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Nouveau Prix Format Court au Festival de Films de Femmes

Le 38ème Festival de Films de Femmes de Créteil et du Val-de-Marne aura lieu du 18 au 27 mars prochain. Pour la première fois, Format Court y attribuera un prix au sein de la compétition internationale. Le Jury Format Court (composé de Katia Bayer, Marie Bergeret, Adi Chesson, Ludovic Delbecq et Zoé Libault) récompensera l’un des 16 films sélectionnés.

À l’issue du festival, un dossier spécial sera consacré au film primé. Celui-ci sera diffusé lors d’une prochaine séance Format Court au Studio des Ursulines (Paris, 5ème). Le réalisateur bénéficiera également d’un DCP (relatif au film primé ou au prochain dans un délai de deux ans) crée et doté par le laboratoire numérique Média Solution.

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Films en compétition

A Strong Woman de Kacper Czubak, Iwona Kaliszewska, Pologne
Automatic Fitness de Alejandra Tomei, Alberto Couceiro, Allemagne
Bird’s Lament de Pauline Rambeau de Baralon, France
Blood Below the Skin de Jennifer Reeder, États-Unis
Clumsy Little Acts of Tenderness de Miia Tervo, Finlande
Daynight de Lucila Brea, Francisco Chiapparo, Leonardo Funes, Argentine
Eliza de Zi Gao, Chine, États-Unis
Joe is Dead de Lucía García-Lubén, USA, Espagne
Mirror Man de Agnese Laizane, Lettonie
Perfection is Forever de Mara Trifu, Roumanie, Royaume-Uni
La Rivière sous la langue de Carmen Jaquier, Suisse
Le Sommeil des amazones de Bérangère McNeese, Belgique
Sub Rosa de Thora Hilmarsdóttir, Royaume-Uni, Islande
The Other Place de Mareike Engelhardt, France, Angleterre, Allemagne
Vers la tendresse de Alice Diop, France
Women in Sink de Iris Zaki, Royaume-Uni, Israël

Eden’s Edge, Three Shorts on the Californian Desert de Leo Calice et Gerhard Treml

Grand prix de la compétition Labo du festival de court métrage de Clermont Ferrand 2016, « Eden’s Edge, Three Shorts on the Californian Desert », traduit par « Aux confins de l’Eden, trois courts métrages dans le désert californien», des Autrichiens Leo Calice et Gerhard Treml, est une invitation au voyage à travers un paysage récréé grâce à l’animation et qui prend sens lorsqu’il est mis en relation avec les récits de trois protagonistes lointains, presque invisibles, présents avant tout sous forme de voix-off. Le film regroupe en réalité une série de trois courts métrages, initialement au nombre de neuf, qui présentent, en prises de vue aérienne, trois installations artistiques de « Land Art » au milieu du désert californien.

Chacun de ces films offre une mise en scène et un récit de vie d’une figure locale, imprégnée par ce décor gris sablonneux, qui, lorsque dépourvu de toute figure humaine, ressemble à un mur de béton sur lequel on aurait dessiné. Le visage du narrateur n’est jamais visible, puisque vu d’en haut, seule sa voix et son monologue nous aide à s’approprier l’image et le lieu qu’elle met en scène. Chacun de ces films est constitué d’un plan fixe et d’un cadre restreint. Le désert de « Eden’s Edge » n’offre pas de grands espaces à perte de vue, de ligne d’horizon et de couchés de soleil époustouflants comme on en verrait dans un western. Pourtant, les artistes autrichiens, à la fois cinéastes, designers et architectes, se sont tout à fait appropriés les codes propres au genre cinématographique américain, celui du « storytelling », d’une narration à la première personne dans laquelle un narrateur d’âge mûr, riche d’une vie pleine d’épreuves, raconte son histoire sous forme de flashbacks. Produit par l’Office of Narrative Landscape Design, le film fait appel à cette capacité de raconter des histoires à travers le paysage, s’imprègne du folklore américain et explore la relation entre l’espace et la narration.

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Ancré dans un territoire, chaque protagoniste évoque ses racines, et son rapport à la terre, qu’il soit spirituel pour le chaman amérindien, une question de subsistance pour la femme qui multiplie les petits boulots pour élever sa fille, ou un engagement pour un développement durable pour la cultivatrice. Chaque récit évoque un lien qui lie le protagoniste à ce milieu si particulier qu’est le désert, et chaque installation qui y est proposée fait écho au récit.

Le premier, nommé « Turtle Island », représente un cercle sacré qui prend la forme d’une tortue et sert aux rituels chamaniques du protagoniste. Le parking situé en face, qui lui est littéralement opposé, est le rappel à la civilisation moderne et aux traitements médicaux qu’il a voulu fuir, chaque place représenterait un homme qui comme lui, fut diagnostiqué schizophrénique. Le parking, tout comme la médecine traditionnelle, est un moyen de parquer les individus dans des espaces réduits, confinés et pré-définis, mais comme le fait remarquer le narrateur : « il nous faut de l’espace pour pouvoir réellement digérer tout ce qui se passe autour de nous ».

Eden's Edge (Three Shorts on the Californian Desert)

Le deuxième film, intitulé « Time Square », évoque la ville de New York et ses gratte-ciels qui sont ici reproduits dans une installation de cordes à linge vues d’en haut et de robes étendues qui flottent dans le vent, à l’horizontale, et rappellent des fenêtres d’immeubles. La narratrice de ce deuxième court métrage évoque son enfance en ville, les violences qu’elle renferme et sa peur de voir sa fille en subir les conséquences, tandis qu’elle accroche sur la corde à linge un nombre précis de robes, sensé représenté le nombre de robes qu’une femme porte dans sa vie jusqu’à son mariage. Dans le troisième film, nommé « Water and Worms », la femme et ses cultures de vers disposées en petits rectangles qui se font face représentent l’adaptation de l’homme à son environnement en opposition à la transformation de l’environnement par l’homme, en fonction de ses désirs et de ses besoins. Au contact des vers, la terre sèche et grisâtre devient fertile, ils participent au développement durable du territoire. Alors que son mari travaillait à la NASA, la narratrice de ce troisième film évoque « la nécessité de revenir à la terre après avoir conquis l’espace ».

