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Fenêtre sur le court documentaire bangladais

Pour sa 5ème édition, le Millenium International Film Festival s’est offert un programme de 7 films entièrement consacrés au cinéma du Bangladesh. Pays de 150 millions d’habitants, l’ancien Pakistan oriental compte parmi sa production cinématographique quelques perles documentaires d’une qualité surprenante, dont trois réalisées par une même cinéaste, Yasmine Kabir.

My Migrant Soul de Yasmine Kabir

Yasmine Kabir est de ces cinéastes pour qui cinéma rime avec engagement. Amoureuse de son pays natal, elle en révèle les failles avec humanisme et ferveur. Au départ de « My Migrant Soul », il y a une histoire individuelle, celle de Shah Jahan Babu, un jeune homme parti travailler en Malaisie avec l’espoir d’améliorer son futur et celui de sa famille. Mais au lieu de trouver un accueil chaleureux, il n’y a rencontré que désillusion et misère liées à une condition de vie innommable qui le vit rentrer au pays dans un « joli » cercueil. Touchée par ce fait-divers, Yasmine Kabir a décidé de retrouver les traces de Shah Jahan Babu afin de donner une voix à tous ces travailleurs anonymes qui chaque jour, risquent leur vie dans le sillon de l’esclavage moderne. Pour appuyer son propos, elle se sert des enregistrements vidéo que le Bangladais avait envoyés à sa famille. La réalisatrice mêle ceux-ci aux témoignages de la mère et de la sœur du jeune homme auxquels elle ajoute des plans filmés en Malaisie. Ainsi, on suit sa descente aux enfers. Grâce à cette narration à la fois classique et singulière, Kabir arrive à nous faire ressentir la solitude et l’isolement de Shah Jahan, victime d’un système socio-économique où « tout est à vendre » et où l’âme humaine, en revanche, ne vaut rien.

A Certain Liberation de Yasmine Kabir

« A Certain Liberation » dresse le portrait de Gurudasi Mondol, jeune paysanne qui, suite à la guerre de libération de 1971, sombre dans la folie lorsque toute sa famille est assassinée sous ses yeux par les Razakars (des collaborateurs pro-Pakistan). Dès les premiers instants, la caméra à l’épaule de Yasmine Kabir suit les pérégrinations de Gurudasi dans les ruelles étroites et chaotiques de Kopilmoni. L’image tremblante met mal à l’aise et suggère la nécessité de filmer cette femme, de retracer son terrible passé. Des chemins de terre au logis de Gurudasi, la cinéaste aime montrer à quel point celle que l’on considère comme la « folle » est devenue une légende dans son village et sa folie lui confère des laissez-passer dans la société bangladaise qu’aucune autre femme n’aurait le droit d’avoir: armée de son bâton, elle frappe les hommes, leur vole de l’argent, leur hurle des injures sans qu’ils n’osent protester. Ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre, Gurudasi s’expose et s’exhibe, sans aucune gêne, comme seule la folie le permet. Mais plus tard, quand elle se raconte et se dévoile fragilement, la caméra de la documentariste se fixe enfin. C’est une femme blessée et vulnérable qui, sous ses airs d’insoumise, s’offre pudiquement au regard du spectateur. Et pour un instant, la douce folie fait place à une froide lucidité et à une immense tristesse. « A Certain Liberation » traite de la cruauté des Hommes, de la folie d’une femme, et du manque de liberté aussi. Ironie du sort, en sombrant dans la folie, Gurudasi semble avoir symboliquement traversé les frontières de toute soumission.

The Last Rites de Yasmine Kabir

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Troisième et dernier documentaire de Yasmine Kabir présenté dans ce panorama sur le Bangladesh, « The Last Rites » se veut être un poème visuel, une ode muette à ces milliers de travailleurs des chantiers de démolition de navires de Chittagong qui, par leurs efforts physiques, travaillent nuit et jour au milieu des déchets toxiques, des restes de navires, de la poussière d’amiante pour un salaire de misère. Si les deux films précédents s’attachent à raconter l’histoire d’un individu et n’hésitent pas à filmer le personnage (ou sa famille) de près, pour « The Last Rites », Yasmine Kabir reste volontairement distante. L’homme a dès lors perdu son individualité, sa particularité pour ne devenir qu’une masse mouvante et anonyme, un ensemble, une machine. Le son plus dysharmonique que cohérent, renforce le décalage avec l’image et permet une vraie réflexion sur le rapport de force et de pouvoir des uns par rapport aux autres. Visuellement interpellant, « The Last Rites » apparaît dès lors comme une efficace diatribe contre la pensée politico-économique dominante.

