Synopsis : Au cours de l’évolution, la sole est devenue asymétrique. Aujourd’hui, personne ne sait exactement comment cela s’est passé. En 2010, une équipe de chercheurs a tenté de percer ce secret.
Depuis déjà quatre ans (eh oui), Format Court fonctionne selon un modèle bénévole. Aujourd’hui, nous faisons appel à vous. Que vous soyez bénévole, stagiaire ou volontaire, si vous avez une bonne connaissance du court métrage, un peu de temps, des qualités humaines (curiosité, ouverture, …) et professionnelles à consacrer à notre projet, nous vous proposons de nous rejoindre et de participer au développement de Format Court. N’attendez plus, faites-vous remarquer !
Nos besoins : de nouveaux auteurs
Afin de donner toujours plus de visibilité aux films et aux festivals, de couvrir au mieux l’actualité riche et constante du court, notre équipe rédactionnelle souhaite s’agrandir et recruter de nouveaux rédacteurs, étudiants en cinéma, critiques en herbe ou « simples » cinéphiles.
Dites-nous pourquoi vous souhaitez écrire pour le site, faites-nous part de vos qualifications, centres d’intérêt et/ou expériences personnelles en lien avec votre candidature, et envoyez-nous la critique d’un court métrage que vous avez aimé.
Nos besoins : un(e) chargé(e) de communication
Pour communiquer autour du site, des Prix et des soirées Format Court au Studio des Ursulines, nous sommes à la recherche d’une personne sociable, autonome, intéressée par le cinéma et sa diffusion, jouissant d’une bonne expression écrite, de compétences informatiques (Photoshop, Indesign, WordPress) et d’une expérience préalable dans le secteur de la communication. Les tâches recouvrent la recherche de partenariats, la rédaction et l’envoi de newsletters et de communiqués de presse, la mise à jour de la mailing list, la création de visuels (bannières, logos, affiches), etc.
Nos besoins : un(e) chargé(e) de financements
L’activité de Format Court est aujourd’hui reconnue par les professionnels et le public du court métrage. Dans l’optique d’un élargissement de ses financements (pour le site internet, les séances/rencontres au Studio des Ursulines, le développement de nouvelles actions autour du court métrage), Format Court recherche une personne qui pourra s’investir dans la recherche de partenaires financiers, institutionnels ou mécènes. Il s’agira notamment d’identifier les partenaires potentiels, de préparer des dossiers de demande de soutien et de démarcher diverses entreprises, associations, institutions culturelles en mesure de soutenir Format Court.
Intéressé(e) par l’une ou l’autre de ces propositions ? Contactez-nous : info@formatcourt.com
Sélectionné pour concourir dans la compétition internationale aux 35èmes Rencontres Henri Langlois, « A Year After » est un film troublant qui parle de la difficulté de se reconstruire après un deuil. La solitude y est dépeinte comme une longue peine dont le personnage principal décide de s’extraire à force de volonté et d’expériences nouvelles.
« A Year After » a été réalisé dans le cadre des études de Tal Yehoudai à l’école Minshar for Art de Tel Aviv. Très dynamique dans le domaine de l’audiovisuel, cet établissement promeut et encourage l’action artistique dans son environnement social et politique (voir notre ancien focus sur les écoles israéliennes). Avec son film, Tal Yehoudai propose une réalisation en totale cohérence avec l’éthique de son école. Elle pose son regard sur un fait de société – le veuvage, le deuil – et l’ancre, en toile de fond, dans le contexte politique complexe qui oppose Israël et Palestine. Le point de vue de cette très jeune réalisatrice sur la mort, ou plutôt sur son contrepoint, ceux qui restent, est incarné à l’écran par un personnage central, une femme sexagénaire nommée Neomi.
Après la mort de son mari, cette femme se retrouve isolée, ses enfants sont partis. Elle n’est plus ni vraiment mère ni vraiment femme et doit se reconstruire. Tal Yehoudai filme au plus près Neomi dans ce long processus qu’est le sien pour retrouver du sens à sa vie. Le film dépeint en vingt minutes l’évolution de cette femme. Tout commence par le constat qu’elle fait de sa propre solitude qui s’est insinuée doucement pendant sa première année de veuvage, le temps du deuil sans doute. Démunie mais consciente, elle provoque les choses et se provoque pour avancer et se retrouver autonome dans sa vie. On assiste à une belle transformation où la veuve cherche à redevenir femme même si cela lui en coûte. Tal Yehoudai filme avec beaucoup de pudeur une scène où Neomi passe à l’acte avec Salar, un homme palestinien qui à lui aussi perdu sa famille. Même si cet acte ne lui apporte pas le réconfort escompté, Neomi peut alors commencer sa nouvelle vie, elle se sent capable d’accomplir des choses pour elle et par elle-même. Le film se conclut par une séquence où Neomi apparaît non plus comme une femme éplorée mais comme une sexagénaire battante au regard fier. Interview.
Tal, pouvez-vous expliquer pourquoi vous avez choisi de traiter le sujet du deuil pour votre film d’études ?
En fait, je crois qu’il y a plusieurs sujets dans le film. Je parle de la solitude, de la difficulté de la vie adulte, de la vie de femme, de ce qui se passe quand on grandit. Cela m’a pris du temps pour comprendre pourquoi j’avais choisi ces thèmes pour mon film et pourquoi je les avais traités à travers le regard d’une veuve d’une soixantaine d’années. Mais au final, je crois que ces thèmes sont communs à tous. Il s’agit là d’une femme âgée mais le personnage principal aurait également pu être une jeune femme comme moi. Le fait est que nous sommes tous à la recherche d’une personne qui nous aimera et nous apportera un certain confort et de l’attention.
