Tous les articles par Katia Bayer

D comme La Distance entre le ciel et nous

Fiche technique

Genre : Fiction

Durée : 9’

Pays : Grèce, France

Année : 2019

Synopsis : Deux inconnus se rencontrent pour la première fois, la nuit, dans une station-service perdue. Alors que le premier fait le plein, il manque quelques euros au second pour rentrer chez lui. Les deux hommes vont marchander le prix de ce qui les sépare d’une histoire.

Réalisation : Vasilis Kekatos

Scénario : Vasilis Kekatos

Interprétation : Nikolakis Zeginoglou, Ioko Ioannis Kotidis

Image : Giorgos Valsamis

Son : Yannis Antypas

Montage : Stamos Dimitropoulos

Production : Blackbird Production, Tripode Productions

Articles associés : la critique du film, l’interview du réalisateur

Nouvel After Short, Spécial Cannes, lundi 24 juin !

Bonne nouvelle : après avoir monté son 1er festival en avril, le magazine en ligne Format Court vous invite à la reprise de ses After Short, ses soirées de networking réunissant la communauté active et dynamique du court métrage, le lundi 24 juin 2019 à partir de 19h au Point Éphémère (Paris, 10ème).

Ce nouveau rendez-vous, organisé en partenariat avec l’ESRA, sera consacré aux courts sélectionnés au Festival de Cannes 2019 (attention : il n’y aura pas de projection lors de cette soirée !).

Cet After Short, ouvert à tous et en accès payant (sauf pour les étudiants et les anciens de l’ESRA), se déroulera en présence de pas moins de 9 équipes de courts–métrages sélectionnés à Cannes, toutes sections confondues, de sélectionneurs mais aussi de membres de Format Court et de l’ESRA.

Un Q&A avec les équipes suivantes aura lieu à 19h30 précises (liste  de présences susceptible de modifications) :

En compétition officielle

– Camille Hébert-Bénazet, Responsable de Cannes Court Métrage – Short Film Corner et membre du comité de sélection de la compétition officielle des courts métrages

– Zoé Klein, membre du comité de sélection de la compétition officielle des courts métrages

– Guillaume Dreyfus, producteur (Tripode Productions) de La distance entre le ciel et nous de Vasilis Kekatos, Palme d’Or du court-métrage et Queer Palm 2019

– Vanessa Dumont et Nicolas Davenel, co-réalisateurs de Le Grand saut

– Agnès Patron et Ron Dyens, réalisatrice et producteur (Sacrebleu Productions) de L’heure de l’ours

À la Cinéfondation

– Louise Courvoisier, réalisatrice de Mano a mano, Premier prix de la Cinéfondation

– Maurcio Carrasco et Antoine Garnier, co-scénariste et producteur (Orphée Films) de Rosso – La vera storia falsa del pescatore Clemente d’Antonio Messana

À la Quinzaine des Réalisateurs

– Morgan Simon et Fanny Yvonnet, réalisateur et productrice (Les Trois Brigands Productions) de Plaisir fantôme

– Marine Arrighi de Casanova, productrice de Olla d’Ariane Labed (Apsara Films)

À la Semaine de la Critique

– Camille Degeye et Lorenzo Bianchi, réalisatrice et producteur (Société Acéphale) de Journey Through a Body 

– Cecilia de Arce, réalisatrice de Mardi de 8 à 18

– Valentina Maurel et Grégoire Debailly, réalisatrice et producteur (Geko Films) de Lucía en el limbo

En pratique

Lundi 24 juin de 19h à 23h

Le Point Ephémère : 200 quai de Valmy – Paris 10ème. Métro Jaurès (lignes 5, 2 et 7 bis), Louis Blanc (ligne 7), Bus 26, 46, 48 : Goncourt, Couronnes, Parmentier)

Soirée ouverte à tous. PAF : 8 €, adhérents Format Court : 5 €Règlement en ligne sur Leetchi (paiement sécurisé), possibilité de régler également sur place

Réservations obligatoires : aftershortformatcourt@gmail.com

Evenement Facebok : https://www.facebook.com/events/2378871158838720/

Israël en courts à Cannes

En ce 72ème festival de Cannes, parmi les courts métrages sélectionnés, on découvre trois réalisateurs israéliens : Yona Rozenkier, Yarden Lipshitz Louz et Dekel Berenson.

Yona Rozenkier s’inscrit dans deux univers différents avec deux films : Parparim à la sélection officielle et The Sign à la SEE Factory à la Quinzaine des Réalisateurs. Le concept de la Factory à la Quinzaine des Réalisateurs consiste à réunir un binôme de réalisateurs qui ne se connaissent pas pour les amener à faire un film en trois mois.

The Sign a été co-réalisé avec Eleonora Veninova. Le film en noir et blanc se déroule dans un cimetière de Sarajevo. Une grand-mère et sa petite fille (25 ans) sont à la recherche de la tombe du grand-père. La petite fille ne parle ni ne lit l’hébreu, elle est également sur le point de se marier avec un musulman. Le fossé générationnel est façonné dans ce contexte avec la grand-mère excentrique qui ne veut pas de cette évolution qu’elle voit comme un abandon, un oubli de ses racines, de son histoire, de sa culture. La vieille refuse catégoriquement le mariage de sa petite-fille avec un non-juif, elle dénonce également l’absence d’intérêt pour sa langue maternelle, l’hébreu. La voilà maintenant seule à pouvoir rechercher le nom du grand-père sur les centaines de pierres gravées en hébreu. Entre deux pierres tombales, émergent des moments mélodramatiques un peu fantasques, mêlés de poésie et de réalité, renforcés par Jelisaveta Seka Sablić qui interprète l’ancienne génération. Elle nous rappelle à certain moment les personnages felliniens dont le désespoir profond et sur-joué tend vers le registre comique. C’est ainsi que Yona Rozenkier catalogue son film « un drame comique », un risque qu’il a décidé de prendre avec Eleonora Veninova, lui qui n’avait jamais écrit de comédie.

