Tous les articles par Katia Bayer

3ème Prix Format Court au Festival International du Film Francophone de Namur (FIFF) !

Pour la troisième année consécutive, Format Court attribuera un prix au Festival International du Film Francophone de Namur (2-9 octobre 2015) parmi les 12 films de la compétition internationale. Le Jury Format Court (composé de Marie Bergeret, Juliette Borel, Adi Chesson) consacrera un dossier spécial au film primé. Celui-ci sera également projeté lors d’une séance Format Court au Studio des Ursulines (Paris, 5ème) et bénéficiera d’un DCP doté par le laboratoire numérique Média Solution. Le Prix Format Court sera dévoilé à l’issue de la cérémonie de clôture du festival.

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Films en compétition internationale

Errance de Peter Dourountzis (France)
Ramona d’Andreï Cretulescu (Roumanie)
La Rivière sous la langue de Carmen Jacquier (Suisse)
Père de Lotfi Achour (Tunisie/France)
Le Repas dominical de Céline Devaux (France)
Ton cœur au hasard d’Aude-Léa Rapin (France)
Waves 98 d’Ely Dagher (Liban)
XYZ, The City Hunter de M. Tikal (Belgique)
Renaître de Jean-François Ravagnan (Belgique)
Vacances d’été d’Andreï Tanase (Roumanie)
Roberta de Caroline Monnet (Québec)
Cambodia 2099 de Davy Chou (Cambodge)

Short Screens #52 : Animal Farm

Pour démarrer la saison nouvelle, Short Screens promet de réveiller la bête qui sommeille en vous en vous proposant une séance consacrée à la relation étroite qui lie l’homme et l’animal. Une ménagerie de six courts métrages qui posent un regard diversifié sur la prétendue suprématie de l’un sur l’autre. Foi d’animal !

Le jeudi 24 septembre à 19h30, au cinéma Aventure, Galerie du Centre, Rue des Fripiers 57, 1000 Bruxelles – PAF 6€.

Visitez la page Facebook de l’événement ici.

Programmation

L’HOMME AU CHIEN de Kamal Lazraq, France, Maroc / 2014 / Fiction / 27’34’’

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Youssef mène une vie recluse et marginale. Son seul ami est son chien Chagadai. Un soir à la plage, le chien disparaît. Pour le retrouver, Youssef est contraint de s’embarquer dans une quête dangereuse à travers les bas-fonds de Casablanca.

Article associé : la critique du film

ANIMAL, ON EST MAL de Sophie Bruneau, Belgique / 2015 / Documentaire / 12’33’’

Produits miracles Il est léger, facile d’installation. Il reste en position sous tous les climats et en toute saison. Il est tout en acier et finement trempé. Il est plus efficace qu’aucun autre fil. Il est reconnu de par le monde. Il s’adapte à toutes sortes d’usages et donne toujours entière satisfaction.

BRUTUS de Svetlana Filippova, Russie / 2014 / Animation / 12’36’’

Brutus_still_4-940x529 Brutus a toujours évité de regarder les humains trop longtemps, afin de ne pas voir le changement et de garder ce qu’il a reçu. Personne ne sait mieux que les chiens avec quelle rapidité les sentiments des gens peuvent changer.

SEE TIGER TOGETHER de Xiaorao Zhou, Chine / 2013 / Fiction / 30’

vlcsnap-2015-09-16-19h27m49s841 Tanya, une danseuse russe de Pole Dance, récemment arrivée en Chine, fait la rencontre de Youzi, un garçon chinois qui n’est pas du coin non plus. Même s’ils ne parlent pas la même langue, ils trouvent chacun soutien auprès de l’autre.

ANIMAL de Will Jacobs, Etats-Unis / 2014 / Expérimental / 6’37’’

animal-will-jacobsUn homme traverse la campagne et découvre l’étrange similarité qui existe entre lui et les animaux.

THE BOX XXX de Carlo Paolillo, Italie / 2013 / Animation / 3’02’’

the-box-xxx Tous deux accros à la télévision, The Box et Dox passent leur vie à la regarder ce qui n’est pas sans conséquences sur leur comportement.

Étrange festival, le palmarès 2015

Dimanche 13 septembre 2015, l’Étrange festival a révélé son 21ème palmarès au Forum des images. Voici les deux lauréats de la compétition internationale des courts métrages. Hip hip !

Grand Prix Canal +  : The Grey Matter de Luke & Peter Mc Coubrey– États-Unis – 2015 – 18’ – Fiction

Prix du public : Splintertime de Rosto – France/Belgique/Pays-Bas – 11’05 – Animation/Expérimental

Palmarès Off-Courts 2015

Le festival Off-Courts a annoncé son palmarès hier soir. Le voici en images.

Prix du public de la Ville de Trouville-sur-Mer, Mention spéciale du jury : Petit fil(s) de Romuald Beugnon

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Prix du public du Casino Barrière : Les cennes chanceuses d’Émilie Rosas

Prix du public EurOffrancophonie : Père – بو لولاد de Lotfi Achour

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Prix du Jury Région Basse-Normandie : Bal de famille de Stella di Tocco

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Prix du Jury Le Central : BLEU TONNERRE de Jean-Marc E. Roy et Philippe David Gagné

Prix du Jury SPIRA : Mynarski chute mortelle de Matthew Rankin

Prix Office franco-québécois pour la jeunesse (OFQJ) en France : La couille d’Emmanuel Poulain-Arnaud

Prix uniFrance Films : L’étourdissement Gérard Pautonnier

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Prix de la critique : Dans les eaux profondes de Sarah Van Den Boom

Sandra Fassio : « La question de la contrainte est au cœur de mon travail, de l’écriture à la réalisation »

Réalisatrice française d’origine grecque, Sandra Fassio est à l’origine de « Kanun », un polar mettant en scène Kevin Azaïs confronté à la loi du kanun, un code de l’honneur en vigueur dans la communauté albanaise. Le film a obtenu notre Prix Format Court au festival Le Court en dit long, en juin dernier à Paris. Ce jeudi soir, la réalisatrice présentera son film, au Studio des Ursulines (Paris, 5ème). Pour Format Court, elle revient sur ses études à l’IAD, ses débuts tardifs dans la profession, son lien au montage, son intérêt pour les non-dits et les sujets difficiles.

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Quels ont été tes débuts avant d’arriver à la réalisation ?

