Tous les articles par Katia Bayer

P comme Pátio

Fiche technique

Synopsis : Dans une cour de prison, des prisonniers jouent au football, dansent la “capoeira” et parlent de liberté.

Pays : Brésil

Année : 2012

Durée : 17′

Genre : Fiction

Réalisateur : Aly Muritiba

Scénario : Aly Muritiba

Image : Elisandro Dalcin

Montage : Aly Muritiba – João Menna Barreto

Son : João Menna Barreto – Alexandre Rogoski

Interprètes : Faustino Matuchenetz Rodriguez

Production : Grafo Audiovisual

Article associé : la critique du film

Film Noir Festival, appel à films

La première édition du Film Noir Festival de Gisors se déroulera du 5 au 8 décembre 2013. Peuvent participer à la compétition : les courts métrages de fiction, les films expérimentaux et les films d’animation ayant pour thématique le Film Noir. Sont exclus de la compétition les films publicitaires, institutionnels, les clips et films à caractères extrêmes. Le thème imposé pour cette première édition est le Film Noir. La compétition est ouverte à tous les courts métrages francophones finalisés depuis le 1er janvier 2012, non-soumis aux films à l’initiative d’une société de production, d’un réalisateur en autoproduction, d’une association ou d’une école.

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Les films ne doivent pas excéder quinze minutes [générique compris]. Tous les films non-francophones doivent être sous-titrés en langue française.

L’ouverture de la sélection est fixée au 28 mai 2013. Tous les films doivent être envoyés impérativement avant le 30 septembre 2013 sur un support DVD ou sur clef USB à l’adresse suivante :

Association Les Alibis Film Noir Festival 276, Rue de l’Eglise 59500 DORIGNIES DOUAI

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Jane Campion : « La façon dont on raconte une histoire, ce que cela dit de vous, est plus important que l’attachement à une technique »

Jane Campion est souvent présentée comme la seule femme de l’histoire du Festival de Cannes à avoir reçu une Palme d’Or (pour « La Leçon de Piano »). Seulement Dame Jane, comme l’appelle Gilles Jacob, n’a pas reçu une mais bien deux Palmes d’Or (la première lui a été remise pour son court métrage « Peel » en 1986). Cette année, elle présidait le Jury de la Cinéfondation et des courts métrages. Entretien exclusif.

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Vous avez commencé par le court métrage mais entre vos longs-métrages, vous êtes revenue à ce format notamment avec « Water Diary », un fragment de « 8 » et « The Lady Bug » pour « Chacun son cinéma », réalisé pour les 60 ans du Festival de Cannes. Quel intérêt particulier y trouvez-vous ?

Les courts métrages m’ont permis de prendre confiance en moi, mais pas seulement quand j’ai débuté dans la réalisation. À un certain moment de ma carrière, je n’étais plus très sûre de la direction que je souhaitais prendre, je voulais changer de cap mais cela était très difficile. Quand vous êtes face aux attentes que représentent un projet de long et que vous n’avez pas encore pu tester votre « nouvelle théorie » et vos nouvelles idées, le fait de revenir au court permet d’abandonner ses propres automatismes. En cela, le court a été un moment clé pour moi.

Vous y avez trouvé ce qui était important ?

J’ai pris un peu de recul après avoir réalisé « In the Cut » qui n’avait pas été très bien reçu. Je voulais passer du temps avec ma fille et je me suis arrêtée quatre ans avant de reprendre l’écriture pour « Bright Star ». C’est à cette période que j’ai réalisé que je n’étais pas forcément intéressée par les films contemporains et que j’ai commencé à regarder en arrière. J’ai fini par voir « Un condamné à mort s’est échappé » de Bresson. J’ai trouvé la mise en scène d’une telle simplicité mais en même temps d’une incroyable tension. La technique n’alourdissait pas l’histoire et le cinéaste la laissait vivre.

La simplicité est une notion importante pour vous, notamment lorsque vous voyez les films d’écoles de la Cinéfondation ?

J’aime beaucoup la simplicité, oui. Mais chaque cinéaste a sa propre façon de faire et vous emmène avec lui (rires) ! Si je prends l’exemple de « Needle » de Anahita Ghazvinizadeh (ndlr. premier prix de la Cinéfondation), c’est un film d’une précision exquise. Cette jeune cinéaste a une voix personnelle très prononcée et cela se voit très vite au milieu des autres films.

Qu’est ce qui vous a plu justement dans ce film ?

J’ai aimé sa précision et le fait que l’on pouvait ressentir sa façon si particulière de voir les choses. L’un des membres du jury a décrit ce film comme « délicat et plein de force à la fois ». Elle a réussi à recréer une atmosphère particulière en quelques plans seulement. Les performances des acteurs étaient sans fautes, étonnantes et fascinantes. Nous étions très chanceux et heureux d’avoir ce film.

Vous jugez les films d’écoles et les films dits “professionnels” à Cannes. Les analysez-vous différemment ?

Je ne pense pas à ça. Les films m’envoient un message et je sens une énergie qui remonte en moi quand le film me plaît. Je me sens embarquée quand je suis intéressée. Je deviens alors très impliquée, et cela se produit presque immédiatement au moment du premier plan.

Pourriez-vous revenir au court ?

Je ne pense pas qu’il y ait vraiment un marché pour cela (rires). Contrairement aux nouvelles que j’adore. Tout cela dépend aussi du financement des films, les films coûtent chers.

Mais cela vous procure une certaine liberté, non ?

Oui, mais comment la financez-vous ? Même les courts métrages coûtent beaucoup d’argent si vous voulez payer les gens qui travaillent dessus.

En réalisant la série « Top of the Lake » (6 épisodes d’une heure), avez-vous vu un lien avec le format court ? Vous aviez là aussi une durée à respecter, n’est-ce pas ?

Oui, il y avait une discipline à suivre. Je devais faire 59’ ou 59’30’’ par épisode. J’ai été très reconnaissante aux monteurs de la BBC Two qui avaient à régler ce problème de durée mais qui m’ont laissé beaucoup de liberté au-delà de cette petite contrainte.

Ces épisodes regroupés peuvent-ils constituer selon vous un long-métrage ?

Nous avons projeté les six épisodes de cette façon à Sundance. Cela représentait six heures au total et j’avais très peur que les gens partent pendant la séance. En fait, ils se sont complètement pris au jeu, comme pour un roman. C’était très surprenant à voir, un peu comme si les gens découvraient une nouvelle expérience.

Que pensez-vous des nouveaux outils numériques utilisés par les jeunes cinéastes ?

Vous savez, je ne pense pas que ça fasse une grande différence. Nous avons tourné « Top of the Lake » en numérique mais avec les moyens d’un long-métrage. Tout est question de ce qui se trouve en face de la caméra, de l’importance de la lumière et de l’atmosphère à créer. Celle-ci doit être consistante et cohérente.

Toutes les nouvelles techniques et les nouvelles caméras (Canon etc…) peuvent correspondre à différentes histoires. J’ai l’impression que moi aussi je peux les utiliser, il me suffit d’apprendre à le faire. J’ai besoin de grandir (rires) ! Mais au final, la façon dont on raconte une histoire, ce que cela dit de vous, est plus important que l’attachement à une technique.

