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Festival du Film franco-arabe, appel à films

La ville de Noisy-le-Sec et le cinéma le Trianon organisent la 4ème édition du Festival du Film franco-arabe qui aura lieu au Trianon du 6 au 17 novembre 2015. Dans le cadre de ce festival, une compétition de courts métrages est organisée. Les lauréats seront annoncés à la cérémonie de clôture , le dimanche 15 novembre et les films récompensés seront présentés à cette occasion.

Les films éligibles devront s’inscrire dans la thématique du festival, et témoigner des liens entre les deux cultures, par leur thème, la nature de la production et/ou du financement, la composition des équipes.

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Critères d’inscription

Inscriptions ouvertes jusqu’au 30 septembre aux courts métrages français et arabes – fiction ou documentaire – production 2014 ou 2015. Le film ne doit pas excéder 20 mn. Chaque réalisateur ne peut inscrire qu’un seul film.

À fournir : 2 exemplaires du film sur support DVD (qui ne sera pas rendu) – un synopsis – une fiche technique – pour les films non francophones, il est impératif qu’ils soient sous-titrés en français.

À envoyer à : Cinéma Le Trianon, place Carnot 93 230 Romainville.

Pour plus d’informations : Direction des Affaires culturelles de Noisy-le-Sec – TEL. 01 49 42 67 17 ou le Cinéma Le Trianon – Tél . 01 83 74 56 02.

Les prix

Deux prix seront décernés pour chaque catégorie : 2 prix du jury et 2 prix du public pour la meilleure fiction et pour le meilleur documentaire.

Les films primés par le Jury seront projetés pendant la 22e édition du Festival du Film franco-arabe d’Amman en Jordanie, en juin 2016. A cette occasion, les réalisateurs primés seront invités à Amman afin d’y accompagner leur film.

Les Nuits en or 2015
 commencent demain

Organisées par l’Académie des César, Les Nuits en or 2015 proposent de découvrir chaque année au mois de juin un panorama de 32 courts métrages récompensés par leurs 9 Académies d’origines (César, Magritte, Jutra, Oscar, Bafta, Donatello, Goya, Ophir…).

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Du 15 au 17 juin, les films primés cette année par leurs Académies respectives seront projetés à la Maison de l’Unesco, en entrée libre et gratuite, avec deux séances par jour à 19h et 21h.
 Une occasion comme une autre de voir les films considérés (parfois à tort) comme les meilleurs, en provenance des pays suivants : Luxembourg, Australie, France,  Allemagne, Canada, Suisse, Inde, Corée du Sud, Lituanie, République tchèque, Roumanie, Espagne, Etats-Unis, Israël, Royaume-Uni, Grèce, Belgique, Norvège, Italie, Gabon, Portugal, Chine, Islande, Danemark, Suède, Afrique du Sud, Autriche, Mexique, Brésil et Pays-Bas.

Bon à savoir : les réalisateurs seront présents pour l’ouverture des festivités, le 15 juin à la séance de 19h.

Infos : http://www.academie-cinema.org/les-nuits-en-or/nuits-en-or/panorama/panorama-paris1/seances.html

IndieLisboa, notre compte-rendu

Identifiable par son symbole, un corbeau solitaire, le Festival IndieLisboa (Lisbonne) a clos sa douzième édition le mois passé. Au terme de 11 jours de séances, rencontres et soirées, IndieLisboa a proposé sa propre vision d’un cinéma indépendant, parfois radical et avant-gardiste.

Pour la première fois, notre revue attribuait un prix au festival. Une façon pour nous de maintenir notre curiosité et de poursuivre notre exploration des films et des festivals étrangers, d’observer de l’intérieur l’un des festivals les plus réputés sur la scène internationale et d’accompagner un auteur sélectionné dans la toute nouvelle compétition du festival, « Silvestre », s’intéressant aux figures libres du cinéma court. Cette année, 33 films furent évalués par notre jury, à l’arrivée, un film fut retenu : « The Mad Half Hour » de l’Argentin Leonardo Brzezicki. Précédemment sélectionné à la Berlinale, ce court-métrage a épaté notre équipe par son humour, sa fraîcheur, son joli noir et blanc, sa mélancolie et son excellent jeu d’acteurs (non professionnels pour la plupart). Le film a été projeté en mai dernier dans le cadre de nos séances Format Court à Paris.

Il y a plus de deux ans, nous avions rencontré au Festival International du Film Francophone de Namur (FIFF) l’un des deux directeurs du festival, Miguel Valverde qui nous avait longuement et brillamment parlé d’IndieLisboa, de sa vision du court et de la nouvelle génération d’auteurs portugais. Si on pense forcément aux références (Manoel de Oliveira et Miguel Gomes), la relève est bel et bien représentée par bon nombre d’auteurs, évoqués sur notre site tels que João Pedro Rodrigues, João Nicolau, Maureen Fazendeiro, Iana et Joao Viana, Jorge Jácome, Regina Pessoa, Carlos Conceição, Rodrigo Areias, Cristina Braga.

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En 2011 et 2012 déjà, nous avions attribué deux Prix Format Court à deux auto-productions portugaises, « I know you can hear me » de Miguel Fonseca et « Antero » de José Alberto Pinto. Ces deux films expérimentaux avaient été primés par notre équipe à Média 10-10, un festival namurois de qualité ayant malheureusement dû s’arrêter malgré une belle longévité (41 ans). Ces deux films avaient comme autre point commun celui d’avoir fait leurs premiers pas à IndieLisboa.

Cette année, le cinéma portugais s’est encore un peu plus rapproché de nous grâce à premier Prix Format Court attribué à Lisbonne. Sur place, nous avons senti une belle envie de cinéma, un goût affirmé pour l’expérimental mais aussi un solide lien au réel et une quantité non négligeable d’auteurs, de techniciens, de producteurs et de programmateurs locaux, prêts à mettre leurs idées, services et compétences au service du septième art.

Passons les quelques films, sélectionnés à Lisbonne, plus ou moins intéressants, ayant déjà beaucoup tourné en festival. Côté français, citons « 8 balles »  de Frank Ternier, « Notre Dame des Hormone » de Bertrand Mandico,  « Tempête sur anorak » de Paul Cabon, « Guy Moquet »  de Demis Herenger, « Hillbrow » de Nicolas Boone, « Totems »  de Sarah Arnold. Côté étranger, relevons « Me and My Moulton » de Torill Kove (Canada), « Dans la joie et la bonne humeur »  de Jeanne Boukraa (Belgique), « Cai Putere »  de Daniel Sandu (Roumanie), « Yes we love » (Norvège) de Hallvar Wtzo, « Onder Ons » de Guido Hendrikx (Pays-Bas, ndlr Prix Format Court 2015 au festival Go Short), « Yen Yen » de Chunni Lin (Taïwan).

Parmi les nouveautés de qualité à extraire de cette douzième édition d’IndieLisboa, commençons par un film issu de la compétition nationale, « Fora da vida » de Filipa Reis et João Miller Guerra. Il s’agit d’un magnifique documentaire portant un regard dénué de jugement et de misérabilisme sur différents habitants de Lisbonne vivant de pauvreté et de débrouille, mais aussi de joie, d’amour, d’amitié et surtout de solidarité. Dans ce très beau film, récompensé du Prix du meilleur court-métrage portugais, les deux réalisateurs réussisent à se faire oublier de leurs sujets, des êtres ordinaires particulièrement attachants (un père de famille, une jeune prof, une femme de ménage, …) (se) posant des questions élémentaires et essentielles telles que le rôle du père, les valeurs à transmettre dans la société d’aujourd’hui ou les actions à prendre en compte pour changer de vie.

