roels (Oh Willy..., Ce magnifique gâteau). Un tour sur son site et sa page Vimeo font découvrir qu’elle a travaillé sur des pubs, des courts sympas et L’Ile aux chiens, le dernier long de Wes Anderson. Enough, lui, a remporté une flopée de prix à Stuttgart, Anima Mundi, Klik, Fantoche et quelques autres. Faites-vous du bien en le voyant et en l’envoyant à votre entourage (on vous remet le lien), pour faire passer quelques messages et bien entamer la semaine !

Katia Bayer

Nouvel After Short, spécial Cesar, jeudi 22 novembre 2018 !

Bonne nouvelle : le magazine en ligne Format Court vous invite à la reprise de ses After Short, ses soirées de networking réunissant la communauté active et dynamique du court métrage, le jeudi 22 novembre 2018 à partir de 19h au Point Éphémère (Paris, 10ème).

Ce nouveau rendez-vous, organisé en partenariat avec l’école l’ESRA, sera consacré aux consacré aux courts présélectionnés aux Cesar 2019 (attention : il n’y aura pas de projection prévue !).

Cette soirée, ouverte à tous et en accès payant (sauf pour les étudiants et les anciens de l’ESRA), se déroulera en présence d’équipes de courts–métrages de fiction et d’animation présélectionnées aux Cesar (soit 35 professionnels !), mais aussi des équipes de Format Court et de l’ESRA.

Une rencontre avec les équipes présentes aura lieu à 19h30 précises (liste susceptible de modifications) :

– Stéphane Demoustier, réalisateur et producteur de Allons enfants (Année Zéro)
– Marine Mary, productrice exécutive de Ato San Nen (Easy Tiger)
– David Bouttin et Thierry Aflalou, réalisateur et producteur de Boomerang (Comic Strip Production)
– Léopold Kraus, Philippe Wendling et Noël Fuzellier, réalisateur et producteurs de Grain de poussière (Les Films Norfolk)
– Agathe Riedinger et Elsa Rodde, réalisatrice et productrice de J’attends Jupiter (Germaine Films)
– Romain Laguna et Charles Philippe, réalisateur et producteur de J’mange froid (Les Films du clan)
– Pablo Muñoz Gomez, Emilie Dubois et Olivier Berlemont, réalisateur et producteurs de Kapitalistis (Origine Films)
– Sacha Barbin et Nelson Ghrenassia, réalisateur et producteur de Ordalie (Yukunkun Productions)
– Sarah Arnold et Helen Olive, réalisatrice et productrice de Parades (5 à 7 Films)
– Rémi Allier, Pauline Seigland, Lionel Massol, réalisateur et producteurs de Les Petites Mains (Films Grand Huit)
– Anne-Marie Puga et Jean-Raymond Garcia, réalisateurs de Un peu après minuit (UProduction)
– Aurélien Vernhes-Lermusiaux et Matthieu Deniau, réalisateur et co-producteur de Les Vies de Lenny Wilson (Noodles Production, Studio Orlando)
– Valérie Leroy et Rafael Soatto, réalisatrice et producteur associé de Laissez-moi danser/producteur d’Etreintes (Offshore)
– Nathalie Landais et Bérangère Crespi, productrice et assistante de production de Avaler des couleuvres (Takami Productions)
– Annabel Sebag, distributrice de 59 secondes, Reruns, La Mort, père & Fils (Autour de Minuit)
– Denis Walgenwitz, co-réalisateur de La Mort, père & Fils (Je suis bien content)
– Justin Pechberty et Damien Megherbi, producteurs de Vilaine fille (Les Valseurs)
– Richard Van den Boom, producteur de (Fool time) Job et Raymonde ou l’évasion verticale (Papy 3D Productions)

En pratique

Jeudi 22 novembre 2018, de 19h à 23h
Le Point Éphémère : 200 Quai de Valmy – 75010 Paris
Métro Jaurès (lignes 5, 2 et 7 bis), Louis Blanc (ligne 7), Bus 26, 46, 48 : Goncourt, Couronnes, Parmentier)

Soirée ouverte à tous. PAF : 10 € (chèques/espèces), adhérents Format Court : 5 €

Payement en ligne sur Leetchi (paiement sécurisé), possibilité de régler également sur place

Gratuit pour les étudiants et les anciens de l’ESRA (sur présentation de la carte d’étudiant)

Réservations obligatoires : aftershortformatcourt@gmail.com

Réservations ESRA : communication@esra.edu

Événement Facebook

On n’est pas sérieux quand on a 17 ans

Le Festival Silhouette, dont nous étions à nouveau partenaires cette année (dernière édition en date : 24 août-1er septembre), poursuit depuis plus de 17 ans son travail d’exploration du nouveau cinéma international, en misant encore et toujours sur le plein air, les concerts, la mixité et la gratuité. Après vous avoir proposé cet été une sélection de films visibles en ligne piochés dans différentes sections du festival, voici un aperçu plus large de quelques productions françaises valant le détour/ le coup d’œil/la grosse marque d’intérêt.