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Etes-vous attentive aux nouveaux talents émergents ?

Nous n’avons pas toujours la possibilité de voir ces films, c’est pour cela que le fait d’être à la Cinéfondation est fantastique. La qualité est très variable mais au final, il y a eu plus de films qui m’ont plu que de prix que l’on a pu donner. Les films vainqueurs avaient selon moi une avance par rapport aux autres face au passage au long métrage.

Vous arrivez à voir quand un cinéaste est prêt à passer au long ?

Pas forcément dans ce sens là, mais oui, je vois quand un cinéaste à le don de raconter une histoire et qu’il utilise tous les éléments dont il a besoin pour cela. La force de l’histoire, les personnages, la photo, tout cela doit fonctionner dans un ensemble. La plupart du temps, on sent que le réalisateur a du mal avec un ou deux de ces éléments, ce qui peut être touchant par ailleurs, mais cela joue dans la réussite finale. Ces jeunes réalisateurs débutent tous et sont très chanceux d’être ici. Ils apprennent. La prochaine fois, ce sera peut-être très différent pour eux.

Quand vous étiez vous-même débutante, comment trouviez–vous vos idées ?

J’avais compris l’importance de faire des courts métrages qui étaient aboutis. J’avais besoin de me convaincre moi-même – et d’autres sur mon chemin – que j’en étais capable. J’avais déjà la passion du cinéma mais j’ai dû travailler, me concentrer et réfléchir sur la façon dont y arriver.

Vous faisiez des erreurs ?

Oui, mais heureusement j’ai pu les corriger moi-même ou les jeter (rires) !

Même maintenant, vous jetez des choses ?

Oh oui, énormément. Quand vous écrivez un scénario de long métrage, vous faites cinq ou six versions. C’est une discipline. On ne passe pas son temps à se dire : « Oh mon dieu, j’ai une super idée ! ». La création, dans ce qu’elle a d’universel, est une chose que tout le monde apprécie, c’est agréable. Mais comme discipline, il faut aimer ça (rires) ! C’est dur. Il faut de l’humilité… et de l’ambition (rires) !

Propos recueillis par Katia Bayer et Amaury Augé. Retranscription : Amaury Augé

37°4S  d’Adriano Valerio

Présenté en compétition officielle au Festival de Cannes et récompensé par une Mention Spéciale du Jury, « 37°4S » d’Adriano Valerio est un film insulaire et poétique presque hors du temps. Nés sur une île au beau milieu de l’océan, Anne et Nick ont 16 ans et sont en couple, ils se connaissent depuis toujours, comme tout le monde sur l’île. Tout est parfait entre eux mais aujourd’hui Anne veut partir…

Dans ce film court, l’histoire du couple d’adolescent est littéralement portée voire transportée par l’île et par tout ce qu’implique la vie insulaire. À Tristan Da Cunha, le quotidien est déterminé par les éléments naturels, l’océan, le vent, le volcan. Chaque habitant connaît l’île par cœur. Vivre sur l’île, c’est inconditionnellement avoir confiance en cet espace ceint d’un océan sans fin et accepter d’organiser sa vie dans une communauté d’individus réduite (il n’y a que 270 habitants sur l’île). Ce postulat de départ transforme inévitablement ce qui pourrait être une histoire anodine d’adolescents en un questionnement qui remet profondément en cause l’idéal de vie des personnages, car quitter Tristan Da Cunha c’est laisser derrière soit un mode de vie singulier pour gagner un espace forcément extrêmement lointain.

Le réalisateur pose principalement son regard sur Nick, jeune homme pour qui la vie ne s’entend que sur Tristan. Il sait tout de cet endroit et croyait également tout savoir de sa compagne Anne. À l’opposé, celle-ci aspire au grand départ, vers l’Angleterre. Cela Nick ne le comprend pas et la conception même de cette idée rend à ses yeux Anne « bizarre ». Adriano Valerio interroge ici la notion d’appartenance : pourquoi Nick est-il tellement attaché à son île et pourquoi Anne veut elle si fortement s’en défaire ? Quelles sont leurs motivations intimes ? Ils ont le même âge, vivent la même vie depuis leur naissance et pourtant, quelque chose se passe à ce moment-là de leur existence et les oppose. Nick est en proie au doute quant au départ mais également au retour imaginé d’Anne sur l’île.

Dans « 37°4S », la réalisation joue subtilement avec les personnages qui sont tantôt perdus dans un plan large où la nature semble les intégrer en elle telle une matrice, tantôt enserrés ensemble dans le cadre, très proches, ils composent alors une entité qui leur est propre. Ces variations d’échelles portent en elles les mouvements qui s’opèrent intellectuellement chez les personnages qui s’interrogent sur leur propre attachement.

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La fragilité de ce couple qui se questionne, c’est aussi celle des images. On passe à plusieurs occurrences d’une image nette et hyper réaliste à un flou dans lequel les personnages sont mouvants, s’évaporant presque. Le travail est ici presque tactile, on perçoit la matière de la brume humide qui plane sur l’île et qui fait écho à la ouate mentale qui perturbe l’esprit de Nick. Tout est sensible. Le travail sur le son de Nathalie Lamothe et Justine Tribout ainsi que la musique de Romain Trouillet concourent également à faire de « 37°4S » une expérience sensorielle intense comme peut l’être la vie sur Tristan Da Cunha.

Si ce court métrage paraît assez classique dans le thème abordé, il se dégage ici une atmosphère inédite liée au caractère insulaire du film. Les éléments comme les sensibilités semblent plus denses, plus fortes. Adriano Valerio réussit à nous transmettre avec beaucoup de délicatesse et de subtilité les émotions de ces personnages en proie à des questionnements intimes et pour autant universels.

Fanny Barrot

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Article associé : l’interview du réalisateur

Prochaine Soirée Format Court, jeudi 13 juin : Séance Spéciale Quinzaine des Réalisateurs

Jeudi 13 juin prochain, à 20h30, notre dernière séance de l’année s’articulera autour de la Quinzaine des Réalisateurs, section parallèle, indépendante, internationale et non compétitive du Festival de Cannes, mise en place par la Société des Réalisateurs de Films (SRF) en 1968. Cinq films, tous sélectionnés à la Quinzaine des Réalisateurs, seront projetés ce soir-là, en présence de nos nombreux invités : Laurence Reymond, chargée de la présélection des courts, Marianne Visier, Déléguée au court métrage à la SRF, Philipp Mayrhofer, Paul Bandey, François Martin Saint Léon (réalisateur, comédien et producteur de « Königsberg »), Maria Alexandra Marin et Frédéric Théry (assistante réalisateur et mixeur son de « Solecito »).

Découvrez au cours de cette soirée, organisée au Studio des Ursulines (Paris, 5ème), les vacances d’un bébé d’un an trash et fauché, le devenir d’un homme face à sa frustration et à ses fantasmes, la vie d’une enseignante chinoise, victime d’un système ayant décidé d’avance de son sort, la discrète solitude d’un homme au milieu de ses semblables, et une histoire d’amour solaire entre deux adolescents colombiens.