J’ai suivi une formation en montage et script à l’IAD à Louvain-la-Neuve, en Belgique. J’ai toujours été attirée par la réalisation mais pour y arriver, je pensais qu’il valait mieux passer par la technique. Finalement, être monteuse s’est révélé terrible pour moi, j’étais une réalisatrice frustrée. J’ai donc pendant un temps travaillé à la télévision, pour des raisons alimentaires. Cela m’a permis d’écrire en parallèle. Le fait d’être script à la télévision m’a donné le temps d’apprendre l’écriture en autodidacte. J’ai mis un certain temps à réaliser mon premier film, je l’ai fait toute seule.

Te sentais-tu plus dans ton rôle en tant que réalisatrice ou monteuse ?

Je voulais tellement réaliser qu’il y avait, dans mon rôle de monteuse, une place que je n’arrivais pas à garder. Je m’accaparais beaucoup les projets des autres. Je me suis rendue compte à contrecoup que cela venait d’une envie trop importante de réaliser moi-même et que je le faisais un peu subir aux projets des autres.

Je me suis alors dit qu’il fallait que j’arrête le montage et que je fasse mes films. Quand j’ai obtenu l’argent nécessaire pour mon premier film, c’était comme si on m’avait offert un pack intégral ! Toutes les disciplines auxquelles j’avais touché avant s’y trouvaient et je me suis rendue compte qu’il n’y avait qu’avec la réalisation que je pourrais toucher à tout. En tant que technicienne, tu dois être un peu plus à distance du projet et au service du réalisateur. Cette envie de pouvoir maitriser et gérer un projet du début à la fin était trop présente chez moi. Finalement ça se passe mieux depuis que je suis devenue réalisatrice !

Je suis vraiment contente de ne pas avoir fait de courts à 20 ans, d’avoir attendu et d’en faire maintenant, avec un enfant, une famille, qui me permet de prendre mes distances. Je suis très admirative des gens qui, à 20 ans réussissent à se confronter à cet univers, à cette compétition, mais je sais que cette distance à mon travail, je la trouve du fait que je fais d’autres choses en parallèle et que je ne suis pas dépendante financièrement du cinéma.

Comment as-tu vécu la préparation et le tournage de ton premier film, « I Rafi » ?

J’étais enceinte. Je me suis dis : « J’ai l’opportunité de faire ce film. Si j’ai le minimum de reconnaissance dont j’ai besoin pour continuer tant mieux, si ça ne marche pas, tant pis ». Je pense que je me disais que toute ma vie ne reposait pas là-dessus. Cela m’a permis de relativiser beaucoup de choses. Étonnamment je trouve que c’est plutôt avec mon deuxième film, « Kanun », que ça s’est compliqué. Le fait d’avoir reçu des aides du CNC m’a mis une pression supplémentaire. J’ai ressenti également beaucoup plus de pression de la part des producteurs qui ont besoin de projets qui marchent pour pouvoir survivre. Ces questions-là ne se posaient pas pour « I Rafi ».

Pour tes projets, tu tournes en langue étrangère, tu traites de sujets lourds et de contextes singuliers (la dictature des colonels en Grèce, le code albanais du Kanun). Tu ne vas vraiment pas vers la facilité…

À vingt ans, j’avais commencé à réfléchir à des thématiques plus intimes que celles-ci, mais avec l’âge je me suis rendue compte que ce n’était pas là que se dirigeait mon intérêt.

C’est très étonnant mais pour l’instant, j’ai beaucoup de mal à écrire des dialogues en français, même si il y en a un peu dans « Kanun ». Écrire des dialogues en langue étrangère, c’est un peu un moyen de contourner une difficulté. Avec « I Rafi », j’avais en référence des films de Melville, j’avais écrit des dialogues que j’imaginais interprétés de façon assez monocorde. Je suis grecque et je parle grec mais je n’avais pas du tout envisagé l’effet que cela donnerait à la traduction. Le grec est une langue très chantante, le résultat était donc assez éloigné de ce que j’avais envisagé au départ, j’étais complètement déboussolée !

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En ce qui concerne « Kanun », j’avais en tête l’idée de faire un film noir. Mon grand-père vient du nord de la Grèce, à la frontière avec l’Albanie. La communauté albanaise y est très importante. J’ai été faire des repérages là-bas mais finalement ce n’était pas l’atmosphère que je cherchais et que j’avais imaginée. Je souhaitais faire un film qui puisse se passer dans une communauté et qui traite de la transmission de valeurs d’une culture à l’autre. À contrecoup, je me suis rendue compte que c’était déjà présent dans le premier film. Ainsi un évènement, justifié par le code dans « Kanun » ou par l’envie de vengeance dans « I Rafi », contraint des personnages qui sont aux antipodes ou dans le conflit total à se rencontrer et à se regarder. C’est dans cet instant où la rencontre est possible malgré la haine que j’entrevois une possibilité, puisque ce regard sur l’autre nous oblige à nous confronter à l’humain. Dans « I Rafi », cette rencontre avec l’ennemi a une issue positive. Dans Kanun, malheureusement, le dogme est plus le fort.

Que retiens-tu du travail mené au sein de la communauté albanaise ? Comment s’est déroulé le casting des comédiens ?

Quasiment tous les comédiens sont des professionnels. J’ai rencontré beaucoup de gens avec des profils très différents, et j’ai découvert aussi à quel point le code du Kanun a encore de l’importance et de l’influence aujourd’hui, même loin de l’Albanie. Finalement, la plus grande difficulté a été de trouver l’homme de main, interprété par Kevin Azaïs, le seul personnage à ne pas être d’origine albanaise.

Comment as-tu entendu parler du Kanun ?

J’ai relu de nombreux articles sur l’Albanie, je cherchais une thématique pour faire un film noir. Dans un premier temps, j’étais un peu gênée, je n’avais jamais entendu parler des faits du Kanun dans la communauté albanaise ici. C’était délicat, je n’avais pas envie de la stigmatiser, de contextualiser quelque chose qui n’existe pas vraiment dans une réalité sociale. Et puis, en rencontrant des Albanais, je me suis rendue compte que ce que j’avais lu était finalement en-dessous de la réalité.

Ce qui est incroyable, c’est que les Albanais n’ont pas forcement les moyens de parler du Kanun mais qu’il reste des valeurs de ce code dans beaucoup de choses, qu’il a encore des effets des plus dramatiques dans certaines familles.

Dans tes deux films, on sent un conflit entre tradition et modernité, mais aussi beaucoup de pudeur, de retenue présente dans les non-dits. Est-ce que c’est quelque chose qui t’intéresse ?