The Projectionist de Shaheen Dill-Riaz

Dans le cadre d’un projet pour la télévision allemande, Shaheen Dill-Riaz a réalisé « The Projectionist », un court métrage documentaire sur Rakib, un enfant de 7 ans. Le film retrace une journée de sa vie, du lever au coucher. Partagé entre l’école, la famille et la salle de projection d’un cinéma de quartier où il apprend le métier de projectionniste, il connaît les répliques du grand acteur de Bollywood, Shahrukh Khan par cœur. Et dans la moiteur des soirées bangladaises, la magie du cinéma permet à tout un chacun d’oublier ses problèmes le temps du film. Shaheen Dill-Riaz porte un regard tendre et complice sur Rakib, sans jamais outrepasser les frontières du voyeurisme. Avec subtilité, il arrive à dessiner l’essence d’une enfance en quête de rêves tout en la plaçant dans la plus commune des routines. Un joli pari réussi !

Marie Bergeret

Consultez les fiches techniques de « My Migrant Soul », « A Certain Liberation », « The Last Rites » et « The Projectionist »

P comme The Projectionist

Fiche technique

Synopsis : Dans une petite ville portuaire, Rakib, sept ans, découvre une bobine de film en 35 mm. Il apprend rapidement à faire fonctionner un projecteur et à l’âge de dix ans, il travaille déjà comme projectionniste. Depuis, il jongle entre l’école, le cinéma et son foyer. À la maison, il réussit à garder un esprit enfantin, malgré les conflits permanents entre ses parents et ses frères et sœurs. Par contre, au cinéma, tant que le projecteur tourne, tout va bien. Mais souvent, les bobines s’emmêlent, des pannes d’électricité surviennent et le public se fâche. Or le film doit se poursuivre, sinon ce qui reste de son enfance s’envolera.

Genre : Documentaire

Pays : Allemagne/Bangladesh

Année : 2012

Durée : 29’

Réalisation : Shaheen Dill-Riaz

Directeur de la photo : Shaheen Dill-Riaz

Montage : Andreas Zitzmann

Son : Rebekka Kaufmann

Production : Mayalok Film Production

Article associé : Fenêtre sur le court documentaire bangladais

L comme The Last Rites

Fiche technique

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Synopsis : Ce film muet nous emmène dans les chantiers de démolition de navires à Chittagong. Chaque année, des milliers de personnes à la recherche d’emploi viennent y risquer leur vie, entre poussière d’amiante et déchets toxiques.

Réalisation : Yasmine Kabir

Genre : Documentaire

Pays : Bangladesh

Année : 2008

Durée : 17’

Directeur de la photo : Yasmine Kabir

Montage : Yasmine Kabir

Production : Yasmine Kabir

Article associé : Fenêtre sur le court documentaire bangladais

C comme A Certain Liberation

Fiche technique

Synopsis : Pendant la guerre de libération de 1971, Gurudasi Mondol sombra dans la folie lorsque toute sa famille fût assassinée sous ses yeux par des collaborateurs pro-Pakistan, les Razakars. À présent, elle erre dans les rues de Kopilmoni, une petite ville rurale, à la recherche de tout ce qu’elle a perdu. Indifférente à l’autorité et au mépris, elle vole à son gré les étrangers et s’introduit dans des espaces normalement réservés aux hommes. Sa folie n’est autre qu’une stratégie de survie. Pourtant, à Kopilmoni, Gurudasi est devenue une légende. Grâce à sa personnalité indomptable, elle maintient vivant l’esprit de la guerre de libération.

Réalisation : Yasmine Kabir

Genre : Documentaire

Pays : Bangladesh

Année : 2003

Durée : 38’

Directeur de la photo : Yasmine Kabir

Montage : Yasmine Kabir

Son : Tarun Bharatiya

Production : Yasmine Kabir

Article associé : Fenêtre sur le court documentaire bangladais

M comme My Migrant Soul

Fiche technique

Synopsis : Shah Jahan Babu est un jeune travailleur bangladais émigrant en Malaisie à la recherche d’un emploi. Après avoir vendu sa seule parcelle de propriété, le jeune homme arrive dans ce pays d’accueil. Mais il n’y découvre que désillusions, misères et frustrations. Et les conséquences de ce choix finissent prennent une tournure tragique. Son histoire met en lumière la situation désespérée d’innombrables travailleurs immigrés à notre époque, qui subissent le poids des ambitions de ceux ayant choisi de tirer profit du trafic d’êtres humains.