Programmation

Killing the Chickens to scare the Monkeys de Jens Assur (fiction, 23’, 2011, Suède/Thaïlande, Studio Jens Assur AB, Living Films)

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Synopsis : “Killing the Chickens to Scare the Monkeys” narre une histoire unique, jamais vue auparavant, empruntée à la vie quotidienne en Chine. Dans un espace grisâtre entre blanc et noir, neuf scènes fortes, qui montrent les conséquences imprévues de la politique nationale sur la vie d’une jeune femme.

Articles associés : la critique du film, l’interview du réalisateur

Königsberg de Philipp Mayrhofer (fiction, 18’, 2012, France, Ferris & Brockman). En présence de l’équipe

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Synopsis : M. Königsberg dirige une petite usine en province. Malgré sa vie satisfaisante, il est habité d’une sourde mélancolie et souffre de la réputation d’être mauvais chasseur. Quand il se rend à sa partie de chasse hebdomadaire, il décide de faire basculer son destin.

Article associé : la critique du film

Las Palmas de Johannes Nyholm (fiction/animation, 13’, 2011, Suède, Toppsegelsgatan 9)

Synopsis : Une dame d’âge moyen en vacances au soleil essaie de se faire de nouveaux amis et de passer du bon temps. Le rôle est tenu par une petite fille d’un an, les autres personnages sont interprétés par des marionnettes.

Solecito d’Oscar Ruiz Navia (fiction, 20’, 2013, Colombie, Danemark, France, Contravia Films). En présence de l’équipe

Synopsis : C’est au cours d’un casting dans leur établissement scolaire que les deux personnages de ce film ont rencontré le réalisateur. Chacun de leur côté, ils lui ont raconté l’histoire de leur rupture amoureuse. Et si la fiction leur permettait de se remettre ensemble ?

Articles associés : la critique du film, l’interview du réalisateur et du co-producteur

Fourplay : Tampa de Kyle Henry (fiction, 17’, 2011, Etats-Unis, A.O.K. Productions, C-Hundred Film Corp)

Synopsis : A Tampa, un homme en proie à une crise de confiance personnelle cherche satisfaction dans les toilettes d’un centre commercial. Une comédie qui mêle toilettes et gang-bang.

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En pratique

► Projection des films : jeudi 13 juin 2013, à 20h30. Durée du programme : 91’

► Studio des Ursulines : 10 Rue des Ursulines, 75005 Paris

► Accès : BUS 21, 27 (Feuillantines), 38 ou 82 (Auguste Comte), 84 ou 89 (Panthéon). Métro le plus proche: Ligne 7 – Censier Daubenton (mais apprêtez-vous à marcher un peu…), RER B Luxembourg (sortie rue de l’Abbé de l’Épée).

Entrée : 6 € !

► Réservations vivement recommandées : soireesformatcourt@gmail.com

T comme 37°4S

Fiche technique

Synopsis : De nos jours, à Tristan da Cunha : 270 personnes vivent sur cette petite île perdue au milieu de l’Océan Atlantique. Nick et Anne, deux adolescents, se connaissent depuis toujours, et sont amoureux depuis l’enfance. Mais Anne a choisi de partir étudier en Angleterre, à 6152 miles de Tristan.

Durée : 12′

Année : 2013

Pays : France

Genre : Fiction

Réalisation : Adriano Valerio

Chef opérateur : Adriano Valerio, Loran Bonnardot

Montage : Claire Aubinais

Montage son : Nathalie Lamothe

Mixage : Julie Tribout

Musique originale : Romain Trouillet

Mixage musique : Rémi Barbot

Etalonnage : Aline Conan

Interprétation : Riaan Repetto, Natalie Swain, Harold Green, Edwin Glass

Voix : Justin Green

Production : Origine Films

Articles associés : l’interview d’Adriano Valerio, la critique du film

Adriano Valerio : « Je voulais vraiment arriver comme une page blanche à Tristan Da Cunha pour essayer d’être le plus possible à l’écoute de cet endroit »

Présenté en compétition officielle au Festival de Cannes, lauréat depuis hier d’une Mention Spéciale, « 37°4S » est un court métrage tourné au bout du monde, sur une île où deux adolescents amoureux se confrontent aux questions de l’attachement et du départ. Adriano Valerio est parti sur l’île de Tristan Da Cunha pour tourner ce film et revient sur cette expérience inédite et bouleversante.

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Peux-tu nous expliquer d’où vient l’idée de ce projet tourné au bout du monde?

J’ai connu un médecin français qui travaille souvent dans des lieux incroyables comme en Antarctique ou au Yémen. Il était allé à trois reprises sur l’île de Tristan Da Cunha pour travailler à l’hôpital. Quand il m’a parlé de cette île, j’ai été fasciné comme la plupart des gens qui entendent parler de cet endroit. Cette fascination portait sur tout ce qu’il me rapportait au sujet des éléments naturels, de la puissance de la mer, du vent et des volcans. J’étais également très touché par les histoires qu’il me racontait sur la vie des habitants. Ils forment une communauté absolument extraordinaire. Il y a sur l’île une vraie dynamique d’entraide et de solidarité. Tout cela m’a donné envie de partir. J’étais alors dans un moment particulier de ma vie, j’avais envie de me détacher complètement de mon quotidien et puis je suis très intéressé par le voyage et ce qu’il entraîne comme recherche esthétique, personnelle et professionnelle. Je suis italien, je vis à Paris, j’ai vécu à Berlin, je donne des cours à Paris, Beyrouth et Casablanca… S’il y avait à ce moment-là un voyage à faire, c’était celui de Tristan Da Cunha.

Le film était-il écrit avant que tu arrives sur l’île ou celle-ci a-t-elle été le moteur pour le scénario ?

Quand j’ai débarqué sur l’île, l’idée était de faire de la recherche et d’écrire un scénario de long métrage sur place. Je ne voulais pas écrire de choses préconçues, je voulais éprouver l’île, passer le plus de temps possible avec les gens, voir leur quotidien et essayer de les connaître le mieux possible. C’est pour ça que j’y suis allé. Je suis resté un mois et demi. C’est le laps de temps le plus court que l’on peut rester sur l’île entre deux départs en bateaux.

J’étais donc là pour écrire le long métrage mais j’avais quand même pris avec moi une petite caméra dans l’idée de tourner quelques petites scènes de fiction pour, en quelque sorte, introduire l’idée d’un tournage sur l’île. Pendant longtemps je n’ai trouvé aucun comédien prêt à accepter le projet. En plus, je devais travailler en confiance avec les gens de l’île car j’étais là sur la recommandation du médecin et toutes les portes m’étaient ouvertes grâce à lui, je ne pouvais pas faire n’importe quoi.

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Quel a été l’élément déclencheur pour finalement tourner ce court métrage ?

À un moment donné, j’ai trouvé deux adolescents, c’est là que j’ai commencé l’écriture de mon scénario de court métrage. Je me suis vite aperçu qu’ils n’avaient pas envie de faire de répétitions comme le cinéma traditionnel de fiction l’impose d’une certaine manière. Ils n’avaient aucune envie d’apprendre les dialogues. C’était donc l’occasion de travailler avec cette contrainte particulière. Ça m’a vraiment poussé à changer les choses dans ma démarche de création. J’ai calé mon regard essentiellement sur le personnage de Nick.