C’est vraiment la base de mon travail et de mon envie. C’est dans les non-dits que je trouve mon intérêt. Dans « I Rafi », le non-dit sert a raconter le lien : tout ce qu’on ne dit pas et qu’on comprend quand même, c’est cet amour refoulé. Dans « Kanun », c’est l’inverse puisque le non-dit nourrit le drame. C’est le code, le dogme qui empêche la remise en question, le dialogue, la communication et l’amour.

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Pourquoi as-tu choisi de travailler en huis clos ?

C’est venu d’une contrainte financière, c’est quelque chose que je me suis imposé dans un exercice et au final, je crois que la question de la contrainte est au cœur de mon travail, de l’écriture à la réalisation. Il n’y a pas vraiment d’issue dans l’enfermement.

Est-ce que le fait d’intégrer un personnage francophone qui ne parle pas l’albanais dans « Kanun » est en rapport avec ta propre histoire ?

Oui, ce personnage est un peu l’écho de cette génération avec laquelle j’ai grandi, en perte de valeurs, de repères et qui finit par se tourner vers la religion et les sectes pour retrouver une cohésion, un sentiment d’appartenance. C’était important que mon personnage ne soit pas albanais et qu’il ait une forme de fascination pour cette culture à laquelle il n’appartient pas réellement. La première question était de savoir comment la croyance absolue en quelque chose mène à l’impossibilité de se remettre en question. Que se passe-t-il quand on se rend compte que son dogme porte en son sein des contradictions ? Kevin, l’interprète du rôle, était très proche du personnage, il a vécu dans le même type de milieu que moi. Il était donc parfait pour retranscrire les sentiments que je voulais transmettre à travers son personnage.

Propos recueillis par Katia Bayer. Retranscription : Paola Casamarta

Article associé : la critique du film

Rappel. 1ère soirée Format Court de l’année, ce jeudi soir aux Ursulines !

Bonne nouvelle ! Nos soirées de courts-métrages reprennent ce jeudi 10 septembre au Studio des Ursulines (Paris, 5ème). L’occasion de découvrir cette semaine 5 films sélectionnés et primés en festival (Clermont-Ferrand, Cannes, Annecy, Berlin, Le Court en dit long…) réalisés par 5 femmes aux parcours très différents. Cette séance, organisée avec le soutien de Wallonie-Bruxelles International et du Centre Wallonie-Bruxelles à Paris, sera marquée par la présence de Céline Devaux, Sandra Fassio et Monique Mbeka Phoba, toutes trois réalisatrices.

En guise de bonus, nous vous proposons également de découvrir une exposition de dessins et croquis préparatoires relatifs au film « Guida », sélectionné et primé au dernier festival d’Annecy. Soyez au rendez-vous !

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En pratique

– Jeudi 10 septembre 2015, à 20h30, accueil : 20h. Durée de la séance : 93′
– Programmation : ici !
– Studio des Ursulines : 10 Rue des Ursulines, 75005 Paris
– Accès : RER B Luxembourg (sortie rue de l’Abbé de l’Épée), Bus 21, 27 (Feuillantines), 38 ou 82 (Auguste Comte), 84 ou 89 (Panthéon). Métro le plus proche : Ligne 7, arrêt Censier Daubenton (mais apprêtez-vous à marcher un peu…)
Entrée : 6,50 €
Réservations vivement recommandées : soireesformatcourt@gmail.com

The Centrifuge Brain Project de Till Nowak

Fiction, 6’30, 2011, Frame Box Digital, Allemagne.

Synopsis: Un ingénieur passionné crée des attractions de foire impossibles et magiques.

Suite à une recherche révélant l’effet positif d’un tourniquet sur l’intelligence des enfants, l’ingénieur Nick Laslowicz se lance dans l’invention de manèges pour adultes. Cette quête permanente pour s’élever dans les airs donnent lieu à des créations dépassant les limites de la gravité .

Ces inventions folles et utopiques sont rendues crédibles grâce à un procédé filmique permettant le temps du court-métrage de croire à l’impossible. Présenté sous la forme d’un faux documentaire, l’utilisation d’images d’archives et une mise en contexte ultra-réaliste permettent aux effets spéciaux de s’incruster à merveille dans une image disgracieuse au cadrage télévisuel. On découvre alors, au détour d’un mouvement maladroit de caméra, la beauté d’une roue gigantesque proposant des ballades de plus de 14 heures dans les airs.

La recherche scientifique dans tout ce qu’elle a de plus sérieux, est mis à profit pour retrouver le sentiment d’émerveillement propre à l’enfance. Hélas irrémédiablement perdu dans les affres du temps, il ne reste plus pour cet ingénieur nostalgique qu’à retranscrire désespérément cette sensation d’étourdissement euphorisant que l’on a au sommet d’une montagne russe, loin de la lourde gravité terrestre.

Sarah Escamilla

Nouvelle formation : ESRA Bruxelles. Journée Portes Ouvertes le 19 septembre !

Le Groupe ESRA, premier groupe privé de formations aux métiers de l’audiovisuel en France, ouvre ses portes à Bruxelles début octobre 2015. Une Journée Portes Ouvertes est organisée le samedi 19 septembre 2015 de 10h à 18h et au cours de laquelle les futurs étudiants pourront rencontrer les équipes pédagogiques et visiter les locaux et installations.

Ce nouvel établissement, situé au 34 rue du Beau Site, 1000 Bruxelles, à deux pas de l’Avenue Louise, proposera ses formations techniques et artistiques en trois ans aux principaux métiers du cinéma et de la télévision (ESRA) et du Son (ISTS) aux étudiants titulaires de leur CESS ou de son équivalent français, le Bac.

Dans ces deux cursus, les étudiants suivront deux années de tronc commun pour les former à l’ensemble des métiers de l’image (ESRA) ou du son (ISTS) avant de choisir une option en troisième année. Pour l’ESRA les options proposées sont : Réalisation Cinéma, Réalisation Télévision, Image, Montage et Production. Pour l’ISTS : Son Musical, Son Audiovisuel et Son Sonorisation.