Dans le film, il est question d’un passage, d’un grand changement de vie pour cette femme qui se retrouve seule après la mort de son mari et dont les enfants sont partis depuis longtemps. Elle était femme et mère et doit, après ce deuil, se retrouver en tant qu’individu, se reconstruire dans sa vie. Je pense que ce sujet est assez universel.
Dans le film, on voit en effet cette femme qui éprouve une grande difficulté à trouver un nouveau sens à sa vie mais qui malgré tout tente de changer…
Elle a vécu toute sa vie selon un même mouvement, s’est mariée très jeune, a eu des enfants, et maintenant tout le monde est parti et elle doit trouver un nouveau sens à sa vie. Elle choisit, pour se prouver quelque chose sans doute, d’aller voir un autre homme. Salar, le personnage de l’homme palestinien, pourrait être quelqu’un qui l’aiderait car il se retrouve lui aussi dans une situation de veuvage et dans une solitude similaire. Pourtant, elle ne trouvera pas de réelle solution dans cette relation charnelle, mais un début d’ouverture sur une nouvelle vie.
Pouvez-vous revenir sur la dernière séquence du film où la femme se retrouve à table avec ses enfants qui récitent une prière ? Son regard semble perdu dans une réflexion lointaine.
Cette séquence est assez ouverte, il peut y avoir plusieurs interprétations je pense. Pour moi, il s’agirait plutôt d’une sorte de conclusion, une marque du changement qui s’est opéré pour la femme après la relation qu’elle a eue avec Salar. Maintenant, elle sait qu’elle peut mener sa propre vie. Sa famille reste importante, mais maintenant elle sait qu’elle peut faire des choses par elle-même et pour elle, même si cela n’est pas simple.
La séquence où la femme se regarde et détaille son corps dans le miroir de sa chambre est très touchante, on sent tout le mal-être du personnage qui s’incarne dans ce corps flétri et débordant…
Je pense que pour les femmes, il est plus difficile d’accepter leur apparence que pour les hommes. Toute notre vie, nous tentons de montrer littéralement le meilleur de nous. Dans le film, la femme a toujours essayé d’être une bonne femme et une bonne mère, mais aujourd’hui elle est vieille et son corps reflète le temps qui a passé.
Le rôle de la femme est central dans le film, la narration tourne autour d’elle, comment avez-vous travaillé avec la comédienne ?
Ce fut un long processus, nous avons beaucoup parlé. Pendant le casting, je n’ai pas voulu faire jouer aux comédiennes un texte particulier. J’ai plutôt discuté avec chacune d’elles à la recherche d’une sorte de connexion. Quand j’ai trouvé ma comédienne, le travail a été assez long et difficile car dans la vie elle est exactement l’opposé de la femme qu’elle joue dans le film ! La scène de sexe a aussi été très difficile à tourner pour elle.
Dans votre façon de filmer, on sent que vous portez une grande attention au cadre…
Oui, j’ai cherché à montrer l’isolement et la solitude de la femme à travers l’image. Dans le film, elle est souvent bord cadre comme si elle était presque extérieure au monde qui l’entoure. Mais quand elle commence à «s’intéresser» à elle, son corps revient au centre de l’image comme dans la scène devant le miroir ou lorsqu’elle est avec Salar.
Quels sont vos projets ?
J’ai écrit un synopsis pour un long métrage. Pour l’instant, je suis à la recherche de fonds pour écrire le scénario.
Synopsis : Alors que cela fait un an que son mari est décédé et que ses enfants ont quitté le foyer familial, Neomi se retrouve pour la première fois avec elle-même, face à son destin.
Les Lutins du court métrage ont fait connaître leurs nominations 2013 : 25 films sont concernés dont 16 films de fiction, 4 films documentaires et 5 films d’animation. Si vous désirer participer au vote public ou au vote professionnel et recevoir le coffret DVD 2013 réunissant tous ces films, rendez vous sur le site des Lutins. Pour info, les nominés sont exclus du vote.
Et voilà, Format Court a quatre ans (= noces de cire) depuis le 9 janvier 2013. Chaque année, à cette période, au moment de rédiger l’édito, j’ai pour habitude de revenir en arrière et de relire le tout premier article du genre, celui qui a officialisé les débuts du site. Le 9 janvier 2009, l’édito s’appelait « édito » (un titre comme un autre !) et ne se concevait pas comme un site exhaustif sur le court ni comme un annuaire ou un portail d’actualité, mais comme un regard critique et personnel sur le cinéma bref. En cliquant, j’ai retrouvé notre tout premier visuel. Points de vue, recherches formelles, originalité, nouvelles images, inventivité, brièveté, fantaisie : nous avions terriblement envie de parler de tout cela à la fois. En quatre ans, j’espère que nous avons pu un peu nous rapprocher de ces mots-clés en vous faisant découvrir des oeuvres et des auteurs importants à nos yeux.
Le premier « numéro » de Format Court proposait entre autres d’en savoir plus sur le FIDEC et le festival Média 10-10, deux festivals de courts métrages belges, que nous avons continué à couvrir, édition après édition. Avec le temps et les nouveaux contributeurs, les sujets se sont multipliés. Le site compte aujourd’hui plus de 700 actualités et 700 fiches techniques, près de 400 critiques de films, plus de 150 interviews et près de 130 focus consacrés aux festivals et personnalités du court métrage.
À nos débuts, nous ne pouvions prévoir notre parcours en courts, le développement des Prix et des coups de cœur Format Court remis en festivals (Anima/Bruxelles, Vendôme, Paris Courts Devant, Média 10-10/Namur, Court Métrange/Rennes) ou encore l’existence des soirées Format Court, chaque deuxième jeudi du mois au Studio des Ursulines, un cinéma indépendant parisien du 5ème (pour vous faire une idée de la dernière séance, celle de notre anniversaire, cliquez ici).
