Le 68ème festival de Locarno (5-15 août) a publié sa sélection courte hier. Voici les différents films internationaux et suisses en lice pour cette nouvelle édition.
Dédiées à la découverte de nouveaux talents, les séances Pardi di domani sont consacrées aux courts métrages et moyens métrages de jeunes auteurs indépendants ou étudiants d’écoles de cinéma n’ayant pas encore réalisé de longs métrages. La section comporte deux compétitions distinctes : l’une mettant en avant les films de tous les coins du monde, l’autre limitée aux dernières productions suisses.
Concorso internazionale
ЗЕВС (Zeus) by Pavel Vesnakov – Germany/Bulgaria – 2015 – 30’
DEAR DIRECTOR by Marcus Lindeen – Sweden – 2015 – 14’
DES MILLIONS DE LARMES by Natalie Beder – France – 2015 – 22’
ECO by Xacio Baño – Spain – 2015 – 20’
FILS DU LOUP by Lola Quivoron – France – 2015 – 24’
GULLIVER by Maria Alché – Argentina – 2015 – 25’
HISTÓRIA DE UMA PENA by Leonardo Mouramateus – Brazil – 2015 – 30’
I REMEMBER NOTHING by Zia Anger – USA – 2015 – 18’
JUNILYN HAS by Carlo Francisco Manatad – Philippines – 2015 – 15’
KM 73 by Radu Ghelbereu – United Kingdom/Romania – 2015 – 15’
LA IMPRESIÓN DE UNA GUERRA by Camilo Restrepo – France/Colombia – 2015 – 26’
LA NOVIA DE FRANKENSTEIN by Agostina Galvez, Francisco Lezama – Argentina – 2015 – 13’
LAMPEDUSA by Philip Cartelli, Mariangela Ciccarello – Italy/France/USA – 2015 – 14’
LAS CUATRO ESQUINAS DEL CÍRCULO by Katarina Stankovic – Germany/Mexico/Serbia – 2015 – 24’
MAMA by Davit Pirtskhalava – Georgia – 2015 – 25’
MARIA DO MAR by João Rosas – Portugal – 2015 – 33’
NOTHING HUMAN by Tom Rosenberg – USA – 2015 – 17’
NUEVA VIDA by Kiro Russo – Argentina/Bolivia – 2015 – 16’
O QUE RESTA by Jola Wieczorek – Austria/Portugal – 2015 – 39’
O TETO SOBRE NÓS by Bruno Carboni – Brazil – 2015 – 22’
REFLECTION by Osi Wald – Israel – 2014 – 4’
RENAÎTRE by Jean-François Ravagnan – Belgium – 2015 – 23’
SA PAGITAN NG PAGDALAW AT PAGLIMOT (The Ebb of Forgetting) by Liryc Dela Cruz – Philippines – 2015 – 14’
SALARIÉ ORIENTAL by Rinat Bekchintayev, Egor Shevchenko – Russia – 2015 – 19’
YELLOW FIEBER by Konstantina Kotzamani – Greece – 2015 – 15’
Concorso nazionale
BABOR CASANOVA by Karim Sayad – Switzerland – 2015 – 35’
D’OMBRES ET D’AILES by Eleonora Marinoni, Elice Meng – Switzerland/France – 2015 – 13’
EIN ORT WIE DIESER by Philip Meyer – Switzerland – 2015 – 8’
HAUSARREST by Matthias Sahli – Switzerland – 2015 – 14’
JOCONDE by Lora Mure-Ravaud – Switzerland – 2015 – 14’
JUST ANOTHER DAY IN EGYPT by Corina Schwingruber Ilić, Nikola Ilić – Switzerland – 2015 – 11’
LA RIVIÈRE SOUS LA LANGUE by Carmen Jaquier – Switzerland – 2015 – 18’
LE BARRAGE by Samuel Grandchamp – Switzerland/USA – 2015 – 14’
LES MONTS S’EMBRASENT by Laura Morales – Switzerland – 2015 – 21’
PERSI by Caterina Mona – Switzerland – 2015 – 17’
THE MEADOW by Jela Hasler – Switzerland – 2015 – 9’
Depuis déjà six ans (eh oui), Format Court fonctionne selon un modèle bénévole. Aujourd’hui, nous faisons appel à vous. Que vous soyez bénévole, stagiaire ou volontaire, si vous avez une bonne connaissance du court métrage, un peu de temps, des chouettes qualités humaines (curiosité, ouverture, etc) et rédactionnelles à consacrer à notre projet, nous vous proposons de nous rejoindre et de participer au futur de Format Court. N’attendez plus, rejoignez-nous !
L’équipe rédactionnelle de Format Court est de plus en plus sollicitée par le nombre croissant de films et de festivals. Pour couvrir au mieux l’actualité du court, suivre les festivals et participer à nos Jurys et Prix Format Court, nous avons besoin de nouveaux rédacteurs, étudiants, critiques en herbe ou « simples » cinéphiles.
Dites-nous pourquoi vous souhaitez écrire pour le site, faites-nous part de vos qualifications, centres d’intérêt et/ou expériences personnelles en lien avec votre candidature et envoyez-nous la critique d’un court métrage que vous avez aimé, si possible en ligne, visible dans notre vidéothèque ou ailleurs.
Pour tout renseignement, pour soumettre votre plume ou pour nous montrer vos petites mains, écrivez-nous à : info@formatcourt.com.
La 23ème édition du festival Le court en dit long qui s’est tenu début juin au Centre Wallonie-Bruxelles de Paris proposait une sélection de 44 films belges ou franco-belges, de création récente, répartis en six programmes thématiques. « Au moins le sais-tu » d’Arthur Lecouturier, récompensé par le Prix Coup de Cœur RTBF et « Elena » de Marie Le Floc’h et Gabriel Pinto Monteiro, Prix du scénario, sont deux films d’école dont les intrigues bien que très différentes présentent de nombreux points de convergence. En effet, tous deux abordent la question difficile de l’avortement et poussent à explorer les motivations, souvent complexes, incitant le choix de l’interruption de grossesse.
Le premier film nous introduit dans le quotidien d’Alexandra, une jeune femme d’apparence assez sèche qui, au milieu des cartons, finalise son déménagement. Elle sera dérangée par sa nouvelle voisine, une femme âgée cherchant à nouer des contacts dans son immeuble. L’accueil est glacial et la porte très rapidement fermée au nez de la nouvelle venue. Néanmoins, bien que tout semble les opposer, l’isolement qu’expérimentent les deux personnages finira par les rapprocher. Derrière la froideur et la détermination d’Alexandra, se cache, un drame personnel, cause fondamentale de son désir d’interrompre sa grossesse. Bien que manifestant un désir évident de rester seule, la jeune femme va peu à peu baisser ses barrières face à la fragilité, la douceur presque candide de la vielle femme. Tour à tour agacée, touchée, courroucée, Alexandra sera amenée à se remettre en question, à porter un regard nouveau sur sa grossesse et les raisons pour lesquelles elle souhaite l’interrompre. Les attitudes des deux protagonistes se font écho, comme deux manières diamétralement opposées de faire face à des situations finalement assez analogues. Les images, très lumineuses, laissent toute sa place au sujet développé, ce qui a pour effet d’accentuer l’émotion, d’éclairer le jeu des deux actrices. Valentine Lapière, qui donne ses traits au personnage d‘Alexandra dévoile une interprétation tout en retenue. Le visage fermé, elle retranscrit parfaitement les tensions internes qui habitent son personnage, refusant de s’ouvrir aux autres, mais bouillonnant d’une colère qui ne demande qu’à jaillir.
La place de l’altérité face au choix de l’avortement est le point central du film ”Elena”. Ici, le personnage principal n’est pas la femme souhaitant mette un terme à sa grossesse, mais la fille de cette dernière : Elena. Issue d’une famille polonaise ayant émigré en Belgique, l’adolescente est la seule de la famille à parler français, elle joue donc le rôle de traducteur auprès de ses parents et est impliquée dans chacune de leurs décisions. Les premières images du film la montre avec l’une de ses amies, la conversation porte sur l’école et un garçon qui lui plait. Elena apparait comme une adolescente tout ce qui à de plus normal, ayant les mêmes centres d’intérêt, les mêmes préoccupations que les jeunes de son âge. Pourtant, lorsque sa mère doit se rendre à l’hôpital, c’est elle qui est chargée de jouer le médiateur entre ses parents et le corps médical. Dans ce rôle, elle est confrontée à une situation complexe, une situation d’adultes. Comprenant bien mieux qu’elle ne le devrait tout ce qui est en jeu, entre les semi-confessions de sa mère soudainement prise de panique et l’infirmière présente pour la prendre en charge, la jeune fille ne pourra tout traduire de façon littérale. Comment, à son âge, se comporter face à des révélations qui la dépasse ? Elena devra faire un choix qui, irrémédiablement, l’obligera à grandir.