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Crée en 1972, l’ESRA propose également en France, une formation aux métiers du film d’animation –Sup’Infograph – ainsi que des formations de deux ans de spécialisation après un BAC+3 en Scénario & Réalisation, en Production/Distribution et en VFX, en partenariat avec d’importantes chaînes de télévision et sociétés de production et de distribution. L’ESRA propose également une 4ème année optionnelle à New York destinée aux élèves diplômés de 3ème année de l’ESRA, l’ISTS et Sup’Infograph, que ce soit à Paris, Nice, Rennes ou Bruxelles, année au cours de laquelle, outre les cours, ils réalisent des court métrages et font un stage en milieu professionnel.

Par ailleurs, l’ESRA est membre du Centre International de Liaison des Écoles de Cinéma, association qui regroupe les plus importantes écoles de cinéma et de télévision dans le monde. Avec près de quatre mille anciens élèves (recensés dans l’annuaire en ligne ESRA PRO) actifs dans les différents secteurs de l’image et du son, qui témoignent du rôle effectif du groupe depuis 1972, le Groupe ESRA conforte ainsi sa place du plus important groupe privé de formation en France pour les métiers de l’image et du son.

Contact ESRA Bruxelles : Ariane Stassar : ariane@esra.edu

A comme Autos portraits

Fiche technique

Synopsis : Une Chevrolet Bel Air 1957 interprète une version ironique de la ballade américaine « Que Sera Sera (Whatever Will Be, Will Be) ».

Genre : Animation

Durée : 4’45

Pays : Canada

Année : 2015

Réalisation : Claude Cloutier

Scénario : Claude Cloutier

Son : Olivier Calvert, Serge Boivin, Lise Wedlock

Musique : Guido Del Fabbro, Jean-Phi Goncalves

Chanteuse principale : Audrey Emery

Montage : Serge Verreault

Production : ONF

Articles associés : la critique du film, l’interview de Claude Cloutier

Autos portraits de Claude Cloutier

Un moteur s’ébroue dans l’obscurité, une voiture démarre. Il s’agit d’un emblème du gigantisme automobile américaine des années 1950 qui apparaît à l’écran, une Chevrolet Bel Air 1957 d’une étrange couleur aubergine.

La chanson « Que sera sera » s’échappe de son autoradio, chantée non pas par Doris Day dans « L’Homme qui en savait trop » (Alfred Hitchcock, 1957) mais…par la voiture elle-même ! Une valse folle se lance, menée par Claude Cloutier.

Ce cinéaste d’animation et bédéiste est connu au Québec depuis bientôt trente ans pour son humour, son ironie, mais aussi sa bienveillance dans la mise en dessins des contradictions humaines. Il s’attache par exemple à montrer les paradoxes du commerce dans « Le Colporteur » (1988) ou les vicissitudes d’un prince qui peine à embrasser sa princesse endormie dans « Isabelle au bois dormant » (2007).

Claude Cloutier aime à décrire une évolution en accéléré. On trouve celle de toute l’espèce animale et humaine en un peu plus de 5 minutes dans « Du Big Bang à mardi matin » (2000) ou celle des soldats de la Grande guerre passant de vie à trépas dans la terre des champs de bataille dans « La Tranchée » (2010).

Pour « Auto-portrait », présenté à Annecy en 2015, il nous offre un peu de son ironie sur un sujet grave, la surconsommation. Le film est surtout une fantaisie évolutive et hallucinée autour de l’automobile conquérante.

Un ballet automobile entêtant et coloré digne des comédies musicales aquatiques des années 1950 de Busby Berkeley se met en place. Chaque voiture danse et chante, la bouche placée au niveau de la calandre, jouant avec finesse sur l’anthropomorphisme inhérent au design automobile.

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Derrière les coups de crayons précis et les chœurs soignés, se dévoile petit à petit une promesse d’une chute d’autant plus inévitable qu’elle se nourrit des excès du début. Au gré de petits inserts incongrus et inspirés comme celui des voitures ivres de pétrole, le film glisse de la fascination au dégout.
On sent l’avènement d’une rupture, ce sera celle de la surconsommation symbolisée par des pompes de gisements à pétrole rythmant également le film.

Le film, comme ses images et sa musique, se bloque alors, dans un moment suspendu où les symboles automobiles s’effondrent littéralement, laissant la place à un vide glaçant. Notre Chevrolet aubergine continue de chanter a capella au milieu d’un champ de ruines automobiles. « Que sera sera » et son insouciance par rapport au futur (« whatever will be, will be » – qu’il advienne ce qui doit arriver) changent de sens. Réactivant un ensemble de signes rassurants au début, la chanson semble évoquer à la fin du film, un rêve fané et abusé. Claude Cloutier utilise la mise en abyme du « Drive-in » où des voitures font face à un écran en plein air pour interpeler un spectateur qui, lui aussi, observe sans agir l’emprise destructrice du pétrole sur la planète.

Fait rarissime pour un film à portée écologique, « Auto-portraits » utilise la force d’évocation graphique de l’automobile pour amplifier son message, terminant de rendre son film contradictoire, inattendu et surprenant.

Georges Coste

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Article associé : l’interview de Claude Cloutier

Hormona de Bertrand Mandico en salle

Alors que son premier long-métrage, « Les garçons sauvages », est actuellement en préparation, Bertrand Mandico voit ses trois derniers courts-métrages projetés ce mois-ci en salle, au Studio Galande (Paris, 5ème), dans le cadre du programme charnel et étrange, « Hormona ».

En 2012, Format Court consacrait un focus à cet auteur très discret ayant développé un univers fantasmagorique et surréaliste à part.

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Programme

«Y a–t-il une vierge encore vivante ?» (9min, 2015). Avec Elina Löwensohn et Eva Maloisel

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Selon une légende, Jeanne d’Arc (Joan the Slut) n’est pas morte au bûcher. On lui brûla les yeux et elle fut déflorée par un étalon Anglais. Elle fut ensuite condamnée à errer sur les champs de bataille, tel un charognard, à l’affut de la vie, à la recherche de vierges encore vivantes.

«Notre dame des Hormones» (30min, 2014). Avec Nathalie Richard, Elina Löwensohn et la voix de Michel Piccoli

Deux actrices passent un week-end dans une maison de campagne afin de répéter une pièce de théâtre. Lors d’une promenade dans les bois, l’une d’elles déterre une chose étrange, une créature sans orifice ni membre. La créature devient un objet de convoitise pour les deux femmes, prêtes à tout pour posséder la chose. Elles sont loin de se douter qu’elles ont déterré « Notre dame des hormones ».