L’année écoulée nous permet de vous proposer un beau bilan : nous avons rejoint le Comité Court Métrage de l’Académie des Arts et Techniques du Cinéma, nous sommes devenus partenaires du concours de courts organisé par l’émission Libre Court (France 3), et nous avons initié de nouveaux prix Format Court, l’un au festival de Brest, l’autre au festival Silhouette.
Ce début d’année s’annonce tout aussi intéressant. Nous serons partenaires du Forum Audiovisuel de la Jeunesse (GENERATOR) proposé par le réseau européen de jeune cinéma NISI MASA à Strasbourg à la fin du mois et en février, et nous retrouverons après un an d’absence le festival Anima pour un nouveau Prix Format Court (dans la catégorie films d’écoles européens, cette fois).
Entre les deux, nous couvrirons, dans le cadre d’un partenariat média privilégié, la prochaine édition du festival de Clermont-Ferrand, la 35ème, à travers un focus en ligne renouvelé plusieurs fois par jour. À Clermont, toujours, nous serons proches de la SRF (Société des Réalisateurs de Films) puisque nous modérerons un débat le 5 février autour de la diffusion européenne des œuvres de court métrages. Tous ces évènements ne manqueront pas d’être explicités sur le site, n’hésitez donc pas à revenir régulièrement sur vos pas à cet effet.
Après les chiffres et les projets, place aux remerciements. Format Court, nous le rappelions encore à notre dernière projection, est un projet collectif. Si le site a eu (et a encore) droit à un bon anniversaire, ses rédacteurs et ses petites mains ont eux aussi tout autant droit à tous vos encouragements. Merci donc, encore et toujours, à Marie Bergeret, Adi Chesson, Amaury Augé, Fanny Barrot, Julien Beaunay, Marion Cécinas, Agathe Demanneville, Dounia Georgeon, Xavier Gourdet, Nadia Lebihen-Demmou, Mathieu Lericq, Camille Monin, Géraldine Pioud, Julien Savès et Franck Unimon pour leur goût du court et leur chouette lien à Format Court !
L’année prochaine, Format Court aura 5 ans et fêtera, si tout va bien, ses noces de bois. D’ici là, les « formatcourtois » vous souhaitent à toutes et à tous une belle et heureuse année 2013, riche en audace, en innovation et en courts (bien évidemment) !
Cette année, les Rencontres Henri Langlois de Poitiers ont innové en proposant aux spectateurs d’assister aux délibérations du Jury du Syndicat Français de la Critique. Entre argumentaire cinématographique acerbe et échange de points de vue personnels, les trois jurés, Marie-Pauline Mollaret, Francis Gavelle et Bernard Payen, ont su captiver pendant plus d’une heure les courageux festivaliers qui s’étaient levés tôt un samedi matin. Retour sur ce moment critique.
Edition 2012 : les tendances de la saison
Au delà de l’anecdotique décor récurrent qui tire son épingle du jeu annuellement – cette année c’était la piscine, vide dans « Non-Swimmers » du Tchèque Jakuk Smid, pleine dans « Swimming Pool » de Puangsoi Aksornsawang (Thaïlande), avec ou sans nageurs – les deux tendances majeures de la sélection étaient sans aucun doute la forte représentation de l’animation et des films réalisés par des écoles d’Amérique du Sud.
En effet, plusieurs films d’animation avaient marqué la sélection par leur traitement ambitieux et original tant en termes de forme que de fond comme « Anomalies » de Ben Cady (Royaume-Uni) qui surprend par un minimalisme formel d’une intensité déroutante. D’autre part, le cinéma dit « latino » a occupé une bonne place dans les films présentés cette année et était assez remarquable par sa qualité. Comme l’année précédente, un long métrage était en compétition et cette année, il s’agissait d’un film mexicain « Entre la noche y el dia » de Bernardo Arellano. Cette tendance est visible au-delà du festival puisque le cinéma mondial est impacté par les nouvelles propositions sud-américaines.
Les tops 3 des critiques : de la difficulté d’extraire 3 films d’une sélection de 40 courts métrages (+ un long)…
En amont des délibérations, chaque critique a élaboré sa propre pré-liste qu’il confronte pendant l’exercice à celles des deux autres jurés. Pour Marie-Pauline Mollaret, critique pour le magazine Ecrannoir.fr, un trio de tête apparaît (« Letargo » de Sebastian Palominos (Chili), « La sole entre l’eau et le sable » d’Angèle Chiodo (France), « Pude ver un puma » d’Eduardo Williams (Argentine) et quatre films en plus sont remarquables (« Men of the Earth » d’Andrew Kavanagh (Australie), « Swimming Pool » de Pusansoi Aksornsawang (Thaïlande), « Après guerre » Valentin Kemner et Sophie Reinhard (Suisse), « So It Goes » de Anti Heikki Pesonen (Finlande).
Bernard Payen, responsable de programmation à la Cinémathèque française et fondateur du webmag Objectif Cinéma, à la recherche d’une rencontre entre le spectateur et le film, privilégie « La sole entre l’eau et le sable » d’Angèle Chiodo (France), « Pude ver un puma » d’Eduardo Williams (Argentine) et « Neige tardive » (Utan Snö) de Magnus von Horn (Pologne). Il garde des films en plus pour leur intérêt formel ou leur sujet : « Terra » de Piero Messina (Italie), « Dusty Night » d’Ali Hazara (France, Aghanistan), « Toucher l’horizon » d’Emma Benestan (France) et « Le fils du blanc » de Maxence Robert (Belgique).