Autre proposition portugaise intéressante, côté fiction, « Provas, Exorcismos » de Susana Nobre, sélectionné également à la Quinzaine des Réalisateurs cette année, filme le quotidien de Oscar, employé d’usine, brutalement congédié du jour au lendemain et obligé de se dénicher un autre travail. Les scènes d’ouverture et de clôture, les comédiens non professionnels, l’aspect râpeux du film captent directement le regard même si les scènes d’ennui et de famille ne nous convainquent pas plus que ça.

Film totalement inattendu pour le coup, « La Chasse » de Manoel de Oliveira, projeté à la cérémonie de clôture du festival et jamais montré du vivant du cinéaste, est un petit bijou de cinéma. Tourné en 1961, le film montre deux adolescents désœuvrés, se décidant à aller chasser malgré l’interdiction parentale et sociale. Soudainement, l’un des deux s’enfonce dans un marécage. S’ensuit une chaîne de solidarité humaine burlesque à souhait, mais aussi un doublé proposé par de Oliveira : l’une, allant dans le sens de la censure de l’époque et maintenant le jeune garçon en vie, l’autre, empêchant celui-ci de survivre car il ne peut attraper le moignon du dernier maillon humain de la chaîne. Drôle et subtil à la fois, le film propose une intelligence de plans et dévoile déjà un génie de la mise en scène.

De l’humour et de la fraîcheur, on en a trouvé également dans un petit film de trois minutes (l’un des plus courts du festival), « My BBY 8L3W » proposé par le collectif germano-français Neozoon qui s’est amusé à assembler des images de jeunes femmes et de leurs chiens de compagnie postées sur YouTube. Dans ce très court, il est tout à fait normal de déclarer sa flamme à son chien, de l’embrasser à pleine gueule ou de se faire lécher par celui-ci. Film collector, ce projet fou démontre en une série d’images le bien étrange rapport homme-animal et le caractère toujours aussi particulier de l’exposition de l’intime sur la Toile gigantesque et anonyme. Très pertinent par sa durée (3 minutes), son contenu et son montage, le film, sélectionné dans la section « Silvestre » dans laquelle nous remettions un prix à IndieLisboa, interroge le spectateur sur la création contemporaine, le rapport aux images et au montage.

Dans la même section, on s’est aussi beaucoup intéressé à un film d’artiste, expérimental et américain, « Panchrome I, II, III » de T. Marie. D’une durée de 15 minutes, le film propose une immersion colorée et formelle et un nouveau regard sur la perspective, porté par une très belle musique. Face à une telle proposition visuelle, sans codes classiques, il est nécessaire de s’accrocher, mais le résultat en vaut réellement la peine.

Autre film repéré cette fois en compétition internationale « Shipwreck » de Morgan Knibbe est un documentaire néerlandais, lauréat du Léopard d’argent à Locarno et d’une Mention spéciale à IndieLisboa. Il dévoile des images de coques vides de bateaux, de clandestins Africains éplorés, de cercueils portés par des grues. Un homme y raconte le calvaire de son voyage en bateau pour rejoindre l’Europe et la disparition de son ami, en cours de route, à bout de forces. Extrêmement émouvant, ce court-métrage est maîtrisé de bout en bout autant par son sujet, son travail sur le son (le souffle du vent traverse tout le film) que son image (colorée et douloureuse à la fois). Une réussite totale doublé d’un choc sensoriel.

Évoquons toutefois pour la forme quelques films moins aimés. En compétition internationale, on a bien moins adhéré à « Seat 26D » de Karolina Brobäck, un documentaire suédois traitant d’un crash d’avion survenu dans les années 90 mais n’ayant pas fait de victimes malgré son atterrissage plus que forcé. Le film, stressant au possible, est fortement à déconseiller après un verre de vinho verde (vin vert, spécialité locale) de trop et un lendemain de vol marqué par d’affreuses turbulences.

Deux courts-métrages primés à la dernière Berlinale ont offert, eux aussi, leur lot de perplexité. « Hosanna » de Na Young-kil (Corée du sud), Ours d’Or, est un film bien flippant-perturbant sur l’étrange pouvoir d’un jeune homme taciturne ramenant les disparus à la vie. Ours d’argent “seulement”, « Bad at Dancing », de Joanna Arnow, part par contre avec quelques bons points (sa scène d’ouverture, son côté indie américain, son noir et blanc, son humour et son héroïne – la réalisatrice elle-même – ), mais incommode et ennuie le spectateur très rapidement. Passé la surprise, celui-ci a du mal à s’intéresser plus que cela à cette jeune femme dilatée et célibataire, venant s’épancher chez son amie et colocataire, toujours filmée nue, en plein ébat sexuel.

Hormis ces quelques films moins fous à nos yeux, IndieLisboa nous a offert un bon lot de surprises, avec en premier lieu « The Mad Half Hour », notre prix, un film certes sélectionné à Berlin mais plus original et déluré, exempt de crash, de pouvoirs hors normes et d’Américains à poil. Pour ce film mais aussi pour les autres (« Fora da vida », « La Chasse », « My BBY 8L3W », « Panchrome I, II, III », « Shipwreck »), l’aspect découverte du festival a fonctionné. De nouvelles fenêtres se sont ouvertes, d’autres films sont apparus, invisibles des circuits de diffusion habituels. Sans crier gare, un nouveau cinéma s’est pointé. On ne s’y attendait pas, on est ravi qu’il nous soit tombé dessus. Prochaine étape : contribuer à faire connaître ces films importants sur grand écran, à Paris ou ailleurs, dans le courant de l’année.

Katia Bayer

Kung Fury de David Sandberg

Back to the 80’s

Kung Fury, c’est un peu comme si l’ADN des années 80 avait été isolé dans un laboratoire top secret, puis avait été dérobé par un savant fou et nostalgique de cette période bien connue de tous les amateurs de fantaisie capillaire.

Kung Fury, vous l’aurez compris, est une ode aux années 80 et notamment aux films d’action en VHS où une bonne explosion vaut mieux qu’un long discours. Véritable « exercice d’admiration » combinant scènes d’actions toutes plus improbables les unes que les autres et « punchlines » dignes des plus belles citations de Jean-Claude Van Damme, Kung Fury ne lésine pas sur les effets (spéciaux), poussant toujours plus loin la surenchère plan après plan pour le plus grand bonheur de tous les nostalgiques des années 80. Le réalisateur suédois David Sandberg, qui semble avoir baigné dedans quand il était petit, s’est fait une joie (communicative) de reprendre méticuleusement toutes ces petites choses qui ont pu constituer l’esthétique de ces films (et les muscles qui vont avec) pour la détourner à son tour.

Rien de bien nouveau donc puisque déjà en 1993, « Hot Shots 2 », réalisé par Jim Abrahams, tournait en dérision les films mettant en scène ces héros indestructibles incarnés par Sylvester Stallone, Arnold Schwarzenegger ou encore Chuck Norris, pour ne citer que les plus célèbres.

Toutefois, la particularité de Kung Fury tient précisément dans la direction artistique particulièrement soignée dont le film a bénéficié. Le film adapte le style « années 80 » au public d’aujourd’hui dans une sorte de « retro-futurisme » très en phase avec les goûts du moment. Par exemple, on peut voir un personnage « pirater» à l’aide d’un Commodore 64, l’un des premiers PC sorti au début des années 80 et très populaire à l’époque.

Kung Fury fourmille de ce genre de petits clins d’œils complices au spectateur, à l’image de son héros, incarné par le réalisateur lui-même, sorte de mélange entre le flic aux méthodes expéditives joué par Stallone dans « Cobra » et le personnage de Ryu, guerrier solitaire et taciturne, expert en arts martiaux que l’on retrouve dans le jeu vidéo de la série « Street FighterI ».