«Prehistoric Cabaret» (10min, 2013). Avec Elina Löwensohn et Katrin Olafsdottir

Dans un cabaret islandais, une maitresse de cérémonie pratique une coloscopie avec une étrange caméra organique. Un voyage au centre de ses organes, à la rencontre de l’être originel, source de désir.

En pratique

Studio Galande : 42 Rue Galande, 75005 Paris (Métro Saint-Michel, Cluny-La Sorbonne et Maubert-Mutualité). Carte UGC acceptée

Kanun de Sandra Fassio

Le tout premier prix Format Court remis lors du festival Le Court en dit long cette année au Centre Wallonie-Bruxelles à Paris a été attribué à Sandra Fassio pour « Kanun », un drame psychologique fin en forme de film noir.

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Avec son film de début « I Rafi » datant de 2012, qui racontait le moment de découverte d’un passé partagé entre une ancienne révolutionnaire grecque devenue couturière en Belgique et son client et compatriote, Sandra Fassio s’était déjà fait remarquer pour la justesse de son écriture ainsi qu’une réalisation et une direction d’acteurs maîtrisées.

La cinéaste belge réaffirme dans ce nouveau court ses talents d’explorer des eaux profondes tout en privilégiant des moyens minimalistes et les non-dits. Le sujet, tout aussi sombre, concerne une situation d’impasse dans laquelle se retrouve une famille albanaise mafieuse installée en Belgique, tenue de venger la mort de leur fils selon la lex talionis du « kanun » albanais, mais contrainte par ce même code d’honneur de respecter le bourreau tant qu’il reste hébergé sous leur toit.

Au-delà des éléments narratifs parfois troubles liés au scénario noir – on pense notamment à la fin qui se veut plus énigmatique qu’elle ne l’est et au traitement quelque peu faible de la violence sous-jacente au récit –, Fassio livre un portrait psychologique collectif d’une grande subtilité. Ce sont les discours parallèles au récit principal qui sont particulièrement parlants, que ce soit l’opposition entre les traditions et l’intégration débattue par la mère et la fille, ou encore la féminisation d’un milieu machiste par le biais de ces deux personnages.

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Formellement, la proposition est renforcée par une grande maîtrise de la mise en scène et un jeu d’acteurs irréprochable. Du point de vue du montage, le film se déroule à un rythme mesuré, presqu’en temps réel. La réalisatrice plonge ainsi le spectateur dans l’histoire sans devoir recourir à une contextualisation trop détaillée, la notion de la vendetta étant ici épurée à sa dimension universelle de justice privée, une réponse viscérale à l’émotion provoquée par la perte d’un proche.

De ce point de vue, nous sommes très loin des scénarios parfaitement ficelés des films d’action confectionnés par nos voisins au nord du pays, souvent dignes du meilleur de Hollywood. La comparaison avec Dossier K. du réalisateur flamand Jan Verheyen se laisse facilement établir par son traitement à suspense plus explicite d’un sujet comparable. En revanche, le style de Fassio, réflexif, éloquent et unique, est à savourer quel que soit le thème choisi car, on le sait désormais, elle est certaine d’y apporter la touche humaine qui fait toute la différence.

Adi Chesson

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Article associé : l’interview de la réalisatrice

K comme Kanun

Fiche technique

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Synopsis : KANUN : code albanais ancestral, impitoyable. L’article 864 dit : Tu vengeras la mort d’un membre de la famille par la mort de l’assassin. Mais l’article 602 impose de respecter et protéger son invité comme son propre enfant. Et ce soir, Adil a accepté d’héberger Johan, un de ses hommes de main, alors que son fils ainé n’est pas encore rentré à la maison.

Genre : Fiction

Durée : 27′

Pays : Belgique, France

Année : 2015

Scénario et réalisation  : Sandra Fassio

Interprétation : Arben Bajraktaraj, Kevin Azaïs, Anila Dervishi, Louise Margouet, Jehon Gorani, Alfons Avdylaj

Production : Helicotronc, Offshore

Articles associés : la critique du film, l’interview de la réalisatrice

Sandra Fassio, Prix Format Court au festival Le Court en dit long 2015

Un premier film où l’on parle grec (« I Rafi, la couture », 2012), un deuxième qui se déroule en Albanie (« Kanun », 2015). Sandra Fassio est une réalisatrice belge mais son cinéma est déjà cosmopolite, en tout cas européen.

Format Court a décerné un prix à « Kanun » lors du 23e festival Le court en dit long organisé en juin 2015 par le Centre Wallonie-Bruxelles. Le film nous a impressionnés par sa rigueur et sa subtilité. C’est un drame et un film de gangster qui, comme tous les bons films noirs, rejoint la tragédie en confrontant les passions humaines à des règles inflexibles qui écrasent les individus. Le sentiment de culpabilité est au centre de « Kanun » comme de « I Rafi, la couture » et, dans les deux films, les non-dits sont nombreux et destructeurs. Pour décrire la famille mafieuse de « Kanun », on pourrait se référer au « Parrain », mais Sandra Fassio n’a pas le style opératique de Francis Ford Coppola. Son film nous évoque plutôt l’austérité des drames criminels intimes de James Gray.

Sylvain Angiboust

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Retrouvez dans ce focus :

La critique de « Kanun »

L’interview de Sandra Fassio

Rosana Urbes : « On n’obtient pas un arbre sans cultiver les racines. Les courts-métrages, ce sont ces racines »

Après avoir travaillé pendant plusieurs années chez Disney et avoir collaboré sur des projets de grande ampleur tels que « Mulan », « Tarzan » et « Lilo & Stitch », Rosana Urbes est rentrée au Brésil pour se consacrer à un projet personnel, « Guida ». Sélectionné à Annecy, le film a obtenu une Mention spéciale du jury Fipresci et le Prix « Jean-Luc Xiberras » de la première œuvre, permettant ainsi à son auteure d’être la première réalisatrice brésilienne à être sélectionnée et primée au festival international d’animation. Son film, déjà évoqué à plusieurs reprises sur notre site, est un charmant projet autour de l’acceptation de soi, du vieillissement et du regard de l’autre, illustré de bout en bout par des croquis non achevés. Rencontre avec Rosana Urbes, une animatrice de talent, marquée par l’animation traditionnelle, l’observation, la poésie et la forme courte.

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Pendant des années, tu as travaillé chez Disney. Ton premier film professionnel, « Guida », a un côté non achevé par ses croquis qui ne correspond pas beaucoup au style parfait et lisse du studio américain. Pourquoi as-tu adopté ce style-ci ?