Par le biais de sujets difficiles, ces deux fictions traitent de la complexité des sentiments, des rôles parfois pesants que l’on s’attribue ou dans lesquels on nous cantonne. Ce sont également des histoires de femmes et de générations qui évoquent la nécessité de grandir, d’évoluer, de changer pour s’adapter à certaines situations. Surtout, ce qui rapproche ces deux histoires, c’est l’épure instaurée par leur réalisateurs, l’attention pleinement portée sur les personnages, les sentiments complexes qu’ils expérimentent et la manière dont ils tentent de les gérer. Les deux intrigues développent une tension qui implique immédiatement le spectateur. Il ressort de très bonnes choses de ces deux films d’écoles qui ont su se distinguer au sein d’une programmation vaste regroupant le meilleur de la création belge récente.
En partenariat avec Concordia University et la FOFA Gallery, le très montréalais FNC (Festival du Nouveau Cinéma) lance un appel à projets inédit, dans le cadre de sa section FNC Lab.
Soumettez dès à présent votre court-métrage (1-3 minutes) sur le thème de « la ville hors des sentiers battus ». Prime à l’image, ces vidéos doivent être « silencieuses » (ni dialogues ni habillage sonore).
Les vidéos sélectionnées feront l’objet d’une projection exceptionnelle pendant 5 jours à l’occasion du 44e Festival du Nouveau Cinéma, dans la cour de la FOFA Gallery, Concordia.
« Les Pécheresses », court-métrage d’animation en volume, a reçu la Mention Spéciale Animation du 23ème festival Le court en dit long. Récompensé à Annecy dès son premier film (« Margot », 2007, Prix du Jury Junior), Gerlando Infuso a poursuivi dans la voie d’un gothique féminin, et peut-être même féministe.
Trois des quatre courts du réalisateur mettent en scène des personnages féminins : « Margot », « L’Oeil du Paon » (2010) et « Les Pécheresses » ; « Milovan Circus », en 2008, est l’exception. Toutes ces femmes sont en quelque sorte des pécheresses, dont le comportement passionné remet en cause l’ordre du monde : Margot assassine son amant pour éviter que l’âge le flétrisse et la chasseresse de « L’Oeil du Paon », après avoir épuisé son choix de gibiers, traque un homme comme un animal. Elle le torture tout en étant sensible à ses charmes, dans une relation trouble qui fait écho à celle de « Margot » : l’amour conduit à la destruction. Dans son nouveau film, Infuso entremêle les histoires de trois femmes, à des époques différentes : Eve, la pécheresse originelle, qui croque la pomme interdite ; la femme de Barbe-bleue, elle aussi trop curieuse, punie pour avoir découvert le secret de son mari ; une danseuse de cabaret qui excite ses spectateurs masculins et va subir les conséquences, horribles, de leur désir.
Ces femmes transgressent l’ordre établi par les hommes, par le crime (« Margot », « L’Oeil du paon ») ou la désobéissance (Eve s’oppose aux ordres de dieu et la femme de Barbe-bleue à ceux de son ogre de mari). Dans « Les Pécheresses », Infuso souligne avec un érotisme poussé le caractère provocateur de ses personnages tout en montrant les punitions qu’elles encourent pour être sorties du rang, jusqu’à l’horreur du viol, ce qui permet une critique du modèle patriarcal. Les femmes de « Margot » et « LOeil du paon » contrôlent leur vie, quitte à abuser de ce privilège : elles contrôlent également la bande-son, puisque leur voix off court sur tout le film ; les pécheresses sont au contraire privées de la parole (le court-métrage est muet), ce qui annonce leur défaite (de même pour l’acrobate, également muet, dont « Milovan Circus » raconte la déchéance).
Ces conflits entre le féminin et le masculin, Gerlando Infuso les traite sous la forme du conte. « Les Pécheresses » réunit une fable religieuse (Adam et Eve), un conte traditionnel (Barbe-bleue) et une histoire plus contemporaine (la danseuse de cabaret). Les contes se mélangent : la femme de Barbe-bleue est une souillon qui rappelle Cendrillon et la chasseresse de « L’Oeil du paon » revêt un chaperon rouge qui renverse l’imagerie de la petite fille sans défense puisqu’elle devient le loup qui attaque les voyageurs dans les bois.
On l’aura compris, les contes de Gerlando Infuso ne sont pas innocents : ils reviennent à la source du genre, sadique et sexualisé. Perrault rencontre Edgar Poe, auquel on pense en regardant « Margot » et « L’Oeil du paon » : des personnages obsessionnels et solitaires, qui révèlent leurs tourments par des monologues poétiques, récités d’une voix susurrante. La forme graphique des films est également tourmentée, dans un style expressionniste marqué (décors plongés dans les ténèbres, personnages longilignes, accessoires tordus). Ce déséquilibre visuel transmet une impression d’inquiétude en accord avec la violence des histoires.
L’utilisation de marionnettes – plutôt que des dessins sur celluloïd ou par ordinateur – donne aux films de Gerlando Infuso une dimension concrète, tactile, qui renforce l’érotisme dont fait preuve le réalisateur. Ses (anti-)héroïnes sont impudiques, souvent nues ou harnachées dans des guêpières qui mettent en valeur leurs formes imposantes : longues jambes, taille serrée, petits seins et larges fesses. L’amour débouche sur la mort et la sensualité sur le malaise. Margot et les autres pécheresses évoquent bien sûr les poupées gothiques des films de Tim Burton, avec leur teint de porcelaine et leurs yeux exorbités, mais Infuso se montre plus cru dans sa description des corps : la nudité de Margot est trop maigre, les cernes de ses yeux maladives et son regard asymétrique (un œil plus gros que l’autre) est un indice de sa folie.
« Margot », « L’Oeil du paon » et « Les Pécheresses » forment un ensemble cohérent par le caractère et la ressemblance physique de leurs personnages féminins. Le germe de la grande réussite des « Pécheresses » est pourtant à chercher dans le deuxième film du réalisateur, « Milovan Circus », le seul à ce jour à avoir un homme comme personnage principal. « Milovan Circus » et « Les Pécheresses » ne reposent pas sur la parole alors que les deux autres films sont soutenus par une voix introspective et omniprésente. Dans « Margot », déjà, une des rares scènes sans parole donnait lieu à une création sonore : le personnage tricote et le cliquetis de ses aiguilles donne le rythme mécanique de la musique. Dans « Milovan Circus » comme dans « Les Pécheresses », la musique accompagne et commente l’action qui se déroule de façon non-linéaire : le premier film est une succession de souvenirs et l’autre alterne trois histoires. Plus encore que le rythme de la musique, c’est celui des images qui organise les films : des objets servent de relais entre le passé et le présent dans « Milovan Circus » et les intrigues des « Pécheresses » se répondent entre elles comme le font les mouvements des trois femmes, qui semblent emportées par une chorégraphie commune. La danse est centrale dans « Les Pécheresses », qui est d’ailleurs le film techniquement le plus abouti d’Infuso, avec les décors les plus vastes et les plus variés, les mouvements les plus complexes et les plus souples.
Danse, acrobatie, mime… Les personnages du réalisateur sont des artistes qui s’expriment par leur corps. Dans chaque film, un personnage se retrouve suspendu au-dessus du vide, accroché à chaine (« L’Oeil du Paon »), marchant sur un fil d’équilibriste (« Milovan Circus »), enveloppé dans de la laine (« Margot »), dans ses cheveux (« Milovan Circus »), des tissus ou de la végétation (« Les Pécheresses »). On peut voir ses diverses formes de cordages comme autant de variations autour des fils du marionnettiste (les films sont en réalité animés image par image). Qui est le marionnettiste du destin, qui tire les ficelles des personnages et fracasse leur existence, si ce n’est Gerlando Infuso lui-même ?
Il n’y en a pas que pour les gros festivals sur Format Court. L’an passé, nous participions au festival CourtsCourts organisé depuis quelques années dans le village de Tourtour par Michèle van Panhuys-Sigler, une grande amatrice de courts souhaitant proposer aux habitants de cette magnifique région du haut Var d’autres propositions que les blockbusters habituels. Fin juillet, du 23 au 25, le festival reprendra ses droits pour plusieurs projections en plein air. 13 films seulement font partie de la compétition, les voici.
Films sélectionnés
– Ad vitam, Axel Lattuada, 2015, France
– Anómalo, Aitor Gutiérrez, 2015, Espagne
– K-Nada, Hubert Charuel, 2014, France
– La fille du gardien de prison, Manon Heugel, 2014, France
– La route du bout du monde, Lucile Prin, 2015, Chili
– Le grand jeu, Agnès Vialleton, 2015 , France
– L’homme de l’île sandwich, Levon Minasian, 2015, France
– Planter des choux, Karine Blanc, 2014, France
–Si jamais nous devons disparaître, ce sera sans inquiétude mais en combattant jusqu’à la fin, Jean-Gabriel Périot, 2014, France
Quelques jours après la clôture du Festival international du film d’animation d’Annecy, le Forum des images accueille trois séances de courts métrages mercredi 1er et jeudi 2 juillet. Format Court vous offre 15 places pour en découvrir le palmarès ainsi que la sélection de l’Agence du court métrage. Intéressé(e)s ? Contactez-nous !