Genre : Documentaire

Pays : Bangladesh

Année : 2000

Durée : 35’

Réalisation : Yasmine Kabir

Directeur de la photo : Yasmine Kabir

Montage : Yasmine Kabir

Son : Tarun Bharatiya

Producteur : Yasmine Kabir

Article associé : Fenêtre sur le court documentaire bangladais

Court Métrange 2013, les premiers éléments

Du 17 au 20 octobre 2013, Court Métrange, le festival international du court métrage insolite & fantastique de Rennes, fêtera ses 10 ans. Cette édition anniversaire, placée cette année sous le thème du Monstre et des monstruosités, dévoile  déjà une partie de sa programmation. Format Court, partenaire du festival depuis trois éditions, y remettra un nouveau Métrange du Format Court et y bénéficiera d’une carte blanche, en prévision de son 5ème anniversaire.

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Compétition internationale

Sur 1200 courts métrages en provenance du monde entier, une soixantaine seront sélectionnés – principalement des films inédits ou en avant-premières -, en présence des réalisateurs invités.

Méliès d’argent

Seul festival de court métrage a avoir été admis au sein de lʼEFFFF – European Fantastic Film Festivals Federation, Court Métrange désignera pour la première fois cette année un Méliès dʼargent au meilleur film européen en compétition. Ce film concourra pour le Méliès dʼor, décerné au Festival International du Film Fantastique de Sitges (Catalogne) en 2014.

Autres événements

Pitch-dating, séances thématiques « Monstre & monstruosités » et « Séance aux Cultes », focus sur le court métrage fantastique Suisse avec le NIFFF, Festival international du film fantastique de Neuchâtel, cartes blanches à Benjamin Leroy pour Make it Short et à Format Court pour les 5 ans du site & bal des Monstres en clôture du festival.

Plus d’infos sur le site du festival : http://www.courtmetrange.eu/

Autour du lac de Carl Roosens et Noémie Marsily

La ronde des jours

« Autour du lac » est un film qu’on ne voit pas venir et qui nous fait marcher. Avant d’avoir compris ce qui s’y passe, les mots déclamés de Carl Roosens (dessinateur, vidéaste, auteur et chanteur) résonnent dans nos têtes pour ne plus en sortir.

Certains ne pourraient y voir qu’un clip, pourtant « Autour du lac » va plus loin et propose un vrai dialogue entre musique et dessin. Cet habile mélange joyeusement torturé de crayons et de feutres sur papier donne à la musique de « Carl et les hommes boîtes » un vrai supplément d’âme. Le trait faussement naïf du dessin laisse poindre à la surface une certaine poésie qui lorgne vers l’absurde. Tandis que la voix envoûtante de Carl Roosens nous enveloppe, le personnage central se lève de son banc et commence sa ronde autour du lac. Il y croise des joggeuses, des passants et toutes sortes d’amateurs de promenades dominicales. À leur contact, cet homme qui marche décèle dans ce qui l’entoure des signes inquiétants qui finissent par envahir l’espace, transformant toute ce beau monde en monstres peu ragoûtant.

Dans cette fresque incongrue, on reconnaît bien la patte du tandem Carl Roosens/Noémie Marsily. Ils n’en sont pas à leur coup d’essai puisqu’ils ont déjà réalisé ensemble « Caniche » (2010) et s’apprêtent à réaliser une série intitulée « Moustique » (dont le pilote est en ligne) Dans chacune de ces réalisations, on retrouve ce ton enlevé et cette même tendresse tourmentée qui fait à la fois sourire et gamberger.

« Autour du lac » est le premier extrait de « La Paroi de ton Ventre », le second album de « Carl (Roosens) et les hommes boîtes ». Projeté mercredi soir au Forum des images, le film vient tout juste de recevoir le Prix Canal+ aide à la création pour un court métrage au dernier Festival d’Annecy.

Julien Beaunay

Consultez la fiche technique du film

A comme Autour du lac

Fiche technique

Synopsis : Le souffle d’une joggeuse, une fourmilière éventrée, une flaque, des tartines abandonnées sur un banc, un écureuil, autant de bribes de vie qui nous invitent à marcher autour du lac.