Élu à juste titre Grand Prix de la sélection internationale, Le Grand Calme de Thomas Petit est un film produit par la Fémis que nous avions repéré pour la première fois à Angers (et que nous avions diffusé en présence du réalisateur dans le cadre de nos Rencontres professionnelles). Le film démarre par une rencontre improbable entre un lamantin et un type en short, mais s’intéresse surtout au premier jour d’un stagiaire dans une boîte de graphisme dont l’un des employés tire sa révérence le lendemain même.

Le film, doté d’un bon scénario et d’un jeu d’acteurs assez touchant, raconte de manière très simple, par jolies touches et légers décalages, la solitude des uns et des autres dans le monde de l’entreprise, le regard d’un ado sur ses pairs plus âgés, la distance de mise entre les êtres, mais aussi leurs peurs et leurs pudeurs. Film d’école réussi, Le Grand Calme touche, de façon discrète et juste.

En complément, trois films et un clip nous intéressent particulièrement. En premier, La Bouche de Camilo Restrepo, un film sélectionné à la Quinzaine des Réalisateurs en 2017, repéré également par les sélectionneurs de Silhouette cette année, qui se démarque de bien d’autres productions par sa forme et son originalité. Le film aborde la question du deuil et de la vengeance à travers le personnage d’un homme venant de perdre sa fille assassinée par son mari violent.

Le résultat, une proposition étonnante de cinéma, mêlant réel et irréel, est « un film musical interprété par le maître percussionniste guinéen Mohamed Bangoura, alias Diable rouge, librement inspiré de sa propre histoire ». Doté d’un plan de fin dérangeant et nécessaire, il a été projeté le 7/10 dernier à notre après-midi de courts « Sunday Shorts » au Central Park (Paris), en présence de sa productrice, Helen Olive (5 à 7 Films).

Autre film passionnant, celui de Vergine Keaton, Le Tigre de Tasmanie, ayant fait ses premières pattes à la Berlinale cette année. Keaton qu’on a eu le plaisir de découvrir en son temps avec Je criais contre la vie. Ou pour elle (2009) revient, après un autre projet (Marzevan, 2015), avec ce très beau Tigre, film énigmatique porté par des ralentis et de la musique top comme on les aime. Synopsis ? « Un tigre de Tasmanie tourne en vain dans l’enclos d’un zoo. Un glacier fond lentement. Face à sa disparition annoncée, la nature déploie sa fureur, déborde l’image et résiste à l’extinction par la métamorphose ».

Le film, pas forcément hyper accessible au premier regard, a besoin d’écrans (géants), de temps (une deuxième vision, une disposition d’esprit) et d’une bonne acoustique. Sa réalisatrice, animatrice autodidacte, s’intéresse comme à ses débuts au cycle de la nature, au son, à la création/démolition, à l’espace, à l’expérience. On en sort bluffé et ravi de retrouver après un temps d’absence une réalisatrice repérée il y a 10 ans et déjà absorbée par de nouvelles recherches graphiques et narratives.

Autre animation, Love He Said d’Inès Sedan, illustre la lecture d’un poème (LOVE) de l’auteur américain controversé Charles Bukowski. Contribution-témoignage originale à l’oeuvre du poète sulfureux et underground, ce documentaire animé montre un autre visage de Bukowski, loin de la provocation et de la contestation auxquelles on l’associe bien souvent : celui d’un homme seul, fragilisé, en demande d’attention et d’amour.

Le film mêle l’enregistrement de la lecture originale du poème en 1973 à San Francisco, des images d’archives, de la peinture et de l’animation. Les bruits d’ambiance (la foule, les cris, les rots du poète, son désir d’alcool, ses silences) s’intègrent joliment aux couleurs et aux mouvements peints d’Inès Sedan. On déplorerait presque la durée trop courte du film (6 minutes), mais elle colle à la lecture du poème. On se rabat pour le coup au synopsis contextuel du film, disponible sur le site de la production, Lardux Films , sur le film en ligne (voir ci-dessus, merci Court Circuit) et sur les enregistrements d’époque disponibles sur YouTube.

Dernier projet découvert dans les tablettes de Silhouette, un clip pour changer, celui de Dreamers de Clément Froissart, réalisé par Guillaume Gagniard et Virgile Texier. Un film à voir seulement sur smartphone qu’on se permettra de reproduire ici dans son format d’origine. Le clip réalisé pour smartphone est un portrait d’ado (Zia, 15 ans) commentant son quotidien, le mec qui l’attire (Enzo), sa vie, sa best (Margaux). Le temps d’un dream, le clip, un brin téléphoné, s’offre messages et vidéos, images de fêtes et de beaux gosses, générique typographique et petite lucarne de réalisateurs. Désir, jalousie, messages vidéos et personnels, réel, fiction, notes estivales et images léchées s’entremêlent dans ce format décalé, à la verticale.

Tout comme Le Grand Calme, La Bouche, Le Tigre de Tasmanie et Love He Said, Dreamers participe à cette diversité de propositions et d’attention pour la jeune création recherchée par Silhouette d’année en année. En route pour les 18 ans, l’âge adulte du festival…

Katia Bayer

Short Screens #89: contes fantastiques

En cette fin d’octobre, Short Screens fête à sa manière les esprits, mystères, fantômes et étrangetés en tous genres avec une série de courts métrages à vous faire tressaillir et frissonner de peur et de plaisir !