Mercredi 1er juillet, 19h : Courts métrages primés (1è partie). Durée de la séance : 1h40. 5 places à gagner !
Edmond de Nina Gantz (Royaume-Uni 2015, couleur 9min, vo). Prix CANAL+ « aide à la création » et Prix du jury pour un film de fin d’études
Rotary « Fateline » de Suresh Eriyat (Inde 2014, couleur 1min48, vosta). Cristal pour un film de commande
Teeth de Daniel Gray et Tom Brown (États-Unis, Hongrie, Royaume-Uni 2015, couleur 6min, vostf). Prix Fipresci
My Dad de Marcus Armitage (Royaume-Uni 2014, couleur 5min50, sans dialogues). Cristal du film de fin d’études
La Moufle de Clémentine Robach (Belgique-France 2014, couleur 8min30). Prix du jury pour un spécial TV
Guida de Rosana Urbes (Brésil 2014, couleur 11min20, vostf). Prix « Jean-Luc Xiberras » de la première oeuvre court métrage et Prix Fipresci – Mention spéciale pour un court-métrage
Isand (The Master) de Riho Unt (Estonie 2015, couleur 18min, sans dialogues). Prix du jury court métrage
Rhizome de Boris Labbé (France 2014, couleur 11min55, sans dialogues). Prix André Martin pour un court métrage français
Rita og Krokodille «Fisketuren» (Rita and Crocodile «Fishing») de Siri Melchior (Danemark – Royaume-Uni, couleur 5min02, vastf). Prix du jury pour une série TV
World of Tomorrow de Don Hertzfeldt (Etats-Unis, 2014, couleur 16min30, vostf). Mention du jury et prix du public pour un court métrage
Mi ne mozhem zhit bez kosmosa (Nous ne pouvons vivre sans le cosmos) de Konstantin Bronzit (Russie, 2014, 15’20, Dessin sur papier, ordinateur 2D). Prix du jury Junior et Cristal du court métrage
Suleima de Jalal Maghout (Syrie, 2014, 15’04, animation d’objet, dessin sur papier, ordinateur 2D & 3D)
Nuggets d’Andreas Hykade (Allemagne, 2014, 5’17, dessin sur papier)
Ko-chi de Eun-A YEO (Corée du sud, 2015, 12’22, ordinateur 2D)
Isand de Riho Unt (Estonie, 2015, 18’, Marionnettes). Prix du jury
Sonambulo de Theodore Ushev (Canada, 2015, 4’20, dessin sur papier, ordinat eur 2D)
Splintertime de Rosto (Pays-Bas, France, Belgique, 2014, 10’, effets spéciaux, ordinateur 3D, vues réelles)
Dissonance de Till Nowak (Allemagne, 2015, 15’, ordinateur 3D). Prix Sacem de la musique originale pour un court métrage
Le Repas dominical de Céline Devaux (France, 2015, 13’47, ordinateur 2D, rotoscopie)
Jeudi 2 juillet, 19h : Courts métrages primés (2è partie). Durée de la séance : 1h45. 5 places à gagner !
Roadtrip de Xavier Xylophon (Allemagne 2014, couleur 22min, vosta). Prix du jury junior pour un film de fin d’études
Dissonance de Till Nowak (Allemagne 2018, couleur 15min, vostf). Prix Sacem de la musique originale pour un court métrage
NSPCC «Lucy and the Boy» de Yves Geleyn (Royaume-Uni 2014, couleur 1min, version anglaise). Prix du jury pour un film de commande
Mynarski chute mortelle (Mynarski death plummet) de Matthew Rankin (Canada 2014, couleur 7min45, sans dialogues). Prix du film « Off-Limits »
Hello World ! «Long-Eared Owl» de Eric Serre (France 2014, couleur 7min, vastf). Cristal pour une production TV
Brume, cailloux et métaphysique de Lisa Matuszak (France 2014, couleur 5min46, sans dialogues). Mention du jury pour un film de fin d’études
Yùl et le serpent de Gabriel Harel (France 2015, couleur 13min). Prix André Martin – Mention pour un court métrage français
Dans les eaux profondes de Sarah Van Den Boom (France-Canada 2015, couleur 12min01). Prix Festivals Connexion – Région Rhône-Alpes en partenariat avec Lumières Numériques
Mi ne mozhem zhit bez kosmosa (We can’t live without cosmos) de Konstantin Bronzit (Russie 2014, couleur 15min20, sans dialogues). Cristal du court métrage et Prix du jury junior pour un court métrage
Après le succès remporté par la première édition qui avait rassemblé 45 films en compétition, Media Solution lance une 2ème édition pour 2015 avec un principe simple : pour celles et ceux qui ne disposent pas de DCP (encodage au format Cinéma Numérique) de leur œuvre, Média Solution a décidé d’aider de jeunes talents du court métrage francophone à se faire connaître sur le grand écran.
Les réalisateurs (ou les producteurs) intéressés doivent faire parvenir leur court-métrage par internet à l’adresse mail suivante : dcp@mediasolution.fr.
Comment s’effectue le choix de la, ou du vainqueur(e) ?
Tout d’abord une première sélection des films est effectuée par l’équipe de Média Solution. Puis la « short list » retenue est soumise à un jury de professionnels qui est chargé de visionner et de juger les films. Aux termes de délibérations, le jury choisit le court-métrage qu’il souhaite aider en lui offrant son DCP.
Pour cette seconde édition, le planning est le suivant :
– Lancement du concours : 23 juin 2015
– Clôture de la réception des films : lundi 31 août 2015
– Délibération du jury : jeudi 24 septembre 2015
Conditions de participation
– Le réalisateur (trice) déclare être âgé d’au moins 18 ans;
– Un réalisateur (trice) ne peut envoyer plus d’un court-métrage par session (il devra attendre la suivante);
– Le court-métrage doit avoir été d’achevé postérieurement à janvier 2014;
– Il n’est pas nécessaire d’être produit par un producteur;
– Les films doivent avoir une durée maximale de 20 mn (générique compris);
– Les films doivent être en langue française;
– Les films doivent être envoyés par un lien de téléchargement (FTP, WETRANSFER ou autre) au format MP4 (1080p ou 720p);
– Les réalisateurs doivent pouvoir fournir leur master au format ProRes HQ dans le cas où leur film serait récompensé par le jury.
L’employé en colère et le patron malhonnête qui l’a licencié au terme de sa période d’essai se poursuivent dans les couloirs de l’usine et en viennent aux mains, accompagnés par une caméra heurtée. La scène, marquante, qui ouvrait « Rosetta » (1999) – le plus célèbre long-métrage des cinéastes belges Jean-Pierre et Luc Dardenne, récompensé par la Palme d’or du Festival de Cannes – est reprise à l’identique au début du premier court-métrage de Christophe Bourdon. Lorsque l’image se stabilise et que les deux personnages se font face, on découvre que l’ouvrier n’a pas les traits d’Émilie Dequenne, ni ceux d’Olivier Gourmet ou Jérémie Rénier, interprètes réguliers des Dardenne, ni même ceux de Peter Mullan ou d’un autre habitué du cinéma de Ken Loach, auquel on pourrait également penser : non, ce chômeur est… un zombie dans un état de putréfaction avancé. Un zombie intégré à la société (à la manière de la comédie canadienne « Fido », 2006) mais qui vivote, victime de la méfiance et du mépris des vivants, et dont le seul plaisir est de faire du vélo, jusqu’au jour où on lui vole son véhicule.
Comme son titre ne l’indique pas, « Le zombie au vélo » est d’abord une réécriture de « Rosetta », dont il duplique des scènes (l’ouverture) et des décors (la baraque à gaufres), mais il s’inspire aussi du « Gamin au vélo », sorti en 2011, dont il reprend la bicyclette et le final optimiste. À ce cocktail de Dardenne, Christophe Bourdon ajoute un troisième ingrédient, plus inattendu : des zombies, figures centrales la pop culture actuelle (voir le succès de la bande-dessinée et de la série télévisée « Walking Dead »). Cet accouplement entre culture populaire et sérieuse, entre cinéma d’épouvante et drame social, n’est contre-nature qu’en apparence. Il semble même plutôt pertinent si on remonte aux origines des films de zombie.