En effet, Parparim (en français Les papillons), ne provoque ni rires, ni sourires. Un court métrage de sept minutes qui relate la confrontation d’un fils avec la mort proche de son père. Le fils doit emmener son père à l’hôpital sans vraiment comprendre que ce sera sa dernière sortie. Il ne le comprendra que plus tard, lors d’un moment poétique où une multitude de papillons volent dans un paysage désert. Un film touchant qui exprime de façon efficace le déni puis l’appréhension de la mort d’un proche. La caméra qui suit le père accentue la notion de souffrance, la maladie, la fin de vie. L’incompréhension du fils face à ces troubles physiques se matérialise par un changement de cadre plus éloigné. Une forme qui fait sens avec le fond et accentue les situations. A l’inverse de The Sign, dans cette histoire père/fils, le deuil est moins frontal, il s’exprime en filigrane sur toute la longueur du court sans jamais rentrer dans le mélodrame ce qui rend l’inconscience de la mort plus innocente, plus légère. L’abrupt n’existe pas de ce film qui glisse tendrement vers le deuil du fils. Un sujet autobiographique qui tend vers réel, puisque c’est l’un des frères du réalisateur qui interprète le rôle du fils.

Dans les deux courts métrages présentés à Cannes, le deuil et la mort sont des thèmes qui reviennent chez Yona Rozenkier et que l’on retrouvera dans son long métrage The Dive, sélectionné au Festival de Locarno, visible en salles le 12 juin 2019.

Toujours dans le registre du drame, on retrouve Yarden Lipshitz Louz, une réalisatrice en fin d’étude au Sapir Collège en Israël. Son film, Netek a été sélectionné par la Cinéfondation. Une section cannoise qui encourage les jeunes réalisateurs en sélectionnant une vingtaine de films d’école du monde entier. Netek (The Rift en anglais) nous brosse le portrait d’une relation entre une adolescente et son père. Le père est alcoolique, sans argent, sans travail. Il vit avec sa fille, Lidor quinze ans, qui tente de grandir dans cet environnement peu sain. Dans le petit appartement, l’électricité est coupée, les factures impayées s’accumulent. Lidor voit son père sombrer petit à petit. En pleine transition vers le passage adulte, elle n’a plus le même regard sur son héros d’enfance, aujourd’hui bedonnant, sans gêne, sans pudeur.

Gardienne de la maison, elle range, elle fait les courses à l’opposé de son père qui ne sort plus, boit et fume à longueur de journées. Elle ne veut pas pour autant retourner chez sa mère. Lidor veut aider son père avec ses problèmes d’argent, elle veut rétablir la lumière dans cet appartement sombre un peu lugubre. Dans un élan de désespoir mêlé à une véritable envie de changement, elle séduit un jeune adolescent et profite de l’absence de ses parents pour voler de l’argent. L’électricité est rétablie mais son père reste le même alcoolique. Un court-métrage très intime sur la désillusion d’une jeune femme pour son père. Les personnages sont traités de façon douce avec tendresse, leurs visages et leurs corps sont filmés sans jugements. Le film ne prend pas parti, malgré son addiction, le père est aimant. On retrouve cette affection dans une scène très touchante où il brosse les cheveux de sa petite fille presque adulte, il les tresse avec patience et lui conte les désirs de sa jeunesse révolue.

Yarden Lipshitz Louz nous donne une approche très personnelle de la relation père/fille, elle questionne également la violence de la désillusion d’une adolescente face à son géniteur qu’elle voit pour la première fois en tant qu’homme seul et dépressif et non en tant que père.

Entre Yona Rozenkier et Yarden Lipshitz Louz les courts israéliens à Cannes se placent dans un cinéma très personnel avec comme sujet central la relation au père. Les films des deux réalisateurs très prometteurs nous incitent à suivre leurs projets, un long métrage pour Yona Rozenkier qui sortira le 6 juin 2019, et peut-être un autre court pour Yarden Lipshitz Louz qui bénéficie de la visibilité du festival de Cannes et qui pourrait faire un autre court l’an prochain.

Anna, le court-métrage de Dekel Berenson, en compétition officielle se situe dans une économie différente de Netek et Parparim. En effet, le film de ce réalisateur israëlien est une co-production avec trois pays différents : l’Ukraine, le Royaume-Uni et Israël. La langue originale d’Anna est l’Ukrainien. Anna est une femme de cinquante ans, ukrainienne, incarnant le stéréotype de la bouchère en surpoids. Elle élève sa fille seule et décide de sortir de sa routine en se rendant à un speed-dating avec des hommes américains qui souhaitent trouver des femmes à épouser. Un film assez classique dans sa forme qui traite de la solidarité féminine et du désespoir humain.

Le 72ème festival de Cannes met ainsi en lumière le cinéma israélien à travers trois réalisateurs très prometteurs. Le festival donne également l’occasion de voir des réalisateurs d’autres continents. L’Asie est très représentée dans les court-métrages sélectionnés avec de l’animation et de la fiction toutes sections confondues. En quelques minutes nous voyageons d’un univers à l’autre, d’une langue chantante aux langues plus monotones, de couleurs saturés au gris sidéral, de genres multiples (fiction, documentaire, animation). Des univers visuels et sonores uniques pour chacun des courts métrages qui nous font découvrir de jeunes réalisateurs et le monde dans lequel nous vivons.

Maëva Andrieux

Entretien avec Vasilis Kekatos, Palme d’or du court-métrage 2019

Le réalisateur grec Vasilis Kekatos a remporté la Palme d’Or du court-métrage au 72e Festival de Cannes avec son film La distance entre le ciel et nous. Il est le tout premier réalisateur grec à remporter une Palme d’Or dans cette catégorie. Il a également remporté la Queer Palm avec ce film.

Après ses études à Londres (au département du film de la Brunel School of Arts), il a réalisé plusieurs courts métrages, dont The Silence of the Dying Fish, co-produit par Tripodes Productions, une société française qui a  également soutenu son dernier film venant d’être primé à Cannes.

Nous avons rencontré Vasilis Kekatos quelques jours avant la remise des prix de Cannes. Entretien autour du festival, le cinéma grec, le courage, la beauté des stations-service et l’importance du travail avec les acteurs.

Interview : Katia Bayer

Image, montage, son : Gaspard Richard-Wright

Ariane Labed : « Les courts-métrages demandent une disponibilité, une générosité immédiate »

Interview-plage. La comédienne Ariane Label est venue ce mois-ci à Cannes présenter son premier court-métrage en tant que réalisatrice.