Francis Gavelle, producteur à Radio Libertaire et sélectionneur des courts métrages à La Semaine de la Critique entre 2001 et 2011, oriente son choix vers les films de la contamination, ceux qui traitent à priori d’un sujet léger ou simple mais finissent par porter le spectateur vers un thème plus dense. Dans son top 3, se côtoient « La sole entre l’eau et le sable » d’Angèle Chiodo (France), « Anomalies » de Ben Cady (Royaume-Uni) et « Letargo » de Sebastian Palominos (Chili). Il retient comme films supplémentaires « Cuerda al aire » de Marcel Beltran (Cuba) et« Kuhina » de Joni Männistö (Finlande).
Dès cette phase de pré-sélection, les membres du jury furent assez d’accord sur les films à retenir et sur lesquels discuter. Ce premier tour mettait en évidence l’accord unanime sur le film d’Angèle Chiodo « La sole entre l’eau et le sable » qui apparaissait dans le top 3 de chaque juré. Pour autant, un autre film créa le débat chez les jurés : « Pude ver un puma ». Le film captiva complètement Marie-Pauline Mollaret et Bernard Payen mais laissa Francis Gavelle « en réflexion » selon ses propres termes.
Les idées sur le puma…
Si le film d’Eduardo Williams rassembla les suffrages des trois critiques sur la question de la maîtrise technique, un point de désaccord fut soulevé par Francis Gavelle qui vit dans « Pude ver un puma » un film qui « joue sur l’épate ». L’épate d’un décor magnifique qui accroche forcément et facilement le spectateur. L’épate d’une mise en scène qui montre tout ce que le réalisateur sait faire comme avec la scène d’ouverture où plusieurs protagonistes évoluent sur les toits terrasses en sortant du cadre, rentrant de nouveau et ce de façon très bien menée à l’image. Pour lui, la proposition cherche à impressionner le spectateur. Ce qui l’a laissé extérieur au film…
A contrario, pour Bernard Payen, « Pude ver un puma » est un film qui offre des pistes de narration multiples, on peut y saisir plusieurs grilles de lecture. C’est un film très sensible, qui touche physiquement et happe le spectateur. On a l’impression que le film a commencé avant que l’on arrive, le spectateur est là comme « à l’improviste ». L’univers créé par Eduardo Williams est extrêmement personnel, esthétiquement très réussi. Le climat apocalyptique est bien amené. Pour Marie-Pauline Mollaret, c’est un film qui apporte de la nouveauté et un point de vue très personnel, et qui est inscrit dans un cinéma du ressenti. Qui plus est, elle pointe un autre aspect du film qui joue sur la difficulté pour ces jeunes de communiquer dans ce monde, c’est un sujet très actuel à ses yeux.
L’accord unanime et le consensus
Finalement, le choix du prix du Jury du Syndicat de la Critique aura été plutôt simple à décider puisqu’un film, et un seul, faisait l’unanimité dès le départ : « La sole entre l’eau et le sable ». Un film plébiscité pour son côté culotté, atypique et déroutant. Pour Francis Gavelle, ce film qu’il qualifie « de la contamination » est intéressant dans sa bascule d’un sujet anodin, le poisson, à un thème plus intéressant, la grand-mère, qui vient petit à petit parasiter le premier sujet. Le film n’est pas sérieux mais ne tombe pas non plus dans la boutade. Il est très touchant.
Mais après avoir passé la plus grande partie de la délibération à débattre autour du film « Pude ver un puma », comment ne pas le valoriser dans la remise des prix ? Chose pratique pour tout bon jury qui se respecte : l’appel à la mention !
Présenté en compétition internationale aux 35èmes Rencontres Henri Langlois, « Dusty Night » d’Ali Hazara, un film documentaire qui traite de la condition sociale actuelle en Afghanistan, y a remporté le prix Amnesty International. Il fait partie de ces films dont on a entendu parlé sans les voir faute d’écrans suffisamment audacieux pour proposer du court métrage documentaire et ce malgré un grand prix du court métrage au festival Cinéma du Réel en 2012. Alors, le voir programmé aux Rencontres Henri Langlois provoque autant de plaisir que de respect pour les sélectionneurs. Le film a été réalisé dans le cadre des ateliers Varan en Afghanistan. Si ceux-ci sont connus pour former au cinéma documentaire en France, on sait peut être moins que, depuis le début, ils existent également à l’étranger et depuis 2006 à Kaboul. Il est suffisamment rare de voir l’Afghanistan au cinéma pour que ce seul sujet suscite l’intérêt du spectateur, mais au-delà de cela, « Dusty Night » est un film politique où le réalisateur pointe du doigt un pays qui n’arrive pas à se reconstruire et subit les affres des économies souterraines.
Ali, pourquoi avez-vous fait le choix de filmer trois hommes-balayeurs en Afghanistan pour votre film d’études ?
En réalité, ces trois hommes représentent plus que trois individus isolés, ils figurent une communauté. Les trois personnages du film sont un père et ses deux fils. J’ai choisi de filmer ces hommes comme des ombres. Ces personnages veulent en quelque sorte nettoyer les choses autour d’eux. Ces hommes-balayeurs souhaitent rendre leur pays « propre » au sens propre comme au figuré. A travers ces trois hommes, c’est toutes les personnes qui veulent voir changer l’Afghanistan que je montre, et j’en fais partie.
Le fait de balayer le sable, la poussière semble être un acte vain, presque sisyphéen. Pouvez-vous nous en dire plus sur ce mouvement, sur cette matière que les balayeurs chassent et qui revient inexorablement ?
J’ai vécu pendant dix ans en Afghanistan et pendant toute cette période les gens parlaient sans cesse des changements qui devaient se produire dans le pays mais rien ne se passait vraiment. Le sable, la poussière qui revient toujours, c’est un peu le symbole de cette immutabilité. Même si les balayeurs tentent d’ôter la matière, elle revient toujours… Et puis, dans la culture afghane on dit que les hommes sont faits de sable. Il existe un vrai antagonisme entre deux états du sable : la matière qui crée la vie dans l’imaginaire traditionnel et aussi celle qui tue la population dans la réalité. Le sable est également le symbole de l’aveuglement dans le film. Quand cette matière se mêle au vent, il se crée une sorte de « fog » qui empêche les hommes de voir. C’est un peu la représentation pour moi de la société afghane actuelle, tout y est trouble.