1968 : le jeune George A. Romero tourne à l’économie, avec des comédiens inconnus et dans un style abrupt (caméra à l’épaule, montage à la serpe), son premier film, « La nuit des morts-vivants », qui marque durablement la peur cinématographique par son approche naturaliste. Avant Romero, le zombie était associé à l’imaginaire exotique des cérémonies vaudou (« I Walked with a Zombie » de Jacques Tourneur en 1943) ; après, le zombie se charge d’une forte symbolique politique : l’irruption des morts au milieu des vivants est l’illustration cauchemardesque de la situation de crise que traversent alors les États-Unis, un retour du refoulé violent de la guerre du Viêt-Nam et de l’assassinat de Martin Luther King (qui a lieu durant le tournage). Dans « Zombie » (1978), Romero fait de ses morts-vivants les victimes de la société de consommation, qui se trainent lamentablement dans les centres commerciaux. Dans « Land of the Dead » (2005), le cinéaste imagine une révolte de zombies avec à sa tête un homme noir en bleu de travail. Difficile d’être plus explicite : le mort-vivant est un prolétaire, le symbole derrière lequel se regroupent tous les opprimés de la société capitaliste. Ce qui nous ramène au « Zombie au vélo », où les morts-vivants occupent la position de travailleurs pauvres, allant de contrat précaire en contrat précaire, sous le contrôle sévère, pour ne pas dire injuste, des employés de l’agence pour l’emploi.
Le zombie de Christophe Bourdon est lent, comme chez Romero et contrairement aux cadavres véloces des récents « 28 jours plus tard » (2002) ou « L’armée des morts » (2004) : les morts demandeurs d’emploi ont cette mollesse, cette passivité que la société reproche parfois aux chômeurs de longue durée (ceux qui ne « veulent pas s’en sortir »). Une scène située dans les locaux de l’agence pour l’emploi est représentative de l’humour noir, gentiment gore, du « Zombie au vélo », mais aussi de sa dénonciation par l’absurde du cynisme de l’institution : un zombie bûcheron, sa hache plantée dans le corps, se voit reprocher de travailler moins efficacement que lorsqu’il était vivant, pendant qu’une femme zombie, qui ne s’exprime plus que par borborygmes, ne parvient pas à trouver un poste de secrétaire multilingue. Le zombie est le dernier des prolétaires car il est privé de la parole : chez les Dardenne, Rosetta pouvait encore crier sa colère à son patron, son désespoir à sa mère et faire le tour des commerces pour demander du travail, alors que le mort-vivant est muet, sa révolte ne peut passer que par des grognements et quelques coups de dents bien placés. La bestialité du zombie, dont le comportement fruste est réduit à l’assouvissement des besoins fondamentaux (faire du vélo est un plaisir « gratuit » qui donne au personnage son humanité), n’est une nouvelle fois pas si éloignée de l’animalité de Rosetta, que les Dardenne filmaient dans la forêt comme une bête, toujours en mouvement pour assurer sa survie.
Saluons au passage la qualité de l’interprétation d’Olivier Bonjour qui parvient à rendre son personnage de zombie amusant et touchant sans parler et avec une forte couche de maquillage sur le visage. Saluons aussi la clairvoyance du jury du 23ème festival Le court en dit long qui l’a récompensé du prix d’interprétation masculine : le cinéma de genre offre régulièrement des performances d’acteur mémorables, mais il est rare qu’elles soient reconnues dans les festivals généralistes.
Sous son apparence potache, le film de Christophe Bourdon a été fait avec le plus grand sérieux : les maquillages sont splendides et le réalisateur a apporté un soin tout particulier à choisir des décors, des cadrages et des éclairages qui pouvaient rappeler le style des Dardenne. Le rire naît de décalage causé par la présence du mort-vivant maladroit dans un film des Dardenne, mais aussi de la réelle proximité que le film entretient avec leur cinéma, d’un point de vue tant esthétique (une approche directe, « documentaire », du quotidien) que thématique (l’individu en lutte contre les injustices). Les meilleures parodies ne sont pas celles qui se contentent de moquer des films célèbres mais celles qui, par l’humour, nous permettent de mieux en comprendre les enjeux : les anachronismes des « Trois âges » de Buster Keaton (1923) faisaient référence à la structure temporelle complexe du très sérieux « Intolérance » de D.W. Griffith (1916) et, plus près de nous, les blagues salaces d’« Austin Powers » (1997) révèlent en l’exagérant le sexisme de la série de « James Bond ». « Le zombie au vélo », lui, se charge de nous démontrer que les frères Dardenne sont aussi les cousins de Romero.
Autre festival à s’être achevé ce weekend, le festival Côté Court de Pantin. Pour sa 24ème édition (10-20 juin), le festival aux nombreux programmes (films, vidéos, performances) a honoré les films suivants.
COMPÉTITION FICTION
GRAND PRIX FICTION : « Les Rues de Pantin » de Nicolas Leclerc. PRIX D’INTERPRÉTATION MASCULINE : Hiroto Ogi pour « Les Rues de Pantin »
PRIX SPÉCIAL DU JURY, PRIX DE LA PRESSE : « La Terre penche » de Christelle Lheureux
PRIX DE LA JEUNESSE : Bison 6 » de Pauline Laplace. PRIX D’INTERPRÉTATION FÉMININE : Coralie Russier dans « Bison 6 ».
MENTION SPÉCIALE DU JURY DE LA PRESSE : « Notre Dame des Hormones » de Bertrand Mandico
PRIX DU PUBLIC : « Haramiste » d’Antoine Desrosières
PRIX DU GNCR : « Les Filles » d’Alice Douard
COMPÉTITION EXPÉRIMENTAL – ESSAI – ART VIDÉO
GRAND PRIX EXPÉRIMENTAL-ESSAI-ART VIDÉO, PRIX DU PAVILLON : « Enfants, poussière » de Frédérique Devillez
PRIX SACEM DE LA MEILLEURE MUSIQUE ORIGINALE : Olivier Marguerit pour la musique de « While the Unicorn is Watching Me » de Shanti Masud
SUR LES DEUX COMPÉTITIONS : PRIX RENARD DE LA MEILLEURE BANDE SONORE : Géry Petit et Olivier Touche pour la bande sonore du film « Le Souffleur de l’Affaire » d’Isabelle Prim
MENTION SPÉCIALE « Le Renardeau » : Philippe Dubernet, Guillaume Durrieu et Arno Ledoux pour la bande sonore du film « Black Diamond » de Samir Ramdani
PRIX DU MEILLEUR PROJET DE FILM : T’es cap ou t’es pas cap d’Enrika Panero
LAURÉATS DE LA RÉSIDENCE DE CINÉASTE EN SEINE-SAINT-DENIS : Audrey Jean-Baptiste, François Jeevaranjan, Demba Sonate
Primé par notre site au festival Go Short (Pays-Bas), Guido Hendrikx avait fait le déplacement à Paris courant avril pour présenter son film « Onder ons » aux Ursulines. Sujets tabous, traitement médiatique, intérêt pour le documentaire et la fiction, manipulation, instincts individuels, nuance,… : le jeune réalisateur est revenu sur les différents thèmes qui ont influencé son travail et son parcours. Rencontre.
Avant de faire des études de cinéma, tu es passé par une école de journalisme. Pour quelle raison ?
J’aime les bases, l’écriture des reportages. J’ai étudié le journalisme dans le cadre d’une formation générale à l’Université d’Utrecht. À cette époque, j’ai réalisé un film, « Minor », car je voulais être journaliste d’investigation. Juste après, j’ai réalisé que le journalisme traitait juste des exceptions, des catastrophes, de ce qui sortait de l’ordinaire et pas assez de la façon dont le monde fonctionnait, de la vie quotidienne en somme. Ce qui se passe tous les jours n’est pas couvert par les médias qui ne pensent qu’à travers le prisme de l’exception. Prenons le cas de « Onder ons ». Pour les médias, les pédophiles ne sont que des déséquilibrés, vieux, manipulateurs, qui agressent les enfants. Ça, c’est l’exemple généralisé. J’ai fait des recherches pour ce film. Les médias n’ont jamais parlé des pédophiles différemment, aucun journaliste n’en a interviewé.
Pour moi, le traitement de l’actualité était également trop conventionnel, conservateur et rapide, lié au format et aux deadlines. Je n’ai plus eu envie de poursuivre dans cette voie.
« Day is Done * » a été ton premier film réalisé après tes études à Utrecht . Comment cela s’est-il passé ?
J’ai filmé un homme qui ne sortait pas de chez lui. J’ai eu des intuitions, je me suis écouté, j’avais juste une feuille contenant les scènes que je voulais. Je n’avais pas de règles, de limites. Pour faire des films intéressants, il faut apprendre à se limiter. Faire des films, c’est faire des choix et s’y tenir. Je me suis limité : j’avais 15 heures pour un film de 30 minutes. Si tu sais ce que tu cherches, ça marche. Si tu attends que ça se passe, tu dois changer de profession.
Pour construire « Onder ons », tu as donc rencontré des pédophiles. Raconte-nous.
Il faut mettre de côté ses a priori, être le plus ouvert possible. J’ai rencontré des pédophiles, les ai interviewés pour le film. Ils ne voulaient pas être montrés à l’écran, on a enregistré leur texte, monté le film avec leurs voix originales et demandé à des comédiens de dire leur propos grâce à un casque. Je ne voulais pas qu’ils apprennent le texte par coeur.