David Sandberg vise juste. Avec ce film, il a su jouer sur la corde sensible en compilant et en capturant avec talent et précision l’esprit des films de ces années-là. Dans une espèce de « gloubi-boulga » délirant, il a su mettre au point avec son équipe des effets spéciaux habiles qui permettent de donner le rythme et l’ambiance adéquate à l’ensemble. Mais une question nous brûle les lèvres : comment David Sandberg a pu s’y prendre pour réaliser ce « blockbuster du court métrage », en Suède, avec quelques amis et quelques couronnes ?

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Golden boy

Avant d’affoler le web (près de 15 millions de vues sur Youtube depuis le 28 mai dernier) puis de faire le buzz sur la croisette à Cannes (sélection officielle à la Quinzaine des Réalisateurs), Kung Fury a commencé à faire parler de lui il y a déjà deux ans. En 2013, pour boucler le budget de son premier film Kung Fury, David Sandberg a proposé aux internautes de participer à son financement via Kickstarter. Pour offrir le maximum de chances à son projet, il poste sur internet une bande-annonce du futur film. Bingo ! L’appel à don lancé par « Laser Unicors » récolte en moins d’un mois plus de 600.000 $, l’une des plus grosses sommes jamais récoltées sur le net.

Pourtant sur le papier, le scénario pouvait laisser sceptique plus d’un internaute : un policier remonte le temps pour tenter de tuer Adolf Hitler (The Kung Fuhrer) grâce à sa maîtrise du Kung-Fu, en chemin il recevra l’aide de vikings armés de fusils automatiques et accompagnés de dinosaures. Bref, un scénario dont le film serait digne d’entrer au fameux top ten de Narnarland.

Les mois passent et un beau jour un nouveau clip inspiré de Kung Fury envahit la toile. Ce clip c’est celui d’une des stars télé des années 80 : David Hasselhoff (K2000, Alerte à Malibu, etc…). Joli coup de pub qui alimente à nouveau la machine à buzzer. Cerise sur le gâteau : Kung Fury se voit alors présenté lors de la Quinzaine de Réalisateurs où il reçoit un très bon accueil à la fois public et critique.

Dans ce parcours semé d’embuches, ce court-métrage fait figure d’exception, tant part son mode de production que par la façon dont il est distribué. Toutefois, il ne faut pas perdre de vue que Kung Fury est l’arbre qui cache la forêt (hantée). Il est loin d’être le seul du genre à s’inspirer de ces films à mauvaise réputation que l’on range négligemment dans la case « films Z ». On peut citer par exemple la série « Ninja Eliminator » (2009) ou le court métrage Le Réserviste de Mathieu Berthon. Signalons également les projections organisées par la Cinémathèque française lors des soirées Cinéma Bis ainsi que les projections « Pas de Pitié pour les Navets » qui ont lieu au Bar La Cantada à Paris.

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Kung Fury est peut être l’un des seuls courts métrages à parvenir jusque sous les feux des projecteurs par un biais inédit : le crowdfunding, avec à la clef une diffusion de grande ampleur via internet. Réussissant à surfer sur la vague « retro-futuriste », « Kung Fury » parvient à toucher un large public via YouTube (où il est proposé gratuitement) tout en obtenant une certaine considération d’une partie de la critique.

Julien Beaunay

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K comme Kung Fury

Fiche technique

Synopsis : Détective à la police de Miami et adepte des arts martiaux, Kung Fury entreprend un voyage dans le temps depuis les années 80 jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. Son objectif : tuer Adolf Hitler, alias « Kung Führer », et venger son ami tué par le leader nazi. Un problème technique va le conduire jusqu’à l’époque Viking.

Genre : Fiction

Durée : 30’

Pays : Suède

Année : 2015

Réalisation : David Sandberg

Scénario : David Sandberg

Image : Jonas Ernhill, Martin Gärdemalm, Mattias Andersson

Son : Patrik Öberg

Montage : Nils Moström

Musique : Mitch Murder, Lost Years

Interprétation : David Sandberg, Leopold Nilsson, Eleni Young, Helene Ahlson, Jorma Taccone, Per-Henrik Arvidius

Production : Laser Unicorns Productions

Article associé : la critique du film

T comme Tourisme International

Fiche technique

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Synopsis : Comment une dictature se présente à ses touristes ? Quel récit, quels acteurs, quelle mise en scène mobilise-t-elle ? Tourisme International a été tourné comme la captation d’un spectacle à l’échelle d’un pays, la Corée du Nord. Musées, ateliers de peinture, studios de cinéma ou usine chimique nous sont présentés par des guides dont on n’entendra jamais les voix.

Genre : Documentaire

Durée : 48′

Pays : France

Année : 2014

Réalisation : Marie Voignier

Image, montage : Marie Voignier

Son : Thomas Fourel

Production : Bonjour Cinéma

Article associé : la critique  du film

Tourisme International de Marie Voignier

En décembre 2014, Format Court remettait son quatrième et dernier prix au festival du film de Vendôme, ce dernier ayant annoncé sa fermeture définitive en janvier 2015. Après « Pour la France » en 2013, « Le Monde à l’envers » en 2012 et « La Maladie blanche » en 2011, « Tourisme International », moyen-métrage d’une cinquantaine de minutes de Marie Voignier primé par notre jury, est l’une des dernières belles découvertes cinématographiques que la riche programmation de ce festival aura offertes.

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Marie Voignier, cinéaste et vidéaste, ne rapporte pas de ses voyages des films de vacances banaux et dignes d’intérêt uniquement pour ses propres souvenirs. Bien au contraire. De son séjour en Corée du Nord, elle propose un documentaire militant et novateur, tant sur la forme que sur le fond. « Tourisme International » n’est pas un film de touriste mais un film sur le tourisme dans un pays en dictature. Le tourisme individuel en totale autonomie y étant interdit, les étrangers sont obligés de passer par une agence spécialisée pour organiser leur circuit et être accompagnés par un guide de l’État tout au long de leur voyage. Par l’intermédiaire de ce guide, le gouvernement peut alors transmettre l’image qu’il le souhaite de son pays. Marie Voignier a visité la Corée du Nord parmi l’un de ces groupes et livre un témoignage poignant, évidemment contraire à la majestueuse image du pays que les guides ont essayé de décrire.

Par un choix de montage, pas des plus simples mais des plus percutants, la réalisatrice critique les faits du gouvernement avec une justesse implacable. En effet, elle a décidé de couper le son et de ne postsynchroniser que les sons d’ambiance, oubliant ainsi volontairement les voix des guides. Ce procédé dérangeant souligne l’absence de sens réel de leurs propos et permet au spectateur de se concentrer uniquement sur l’arrière-plan. Seulement, quelques cartons le guident pour expliquer le contexte de la visite, mais la neutralité des cadrages et l’absence de commentaires de la part de la réalisatrice le laissent libre d’analyser lui-même les images et de tirer ses propres conclusions sur les conditions de voyage en Corée du Nord. Le film n’est probablement pas tourné intégralement en caméra cachée mais certaines images, régulièrement filmées à la taille, le sont certainement. Ces plans témoignent de la détermination de Marie Voignier à filmer, même lorsqu’elle ne devait pas en avoir la permission.

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Il faut bien sur s’accrocher pour tenir presque une heure devant de tels longs plans fixes sans voix mais le propos de Marie Voigner est tellement saisissant que l’on ne peut qu’être captivé et sortir de ce moyen-métrage avec un nouveau regard sur notre époque et en particulier sur la Corée du Nord.