Il y a quelque chose de très tranché dans la mise en scène du film entre l’ouverture sur un paysage désertique ou règne la quiétude et la ville bruyante et sale. Cette opposition semble souligner la différence de condition de vie des hommes entre le désert et la ville.
En fait, il ne s’agit pas du désert mais d’un cimetière. J’ai filmé cet endroit comme le souvenir d’un lieu qui n’existe plus. À l’inverse, les nouveaux espaces existants sont ceux de la ville. Les balayeurs y sont dépeints comme des fantômes, filmés en contre-jour, ce ne sont que des ombres dans l’univers urbain. Paradoxalement, dans le cimetière ces personnages sont heureux et vivants, les enfants jouent, la vie bat son plein…
Le film est assez taiseux, seuls deux moments sont ponctués de voix off et il n’y a qu’un seul dialogue, celui où le père évoque la question du travail avec ses fils. Quelle est la place du travail dans la société Afghane ? Est-ce la dernière valeur sur laquelle compter pour survivre ?
C’est exactement ça. Les enfants afghans n’ont plus vraiment d’enfance. Dans le film, le père explique à ses fils qu’ils n’iront pas à l’école d’une part car ils n’en auront pas les moyens, mais également car leur père ne le souhaite pas. Pour survivre il faut travailler, s’éduquer ne sert à rien à ses yeux. Les enfants doivent faire comme les adultes : travailler très jeunes pour survivre. C’est comme cela en Afghanistan.
Dans le film, une part importante est dédiée au pétrole, au gaz, des ressources naturelles abondantes en Afghanistan, pourquoi ?
En fait, géographiquement l’histoire se déroule autour d’une station-service qui fait en quelque sorte vivre la ville. Je souhaitais montrer toute l’importance de cette énergie dans l’économie afghane. Le pétrole organise la vie économique et de fait la vie sociale. Bien entendu, les sources d’énergie sont importantes dans chaque pays mais en Afghanistan elles sont la cause de la destruction du pays.
Qu’en est-il de la musique et des sons dans « Dusty Night » ?
Les sons représentent réellement 50% du film à mon sens. Dans la ville, j’ai construit l’ambiance sonore comme s’il s’agissait d’une vague. On peut saisir le mouvement de cette vague dans le geste des balayeurs mais également dans la circulation automobile qui créée un son comme le flux et le reflux de l’océan. C’est ce qui donne le rythme du film.
Les femmes sont totalement absentes des lieux que vous filmez, pourquoi ?
En Afghanistan, les femmes ne sont pas censées apparaître en public, c’est pour ça que j’ai choisi de ne pas montrer de femmes dans mon film. Et la réalité, c’est qu’une fois la nuit tombée, aucune femme ne sort plus dans la rue. Elles sont en danger en Afghanistan et si les talibans reviennent, ils ne chercheront jamais à négocier quoi que ce soit autour de leurs conditions de vie.
Vous avez tourné ce film il y a environ un an. Etes-vous retourné depuis en Afghanistan ?
Non, pas depuis la fin de tournage du film. En revanche, le film a été montré là-bas, mais le public vit la situation décrite au quotidien et n’a donc pas eu de réaction particulière après la projection.
Avez-vous des projets de réalisation?
Je travaille sur une série de quatre films dont « Dusty Night » fait partie, c’est le premier. Dans la culture afghane, le monde est représenté autour de quatre éléments : la terre, l’eau, le vent et le feu. Vous avez vu le sable/la terre, les trois autres suivront. Le prochain film sera axé autour de l’eau.
Synopsis : Ombres parmi les ombres, les balayeurs de nuit de Kaboul déplacent une lourde poussière le long d’une avenue. Images arrachées à la poussière et à la nuit, dans les phares des voitures, à la lueur d’une boutique, ou d’une pompe à essence.
Pour la 35eme édition des Rencontres Henri Langlois qui s’est déroulée à Poitiers du 30 novembre au 9 décembre 2012, la programmation a tenu toutes ses promesses. Entre découverte de jeunes réalisateurs talentueux issus des plus prestigieuses écoles de cinéma internationales et des séances spéciales aux accents belges, européens ou africains, les spectateurs ont eu droit à de belles rencontres cinématographiques ! Dans notre focus, retrouvez les interviews de deux réalisateurs en compétition internationale, un aperçu des délibérations publiques du Jury de la Critique Française et bien sûr le palmarès.
L’album de notre séance anniversaire est en ligne. Retrouvez les photos de la soirée, marquée par la présence de Sylvain Desclous, Myriam Boyer, Julien Roux, Florence Borelly (réalisateur, comédienne, chef op’, productrice de ”Le Monde à l’envers”), Emilie Parey (déléguée générale du Festival de Vendôme), Benjamin Renner, Christophe Heral (réalisateur et compositeur de ”La Queue de la souris”) et Dimitra Karya (directrice de la sélection de la Cinéfondation).
Photos : Julien Ti.i.Taming
Prochaine séance Format Court : jeudi 14 février 2013 !
Mis en place il y a 6 ans, le concours « Lignes de court » permet chaque année à des réalisateurs de concourir pour remporter l’achat et la diffusion de leur film dans l’émission Libre court sur France 3. Du 21 décembre 2012 au 21 juin 2013, les auteurs sont invités à envoyer leur court métrage, tourné sur tous formats (35mm, super 16, HD, DV), d’une durée de 5 minutes maximum. France 3 sélectionnera par la suite vingt à trente courts métrages qui seront ensuite mis en ligne sur le site internet de Libre Court le 1er juillet 2013.