Eden's Edge (Three Shorts on the Californian Desert)1

Les deux réalisateurs parviennent, tout en imposant au spectateur un champ de vision limité, à faire parler le paysage. Les mirages dont sont victimes les personnes qui s’aventurent dans le désert émanent ici de ces deux metteurs en scène-cinéastes qui recréent en partie le désert à l’aide d’images de synthèse et d’animation, créent l’illusion d’un animal totem ou encore d’une ville, mais qui comme le mirage, suscitent la fascination. Le désert et le récit qui l’accompagne sont une invitation au voyage dans les confins d’une Amérique où la notion d’appartenance au territoire dans le récit est omniprésente. Le film est aussi un appel au rêve et à une vie plus spirituelle, en accord avec la nature. Les protagonistes de « Eden’s Edge » imposent un certain respect car leur récit est plein de sagesse, de vécu et de sacrifices. Leurs voix, posées, nous invitent à tendre l’oreille et questionnent les limites du langage visuel, puisque l’immobilité de la caméra et le point de vue unique qui nous sont imposés nous poussent à nous concentrer sur la parole. « Eden’s Edge » nous amène vers les confins d’un désert américain indéniablement cinématographique qui regorge de récits à faire symboliquement sortir de la terre.

Agathe Demanneville

Consultez la fiche technique du film

E comme Eden’s Edge (Three Shorts on the Californian Desert)

Fiche technique

Eden's Edge (Three Shorts on the Californian Desert)

Synopsis : Une série de scènes minimalistes en vue aérienne, méticuleusement construites dans le sable gris du désert.

Genre : Documentaire animé

Durée : 19′

Année : 2014

Pays : Autriche

Réalisation : Leo Calice, Gerhard Treml

Scénario : Leo Calice, Gerhard Treml

Image : Leo Calice, Gerhard Treml

Montage : Leo Calice, Gerhard Treml

Animation : Leo Calice, Gerhard Treml

Production : Gerhard Treml

Article associé : la critique du film

Short Screens #59 : Guerre et Paix

Aussi vieille que l’humanité, la guerre traverse le temps et l’espace entraînant dans son sillon l’écume de tant de souffrances. Mais au beau milieu de ces conflits meurtriers règnent des moments d’accalmie et des instantanés de « bonheur ». A la lisière de ces deux mondes, Short Screens vous a préparé un programme de 6 courts métrages originaires de France, de Croatie, de Suisse, d’Israël, d’Australie et d’Afghanistan.

Rendez-vous le jeudi 25 février à 19h30, au cinéma Aventure, Galerie du Centre, Rue des Fripiers 57, 1000 Bruxelles – PAF 6€.

Visitez la page Facebook de l’événement ici.

PROGRAMMATION

THE CHICKEN de Una Gunjak, Allemagne-Croatie / 2014/ fiction / 15’

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Pour ses six ans, Selma reçoit un poulet comme cadeau d’anniversaire. Comprenant que l’animal va être tué pour nourrir la famille, Selma décide de le sauver et le laisse s’échapper. Lorsque la mère de Selma tente de récupérer le poulet, elle devient la cible des tirs d’un sniper. Bienvenue à Sarajevo, en 1993.

Article associé : la critique du film

A PLACE LIKE THIS de David May, Australie/ 2012 / documentaire / 6’25’’

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Un documentaire biographique au sujet d’un homme, son jardin et les expériences qui nous construisent.

NIJUMAN NO BOREI de Jean-Gabriel Périot, France / 2007 / expérimental / 8’

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Hiroshima, 1914-2006. Une méditation expérimentale autour du A-Bomb Dome, symbole de la destruction d’Hiroshima par la bombe atomique en 1945.

Articles associés : la critique du film, l’interview de Jean-Gabriel Périot

THE HEART OF AMOS KLEIN de Uri Kranot et Michal Pfeffer-Kranot / France-Pays-Bas-Israël / 2008 / animation / 15’

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Durant une opération à cœur ouvert, Amos Klein, entre la vie et la mort, se remémore les événements significatifs de sa vie correspondant à des moments clés de l’histoire israélienne. Son voyage spirituel est une réflexion sur la corruption morale, le militarisme et l’endoctrinement.

Articles associés : la critique du film, l’interview de Uri Kranot

8 de Aćim Vasić, Suisse / 2010 / fiction / 10’23’’

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Une guerre. Un pays inconnu. Un temps inconnu. Deux soldats d’armées adverses se poursuivent à tour de rôle dans un jeu du chat et de la souris. Au milieu de paysages sévères, les positions s’inversent. Et l’attaquant se trouve à son tour en péril. Toute l’absurdité de la guerre.

BUZKASHI BOYS de Sam French / Afghanistan / 2012 / fiction / 30’

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L’histoire de deux amis – un mendiant et un fils de forgeron – qui rêvent de devenir joueurs de bouzkachi, un sport afghan aussi sanglant que légendaire.

Rappel. Soirée Format Court, ce jeudi 18 février 2016 !

Ce jeudi 18 février 2016, Format Court remet le couvert à 20h30 au Studio des Ursulines (Paris 5ème) avec une nouvelle soirée de 4 courts français de fiction et d’animation, sélectionnés et/ou primés à Cannes, à Angers, à Clermont, aux César, …, en présence de 3 équipes.

Un rendez-vous à ne pas manquer et une belle occasion de découvrir et d’échanger avec les nouveaux talents du cinéma français : Cécile Ducrocq et Laure Calamy, réalisatrice et comédienne de « La Contre-allée », Yann Delattre, réalisateur de « Jeunesse des loups-garous » et Jean-Christophe Soulageon, producteur des « Petits cailloux ».