Zoé Libault

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Rappel. Dernière Soirée Format Court de l’année, spéciale Vendôme, ce jeudi 11 juin !

Ce jeudi 11 juin, à 20h30, notre dernière soirée Format Court de l’année aura lieu au Studio des Ursulines (Paris, 5ème). Pour l’occasion, nous rendons hommage au Festival de Vendôme dont la dernière édition a eu lieu en décembre 2014. Quatre films sélectionnés au dernier festival seront projetés sur grand écran, en présence d’Émilie Parey, déléguée générale du festival, Davy Chou (réalisateur de « Cambodge 2099») et Marie Voignier et Marie Vachette (réalisatrice et productrice de « Tourisme International », dernier Prix Format Court à Vendôme).

En guise de supers bonus, des dessins et croquis préparatoires  relatifs aux deux films d’animation programmés seront exposés à l’entrée du cinéma et un verre offert ponctuera cette dernière soirée de l’année. Soyez au rendez-vous !

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En pratique

– Jeudi 11 juin 2015, à 20h30, accueil : 20h. Durée de la séance : 92′
– Infos (programmation, synopsis, critiques, trailers, …) : ici !
– Studio des Ursulines : 10 Rue des Ursulines, 75005 Paris
– Accès : RER B Luxembourg (sortie rue de l’Abbé de l’Épée), Bus 21, 27 (Feuillantines), 38 ou 82 (Auguste Comte), 84 ou 89 (Panthéon). Métro le plus proche : Ligne 7, arrêt Censier Daubenton (mais apprêtez-vous à marcher un peu…)
Entrée : 6,50 €
Réservations vivement recommandées : soireesformatcourt@gmail.com

Kanun de Sandra Fassio, Prix Format Court au Court en dit long !

La 23ème édition du festival de courts métrages belges Le Court en dit long s’est tenue du 1er au 6 juin au Centre Wallonie-Bruxelles à Paris. Pour la première fois, Format Court y attribuait un prix au sein de la compétition. Parmi les 44 films sélectionnés, le Jury Format Court (composé de Sylvain Angiboust, Katia Bayer, Juliàn Medrano Hoyos et Paola Casamarta) a choisi de récompenser « Kanun » de Sandra Fassio, un film noir impressionnant par la rigueur et la subtilité de son intrigue. Comme tous les bons films noirs, il tient de la tragédie dans sa façon de parler de la culpabilité et de la rédemption et de confronter les individus à des règles inflexibles qui les écrasent.

Le court-métrage primé bénéficiera d’un dossier spécial en ligne, sera programmé lors d’une prochaine séance Format Court au Studio des Ursulines (Paris, 5ème). La réalisatrice bénéficiera également d’un DCP pour un prochain court doté par le laboratoire numérique Média Solution.

Kanun de Sandra Fassio (Fiction, 27′, Belgique, France, 2015, Helicotronc, Offshore).

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Syn. : KANUN : code albanais ancestral, impitoyable. L’article 864 dit : Tu vengeras la mort d’un membre de la famille par la mort de l’assassin. Mais l’article 602 impose de respecter et protéger son invité comme son propre enfant. Et ce soir, Adil a accepté d’héberger Johan, un de ses hommes de main, alors que son fils ainé n’est pas encore rentré à la maison.

Parallèlement au prix, le Jury a souhaité décerner une mention à « Sœur Oyo » de Monique Mbeka Phoba pour sa représentation singulière du monde de l’enfance, sa description d’un passé méconnu ainsi que son ouverture sur l’imaginaire.

Soeur Oyo de Monique Mbeka Phoba (Fiction ,23′, Belgique, 2014, Rumbacom)

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Syn. : Dans le Congo belge colonial des années 50, une écolière congolaise, Godelive, vit au pensionnat catholique de Mbanza-Mboma, première école en français pour congolaises. Elle s’y occidentalise, suivant le souhait de ses parents. Mais, le souvenir de sa grand-mère s’interpose…

Consulter le palmarès entier du festival Le Court en dit long

Le Court en dit long, le 23ème palmarès

Du 1er au 6 juin 2015, s’est tenue la 23ème édition du Festival Le Court en dit long au Centre Wallonie-Bruxelles à Paris. La compétition comptait 44 courts métrages (co)produits en Wallonie et à Bruxelles. En voici le palmarès délivré par le Jury officiel (Olivia Bruynoghe, Justine Bruneau, Patrice Carré, Benoît Giros et Olivier Jahan) ainsi que les autres prix.

Palmarès

Grand Prix du Jury : Monstre de Delphine Girard (INSAS).

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Prix de la Mise en Scène : Vertiges de Arnaud Dufeys (Replica Films).

Prix du Scénario : Elena de Marie Le Floc’h et Gabriel Pinto Monteiro (IAD).

Prix d’interprétation féminine : Lucie Debay dans Jung Forever de Jean-Sébastien Lopez (Les Passeurs de lumière, Artémis Productions).

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Prix d’interprétation masculine : Olivier Bonjour dans Le Zombie au vélo de Christophe Bourdon (Les Films du Carré, CCA).

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Mention spéciale à Damien Collet pour ses films La Demi-saison et Untitled-Figuration libre (Lentille Optique)

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Mention Spéciale Animation : Les Pécheresses de Gerlando Infuso (Eklektik Productions).

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Autres Prix

Prix du Public : Jung Forever de Jean-Sébastien Lopez (Les Passeurs de lumière, Artémis Proudctions).

Prix Coup de Cœur RTBF : Au moins le sais-tu d’Arthur Lecouturier (IAD).

Prix Coup de Cœur Be-TV : La Valse mécanique de Julien Dykmans (autoproduction).

Prix Format Court : Kanun de Sandra Fassio (Helicotronc, Offshore).

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Mention spéciale Format Court : Soeur Oyo de Monique Mbeka Phoba (Rumbacom).

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C comme Copain

Fiche technique

Synopsis : Fré est un adolescent déchiré entre deux mondes, celui de sa famille aisée et conservatrice et celui de ses amis des banlieues. Il réussit à garder ces deux mondes séparés, jusqu’au jour ou il tombe amoureux.

Genre : Fiction

Durée : 15’

Pays : Belgique

Année : 2015

Réalisation : Jan et Raf Roosens

Scénario : Sanne Nuyens, Bert Van Dael

Musique : Raf Keunen

Production : Rococo

Article associé : la critique du film

Copain de Jan et Raf Roosens

En sélection officielle, cette année, au Festival de Cannes, « Copain », des frères Roosens traite de la difficulté adolescente de se construire. Après un premier court métrage, « Rotkop », centré sur le quotidien difficile d’un jeune garçon, malmené par ses camarades, ce deuxième film a pour sujet la double vie d’un adolescent, écartelé entre une vie familiale douloureuse et des amis avec lesquels il n’est pas tour à fait sincère.

Les réalisateurs nous invitent à découvrir le quotidien de Fré, un jeune homme issu d’une famille bourgeoise et conservatrice au sein de laquelle il ne trouve plus sa place. Fuyant ce foyer endeuillé par le décès de son frère aîné, l’adolescent passe le plus clair de son temps à vadrouiller avec un groupe de jeunes issus des quartiers populaires. Avec eux, il oublie son quotidien en jouant à être un autre. Le film dévoile la vie de ce jeune homme qui s’évertue à instaurer une barrière imperméable entre sa famille, son passé et ses nouvelles fréquentations.