Rendez-vous le jeudi 25 octobre à 19h30, au cinéma Aventure, Galerie du Centre, Rue des Fripiers 57, 1000 Bruxelles – PAF 6€

Visitez la page Facebook de l’événement ici !

PROGRAMMATION

Babysitting Story de Vincent Smitz, fiction, Belgique, 2014, 21′

Deux jeunes filles, Sarah et Julie, se rendent chez la tante d’un ami pour y faire du baby-sitting. Une fois seules dans la maison, et alors qu’un orage gronde, Sarah profite de la naïveté de Julie pour lui raconter une histoire terrifiante qui se serait réellement passée dans la région.

Vincent de Tim Burton, animation, Etats-Unis, 1982, 6’25”

Sous son apparence d’enfant bien élevé, Vincent, un petit garçon de 7 ans, rêve de transformer son chien en zombie, faire tremper sa tante dans une cuve de cire ou libérer son épouse, enterrée vivante…

De Vijver de Jeroen Dumoulein, fiction, Belgique, 2015, 17’

Début des années 1900, Christiane, une jeune fille de 12 ans, vit dans un grand château avec sa mère malade et une tante stricte mais dévouée. Derrière le château se trouve un étang dont la noirceur cache un secret. Christiane veut savoir lequel…

Les effaceurs de Gérald Frydman, animation, Belgique, 1991, 6’05”

Un homme fuit, le visage dans les mains. Il le cache, car celui-ci refuse de s’effacer.

Bételgeuse de Bruno Tracq, fiction, Belgique/Irlande/Etats-Unis, 2016, 31’30’’

Depuis que son compagnon Elliot est mort dans un accident de voiture, Sarah, astrophysicienne, est prise de crises de panique dès qu’elle passe sa porte. Elle vit enfermée chez elle et passe ses journées à refaire ses calculs. Betelgeuse va exploser et la supernova pourrait balayer la vie sur terre.

Jackie Berroyer continue de se demander ce qu’on lui trouve

Il a plus d’une corde à son arc. Trublion des plateaux de Canal +, tour-à-tour scénariste, écrivain, acteur, il est à lui tout seul l’élégance discrète et la nonchalance joviale. Vous avez deviné, c’est bien évidemment de Jackie Berroyer dont il est question. Entre deux projections de l’excellent Étrange Festival où il présentait une carte blanche en septembre, il a joyeusement accepté de répondre à quelques-unes de nos questions. À moins que ce ne soit le contraire. Ce qui est sûr c’est que l’on serait bien resté la journée à lui parler de cinéma et de bien d’autres choses…

© Les Julien

Ndlr : Jackie Berroyer sort tout juste du film La Vengeance est à moi de Shōhei Imamura et est encore habité par le film ainsi que par les autres séances récentes auxquelles il a assisté, il entame la discussion sans même que l’on ait besoin de poser de question.

Jackie Berroyer : Je trouve qu’il y a un grand vide aujourd’hui dans beaucoup de films affiliés au genre fantastique. Il y a des “poignards dans les yeux”, des gens qui marchent en tapinois dans l’ombre, il y a tout ce que l’on veut. La forme est parfois d’ailleurs assez bonne, mais cela ne raconte pas grand chose, et là c’est sidérant.

Parlons un peu de votre carte blanche, cette année, à l’Étrange Festival.

J.B. : J’ai accepté cette carte blanche, mais avec l’envie de prendre des risques sur certains films car je ne me souvenais pas forcément d’eux. J’avais surtout gardé une forte impression à la première vision. Par exemple, Exotica (Atom Egoyan, 1994), je ne l’avais pas revu depuis sa sortie. Quelqu’un de l’équipe du festival m’a dit : « Jetez-y quand même un coup d’œil, ça a pris un petit coup de vieux ». Esthétiquement, le film est peut-être ancré dans les années 90, mais le reste, le fond, l’ambiance, est bien là. On sait bien qu’au cinéma, c’est ringard vingt ans après, fantastique quarante ans plus tard. Parfois, effectivement, il y a des ratages esthétiques, un peu comme dans la musique, l’abus du vocoder (ou auto-tune) par exemple ; je ne suis pas sûr que l’on dise que ce sera extraordinaire dans cinquante ans. L’abus des gadgets, des dernières nouveautés technologiques, cela a tendance à mettre un coup de vieux aux films. Il y a aussi le cas des œuvres qui deviennent ringardes pour une génération particulière alors que pour les autres générations (avant ou après), ce n’est pas du tout le cas.

L’idée était donc de profiter de cette carte blanche pour revoir les films pour lesquels vous aviez eu un coup de cœur.