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En pratique

* Jeudi 18 février 2016, à 20h30, accueil : 20h. Durée de la séance : 76′
* Infos films (synopsis, critiques, interviews, trailers, …) : ici !
* Studio des Ursulines : 10 Rue des Ursulines, 75005 Paris
* Accès : RER B Luxembourg (sortie rue de l’Abbé de l’Épée), Bus 21, 27 (Feuillantines), 38 ou 82 (Auguste Comte), 84 ou 89 (Panthéon). Métro le plus proche : Ligne 7, arrêt Censier Daubenton (mais apprêtez-vous à marcher un peu…)
* Entrée : 6,50 €
* Réservations vivement recommandées : soireesformatcourt@gmail.com

4ème édition du Coup de Pouce DCP

Après le succès remporté par la troisième édition du Coup de Pouce DCP qui avait rassemblé 65 films en compétition, le laboratoire numérique Media Solution, dont nous sommes partenaires pour les Prix Format Court, lance une 4ème édition (la première de l’année 2016) avec un principe simple : offrir un DCP (encodage au format Cinéma Numérique) au lauréat de son nouveau concours afin de permettre sa diffusion en salle, mais aussi et surtout, dans les grands festivals de catégorie 1. Il confirme ainsi sa volonté de soutenir les jeunes talents du court métrage francophone.

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Les réalisateurs (ou les producteurs) intéressés doivent faire parvenir leur court-métrage par internet à l’adresse mail suivante : dcp@mediasolution.fr.

Pour participer : http://mediasolution.fr/blog/

Comment s’effectue le choix du vainqueur ?

Tout d’abord une première sélection des films est effectuée par l’équipe de Média Solution. Puis la « short list » retenue est soumise à un jury de professionnels chargé de visionner et de juger les films. Aux termes de délibérations, le jury choisit le court-métrage qu’il souhaite aider en lui offrant son DCP.

Pour cette seconde édition, le planning est le suivant :

– Lancement du concours : 15 février 2016
– Date de clôture de la réception des films : 31 mars 2015
– Délibération du jury : 28 avril 2015

Conditions de participation

– Le réalisateur (trice) déclare être âgé d’au moins 18 ans;
– Un réalisateur (trice) ne peut envoyer plus d’un court-métrage par session (il devra attendre la suivante);
– Le court-métrage doit avoir été achevé postérieurement à janvier 2015;
– Il n’est pas nécessaire d’être produit par un producteur;
– Les films doivent avoir une durée maximale de 20 mn (générique compris);
– Les films doivent être en langue française;
– Les films doivent être envoyés par un lien de téléchargement (FTP, WETRANSFER ou autre) au format MP4 (1080p ou 720p);
– Les réalisateurs doivent pouvoir fournir leur master au format ProRes HQ dans le cas où leur film serait récompensé par le jury

L’amour à la française, demain soir au Ciné 104 !

A travers 4 courts-métrages français alliant des genres différents (fiction, documentaire, animation), le projet Quartiers Lointains propose une nouvelle saison autour du thème L’amour à la française.

Ce mardi 16 février, à 20h, une soirée de lancement est proposée au Ciné 104, en présence des réalisateurs des 4 courts métrages programmés (« Le Sens du Toucher » de Jean-Charles Mbotti Malolo, Prix Format Court au festival de Villeurbanne 2014, « Destino » de Zangro, « Vers la Tendresse » d’Alice Diop & « Le Retour » de Yohann Kouam).

Porté par l’association Siniman Films et parrainé par le réalisateur américain Melvin van Peebles, ce programme itinérant, dont Format Court est partenaire pour la première fois, circulera en 2016 du Sud au Nord de l’hémisphère entre plusieurs pays d’Afrique, la France et les États-Unis.

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Infos pratiques

Soirée de lancement au Ciné 104 mardi 16 février 2016 à 20h
104, avenue Jean Lolive 93500 Pantin

Métro 5 – arrêt Eglise de Pantin Tarifs : 6€ (normal), 5€ (abonnés), 4€ (réduit)

Réservation obligatoire : cblache.sinimanfilms@gmail.com

Plus d’infos : www.quartiers-lointains.com

Facebook : https://www.facebook.com/quartierslointains/?fref=ts

Les Amours Vertes de Marine Atlan

Après un passage au festival Premiers Plans d’Angers où le jury des courts-métrages l’avait distingué du reste de la sélection en lui remettant une Mention spéciale, c’est en remportant hier rien moins que le Grand Prix de la compétition nationale de la nouvelle édition du festival de Clermont-Ferrand que le film de Marine Atlan « Les Amours Vertes » fait parler de lui. Une nouvelle réjouissante, tant le film est remarquable et mérite, en plus de ses récompenses, que l’on s’intéresse à son cas.

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Marine Atlan a suivi le cursus du département image de la Fémis, dont « Les Amours Vertes » constitue son film de fin d’études. Ce n’est pas un détail, tant l’on constate depuis plusieurs années que les courts-métrages les plus singuliers et réussis produits par la célèbre école sont réalisés la plupart du temps par des élèves issus de départements parallèles à celui des réalisateurs. On pense aux films de Jonathan Vinel (le multi-primé « Tant qu’il nous reste des fusils à pompes »), d’Héloïse Pelloquet (« Comme une grande ») ou encore de Clémence Diard (« L’Amie d’Amélie ») qui ont tous suivi un cursus de montage, cursus à l’intérieur duquel semble émerger les talents les plus prometteurs de l’institution. Il en va de William Laboury, camarade de promotion de Marine Atlan dont les films « Hotaru » et « Fais le mort » semblent bien partis pour faire de nombreuses escales en festival sans jamais repartir bredouille (deux récompenses rien qu’à Clermont : Prix spécial du jury Labo pour « Hotaru » et Prix Canal + pour « Fais le mort »).

Faut-il en déduire que le regard d’un cinéaste s’éprouve et s’affirme mieux devant la timeline d’un logiciel de montage ou encore dans l’œilleton d’une caméra ? S’il serait malvenu de généraliser cette observation et d’en faire un cas d’école, l’on trouve néanmoins à l’intérieur des films des éléments de réponses qui corrobore ce sentiment d’évidence qu’ils produisent dans le rapport au médium, cette fraîcheur du regard que les élèves réalisateurs ont tant de peine à trouver et à garder intact au fil de leur cursus.