J’ai voulu travailler sur les émotions que les pédophiles ont ressenti à partir du moment où ils ont compris qui ils étaient. Ils ont une attitude différente de la réalité, ils se comportent comme des minorités extérieures au monde. Je souhaitais coller à leurs perspectives le plus possible.
D’où vient cet intérêt pour la marginalité ?
Je ne cherche pas à faire des films ou des sujets difficiles. Quand j’ai une idée, quand quelque chose m’interpelle, je me dis que ça vaut la peine d’en faire un film. Ce n’est pas un processus rationnel. Apparemment, la marginalité m’attire, c’est peut-être lié à la manière dont les gens agissent et pensent. Ils sont si différents, ils pensent si différemment de moi que c’est pour ça aussi que je les filme.
Pourquoi as-tu ressenti le besoin de suivre des cours à la Nederlandse Filmakademie, à Amsterdam ?
Après, « Day is Done * », j’ai eu du mal à retrouver une vie sociale. Le problème, c’est que j’étais tout seul pour filmer, faire les recherches, produire, prendre le son, monter et distribuer le film. Il n’y avait que moi et le protagoniste. J’étais curieux de savoir comment les choses pouvaient se passer dans un groupe avec des moyens et de bénéficier d’un enseignement spécialisé.
C’est pour ça que je suis allé vers cette école qui a un bon niveau. J’en avais beaucoup entendu parler. Après avoir été accepté, je suis entré en section documentaire. À l’époque, j’étais un cinéaste documentaire pur et dur. Je ne voulais pas changer l’ordre des séquences. Maintenant, 5 ans plus tard, je pense totalement à l’envers. L’objectif est de raconter une bonne histoire quelque soit la manipulation. Aujourd’hui, je me sens attiré par la fiction, je peux incorporer des éléments fictionnels dans mes films. J’écris d’ailleurs un scénario de fiction pour un autre réalisateur. Je désire combiner l’écriture pour la fiction et les tournages dans le documentaire.
En documentaire, il est toujours possible de compter sur la réalité. Il faut pouvoir la reconnaître, juger ce qu’elle nous offre. En fiction, on contrôle tout du début à la fin. L’authenticité est plus présente en documentaire, elle est impossible à restituer en fiction.
Est-ce que ton école a facilement accepté le projet de « Onder ons » ?
« Onder ons » touche à un sujet totalement tabou en Hollande. Il y a 18.000 pédophiles dans le pays. Le mot pédophile généralise un concept simple qui n’est pas du tout lié à la réalité. Il est difficile d’expliquer qu’un pédophile peut être quelqu’un d’autre qu’un vieux pervers, qu’il peut être un étudiant d’université par exemple. L’équipe du film m’a toujours suivi mais l’école moins, elle avait peur. J’avais la réputation d’être un enfant terrible, de causer des difficultés. Quand j’ai dû présenter le projet aux organes de financement, ceux-ci ne comprenaient pas mon empathie. Clairement, le film aurait été difficile à faire sans école et moyens.
Après « Onder ons », on a découvert un formidable autre court réalisé par tes soins : « Escort ». Le film traite à nouveau d’un sujet difficile, l’expulsion des sans-papiers du point de vue des personnes chargées de les escorter en vue de leur expulsion.
« Onder ons » est venu après « Escort ». Tous les deux parlent de manière différente de la rivalité entre la morale et les instincts individuels. L’essence est la même : comment les gens agissent en fonction de ce que leur environnement leur dit et comment ils réagissent à la pression sociale.
Dans « Escort », l’institution, la Maréchaussée royale, explique comment déporter les gens, mais quelques jeunes recrues à l’intérieur tentent de résister. Leurs convictions sont heurtées mais elles sont trop faibles pour résister à l’institution. Je filme ces deux personnes qui ont des doutes, même si je ne pense pas qu’un jour, elles quitteront l’institution.
Comment as-tu préparé ce projet ? Tu es très proche des protagonistes, tu filmes des situations étonnantes comme l’accompagnement musclé d’un sans-papier dans un avion.
Je ne crois pas à l’objectivité. Je n’essaye pas d’être objectif mais d’être nuancé. J’ai suivi un stage à destination des nouvelles recrues. Pendant la préparation, j’étais engagé, parfois très choqué et touché par ce que je voyais, comme par exemple lorsque la famille d’un réfugié s’est fait expulser devant moi. Pendant le tournage, par contre, je suis trop pris par le film pour être impressionné par une situation. C’était quand il n’y avait pas de caméra que je réagissais.
Très vite, les choses sont devenues naturelles. On a installé la caméra devant les gens tout de suite. La seule manière d’obtenir une relation de confiance, c’est d’être sincère. Quand le réfugié est monté dans l’avion, je ne savais pas ce qui allait se passer, je ne savais pas du tout comment il serait expulsé (avec les menottes, de force, …), mais j’ai manipulé la situation. J’ai demandé aux deux stagiaires de rentrer dans la voiture, on les a filmés en permanence, on a saisi leurs émotions à vif. Je savais que cette scène serait la dernière.
Le film circule dans quelques festivals mais vous avez beaucoup du mal à le montrer…
Oui, le sujet est très sensible. Cela a pris beaucoup de temps et de conviction pour avoir accès à la Maréchaussée. Ils ont accepté le projet dans un but éducationnel, ont adoré le film, mais le Ministre de la Justice bloque sa diffusion. C’est très difficile de le montrer en festival.
Est-ce que tes films représentent une étape à chaque fois ?
Je ne crois pas beaucoup au fait qu’on fait le même film à chaque fois. C’est important de se réinventer comme réalisateur dans le style et l’histoire. Les meilleurs auteurs sont reconnaissables à la manière dont ils parlent au public, à leur ton, à la façon dont ils manipulent les spectateurs. Je trouve ça intéressant car le cinéma est une question de manipulation. Les auteurs qui m’intéressent le plus viennent de la fiction. Lars Von trier, Werner Herzog, Michael Hanneke, …, ce sont tous des manipulateurs.
Hier soir, le palmarès du 39ème Festival international du film d’animation 2015 a été dévoilé. Voici les nombreux prix attribués aux courts-métrages lors de la cérémonie de clôture de l’édition 2015.
Courts métrages
Cristal du court métrage : We Can’t Live Without Cosmos de Konstantin Bronzit (Melnitsa Animation Studio, Russie)
Prix du jury : Isand de Riho Unt (Oü Nukufilm, Estonie)
Prix « Jean-Luc Xiberras » de la première œuvre : Guida de Rosana Urbes (RR Animaçao de Fimes, Brésil)
Prix du public, Mention du jury : World of Tomorrow de Don Hertzfeldt (Bitter Films, États-Unis)
Prix du film « Off-Limits » : Mynarski chute mortelle de Matthew Rankin (Gabrielle Tougas-Fréchette, Matthew Rankin, Canada)
Films de fin d’études
Cristal du film de fin d’études : My Dad de Marcus Armitage (Royal College of Art, Royaume-Uni)
Prix du jury : Edmond de Nina Gantz (NFTS, Royaume-Uni)
Mention du jury : Brume, cailloux et métaphysique de Lisa Matuszak (EMCA, France)
Prix spéciaux
Prix « CANAL+ aide à la création » pour un court métrage : Edmond de Nina Gantz (NFTS, Royaume-Uni)
Prix Festivals Connexion – Région Rhône-Alpes : Dans les eaux profondes de Sarah Van den Boom (Papy 3D Productions, ONF, France, Canada)
Prix du jury junior pour un film de fin d’études : Roadtrip de Xaver Xylophon (Weißensee Kunsthochschule Berlin, Allemagne)
Prix du jury junior pour un court métrage : We Can’t Live Without Cosmos de Konstantin Bronzit (Melnitsa Animation Studio, Russie)
Prix Fipresci : Teeth de Daniel Gray, Tom Brown (Holbrooks, États-Unis, Hongrie, Royaume-Uni)
Prix Fipresci – Mention spéciale : Guida de Rosana Urbes (RR Animaçao de Fimes, Brésil)
Prix André Martin pour un court métrage français : Rhizome de Boris Labbé (Sacrebleu Productions, France)
Prix André Martin – Mention pour un court métrage français : Yùl et le Serpent de Gabriel Harel (Kazak Productions, France)
Prix de la meilleure musique originale, avec le soutien de la SACEM, dans la catégorie courts métrages : Dissonance de Till Nowak. Musique : Olaf Taranczewski, Frank Zerban (Framebox, Allemagne)
Ce qui frappe dans l’œuvre documentaire du Néerlandais Guido Hendrikx, réalisateur de « Onder ons », primé par notre équipe au festival Go Short de Nijmegen, c’est la maturité avec laquelle il dépeint la réalité. Qu’il aborde les derniers jours d’un alcoolique dans son premier film « Day is Done * » ou qu’il montre des professionnels de la Maréchaussée royale des Pays-Bas en formation dans « Escort », Hendrikx fait preuve d’une justesse de mise en scène qui ne laisse pas indifférent. Cultivant le goût pour la marginalité, il aime à plonger dans les abîmes de l’exclusion sociale pour y révéler les failles de la société contemporaine et, tel un peintre renaissant, il a recours à un clair-obscur métaphorique pour mettre en lumière la part sombre de l’âme humaine qu’il transporte bien au-delà des espérances.