J.B. : J’ai joué là-dessus effectivement, ce n’est pas vraiment un pari que j’ai fait, plutôt une paresse (rires) ! Je me suis dit que le public du festival en savait au fond beaucoup plus que moi sur le genre. J’ai proposé un film, on m’a dit qu’il était passé l’année dernière, pour un autre, que c’était trop connu. Puis, je me suis rappelé deux films que j’avais vus à l’époque et qui m’avaient beaucoup frappé : Exotica et La Vengeance est à moi (Shōhei Imamura, 1979). Et pour compléter, je me suis dit que ce serait l’occasion de caser et de revoir des films chers auxquels j’ai participé, ceux de Jean-François Stévenin et Patrick Bouchitey. Et pour la dernière séance, j’ai réfléchi à quelque chose de proche de moi, avec des courts métrages, des formes courtes inédites. Je possédais des trucs divers dans de vieilles cassettes, des tentatives de sketches à moitié finis. J’ai eu envie de les numériser, sinon cela serait allé à la poubelle. Puis, j’ai eu l’idée de traiter toute cette matière sous la forme d’un faux documentaire, un mash-up d’images. J’ai appelé ça Tais-toi !, c’est une sorte de galop d’essai que j’améliorerai plus tard pour le proposer dans un circuit de courts métrages.

Quels sont les autres courts métrages présentés ?

J.B. : Il y a Mission Socrate (2009) et Clonk (2010). Et aussi deux chansons du Professeur Choron à l’Olympia, avec moi-même dans l’orchestre (rires). Edouard Baer m’avait conseillé à l’époque : « Tu devrais aller voir les mecs qui font le Cabaret de Philosophie ». J’y suis allé, ils occupaient un centre culturel du côté de Quai de Jemmapes ou pas loin, dans lequel ils jouaient à même l’entrée ou dans l’escalier. Et c’était quelque chose d’assez fou, drôle, intelligemment marrant. Ils étaient issus du circuit de la rbue et on ne les voyait jamais dans les médias. Et pourtant, on avait envie qu’il reste une trace de tout cela. Je me suis dit qu’il fallait qu’on les filme. Cela s’est recoupé avec le fait qu’ils avaient commencé à faire des petites choses sur internet avec Bertrand (ndlr : Lenclos, réalisateur de Clonk et co-réalisateur avec Jackie Berroyer de Mission Socrate).

On a tourné ces films vraiment vite fait, en trois à quatre jours. Il se trouvait qu’à un peu plus de cinquante bornes de Toulouse, un bled appelé Graulhet, réputé auparavant pour ses mégisseries (ndlr : tannages des peaux de bêtes) pouvait accueillir les tournages. Le secteur industriel s’étant effondré, l’endroit, devenu déshérité, contenait beaucoup de friches abandonnées et les artistes issus de la rue les ont investies. Ils pouvaient facilement répéter des spectacles et ranger leur matériel. Bertrand habite là-bas et connaissait du monde pour donner un coup de main sur le tournage. On a fait les deux films comme cela. Un peu vite, avec des scènes que l’on n’a pas pu tourner à cause de problèmes d’argent ou de lumière. Mais dans l’ensemble, malgré les défauts, il reste quelque chose, un esprit.

Il y a un ton enlevé que l’on retrouve aussi dans vos différents films (comme scénariste, réalisateur ou acteur), on sent une patte, un esprit. Qu’est-ce qui, selon vous, pourrait être le trait d’union entre tous vos projets ?

J.B. : C’est une complicité, comme il y en a eu avec Hara Kiri ou avec Les Nuls. Sauf qu’il n’y avait pas l’argent qui puisse permettre de travailler de façon plus confortable. Mais c’était déjà pas mal. J’ai regretté un peu que Mission Socrate (ndlr : pour ceux qui ne connaissent pas le film, il raconte l’histoire de trois hommes qui, lors d’une rencontre fortuite au hammam, décident de remonter le temps afin de détourner Socrate de la pratique de la philosophie – qui leur semble être à la source de la décadence croissante et inéluctable de notre société) ne prenne pas plus d’envergure. Je connais le destin des courts et des moyens métrages… Il suffit d’arriver à ce que le film fasse 3/4h ou une heure de plus et après, le film existe dans le circuit des festivals, il peut être programmé à la télévision, on y prête plus d’attention, il peut même devenir culte.

Mais ça c’est arrêté là… Puis chacun est reparti faire ses trucs dans son coin. Les trois acteurs du film ont un projet de long métrage, à leur façon, dans le même esprit. De mon côté, je dois jouer aussi dans un film. Vous vous rappelez de La Chanson du Dimanche ? Alex, l’un des deux barbus de La Chanson du Dimanche, celui avec les cheveux longs, est devenu réalisateur. Il a réalisé des longs métrages, plutôt des comédies, dont l’une dans laquelle je joue avec le fils Bedos (ndlr : Amour & turbulences d’Alexandre Castagnetti, 2013). Il a une nouvelle comédie qu’il devrait tourner en octobre et il m’a proposé un rôle. Il m’a dit qu’il tournerait avec les trois compères du Cabaret de Philosophie. Il va donc tourner avec eux le long métrage que l’on aurait pu faire ensemble, il y a quelques années, au moment de Mission Socrate

Comment choisissez-vous vos projets ? Est-ce que ce sont des coups de cœur ? Est-ce que vous aimez suivre des réalisateurs, comme par exemple Fabrice du Welz ?