L’action des « Amours Vertes » prend place dans une ville provinciale de bord de mer, et nous conte le temps d’une saison la chronique de la vie d’une petite fille. L’héroïne, Camille, partage son temps entre l’école, sa bande de copines et les séances d’entraînement avec la troupe de majorettes locale dont elle est la benjamine. Marine Atlan orchestre dans un premier temps et avec une aisance certaine l’enchaînement de séquences brossant le quotidien de son personnage principal, en inscrivant ses partis pris de mise en scène dans une tradition naturaliste lorgnant du côté des stases récréatives de Jacques Rozier. Les parties dévolues aux séances d’entraînement des majorettes sont particulièrement réussies dans leur manière de saisir l’énergie d’un groupe d’actrices non professionnelles, leur bagout naturel et leur capacité à faire corps toutes ensembles. Le film pourrait néanmoins courir à cet instant le risque du ronronnement,et s’endormir au son de la petite musique que des décennies d’ersatz de films de Pialat ou de Rozier ont imposé et qui a aujourd’hui valeur de dogme pour tout un pan de la production française.

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Fort heureusement, il n’en est rien, et Marine Atlan opère assez vite dans son récit et sa mise en scène un glissement bienvenu et surprenant. Ce glissement survient lorsque débarque, dans la petite ville par le Bus Vert, un bel adolescent, figure diaphane qui aimantera dès lors le regard de la jeune héroïne. L’on bascule alors dans un autre rapport au temps et à l’espace, en épousant pleinement le point de vue de la petite fille qui voit naître en elle un premier émoi amoureux. À l’occasion de belles scènes de filatures à vélo où l’héroïne prend en chasse le jeune homme à travers les rues de la ville, des travellings langoureux se substituent à un filmage en caméra portée pour mieux restituer l’érotisme de ce corps étranger filmé de dos. La mise en scène du film évolue à mesure que Camille sculpte son regard, apprenant ni plus ni moins à mettre en scène son désir en même temps qu’il s’impose à elle, en fétichisant ce corps qui devient un objet de fantasme. L’héroïne de Marine Atlan se découvre finalement en petite cousine des personnages d’Eric Rohmer, tous des metteurs en scène en puissance pour qui la consommation du désir n’est jamais une fin en soi, ce que viendra confirmer l’ultime séquence des « Amours Vertes » qui voit la jeune Camille renoncer à l’objet de ses convoitises en adressant une lettre d’adieu à l’adolescent.

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Raconter une première expérience de l’érotisme chez une enfant est un pari pour le moins risqué et casse-gueule. On imagine malheureusement sans mal quelle vulgarité ou opportunisme un tel sujet pourrait appeler, connaissant le nombre de réalisateurs sévissant dans le milieu du court-métrage français et disposés à faire feu de tout bois pour produire du sulfureux à peu de frais. Marine Atlan s’en tire haut la main, en nous invitant à la fois dans son œil de chef opératrice attentif et aiguisé et dans son regard de metteur en scène qui n’a plus rien à prouver. Ce n’est pas tous les jours que l’on a envie de tirer notre chapeau à la Fémis et au festival de Clermont-Ferrand, alors profitons-en et souhaitons à cette jeune cinéaste et à son film le plus beau des parcours !

Marc-Antoine Vaugeois

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A comme Les Amours Vertes

Fiche technique

Synopsis : Face à une grande route, bordée d’arbres, un sentiment nouveau naît chez Camille. Il va grandir, à la découverte des sentiments des autres, entre les vagues.

Genre : Fiction

Durée : 32′

Pays : France

Année : 2015

Réalisation : Marine Atlan

Scénario : Anne Brouillet, Marine Atlan

Image : Marine Atlan

Montage : Guillaume Lillo

Son : Benjamin Silvestre, Simon Prieur, Elisha Albert, Jonas Orantin

Interprétation : Camille Lerebourg, David Anselme, Nadine Bisson

Production : La Fémis

Article associé : la critique du film

Clermont-Ferrand 2016, le palmarès

Le 38ème festival de Clermont-Ferrand s’est terminé ce samedi soir. Voici la liste des films primés par les 3 jurys (international, labo, national), avec en bonus certains films en ligne grâce à Court-Circuit, l’émission du court sur Arte notamment !

Palmarès international

Grand prix : Las Cosas Simples (Les choses simples) de Alvaro Anguita, Chili
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Prix Spécial du Jury : Die Badewanne (La baignoire) de Tim Ellrich, Autriche
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Prix du Public : Madam Black de Ivan Barge, Nouvelle-Zélande

Prix du Meilleur film d’animation : Dernière porte au sud de Sacha Feiner, Belgique/France

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Prix Étudiant : Babor Casanova de Karim Sayad, Algérie/Suisse

Prix Canal + : El Hueco (Le trou) de Daniel Martin Rodriguez et German Tejada, Pérou

Mentions spéciales du Jury International :
Uzak Mi… (Lointain…) de Leyla Toprak, Turquie
Panorama de Virginia Urreiztieta, Vénézuela

Nomination European Film Awards : In the distance (Au loin) de Florian Grolig, Allemagne

Palmarès Labo

Grand Prix : Eden’s Edge (Three shorts on the Californian desert) [Aux confins de l’Eden, trois courts métrages dans le désert californien)] de Leo Calice et Gerhard Treml, Autriche
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Prix spécial du Jury : Hotaru de William Laboury, France

Prix du Public : Ghost Cell de Antoine Delacharlery, France

Prix Canal + : Greener Grass (L’herbe sera plus verte) de Paul Briganti, États-Unis

Mention Spéciale du Jury Labo : The Reflection of power (Le reflet du pouvoir) de Mihai Grecu, France

Palmarès National

Grand Prix : Les amours vertes de Marine Atlan

Prix Spécial du Jury : Le Repas dominical de Céline Devaux

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Prix du meilleur film d’animation francophone : Le Repas dominical de Céline Devaux

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Prix du public : Ennemis intérieurs de Sélim Azzazi

Prix égalité et diversité : Réplique de Antoine Giorgini, France/Belgique

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Prix de la meilleure musique originale : Pierre Caillet pour Dans les eaux profondes de Sarah Van Den Boom, France/Canada