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Le film démarre par une course, joyeuse et effrénée, dans les escaliers d’un immeuble désert. L’humeur est joueuse, faite de rires et de bousculades. Puis, la nuit arrive et l’atmosphère se fait de plus en plus sombre, Fre enfourche sa bicyclette pour rentrer chez lui. À son arrivée, la maison est vide, son regard s’arrête sur une chambre invariablement vide aussi – on devine qu’il s’agit de celle de son aîné – sur des fleurs semi-fanées, des photographies de famille. Le climat est de plus en plus pesant quand vient l’heure du dîner, la lumière s’affaiblit, les bruits de couverts raclent dans les assiettes. Le jeune homme, les yeux rivés vers la table, reste silencieux. À l’issue de cette scène, il plonge dans la piscine pour ressortir en plein jour, dans un lac, entouré de ses amis. L’alternance de scènes diurnes, au cours desquelles il semble vivre le quotidien normal d’un adolescent de son âge, et nocturne ou fuyant les regards, il s’efface et paraît perpétuellement vouloir fuir, renforce l’idée de mur dressé entre ces deux volets distincts de son quotidien.

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Tout sera sur le point de changer lorsqu’il tombe amoureux de la fille de sa bande. Elle lui révèle un secret, il vent se livrer aussi et l’entraîne, à travers la foret, pour lui montrer où il vit. Pourtant, l’arrivée impromptue de ses parents va venir contrarier la fin que l’on voyait se dessiner. Les frères Roosens nous livrent au final un film sur les apparences et retranscrivent avec brio l’écartèlement d’un jeune homme tiraillé entre un quotidien familial trop pesant et une vie sociale faite de mensonges lourds à assumer.

Paola Casamarta

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Leonardo Brzezicki, Prix Format Court au festival IndieLisboa 2015

Toujours en quête de (bons) films venus d’ailleurs, Format Court a attribué pour la première fois un Prix Format Court à l’occasion de la dernière édition du festival IndieLisboa. La toute nouvelle section « Silvestre », regroupant des films à part et inattendus réalisés par de jeunes auteurs comme des cinéastes établis, contenait, parmi de nombreuses propositions, une curieuse pépite, un film à part, à la croisée des genres, drôle et mélancolique à la fois, traitant de l’amour, de la vie, de l’absurde, des rêves mais aussi des ruptures. Un film dans lequel on chante, on dit des choses insensées, on se cogne contre les poteaux, on aime (ou pas) l’art contemporain, on continue (ou pas) à jouer au tennis et à se lever le matin et où les chats ont (ou pas) trois yeux dans la nuit noire.

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« The Mad Half Hour » de Leonardo Brzezicki, un film dano-argentin, a réussi à séduire notre jury  et est vu attribuer notre Prix Format Court, une récompense que nous souhaitons associer à l’originalité, au talent et à la perception d’autres bons films, courts ou longs.

Dans le cadre du Prix Format Court, le film a été projeté le jeudi 14 mai dernier au Studio des Ursulines (Paris, 5è) lors d’une séance spéciale consacrée à quatre Prix Format Court (attribués à Angers, Brive, Go Short et IndieLisboa). Déjà auteur d’un long-métrage (« Noche »), Leonardo Brzezicki bénéficie également d’un DCP pour un prochain projet de court, doté par notre partenaire, le laboratoire numérique Média Solution. Cela tombe bien, le court intéresse et inspire cet auteur marqué par les relations humaines et les nouvelles histoires.

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Retrouvez dans ce dossier spécial :

– La critique du film

– L’interview de Leonardo Brzezicki

Leonardo Brzezicki : « Quel est l’intérêt de faire un film si on n’essaie pas d’offrir de nouvelles perspectives par rapport à ce qui a déjà été fait ? »

Lauréat du premier Prix Format Court à IndieLisboa et sélectionné au préalable à la dernière Berlinale, « The Mad Half Hour » est un court-métrage, noir, drôle, argentin, blanc, mélancolique et danois, réalisé par un ancien comédien, Leonardo Brzezicki, déjà auteur d’un long-métrage, « Noche », bien repéré sur la scène festivalière. En amont de la projection de son film que nous avons organisée en mai à Paris, nous avons rencontré Leonardo Brzezicki à Lisbonne pour un entretien autour du court, des non-professionnels, du cinéma français et des difficultés à se forger une filmographie en Argentine.

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Format Court : Ton film, « The Mad Half Hour » se présente comme une co-production entre le Danemark et l’Argentine. Quel est l’apport de chaque pays et ton lien avec Gudmundur Arnar Gudmundsson (ndrl. réalisateur de « Whale Valley » et « Artùn ») sur ce projet ?

Leonardo Brzezicki : Avec Gudmundur, on s’est rencontré lors du festival CPH : DOX, à Copenhague. Il y existe un programme, le « CPH : LAB », qui consiste à inviter des réalisateurs du monde entier à Copenhague pour participer à une sorte de labo pendant huit jours. Gudmundur et moi avons été choisis pour faire un film ensemble. Malheureusement à cette époque, il était sur le montage de son dernier film et venait de rentrer à la Résidence de Cannes, il n’avait donc pas beaucoup de temps pour s’investir dans ce programme. Je ne voulais pas postposer le projet un an plus tard car je suis pris par l’écriture d’un long, nous avons décidé ensemble que j’écrirais et réaliserais le film quand même et qu’il ferait figure de producteur exécutif. C’est comme ça qu’est né « The Mad Half Hour ». En fait, l’argent et la production viennent du Danemark mais le film a été tourné en Argentine, c’est pourquoi c’est un film dano-argentin.

Parfois, sur des co-réalisations, il y a des conflits d’idées. Parfois ça marche, parfois pas. Mes différentes expériences de co-réalisation ont été différentes en fonction du réalisateur sur lequel je suis tombé. Avec Gudmundur, nous nous sommes très bien entendus. Nous avons échangé quelques idées au départ, puis tout s’est passé très vite, il n’avait plus le temps et j’ai fini le film tout seul.

L’univers des films de Gudmundur est très différent du tien. As-tu une idée de la raison pour laquelle vous êtes-vous retrouvés ensemble sur ce projet ?

L.B. : Je ne sais pas. C’est comme un couple, plein de mystères. C’est peut-être lié au fait que mon précédent long-métrage, « Noche », parlait de dépression et de suicide. C’est l’histoire d’un groupe de six amis qui se rendent chez un homme qui s’était auparavant tué chez lui. Cet homme était designer sonore et a laissé derrière lui tous les sons sur lesquels il travaillait. Les jeunes se mettent à écouter les enregistrements et entrent dans une étrange ambiance de deuil et de réalité subjective. Hormis cela, je ne vois vraiment aucun lien entre mon travail et celui de Gudmundur.

Peux-tu me parler de toi et de ce que tu as fait avant ce court-métrage ?

L.B. : J’ai étudié le théâtre dramatique et le cinéma en même temps. Quand je suis sorti de l’école de cinéma, j’ai plus trouvé des emplois d’acteurs. J’ai enchainé les rôles, aussi bien au théâtre qu’au cinéma, dans des longs comme dans des courts. Au bout d’un moment, j’en ai eu assez. J’ai joué dans un film américain dont je n’aimais pas du tout le scenario. Je réécrivais les pages du scénario tous les matins et je me suis dis que je ne voulais plus faire ça, que je voulais juste faire mes propres films.

Toutefois, en Argentine c’est très difficile de faire son premier film. La différence est très forte entre les réalisateurs qui ont de l’argent et ceux qui n’en ont pas. Moi, je fais partie de la deuxième catégorie. J’ai donc pris deux ans pour faire mon premier film tout en travaillant comme serveur pour économiser de l’argent. J’ai donc fait mon premier film, un long, comme ça, avec mon propre argent.

Il n’y a aucune aide de la part de l’État argentin ?