C’était également un peu une course contre le temps car le bateau de retour allait arriver, la météo était très mauvaise et j’étais tout seul, donc j’ai tourné tous les rush en 7 ou 8 heures avec les comédiens. En italien, on appelle ça « Pedinamento » c’est une théorie du néo-réalisme. On prend un personnage à un moment de sa vie et on bâtit une histoire autour de lui.

Quand j’ai tourné j’avais très envie d’enregistrer la voix off de quelqu’un de l’île avec cet accent très particulier qu’ont les habitants. Je ne trouvais personne, cette voix off ne marchait pas avec le comédien de film. Au final, j’ai trouvé Justin qui a été formidable, il était très généreux et voulait vraiment faire ce travail mais il n’avait évidemment jamais fait ça et il était un peu tendu… Finalement on a enregistré dans ma cuisine le soir, et on a vraiment bu beaucoup pour qu’il puisse se détendre !

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Les conditions de tournage du film sont proches du documentaire et pourtant il s’agit bien d’une fiction, comment as-tu travaillé autour de ces frontières finalement assez poreuses ?

En ce moment je suis beaucoup dans la recherche. Beaucoup de gens m’ont demandé si mon film était un documentaire et je leur réponds que non. Je pense qu’il est très important de dire quand on est dans le documentaire ou dans la fiction, de ne pas laisser croire qu’il s’agit de documentaire si ce n’en est pas un. Il faut déclarer le dispositif. Mon film a plein d’éléments qui appartiennent au documentaire, à la vie réelle, mais le dispositif est fictionnel.

En ce qui concerne la jeune fille du film qui quitte l’île et son petit ami, on peut imaginer qu’il s’agit d’une situation réelle qui se pose pour les habitants. Est-ce que l’un d’entre eux t’a inspiré ?

Je me suis inspiré d’une jeune fille de l’île qui va partir bientôt au Cap (et non en Angleterre comme dans le film) mais elle n’a aucune envie de partir. En fait, elle m’a inspiré le personnage de la fille qui part mais aussi celui du garçon qui n’a pas envie de partir. Pour l’histoire du couple, je me suis rendu compte que sur l’île, la notion de famille était très importante, les liens sont très forts. Sur Tristan Da Cunha, le départ de quelqu’un est encore plus difficile à remplacer. Ta copine part, tu ne peux pas aller dans le village d’à côté rencontrer quelqu’un d’autre. L’’île est isolée, tu restes seul. C’est une histoire d’amour très classique mais l’enjeu du départ la rend plus particulière.

Quelles recherches avais-tu faites sur l’île avant d’arriver, en plus des récits de ton ami médecin ?

J’ai fait des recherches sur l’histoire de l’île, j’ai essayé de faire un exercice où je ne posais un regard ni anthropologique ni sociologique. Je voulais vraiment arriver comme une page blanche là-bas pour essayer d’être le plus possible à l’écoute de cet endroit. Je ne pense pas y être arrivé totalement, il aurait fallu encore passer plus de temps sur l’île mais la démarche était celle-là.

J’ai voulu respecter un maximum les habitants en choisissant de ne pas poser d’étiquette sociologique sur eux car l’île a beaucoup souffert. En 1961, il y a eu une éruption volcanique, les habitants ont dû partir en Angleterre et la presse les a très mal traités à ce moment-là. Il sont marqués par cela. Laurent, mon ami médecin, a gagné leur confiance et je devais la préserver pour pouvoir continuer à travailler avec ces personnes qui m’ont beaucoup touché. D’ailleurs, je suis très content car deux personnes de Tristan Da Cunha étaient à Cannes pour la projection du film.

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Peux-tu revenir sur les décors qui composent ton film ?

Sur l’île, l’espace social est le village, c’est vraiment l’espace de partage. Le volcan et la route sont des lieux de passage. J’ai découvert la piscine vide qui est dans le film sur place et même si je ne travaille pas beaucoup par métaphores – il y a plein de choses sur mes films que je découvre a postériori en général – les gens m’ont fait remarquer que c’était très fort d’avoir une piscine vide dans une île au beau milieu de l’océan. C’est une image qui me fascine au niveau esthétique mais que je ne veux pas souligner. Je déteste imposer des métaphores trop lourdes. On a déjà une histoire qui est un peu mélodramatique entre deux enfants donc j’ai beaucoup travaillé en écriture et au montage pour épurer le plus possible et plutôt travailler sur la soustraction pour ne pas surcharger cette histoire et échapper ainsi à toute mièvrerie.

Qu’implique pour toi cette sélection cannoise ?

C’est beaucoup. C’est évidemment un privilège de pouvoir montrer cette petite histoire dans cette salle devant ce public. Je ne cache pas que je n’ai aucune peur de la façon dont le film va être reçu. Avant, mes films étaient plutôt cérébraux, portaient sur mes propres histoires et du coup, se posait la question de ce qu’allaient ressentir les gens face à cela. Il s’agit de quelque chose de très intime. Avec ce film, je ressens une grande transparence dans ma démarche et je suis juste très content de pouvoir le montrer ici, de pouvoir partager cette histoire.

Quels sont tes projets? Où en es-tu de ton projet initial de tourner un long métrage sur l’île ?

Je suis actuellement en écriture avec un co-scénariste, Ezio Abbate. J’ai quasiment terminé un traitement. Il s’agira de l’histoire d’un sismologue qui sera confronté aux éléments naturels de l’île physiquement et mentalement.

Propos recueillis par Fanny Barrot

Article associé : la critique du film

Consultez la fiche technique du film

Pour information, « 37°4S » sera projeté à Paris, le jeudi 30 mai à 20h30 au Cinéma du Panthéon lors de la reprise des courts métrages en compétition au Festival de Cannes 2013

Dénes Nagy : « Je sens que je dois être ouvert à ce qui me touche »

Dénes Nagy est un réalisateur hongrois que nous avons rencontré à Cannes. Après avoir étudié l’Université d’Art Dramatique et Cinématographique de Budapest et avoir passé un an à la Berlin Film Academy (DFFB), il a réalisé « Lágy Eső », un film touchant sur l’adolescence et le passage difficile à l’âge adulte. Le film, sélectionné à la Quinzaine des Réalisateurs, est le fruit d’une coproduction entre trois pays : la Hongrie, la Belgique et la Suisse. Entretien autour de l’observation, de la proximité avec les personnages, du hasard et de la difficulté de création.

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Tu as étudié et tu continues à étudier le cinéma. Tu as eu une approche théorique hongroise et allemande. Qu’as-tu appris de ces différentes expériences ?

À Budapest, je me suis concentré sur le cinéma. Il y a une tradition très ancrée en Hongrie, celle de raconter des histoires par le biais d’images et non par des outils dramatiques, narratifs. Les jeunes réalisateurs locaux ont grandi dans cette tradition. Les films hongrois sont très forts visuellement mais narrativement, ils sont moins forts. J’ai suivi cette voie. Et en Allemagne, ça a été l’opposé. Les images n’y sont pas aussi importantes, les mouvements de caméra, par exemple, sont moins importants que les histoires et les personnages. Ce sont deux approches très différentes.

Est-ce que tes films ont été différents après tes études en Allemagne ?

Je pense, oui.