Prix de la meilleure photographie : Paul Guilhaume pour L’île jaune de Paul Guilhaume et Léa Mysius

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Prix de la meilleure première œuvre de fiction : Au bruit des clochettes de Chabname Zariab, France/Tunisie
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Prix Étudiant : Ennemis intérieurs de Sélim Azzazi
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Prix Adami d’interprétation (meilleure comédienne) : Florence Fauquet dans Une sur trois de Cecilia de Arce

Prix Adami d’interprétation (meilleur comédien) : Eddy Suiveng dans Réplique de Antoine Giorgini, France/Belgique
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Prix Canal + : Fais le mort de William Laboury

Prix de la Presse Télérama : Le gouffre de Vincent Le Port

Mention spéciale de la presse Télérama : Réplique de Antoine Giorgini, France/Belgique
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Prix du rire « Fernand Raynaud » : Première séance de Jonathan Borgel
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Prix Procirep du producteur de court métrage : Je suis bien content

Bourse des festivals : La troisième guerre de Giovanni Aloi

Mentions spéciales du Jury National :

– Fuck l’amour de François Zabaleta

– Le gouffre de Vincent le Port
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– Isabel Pagliai et Julien Guillery pour la photographie de Isabelle Morra de Isabel Pagliai
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Coup de coeur Canal + family : Pourquoi les vaches ont des taches ? de Nina Degrendel et Soizic Delon, France

Prix Orange : A géométrie variable de Marie-Brune de Chassey, Belgique
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Au bruit des clochettes de Chabname Zariab

« Au bruit des clochettes », co-production franco-tunisienne présentée en compétition nationale au festival du court-métrage de Clermont-Ferrand et visible sur Arte + 7 jusqu’au 21/2/2016, est un mets raffiné qui nous laisse un goût amer dans la bouche. Avec ce premier film, la réalisatrice Chabname Zariab nous emmène dans le pays de son enfance à travers un récit à la narration classique, mais maîtrisée, à la rencontre de personnages romanesques poignants, victimes d’une pratique tabou mais devenue malgré tout courante en Afghanistan et en Iran.

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Saman, le jeune homme que l’on suit tout au long du film est prisonnier, esclave d’un homme d’âge mûr pour qui il danse et satisfait les désirs des convives exclusivement masculins. Cette pratique ancestrale d’achat (ou d’enlèvement comme c’est le cas ici) de jeunes garçons imberbes que l’on transforme en objets sexuels, s’appelle le bacha bazi. Elle est officiellement interdite, mais officieusement autorisée, puisque l’apanage d’hommes riches et puissants, et serait aujourd’hui en train de reprendre de l’essor en Afghanistan. Le bacha bazi, est un terme qui vient à la fois de l’iranien et de l’afghan, signifiant plus ou moins «jouer avec les garçons» et du perse «garçons imberbes». Issus de milieux très pauvres, ces garçons, choisis pour leur beauté, sont formés à la danse et au chant.

Le personnage central de « Au bruit des clochettes », Saman, superbement interprété par Shafiq Kohi, a dix-huit ans et devient un homme. Bientôt, il va devoir être remplacé par un autre garçon. Le jour où le maître ramène sous son toit son remplaçant, Saman est contraint de le former. Anxieux, il le considère d’abord avec méfiance mais les deux garçons développent peu à peu une relation privilégiée pleine de tendresse. Alternant scènes de jour et scènes nocturnes en huis clos, le film repose sur un enchaînement de révélations diurnes, puis de pratiques nocturnes à demi révélées, filmées avec pudeur.

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Le soir, Saman, qui apparaît voilé, entame sa danse et se découvre progressivement. Le temps est en suspens tandis que le garçon passionné semble oublier, pour un court instant, ses craintes. Le répit ne dure pas, après le spectacle, Saman doit satisfaire les désirs sexuels des clients. Allongé sur le ventre à l’arrière d’une voiture, un homme vient sur lui tandis que la caméra, glissant vers ses mains aux poings serrés, laisse deviner le reste. Cette scène sombre est aussitôt suivie d’un plan où le maître, à genoux sous un soleil éblouissant, termine sa prière. La position de soumission du maître face à son dieu fait écho à celle du garçon, et pourtant, le soleil si lumineux vient créer un fort contraste avec l’obscurité de la scène précédente de façon à révéler tout le paradoxe : entre pratiques officielles telles que la prière, et le bacha bazi, contraire à la charia, se creuse un immense fossé alimenté par l’hypocrisie des hommes, qui ferment les yeux face à l’inhumanité de certaines pratiques.

Dans une scène suivante, sous un soleil éclatant, Saman est interpellé dans la rue par deux clients au volant de leur véhicule et, assailli par d’autres hommes à l’approche, se voit contraint de monter dans la voiture. Les deux hommes, à coup de railleries, tentent de lui ouvrir les yeux sur sa situation en lui affirmant sa fin de « carrière » imminente, et l’emmènent dans une sorte de terrain vague où vit un homme aux trait tirés qui révèlent une beauté fanée, qui fut sûrement aussi saisissante que celle de Saman, afin de regarder en face son prédécesseur. Le regard vague de ce dernier, aussi perdu que celui du petit garçon devenu son élève, rend pour Saman la confrontation insupportable.

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Dans « Au bruit des clochettes », la danse est aussi le moment où Saman prend le dessus sur son audience. Par la danse, par son art interprété avec passion et dévouement, le jeune homme parvient à envoûter le public, et à reprendre, pour quelques instants, possession d’un corps qui ne lui appartient plus et à inverser provisoirement les relations de pouvoir. Au bruit des clochettes, Saman reprend son corps et sa vie en main, et dans une danse qui clôt le film, tandis que la caméra se resserre sur le personnage enchaînant les pirouettes, et que tout autour de lui semble disparaître, le regard de celui-ci change, affichant une détermination qui semblait avoir disparue et une volonté de se réapproprier son corps et son destin. La danse, dont l’apprentissage est imposé aux garçons victimes du bacha bazi, devient finalement l’art par lequel s’exerce leur liberté.