L.B. : Il n’y a pas d’aide au développement et puis, c’est difficile d’obtenir une aide quand tu n’es pas connu. En plus, le type de film que je voulais faire n’aurait pas tellement intéressé les fonds d’aide. C’était un film très personnel, basé sur ma propre expérience. Je voulais dresser le portrait d’un état émotionnel et le film ne suivait pas du tout un scénario classique. Celui-ci était plus libre, plus ouvert. Le film a gagné au LAB films de Rotterdam, ce qui nous a permis de le finir et de payer tout le monde.

Aujourd’hui, je travaille sur un scénario bien plus narratif et j’ai besoin de plus d’argent. La situation est de plus en plus difficile en Argentine pour les longs-métrages car il y a moins de moins en moins d’argent pour le cinéma. La majorité des films réalisés en Argentine ne sortent pas ou s’ils sortent, ils ne restent pas plus d’une semaine à l’affiche. Personne ne va au cinéma.

Pourquoi es-tu passé du long au court-métrage ? Est-ce que cela te paraissait plus simple ?

L.B. : En fait, avec l’argent de programme danois, j’aurais pu faire aussi bien un long qu’un court, mais depuis le début, on s’est mis d’accord avec Gudmundur qu’on ferait un court-métrage. Je souhaite faire mon propre long avec d’avantage d’argent et de temps.

Qu’as-tu voulu raconter dans ton film ?

L.B. : Je commence toujours par une image, après une chose en entraîne une autre. J’avais l’image de ce garçon qui voulait soudainement arrêter de jouer au tennis, je voulais aussi explorer les rôles que chacun joue dans une relation amoureuse sous différents angles, fantaisiste, fantastique, absurde et existentialiste.

Le film emprunte différentes directions. La première partie est absurde et très drôle tandis que la deuxième adopte un côté plus sombre.

L.B. : Oui, sombre et incertaine. Je voulais finir le film avec un sentiment d’incertitude. J’ai le sentiment que parfois dans les relations amoureuses, on oublie ce qu’on veut vraiment, ce que chacun désire et qu’on est seulement obnubilé par l’amour.

C’est marrant mais je pense qu’au fond, le film est très mélancolique. Je ne voulais pas explorer ces sentiments sérieusement mais en même temps, il y a toujours une certaine forme de mélancolie dans mon travail, même quand j’essaie d’être drôle.

Mon prochain projet parlera d’amour aussi, mais je vais traiter d’une relation plus complexe, celle de deux hommes ayant une fille. Il s’agira d’un long-métrage, ce sera donc différent. Ce que je souhaite le plus en faisant du cinéma, c’est de pouvoir offrir un nouveau point de vue sur un sujet. Quel est l’intérêt de faire un film si on n’essaie pas d’offrir de nouvelles perspectives par rapport à ce qui a déjà été fait ?

Sur « The Mad of the Hour », tu as travaillé avec des non-professionnels. Comment s’est passée la direction d’acteurs ?

L.B. : C’était génial ! J’ai choisi ces personnes parce qu’elles possédaient en elles les qualités que je cherchais, leur jeu était donc très naturel. Ma nièce, par exemple, joue dans mon film. Elle n’est pas actrice, elle n’avait jamais joué avant. Le casting est l’élément le plus important pour moi. Pour mes prochains projets, j’investirai d’ailleurs plus de d’ailleurs dans le casting.

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L.B. : À quoi ressemble le scénario de ton film ? Est-il très écrit ou as-tu laissé une grande part à l’improvisation ?

C’était écrit, il n’y avait pas d’improvisation. Les scènes étaient écrites mais en rediscutant avec les acteurs, je les ai réécrites en fonction de leurs remarques.

Tes références de films sont-elles plutôt européennes ou américaines ? Où vois-tu les films ? Sortent-ils en Argentine ?

L.B. : Les films ne sortent pas mais je vais les voir à la Cinémathèque et je les télécharge. Je suis un grand fan des films français. Ceux-ci offrent vraiment des nouveaux regards, notamment sur les relations humaines. J’adore les dialogues et la manière dont les acteurs jouent. Ils jouent beaucoup sur les émotions mais en même temps, il est possible de percevoir l’artifice de leur jeu. Ce n’est pas la réalité, on sent un réalisateur derrière. Je pense que ce que j’aime aussi dans le cinéma français, c’est que généralement ce ne sont pas des films à gros budgets. Ils ne sont pas loin de mon univers et de moi-même.

Tu as produit « Noche » et « The Mad Half Hour », tu travailles fréquemment avec des amis. Comment perçois-tu l’étape supérieure, la professionnelle, associée au long-métrage ?

L.B. : Les gens avec qui je travaille sont des professionnels et je n’ai pas tellement envie de changer mon style de production. J’aimerais avoir plus d’argent pour développer et faire des films, mais je ne sais pas si je suis fait pour en avoir trop car ça pourrait changer le type de film que j’aime faire. De plus, je pense que vraiment profitable de travailler avec la même équipe car on se connaît de plus en plus et on arrive à un point où on n’a même plus besoin de se parler pour se comprendre.

Aujourd’hui, tu prépare un long-métrage, penses-tu revenir un jour au court-métrage ?

L.B. : Faire du cinéma, c’est super mais un court n’est pas plus facile qu’un long. Faire un film pour moi, c’est faire un film. C’est pareil.

Propos recueillis par Katia Bayer. Retranscription : Sukriti Syal. Traduction : Zoé Libault

Article associé : la critique du film

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Concours : 10 places à gagner pour la reprise des courts de la Semaine de la Critique à la Cinémathèque

Comme tous les ans, la Cinémathèque reprend la sélection (courts et longs métrages) de la Semaine de la critique du Festival de Cannes. Pour accompagner cette reprise et vous permettre de voir les courts de Cannes, nous vous offrons 5 places pour chaque séance de courts métrages prévues le weekend prochain. Intéressé(e)s ? Contactez-nous !

Programme de courts métrages 1 : samedi 6 Juin 2015 – 17h30

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Too Cool for School de Kevin Philips/Etats-Unis/2014/11′
Boys (Pojkarna) de Isabella Carbonell/Suède/2014/19′
Varicella de Fulvio Risuleo/Italie/2014/14′. Prix Découverte Sony CineAlta
Le Renard exploite la force du tigre (The Fox exploits the Tiger’s Might) de Lucky Kuswa/Indonésie/2014/25′
La Fin du dragon de Marina Diaby/France/2014/26′

Programme de courts-métrages 2  : dimanche 7 juin 2014 – 14h30

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Jeunesse des loups garous de Yann Delattre/France/2014/22′
Love Comes Later de Sonejuhi Sinha/Etats-Unis/2014/10′
Command Action de João Paulo Miranda Maria/Brésil/2014/14′
Alles wird gut de Patrick Vollrath/Allemagne-Autriche/2014/30′
Ramona de Andrei Cretulescu/Roumanie/2014/20′. Prix Canal +

Coup de pouce DCP, le premier prix offert par Média Solution

Afin de donner plus de visibilité aux jeunes talents du court métrage francophone, le laboratoire numérique Média Solution, le partenaire de nos Prix Format Court, a lancé en mars dernier le Coup de pouce DCP.

Le principe de ce concours est simple : permettre à un réalisateur ou une réalisatrice de voir son court-métrage diffusé en salle de cinéma et en festival en lui offrant le DCP de son film (encodage au format Cinéma Numérique).

Mourir oui mais au son des violons

Jeudi 28 mai 2015, un jury de professionnels s’est réuni au siège parisien de Média Solution pour visionner et départager les films en lice pour la finale de la première édition du Coup de pouce DCP.

Parmi les 45 films reçus, le jury a décidé de récompenser « Mourir, oui mais au son des violons tsiganes » d’Isabelle Montoya. La réalisatrice remporte ainsi un encodage DCP de son film, offert par Média Solution.