Produit par Apsara Films et sélectionné à la Quinzaine des Réalisateurs 2019, Olla évoque en 28 minutes l’histoire d’une jeune femme slave débarquant en France pour rejoindre un homme rencontré sur Internet et vivre une nouvelle vie loin de chez elle.

À l’occasion de cet entretien, Ariane Labed revient sur ses débuts, son lien au court, ses intuitions, ses envies de réalisation et ses difficultés à se faire une place en tant que réalisatrice et à financer ce premier film sympa et maîtrisé.

Bonne info : Olla est programmé au Forum des Images à l’occasion de la reprise de la Quinzaine dans le cadre du programme de courts métrages 2 le dimanche 9.6 à 17h30.

Interview : Katia Bayer

Image, montage : Gaspard Richard-Wright

Son : Yohan Levy

Remerciements : Jean-Charles Canu

Gabriel Abrantes. Le court : un moyen d’expérimenter, de s’affranchir

Nouvelles perspectives et cinéma hybride. Auteur de nombreux courts, Gabriel Abrantes a reçu il y a un an le Grand Prix Nespresso à la Semaine de la Critique pour son premier long métrage Diamantino co-réalisé avec Daniel Schmidt.

Cette année, il revient à Cannes, à la Quinzaine des Réalisateurs plus précisément, avec un nouveau court, Les Extraordinaires mésaventures de la jeune fille de pierre, produit par Les Films du Bélier et Artificial Humors.

Interview : Katia Bayer

Image, montage : Gaspard Richard-Wright

Son : Elsa Levy, Maëva Andrieux

Remerciements : Jean-Charles Canu

La Palme d’or du court-métrage et les prix de la Cinéfondation 2019

Cannes, fin. Côté courts, Claire Denis et son jury ont décerné hier soir la Palme d’or 2019 au très beau film gréco-français La Distance entre nous et le ciel de Vasilis Kekatos (Blackbird Production, Tripode Productions). Pour info, le film a également obtenu la Queer Palm du court-métrage.

Le Jury a également décerné une Mention spéciale au court métrage argentin Monstruo dios (monstre dieu) de Agustina San Martín (prod. : Imprudencia).

Du côté de la Cinéfondation, le même jury a récompensé 4 films. Le premier prix a été décerné à l’étonnant Mano a mano de Louise Courvoisier (Cinéfabrique, France).

2ème Prix : Hiếu de Richard Van (CalArts, États-Unis)

Le 3ème Prix ex-aequo a été attribué à deux films :

Ambience de Wisam Al Jafari (Dar al-Kalima University College of Arts & Culture, Palestine)

Duszyczka de Barbara Rupik (PWSFTviT, Pologne)

Quinzaine des Réalisateurs, Prix Illy du court métrage 2019

La Quinzaine des Réalisateurs, section parallèle non compétitive, voit certains films primés annuellement par ses partenaires. Sur les différents prix remis, l’un est consacré au court métrage via la marque de café Illy.

Cette année, le prix Illy du court métrage, dont le jury était présidé par le réalisateur Yann Gonzalez, a été attribué à Stay awake, be ready (prod. : JKFILM) du réalisateur vietnamien Phan Thien An.

Synopsis : Au coin d’une rue, une conversation mystérieuse entre trois jeunes hommes dans une échoppe. Au même moment, un accident de la circulation à moto. La nuit esquisse un cadre multicolore de la réalité.

Semaine de la Critique 2019, les 2 courts primés !

Et hop ! Premier palmarès à être rendu à Cannes, celui de la 56ème Semaine de la Critique, décerné ce soir. Du côté des courts, deux films ont été primés par le Jury et les partenaires.

Prix Canal+ du court métrage : Sans mauvaise intention de Andrias Høgenni, Iles Féroé-Danemark

Prix Découverte Leitz Cine du court métrage : She runs de Qiu Yang (Chine, France)

Paolo Moretti : « Le court, l’éclat, la liberté narrative »

Quelle est la place du court à la Quinzaine des Réalisateurs 2019 ? Entretien avec son nouveau délégué général, Paolo Moretti, autour des gestes de programmation et de la spécificité de la Quinzaine entre tradition et modernité.

Interview : Katia Bayer

Image, montage : Gaspard Richard-Wright

Son :Elsa LevyMaëva Andrieux

Remerciements : Jean-Charles Canu

 

Swann Arlaud : “Faut y aller au coeur !”

Swann Arlaud fait partie du casting de Perdrix, le premier long-métrage d’Erwan Le Duc, présenté à la Quinzaine des Réalisateurs 2019. En 2017, il présentait Petit Paysan de Hubert Charuel à la Semaine de la Critique pour lequel il a reçu en 2018 le César du meilleur acteur pour son rôle dans ce premier film.

Si on connaît Arlaud comme comédien, on sait moins qu’il a co-réalisé son premier court Venerman avec Tatiana Vialle, sa mère.

Dans le cadre de cet entretien, il revient sur sa formation aux Arts-Décos de Strasbourg, son adolescence entre rap-tag et colère-injustice, ses débuts comme comédien, sa relation aux auteurs et son rapport au court-métrage, entre liberté et prises de risques.

Interview : Katia Bayer

Image, montage : Augustin Brunel, Nathan Johnson

Remerciements : Hôtel Crowne Plaza, ESRA, Elsa LevyMaëva Andrieux

Paul est là de Valentina Maurel

En 2017, le court-métrage Paul est là de Valentina Maurel avait reçu le premier prix de la Cinéfondation, la section consacrée aux films d’écoles à Cannes. Un film écrit, tourné et monté à l’INSAS, une école de cinéma belge et visible sur le compte Vimeo de l’école. Cette année, Valentina Maurel est de retour à Cannes, à la Semaine de la Critique cette fois, avec son nouveau court, Lucía en el limbo. L’occasion pour nous de revenir sur son film de fin d’études apparu à Cannes il y a 2 ans et projeté à notre toute dernière soirée Format Court aux Ursulines en juin 2017.

Paul est là raconte l’histoire d’une jeune femme, gardienne dans un musée, à la vie solitaire et routinière. L’arrivée brutale de son père va chambouler le quotidien de Jeanne interprété par Sarah Lefèvre. Bart Cambiers, de son côté, campe une figure paternelle un peu brusque et maladroite. Petit à petit, une tendresse se créé dans cette famille de solitaires : un père sorti de nulle part, une jeune femme sans ami, une mère absente.