Agathe Demanneville

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Article associé : l’interview de la réalisatrice

Pour information, le film sera présenté jeudi 9 février 2017 au Studio des Ursulines dans le cadre de la nouvelle soirée Format Court, en présence de la réalisatrice, Chabname Zariab, et sa productrice, Judith Lou Lévy (Les Films du Bal)

A comme Au bruit des clochettes

Fiche technique

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Synopsis : Saman, dix-huit ans, vit depuis longtemps dans l’enfer du Bacha bazi. Tout bascule le jour où un petit garçon débarque sous son toit. Il comprend qu’il s’agit de son remplaçant. Leur maître Farroukhzad contraint Saman à lui apprendre à danser. Une amitié va naître entre les deux enfants.

Genre : Fiction

Durée : 26′

Année : 2015

Pays : France, Tunisie

Réalisation : Chabname Zariab

Scénario : Chabname Zariab

Image : Eric Devin

Montage : Guillaume Saignol

Son : Aymen Toumi

Interprétation : Farhad Faghih Habibi, Shafiq Kohi, Arya Vossoughi

Production : Les Films du Bal

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Je suis bien content, lauréat 2016 du Prix du Producteur de Court Métrage de la PROCIREP

Le 20ème Prix du Producteur de Court Métrage de la PROCIREP, qui a été remis le mercredi 10 février 2016 à la Maison de la Culture de Clermont-Ferrand, a été décerné à la société Je suis bien content.

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Créée en 1996 par Franck Ekinci et Marc Jousset, Je suis bien content s’est spécialisée dans la production de films d’animation. Parmi les derniers courts métrages produits, mentionnons « Smart Monkey » de Nicolas Pawlowski et Winshluss et « La chair de ma chère » de Calvin Antoine Blandin, sélectionnés pour les Césars 2016 du meilleur court métrage, ainsi que « Café froid » de François Leroy et Stéphanie Lansaque, en compétition nationale à Clermont.

Le lauréat reçoit une dotation de 5.000 € de la PROCIREP sur une prochaine production de court métrage, et bénéficiera d’une carte blanche lors de la prochaine édition du Festival.

S comme Sous le soleil

Fiche technique

Synopsis : La Chine d’aujourd’hui. Un incident. Deux familles impliquées. Rien de nouveau sous le soleil.

Genre : Fiction

Durée : 19’02’’

Pays : Australie, Chine

Année : 2015

Scénario, montage et réalisation : Qiu Yang

Interprétation : Ping Zhu, Weiming Gong, Zhongwei Sun, Lihong Bai.

Production : Victorian College of the Arts, School of Film and Television
 (Australia)

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Sous le soleil de Qiu Yang

Une femme trébuche en sortant du bus. Un adolescent témoin de la scène accompagne à l’hôpital la blessée qui sombre dans le coma. La famille de la victime accuse alors le garçon d’avoir lui-même provoqué l’accident et demande une réparation monétaire à ses parents… En dépit d’un pitch qui devrait d’ordinaire donner suite à une enquête et au triomphe de la vérité, le réalisateur Qiu Yang préfère effectuer une étude des mœurs et des comportements de ses compatriotes.

« Sous le Soleil » est le court-métrage de fin d’études de Qiu Yang. Sélectionné dans la compétition internationale du festival de Clermont-Ferrand, le métrage se démarque dès ses prémisses par la simplicité de sa mise en scène et le point de vue magnanime que l’auteur pose sur un fait divers récurrent en son pays – les arnaques et chantages en tout genre.

L’approche minimaliste employée par Qiu Yang n’est pas une facilité, c’est la preuve d’un récit maitrisé dont chaque élément est soigneusement pesé et ordonné afin de lui donner la place appropriée pour porter le récit au-delà de la simple chronique de faits divers. La mise en scène du « fait » lui-même, l’accident ou l’agression c’est selon, est un exercice de haute voltige cinématographique – un plan séquence de 2 minutes et 30 secondes alignant un travelling avant, un panoramique et un zoom. Dans le même cadre, l’auteur plante le décor, présente l’adolescent, l’accompagne jusqu’au bus qu’il attend, le bus arrive et s’arrête au devant du garçon, une passagère avance vers la sortie que nous ne voyons pas, puis le moteur s’arrête et du silence surgit la voix hors cadre du chauffeur qui demande ce qui est arrivé à la passagère. La scène se clôt sans qu’il nous ait été donné de voir l’accident, la victime, ou l’agresseur présumé, nous laissant dépendant des propos que chacune des « parties civiles » tiendra par la suite sans autres preuves que leurs paroles.

Il y a quelque chose d’hitchcockien dans la grammaire cinématographique de Qiu Yang. La façon dont l’auteur découpe constamment ses cadres et orchestre le mouvement des corps pour ne nous donner que ce qui est nécessaire – et tout ce qui est indispensable – sans jamais nous laisser assez d’indices pour supposer plus loin que ce que l’image ne nous montre. En 19 minutes, et seulement 14 plans, le réalisateur multiplie les cadres dans le cadre, et dose ses mouvements de caméra pour ne jamais sombrer dans le superflu et la prouesse gratuite. Les choses arrivent naturellement, comme « en vrai », elles sont en elles-mêmes et c’est au cinéaste qu’il revient de les condenser en un tout cohérent.

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C’est toute la singularité de ce point de vue qui fait la beauté du film. Avant que le générique ne referme l’image, Qiu Yang capture les réactions et conséquences de cet incident sur les deux familles. Ainsi, nous savons pourquoi les protagonistes réagissent de telle ou telle manière, sans jamais savoir s’ils sont dans leurs droits de le faire. Et si dans ce papier les personnages sont anonymes, c’est qu’ils le sont également dans le film. Ils sont la mère, le père, la sœur, le frère, le fils, ils sont des personnes que l’on « connaît », ils ont des mobiles propres qui ne leur sont pas exclusifs. Le film s’émancipe de la chronique particulière pour se harnacher à l’individu et ses particularités.