Du 1er juillet au 31 août, les internautes pourront voter pour leur film préféré. Début septembre 2013, le jury en élira 3 parmi les 12 ayant recueilli les meilleures notes globales (note moyenne prenant en compte la note des internautes et le nombre de votes). Les gagnants se verront proposer un contrat de diffusion sur France 3, dans le cadre de l’émission « Libre Court ».
Journaliste de formation, Katia Bayer est à l’initiative du site dédié aux courts métrages, « Format Court ». Depuis son lancement en janvier 2009, elle en est la rédactrice en chef. Ce site regroupe critiques, interviews, reportages et extraits de courts métrages internationaux.
Le parrain : Grégoire Lassalle
Grégoire Lassalle est PDG d’Allociné, 1er site cinéma en France. Il tient également le rôle titre de la web TV « Dedans Allociné » qui a reçu le Prix du Jury et le Prix du Public lors du Web TV Festival 2012. Dès 2006, Allociné propose l’hébergement gratuit de court métrages. Depuis juillet 2011, il est aussi possible de créer une page court métrage au même titre qu’un long métrage.
Rendez-vous sur le site internet de France 3 pour plus d’infos sur le concours.
À l’heure où certains se sont émerveillés devant les vitrines animées de Noël et où l’on courait de magasin en magasin dans l’espoir de trouver le cadeau idéal, la ville de Bruz, en Bretagne, a proposé une toute autre sorte d’émerveillement face à un autre type d’animation, celle de dessins, peintures, et autres marionnettes. Le Festival National du Film d’Animation de Bruz a offert encore cette année une programmation pleine de surprises. La compétition officielle, composée de 35 courts métrages professionnels et de 41 films de fin d’études, a proposé pendant plusieurs jours un panorama diversifié de la production actuelle, mais pas seulement.
En effet, le Festival National du Film d’Animation tient aussi en des rencontres avec des professionnels, des ateliers de découvertes, un focus sur l’animation Tchèque, et des expositions, avec à l’honneur cette année, la marionnette. Arrêtons-nous quelques instants sur une autre particularité du festival, les « Secrets de fabrication ». Dans une salle remplie de petits et de grands, Sophie Roze et Gilles Croirier dévoilent, sous le regard attentif des enfants, les coulisses de la réalisation du film « Les Escargots de Joseph » (2009).
Le film est issu d’un souvenir d’enfance, et qu’à cela ne tienne, il s’agit d’une histoire qui suscite tout l’intérêt des enfants présents dans la salle. Basé sur l’expression « se regarder le nombril », « Les Escargots de Joseph » nous fait entrer dans l’univers étrange de Joseph, un enfant extrêmement timide obnubilé par les escargots. Un jour, alors qu’il se regarde le nombril, il se trouve aspiré par celui-ci et découvre l’univers inquiétant des nombrilistes. Dans ce monde, les personnages se replient littéralement sur eux-mêmes et se transforment en escargot à force de se regarder le nombril et de se couper du monde extérieur.
Très réactifs, les enfants présents dans la salle sont tout d’abord surpris par la taille de la marionnette, pas plus grande qu’une main, tandis que Gilles Croirier, un des animateurs du film, l’anime en prenant des photographies qu’il assemble sous les yeux des spectateurs. On découvre alors les dessous d’une technique d’animation minutieuse, image par image, qui demande une analyse du mouvement afin de le reproduire.
Joseph, vêtu d’un short et d’un chapeau de paille, est un personnage timide mais émouvant, dont le style est inspiré de cette grande vedette du cinéma muet qu’est Buster Keaton. On retrouve chez Joseph cet aspect touchant par sa maladresse, à la fois timide et plein de curiosité, plus particulièrement dans une scène où Joseph se trouve face à un nombriliste qui lui ressemble curieusement, comme un double de lui-même. Jeu de mains et de regards, cette scène semble tout droit sortie d’un film muet, tandis que les deux marionnettes nous touchent et nous font sourire rien que par leur gestuelle, preuve d’une animation réussie.
Trois mois pour la construction des décors et la fabrication des marionnettes, trois mois de tournage à une moyenne de douze secondes par jour, sans compter la post-production, c’est le temps qu’il aura fallu à Sophie Roze, Gilles Croirier et Pierre-Luc Granjon pour réaliser « Les Escargots de Joseph », ce film intimiste et enchanteur, pour le plus grand plaisir des tout petits, sans oublier les plus grands !
Le site internet Format Court vous invite à fêter son 4ème anniversaire le jeudi 10 janvier 2013, à 20h30, au Studio des Ursulines (Paris, 5ème), lors d’une projection anniversaire en présence de nombreux invités : Sylvain Desclous, Myriam Boyer, Florence Borelly, Emilie Parey (« Le Monde à l’envers »/Festival de Vendôme), Benjamin Renner, Christophe Heral (« La Queue de la souris ») et Dimitra Karya (Cinéfondation).
Cette soirée sera suivie d’un verre offert pendant laquelle vous aurez l’occasion de découvrir une exposition de dessins originaux d’animateurs français et étrangers rencontrés tout au long de notre parcours.
Infos pratiques
– Projection des films : 20h30. Durée du programme : 88′
– Adresse : Studio des Ursulines – 10 Rue des Ursulines, 75005 Paris – Accès : BUS 21, 27 (Feuillantines), 38 ou 82 (Auguste Comte), 84 ou 89 (Panthéon). RER B Luxembourg (sortie rue de l’Abbé de l’Épée).
En compétition dans la catégorie films professionnels du Festival National du Film d’Animation à Bruz, « Aalterate », de Christobal de Oliveira, nous plonge dans un paysage mental fascinant.