Autour des deux acteurs, une dynamique du vide émerge : des cadres fixes, un décor pauvre, des dialogues courts. On les retrouve régulièrement dans une laverie avec des machines vides, assis seuls sur des chaises.

Le film s’ouvre sur Jeanne recroquevillée dans le séchoir d’une laverie comme un poisson dans un bocal, enfermée dans une solitude que son père va casser. Bart Cambiers est perçu dans un premier temps comme une figure masculine ambigüe. S’agit-il d’une relation intime passée ? Quel est le lien exact entre les deux personnages ?

La notion de paternité intervient dans ce film avec une accentuation du corps dans le cadre. Au milieu du film, les corps se dévoilent dans toute leur longueur et leur entièreté. Une boîte de nuit vide, le père au milieu de la piste dansant seul : corps mobile dans une lumière rouge sur une musique latine entraînante. C’est à ce moment-là que les corps s’étreignent et enlèvent la froideur distante qui existait jusque là. Tout est déshinibé jusqu’à l’expression du désir masculin : “Tu bandes?” dit Jeanne à son père alors qu’ils viennent de retrouver une complicité, le lien père-fille ravivé avec la danse et l’alcool. Ce passage un peu flottant reste en suspension. Rien n’est grave, tout est suspendu, un peu comme Jeanne qui traverse la vie sans vraiment la vivre dans cette Belgique grise où le temps y est morose.

Cette année, Lucia en el Limbo à la Semaine de la Critique, nous invite dans un univers autre que l’Europe. Le Costa-Rica, un changement d’atmosphère radical qui invite à se rendre au Miramar mardi 21 mai à 14h 15 au festival de Cannes afin d’apprécier le nouveau court-métrage de cette réalisatrice costaricienne.

Maëva Andrieux

4 courts et un clip liés à Cannes à voir en ligne !

À l’occasion du 72ème Festival de Cannes, Format Court vous invite à découvrir 5 films (4 courts et un clip) de réalisateurs présentant leurs nouveaux courts cette année à Cannes, en compétition officielle.

Ils présentent leurs nouveaux courts en compétition officielle cette année : Teemu Nikki avec All Inclusive (Finlande), Agnès Patron avec L’heure de l’ours (France), Yona Rozenkier avec Parparim (Israël) et Chloë Sevigny avec White Echo (Etats-Unis). (Re)découvrez leurs précédents films !

Katia Bayer

A Fish Story de Teemu Nikki, Finlande

La Veuve Caillou de Agnès Patron, France

Bugs on a Helmet de Yona Rozenkier, Israël

Kitty de Chloë Sevigny, Etats-Unis

Lumière sur la première édition du Festival Format Court

Cinq jours de courts, cinq jours de découvertes et de surprises. Du 3 au 7 avril dernier, avait lieu le premier festival de Format Court au Studio des Ursulines, dans le 5e arrondissement de Paris. La richesse de cette édition tenait notamment au fait qu’elle n’était pas compétitive mais s’organisait selon une logique rétrospective; à comprendre que la programmation n’était pas régie par l’actualité mais plutôt par la beauté, la qualité, et l’originalité de films singuliers, répartis en sept programmes : une soirée Damien Bonnard (parrain de cette édition), une soirée Philippe Rebbot (parrain également), un programme réservé aux films de fin d’études de jeunes réalisateurs de l’ESRA, un autre consacré aux César, une séance spéciale « En marge ! » au cours de laquelle on s’ouvrait à l’expérimental et aux formes hybrides, une séance « Retour vers le court » pour (re)découvrir les courts-métrages de réalisateurs passés au long, et enfin — clôture pétillante ! — une soirée spéciale Belgique placée sous le signe de la bonne humeur et de l’audace.

Ajoutez à cela de nombreux invités (acteurs/trices, réalisateurs/trices…), des débats animés, des pots arrosés à chaque fin de séance et une grande soirée au Point Éphémère pour les 10 ans de Format Court, et vous pourrez avoir un aperçu de l’esprit de ce tout nouveau festival où l’ambiance de proximité et de convivialité encourage les rencontres entre professionnels du milieu et spectateurs présents. Revenons sur quelques évènements importants de cette première édition.

Rétrospectif

Voyager dans le temps. Cette semaine de festival fut l’occasion de présenter un panel de films marquants, ceux qui ont construit des réalisateurs.trices ou des acteurs.trices, ceux qui offrent à voir la liberté de création d’autres époques, ceux qui sont toujours frappants aujourd’hui.

Comment ne pas évoquer ainsi l’hommage rendu à la grande Agnès Varda avec la projection d’Ulysse, César du meilleur court-métrage en 1982, présenté en sélection officielle à Cannes l’année suivante ? Dans ce film, la réalisatrice revient sur une photographie prise par elle trente ans auparavant en se laissant porter par les éléments qui la composent: il y avait une plage, un homme, un petit garçon, le corps gisant d’une chèvre. C’est un film sur la trace, le souvenir, une réflexion sur l’instant photographique qui fige la confluence du passé, du présent, et du futur, qui incarne la rencontre du réel et de l’imaginaire. « En fouillant le sable de la mémoire, on tombe sur des os. » entend t-on la voix de Varda accompagner les images, soulignant leur subtile poésie. Ne nous y trompons pas, ce film ne porte pas la mélancolie en faisant ressurgir le passé, il est la peinture calme d’un temps, d’une époque, pas tout à fait révolu puisque nourrissant et soutenant l’aujourd’hui. La sérénité et la sensibilité de la voix, la beauté de l’image et du geste, le génie du montage tout autant que de la démarche… Ce sont tous ces éléments réunis qui offrent au spectateur cette impression si forte, cette émotion si intense, devant ce film. Projeter Ulysse pendant le festival, ce n’était pas seulement rendre hommage à Varda, c’était avant tout une occasion de rappeler le talent de la jongleuse de souvenirs qui, à travers un documentaire personnel, parvient à toucher l’intimité de chacun en esquissant les songes et tourments métaphysiques présents chez tous. Chef d’œuvre.