Genre : Animation

Pays : Belgique

Durée : 5’5″

Année : 2013

Réalisation : Carl Roosens, Noémie Marsily

Musique : Emmanuel Coenen, Pascal Matthey, Cédric Manche, Carl Roosens

Son : Robin Marsily

Production : Zorobabel, Carl Roosens, Noémie Marsily

Article associé : la critique du film

Festival national du film d’animation, appel à films

Le Festival national du film d’animation, créé en 1983 par l’Association française du cinéma d’animation, est la vitrine annuelle de la production française contemporaine : un lieu privilégié de découverte des œuvres et des auteurs, et une plateforme de réflexion et de rencontres pour la profession. Depuis 2010, il se déroule à Bruz-Rennes Métropole.

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Projection de plus de 200 films courts et longs, deux compétitions nationales, accueil de 150 professionnels, tables rondes et débats, rayonnement sur une vingtaine de communes : le Festival fêtera sa 20ème édition en grande pompe, du 9 au 15 décembre 2013.

Participer à la compétition, c’est aller à la rencontre de plus de 7 500 spectateurs, mais aussi des réalisateurs en compétition invités, et bien sûr des six jurys qui doteront sept prix pour une somme totale de près de 6000 euros.

Les inscriptions se font en ligne sur la plateforme d’inscription : www.filmfestplatform.com

Date limite d’inscription des films : le 1er septembre 2013

La compétition comprend deux catégories :

· courts métrages professionnels

· films de fin d’études

Nouveautés

a) deux nouveaux appels à films non compétitifs :

– films de commandes

– films d’ateliers

b) Prix Emile-Reynaud : certains courts métrages professionnels en compétition seront choisis par le comité de sélection pour concourir au Prix Emile-Reynaud. Ils seront alors visibles sur une plate-forme de visionnage sécurisée, pour un vote en ligne par l’ensemble des adhérents de l’AFCA, lors de la Fête du cinéma d’animation.

Télécharger le règlement

Contact : films@afca.asso.fr – 01 40 23 08 13 – www.festival-film-animation.fr

Short Screens #27 : le court métrage sur grand écran

Comme tous les derniers jeudis du mois, Short Screens vous propose une nouvelle séance de courts métrages sur grand écran. Dans une ambiance chaleureuse et décontractée, venez vous régaler devant une programmation éclectique, avec des films d’hier et d’aujourd’hui, fruits de la créativité d’auteurs belges et étrangers.

Jeudi 27 juin à 19h30 au cinéma Aventure, Galerie du Centre 57, Bruxelles. PAF 6€.

LOUCHEBEM de Boris Laprade, Fabien Masson, Stephanie Grard, Theo Girettes. France / 2012 / Animation / 5’13

Après le décès de sa femme, un boucher s’ennuie seul et sans clientèle dans sa boutique. Par la magie et le rêve il se transforme en danseur et son magasin en salle de spectacle.

U.H.T. de Guillaume SenezBelgique / 2012 / Fiction / 22′

Sophie voit tous les jours son mari Augustin partir travailler pour sa petite exploitation laitière. Il y travaille corps et âme. Pourtant depuis quelques temps, la production de sa ferme ne suffit plus à assurer la pérennité financière de sa famille. Sophie ne se doute de rien, mais pour combien de temps encore…

THE MASS OF MEN de Gabriel Gauchet. Royaume-Uni / Fiction / 16’54

Richard, un chômeur de 55 ans, arrive à son rendez-vous avec trois minutes de retard. Selon le système rigide des allocations chômage, il doit être pénalisé. Pour éviter de se retrouver dans la misère, Richard prend les mesures qui s’imposent.

THE WEDDING de Simon Cottee. Australie / 2012 / Animation / 5’

Un garçon mélancolique assiste au départ en voyage de noce de son père, remarié à une grande femme latine, à bord d’un bateau petit et étroit sur une mer infestée de requins…

FIGS IN MOTION de Trevor Anderson. Canada / 2010 / Expérimental / 7’51

Deux hommes se transforment en ballerines à tête de cheval et tutu, pour un ballet aussi bestial qu’impromptu.

PRORA de Stéphane Riethauser. Suisse / 2012 / Fiction / 23′

Prora, au bord de la Mer Baltique. Un centre de vacances érigé par les Nazis aux dimensions infinies. Dans ce colosse de béton, Jan et Matthieu, un Allemand et un Français, 17 ans, s’embarquent dans une aventure qui va confronter leurs identités et mettre en péril leur amitié. Fable sur l’adolescence et la découverte de soi, Prora est une tendre histoire d’amour et d’amitié.