Le film a d’abord été conçu comme une installation vidéo pour une galerie d’art et il aurait été bien dommage de se priver d’un tel objet, lors du festival du film d’animation. Le film est le fruit d’un travail de graphiste designer, dévoilant une séquence 3D basée sur la logique du mouvement et de la circulation, et une narration dont on parvient petit à petit à reconstituer le sens.
« Aalterate », tel est le titre qui s’inscrit sous nos yeux et qui, dès le début, subit une lente transformation qui n’est que le début du cheminement du corps et de l’âme d’une jeune femme. En effet, quelques lignes noires viennent se dessiner doucement sur un fond immaculé de blanc, tel un flash violent, vision brutale d’un monde céleste. Ici, rien ne se perd, tout se crée, et chaque élément qui envahit l’image subit une évolution constante. Petit à petit, les courbes s’affirment pour laisser place à une silhouette de femme.
Soudain, une image de pare-brise fêlé, en décomposition, vient briser la continuité, tel le flash-back d’une tragédie, tandis que le corps féminin, à l’inverse, est en composition. Le corps se transforme, en images faites de courbes mouvantes et sensuelles, et se déploie telle une plante qui prend vie, envahissant progressivement l’écran de ses tentacules mi-organiques mi-mécaniques. Alors que chacune de ses membranes grandit et envahit la totalité du cadre dans un plan séquence envoûtant, les tons s’assombrissent, laissant place à une image foisonnante, grouillante, gorgée de détails.
Christobal de Oliveira crée ici un plan hypnotique de jungle traversée d’éclairs, mêlant des éléments organiques et mécaniques. Le son, mélange de bruits de plantes et de bestioles qui pullulent, intégrant progressivement une musique aux accents tribaux, vient enrichir l’image et tour à tour, les sensations d’oppression puis de libération qu’elle véhicule. La caméra plonge dans un monde abyssal, dans les entrailles de cette jungle et nous mène sur une route qui s’étend vers l’horizon. Sur cette route, se trouve une voiture qui fonce à toute allure et plonge pour venir se poser au fond des abysses.
Alors, de nouveau, des corps tentaculaires, entre organismes vivants et câbles électriques, viennent envahir la mécanique, tandis que l’huile du véhicule s’échappe. Le liquide prend progressivement la forme d’un corps de femme et s’élève vers la lumière. S’élève-t-il vers une sorte d’espace céleste, un au-delà où le corps et l’âme ont subi une altération, ou est-ce simplement son âme qui s’élève tandis que son corps demeure dans les abysses rejoignant les organismes végétaux ?
La boucle semble bouclée mais le mystère reste non résolu, et les images, animés de façon fluide pour créer des mouvements plein de sensualité, semblent retracer un accident de voiture, la violence du choc laissant place à la beauté de la transformation de l’âme, et de la matière. Les diverses teintes de gris qui viennent contrecarrer le contraste initial entre le noir et le blanc viennent nous rappeler qu’il n’est de vie ou de mort sans cheminement, et que de l’un à l’autre, il existe d’autres teintes, d’autres voyages sensoriels.
Synopsis : Une femme dans le coma flotte dans un espace blanc, immaculé. Soudain son corps commence à s’altérer, des formes organiques se manifestent et prolifèrent, emplissant l’écran. Démarre alors l’exploration de ce corps en mutation.
Genre : Animation
Technique : Ordinateur 3D
Durée : 10’
Pays : France, Pays-Bas
Année : 2011
Réalisation : Christobal De Oliveira
Scénario : Christobal De Oliveira
Montage : Christobal De Oliveira, Grégoire Sivan, Nicolas Schmerkin
« Cette soirée aurait pu tout aussi bien s’intituler “Sans tambour ni trompette” car on n’aperçoit dans ces films ni l’un ni l’autre. Qu’on y croise des anges et des chiens ne garantit pas pour autant que c’est par l’entremise de ces figures que les liens les plus tangibles se tissent entre ces fictions aux formes et aux tonalités très variées. À chacun d’entendre là une simple histoire, là une parabole, là la littéralité du monde, là une immersion dans le rêve ou le fantastique. Peut-être est-il aussi question, au détour de tel ou tel film, de notre part animale, de l’âme de la nature, de la cruauté des anges déchus et de bien d’autres choses encore ». Jacques Kermabon
Un dimanche matin de Damien Manivel. 2012, DCP, couleur, 18 mn.
Réalisation et scénario : Damien Manivel • Image : Julien Guillery • Son : Jérôme Petit • Montage : Suzana Pedro • Interprétation : Ivan Borin et Stiki • Production : Grec.
Comme chaque dimanche matin, un homme promène son chien dans la banlieue parisienne. Prix Découverte Nikon à la Semaine de la Critique 2012
Réalisation, scénario, montage et animation : Nicolas Jacquet • Son : Renaud Bajeux et Niels Barletta • Voix : Florence Tranchant, Pascal Métot, Gaël Perrot, Catherine, Odile et Bip • Production : Joseph.
Dans une France en proie à une crise économique et à la violence, la préférence nationale est instaurée. Il est dorénavant obligatoire de présenter ses papiers pour acheter de la nourriture. Un chien errant tente de survivre.
Plume de Barry Purves. 2011, DCP, couleur, 15 mn.
Réalisation et scénario : Barry Purves • Image : Barry Purves, Stéphane Piera, Nadia Nakhlé et Justin Noé • Son : Éric Lonni • Montage : Stéphane Piera • Musique : Nicolas Martin • Animation : Barry Purves et Stéphane Piera • Production : Dark Prince.
Un être ailé, une chute vertigineuse et une rencontre hostile et violente qui changera à jamais sa vie.