Toujours au cours de la séance consacrée aux César, nous nous transportions seize ans plus tard, en 1998, année à laquelle David Fourier remporte à son tour le prix du meilleur court-métrage avec Des majorettes dans l’espace. Ici aussi, nous retrouvons le procédé d’enchevêtrement d’images diverses, accompagnées d’une voix-off, comme révélateur de poésie et de sens. Des cosmonautes en mission sur Soyouz 27, un homme nommé Vincent qui regarde la caméra sur fond noir, une modélisation animée d’une usine de préservatifs, des archives d’une procession du pape Jean-Paul II, une majorette junior faisant voleter son bâton, des captations de la Gay Pride… Toutes ces images se confondent à un rythme effréné, liées par la voix du narrateur qui ouvre le film en déclarant : « De toutes les êtres vivants, seul l’Homme sait qu’il va mourir. De tous les êtres vivants, seul l’Homme est capable d’humour et de poésie ».

Vincent est homosexuel, il fait l’amour. Les cosmonautes de Soyouz 27 sont hétérosexuels, ils ne peuvent pas faire l’amour entre eux, à moins que le voyage spatial ne se prolonge. Le pape communique avec une chose invisible. La petite majorette Juliette elle aussi parle à ses amis invisibles. Vincent est malade, il a le sida. Arnaud est un enfant, il ne sait pas ce qu’est la mort. Multiplicité et unité des sources et types d’images (archives, prises de vue documentaristes…), multiplicité et unité des Hommes. Des majorettes dans l’espace est un film profondément social au sens où il peint la société humaine, parodiant son unicité en énumérant de façon loufoque des faits simples, dissimulant derrière cette caricature d’objectivité tout ce qui la divise, tout ce qui ne fait pas une société et qui pourtant l’habite, avec comme illustration première l’orientation sexuelle sur fond d’années 90 ravagées par le sida et de discours dangereux de l’Eglise catholique. Dans la salle les rires du début laissent place progressivement au silence lorsque le spectateur comprend la nature de l’humour à l’œuvre, grinçant, côtoyant le cynisme. De l’amusement on passe au malaise, de la simplicité à la réflexivité. Vingt ans après, le film de David Fourier a toujours un effet retentissant.

Ouvert sur demain

Durant le festival, on a pu croiser ceux qui ont fait le cinéma d’hier et d’aujourd’hui mais aussi partir à la rencontre de ceux qui, nous le souhaitons, feront celui de demain. Les premiers films ou les films de fin d’études sont souvent le condensé des promesses qu’ont à offrir de jeunes réalisateurs et réalisatrices quant à leurs œuvres futures. On y découvre, en un éclat, les forces qui les animent, les univers qui les séduisent, l’esthétique vers laquelle ils tendent, et on ne peut qu’attendre impatiemment de les voir s’épanouir peu à peu. Aussi, c’était tout naturellement qu’une séance était dédiée à ces jeunes espoirs, choisis ici sur le critère de films de fin d’étude de l’ESRA.

Nous avons pu entre autres découvrir Nea d’Adrian Limoni (ESRA Bruxelles, 2018), un film dystopique à l’évolution surprenante et habile dans lequel une jeune fille de 13 ans est déchirée entre deux mondes, l’un si paisible qu’il en serait presque glaçant, l’autre en proie à l’urgence effrayante. Au-delà d’une histoire père-fille, on nous présente une esthétique léchée qui emprunte beaucoup aux codes de la science-fiction et même du jeu vidéo: la chromatographie saturée et la dynamique d’opposition de couleurs tranchées sur des mêmes plans (horizon très net entre un champ vert éclatant et un ciel bleu vif par exemple) accentue l’aspect artificiel et donc irréel des séquences de l’univers faussement idéal. La dystopie n’est donc pas uniquement défendue par la narration et les décors, elle s’incarne, se devine, s’anticipe, par le travail de l’image. La violence de la transition entre les deux univers est elle-même d’autant plus forte qu’elle s’accompagne d’une rupture radicale dans le rythme des plans et des actions. Si l’on aurait peut-être souhaité des intentions plus précises dans la direction du jeu des enfants, la complexité de la nature de la relation entre le père et la fille (est-ce de l’amour? De la violence contrainte ? Le père protège t-il vraiment sa fille ou expérimente t-il avec elle ?) s’exprime avec finesse et ingéniosité.

Autre jeune réalisatrice remarquée à cette occasion: Leonie Violain avec Raptus (ESRA Paris, 2018). Aux marges d’une réalité trouble, on observe les agissements violents d’un gang à la croisée de skinheads et d’hommes du futur, que le jeune Eliott rejoint, fasciné. La réalisatrice, accompagnée par le regard de son chef opérateur Alejandro Asensio, nous offre à voir une mise en scène savamment pensée. Dans ce film, le graphisme tout en verticalité ne sert pas que le visuel : il est incarné intra-diégétiquement comme si les personnages étaient eux-mêmes animés par un besoin, une nécessité, de représentation esthétique. Le gang accomplit une série de rituels mystérieux quasi liturgiques en osmose avec les décors et semble définir de lui-même le cadre de l’image.  » Il convient à ce titre de souligner la pertinence du repérage effectué en partie à Cergy et à Noisy-le-Grand autour des bâtiments des architectes Dani karavan et Ricardo Bofill.  » De cette fusion de l’image et de la narration, naît la poésie d’un rêve sombre dans lequel on s’enfonce progressivement. La démarche esthétique prend certes le pas sur l’histoire de la relation entre Eliott et son ami qui essaye de le sauver, mais la fascination exercée par les membres du gang et leur violence suffit à nous porter tout au long du film.

Parcours d’acteurs

Cette première édition du festival avait pour parrains les acteurs Damien Bonnard et Philippe Rebbot. Une séance spéciale leur était consacrée avec une projection rétrospective de courts-métrages dans lesquels ils ont joués.

C’est à cette occasion que nous avons pu voir Les Misérables de Ladj Ly, fiction de quinze minutes où Damien Bonnard campe le rôle de Pento, nouvelle recrue de la brigade anti-criminalité en Seine Saint-Denis. Accompagné par deux « bacqueux », Chris et Gwada, il se confronte rapidement à la tension prégnante entre les groupes de la cité et la BAC. Une confrontation dérape : Pento, SIG Sauer à la main, tire sur un jeune homme qui tentait de s’enfuir et le roue de coups. L’image cinématographique et la prise de vue au drone se confondent, on comprend qu’un enfant a filmé cette agression violente dont l’écho public serait évidemment retentissant. Les trois équipiers de la BAC vont tenter à tout prix de récupérer l’enregistrement, quitte à dépasser encore plus largement leurs droits.