Un projet à l’initiative de l’asbl Artatouille et FormatCourt.com

Plug & Play de Michael Frei

« Plug & Play » ou quand le rapport amoureux se branche sur courant alternatif…

Parmi les films de fin d’études sélectionnés au dernier Festival d’Annecy, on a retrouvé, après l’avoir vu à Clermont en Labo, « Plug & Play » du Suisse Michael Frei, essai délirant et chargé d’humour qui nous branche sur courant alternatif pour poursuivre les obsessions magnétiques des rapports complexes entre les hommes et les femmes. Dans un graphisme en 2D totalement dépouillé, où l’on joue surtout sur les contrastes, les oppositions et le noir et blanc, on entre dans un univers où les personnages ont des têtes de prises électriques, polarité mâle ou femelle. Dès lors, la lutte s’engage pour le rapport amoureux car tout tourne autour de la possibilité de s’emboîter.

Récurrence symbolique tout au long du film, un personnage mâle court droit dans un mur impalpable alors qu’au dessus de lui une porte s’ouvre, laissant entrer un personnage identique. Dans « Plug & Play », on entre et on sort par des issues secrètes, et la porte s’ouvre lorsque que l’on tombe. Pas besoin de décors, ni de beaucoup de dialogues, ces personnages ne veulent qu’une seule chose : se compléter. L’échange des flux comme besoin vital, la possibilité d’exister.

Dominant les séquences où ces individus survoltés s’affrontent en quête d’amour, des doigts divins, directement tirés du plafond de la Chapelle Sixtine, se disputent l’usage d’un bouton « master » qui passe les scènes du noir au blanc. Querelles antagoniques qui s’achèvent systématiquement dans un mystérieux accord sur le sens de la contradiction. Du oui ou du non, qui a le dernier mot ? Là encore, c’est l’affaire des genres. Alors on se branche les uns sur les autres, sans vraiment comprendre pourquoi, pourvu que la lumière soit. La charge érotique est présente mais dénuée d’intérêt, on s’emboîte par principe, bras ballants, et bien sûr, trop souvent dans le noir.

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L’unique scène dialoguée vire au pathétisme hilarant lorsque les hommes-prises, mâle et femelle, tentent d’expliquer leurs sentiments dans un refrain mécanique qu’illustrent des voix de robots. L’incompréhension s’exprime alors dans un échange de sourds où les possibilités d’aimer et d’être aimé sont dominées par l’égo. « Je crois que je t’aime. Je ne crois pas que tu m’aimes. En es-tu sûr ? Non ». Il n’y a plus rien à faire… Qu’à cela ne tienne, toutes les possibilités sont ouvertes, le monde continue de tourner, et dans un ballet circulaire où tous sont branchés, la tête rejoint la queue alors qu’on passe de la lumière à l’obscurité.

« Plug & Play » ne rate pas sa source en pointant du doigt avec un humour assumé les difficultés relationnelles du rapport amoureux et l’obsession sexuelle d’être aimé. On joue à se brancher, on se branche pour jouer, mais derrière le jeu, les questions sont posées.

Xavier Gourdet

Consultez la fiche technique du film

P comme Plug & Play

Fiche technique

Synopsis : Des personnages à tête de prise électrique se branchent les uns aux autres dans un monde où les doigts sont les maîtres. Mais les doigts se prodiguent également des caresses. Est-ce de l’amour ?

Genre : Animation

Durée : 6’

Année : 2012

Pays : Suisse

Réalisation : Michael Frei

Scénario : Michael Frei

Directeur artistique du son : Michael Frei

Montage : Michael Frei

Animation : Michael Frei

Musique : Saint Eliyah Church Children Choir

Montage Son : Michael Frei

Mixage Son : Thomas Gassmann

Production : Michael Frei, HSLU Hochschule für Gestaltung und Kunst

Article associé : la critique du film

Festival du film court en plein air de Grenoble, la sélection 2013

Du 2 au 6 juillet, Format Court assistera pour la première fois au Festival du film court en plein air de Grenoble (par la participation de Katia Bayer, en tant que jurée au festival). Avant de découvrir le focus entourant cette 36ème édition, retrouvez la liste des 34 films retenus pour la compétition, sur le millier de films inscrits.