Le sujet, le style et la raison pour laquelle j’ai fait ce film sont intimement liés. J’ai mis 3 ans pour le finir. Je l’ai animé à la main, sur papier, car je souhaitais rendre mes dessins vivants. Chaque scène du film observe et traduit en images un moment de la vie. Il fonctionne juste à partir de croquis, de ces moments où on essaye de trouver son personnage, sa scène. J’essaye de préserver au plus possible cet esprit, l’essence même de l’animation. Aujourd’hui, les choses me semblent trop digitales.

Est-ce que ce contact avec le papier et l’artisanat sont liés au fait que par le passé, tu as travaillé sur des projets importants, en collaboration avec d’autres animateurs ?

Exactement. Travailler sur des longs-métrages m’a appris beaucoup de choses et m’a permis de produire « Guida ». Le film compte plus de 8.000 dessins, Chaque scène représente une pile de feuilles. J’ai d’abord dû diviser le projet en séquences, faire un story-board et trouver le rythme du film. C’est quelque chose que j’ai appris grâce au travail chez Disney et sur les longs-métrages auxquels j’ai collaboré, mais c’est vrai que j’ai toujours voulu faire mon propre film et parler des choses qui m’importaient. Le film est une sorte d’auto-portrait. Le personnage de Guida travaille dans un monde bureaucratique et trouve par l’art une façon d’être elle-même. J’ai toujours dessiné et ce film est une plaque tournante dans ma carrière.

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Tu as senti que tu devais absolument faire ce projet ?

Oh oui.

Tu as quitté le Brésil pour travailler chez Disney. Pourquoi ?

Il n’y avait pas d’industrie de cinéma au Brésil à l’époque. Ça a considérablement changé depuis. Disney m’a invitée, je ne pouvais pas refuser.

Tu avais fait des courts-métrages avant ?

Non, j’avais travaillé sur des publicités. Ils ont vu mon portefolio et ont jugé que j’étais employable. J’ai fait des livres pour enfants par la suite, ça m’a permis de développer mon style.

« Guida » parle de la nudité, de la féminité, de l’âge, de l’identité et est très éloigné des projets sur lesquels tu as pu travailler. Qu’est-ce qui t’a permis de te lancer ?

J’ai reçu une aide du gouvernement pour faire le film, cela a été un réel encouragement. J’ai aussi financé ce projet grâce à d’autres choses comme les livres pour enfants. J’ai toujours dessiné Guida sur des coins de livres et de carnets. Je souhaitais affirmer que le vieillissement n’est pas la mort, alors que notre société considère bizarrement l’âge. Je voulais combattre ce préjugé.

Avec un court-métrage…

Tu utilises les armes que tu as en ta possession (rires) ! « Guida » représente la liberté face à ce carcan de l’image qu’on a de soi. Le personnage est vraiment apparu quand j’ai organisé il y a quelques années une session de dessin de modèle vivant chez Disney. A cette occasion, une femme énorme est venue poser, elle était fabuleuse ! Cette femme de 200 kg était une fée, on était tous amoureux d’elle. Elle savait qu’elle était belle car elle avait accepté son corps. La beauté est quelque chose d’autre que ce que les médias et les standards nous imposent. Quand tu prends ton temps pour l’observer, la comprendre, tu vois la vraie beauté.

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Pourquoi un studio tel que Disney a besoin de pratique, d’organiser des séances de modèle vivant pour ses animateurs ? L’imagination et la pratique ne suffisent-ils pas aux animateurs ?

Justement, on le fait pour l’exercice. Même si tu fais un film abstrait, tu t’inspires de la nature. Observer la vie me permet d’en parler dans les films. Quand j’ai fait les recherches pour « Guida », j’ai commencé à réaliser que l’histoire de l’art était remplie de modèles importants, incontournables à la confection des chefs d’œuvre dont on ne connaissait pas du tout l’histoire. Cette idée me suivra peut-être pour un prochain court. En tout cas, mon style est né avec ce projet. Depuis que je travaille sur des publicités et des longs-métrages, j’ai appris à avoir des styles différents pour coller aux projets. Mais finalement, je ne savais pas vraiment quel était mon propre style.

Ton film compte peu de couleurs, les dessins parlent d’eux-mêmes. Pour quelle raison ?

À nouveau, je voulais parler de l’animation traditionnelle, à la main. Le personnage était le dessin. Les couleurs pastel qui s’y trouvent sont plutôt complexes en réalité. Pour faire une couleur pastel, tu dois mélanger toutes les couleurs. J’ai beaucoup travaillé avec du sepia, une teinte que j’adore car c’est un équilibre entre les couleurs primaires.

Dans les longs-métrages de Disney, on ne trouve pas vraiment de sépia…

C’est mon manifeste ! Pour un artiste, c’est important de défendre ce ses croyances en termes de thèmes et de formes.

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Est-ce aussi pour ça que tu es rentrée au Brésil et que tu as fondé ton propre studio d’animation ?

Oui, j’ai fait une longue balade avant de finalement revenir chez moi (sourire). La situation a considérablement évolué depuis mon départ aux États-Unis. Depuis moins de dix ans, le gouvernement brésilien commence à s’intéresser à l’animation. Une industrie est née, une association d’animateurs se bat pour nous. Un réel marché ne pourra se créer qu’avec des longs-métrages et des séries télévisés, mais on n’obtient pas un arbre sans cultiver les racines et les courts-métrages, ce sont ces racines. Le court-métrage est un format à part entière. C’est dur à comprendre car il n’y a pas d’argent quand on fait un court-métrage. Il faut avoir de l’imagination pour le comprendre et l’accepter.

Comment se fait-il qu’on ne voie pas plus de courts-métrages brésiliens en Europe ?

Les festivals nous encouragent formidablement, ils font connaître notre travail à l’étranger, mais il y a encore beaucoup à faire. L’animation est si riche, on peut raconter des histoires dont on ne peut pas parler autrement, avec un autre médium. On a une opportunité maintenant dans le pays, il faut la saisir !

Propos recueillis par Katia Bayer

Pour information, le film sera projeté le jeudi 10/9 à l’occasion de la reprise des Soirées Format Court au Studio des Ursulines (Paris, 5ème).

Concours : gagnez des places pour l’Étrange Festival !

L’Étrange Festival commence demain (youpi !). Parmi les rendez-vous clés de sa programmation, une compétition de 50 courts-métrages, répartis en 6 programmes, est proposée aux spectateurs, à l’issue desquels seront décernés le Grand Prix Canal+ et le Prix du Public.