Le ton et le regard de Ladj Ly ne sont pas ceux d’un profane, on sait que sa vision est enrichie par son parcours (enfance à la cité des Bosquets de Montfermeil, membre engagé du collectif Kourtrajmé avec qui il réalise le documentaire 365 jours à Clichy-Montfermeil sur les émeutes de 2005…) qui lui permet de défendre puissamment un « cinéma vérité ». L’originalité de ce film tient entre autres au fait que l’on se place, sans complaisance aucune, du point de vue de la BAC et non de celui des jeunes gens de la cité, comme c’est par exemple le cas dans La Haine, film fondateur pour le réalisateur. Cet angle nous permet de comprendre, sans la justifier, l’escalade de la violence des forces de l’ordre, ce qui l’engendre et comment elle se manifeste. Damien Bonnard réussit à incarner parfaitement l’ambivalence des forces à l’œuvre dans son personnage en oscillant entre une sensibilité humaine teintée de crainte et de volonté de bien faire et une panique ouvrant sur le non-droit et l’agressivité débridée.

Révélation du festival de Clermond-Ferrand en 2017 et sélectionné aux César en 2018, le film a aujourd’hui évolué en un long-métrage, portant le même nom que le court —Les Misérables — actuellement en compétition officielle au festival de Cannes !

Toute autre ambiance, avec Philippe Rebbot dans J’attends Daniel pour peindre, de Nathalie Donnini (2001). Il s’agit du premier vrai rôle du comédien alors magasinier. La réalisatrice lui offre la possibilité de dévoiler son talent dans ce film très rohmerien, presque anachronique pour son époque au-delà du fait qu’il fut tourné en pellicule (16mm). Olivier attend Daniel (Philippe Rebbot) qui doit lui prêter main forte pour repeindre la chambre de son appartement. À sa place, c’est Marie qui arrive. Elle a quitté Daniel. Olivier aime Marie, Daniel est l’ami d’Olivier, Marie n’est jamais restée célibataire. Dans ce huit clos intimiste, se délie une parole presque littéraire où l’on explore la curiosité d’une situation amoureuse délicate. C’est un cinéma d’acteur et d’amour qui sait prendre le temps de dire. La quiétude de la réalisation qui ne se laisse pas aller à la frénésie du cut transcende l’angoisse amenée par la situation de triangle amoureux. Entre le dit et le non-dit, entre deux couches de peinture, la caméra de Nathalie Donnini saisit les regards et les doutes, la tendresse et les tourments, en donnant une grande impression de simplicité. Du jaune des murs de la chambre, on arrive progressivement à la clarté du blanc qui, en plus de symboliser le changement, comme une page qui se tourne pour laisser place à une autre histoire, accompagne la marche à la vérité du nouveau couple. Les acteurs et l’actrice (Patrick Lizana, Judith Rémy) portent cette histoire avec douceur et finesse et il est impressionnant de constater une telle sensibilité ainsi qu’un tel naturel dans le jeu d’un comédien qui faisait alors ses premiers pas devant la caméra : Philippe Rebbot.

Demeurant très actuel, J’attends Daniel pour peindre constituait déjà une originalité dans les années 2000 avec ses échos de Nouvelle Vague. On sent l’empreinte de films tels que Ma nuit chez Maud ou Jules et Jim et plus largement l’attachement — non rétrograde — au cinéma des années 60 et 70. Nathalie Dondini réussit le pari de la revitalisation d’une autre époque.

Vers une prochaine édition

Nous ne pouvons que vous enjoindre de découvrir la sélection des films projetés lors de cette semaine. Beaucoup sont disponibles sur les plateformes de téléchargement légales et des séances rétrospectives du festival auront lieu dans les prochains mois. Cette première édition fut un succès et Format Court prévoit dès aujourd’hui de renouveler le défi l’année prochaine : une seconde édition avec toujours plus de films, de découvertes et de rencontres. Nous vous y attendrons !

Gaspard Richard Wright

La Quinzaine des Réalisateurs/La Semaine de la Critique, côté courts

La Quinzaine des Réalisateurs, section parallèle du Festival de Cannes, ayant fêté ses 50 ans d’existence, a annoncé cette semaine sa sélection annuelle. Côté courts, on y découvre 10 films dont ceux de Gabriel Abrantes, Morgan Simon, Ariane Labed ou encore Dahee Jeong. À la Semaine de la Critique, 10 courts également ont été retenus dont ceux de Valentina Maurel (1er Prix à la Cinéfondation 2017 avec Paul est là) et Qiu Yang (Palme d’or du court en 2017 avec A Gentle night).

Quinzaine des Réalisateurs

Deux soeurs qui ne sont pas soeurs de Beatrice Gibson (Royaume-Uni, Allemagne, Canada, France)
Les Extraordinaires mésaventures de la jeune fille de pierre de Gabriel Abrantes (France, Portugal)
Grand Bouquet de Nao Yoshigai (Japon)
Je te tiens de Sergio Cabalerro (Espagne)
Mouvement de Dahee Jeong (Corée du Sud)
Olla d’Ariane Labed (France, Royaume-Uni)
Piece of Meat de Jerrold Chong et Huang Junxiang (Singapour)
Plaisir fantôme de Morgan Simon (France)
Stay Awake, Be Ready d’An Pham Thien (Vietnam, Corée du Sud)
That Which is to Come is Just a Promise de Flatform (Italie, Pays-Bas, Nouvelle-Zélande)

Semaine de la Critique

Dia de festa / Jour de fête de Sofia Bost (Portugal)
Fakh / The Trap de Nada Riyadh (Égypte, Allemagne)
Ikki illa meint de Andrias Høgenni (Danemark, Îles Féroé)
Journey Through a Body de Camille Degeye (France)
Kolektyviniai sodai / Community Gardens de Vytautas Katkus (Lituanie)
Lucía en el limbo de Valentina Maurel (Belgique, France, Costa Rica)
The Manila Lover de Johanna Pyykkö (Norvège, Philippines)
Mardi de 8 à 10 de Cecilia de Arce (France)
She Runs de Qiu Yang (Chine, France)
Ultimul Drum Spre Mare / Le Dernier Voyage à la Mer de Adi Voicu (Roumanie)

Focus Cannes 2019

Cannes 2019,  les infos côté courts.