J.B. : Ce sont avant tout des hasards. Pour Fabrice du Welz, c’est parce que je travaillais encore à Canal +, et son producteur aussi. À l’époque, ils préparaient ensemble un court métrage (ndlr : Quand on est amoureux, c’est merveilleux, 1999). Il y avait un acteur qui était tombé en panne en Tunisie et il ne pouvait plus venir sur le plateau. Le producteur a pensé à moi et a dit à Fabrice : « Demande à Berroyer ». J’étais en charge d’un gosse et ce n’était pas du tout le bon moment. Ils ont un peu insisté et j’ai fini par dire oui. J’ai embarqué le gosse qui est d’ailleurs revenu très content parce que du Welz lui avait filé un robot géant ! J’ai donc participé à ce court métrage que l’on trouve en bonus sur le DVD du film Calvaire. À la fin du tournage, du Welz m’a dit : « C’était cool. Quand j’aurai la chance de faire mon long, je penserai à toi ». Et il l’a vraiment fait, contrairement à la plupart qui oublient.

C’était assez drôle parce que quand le long métrage (Calvaire) se préparait, il m’a donné le scénario et m’a dit : « Tiens, il reste des rôles, s’il y a quelque chose qui t’intéresse… », sans me dire forcément lequel. J’ai mis le doigt sur le personnage de Bartel et il m’a dit : « C’est embêtant parce que ce rôle-là est prévu pour Philippe Nahon ». Puis il a réfléchi et m’a fait faire des essais avec Laurent Lucas. Et il s’est rendu compte d’un truc : avec Nahon, dès qu’il ouvre la porte, on sait sur son visage que ça va barder. Il a repéré sans doute chez moi comme une fragilité et l’a utilisé pour le film. Cela faisait gagner un peu de temps avant de filer une angoisse au spectateur.

Ce sont souvent des hasards qui m’amènent sur des projets. Il n’y a pas longtemps, j’ai joué sur un court métrage pour Claude Le Pape qui est principalement scénariste (ndlr : notamment de Petit Paysan, Cesar du meilleur acteur pour Swann Arlaud et Cesar du meilleur premier film). Son court métrage est pas mal, ça s’appelle Cajou. Je joue dedans un vieux qui perd un peu les pédales. Comme elle était contente et qu’elle écrit pour le réalisateur Thomas Lilti dont le film Hippocrate vient d’être décliné en série sur Canal +, elle a suggéré ma collaboration dans la série. Grâce à ça, j’ai joué un médecin en retraite qui vient donner un coup de main à l’équipe de jeunes qui a des problèmes et qui manque de personnel. Thomas Lilti m’a dit : « J’aime bien ton personnage, je l’aurai bien fait revenir dans la deuxième saison, mais il n’y a pas vraiment de raison, l’équipe s’est reconstituée, il n’ont plus vraiment besoin d’aide… ». Une fois chez moi, je lui envoie un mot et je lui dis que mon personnage pourrait revenir mais en tant que patient. Cela l’a intéressé, il m’a dit qu’il y penserait au moment de l’écriture. Je me suis peut-être trouvé du travail pour dans quelques mois… (rires) !

© Les Julien

Vous êtes aussi scénariste, pourriez-vous nous parler de cet autre métier qui est aussi le vôtre ?

J.B. : C’est-à-dire que, d’une certaine façon, je suis un peu touche-à-tout et quand on ne m’appelle pas, je ne m’angoisse pas comme le comédien qui ne fait que ça… Mais franchement, je n’aime pas le dire parce qu’après on va dire que je suis amer… Je trouve que l’on ne m’appelle pas beaucoup, on m’utilise très peu en général. En tant que scénariste, presque pas. C’est comme ça, on se fait oublier. Je suis quelqu’un de très replié, retiré. Je ne vais pas faire du charme chez les uns et les autres. De temps en temps, à l’occasion d’une intervention quelque part, les journalistes écrivent à mon sujet « un acteur trop rare ». On dirait que les réalisateurs tiennent à ce que je garde ce statut honorable. C’est peut-être une conspiration pour me préserver du mal que l’on peut dire des gens quand ils se mettent à avoir du succès (rires).

Je ne suis ni frustré ni insatisfait, mais je reste attentif et tout à fait disposé à jouer ou à écrire des choses. Je me dis parfois que j’aimerais bien jouer un bonhomme qui ne soit pas un vieux pittoresque qui perd les pédales. J’inspire cela, alors que je pourrais très bien jouer un directeur de banque avec une certaine mentalité. Pas forcément le grand-père dans une version attendue. Simplement, un homme qui a cet âge-là… J’ai fait un jour une plaisanterie à ce propos et je m’en suis ensuite inquiété. Je racontais un peu la même chose à un journaliste et il m’a demandé : « Qu’est-ce que vous aimeriez jouer ? ». J’ai répondu : « J’aimerais jouer un personnage qui serait un homme très intelligent mais on donne toujours ça à des types qui sont obligés de composer… » J’ai vu que ça ne l’a pas fait rire du tout alors je me suis dit : « Merde, il va croire que je suis prétentieux… » (rires) ! C’est l’heure ?

Ndlr : On nous fait signe que l’interview est finie, Jackie Berroyer repart vers une autre salle obscure, non sans nous avoir salués chaleureusement avant… Il ne voulait pas rater Mandy le nouveau film attendu de Panos Cosmatos, avec Nicolas Cage.