Les films hongrois accordent-ils une place importante à la réalité ?

Je ne trouve pas qu’ils soient si proches de la réalité. Parfois, il y a un lien avec le réel, mais il n’est pas très ancré. La proximité avec les personnages, la relation qu’ils nouent avec l’environnement, ce sont deux choses très importantes dans le nouveau cinéma allemand et dans le cinéma français, comme dans les films de Bruno Dumont.

Est-ce que c’est quelqu’un qui a beaucoup compté pour toi ?

Oui, je suis très surpris par la façon dont il filme les relations entre le paysage et les personnages et par la façon dont les visages et les paysages sont parlants, racontent déjà une histoire. C’est un vrai observateur.

Comment est né ton film ?

Le film est l’adaptation d’une nouvelle écrite par Sándor Tar, un très bon écrivain hongrois contemporain. L’histoire fait trois pages, j’ai écrit le scénario avec mon chef op, Tamás Dobos. On a fait beaucoup de changements mais ce qu’on voulait dès le départ, c’était la proximité avec la terre et des gens d’un seul et même lieu. J’ai choisi le lieu de tournage, dans l’est de la Hongrie, et on a trouvé les gens sur place, les bons visages parmi une vraie communauté de fermiers. Personne n’était professionnel. Ils étaient tous amateurs.

Qu’est-ce qui t’intéressait dans l’histoire de Sándor Tar ? L’esclavage, la difficulté d’aimer, d’être libre, d’être soi-même ?

C’est dur à dire (rires) ! Tout ce qu’il y a dans l’histoire d’origine sont juste des outils pour entrer dans le film, dans un monde. On me demanderait de quoi parle le film, je ne saurais pas quoi répondre. Je ne sais pas, je n’ai pas cherché un message, c’est venu de l’inconscient de mon chef op et de moi-même. Il n’y a pas d’indices, j’étais très intéressé par ce garçon, par ses sentiments. C’était la seule chose qui m’importait. Tout ce qu’il y a dans l’histoire d’origine sont juste des outils pour entrer dans le film, dans un monde.

As-tu vu « Csicska » d’Attila Till,, précédemment montré à la Quinzaine ?

Oui, le film est très différent. Je pense que c’est un film très classique, narratif, un peu politique, au contraire du mien.

Il me semble qu’ils rejettent tous les deux les êtes faibles.

Oui, à la différence près que dans « Csicska », c’est le sujet du film. Dans mon histoire, je ne me suis pas focalisé sur le fait que le garçon soit orphelin. « Csicska » répond à quelque chose qui se passe dans la société, ce n’est pas le cas du mien. Je veux juste être proche de mon personnage, c’est mon seul désir en tant que réalisateur.

Comment as-tu travaillé avec ces jeunes acteurs ?

Le but était de les trouver, pas de les créer (rires). Ma tâche à 99% était de dénicher les personnages qui portaient cette histoire en eux. En rencontrant les deux comédiens, on a beaucoup changé le scénario, on l’a adapté à eux. On a parlé, passé du temps avec eux, rejoint leurs centres d’intérêt.

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Est-ce que ça a été difficile d’y parvenir ?

Oui, d’autant plus qu’ils viennent tous deux d’un monde très différent, d’une région très pauvre en Hongrie. Pour moi, ce n’était pas simple d’avoir une sorte de double vie en allant là-bas chaque semaine. À la maison, à Budapest, j’avais tout. Là-bas, c’était bien différent.

À quoi ressemble leur vie ?

Les choses de base manquent, ils n’ont pas d’eau, pas d’électricité, pas d’argent, pas de travail. Des très choses très dures leur arrivent régulièrement. Ça ne détermine pas le film mais ça participe à leurs émotions.

Tu as fait bon nombre de documentaires et de courts. En as-tu fait parce que tu n’avait pas l’opportunité de faire des longs ?

Ce n’était pas si planifié, j’aimerais faire un long, pas juste pour faire un film. Des évènements, des rencontres sont arrivés dans ma vie, un peu par hasard, certains sont devenus des films. Je sens que je dois être ouvert à ce qui me touche. J’ai fait par exemple un documentaire sur un musicien de rue, rencontré dans le Berlin d’underground, la rencontre a déterminé le film. Ça arrive parfois comme ça…

Comment se fait-il que tu as eu besoin de coproducteurs belge et suisse pour « Lágy Eső » ? Tu n’as pas réussi à trouver suffisamment d’argent en Hongrie ?

Non, ce n’était pas facile. J’ai pu trouver un peu d’argent en Hongrie, mais même avec l’argent belge et suisse, ça représentait très peu d’argent, dans son ensemble (rires).

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Est-ce que ça devient de plus en plus difficile de faire des courts en Hongrie ?

Oui. Recevoir de l’argent devient presque impossible dans mon pays.

Comment les autres font-ils ?

L’école nationale de cinéma de Budapest finance les films, mais cela aide seulement les étudiants. On recevait de l’agent de la Fondation hongroise du film, mais elle a fermé en 2010. Je ne sais pas comment nous ferons à l’avenir. Heureusement, la chaîne de télévision HBO est là, elle finance encore des projets artistiques. Actuellement, je prépare un projet de long documentaire pour elle. Ça me permet de voir venir.

Encore une chose sur « Lágy Eső ». Le monde adulte y est très absent…

Oui. Je suis très intéressé par ce passage entre l’enfance et le monde adulte. Est-on encore enfant ou déjà un adulte ? Ou bien les deux ? Je ne pourrais pas encore faire de film sur les adultes, je ne suis pas encore prêt, ça me fait un peu peur. Plus tard…

… Quand tu auras grandi !

Oui, je fais encore des courts, je ne suis pas encore un adulte (rires) !

Propos recueillis par Katia Bayer

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Article associé : la critique du film

Cannes, la Palme d’Or du court métrage & les deux Mentions Spéciales

Le Jury du 66e Festival de Cannes, présidé par Steven Spielberg, a dévoilé ce soir son Palmarès lors de la Cérémonie de clôture. De son côté, Jane Campion (lire son interview) et son Jury ont distingué trois films parmi les neuf titres de la sélection courte.

Palme d’Or : SAFE réalisé par MOON Byoung-gon (Corée du Sud)

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Syn. : N’est-ce pas TROP prudent?

Mention Spéciale – Ex-aequo :

– HVALFJORDUR (Whale Valley / Le Fjord des Baleines) réalisé par Gudmundur Arnar GUDMUNDSSON (Danemark, Islande)

 

Syn . : Le film dépeint une relation étroite entre deux frères vivant avec leurs parents dans un fjord reculé. Nous pénétrons dans leur monde à travers le regard du plus jeune frère et nous l’accompagnons dans un voyage qui marquera un tournant dans leur vie.

Articles associés : l’entretien avec le réalisateur / la critique du film

– 37°4 S réalisé par Adriano VALERIO

Syn. : De nos jours, à Tristan da Cunha : 270 personnes vivent sur cette petite île perdue au milieu de l’Océan Atlantique. Nick et Anne, deux adolescents, se connaissent depuis toujours, et sont amoureux depuis l’enfance.
Mais Anne a choisi de partir étudier en Angleterre, à 6152 miles de Tristan.