Notre entretien avec Stacy Martin, membre du Jury des courts-métrages et de la Cinéfondation

Notre entretien avec Eran Kolirin, membre du Jury des courts-métrages et de la Cinéfondation

La critique de Mano a Mano de Louise Courvoisier (1er Prix de la Cinéfondation, France)

Notre entretien avec Claire Denis, Présidente du Jury des courts-métrages et de la Cinéfondation

Notre entretien avec Valentina Maurel, réalisatrice de « Lucía en el limbo » (Semaine de la Critique, Belgique, France, Costa Rica)

Notre entretien avec Morgan Simon, réalisateur de « Plaisir Fantôme » (Quinzaine des Réalisateurs, France)

Notre entretien avec Léo Soesanto, Coordinateur de la sélection des courts métrages à la Semaine de la Critique

Notre entretien avec Yona Rozenkier, réalisateur de « Parparim » (compétition officielle) et « The Sign », co-réalisé avec Eleonora Veninova (SEE Factory, Quinzaine des Réalisateurs), Israël

La critique de « La Distance entre le ciel et nous » de Vasilis Kekatos, Palme d’or du court-métrage 2019

Notre reportage Israël en courts

– Notre entretien avec Vasilis Kekatos, Palme d’or du court-métrage 2019

Notre entretien avec Ariane Labed, réalisatrice de « Olla » (Quinzaine des Réalisateurs, France – Royaume-Uni)

La Palme d’or du court-métrage et les prix de la Cinéfondation 2019

Notre entretien avec Gabriel Abrantes, réalisateur de « Les Extraordinaires mésaventures de la jeune fille de pierre » (Quinzaine des Réalisateurs, France, Portugal)

Quinzaine des Réalisateurs, Prix Illy du court métrage 2019

Semaine de la Critique 2019, les 2 courts primés !

Notre entretien avec Paolo Moretti, le nouveau délégué général de la Quinzaine des Réalisateurs

Notre entretien avec Swann Arlaud

Le film de la semaine : Paul est là de Valentina Morel

4 courts et un clip liés à Cannes 2019

Quinzaine de la Critique, Semaine de la Critique, côté courts

Les sélections de courts 2019

– L’affiche du festival, dévoilée

– Claire Denis, Présidente du Jury des Courts Métrages & de la Cinéfondation

Cannes, les sélections de courts 2019

Au lendemain de l’annonce de la Sélection officielle du 72e Festival de Cannes, qui s’est déroulée hier,  jeudi 18 avril à 11h, voici les courts métrages en compétition ainsi que la sélection de la Cinéfondation 2019.

Présidé par Claire Denis, le Jury de la Cinéfondation et des courts métrages récompensera à la fois les films de la Compétition des courts métrages et ceux de la Sélection Cinéfondation à l’issue de ses délibérations.

Compétition officielle

Cette année, le comité de sélection a vu 4240 courts-métrages. La Compétition des courts métrages 2019 est composée de 11 films (9 fictions, 1 documentaire et 1 animation) issus des pays suivants : Albanie, Argentine, États-Unis, France, Finlande, Grèce, Israël, Suède et Ukraine.

The Van d’Erenik Beqiri – Albanie, France, 15′
Anna de Dekel Berenson, Ukraine, Israël, Royaume-Uni, 15’
Le Grand saut de Vanessa Dumont, Nicolas Davenel, France, 12’
La Distance entre nous et le ciel de Vasilis Kekatos , Grèce / France, 9’
All Inclusive de Teemu Nikki, Finlande, 15’
Ingen lyssnar de Elin Övergard, Suède, 14’
L’heure de l’ours d’Agnès Patron, France, 14′
Parparim de Yona Rozenkier, Israël, 7’
Monstruo dios (monstre dieu) de Agustina San Martín, Argentine, 10′
White Echo de Chloë Sevigny, Etats-unis, 15′
La Siesta de Federico de Luis Tachella, Argentine, 14′

Cinéfondation

La Sélection Cinéfondation a choisi pour sa 22e édition 17 films (14 fictions et 3 animations) parmi les 2000 qui ont été présentés par des écoles de cinéma du monde entier. La présence importante de l’Europe Centrale et Orientale met en lumière la vitalité de l’enseignement du cinéma dans ces pays. Six films sélectionnés proviennent d’écoles invitées pour la toute première fois.

Ambience de Wisam Al Jafari, Dar al-Kalima University College of Arts & Culture, Palestine, 15’
Mano a mano de Louise Courvoisier, Cinéfabrique, France, 23’
Sto dvacet osm tisíc de Ondřej Erban, Famu,République tchèque, 16’
Jeremiah de Kenya Gillespie, The University of Texas at Austin, Etats-Unis, 10’
Pura vida de Martin Gonda , Ftf Všmu – Film and Television Faculty Academy of Music and Performing Arts, Slovaquie 30’
Adam de Shoki Lin, Nanyang Technological University (NUT), Singapour, 19’
Netek de Yarden Lipshitz Louz, Sapir College, Israël, 21’
Solar Plexus de David McShane, NFTS, Royaume-Uni, 9’
Rosso: La vera Storia Falsa del Pescatore Clemente de Antonio Messana, la Fémis, France, 28’
Ahogy eddig de Katalin Moldovai (Budapest Metropolitan University (METU), Hongrie, 24’
Favoriten de Martin Monk, Filmakademie Wien, Autriche, 18’
Roadkill de Leszek Mozga, University of the Arts London UAL, Royaume-Uni, 8’
Duszyczka de Barbara Rupik, PWSFTviT, Pologne, 9’
Hiếu de Richard Van, Calants, Etats-Unis, 24’
Bamboe de Flo Van Deuren, RITCS, Belgique 19’
Slozhnopodchinennoe de Olesha Yakovleva, St. Petersburg State University of Film and Television, Russie, 26’
Reonghee de Yeon Jegwang, Korea National University of Arts, Corée du sud, 15’

L’affiche du Festival de Cannes 2019 dévoilée

L’affiche du Festival de Cannes 2019, tirée de La Pointe courte, le premier long-métrage d’Agnès Varda. Il s’agit de la 2ème collaboration de la graphic designer Flore Maquin avec le festival après un premier essai réussi et bleuté l’an passé (d’après une photo de George Pierre prise sur le tournage de Pierrot le Fou).