Propos recueillis par Julien Beaunay et Julien Savès

Remerciements à Estelle Lacaud, Antoine Herren et toute l’équipe de l’Étrange Festival

Jusqu’à la garde de Xavier Legrand

Dans le bureau d’une juge, le couple Besson se dispute la garde de leur fils Julien 12 ans. Le premier long-métrage de Xavier Legrand reprend le thème de la violence conjugale qu’il avait traité avec éclat dans son court métrage multiprimé Avant que de tout perdre (Cesar du Meilleur court métrage 2014 et Grand Prix National au Festival de Clermont-Ferrand 2013).

Jusqu’à la garde raconte le divorce d’un couple, où la mère, Miriam (Léa Drucker), accuse le père, Antoine (Denis Ménochet), de violences et demande la garde exclusive de leur fils mineur, pour le protéger. Leur fille aînée, elle, est presque majeure. La juge estimant que les droits du père sont bafoués, accorde une garde partagée.

Dès la première scène, le cadre du thriller est posé. Le malaise, la tension, le doute sur la parole des parents aussi. Et on se dit que non, ça ne peut pas être aussi facile, que les histoires de mari abusif et de père violent on en a entendu mille fois. Antoine a le physique, les épaules massives, la corpulence de la violence et le silence pesant qui oscille entre injustice et souffrance. On essaie de se convaincre que le film veut nous emmener autre part. Et si c’était Myriam, la mère prostrée et mutique, qui manipulait la parole des enfants ?

Mais non, le premier long-métrage de Xavier Legrand nous emmène bien là où on l’attend, dans la respiration coupée de la violence conjugale, dans l’étau d’un mari autour de sa femme, dans la peur et les non-dits. Car, plus le film avance, plus le doute se dissipe. C’est bien « l’autre » le danger. Pourtant, comme la juge, comme la femme, comme le fils, le spectateur est manipulé par ce personnage du père, puissant et touchant à la fois.

Jusqu’à la garde dépeint un manipulateur du point de vue de ses ennemis, un drame social et contemporain que Xavier Legrand choisit de traiter de manière innovante. Ici, la violence domestique est sortie du foyer, le lieu dans lequel elle s’exerce. Le réalisateur la met en scène dans l’espace public des routes et des parkings. Et c’est sans pathos ni sentimentalisme, que le film nous plonge dans l’enfer et la fuite d’une mère et ses enfants face au père ennemi. 1h30 durant, il parvient à tenir le spectateur dans un état de tension extrême.

Pour sa première réalisation longue, le réalisateur a choisi de conserver le casting qui avait fait le succès du court et c’est encore une réussite. Thomas Giora, la nouvelle recrue, est bouleversant dans ce premier rôle à fleur de peau. Pour sa première apparition au cinéma, le jeune garçon est une révélation.

Le réalisateur venu du théâtre nous montre une fois de plus que le cinéma est un terrain qui lui va bien. Jusqu’à la garde, sorti début 2018, a emporté les faveurs de Venise en remportant le Lion d’argent pour la meilleure mise en scène et le Lion du futur pour une première œuvre. Il a également raflé le prix du Jury au Festival international du film de Saint-Jean-de-Luz.

Un film nécessaire pour mettre en lumière des faits toujours tristement d’actualité, que le réalisateur qualifie d’« homicide ». Dans les sept premiers mois de 2018, 27 728 faits de violences sexuelles ont été recensés par les forces de l’ordre, contre 22 533 au cours de la même période en 2017. Soit une augmentation de plus de 23%.

L’oeuvre est sortie en juin en DVD et Blu-Ray chez l’éditeur Blaq Out, avec en bonus, le making-of du film, un entretien éclairant avec Edouard Durand, juge des enfants, le court-métrage Avant que de tout perdre et le commentaire audio du réalisateur.

Emilie Sok

Sunday Shorts : Projection Format Court, dimanche 7/10 au Central Park Paris !

Après avoir participé aux Séances au top cet été au Point Ephémère, Format Court vous donne rendez-vous dimanche 7/10 à 17h au Central Park (5 Rue du Jour, 75001 Paris) pour une toute nouvelle projection de courts, en présence de Agathe Riedinger (réalisatrice de J’attends Jupiter), Helen Olive (productrice de La Bouche de Camilo Restrepo, 5 à 7 Films) et Jan Sitta (réalisateur de Avaler des couleuvres).

Programmation

– J’attends Jupiter d’Agathe Riedinger, fiction, 22′, France, 2018, Germaine Films, présélectionné au César du meilleur court-métrage 2018, en présence de la réalisatrice

Synopsis : Liane, vingt-et-un ans, vient d’apprendre qu’elle était retenue pour participer à une émission de télé-réalité. Persuadée que sa vraie vie va enfin commencer, elle délite tout ce qui l’entoure pour embrasser avec radicalité ce grand chamboulement.

– Une tête disparaît de Franck Dion, animation, 9′, France, Canada, 2016, Papy3D Productions, Office national du film du Canada (ONF), Cristal du court métrage au Festival international du film d’animation d’Annecy en 2016

Synopsis : Jacqueline n’a plus toute sa tête mais qu’importe, pour son voyage au bord de la mer, elle a décidé de prendre le train toute seule, comme une grande !

