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Poitiers Film Festival, les films sélectionnés

Le Poitiers Film Festival (ex-Rencontres Henri Langlois) débute demain. Jusqu’au 7 décembre, il met en valeur les films d’écoles et les jeunes réalisateurs. Pour cette 37ème édition (déjà !), pas moins de 52 films, 34 écoles  et 23 pays sont représentés. Voici les films en compétition, répartis en 12 programmes.

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Compétition 1

Eric, Australie
Bär, Allemagne
Irene, Costa Rica
The Bigger Picture, Royaume-Uni
Hors autoroute, Suisse

Compétition 2

To the One I Love, Afrique du Sud
Magma, Pologne
Meteoritenfischen, Suisse
(Null), Allemagne
Brother, Chine

Compétition 3

Montaje anónimo, Chili
Les Collines sont comme des éléphants blancs, Grèce
Tea Time, Allemagne
Y otro año, perdices, Espagne
Bobby, République Tchèque

Compétition 4

Gloria, Israël
A Paradise, Cuba
Insolation, France
Fragmenty, Pologne
Idle, Roumanie

Compétition 5

Love You, Ukraine
Karama, Karama, France
Ziegenort, Pologne
Von Faltbooten und Heringen, Suisse

Compétition 6

Adieu petit carnet, France
Los Resentidos, Chili
Floats, Israël
L.H., République Tchèque

Compétition 7

The Lullaby, Russie
Mouth Wide Open, Ears Shut Tight, Israël
Paul et Virginie, Belgique
Kanyekanye, Afrique du Sud

Compétition 8

Runa Mula, Chili
My Stuffed Granny, Royaume-Uni
Journey of a Freedom Fighter, Palestine
Even Cowboys Get to Cry, Pays-Bas

Compétition 9

What Remains, Suisse
Port Nasty, Royaume-Uni
Juillet électrique, France
High Wool, Allemagne
Mould, Corée du Sud

Compétition 10

Washingtonia, Grèce
Mend and Make Do, Royaume-Uni
Memor Mortis, Chili
Killing Auntie, Pologne
Travellers Into the Night, Pays-Bas

Compétition 11

La Vida después, Mexique

Compétition 12

La Tierra de Nod, Mexique
La Paô, France
Hi, I’m Doing Fine, République Tchèque
Ioa, Suisse
Sprout, Corée du Sud

Martin Razy : « Seul, pendant l’écriture ou même au montage, on perd de l’objectivité car on n’a plus assez de recul. Le regard du producteur est donc important »

Scénariste à l’origine, Martin Razy s’est lancé à 30 ans dans sa première réalisation professionnelle avec « Sans les gants », présenté au dernier Festival Européen du Film Court en compétition française. Vainqueur du prix Beaumarchais qui récompense un film francophone, il est revenu en compagnie du producteur du film, Benoit Danou (Pharos Productions) sur son rapport au public, à l’écriture et à la réalisation.

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Peux-tu me parler de votre parcours et de ce qui t’a emmené jusqu’à « Sans les gants » ?

Martin Razy : J’ai fait un bac audiovisuel à Annecy en Haute-Savoie et suis monté à Paris directement après pour mes études où j’ai fait un master de cinéma. En 2008, j’ai écrit mon premier long métrage qui a été sélectionné en finale du prix junior du meilleur scénario du concours Sopadin. Ca a été un formidable tremplin qui m’a donné une belle visibilité et qui m’a permis de rencontrer mes premiers producteurs et mon agent. Je recommande ce concours à tout le monde !

Le film a été produit mais on n’a pas réussi à le monter financièrement ; il est mis de côté pour l’instant. J’ai retenté le concours Sopadin en 2011 avec un autre scénario qui est aussi allé en finale mais qui n’a malheureusement pas été produit car c’est un film plus compliqué et plus cher. Ce projet est aussi de côté pour l’instant. J’ai une envie de réécriture sur les deux scénarii mais j’attends un peu.

Depuis ma prime jeunesse, en tant qu’amateur, j’ai écrit et réalisé des courts-métrages. Il y a deux ans et demi, un ami, Mathias Pardo, m’a demandé d’écrire le scénario de son court-métrage, « Les grandes marées », produit par Benoit Danou. Le film était à Brest dans la section « Made in Breizh » l’année dernière.

Après cela, Benoit et moi avons voulu monter un projet ensemble. J’avais envie de réaliser et n’y étais pas revenu depuis longtemps parce que je m’étais ancré dans l’écriture. Ca a donc été le premier tour de manivelle pour « Sans les gants » dont l’idée a plu à Benoit. J’ai ensuite développé un scenario, dont Benoit a suivi l’avancée, pendant un an.

Ces jours-ci, « Sans les gants » a été présenté à Brest en compétition française. La projection s’est très bien passée : la salle était gigantesque, il y avait beaucoup de monde et le public était très réactif. C’est très appréciable pour un réalisateur quand un public rit au moment où il est censé le faire ou quand on ressent la tension sur la fin du film. Ce qui me plaît, c’est l’interaction entre ce travail de deux ans et demi et les spectateurs assis dans leurs fauteuil et qui regardent ton film.

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Quand ton film est projeté, tu restes donc dans la salle ?