Articles associés : l’interview du réalisateur et la critique du film

Le palmarès de la 16e édition de la Cinéfondation

Le Jury de la Cinéfondation et des courts métrages présidé par Jane Campion et composé de Maji-da Abdi, Nicoletta Braschi, Nandita Das et Semih Kaplanoğlu, a décerné vendredi après-midi les prix de la Cinéfondation lors d’une cérémonie salle Buñuel, suivie de la projection des films primés. La sélection comprenait 18 films d’étudiants en cinéma choisis parmi près de 1 550 candidats en provenance de 277 écoles dans le monde. « Le Jury a décerné les prix à l’unanimité et souhaite féliciter les réalisateurs et réalisatrices pour l’excellence et la maturité de leur expression cinématographique.»

Premier Prix : NEEDLE réalisé par Anahita Ghazvinizadeh – The School of the Art Institute of Chicago, États-Unis

Syn. : La jeune Lilly va se faire percer les oreilles. Une dispute entre ses parents envenime la situation qui prend une tout autre tournure…

Deuxième Prix : EN ATTENDANT LE DÉGEL réalisé par Sarah Hirtt – INSAS, Belgique

Syn. : Une fratrie désunie se retrouve lors d’un déménagement. L’ambiance est électrique. Valéry, Victor et Vincianne prennent la route sans se douter que des embûches vont parsemer leur voyage… Le film interroge l’évolution d’une mésentente fraternelle au cœur d’une situation critique et décalée.

Troisième Prix ex aequo: ÎN ACVARIU (In the Fishbowl) réalisé par Tudor Cristian JURGIU – UNATC, Roumanie

Syn. : George et Christina font de leur mieux pour rompre mais ils semblent avoir un peu de mal à y parvenir.

Troisième Prix ex aequo : PANDY (Pandas) réalisé par Matúš VIZÁR – FAMU, République Tchèque

Syn. : Ils sont le produit de millions de générations précédentes et doivent pourtant se débrouiller tout seuls dans la forêt. Un jour un primate bien trop actif, l’être humain, les trouve et ils deviennent vite une source de jeu pour l’homme.

Les prix sont accompagnés d’une dotation de 15 000 € pour le premier, 11 250 € pour le deuxième et 7 500 € pour le troisième.
Le lauréat du premier prix a également l’assurance que son premier long-métrage sera présenté au Festival de Cannes.

Cannes Courts, reprise des courts métrages en compétition au Festival de Cannes 2013

Bonne info. Le Cinéma du Panthéon organise la semaine prochaine la reprise des courts métrages en compétition au Festival de Cannes 2013. La projection aura lieu le jeudi 30 mai à 20h30, en présence des réalisateurs et des membres du jury. Elle sera suivie d’un verre au Salon du Panthéon.

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Infos

Tarif unique : 6 €. Cartes illimitées non acceptées.

Réservations : courtscannes2013@gmail.com

Cinéma du Panthéon
13 rue Victor Cousin, 75 005 Paris
www.cinemadupantheon.fr
tél : 01 40 46 01 21

Quinzaine des Réalisateurs, Prix Illy du court métrage

Après avoir récompensé « The Curse » de Fyzal Boulifa l’an passé, la marque Illy profite à nouveau de la visibilité de Cannes pour remettre  un nouveau prix à la Quinzaine des Réalisateurs : le Prix Illy du court métrage. Deux films de la sélection ont ainsi été récompensés par le Jury composé de Leïla Kilani, Isabelle Régnier, Lucia Dore-Ivanovitch, Carlo Bach et Louis Garrel (president).

Prix Illy : Gambozinos de João Nicolau (Portugal)

Mention spéciale à Pouco mais de um mês (Un peu plus d’un mois / About A Month) d’André Novais Oliveira (Brésil)

Article associé : la critique du film

52ème Semaine de la Critique, le palmarès des courts

En attendant de découvrir la Palme d’Or demain, les différentes sections cannoises ont sorti leurs palmarès respectifs. Commençons avec la Semaine de la Critique qui a dévoilé ses deux prix du court. Pour rappel, le Jury était composé de Mia Hansen-Løve (Présidente), Brad Deane, Savina Neirotti, Johannes Palmroos & Lorna Tee.

Prix Découverte du court métrage : Come and Play de Daria Belova (Allemagne)

Syn. : Berlin. Grisha, un petit garçon Germano-Russe s’amuse à jouer avec un pistolet en bois. Plus il joue, plus il s’enfonce dans une réalité alternative. Les frontières entre le présent et le passé s’estompent. Des images d’un Berlin d’hier apparaissent; les rues et les immeubles marqués des années de guerre. Tout à coup, il se retrouve plongé dans un cauchemar d’une autre ère.

Prix Canal+ : Pleasure de Ninja Thyberg (Suède)

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Syn. : Dans les coulisses du tournage d’un film pornographique, les acteurs s’entraînent à adopter différentes positions. Une rumeur circule comme quoi l’une des actrices ferait un ”double anal”, une pratique assez exigeante et difficile. Un film surprenant qui se déroule sur un lieu de travail bien particulier.

S comme Swimmer

Fiche technique

Synopsis : Un jeune homme traverse à la nage les lacs et les rivières de Grande-Bretagne sur un assortiment de musiques nationalistes…

Genre : Fiction

Pays : Royaume-Uni

Année : 2013

Durée : 17′

Réalisation : Lynne Ramsay

Image : Natasha Braier

Directeur artistique : Kristine Maj De Neergaard

Montage : Adam Biskupski

Musique : Lucy Bright, Rory Kinnear

Interprète : Tom Litten

Production : Warp Films

Article associé : la critique du film

Swimmer de Lynne Ramsay

La solitude du nageur des profondeurs

« Swimmer » est un film réalisé par Lynne Ramsay (« We need to talk about Kevin »), qui a signé par le passé trois autres courts métrages dont deux ont remporté le Prix du Jury (Court métrage) au Festival de Cannes : « Small Deaths » (1996) et « Gasman » (1998). Elle revient au format court en tournant un des quatre films célébrant les Jeux Olympiques de Londres de 2012. Déjà récompensé par le BAFTA 2013 du meilleur court métrage, « Swimmer » vient d’être sélectionné à la 44ème Quinzaine des Réalisateurs.

Un nageur voyage à travers les voies navigables de la Grande-Bretagne, des sons et des images reflètent ses pensées, ses rêves et ses souvenirs. Émergeant des profondeurs, cet être infatigable parcourt un fleuve sans fin. Au fil de l’eau, il traverse un pays imaginaire peuplé d’apparitions furtives et de sons étranges.

C’est un noir et blanc beau comme un vers de Keats que nous offre Natasha Braier, la directrice de la photographie du film. Portés par cette atmosphère propice à la contemplation, les ralentis très stylisés des bras du jeune homme fendant l’eau confèrent une certaine torpeur à l’image, offrant encore plus d’écho à la musique et aux sons qui entourent le nageur.

Mais la réalisatrice de « Ratcatcher » a autre chose en tête. Elle ne se contente pas de filmer un improbable éloge du crawl à travers la campagne anglaise, elle nous propose ici un hommage poétique et sincère au cinéma britannique. En filmant Tim Litten parcourir à la nage les rivages anglais, elle nous invite par la même à revisiter quelques uns des plus grands films anglais.