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Films en compétition

– 216 mois, de Valentin et Frédéric Potier

– Amal, de Alain Decheres

– As it used to be, de Clément Gonzalez

Avant que de tout perdre, de Xavier Legrand

– Betty’s blues, de Rémi Vandenitte

– Bonne poire, de Marie Belhomme

– Cargo cult, de Bastien Dubois

– Cicatriz, de José Manuel Cacereno

– Date limite de consommation, de Christelle Lamarre

– Dozdi, de Mohammad Farahani

– Faim, de Géraldine Boudot

– French kiss, de Céline Groussard

– Fuck you, de Olivier Jean

– Guillaume le désespéré, de Bérenger Thouin

– Habiba, de Ingrid Lazenberg

– Jacobo, de David Delaguila Perez

– La nuit américaine d’Angélique, de Joris Clerté

– Les chrysanthèmes sont des fleurs comme les autres, de Yann Delattre

Les Lézards, de Vincent Mariette

– Les traits, de Guillaume Courty

– Lettres de femmes, de Augusto Zanovello

– Mobile Homes, de Vladimir de Fontenay

– Programme libre, de Vianney Etossé

– Rae, de Emmanuelle Nicot

– Second Wind, de Sergueï Tsyss

– Sein Kampf, de Jakob Zapf

– Shavi Tuta, de Gabriel Razmadze

– Soleil sur un trottoir, de Zangro

Solitudes, de Liova Jedlicki

– The mass of men, de Gabriel Gauchet

– Toteninsel, la isla de los muertos, de Jevrenovic Vuk

– Un minute-lumière, de Roberto d’Alessandro

– Wax, de Bastien Dubois

– Welcome Yankee, de Benoît Desjardins

M comme Las Mujeres del Pasajero

Fiche technique

Synopsis: Quatre femmes de chambre travaillent au motel « El Pasajero », où les clients ne sont de passage que pour quelques heures. Les chambres n’ont pas à être particulièrement belles. L’important, c’est le lit sur lequel les couples peuvent se livrer à leurs passions charnelles, parfois sous l’influence d’alcools ou de drogues. Nous ne voyons et n’entendons de ces visiteurs qu’une jambe qui dépasse, des voix sans corps, et, au fur et à mesure du film, des gémissements. Mais en dépit de tout, les femmes de chambre, loin de tout cynisme, conserve de l’amour une idée romantique.

Pays : Chili

Genre : Documentaire

Durée : 46′

Année de production: 2012

Réalisation : Valentina Macpherson & Patricia Correa

Image: Denis Arqueros

Son: Roberto Espinoza

Montage: Catalina Marín

Production: El Paseodigital

Article associé : la critique du film

Las Mujeres del pasajero de Patricia Correa et Valentina Mac-Pherson

Documentaire chilien présenté en compétition internationale au Festival Millenium cette année, « Las Mujeres del Pasajero » de Patricia Correa et Valentina Mac-Pherson dresse le portrait original d’un hôtel de passage qui accueille les couples, illégitimes ou ad hoc, le temps de quelques heures. Son originalité réside dans le point de vue choisi par les réalisatrices, celui de ses femmes de ménage qui, jour après jour, y remettent l’ordre après les bacchanales de la veille.

Ce lieu atypique, qui a manifestement bien d’histoires à raconter, et les quatre femmes qui y travaillent sont les protagonistes éponymes de ce film documentaire, curieusement traduit en anglais comme « The Women and the Passenger ». « Le passager » en question n’est vraisemblablement rien d’autre que le nom de l’hôtel. L’unique scène du documentaire, celui-ci occupe une place centrale dans l’image, à la manière de « Hotel Monterey » d’Akerman. De gros plans fixes au début et des plans larges finaux renforcent la personnification de l’endroit et servent à encadrer la narration des femmes de ménage, qui en sont en quelque sorte les porte-parole. Le rapport de confiance entre ces dames et le spectateur est établi dès les premiers plans, lorsqu’on assiste à leur maquillage à la fois mécanique et suggestif. D’ailleurs on pourrait presque croire un bref moment qu’il s’agit d’une maison de passe avec ses belles-de-nuit. De tous les âges et types, celles-ci se livrent franchement à la caméra pour partager leurs expériences et opinions sur leur lieu de travail, et petit à petit, nous confient leur vie privée, leurs rêves les plus intimes et leurs avis sur l’amour et la sexualité.