Article associé : la critique du film

– La Bouche de Camilo Restrepo, fiction, 19′, France, Colombie, 2017, 5 à 7 films, sélectionné à la Quinzaine des Réalisateurs 2017, en présence de la productrice Helen Olive (5 à 7 films)

Synopsis : Un homme apprend la mort brutale de sa fille, assassinée par son mari. Temps suspendu pendant lequel oscillent besoin d’apaisement et désir de vengeance. Un film musical interprété par le maître percussionniste guinéen Mohamed Bangoura, alias Diable rouge, librement inspiré de sa propre histoire.

– Avaler des couleuvres de Jan Sitta, fiction, 19′, France, 2017, Takami Productions, présélectionné au César du meilleur court-métrage 2018, en présence du réalisateur

Synopsis : Son CAP tout juste en poche, Souad décroche un premier emploi dans un salon de beauté. La chance semble lui sourire.

– Wednesday with Goddard de Nicolas Ménard, animation, 4′, Royaume-Uni, 2016, Nexus Studios, Prix du Public et Prix Spécial du Jury aux Sommets du cinéma d’animation à Montréal en 2016

Synopsis : Une quête pour le développement spirituel mène à la romance et au désespoir.

Article associé : la critique du film

En pratique

Dimanche 7/10, 17h-19h : projection & rencontres. Entrée libre

Central Park Paris : 5 Rue du Jour, 75001 Paris (métro : Châtelet – Les Halles)

Event Facebook : https://www.facebook.com/events/285839362027343/

2 films sélectionnés aux César 2019, à voir en ligne

Il y a 10 jours, 36 nouveaux courts-métrages (24 fictions, 12 animations) sortaient du lot des productions françaises pour être éligibles aux prochains Cesar du meilleur film de court métrage et du meilleur court métrage d’animation.

Nous vous proposons d’en (re)découvrir 2 d’entre eux disponibles sur la Toile.

Les Indes galantes de Clément Cogitore (3e Scène, Les Films Pelléas, L’Opéra de Paris)

Féroce d’Izù Troin (Folimage Studio)

Le film de la semaine : Prends-moi de Anaïs Barbeau-Lavalette et André Turpin

Fiction, 10′, 2015, Québec, By-Pass Films

Amour, sexualité, tabou, handicap et milieu hospitalier. Film à quatre mains, celles de Anaïs Barbeau-Lavalette et André Turpin, Prends-moi (2015), s’illustre par le caractère intangible de son sujet, la complexité de ses enjeux, une très belle photo, des travellings parlants et un regard direct, sans fard sur la nudité filmée à l’écran.

Un jeune infirmier vient en aide quotidiennement à des handicapés vivant dans un centre spécialisé. Ils les accompagne aussi – cela fait partie de sa fonction – dans une « chambre d’intimité », un lieu permettant aux résidents d’avoir des relations sexuelles « encadrées » quand ils le souhaitent. Confronté à ses limites, au respect de l’intime,  il se retrouve désemparé face à l’intensité du désir de deux jeunes pensionnaires.

Filmé au plus près des corps et des visages, ce court déroutant et important a été vu à l’international (Sundance, Toronto, pour les plus gros festivals) avant de rejoindre la Toile cet été. On en profite pour lui ouvrir notre fenêtre.

Katia Bayer

Arrêt du festival Paris Courts Devant

Le festival Paris Courts Devant dont nous avons été partenaires en 2011 – à l’occasion duquel nous avions primé le très beau et très étrange The Origin Of Creatures de Floris Kaayk (visible ici) – a publié il y a quelques jours un communiqué annonçant la fin du festival, après 13 éditions, pour raisons budgétaires. Nous publions ce texte signé par Rémi Bernard, son Délégué Général, dans son intégralité, par solidarité avec le festival, ses dirigeants et ses équipes.

© William Lounsbury

Pourquoi il n’y aura pas d’édition 2018 de Paris Courts Devant ni de Ça tourne en Ile-de-France !

Malgré le dévouement, la détermination, l’ingéniosité et la passion de toute l’équipe de Paris Courts Devant, le constat, implacable, s’aggrave d’année en année : les moyens disponibles pour mettre en œuvre un festival international de courts métrages professionnel digne de ce nom à Paris et en Ile-de-France sont réellement insuffisants.

Qu’il provienne de la sphère publique ou de la sphère privée, des autorités dites de tutelles ou de sponsors privés, par essence extrêmement volatiles, le tour de table reste obstinément sous dimensionné.

On pourrait débattre sans fin des raisons de cet état de fait. De la tiédeur, du soutien juste « moral », du désengagement cordial et néanmoins explicite, de la défiance, des faibles retours sur investissement supposés, de la méconnaissance du court métrage, etc…

Mais, malgré le soutien des festivaliers et la fidélité sans faille de certains partenaires financiers, notamment des sociétés d’auteurs, de compositeurs et d’interprètes, ainsi que de la Région Ile-de-France, dans quelque sens qu’on prenne le problème, le résultat est toujours le même : financement insuffisant, impossibilité d’engager des collaborateurs, réduction de voilure in-extremis, épuisement des équipes « sous-staffées » et structurellement stressées, etc.