« Swimmer » s’ouvre avec la musique tambour-battant du film de Peter Brook « Lord of the Flies » (Sa Majesté des Mouches), le nageur rejoint alors la surface. Des voix chuchotent sur la terre, il tend l’oreille, l’aventure commence. Des enfants tout droit sortis du livre de William Golding se mettent alors à l’attaquer. Il parvient malgré tout à leur échapper, la nuit tombe et la ville lui apparaît froide et inhospitalière. Il disparaît sous un pont puis se met à marcher sur les berges, il voit alors apparaître un manège dévasté. La musique du film « If » de Lindsay Anderson retentit dans l’air, intense et violente, comme un écho à la fureur de ce film-manifeste de la contre-culture des années 60.

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Le nageur se débat dans l’eau comme sur terre pour dissiper la confusion qui règne en lui. Puis la tempête retombe, le calme revient avec la grâce de la voix bienveillante de Tom Courtenay au début du film de Tony Richardson « The Loneliness of the Long Distance Runner » (La solitude du coureur de fond). Le nageur reprend sa route, apaisé au milieu d’une eau calme. Il finit alors sa course au milieu d’une eau paisible, les yeux vers le ciel ; et replonge dans les méandres du fleuve.

C’est un certain regard, une certaine vision du cinéma et de l’Angleterre dont témoigne Lynne Ramsay dans « Swimmer ». Tandis que le nageur explore le cinéma indépendant anglais, elle nous fait partager quelques unes des influences qui ont marqué profondément son propre cinéma.

Julien Beaunay

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Olena d’Elżbieta Benkowska

Nouvelle donne

Sous l’apparence de la sagesse se cache parfois une vitalité surprenante, une précieuse énergie prête à rompre avec l’ordre des choses. Au fond, ce n’est pas seulement au personnage d’Olena qu’on pourrait appliquer cette puissance dissimulée, mais au court métrage éponyme d’Elżbieta Benkowska dans son ensemble, tout premier film polonais à concourir à la Palme d’or dans sa catégorie courte. En empathie avec le personnage principal, la mise en scène apparemment classique dévoile une intrigue chargée de détails puissants et subtils. Voici la situation de base : un jeune coupe d’Ukrainiens, traversant la Pologne pour atteindre la Suède, perdent leurs passeports. Ce n’est pas seulement un voyage qui nous est donné à voir mais l’histoire d’une réorientation, celle d’une cassure à partir de laquelle s’ouvre un nouveau champ. Au cours de la traversée, il s’agit donc de prendre conscience de la valeur de la frontière comme seuil géographique, linguistique et existentiel.

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Dans « Olena », la ville de Gdańsk apparaît d’abord comme l’espace d’une banale traversée : alors qu’ils atteignent la ville en train depuis l’Ukraine dont ils sont originaires, Olena et Dima se font dérober leur portefeuille qui contient leurs passeports. Le voleur finit par jeter celui-ci sur la voie, laissant les deux protagonistes dans le désarroi. Comment peuvent-ils poursuivre le voyage sans leurs papiers ? Ils tentent de s’adresser aux autorités à leur arrivée, en vain. La caméra prend le temps d’aborder les regards qu’échangent les personnages, de laisser les dialogues intimes poindre progressivement. Tout aussi subrepticement émerge la raison de leur périple : Dima est toxicomane, ce voyage est celui de la dernière chance non seulement pour lui mais aussi pour son couple. Olena, interprétée par la captivante Oksana Terefenko, fait face à la situation avec un mélange d’espoir et de fragilité.

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Cependant, la suite des événements va bousculer petit à petit la traversée des personnages. Certes, ils trouvent un agent de police pour les emmener sur les lieux où ils pensent pouvoir retrouver le portefeuille. Mais, dans son coin, Dima retouche à la drogue. « La dernière fois », dira-t-il plus tard. En fait, il s’agit d’une fois de trop. De son côté, Olena et l’agent de police polonais se parlent. À ce moment de l’histoire, même si cela n’est pas totalement perceptible par le spectateur, le trajet prend une autre forme. Comme si la ligne se débattait avec le point. Et un point, c’est tout, c’est l’événement qui rompt avec la prévision. D’ailleurs,dans ce film, visuellement les éléments se composent de formes longilignes (les voies ferrées interminables) et ponctuelles (les personnages); le plan distancié où Olena traverse le viaduc révèle cette combinaison. Même s’ils remettent la main sur le portefeuille, Olena comprend que Dima a rompu leur pacte secret. Ils décident tout de même de partir vers le port et de s’embarquer pour la Suède.

Finalement, Gdańsk devient le théâtre d’une nouvelle donne. Alors qu’ils sont dans le couloir pour atteindre le ferry, Olena ralentit le pas jusqu’à stopper sa marche. Son regard dit tout : la perte de confiance, la difficulté de la décision et l’évidence de la rupture. Dima poursuit son chemin. La ville qui ne devait être qu’un couloir vers l’au-delà s’apparente alors à un berceau du pour-soi. Face à l’eau visible et extérieure de la Mer Baltique, Olena fait le choix de la césure, et voit surgir depuis l’intérieur le liquide de l’angoisse et de la liberté. La mise en scène fixe ce moment avec une grande simplicité, rendant désormais palpable la réalité épaisse et imbrisable des sentiments. Pendant que les larmes d’Olena perlent sur ses joues, le point l’emporte donc sur la ligne. Ouvrant ainsi une nouvelle ère, la définition de nouvelles conditions et d’un potentiel abandon.

Mathieu Lericq

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Pour information, « Olena » sera projeté samedi 25 mai à 11h, salle Debussy, et à 17h, salle Buñuel, dans le cadre de la projection des courts métrages en compétition

O comme Olena

Fiche technique

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Synopsis : Un couple de jeunes Ukrainiens, Olena et Dima, traversent la Pologne pour atteindre la Suède. Dans le train, on tente de leur voler leur portefeuille, contenant leurs passeports. L’un des voleurs jette finalement le portefeuille sur la voie. Dès lors, ils se lancent à la recherche du porte-feuille, sans lequel prendre le ferry semble bien compromis. Progressivement la lumière se fait sur la raison de leur périple.

Pays : Pologne

Année : 2013

Genre : Fiction

Durée : 17 min

Réalisation : Elżbieta Benkowska

Scénario : Elżbieta Benkowska

Photographie : Sławomir Witek

Montage : Elżbieta Benkowska

Décors : Marta Grabicka

Costumes : Aleksandra Przyłuska

Musique : Alejandro Bermudez Pascual

Assistant de production : Joanna Pultyn

Interprétation : Oksana Terefenko, Igor Aronov, Sebastian Perdek, Krzysztof Gordon

Production : Leszek Kopeć

Article associé : la critique du film

Océan d’Emmanuel Laborie

Sélectionné à la 52e Semaine de la Critique, « Océan » d’Emmanuel Laborie montre la fin d’une enfance. Période si précieuse de notre vie, moment d’innocence et de découverte qu’Emmanuel Laborie réussit si bien à décrire à travers ce film qui mêle la douceur des souvenirs de vacances à la violence de la prise de conscience de l’âge adulte.