Point d’orgue d’un film généreux, un détail de la dernière scène, un enfant qui détale dans une rue sombre pour ne pas être dérangé par les cris d’un supplicié (ni tenté d’intervenir lui-aussi ?), illustre une ultime fois l’absence de besoin de justice lorsque celle-ci implique un potentiel péril financier. Il ne vaut mieux pas se mêler des affaires des autres, y compris à leurs dépends, si cela peut coûter cher. Désormais, seule prévaut la santé économique dans un pays à la croissance exponentielle dont tout le monde ne profite pas, et dont chacun est convaincu que l’autre en profite bien assez.

Avec « Sous le Soleil », Qiu Yang trace avec parcimonie et humilité le portrait d’une humanité prête à s’adonner à de basses pratiques si elles lui sont favorables. Lucide et poétique, on ne s’étonne plus de l’attention soutenue que « Sous le Soleil » a reçu de nombreux festivals en un peu moins d’un an, y compris celle de la Cinéfondation cannoise qui l’inclue en compétition officielle en mai 2015.

Gary Delépine

Consultez la fiche technique du film

Soirée Format Court, jeudi 18 février 2016 au Studio des Ursulines

Jeudi 18 février 2016, à 20h30, Format Court vous invite à sa nouvelle séance de courts-métrages au Studio des Ursulines (Paris, 5ème). Pour l’occasion, 4 films français fictionnels & animés, sélectionnés & primés en festival, seront projetés sur grand écran, en présence de 3 équipes. On vous y attend nombreux avec nos films, nos invités & nos traditionnels Carambar !

Programmation

La Contre-allée de Cécile Ducrocq. Fiction, France, 28’50’’, 2014, Année Zéro Production. Nommé aux César 2016, sélectionné à la Semaine de la Critique 2014. En présence de l’équipe

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Suzanne se prostitue depuis 15 ans. Elle a son bout de trottoir, ses habitués, sa liberté. Un jour, de jeunes prostituées africaines s’installent en périphérie. Suzanne est menacée.

Articles associés : la critique du film, l’interview de Laure Calamy

La Maison de Poussière de Jean-Claude Rozec. Animation, 11’35’’, France, 2013, Vivement lundi !, Blink Productions. Prix France Télévisions, Festival de Clermont-Ferrand 2015

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Une femme vit seule dans un HLM. Elle déménage lorsque sa tour doit être démolie. Elle surprend des silhouettes d’enfants en train de jouer dans le bâtiments abandonné et les suit à l’intérieur, où se déroulent d’étranges évènements.

Article associé : la critique du film

Les Petits cailloux de Chloé Mazlo. Animation, 15′, France, 2014, Les films sauvages. César du meilleur court-métrage d’animation 2015. En présence du producteur

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Chloé est une jeune femme qui mène une vie légère et heureuse, se laissant porter joyeusement par les choses de la vie. Mais une souffrance physique viscérale la fait ployer peu à peu, perturbant sa vie quotidienne insouciante.

Article associé : l’interview de Chloé Mazlo

Jeunesse des loups-garous de Yann Delattre. Fiction, 22’, France, 2015, Stromboli Films. Prix du public, Prix des bibliothécaires, Prix d’interprétation féminine et masculine au festival Premiers Plans 2016, sélection à la Semaine de la Critique 2015. En présence du réalisateur

jeunesse

Entre son travail, son petit copain, son colocataire japonais, Julie avance résolument de travers dans la vie. Sans voir Sébastien qui met pourtant toute sa timidité et sa maladresse à la séduire. Ils se trouveront peut-être lors d’une nuit en oubliant qu’il y a toujours un matin.

En pratique

Jeudi 18 février 2016, à 20h30, accueil : 20h. Durée de la séance : 76′
– Studio des Ursulines : 10 Rue des Ursulines, 75005 Paris
– Accès : RER B Luxembourg (sortie rue de l’Abbé de l’Épée), Bus 21, 27 (Feuillantines), 38 ou 82 (Auguste Comte), 84 ou 89 (Panthéon). Métro le plus proche : Ligne 7, arrêt Censier Daubenton (mais apprêtez-vous à marcher un peu…)
Entrée : 6,50 €
Réservations vivement recommandées : soireesformatcourt@gmail.com

Wake Man de Tornike Bziava

Troisième film et deuxième sélection au festival de Clermont-Ferrand pour Tornike Bziava qui, avec « Wake Man », concourant en compétition nationale, plonge à nouveau au cœur de ses racines pour dresser un portrait naturaliste d’une Géorgie post-soviétique où il est difficile de trouver sa place.

Du cinéma géorgien on retient le nom d’Otar Iosseliani dont le style poétique a inspiré de nombreux cinéastes. Quelques décennies plus tard, Tornike Bziava déploie des mêmes tonalités mélancoliques pour dépeindre la décrépitude d’un monde. D’« Aprilis Suskhi » (en compétition internationale au festival clermontois en 2010 et détenteur d’une Mention du Jury et de la Mention Gérard Manset) à « Wake Man » en passant par « Le Nid », le cinéaste évoque la mort de façon plus ou moins explicite.

Quand le premier opus a pour toile de fond les 22 morts du 9 novembre 1989, « Le Nid » décrit le quotidien d’un vieil homme que plus grand chose ne retient à la vie. Quant à « Wake Man », Bziava y fait de la mort le décor principal du film. Par-delà ce thème, ce que nous présente le jeune réalisateur c’est la chute d’un monde et, avec lui, l’effondrement d’un système, la perte de valeurs et de repères dans une société meurtrie par les guerres civiles et frappée par la crise économique. D’un monde sécurisé, on est passé à un univers précaire qui n’offre que peu de possibilités. Car si Rezo (Rezo Chanishvili qui incarnait le professeur de danse dans « Aprilis Suskhi »), vieil homme symbolisant la pérennité d’un certain nombre de coutumes traditionnelles, s’invite à l’enterrement d’un parfait inconnu, ce n’est évidemment pas pour ses affinités avec le défunt qui sont par ailleurs nulles. C’est pour bénéficier des services offerts durant ces cérémonies où nourritures et boissons sont servies en suffisance.