Pour en savoir plus : http://mediasolution.fr/blog/

La prochaine édition du Coup de Pouce DCP aura lieu du 26 juin au 31 août avec délibération du jury le 24 septembre 2015.

Séquence court-métrage, appel à films

Du 18 au 22 novembre 2015, le festival Séquence court-métrage fêtera sa 24ème édition à Toulouse et en région Midi-Pyrénées à travers 5 jours de temps forts à travers des compétitions internationales et programmes thématiques, des rencontres, et une nuit du court métrage.

Via une formule singulière, l’association propose en amont 3 phases de présélections pendant l’année. 18 films sont ainsi soumis aux votes pour concourir aux finales du Prix du Public et du Jury pendant le festival.

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L’appel à films (fictions, animations et documentaires terminés après janvier 2013, d’une durée maximum de 25 minutes) est ouvert jusqu’au 3 juillet 2015 sur filmfestplatform.com. Les formats acceptés sont le DCP de préférence, le Blu-Ray ou le DVD le cas échéant.

Pour plus d’informations sur le festival :
www.sequence-court.com
www.facebook.com/sequence.court

Prochaine Soirée Format Court, spéciale Vendôme !

Notre dernière soirée Format Court de l’année, organisée le jeudi 11 juin à 20h30 au Studio des Ursulines (Paris, 5ème), est consacrée au Festival de Vendôme, une manifestation de premier plan ayant malheureusement disparu en janvier dernier après 23 ans de bons et loyaux services en faveur du cinéma français et européen de qualité.

Partenaires du festival depuis plusieurs années, nous y avons attribué 4 Prix Format Court dont nous vous proposons de découvrir le dernier lauréat, « Tourisme International » de Marie Voignier, accompagné de 3 autres films sélectionnés à la dernière édition de Vendôme.

À l’occasion de cette séance, venez rencontrer Émilie Parey, la déléguée générale du festival et deux équipes de films, et découvrir non pas une mais deux expositions de dessins et croquis préparatoires organisées autour des films d’animation programmés. En guise de bonus sympa, la séance sera suivie d’un verre offert.

Programmation

Tourisme International de Marie Voignier (France, Documentaire, 48′, 2014, Bonjour Cinéma). Prix Format Court, Festival de Vendôme 2014. En présence de l’équipe

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Syn : Comment une dictature se présente à ses touristes ? Quel récit, quels acteurs, quelle mise en scène mobilise-t-elle ? Tourisme International a été tourné comme la captation d’un spectacle à l’échelle d’un pays, la Corée du Nord. Musées, ateliers de peinture, studios de cinéma ou usine chimique nous sont présentés par des guides dont on n’entendra jamais les voix.

Article associé : la critique  du film

Beach Flags de Sarah Saïdan (Animation, 13′, France, 2014, Sacrebleu, Folimage). Prix du meilleur film au Festival Anime Award de Tokyo 2015

Syn. : Vida est une jeune nageuse sauveteuse iranienne. Favorite dans son équipe, elle est décidée à se battre pour décrocher une place dans une compétition internationale en Australie. Mais, avec l’arrivée de Sareh, aussi rapide et talentueuse qu’elle, elle va être confrontée à une situation inattendue.

Article associé : la critique du film

Cambodge 2099 de Davy Chou (Fiction, France, 21′, 2014, Vycky Films). Grand PrixFestival de Vendôme 2015, Sélection à la Quinzaine des Réalisateurs 2014. En présence du réalisateur

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Syn. : Phnom Penh, Cambodge. Sur Diamond Island, joyau de modernité du pays, deux amis se racontent les rêves qu’ils ont faits la veille.

Article associé : la critique du film

Oripeaux de Sonia Gerbeaud et Mathias Panafieu (Animation, 10′, France, 25 Films, Ambiances…asbl). Sélection aux festivals d’Annecy et de Clermont-Ferrand 2014

Syn : Dans un village isolé, une petite fille se lie d’amitié avec une meute de coyotes. Les villageois mettent brutalement fin à cette relation sans se douter du soulèvement qui les guette.

En pratique

– Jeudi 11 juin 2015, à 20h30, accueil : 20h. Durée de la séance : 92′
– Studio des Ursulines : 10 Rue des Ursulines, 75005 Paris
– Accès : RER B Luxembourg (sortie rue de l’Abbé de l’Épée), Bus 21, 27 (Feuillantines), 38 ou 82 (Auguste Comte), 84 ou 89 (Panthéon). Métro le plus proche : Ligne 7, arrêt Censier Daubenton (mais apprêtez-vous à marcher un peu…)
Entrée : 6,50 €
Réservations vivement recommandées : soireesformatcourt@gmail.com
Participez à l’événement sur Facebook

Cinéma de poche/Cinémathèque : reprise de la Cinéfondation 2015 aujourd’hui et demain

Cannes, encore…  Aujourd’hui et demain soir, la Cinéfondation, la section consacrée aux films d’écoles, débarque à la Cinémathèque française au détour du cycle Cinéma de poche. L’occasion de découvrir les films des réalisateurs sélectionnés cette année, en présence de Georges Goldenstern et Dimitra Karya (représentants de la Cinéfondation).

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Programmes détaillés ici : http://www.cinematheque.fr/fr/dans-salles/rendez-vous-reguliers/fiche-cycle/cinema-poche-2014-2015,606.html

Tarifs : 6€50 Plein tarif, 5€50 Tarif réduit, 3€ pour les moins de 18 ans. 4€50 avec le Forfait Atout Prix.

Entrée libre avec le Libre Pass

Maureen Fazendeiro : « Comment rend-t-on visible la mémoire d’une vie entière ? »

De la danse au cinéma en passant par la distribution ou l’édition, Maureen Fazendeiro est une grande voyageuse de cinéma. Elle nous livre un premier film, « Motu Maeva », qui est lui-même un voyage, celui d’une passagère du siècle. Entre deux aller-retours portugais où elle travaille avec Miguel Gomes, elle revient pour Format Court, sur son film qui a remporté le Grand Prix Europe au dernier Festival de Brive.

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Tu travailles dans le cinéma depuis un moment et « Motu Maeva » est ton premier film. Quel fut le déclic pour faire de Sonja André ton personnage principal ?

Maureen Fazendeiro : Pour une raison très simple : Sonja est très âgée et je me suis dit que ses histoires allaient disparaître avec elle sans laisser de traces. Personne d’autre que moi n’allait les connaître si je ne faisais pas quelque chose maintenant. Ça a été impulsif quand j’ai décidé de faire ce film. J’ai senti qu’il fallait le faire à cette étape de mon désir de cinéma tout autant que pour elle.

Comment as-tu rencontré Sonja ?

Je connaissais Sonja depuis longtemps, et cela faisait des années que j’allais dans son jardin en Bourgogne, celui qu’on voit dans le film. J’allais la voir au début pour lire, me reposer, discuter et passer du temps avec elle. C‘était un endroit où je ne me sentais pas du tout en France, aujourd’hui. On y trouve une végétation luxuriante, des bambous partout, des objets ramenés de Tahiti et des masques africains. J’ai projeté beaucoup de choses dans ce jardin qui réveillait mon imaginaire de littérature, de cinéma. Je m’étais donc dit que filmer Sonja revenait à filmer ce lieu qu’elle avait créé et montrer comment elle réinventait sa vie. Ça a été le départ du film.

Comment as-tu décidé de faire se répondre images d’archives et images du présent ?