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Des clients de cet établissement, on ne voit que quelques bribes impersonnelles, des pieds dans les halls ou des commandes de repas et de boissons et des échanges civils mais gênés avec le personnel en off. Ils sont plutôt décrits, certains spécifiquement, d’autres de manière générique, par les employées de l’établissement. Ces dernières racontent les différentes activités sexuelles qui s’y pratiquent : des jeux de domination et de rôle dans des chambres thématiques (‘Afrique’, ‘Asie’, ‘Petit chaperon rouge’, etc.), du SM, des objets de l’attirail dont notamment un ‘siège de sexe’ qui semble bien intriguer une des femmes…

Malgré le sérieux des mœurs sexuelles exacerbées dans une société de refoulement, les témoignages décèlent un certain humour, lorsque l’observation des actions des clients rejoignent leurs propres fantasmes. Le voyeurisme des femmes de ménage, judicieusement épargné au spectateur, se traduit à un seul moment par un montage sonore grotesque de gémissements sexuels des clients. Pour le reste, les réalisatrices optent pour une mise en scène sobre et allégée : la plupart des scènes se passent pendant la journée ensoleillée, en contraste total avec les nuits glauques et grivoises évoquées.

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Le résultat est un film très réussi, avec un point de vue profondément sensible et féminin sur une société catholique inhibée. A force d’avoir fréquenté ce milieu de débauche, ces femmes se questionnent sur l’amour parfait, l’ennui de la routine et l’art de la sexualité. Tout en nettoyant la cocaïne et le vomi laissés dans les chambres, elles contemplent la vraie nature de ces choses, tout en essayent des analyses psychologiques de l’érotisme hédoniste dit déviant.

Pourtant, l’amour à l’ancienne, elles y croient dur comme fer, du moins certaines qui prétendent le vivre. Ancrées dans une réalité sociale défavorisée et parfois cruelle, ces quatre femmes semblent avoir compris quelque chose d’insolite et acquis une conscience de l’équilibre subtil entre les coutumes catholiques sévères et le libertinage qui en est la réaction naturelle. Dans un lieu qui se met à la disposition du plaisir charnel, fatalement passager, l’amour semble impossible, comme le déplorent une lettre d’adieu retrouvée et le chant du générique de fin. De ce point de vue, le thème de « tout à vendre » de cette édition du festival Millenium est bien défendu par ce film.

Adi Chesson

Consultez la fiche technique du film

Millenium International Documentary Festival 2013

C’est un festival engagé, conscient des défis du millénaire qui vient de fêter ses 5 ans. Un festival à visage humain qui, pour l’occasion, s’est vu élargir sa programmation à 100 documentaires venus d’une cinquantaine de pays. Des films sélectionnés à la fois pour leur volonté de faire changer les choses que pour l’importance qu’ils accordent au point de vue du cinéaste. Surprenants, révoltants, amusants, les films offaient, cette année,  une vision du monde où le maître mot était « Tout à vendre ».

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Retrouvez dans ce focus les films qui ont particulièrement touché l’équipe de Format Court.

L’interview d’Olivier Magis, réalisateur de « Ion » (Belgique, 2013)
Le reportage « Liberté, Égalité, Technologie »
Le reportage Fenêtre sur le court documentaire bangladais
La critique de « Las mujeres del pasajero » de Patricia Correa et Valentina Mac-Pherson (Chili, 2012)
La critique de « L’âge adulte » de Eve Duchemin (France, 2011)

Concours : 15 x 2 places à gagner pour les reprises du Festival d’animation d’Annecy au Forum des images !

Plus grand événement mondial entièrement dédié au cinéma d’animation, le festival d’Annecy contribue chaque année à faire de l’animation un art à part entière, toutes techniques confondues. Quelques jours après la clôture du festival, le public parisien aura la possibilité d’en découvrir le palmarès au Forum des images, entre le 25 et le 27 juin. Parmi les programmes proposés, trois d’entre eux reprennent les courts métrages, les films de fin d’études, les films de télévision et de commande primés lors de cette 37ème édition. En partenariat avec le Forum des images, nous vous offrons 15 x 2 places pour ces séances. Pour ce faire, répondez à nos questions (faciles) et gagnez vos places (haut la main).

Mercredi 26 Juin 2013, 19h00 : Courts métrages primés (1ère partie). Durée de la séance : 1h10. 5 x 2 places à gagner !

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Ab ovo de Anita Kwiatkowska-Naqvi (Pologne 2012, coul. 5 min.14 sans dialogues) : Prix du meilleur film de fin d’études

Lettres de femmes de Augusto Zanovello (France 2013, coul. 10 min.11) : Prix du public (courts métrages)

Feral de Daniel Sousa (Etats-unis 2012, coul. 12min.46 sans dialogues) : Prix du jury junior, Mention spéciale Fipresci, Prix Festivals Connexion – Région Rhône-Alpes en partenariat avec Lumières Numériques (courts métrages)

Nyuszi és Őz (Rabbit and Deer) de Peter Vacz (Hongrie 2012, coul. 16 min.43 sans dialogues) : Prix du jury junior (films de fin d’études)

Trespass de Paul Wenninger (Autriche 2012, coul. 11 min. sans dialogues) : Mention pour un premier film (courts métrages)

Lonely Bones de Rosto (Pays-Bas 2013, coul. 10 min. vostf) : Prix Sacem de la musique originale (courts métrages)

Question : Comment s’appelle le précédent film de Rosto qui concourait cette année au César du meilleur film d’animation ?