Photo : La Pointe courte © 1994 Agnès Varda et ses enfants, Montage et maquette : Flore Maquin / www.flore-maquin.com

Tout en haut.

En équilibre.

Juchée sur un technicien impassible.

Accrochée à une caméra qui paraît l’absorber.

Une jeune femme de 26 ans tourne son premier film.

Nous sommes en août 1954, quartier de la Pointe Courte à Sète. Dans la lumière éblouissante de l’été, Silvia Monfort et Philippe Noiret promènent leur amour fragile parmi les pêcheurs en lutte, les femmes affairées, les jeux des enfants et les errances des chats. Décors naturels, caméra légère, moyens dérisoires : Agnès Varda, photographe au TNP de Jean Vilar, jette avec La Pointe courte (présenté dans une salle de la rue d’Antibes à Cannes pendant le Festival 1955), les prémices d’un jeune cinéma dont elle sera la seule réalisatrice.

Tel un manifeste, cette photo de plateau recèle déjà tout d’Agnès Varda : la passion, l’audace, l’espièglerie. Les ingrédients d’une recette d’artiste en liberté qu’elle enrichira sans cesse. Soixante-cinq ans de création et d’expérimentation, presque autant que le Festival de Cannes, qui célèbre chaque année des regards qui montrent, osent et s’élèvent. Et qui sait se souvenir.

Elle se plaisait à le rappeler : « Je ne suis pas une femme cinéaste, je suis une cinéaste. » Elle vint souvent à Cannes montrer ses films : treize fois en Sélection officielle. Elle fut aussi membre du Jury en 2005 et Présidente du Jury de la Caméra d’or en 2013. Lorsqu’elle reçut la Palme d’honneur, en 2015, elle évoqua « la résistance et l’endurance, plus que l’honneur » et la dédia « à tous les cinéastes inventifs et courageux, ceux qui créent un cinéma original, de fiction ou de documentaire, qui ne sont pas dans la lumière mais qui continuent. »

Avant-gardistes et populaires, intimes et universels, ses films ont ouvert la voie. Alors, tout en haut de cette pyramide : Agnès Varda, l’œil posé sur la plage de Cannes, jeune et éternelle, sera le phare inspirant de la 72e édition !

L’annonce de la Sélection officielle 2019, par Pierre Lescure, Président du Festival de Cannes, et Thierry Frémaux, Délégué général, est à suivre jeudi 18 avril à partir de 11h en direct sur YouTube, Dailymotion, Facebook, Twitter et www.festival-cannes.com .

Devenez lauréat(e) de la Fondation Jean-Luc Lagardère !

Vous êtes Auteur de film d’animation, Scénariste TV, Producteur cinéma, ou Auteur de documentaire ….c’est le moment de saisir votre chance ! La Fondation Jean-Luc Lagardère recherche ses nouveaux lauréats en 2019.

Vous avez moins de 30 ans (35 ans si vous êtes scénariste) et vous avez un projet dans le domaine audiovisuel : réaliser un court métrage ou le pilote d’un long métrage ou d’une série d’animation, produire un film de fiction de long métrage, écrire un scénario pour la télévision, réaliser un documentaire…

Devenez lauréat(e) de la Fondation Jean-Luc Lagardère ! : https://fr-fr.facebook.com/fondation.jeanluclagardere/

Dotation de 20 000 € à 50 000 €

La Fondation accorde également des bourses dans les domaines suivants : Créateur numérique, Écrivain, Journaliste de presse écrite, Libraire, Musicien, Photographe.

Modalités et dépôt des candidatures jusqu’au samedi 8 juin 2019
sur http://www.fondation-jeanluclagardere.com

Claire Denis, Présidente du Jury des Courts Métrages & de la Cinéfondation

La cinéaste et scénariste française Claire Denis sera cette année la Présidente du Jury des Courts Métrages et de la Cinéfondation du 72e Festival de Cannes.

Claire Denis succède à Abderrahmane Sissako, Naomi Kawase, Cristian Mungiu et Bertrand Bonello. Avec son jury, elle décernera le jeudi 23 mai les trois prix de la Cinéfondation parmi les 17 films d’étudiants d’écoles de cinéma présentés. Samedi 25 mai, elle remettra la Palme d’or du court métrage lors de la cérémonie de Clôture de la 72e édition du Festival de Cannes.

© C.Alvarez/Getty Images

Depuis plus de 30 ans, Claire Denis occupe une place singulière dans le cinéma contemporain. Elle est la réalisatrice d’une œuvre captivante de 13 longs métrages dont quatre furent projetés en Sélection officielle. Véritable aventurière, elle a imposé, au fil de ses voyages artistiques, son goût de l’observation et de l’expérimentation en naviguant entre introspection et ouverture sur le monde.

Dès Chocolat (1988), première œuvre semi-autobiographique sur l’indépendance du Cameroun et l’Afrique de son enfance – qu’elle retrouvera pour Beau Travail (2000) et White Material (2010), elle marque les esprits et connaît les honneurs de la Compétition cannoise, des César et de la critique.

Avec S’en fout la mort (1990), J’ai pas sommeil (Un Certain Regard, 1994), Nénette et Boni (Léopard d’or, 1996) ou encore 35 Rhums (2008), elle explore un cinéma de la marge et du territoire où les liens entre les êtres sont en constante évolution. La réalisatrice aime à filmer le désir dans l’altérité, les tabous et les interdits, comme dans Trouble Every Day (Séance de Minuit, 2001) ou Les Salauds (Un Certain Regard, 2013).

Audacieuse, libre, Claire Denis n’a cessé de façonner des voyages entre l’inconnu et le familier, jusqu’à High Life (2018) où la puissance de sa mise en scène et son sens de l’ellipse réinventent la science-fiction.

Admiratrice d’Ozu, collaboratrice de Wim Wenders, Jim Jarmusch ou encore Jacques Rivette, c’est aussi une cinéaste citée par la nouvelle génération, de Barry Jenkins à Joachim Trier, qui accompagnera les jeunes réalisateurs de la Sélection 2019.