Dépositaire d’un monde révolu, il porte en lui les valeurs, la prestance et la délicatesse de quelqu’un d’éduqué, condamné à se faire passer pour ce qu’il n’est pas : un proche, une connaissance, un ami du disparu jusqu’à ce qu’un ancien élève le reconnaisse et d’autres convives le surprennent à voler de la nourriture. Tout dans son comportement, de ses gestes à son clignement des yeux excessif exprime le sentiment de honte et de culpabilité. Mal à l’aise, il ne se sent à sa place nulle part car la société ne lui en accorde aucune.

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Le film s’ouvre in medias res avec un plan d’ensemble d’une petite assemblée de personnes âgées assistant à une interview télévisée (en hors champ). Derrière elles, une immense image de forêt luxuriante figure l’idée que le « paradis » ne serait en définitive que virtuel. Le contraste cynique fait mouche. On est dans une maison de repos. Ici, il n’est plus question d’embellir la réalité comme dans « Aprilis Suskhi » mais au contraire de la montrer fidèlement au travers de ses imperfections afin d’en révéler les failles. Plus de noir et blanc esthétique, plus de plans bien cadrés mais des plans où les personnages sont parfois coupés, perdus ou isolés, et assurément en marge. Rezo s’est assoupi, on le voit à peine, il se réveille, se lève et sort du champ. D’emblée, Tornike Bziava plante le décor et donne le ton. Un ton que le film ne quittera pas jusqu’au plan final, pathétique à souhait. Le rythme est volontairement lent et laisse apparaître l’ennui de la vacuité existentielle.

Avec une grande économie de moyens et un traitement vériste, « Wake Man » est à la fois un terrible constat et une critique acerbe du capitalisme sauvage.

Marie Bergeret

Consulter la fiche technique du film

W comme Wake Man

Fiche technique

Synopsis : Rezo, vieil homme symbolisant la profonde pérennité d’un certain nombre de coutumes orthodoxes géorgiennes, s’invite lors d’un office mortuaire dans une ville post-soviétique.

Genre : Fiction

Durée : 29’

Année : 2015

Pays : Géorgie, France

Réalisation : Tornike Bziava

Scénario : Tornike Bziava et Data Pirtskhalava

Image : Goga Devdariani

Montage : Nodar Nodzadze

Son : Maxime Champesme

Interprétation : Tariel Beradze, Rezo Chanishvili, Giorgi Makharashvili, Tornike Gogrichiani

Production : Ama Productions, ReactorMonkey LTD

Article associé : la critique du film

Format Court, invité par la SRF au Bar des Réalisateurs, à Clermont-Ferrand, vendredi 12/2 !

Organisé depuis une dizaine d’années par la Société des réalisateurs de films (SRF) pour favoriser les liens entre les réalisateurs et les différents acteurs de la filière court métrage, le Bar des réalisateurs est un lieu incontournable pendant le festival de Clermont-Ferrand pour tous ceux qui souhaitent rencontrer des professionnels dans une ambiance conviviale.

Cette année, le Bar des réalisateurs aura lieu pendant 4 soirs, du mardi 9 au vendredi 12 février 2016, de 18h à 20h, à l’Hôtel Océania (en face de la Maison de la Culture).

Cette année, la SRF invite quatre acteurs du court à présenter leurs actions respectives pendant le « Bar » : la Région Bretagne mardi 9/2, l’Aide au film court mercredi 10/2, le Moulin d’Andé-Céci jeudi 11/2 et Format Court (!) vendredi 12/2.

Vous êtes encore présents à Clermont-Ferrand le vendredi 12/2 ? C’est l’occasion de venir nous rencontrer, de découvrir notre travail sur le web, en salle et en festival et de clore le Bar des Réalisateurs avec nous !

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Bonne info. Pendant le festival, la SRF organise également un débat le jeudi 11/2 à 14h à la Maison de la Culture, salle Gripel (entrée libre) entre Céline Sciamma (« Naissance des Pieuvres », « Tomboy », « Bande de filles », coprésidente de la SRF) et Aude Léa Rapin (« La Météo des Plages », « Ton cœur au hasard », Grand Prix au Festival de Clermont-Ferrand 2015).

Plus d’infos sur le Bar des Réalisateurs sur Facebook : https://www.facebook.com/bardelaSRFclermont?fref=nf

Festival de Clermont-Ferrand 2016

Le festival de Clermont-Ferrand s’est ouvert ce vendredi 5 février 2016. Pour cette nouvelle édition, le festival propose ses traditionnelles sélections de courts en compétition (nationale, labo, internationale), offre un panorama à la Suède et une carte blanche à Takami Productions, et s’intéresse de près à la guerre d’Indochine, aux Regards d’Afrique et aux films en région.

Format Court, présent à Clermont-Ferrand, vous propose de retrouver ses actus & articles publiés quotidiennement dans son traditionnel focus annuel.

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Céline Sciamma et Aude Léa Rapin. Conversation dans l’intimité de leur cinéma

Des millions de larmes de Natalie Beder (compétition nationale)

Maman(s) de Maïmouna Doucouré (compétition nationale)

L’interview de Chabname Zariab, réalisatrice de « Au bruit des clochettes » (compétition nationale)

The Reflection of Power de Mihai Grecu (compétition labo)

Eden’s Edge, Three Shorts on the Californian Desert de Leo Calice et Gerhard Treml (compétition labo)

Les Amours Vertes de Marine Atlan (compétition nationale)

Au bruit des clochettes de Chabname Zariab (compétition nationale)

Sous le soleil de Qiu Yang, Australie, Chine (compétition internationale)

Wake Man de Tornike Bziava, Géorgie (compétition nationale)

Teeth de Tom Brown et Daniel Gray, Royaume-Uni, Hongrie, États-Unis (compétition Labo)

Clermont-Ferrand 2016, le palmarès

Je suis bien content, lauréat 2016 du Prix du Producteur de Court Métrage de la PROCIREP

Format Court, invité par la SRF au Bar des Réalisateurs, à Clermont-Ferrand, vendredi 12/2 !

Clermont-Ferrand 2016, la compétition nationale

Clermont-Ferrand 2016, la sélection labo

Clermont-Ferrand 2016, la sélection internationale