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Nous suivons le quotidien d’une famille moyenne, à la fin des années 70, durant leurs vacances au bord de l’océan, à travers le regard de Jean, un enfant d’une dizaine d’années. Le film prend la forme d’une boucle, démarrant sur le trajet en voiture à destination du lieu de vacances, et se termine sur le trajet de retour, également en voiture. Au centre de cette boucle, il y a les vacances qui marquent un retournement, une évolution déterminante dans la vie de Jean.

Effectivement, durant cet été 1979, Jean est confronté à deux évènements assez brutaux pour lui. En premier lieu, les disputes constantes entre ses parents lui font se rendre compte que l’amour n’est plus là au sein de ce couple logiquement inébranlable aux yeux d’un enfant. Ensuite, Jean assiste à la mort par noyade d’un homme rencontré sur la plage, face à laquelle les adultes ne savent finalement pas réagir.

Michaël Abiteboul et Julia Faure, interprétant les parents de Jean, sont assez incroyables de sensibilité et de crédibilité. D’un côté, il y a ce père plutôt autoritaire, mais qu’on découvre terriblement attentionné et protecteur lors des séquences du train fantôme et du trajet de retour dans la voiture. De l’autre côté, il y a la mère, femme libérée, si douce et si sensible lors de la perte du petit frère Julien et lors de l’application de la crème après-solaire. En soi, des parents idéaux aux yeux de Jean, qu’il n’a aucunement envie de voir se séparer, d’où son envie de ne jamais rentrer de vacances puisque la fin de l’été marquera malheureusement plus qu’une simple rupture. On est d’ailleurs singulièrement touché par ces scènes où Jean se retrouve avec, alternativement, un seul de ses parents, comme s’il se sentait si impuissant face à la situation et qu’il tâchait par conséquent de conserver à jamais ces moments ensemble.

Quant à la confrontation de l’enfant à la mort, l’expérience est vécue en deux étapes successives : la première comme un jeu, celui d’évoquer la fin de la vie à cause d’une brûlure de méduse et de s’amuser avec le mollusque sanss savoir que l’animal respire encore. La deuxième comme une réalité subie, celle de la noyade de Carlos, le voisin de plage, sous les yeux de Jean. Le moment est vécu de manière encore plus difficile voire incompréhensible pour Jean, tant ses propres parents ont finalementbien peu d’empathie pour la fille de Carlos, devenue orpheline, si bien que l’enfant ne sait pas trop comment réagir face à un acte aussi grave.

Ce qui marque finalement ce film réside dans les scènes du quotidien qu’a choisi de filmer Emmanuel Laborie. Elles sont d’un réalisme rare, les dialogues sont très justes et la musique d’Émilie Loizeau amplifie toute la poésie de ce court métrage. Face à ces instants de vie, on ressent une émotion et une proximité telles qu’on éprouve le désir que le film ne se termine jamais tant le réalisateur touche finalement à nos propres souvenirs d’enfance.

Camille Monin

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O comme Océan

Fiche technique

Synopsis : À travers le regard de Jean, un enfant d’une dizaine d’années, nous partageons le quotidien d’une famille en vacances à l’océan. Cet été-là, à la fin des années 70, Jean réalise que son père et sa mère ne s’aiment plus. Soudain, la famille est confrontée à la mort. Jean découvre l’ambivalence de la vie, sa violence, la faiblesse des hommes. Dans la voiture qui roule de nuit, la fin des vacances est chargée de nouvelles questions, d’angoisses, de quelque chose comme la fin de l’enfance.

Genre : Fiction

Durée : 31′

Pays : France

Année : 2013

Réalisation : Emmanuel Laborie

Scénario : Emmanuel Laborie

Image : Alfredo Altamirano

Montage : Emmanuel Laborie

Son : Didier Baulès, Philippe Grivel

Décors : Arnaud Lucas

Musique : Émilie Loizeau

Interprétation : Adam Lenglen, Julie Faure, Michael Abiteboul

Production : Takami Productions

Article associé : la critique du film

Going South (Vers le Sud) de Jefferson Moneo

Martha a vécu toute sa vie dans un ranch des hautes plaines canadiennes. Maintenant que sa mère n’est plus là et que son ivrogne de père a vendu son cheval, il ne reste plus grand chose pour la retenir. « Going South » (Vers le Sud), le film de Jefferson Moneo, en compétition à la Cinéfondation 2013, dresse le portrait d’une nation en mouvement, et d’une jeune femme au regard triste, un regard tourné vers l’horizon.

« Going South » s’ouvre sur une vente aux enchères et annonce le cadre : l’univers masculin des cowboys, des plaines à perte de vue et l’ennui d’une jeune femme qui, face à son miroir ou à un inconnu, se prend à rêver d’une autre vie. Les paysages sont à couper le souffle et la lumière de cette région du Canada est sublimée, offrant des plans dignes d’un grand western. Tandis que Martha trompe son ennui par des aventures sexuelles insignifiantes dans un camion en pleine nature, le coucher de soleil qui se profile à l’horizon offre la perspective d’un monde bien plus vaste, d’un ailleurs plein de promesses. La possibilité d’un avenir plus attrayant se concrétise alors par l’arrivée de ce sombre inconnu, qui déclare se diriger « vers le Sud ».

Les paysages, le mouvement des personnages en transit, sont la projection de toute une imagerie nord-américaine que le jeune réalisateur Jefferson Moneo réinvestit pour évoquer son territoire d’origine, les plaines du Canada, et peut-être sa propre migration vers les Etats-Unis. Le film joue sur le contraste entre l’enfermement, mis en scène dans les séquences d’intérieur et représenté également par les hommes qui entourent Martha, et l’aspiration à la liberté, la perspective d’un envol, symbolisées par les paysages et une route, filmée à travers le pare-brise d’une voiture, qui s’étend à perte de vue.

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Confrontés à ces images, on songe à de nombreux films américains qui mettent en scène l’errance de personnages fuyant leur quotidien à la poursuite du rêve américain : « La Balade sauvage » de Terrence Malick, « De si jolis chevaux » de Billy Bob Thornton (adaptation du roman éponyme de Cormac MacCarthy) ou encore « Thelma et Louise » de Ridley Scott ainsi que de nombreux autres films évoquant la traversée des frontières. Concept très cinématographique, la frontière permet de jouer sur les limites du cadre et de l’espace filmique, le déplacement, les symboles, comme le fait Jefferson Moneo dans sa mise en scène, ses choix de cadrages, alternant espaces confinés de la famille et du lieu social avec espaces naturels, ceux de la liberté et de l’épanouissement.

« Going South » est la preuve que ce thème continue à inspirer les cinéastes d’aujourd’hui et que le genre, si tant est que l’on puisse parler de « border movie » comme on parle de « road movie », peut encore donner lieu à d’autres écritures, mettant ici en scène Shana Dowdeswell qui offre une interprétation touchante de cette jeune Canadienne portant en elle toute la nostalgie d’une nation toujours en quête de l’au-delà, prête à dépasser les frontières.

Agathe Demanneville

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Pour information, « Going South » sera projeté dans le programme 4 de la Cinéfondation , le vendredi 24 mai, à 11 h (salle Buñuel)