Déjà, en 2017, comme nous l’avons annoncé lors de la cérémonie de clôture, voyant notre budget réduit brutalement de moitié, nous n’avons réussi à boucler le festival que grâce à de nombreux sacrifices, notamment sur les salaires, le nombre de professionnels engagés dans l’équipe, le nombre de lieux et d’événements prévus puis annulés, etc.

Cet exploit n’est malheureusement pas possible chaque année, et, devant la réduction ininterrompue des finances disponibles, arrive fatalement le moment où, malgré toute l’envie qui nous anime, il n’est plus possible d’envisager d’embarquer toute une équipe dans une aventure par trop hasardeuse, de risquer ne pas honorer nos engagements et nos fournisseurs, de faire faux bond au dernier moment aux partenaires fidèles et aux institutions avec lesquelles nous tissons des relations de confiance depuis des années.

Ce point-limite est donc arrivé et nous considérons, après mûre réflexion, qu’il nous est impossible de mettre en œuvre sereinement une édition 2018 de Paris Courts Devant et de Ça tourne en Ile-de-France.

Nous le déplorons. Nous en sommes infiniment tristes. Nous sommes infiniment désolés pour tous les réalisateurs, les producteurs, les auteurs, les distributeurs, les comédiens, les étudiants, etc. qui trouvent à Paris Courts Devant une visibilité inespérée, un outil de travail performant, un rendez-vous utile, festif et pertinent… Désolés pour tous les amateurs de découvertes cinématographiques qui y trouvent année après année une sélection puissante et éclectique, riche de découvertes et d’œuvres atypiques.

Mais ce faisant, et à notre corps défendant, nous envoyons un signal aussi fort que possible : dans un contexte de financement de la culture non marchande de plus en plus tendu, un festival qui s’arrête est une perspective extrêmement inquiétante pour tous ceux qui s’échinent, contre vents et marées, à maintenir ce lien culturel dont il n’est pas un mystère qu’il est le meilleur garant du bonheur, de la paix civile, de l’exigence critique et du regard salutaire que nous portons sur le monde et sur nos vies.

Nous remercions infiniment tous ceux qui ont permis notre magnifique aventure, tous ceux qui nous soutiennent toujours aujourd’hui et tous ceux qui croient avec nous en cette merveilleuse idée et ce grand rêve d’un festival de courts métrages vivant et se réinventant sans cesse à Paris et en Ile-de-France.

Nous restons bien entendu ouverts à toute nouvelle solution viable, d’où qu’elle puisse venir, avec la plus grande ouverture d’esprit.

Si vous voulez réagir, écrivez-nous ici  : contact@courtsdevant.com

Sincèrement vôtre,

Rémi Bernard
Délégué Général de Paris Courts Devant

Revoir le discours de la cérémonie de clôture du festival 2017 :
https://www.facebook.com/courts.devant/videos/1360806467357658/

Les courts nommés aux Cesar 2019, côté fiction & animation

Ce lundi 17 septembre 2018, les comités de sélection de  l’Académie des Arts et Techniques du cinéma ont retenu les titres suivants des prochains courts-métrages en lice pour le César du meilleur film de court métrage et du meilleur court métrage d’animation.

Les 24 films de la Sélection Officielle Court Métrage César 2019 sont :

Acide de Just Philippot
L’âge des sirènes d’Héloïse Pelloquet
Allons enfants de Stéphane Demoustier
Ato San Nen de Pedro Collantes
Avaler des couleuvres de Jan Sitta
Boomerang de David Bouttin
Braguino de Clément Cogitore
Comment Fernando Pessoa sauva le Portugal d’Eugène Green
Grain de poussière de Léopold Kraus
Gros chagrin de Céline Devaux
Hanne et la fête nationale de Guillaume Brac
Les Indes galantes de Clément Cogitore
J’attends Jupiter d’Agathe Riedinger
J’mange froid de Romain Laguna
Kapitalistis de Pablo Muñoz Gomez
Laissez-moi danser de Valérie Leroy
Master of the Classe de Carine May et Hakim Zouhani
Ordalie de Sacha Barbin
Panique au Sénat d’Antonin Peretjatko
Parades de Sarah Arnold
Les petites mains de Rémi Allier
Pourquoi j’ai écrit la Bible d’Alexandre Steiger
Un peu après minuit de Jean-Raymond Garcia et Anne-Marie Puga
Les vies de Lenny Wilson d’Aurélien Vernhes-Lermusiaux

Les 12 films de la Sélection Officielle Animation (Court Métrage) César 2018 sont :

(Fool Time) JOB de Gilles Cuvelier
59 secondes de Mauro Carraro
Au cœur des ombres d’Alice Eça Guimarães et Mónica Santos
La chute de Boris Labbé
Étreintes de Justine Vuylsteker
Féroce d’Izù Troin
Il s’est passé quelque chose d’Anne Larricq
Le Mans 1955 de Quentin Baillieux
La Mort, père & fils de Denis Walgenwtiz et Winshluss
Raymonde ou l’évasion verticale de Sarah Van Den Boom
Reruns de Rosto
Vilaine fille d’Ayce Kartal