Il est des artistes qui dès leur premier opus se distinguent grâce à la maîtrise de leur sujet, à l’approche empathique qui le met en valeur et au génie qu’ils ont de toucher l’Autre en plein cœur. « Day is Done * » dresse un portrait intimiste, naturaliste et sans concession de Peter Oud, un quinquagénaire malade, alcoolique et agoraphobe. Avec ce premier film réalisé après ses études à Utrecht et avant qu’il n’entame son cursus à la Nederlandse Filmacademie, Hendrikx aborde l’un des thèmes qu’il ne cessera d’approfondir et de varier dans ses autres films à savoir celui de l’inadaptation sociale que l’on retrouvera dans « Onder ons » notamment. En Peter Oud qu’il a rencontré alors qu’il travaillait comme aide à domicile, il perçoit la figure d’un Sisyphe. Prenant parti de la pensée camusienne, il imagine ce tendre bourru, abruti par la douleur et les médicaments, heureux de son sort, ce qui lui permet d’affronter chaque jour comme si c’était le premier sans se poser davantage de questions. Bien que le monde de Peter soit cloisonné, confiné à son appartement rempli d’objets aussi exotiques qu’incongrus, la caméra d’Hendrick laisse entrevoir une ouverture par le simple fait de le filmer, laissant au monde un très beau témoignage posthume d’un oublié, prisonnier de la solitude de sa vie.
Durant sa première année à la NFA en 2011, il réalise « Human », un petit film d’une toute autre facture. Plutôt esthétique, tourné en noir et blanc, mêlant gros plans et plans moyens d’un jeune homme, beau, bien sous tous rapports et s’exprimant avec son corps. Produit hybride dans la jeune carrière cinématographique de son auteur, le film traite de solitude malgré tout. Perdu dans un espace-temps, l’individu tente de combattre l’inertie par le mouvement, la danse, la boxe ou encore la prière. Quelle réponse idéale attend-on d’un homme qui pense face au vide existentiel ? Aucune, et en quelque sorte « Human » pourrait en être une.
« My Funny Valentine » est une déclaration d’amour à l’Exclusion, au Blues et à l’Art. Il s’agit en fait d’un exercice de deuxième année (il fallait réaliser un documentaire de 10 minutes sur base d’une matière de 50 minutes tournées en 16mm) où à nouveau Hendrikx choisit la voie de l’originalité et de la profondeur pour dépeindre l’univers de Stefan Aukes, un drogué qui bénéficie d’un programme gouvernemental lui permettant la consommation de drogue surveillée. Mais Stefan est surtout un artiste dont les dessins laissent transparaître une douce folie et un monde intérieur intense. Comme si cette intériorité lui échappait, Guido Hendrikx la poursuit de très près, scrutant le moindre détail du visage de Aukes, de ses dessins aussi. Aux images vidéo se mêlent des instantanés réalisés par le dessinateur lui-même représentant ce que le spectateur ne pourra voir (les prises de drogues surtout). « My Funny Valentine » se retrouve sans cesse à la lisière du rêve et de la réalité comme si la personnalité de l’artiste poussait Hendrikx à rester dans un intermédiaire complexe. Entre Miles Davis et « La Vita e Bella », s’impose le fouillis intérieur de Stefan Aukes, un lieu où, comme une chambre d’ado, traînent de vieux albums photos, des lettres lues maintes fois et des cassettes aux solos de guitares légendaires. Entre Aukes et Hendrikx, il ne semble plus y avoir de distance, il y a juste un lien et un même intérêt pour les émotions fortes.
En 2012, il y a eu 4823 refus de demandes d’asile aux Pays-Bas. Parmi eux, 1410 demandeurs furent escortés dans leur pays d’origine par la Maréchaussée royale. « Escort » est l’un des premiers films à montrer du côté des autorités les doutes et les incertitudes de ceux qui sont confrontés à la misère du monde. Durant trois semaines, Guido Hendrikx suit le programme d’entraînement des nouvelles recrues. De la salle de classe à la piste d’atterrissage, la caméra capte les émotions de deux protagonistes choisis pour la sensibilité dont ils font preuve. Opérant par opposition et contraste, le film ne juge pas directement mais pose question sur ces pratiques qui portent clairement atteinte à la dignité humaine.
Le court métrage permet également de mettre en avant les contradictions du discours politique théorique lorsqu’il est appliqué. Ce qui marque ici c’est le sentiment d’impuissance physique mais aussi psychologique face à une décision prise dans un tribunal. La démultiplication du regard par le biais de la caméra d’Hendrikx ou encore des caméras de surveillance dans l’isoloir d’un aéroport fragilise la notion de vérité et de justice. Qui a raison ? Qui a tort ? Peu importe, car pour l’heure la question est de savoir comment escorter dignement une personne menottée et immobilisée dans un manchon de corps.
Lauréat du Prix Format Court au dernier festival Go Short à Nimègue, Guido Hendrickx est un réalisateur prometteur qui ne fait pas de demi-mesure avec un cinéma aussi lyrique que résolument engagé. Dans la sélection éclectique et riche de la compétition nationale cette année, son documentaire « Onder ons » (Parmi nous), une interrogation subtile et approfondie de la pédophilie, s’est démarqué et, tel un coup de poing, a séduit notre Jury Format Court. Dans le cadre de son prix, « Onder ons » a été programmé lors de notre soirée spéciale Format Court au mois de mai. Découvrez dès aujourd’hui notre dossier spécial dédié à ce jeune talent émergeant des Pays-Bas.
Short Screens vous propose un avant-goût cinématographique des vacances et vous embarque, le temps d’une soirée, à bord d’une croisière aux quatre coins du monde avec 9 courts métrages surfant sur les flots de la découverte et de l’évasion.
A ne pas manquer! Dernière séance avant la pause estivale de juillet-août!
Le jeudi 25 juin à 19h30, au cinéma Aventure, Galerie du Centre, Rue des Fripiers 57, 1000 Bruxelles – PAF 6€
LE VOYAGE DANS LA LUNE de Georges Méliès, France/ 1902/ fiction/ 10’30
Lors d’un colloque d’astronomie, le professeur Barbenfouillis crée l’événement en faisant part à l’assemblée de son projet de voyage dans la Lune…
LE VOYAGEUR S’EXCLAME ALORS de Johan Pollefoort, Belgique/ 2007/ animation/ 6’30
Le voyageur s’exclame alors : « Malheur à ceux qui se contentent de peu ».
SHORT TRIP de Johannes Duncker Allemagne/ 2014/ documentaire/ 6′
Un touriste occidental arrive à Istanbul pour un court séjour pendant les manifestations à Gezi Park.
LA CARTE de Stéfan Le Lay, France/ 2009/ fiction animée/ 6′
Un jeune homme qui vit dans une carte postale en couleur tombe amoureux d’une jeune femme qui vit dans une carte postale en noir et blanc. Il est prêt à tout pour la rejoindre et rester avec elle.
P d’Aaron Rookus, Pays-Bas/ 2014/ fiction/ 9′
Les aventures d’une famille en vacances…
INDIAN DIARIES 1 de David Varela & Chantal Maillard, Espagne/ 2014/ documentaire/ 7’30
Travail multidisciplinaire basé sur les textes et poèmes de l’écrivaine et philosophe Chantal Maillard dans la ville de Bénarès, et les images filmées dans la même ville par le cinéaste David Varela.
DEMAIN IL PLEUT de Anne-Céline Phanphengdy & Mélanie Vialaneix; France/ 2014/ animation/ 5′
Dans une petite maison perdue au milieu de la lande, un vieil homme vit une vie monotone en rêvant de voyages exotiques. Mais demain il pleut.
HOME VIDEO ARGENTINA de Xiao-Xing Cheng, Chine/ 2004/ documentaire/ 18′
Retrouvailles avec un oncle d’Amérique.
Règle n°1 : Ne nourrissez jamais les ours.
Règle n°2 : Ne vous approchez pas à moins de 100m.
Règle n°3 : Évitez de surprendre l’ours.
Règle n°4 : Gardez toujours votre chien en laisse.
Maintenant que vous connaissez les règles, nous vous souhaitons un agréable séjour dans le parc naturel de l’ours noir.
La ville de Noisy-le-Sec et le cinéma le Trianon organisent la 4ème édition du Festival du Film franco-arabe qui aura lieu au Trianon du 6 au 17 novembre 2015. Dans le cadre de ce festival, une compétition de courts métrages est organisée. Les lauréats seront annoncés à la cérémonie de clôture , le dimanche 15 novembre et les films récompensés seront présentés à cette occasion.