Réalisation et scénario : Philipp Mayrhofer • Image : Marc Gomez Del Moral • Son : Jean Collot • Montage : Carole Le Page • Interprétation : Paul Bandey, Jean Rieffel, Karina Beuthe, Alice Isaaz, Eddy de Pretto et Justine Soulie • Production : Ferris et Brockman.
Monsieur Königsberg dirige une petite usine de province. Malgré sa vie satisfaisante, il est habité d’une sourde mélancolie et souffre de la réputation d’être mauvais chasseur. Quand il se rend à sa partie de chasse hebdomadaire, il décide de faire basculer son destin.
Réalisation et scénario : Emma de Swaef et Marc Roels • Image : Marc Roels • Son et musique : Bram Meindersma • Montage : Emma de Swaef, Dieter Diependaele et Marc Roels • Voix : Edo Brunner • Production : Polaris Film Production & Finance, Beast Animation, Il Luster Productions, Vivement Lundi !.
À la mort de sa mère, Willy retourne dans la communauté de naturistes au sein de laquelle il a grandi. Rendu mélancolique par ses souvenirs, il décide de fuir dans la nature où il trouve la protection d’une grosse bête velue. Cartoon d’or 2012. Primé aux festivals de Zagreb, Drama, Utrecht, Saint-Pétersbourg, Bucarest, Krok, Sapporo, etc.
Infos pratiques
Séance à 20h30
MK2 Quai de Seine – 14 Quai de la Seine – 75019 Paris – M° Jaurès ou Stalingrad
Tarif : 7,90 € (cartes illimitées acceptées)
Après « Le Bûcheron des mots », Izù Troin livre avec « Ceux d’en haut », Mention spéciale du prix de la jeunesse au Festival National du Film d’Animation de Bruz, un film angoissant et sombre qui nous plonge en profondeur dans les rouages psychologiques de ses personnages. Utilisant l’univers codifié du cinéma de genre et les recettes du film d’angoisse, « Ceux d’en haut » suit un schéma narratif assez proche du récit fictionnel pour nous faire vivre l’histoire d’un basculement dans la folie.
Adaptation de la nouvelle de Maupassant L’auberge, le film démarre dans l’ambiance rurale du 19ème siècle, au moment où deux hommes s’apprêtent à passer l’hiver en montagne pour assurer la garde d’une auberge perdue entre les cols alpestres. Le tableau initial est assez social, voire romantique. L’aubergiste redescend dans la vallée accompagnée de sa femme et de sa fille, laissant les lieux à un homme mûr habitué des hivernages en altitude, et à un garçon plus jeune, novice de l’expérience, et dont on ressent d’emblée l’attitude ambivalente. Le jeune homme est amoureux de la fille de l’aubergiste et semble craindre plus que tout la longue séparation qui le tiendra à distance d’elle pendant des mois. Au moment de se quitter, la jeune fille lui confie un portrait d’elle, alors qu’on ressent dans le cœur du jeune homme toute l’appréhension de l’isolement qu’il s’apprête à vivre. Subtilement et pour la première fois, l’angoisse s’immisce dans le film.
Très vite la neige recouvre abondamment la montagne, isolant les deux hommes et leur chien de tout contact extérieur. La vie s’écoule doucement au cœur de l’auberge isolée, et la présence rassurante et chaleureuse de l’homme mûr ne parvient pas à éloigner le jeune homme de la profonde mélancolie qui l’étreint. Sur un rythme très lent, le temps passe sur l’auberge, et le jeune homme s’enfonce dans une solitude dépressive perturbée par les démons imaginaires qu’entretient en lui le portrait de la jeune fille. Le travail sur les lumières est impressionnant et joue beaucoup du clair-obscur, ce qui permet à Izù Troin de souligner l’essentiel tout en alimentant le suspense par la grande liberté d’imagination laissée aux spectateurs. Sorti de sa langueur par les aboiements du chien, il finit par remarquer qu’en pleine nuit, son compagnon n’est pas rentré de la chasse. Dans le désert blanc des cimes, il part rechercher le disparu à la faible lueur d’une lanterne. La musique et les bruitages alimentent parfaitement l’atmosphère angoissante du film en jouant sur le rythme et en développant une tension dramatique qui parvient même à nous faire sursauter d’effroi. Les décors prennent alors une nouvelle importance et viennent créer de nouveaux personnages. La montagne tout d’abord s’incarne très rapidement par sa présence sauvage et mystique. Muée par les vents et la neige, elle semble balayer par d’inquiétantes ombres, énergies menaçantes et visions ectoplasmiques déchaînant le sentiment d’insécurité. Entre les fantômes qui habitent son esprit et les reflets perturbants de ses peurs obsessionnelles, le jeune homme perd pied dans l’isolement solitaire qui le met face aux éléments hostiles. L’ambiance visuelle des décors est assez saisissante notamment par l’utilisation de l’aquarelle qui, tout en appuyant l’humidité froide de l’hiver, contribue à donner une certaine grandeur à des paysages de montagne devenus monstrueux.
Miraculeusement revenu de son cauchemar nocturne en pleine montagne sans avoir retrouvé son compagnon, le jeune homme se réfugie dans l’auberge désertée. Le chien a lui aussi disparu, et dans une solitude toujours plus absolue, l’esprit du jeune homme continue de s’égarer. L’auberge prend vie à son tour, et entre les fantasmes terrifiants de son esprit et ses obsessions psychotiques, le jeune montagnard finit de sombrer dans une démence paranoïaque.
« Ceux d’en haut » est un film fort qui manipule à merveille les contrastes visuels et sonores pour nous faire découvrir les tourments de l’enfermement mental et émotionnel. Film d’animation assez traditionnel par son approche graphique largement réalisée sur papier, Izù Troin réalise ici une œuvre originale développant une structure et un thème qui sont plus généralement l’apanage du cinéma de fiction.