Format Court vous offre 2 places pour chacun de ces 6 programmes proposés du dimanche 6/9 au dimanche 13/9 au Forum des images. Intéressé(e)s ? Contactez-nous !

Programme 1 : My sweet gore, dimanche 6/9, 18h. 2 places à gagner

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TWENTY FORTY THREE de Eugénie Muggleton / THE GREY MATTER de Luke & Peter Mc Coubrey / KAIKEN JÄLKEEN de Pekka Sassi / GUMMI FAUST de Marc Steck / SPLINTERTIME de Rosto / BAD GUY#2 de Chris Mcinroy

Programme 2 : Et si c’était vrai ?, lundi 7/9, 19h30. 2 places à gagner

medien

SEA DEVIL de Brett Potter / 1500 NIÑOS de Olivier Dubois /GOODBYE UTOPIA de Ding Shiwei / ROOM 731 de Young-Min Kim / DE SCHNUUF de Fabian Kaiser / TEHRAN GELES de Arash Nassiri / DEMONTABLE de Douwe Dijkstra / SIEBEN MAL AM TAG BEKLAGEN WIR UNSER LOS UND NACHTS STEHEN WIR AUF, UM NICHT ZU TRÄUMEN de Susann Maria Hempel

Programme 3 : In & Out, mercredi 9/9, 22h. 2 places à gagner

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BORDER PATROL de Peter Baumann / SWEETHEART de Jack Taylor-Cox / 100001 de Fabio Palmeri / RAMONA de Andrei Cretulescu / DE SMET de Wim Geudens / EL DISCO de José Manuel Sanchez Barrajeros / DERNIÈRE FORMALITÉ de Stéphane Everaert

Programme 4 : Au-delà du Rubicon, jeudi 10/9, 18h30. 2 places à gagner

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1000 PLATEAUS de Steven Woloshen / SUMSING de Martin Rahmlow / THE OBVIOUS CHILD de Stephen Irwin / BLEACH de Don Best / HORSE de Jie Shen / WORLDS OF TOMORROW de Don Hertzfeldt / FOK NABO DISTORIO de Francesco Rosso / DANS LA JOIE ET LA BONNE HUMEUR de Jeanne Boukraa / HALF WET de Sophie Gate / CROW de Yoav Segal / DAY 40 de Sol Friedman / DÉFRAGMENTATION de Saebyul Hwangbo / 365 de The Brothers Mc Leod

Programme 5 : Esprit es-tu là ?, vendredi 11/9, 20h. 2 places à gagner

stomach

12th ASSISTANT de Jae-Hyun Jang / DADDY’S LITTLE DEAREST de Joris Donvil / LA CARNE CRUDA de Samuel Lema / INTRUDERS de Santiago Menghini / THE STOMACH de Ben Steiner / HASTA LAS ENTRAÑAS de Leandro Cozzi

Programme 6 : Nouvelles chairs, dimanche 13/9, 16h45. 2 places à gagner

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ALL WE NEED IS SLAVES de Nieto Nieto / POLAROID de Lars Klevberg / EROTICON de Alexander Hahn / SMALL PEOPLE WITH HATS de Sarina Nihei / TRAFO de Paul Horn / EXQUISITE CORPUS de Peter Tscherkassky / HES THE BEST de Tamyka Smith / BOX ROOM de Michel Lathrop / PORTRAIT de Donato Sansone / SHUTTERBUG de Christopher Walsh

Light Is Calling de Bill Morrison

Expérimental, 8’, 2004, États-Unis, Hypnotic Pictures

Synopsis : Une méditation sur les collisions aléatoires.

Œuvre hypnotisante réagençant avec élégance et de manière accidentelle une série d’images du film muet « The Bells » (1926) de James Young, le poétique « Light Is Calling » de Bill Morrison (« Decasia », « The Miner’s Hymn ») se présente comme un travail sensitif sur la mémoire et le temps. Réflexion sur la nature éphémère des choses, « Light Is Calling » dissèque le concept même de film et tente de percer le mystère entourant des moments de vie passés, ayant traversé le temps par la pellicule.

Grand Prix de l’Étrange Festival 2004 et présenté par l’équipe des Programmes Courts & Créations de Canal+ lors de la programmation “20 ans de courts !” de l’édition 2015 du même festival, ce film délicat ouvre un monde de possibilités infinies et, accompagné de l’enivrante musique de Michaël Gordon, est à deux doigts de libérer l’âme prisonnière derrière toute image.

Julien Savès

Sœur Oyo de Monique Mbeka Phoba

Les histoires de jeunesse, d’enfance ou d’adolescence difficiles étaient très présentes dans la sélection du 23e festival Le Court en dit long, en juin 2015. « Sœur Oyo » se détachait du reste de la production belge sur ce thème en raison de son contexte singulier (le Congo, au début des années 1950), mais aussi de ses qualités d’écriture et de mise en scène. Le film, première fiction de Monique Mbeka Phoba après plus de vingt ans de documentaires, a d’ailleurs reçu la Mention du Jury Format Court.

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Inspiré d’une histoire vécue par la grand-mère de la réalisatrice (le court-métrage lui est dédié), « Sœur Oyo » n’est pas à proprement parler un film d’époque : la reconstitution est réduite à quelques costumes et le décor unique du film (un pensionnat religieux où sont éduquées de jeunes Africaines) nous semble hors du temps plutôt que représentatif d’un moment de l’histoire du pays.

La critique du colonialisme n’est pas appuyée. Certes, les premiers plans, qui montrent la petite Godelive se faisant couper les cheveux de force pour entrer au pensionnat, illustrent la violence de la rupture avec sa famille et ses racines. Mais, dans le reste du film, le soleil brille, les enfants s’amusent malgré des règles de vie strictes et les sœurs missionnaires sont assez affables. Un parallèle s’établit entre Godelive, l’enfant noire, et son institutrice, Sœur Astrid, doublement blanche (par sa peau et son habit) : elles sont toutes deux nouvelles et maintenues à l’écart de leur groupe (les camarades de Godelive se moquent de son faible niveau scolaire et la directrice du pensionnat doute de l’intelligence d’Astrid). Le film montre comment ces deux personnages gagnent un peu de confiance en elles : Sœur Astrid organise la chorale du pensionnat malgré les réticences de sa supérieure et Godelive est choisie comme soliste plutôt que la meilleure élève de la classe.