Dès le départ, j’avais l’idée que ce jardin serait un « ici et ailleurs ». Aussi, je souhaitais jouer avec cette idée de proche et de lointain. Le contraste se situait entre la solitude extrême de Sonja dans son jardin et toutes ces personnes qu’elle avait rencontrées et qui sont présentes avec elle en souvenirs et en traces enregistrées qu’elle avait accumulées au fil du temps. Elle ne se sentait donc jamais seule.

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Comment s’est passé le montage ?

On a monté en deux semaines à Lisbonne et quand on est revenu à Paris, on a travaillé plus précisément que dans le premier montage les archives que Sonja avait retrouvées dans son jardin. Les images dataient de 1956 à 1976 environ. Sonja et Michel, son mari, avaient filmé dans tout les pays où ils sont allés, en Afrique, à Tahiti, en Asie.

Comme j’avais 18h d’archives et pas les moyens de tout numériser, j’ai fait le montage à la colleuse (NDR : petit appareil mécanique pour découper et assembler les éléments de pellicule cinéma) et je n’ai numérisé que les moments qui m’intéressaient. A la visionneuse (NDR : Appareil doté d’une loupe rétro éclairée permettant de voir le film sur pellicule sur un petit écran), image par image, on doit couper le film original et choisir ce qui va être intégré au film. Je réfléchissais donc beaucoup à chaque coupe. Je faisais toujours de nombreux tests avant de couper et c’était vraiment très différent de ce que l’on fait de nos jours, en montage virtuel, avec Final Cut. Cela a duré plus d’un mois, mais pour retrouver un autre temps, c’était très juste de travailler comme ça.

La voix-off de Sonja sert un peu de fil d’Ariane dans ces passages du passé au présent. Comment l’as-tu élaborée ?

Comme c’était mon premier film, j’ai tout fait de manière intuitive. Pendant une bonne semaine, je suis passée la voir tous les jours et j’enregistrais 2 à 3 heures de nos discussions afin de la faire parler. En ce sens là, « Motu Maeva » est un documentaire et à la fin, j’avais donc une douzaine d’heures de son.

Ce n’est qu’au montage que j’ai réécouté tout ce que j’avais enregistré. J’avais un tableau et j’isolais des phrases qui m’intéressaient, des bribes d’histoires. Je ne voulais pas faire un film à la structure chronologique, je savais que ça ne serait pas très explicatif. Ce que je cherchais, c’était plutôt des impressions, quelque chose qui ressemble à de la mémoire.

Mon film est donc constitué de fragments. J’avais isolé plusieurs fragments de sons. J’avais tout retranscrit et avec la monteuse, chaque matin, on relisait le texte. On montait l’image, mais ce n’est pas le son qui a dicté l’image, ça s’est vraiment fait de manière très organique. L’image amenait une lumière, une émotion, que le son venait rejoindre mais il a fallu se poser la question : « comment rend-t-on visible la mémoire d’une vie entière ? ». On a construit comme ça une voix. Ensuite, une fois que le montage image était fait, j’ai travaillé avec un monteur son portugais, Miguel Martins qui est aussi le monteur son de Miguel Gomes et de João Nicolau.

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Comment as-tu choisi d’intégrer l’émouvante lettre sonore de la mère de Sonja qu’on entend à la fin du film ?

La lettre, j’y tenais beaucoup. Il y avait beaucoup d’images d’archives mais aussi beaucoup d’archives sonores, près de 200 cassettes de musique enregistrée avec des messages que les deux époux se laissaient l’un à l’autre.

Après le tournage, j’ai passé beaucoup de temps à écouter et quand je suis tombée sur cette lettre de sa mère, je l’ai trouvée déchirante et j’ai pleuré. Et puis, Sonja avait l’habitude de raconter sa vie comme un conte de fée et elle l’a fait pour transformer toute sa souffrance en quelque chose de meilleur. Dans le film, il y a des moments comme des contrepoints à ce qu’elle raconte, d’où la lettre.

C’est un élément qui n’est pas très expliqué dans le film. Rien ne l’est vraiment, rien n’est évident. Je sais que tout est à la fois et fragmentaire et mystérieux mais ce rapport mère/fille est important dans la vie de Sonja. On voit dans les archives qu’elle a une fille et pourtant elle vit seule sur une île comme si elle était la dernière descendante d’une famille qui n’existe plus.

Comment as-tu décidé que le film aurait la durée d’un moyen-métrage ?

À nouveau, ça s’est fait au montage, de manière organique. Je savais que le film se construirait sous la forme d’une journée avec Sonja. On commence à l’aube et on finit à la nuit tombée en ayant parcouru toute une vie.

Ramener toute une vie à une journée, c’était travailler avec des lumières et des émotions différentes. Le temps du film, sa durée, s’est basée sur les étapes émotionnelles qu’on voulait mettre en avant, comme la joie ou la solitude, l’éloignement de sa mère, la tristesse, etc…

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Vous avez été deux à filmer, pourquoi ?

On avait essentiellement une caméra, une Beaulieu 1008 XL. Je décidais avant le plan qui allait filmer. Les plans de Sonja, c’est moi qui les ai tous filmés à cause du rapport personnel que j’essayais d’établir avec elle. Pour chaque autre plan, on décidait avec mon acolyte Isabelle Paglai qui allait filmer.

J’avais l’idée que raconter une histoire, c’était un mouvement. Aussi, à l’image, il fallait chercher ce mouvement. Les déplacements dans le jardin nous ont pris beaucoup de temps. Ça a été une sorte de territoire de jeux et aussi un espace qu’on a voulu explorer.

Le premier plan du film est aussi le premier que j’ai filmé en arrivant là-bas. Je savais que je voulais explorer ce jardin, comme j’allais explorer la vie de Sonja, comme elle- même avait exploré le monde. C’est pour ça qu’on était deux à filmer, avec Isabelle.

Et puis, j’avais une deuxième caméra plus légère, une petite Canon, sans aucune option ou réglage. C’est la monteuse du film qui me l’avait offerte avant que je parte en tournage. Elle m’avait dit : « Ça sera ton stylo ». C’était pour attraper certaines choses au vol sans avoir à rassembler l’équipe ou prévenir qui que ce soit, histoire de ne rater aucun instant. Il y a un arc-en-ciel dans le film que j’ai attrapé comme ça.

Maintenant que le film semble avoir sa vie propre, quels sont tes projets ?

J’ai continué à filmer régulièrement en Super 8 cette année. Je suis passé au 16mm et j’ai appris à développer moi-même mes films pour être autonome. Je ne filme pas des images pour qu’elles intègrent un film, je les filme pour que ça devienne une pratique quotidienne. Les écrivains, quand ils ne sont pas en train d’écrire un roman, ils écrivent quand même plein de choses. Je trouve que c’est important de pratiquer quotidiennement en tant que cinéaste. Certains ne le font pas et le vivent très bien mais pour moi, c’est important de filmer.

Je me suis installée à Lisbonne et j’y travaille, j’aimerai filmer cette ville. Peut-être que le Portugal, c’est un peu comme l’île de Sonja pour moi. Elle y a mis tout le monde qu’elle a traversé et a fait un endroit imaginaire qui regroupe tout ce qu’elle a connu.

Je ne suis pas originaire du Portugal, je n’y suis pas née, mais j’ai des origines portugaises et pour ma famille, ce pays représente l’idée du bonheur. C’est un endroit où je projette beaucoup de choses, par l’histoire de ma famille justement, le cinéma portugais que j’aime beaucoup et par la lumière qu’on y trouve. C’est ce pays que j’ai envie de filmer, notamment dans les villages portugais où la tradition orale est préservée. Les Portugais ont une manière particulière de raconter les histoires, ils ont une grande tradition du conte. Ça me plaît.

Propos recueillis par Georges Coste

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