Mercredi 26 juin, 21h00 : Courts métrages primés (2ème partie). Durée de la séance : 1h20. 5 x 2 places à gagner !

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Norman de Robbe Vervaeke (Belgique 2012, coul. 10 min. sans dialogues) : Prix «Jean-Luc Xiberras» de la 1ère oeuvre (courts métrages)

Because I’m a girl de Raj Yagnik, Mary Matheson et Shona Hamilton (GB 2012, coul. 3 min. vo anglaise) : Prix Unicef (films éducatifs, scientifiques ou d’entreprise)

Obida de Anna Budanova (Russie 2013, coul. 9 min. sans dialogues) : Prix spécial du jury (courts métrages)

Kolmnurga afäär (The Triangle Affair) de Andres Tenusaar (Estonie 2012, coul. 10 min. sans dialogues) : Mention spéciale (courts métrages)

Autour du Lac de Carl Roosens et Noémie Marsily (Belgique 2013, coul. 5 min) : Prix Canal+ aide à la création pour un court métrage

I am Tom Moody de Ainslie Henderson (GB 2012, coul. 6 min.55 vo anglaise) : Prix spécial du jury (films de fin d’études)

KJFG No 5 de Alexey Alekseev (Hongrie 2007, coul. 2Min10 sans dialogues) : Film le plus drôle du public d’Annecy (courts métrages)

Gloria Victoria de Theodore Ushev (Canada 2013, coul. 6min.57 sans dialogues) : Prix Fipresci (courts métrages)

Pandy (Pandas) de Matus Vizar (Slovaquie 2013, coul. 12 min.12 sans dialogues) : Mention spéciale (films de fin d’études)

Subconscious Password de Chris Landreth (Canada 2013, coul. 11 min. vostf) : Cristal du court métrage

Question : Lequel de ces films a remporté le Prix Format Court au dernier Festival Anima, à Bruxelles, et a été projeté en mai à la séance Format Court, au Studio des Ursulines, à Paris ?

Jeudi 27 Juin 2013, 19h00 : Films de télévision et de commande. Durée de la séance : 1h15. 5 x 2 places à gagner !

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L’automne de Pougne de Pierre-Luc Granjon et Antoine Lanciaux (France 2012, coul. 26 min.) : Prix pour un spécial TV

Benjamin Scheuer « The Lion » de Peter Baynton (GB 2013, coul. 3Min.10 vo anglaise) : Prix spécial du jury (vidéoclips)

Dumb Ways to Die de Julian Frost (Australie 2012, coul. 3Min12 vo anglaise) : Cristal pour un film de commande

Tom & The Queen Bee de Andreas Hykade (Allemagne 2012, coul. 5 min. vostf) : Prix spécial pour une série TV

Room on the Broom de Jan Lachauer et Max Lang (GB 2012, coul. 25 min. vostf) : Cristal pour une production TV

Question : Quel film de Pierre-Luc Granjon était l’un des cinq finalistes du Cartoon d’Or 2008 ?

Pour participer à ce concours et tenter de gagner des places, envoyez-nous vos réponses à info@formatcourt.com avant le mardi 25 juin, à midi. Les gagnants seront avertis par e-mail. Bonne chance à tous et à toutes !

Les inscriptions pour le 36e Festival de Clermont-Ferrand sont ouvertes

Les inscriptions pour le 36e Festival de Clermont-Ferrand (31 janvier – 8 février) sont ouvertes jusqu’au 14 octobre 2013. Inscrivez vos films sur le site Short Film Depot.

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COMPÉTITION INTERNATIONALE

Dates limites d’inscription :
– 15 juillet 2013 pour les films terminés en 2012 (après le 1er juillet 2012)
– 14 octobre 2013 pour les films terminés en 2013
Durée maximum : 40 minutes

Contact : Christian Guinot

COMPÉTITION NATIONALE

Date limite d’inscription : 25 octobre 2013
Films terminés après le 1er novembre 2012
Durée maximum : 59 minutes

Contact : Nadira Ardjoun

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