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Planté au milieu de la forêt, le pensionnat se veut un espace « civilisé », un petit morceau d’Occident où les interdits religieux se mêlent à une forme archaïque de pédagogie : réveil à heure fixe, punitions, enseignements peu intéressants… C’est un espace intermédiaire, entre l’Afrique et l’Europe, où la nature se frotte à la culture et les croyances animistes au dogme chrétien. Pris entre les deux, les enfants inventent des façons d’accommoder ces mondes éloignés.

La première rupture est celle de la langue. Godelive est séparée de sa mère et envoyée au pensionnat car son père veut qu’elle apprenne le français. Sur la bande-son, deux langues alternent donc : d’un côté, le français, la langue du père, du colonisateur et de la ville ; de l’autre la langue traditionnelle congolaise sous-titrée, celle des femmes et du village. S’y ajoute le latin du chant religieux, que les enfants apprennent par cœur sans comprendre les paroles, comme ces prières que leur font réciter les sœurs. On découvre aussi au détour d’un plan quelques lignes en néerlandais sur un livre appartenant à Sœur Astrid, signe que, comme Godelive, elle a abandonné une part de ses origines en arrivant au pensionnat francophone.

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L’enseignement chrétien que reçoivent les petites Congolaises est de toute évidence inapproprié, éloigné de leur culture et de leurs besoins. Dans leur esprit, le catéchisme se mélange à la sorcellerie des légendes africaines, renvoyant La Bible à sa nature de superstition comme les autres, au grand dam des bonnes sœurs : une leçon sur la Genèse déclenche ainsi la panique des enfants, qui confondent le serpent du jardin d’Eden avec un croquemitaine local.

Coupé du monde, le pensionnat est lui-même une sorte d’Eden, à la nature policée : des chemins sont tracés au milieu de l’herbe verte, les fleurs servent de décoration pour les cérémonies religieuses, les hautes plantes offrent de l’ombre aux enfants et les souches d’arbre leur servent de siège. Mais en dehors de la cour de l’école s’étend une forêt dense et sauvage. C’est là, à l’écart, que vit le jardinier, seul homme du pensionnat dont la virilité trouble Sœur Astrid (l’évêque, dont les sœurs préparent la venue dans l’établissement, est à sa manière aussi un objet de désir puisque l’on espère de lui une aide financière). La forêt est un espace de transgression : le royaume des superstitions, des peurs enfantines et du sexe (le jardinier et Astrid s’y retrouvent la nuit en secret et Goldelive les imagine transformés en serpents).

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La forêt est aussi le lieu des traditions et de la mémoire, où l’enfant se retrouve projetée lorsqu’elle ferme les yeux. Il est parfois difficile dans « Sœur Oyo » de délimiter ce qui tient de la réalité et du rêve, un doute favorisé par de nombreuses ellipses, des scènes laissées en suspens : l’étreinte nocturne d’Astrid et du jardinier dans la forêt a-t-elle réellement lieu ? Est-elle le produit de l’imagination de Godelive ? Ou alors, plus probablement, s’agit-il de la transposition rêvée d’une situation qui a bien eu lieu mais en journée, dans la salle de classe, sous les yeux de la petite fille, laissée hors-champ pour le spectateur ?

Les rêves de Godelive la ramènent dans la forêt où elle peut voir à nouveau sa mère qui lui manque. Dans ces scènes, le flou déréalise l’image et lui confère une certaine douceur, celle des souvenirs heureux. Rêve et réalité, passé et présent alternent jusqu’à se confondre dans l’étonnante scène finale : le matin de sa Communion, Godelive se réveille seule dans le dortoir, en présence de sa mère (un rêve ? un fantôme ?) et on découvre sur ses épaules des scarifications, apparues pendant la nuit, qui marquent de façon symbolique, mais différemment du rituel chrétien, son entrée dans le monde des adultes.

Sylvain Angiboust

Consultez la fiche technique du film

Pour information, le film sera projeté le jeudi 10 septembre 2015, à l’occasion de la reprise des Soirées Format Court au Studio des Ursulines (Paris, 5ème), en présence de la réalisatrice

S comme Sœur Oyo

Fiche technique

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Synopsis : Le Congo belge, dans les années 1950. Godelive est envoyée par son père dans un pensionnat tenu par des religieuses. Elle est la risée de sa classe en raison de ses difficultés scolaires. Sœur Astrid, son institutrice, décide de faire apprendre à la classe un chant en latin.

Genre : Fiction

Durée : 23′

Pays : Belgique, République Démocratique du Congo

Année : 2015

Réalisation : Monique Mbeka Phoba

Scénario : Monique Mbeka Phoba

Image : Ella van den Hove

Montage : Pieter De Naegel

Interprétation : Rose Mayungi, Laura Verlinden, Jenovia Mabiala, Catherine Salée.

Production : Rumbacom, Umedia, RTBF

Article associé : la critique du film

À la rencontre du jeune cinéma français : Thomas Salvador, mardi 8 septembre au Cinéma l’Archipel

Le Cinéma L’Archipel reprend son cycle de rencontres initié l’an passé autour du jeune cinéma français, réalisé en partenariat avec Format Court.

Pour accompagner la rentrée, c’est au tour de Thomas Salvador, réalisateur du long-métrage « Vincent n’as pas d’écailles » sorti en début d’année, de venir présenter une rétrospective intégrale de ses courts-métrages réalisés sur une période de dix ans. L’occasion pour les spectateurs de se (re)plonger dans l’œuvre d’un des cinéastes français les plus atypiques que la décennie précédente aura révélé. À l’issue de la projection, le cinéaste dialoguera avec Marc-Antoine Vaugeois (rédacteur à Format Court).

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Programmation (6 courts-métrages)

UNE RUE DANS SA LONGUEUR (2000)
LÀ CE JOUR (2001)
PETITS PAS (2003)
DANS LA VOIE, PORTRAIT D’UN GUIDE AU TRAVAIL (2003)
DE SORTIE (2005)
ROME (2009)

En pratique

Mardi 8 septembre,20h
Cinéma L’Archipel : 17 boulevard de Strasbourg – 75010 Paris M° 4, 8, 9 Strasbourg St Denis/Château d’eau /Bonne Nouvelle
Événement Facebook

Tarifs

– 8 € / plein
– 6,5 € / réduit (étudiants, demandeurs d’emplois, plus de 60 ans sur justificatif sauf week-end et jour de fête)
– 4 € pour les – de 14 ans