Les films éligibles devront s’inscrire dans la thématique du festival, et témoigner des liens entre les deux cultures, par leur thème, la nature de la production et/ou du financement, la composition des équipes.
Critères d’inscription
Inscriptions ouvertes jusqu’au 30 septembre aux courts métrages français et arabes – fiction ou documentaire – production 2014 ou 2015. Le film ne doit pas excéder 20 mn. Chaque réalisateur ne peut inscrire qu’un seul film.
À fournir : 2 exemplaires du film sur support DVD (qui ne sera pas rendu) – un synopsis – une fiche technique – pour les films non francophones, il est impératif qu’ils soient sous-titrés en français.
À envoyer à : Cinéma Le Trianon, place Carnot 93 230 Romainville.
Pour plus d’informations : Direction des Affaires culturelles de Noisy-le-Sec – TEL. 01 49 42 67 17 ou le Cinéma Le Trianon – Tél . 01 83 74 56 02.
Les prix
Deux prix seront décernés pour chaque catégorie : 2 prix du jury et 2 prix du public pour la meilleure fiction et pour le meilleur documentaire.
Les films primés par le Jury seront projetés pendant la 22e édition du Festival du Film franco-arabe d’Amman en Jordanie, en juin 2016. A cette occasion, les réalisateurs primés seront invités à Amman afin d’y accompagner leur film.
Organisées par l’Académie des César, Les Nuits en or 2015 proposent de découvrir chaque année au mois de juin un panorama de 32 courts métrages récompensés par leurs 9 Académies d’origines (César, Magritte, Jutra, Oscar, Bafta, Donatello, Goya, Ophir…).
Du 15 au 17 juin, les films primés cette année par leurs Académies respectives seront projetés à la Maison de l’Unesco, en entrée libre et gratuite, avec deux séances par jour à 19h et 21h. Une occasion comme une autre de voir les films considérés (parfois à tort) comme les meilleurs, en provenance des pays suivants : Luxembourg, Australie, France, Allemagne, Canada, Suisse, Inde, Corée du Sud, Lituanie, République tchèque, Roumanie, Espagne, Etats-Unis, Israël, Royaume-Uni, Grèce, Belgique, Norvège, Italie, Gabon, Portugal, Chine, Islande, Danemark, Suède, Afrique du Sud, Autriche, Mexique, Brésil et Pays-Bas.
Bon à savoir : les réalisateurs seront présents pour l’ouverture des festivités, le 15 juin à la séance de 19h.
Identifiable par son symbole, un corbeau solitaire, le Festival IndieLisboa (Lisbonne) a clos sa douzième édition le mois passé. Au terme de 11 jours de séances, rencontres et soirées, IndieLisboa a proposé sa propre vision d’un cinéma indépendant, parfois radical et avant-gardiste.
Pour la première fois, notre revue attribuait un prix au festival. Une façon pour nous de maintenir notre curiosité et de poursuivre notre exploration des films et des festivals étrangers, d’observer de l’intérieur l’un des festivals les plus réputés sur la scène internationale et d’accompagner un auteur sélectionné dans la toute nouvelle compétition du festival, « Silvestre », s’intéressant aux figures libres du cinéma court. Cette année, 33 films furent évalués par notre jury, à l’arrivée, un film fut retenu : « The Mad Half Hour » de l’Argentin Leonardo Brzezicki. Précédemment sélectionné à la Berlinale, ce court-métrage a épaté notre équipe par son humour, sa fraîcheur, son joli noir et blanc, sa mélancolie et son excellent jeu d’acteurs (non professionnels pour la plupart). Le film a été projeté en mai dernier dans le cadre de nos séances Format Court à Paris.
Il y a plus de deux ans, nous avions rencontré au Festival International du Film Francophone de Namur (FIFF) l’un des deux directeurs du festival, Miguel Valverde qui nous avait longuement et brillamment parlé d’IndieLisboa, de sa vision du court et de la nouvelle génération d’auteurs portugais. Si on pense forcément aux références (Manoel de Oliveira et Miguel Gomes), la relève est bel et bien représentée par bon nombre d’auteurs, évoqués sur notre site tels que João Pedro Rodrigues, João Nicolau, Maureen Fazendeiro, Iana et Joao Viana, Jorge Jácome, Regina Pessoa, Carlos Conceição, Rodrigo Areias, Cristina Braga.
En 2011 et 2012 déjà, nous avions attribué deux Prix Format Court à deux auto-productions portugaises, « I know you can hear me » de Miguel Fonseca et « Antero » de José Alberto Pinto. Ces deux films expérimentaux avaient été primés par notre équipe à Média 10-10, un festival namurois de qualité ayant malheureusement dû s’arrêter malgré une belle longévité (41 ans). Ces deux films avaient comme autre point commun celui d’avoir fait leurs premiers pas à IndieLisboa.
Cette année, le cinéma portugais s’est encore un peu plus rapproché de nous grâce à premier Prix Format Court attribué à Lisbonne. Sur place, nous avons senti une belle envie de cinéma, un goût affirmé pour l’expérimental mais aussi un solide lien au réel et une quantité non négligeable d’auteurs, de techniciens, de producteurs et de programmateurs locaux, prêts à mettre leurs idées, services et compétences au service du septième art.
Passons les quelques films, sélectionnés à Lisbonne, plus ou moins intéressants, ayant déjà beaucoup tourné en festival. Côté français, citons « 8 balles » de Frank Ternier, « Notre Dame des Hormone » de Bertrand Mandico, « Tempête sur anorak » de Paul Cabon, « Guy Moquet » de Demis Herenger, « Hillbrow » de Nicolas Boone, « Totems » de Sarah Arnold. Côté étranger, relevons « Me and My Moulton » de Torill Kove (Canada), « Dans la joie et la bonne humeur » de Jeanne Boukraa (Belgique), « Cai Putere » de Daniel Sandu (Roumanie), « Yes we love » (Norvège) de Hallvar Wtzo, « Onder Ons » de Guido Hendrikx (Pays-Bas, ndlr Prix Format Court 2015 au festival Go Short), « Yen Yen » de Chunni Lin (Taïwan).
Parmi les nouveautés de qualité à extraire de cette douzième édition d’IndieLisboa, commençons par un film issu de la compétition nationale, « Fora da vida » de Filipa Reis et João Miller Guerra. Il s’agit d’un magnifique documentaire portant un regard dénué de jugement et de misérabilisme sur différents habitants de Lisbonne vivant de pauvreté et de débrouille, mais aussi de joie, d’amour, d’amitié et surtout de solidarité. Dans ce très beau film, récompensé du Prix du meilleur court-métrage portugais, les deux réalisateurs réussisent à se faire oublier de leurs sujets, des êtres ordinaires particulièrement attachants (un père de famille, une jeune prof, une femme de ménage, …) (se) posant des questions élémentaires et essentielles telles que le rôle du père, les valeurs à transmettre dans la société d’aujourd’hui ou les actions à prendre en compte pour changer de vie.
Autre proposition portugaise intéressante, côté fiction, « Provas, Exorcismos » de Susana Nobre, sélectionné également à la Quinzaine des Réalisateurs cette année, filme le quotidien de Oscar, employé d’usine, brutalement congédié du jour au lendemain et obligé de se dénicher un autre travail. Les scènes d’ouverture et de clôture, les comédiens non professionnels, l’aspect râpeux du film captent directement le regard même si les scènes d’ennui et de famille ne nous convainquent pas plus que ça.
Film totalement inattendu pour le coup, « La Chasse » de Manoel de Oliveira, projeté à la cérémonie de clôture du festival et jamais montré du vivant du cinéaste, est un petit bijou de cinéma. Tourné en 1961, le film montre deux adolescents désœuvrés, se décidant à aller chasser malgré l’interdiction parentale et sociale. Soudainement, l’un des deux s’enfonce dans un marécage. S’ensuit une chaîne de solidarité humaine burlesque à souhait, mais aussi un doublé proposé par de Oliveira : l’une, allant dans le sens de la censure de l’époque et maintenant le jeune garçon en vie, l’autre, empêchant celui-ci de survivre car il ne peut attraper le moignon du dernier maillon humain de la chaîne. Drôle et subtil à la fois, le film propose une intelligence de plans et dévoile déjà un génie de la mise en scène.
De l’humour et de la fraîcheur, on en a trouvé également dans un petit film de trois minutes (l’un des plus courts du festival), « My BBY 8L3W » proposé par le collectif germano-français Neozoon qui s’est amusé à assembler des images de jeunes femmes et de leurs chiens de compagnie postées sur YouTube. Dans ce très court, il est tout à fait normal de déclarer sa flamme à son chien, de l’embrasser à pleine gueule ou de se faire lécher par celui-ci. Film collector, ce projet fou démontre en une série d’images le bien étrange rapport homme-animal et le caractère toujours aussi particulier de l’exposition de l’intime sur la Toile gigantesque et anonyme. Très pertinent par sa durée (3 minutes), son contenu et son montage, le film, sélectionné dans la section « Silvestre » dans laquelle nous remettions un prix à IndieLisboa, interroge le spectateur sur la création contemporaine, le rapport aux images et au montage.
Dans la même section, on s’est aussi beaucoup intéressé à un film d’artiste, expérimental et américain, « Panchrome I, II, III » de T. Marie. D’une durée de 15 minutes, le film propose une immersion colorée et formelle et un nouveau regard sur la perspective, porté par une très belle musique. Face à une telle proposition visuelle, sans codes classiques, il est nécessaire de s’accrocher, mais le résultat en vaut réellement la peine.
Autre film repéré cette fois en compétition internationale « Shipwreck » de Morgan Knibbe est un documentaire néerlandais, lauréat du Léopard d’argent à Locarno et d’une Mention spéciale à IndieLisboa. Il dévoile des images de coques vides de bateaux, de clandestins Africains éplorés, de cercueils portés par des grues. Un homme y raconte le calvaire de son voyage en bateau pour rejoindre l’Europe et la disparition de son ami, en cours de route, à bout de forces. Extrêmement émouvant, ce court-métrage est maîtrisé de bout en bout autant par son sujet, son travail sur le son (le souffle du vent traverse tout le film) que son image (colorée et douloureuse à la fois). Une réussite totale doublé d’un choc sensoriel.
Évoquons toutefois pour la forme quelques films moins aimés. En compétition internationale, on a bien moins adhéré à « Seat 26D » de Karolina Brobäck, un documentaire suédois traitant d’un crash d’avion survenu dans les années 90 mais n’ayant pas fait de victimes malgré son atterrissage plus que forcé. Le film, stressant au possible, est fortement à déconseiller après un verre de vinho verde (vin vert, spécialité locale) de trop et un lendemain de vol marqué par d’affreuses turbulences.
Deux courts-métrages primés à la dernière Berlinale ont offert, eux aussi, leur lot de perplexité. « Hosanna » de Na Young-kil (Corée du sud), Ours d’Or, est un film bien flippant-perturbant sur l’étrange pouvoir d’un jeune homme taciturne ramenant les disparus à la vie. Ours d’argent “seulement”, « Bad at Dancing », de Joanna Arnow, part par contre avec quelques bons points (sa scène d’ouverture, son côté indie américain, son noir et blanc, son humour et son héroïne – la réalisatrice elle-même – ), mais incommode et ennuie le spectateur très rapidement. Passé la surprise, celui-ci a du mal à s’intéresser plus que cela à cette jeune femme dilatée et célibataire, venant s’épancher chez son amie et colocataire, toujours filmée nue, en plein ébat sexuel.
Hormis ces quelques films moins fous à nos yeux, IndieLisboa nous a offert un bon lot de surprises, avec en premier lieu « The Mad Half Hour », notre prix, un film certes sélectionné à Berlin mais plus original et déluré, exempt de crash, de pouvoirs hors normes et d’Américains à poil. Pour ce film mais aussi pour les autres (« Fora da vida », « La Chasse », « My BBY 8L3W », « Panchrome I, II, III », « Shipwreck »), l’aspect découverte du festival a fonctionné. De nouvelles fenêtres se sont ouvertes, d’autres films sont apparus, invisibles des circuits de diffusion habituels. Sans crier gare, un nouveau cinéma s’est pointé. On ne s’y attendait pas, on est ravi qu’il nous soit tombé dessus. Prochaine étape : contribuer à faire connaître ces films importants sur grand écran, à Paris ou ailleurs, dans le courant de l’année.
Kung Fury, c’est un peu comme si l’ADN des années 80 avait été isolé dans un laboratoire top secret, puis avait été dérobé par un savant fou et nostalgique de cette période bien connue de tous les amateurs de fantaisie capillaire.
Kung Fury, vous l’aurez compris, est une ode aux années 80 et notamment aux films d’action en VHS où une bonne explosion vaut mieux qu’un long discours. Véritable « exercice d’admiration » combinant scènes d’actions toutes plus improbables les unes que les autres et « punchlines » dignes des plus belles citations de Jean-Claude Van Damme, Kung Fury ne lésine pas sur les effets (spéciaux), poussant toujours plus loin la surenchère plan après plan pour le plus grand bonheur de tous les nostalgiques des années 80. Le réalisateur suédois David Sandberg, qui semble avoir baigné dedans quand il était petit, s’est fait une joie (communicative) de reprendre méticuleusement toutes ces petites choses qui ont pu constituer l’esthétique de ces films (et les muscles qui vont avec) pour la détourner à son tour.
Rien de bien nouveau donc puisque déjà en 1993, « Hot Shots 2 », réalisé par Jim Abrahams, tournait en dérision les films mettant en scène ces héros indestructibles incarnés par Sylvester Stallone, Arnold Schwarzenegger ou encore Chuck Norris, pour ne citer que les plus célèbres.
Toutefois, la particularité de Kung Fury tient précisément dans la direction artistique particulièrement soignée dont le film a bénéficié. Le film adapte le style « années 80 » au public d’aujourd’hui dans une sorte de « retro-futurisme » très en phase avec les goûts du moment. Par exemple, on peut voir un personnage « pirater» à l’aide d’un Commodore 64, l’un des premiers PC sorti au début des années 80 et très populaire à l’époque.
Kung Fury fourmille de ce genre de petits clins d’œils complices au spectateur, à l’image de son héros, incarné par le réalisateur lui-même, sorte de mélange entre le flic aux méthodes expéditives joué par Stallone dans « Cobra » et le personnage de Ryu, guerrier solitaire et taciturne, expert en arts martiaux que l’on retrouve dans le jeu vidéo de la série « Street FighterI ».
David Sandberg vise juste. Avec ce film, il a su jouer sur la corde sensible en compilant et en capturant avec talent et précision l’esprit des films de ces années-là. Dans une espèce de « gloubi-boulga » délirant, il a su mettre au point avec son équipe des effets spéciaux habiles qui permettent de donner le rythme et l’ambiance adéquate à l’ensemble. Mais une question nous brûle les lèvres : comment David Sandberg a pu s’y prendre pour réaliser ce « blockbuster du court métrage », en Suède, avec quelques amis et quelques couronnes ?
Golden boy
Avant d’affoler le web (près de 15 millions de vues sur Youtube depuis le 28 mai dernier) puis de faire le buzz sur la croisette à Cannes (sélection officielle à la Quinzaine des Réalisateurs), Kung Fury a commencé à faire parler de lui il y a déjà deux ans. En 2013, pour boucler le budget de son premier film Kung Fury, David Sandberg a proposé aux internautes de participer à son financement via Kickstarter. Pour offrir le maximum de chances à son projet, il poste sur internet une bande-annonce du futur film. Bingo ! L’appel à don lancé par « Laser Unicors » récolte en moins d’un mois plus de 600.000 $, l’une des plus grosses sommes jamais récoltées sur le net.
Pourtant sur le papier, le scénario pouvait laisser sceptique plus d’un internaute : un policier remonte le temps pour tenter de tuer Adolf Hitler (The Kung Fuhrer) grâce à sa maîtrise du Kung-Fu, en chemin il recevra l’aide de vikings armés de fusils automatiques et accompagnés de dinosaures. Bref, un scénario dont le film serait digne d’entrer au fameux top ten de Narnarland.
Les mois passent et un beau jour un nouveau clip inspiré de Kung Fury envahit la toile. Ce clip c’est celui d’une des stars télé des années 80 : David Hasselhoff (K2000, Alerte à Malibu, etc…). Joli coup de pub qui alimente à nouveau la machine à buzzer. Cerise sur le gâteau : Kung Fury se voit alors présenté lors de la Quinzaine de Réalisateurs où il reçoit un très bon accueil à la fois public et critique.
Dans ce parcours semé d’embuches, ce court-métrage fait figure d’exception, tant part son mode de production que par la façon dont il est distribué. Toutefois, il ne faut pas perdre de vue que Kung Fury est l’arbre qui cache la forêt (hantée). Il est loin d’être le seul du genre à s’inspirer de ces films à mauvaise réputation que l’on range négligemment dans la case « films Z ». On peut citer par exemple la série « Ninja Eliminator » (2009) ou le court métrage Le Réserviste de Mathieu Berthon. Signalons également les projections organisées par la Cinémathèque française lors des soirées Cinéma Bis ainsi que les projections « Pas de Pitié pour les Navets » qui ont lieu au Bar La Cantada à Paris.
Kung Fury est peut être l’un des seuls courts métrages à parvenir jusque sous les feux des projecteurs par un biais inédit : le crowdfunding, avec à la clef une diffusion de grande ampleur via internet. Réussissant à surfer sur la vague « retro-futuriste », « Kung Fury » parvient à toucher un large public via YouTube (où il est proposé gratuitement) tout en obtenant une certaine considération d’une partie de la critique.