Martin Razy : Oui, toujours. Il y a une petite pointe de stress juste avant que le film commence, même sur la première image, puis, le stress se transforme très vite en excitation. Je suis très fier du résultat, je n’ai pas de honte à montrer mon film, au contraire, je veux qu’il soit vu. C’est le but d’un film, que les gens le voient, qu’ils viennent te parler, te dire ce qu’ils ont aimé et moins aimé. C’est agréable d’avoir ces retours de spectateurs.

Benoit Danou : Depuis le début de la carrière de ce film, on a eu des retours positifs, il a déjà été montré dans d’autres festivals et on espère que ça va continuer. Le retour négatif, ce serait l’absence de retour.

Martin Razy : Certaines personnes m’ont dit qu’elles avaient moins aimé telle ou telle chose. C’est très bien parce que c’est comme ça qu’on apprend et j’ai encore tout à apprendre dans ce métier. Quand la critique négative est constructive, c’est parfait, je l’accepte. Elle me fait avancer et me booste pour les prochains sujets, me permet d’avoir une meilleure compréhension du public et de ce que j’ai envie de dire.

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Le film s’intéresse au parcours d’un jeune boxeur confronté à des choix. Qu’est-ce qui t’a donné envie de parler de ce passage de l’enfance à l’adolescence ?

Martin Razy : C’est même un passage de l’enfance à l’âge adulte ou en tout cas à une forme de maturité. Je n’ai pas la source. J’ai réfléchi à cette question très longtemps. Ca me taraude depuis pas mal de films parce que les courts-métrages que j’ai écrits et mes deux longs-métrages traitent en filigrane de cette façon de vieillir d’un coup. C’est un sujet qui me touche beaucoup, la façon dont on devient un homme au sens large du terme, dont on grandit, dont on passe de l’enfance à certaines responsabilités.

Comment as-tu écrit tes personnages ?

Martin Razy : J’avais envie de créer une forme de dualité dans tous les personnages, les principaux comme les secondaires. Dans le personnage de Dylan, je voulais qu’il y ait à la fois son regard enfantin et à la fois, de par sa position au sein de cette famille monoparentale et du cadre dans lequel il évolue, son attitude d’adulte. Il a besoin d’être aussi un mari absent et un confident pour sa mère. On retrouve aussi cette dualité chez la mère, puisque elle est la meilleure copine mais aussi évidemment la mère, et chez l’entraineur, qui joue en même temps le rôle de père de substitution et peut-être celui de meilleur ami, plus âgé.

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Est-ce que tu peux nous parler de tes influences ?

Martin Razy : Pour l’image, on est partis d’influences picturales avec mon chef opérateur, Thomas Walser. On se connaît depuis quinze ans, il a participé à tous mes courts-métrages amateurs. En poursuivant cette belle collaboration, on se connaît tellement bien qu’on a plus tellement besoin de parler : il sait ce que je veux et ce que j’aime. Même si j’essaie de me renouveler à chaque fois, des points de références culturelles et picturales reviennent quand même à chaque fois.

Etant donné que j’ai peu de références, je pourrais plutôt dire ce que je n’avais pas envie de faire. Le film se déroule dans une cité ; je n’avais pas du tout envie de reprendre les codes de ce cinéma, c’est-à-dire une caméra épaule et une lumière très crue, avec un côté naturaliste. Ma caméra est sur pied, elle est en mouvement régulièrement, il y a des grands mouvements, en plans-séquences très souples, très longs. Je voulais aussi une lumière très travaillée, quelque chose de chaud dans deux lieux : le cocon familial de l’appartement et les scènes de parc qui sont une forme de respiration quand Dylan sort de sa cité. On ne cherche pas forcément à la montrer à l’image puisqu’on se situe sur une seule barre d’immeubles mais en fait mon personnage y est enfermé entre cette barre et le positionnement de la caméra. Son seul secteur d’avenir est la salle de boxe. Picturalement, j’avais besoin que la cité soit très travaillée, pas crue, pas naturelle. Même en extérieur, mon chef opérateur met de la lumière.

En fait, je n’aime pas vraiment donner de références cinématographiques précises, ça ne me parle pas. Je vais chercher à faire la lumière que j’ai en tête en dialoguant en continu avec le chef opérateur.

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Pouvez-vous me parler de votre collaboration ?

Benoit Danou : La collaboration s’est toujours très bien passée, on a dès le départ réussi à instaurer une belle confiance et un respect mutuel. On a commencé à travailler ensemble très en amont sur le projet.

Martin Razy : Et c’est très agréable ! Ce que j’aime dans le travail avec Benoit, c’est qu’il a vraiment suivi le développement depuis l’écriture. Il a été présent, il a toujours lu très rapidement, il m’a fait des retours précis. C’est quelqu’un qui s’y connaît dans la dramaturgie. Le duo réalisateur/producteur est le cœur du film. Je n’aurais jamais pu faire ce film tout seul, la présence de Benoit a été cruciale dans le développement. Seul, pendant l’écriture ou même au montage, on perd de l’objectivité car on n’a plus assez de recul. Le regard du producteur est donc important. Quand en plus, il y a une vraie discussion et que chacun se bat pour le projet c’est agréable, vraiment !

Vous avez encore des projets ensemble ?

Martin Razy : Notre collaboration s’est tellement bien passée qu’on fait un deuxième court-métrage ensemble qui est en cours d’écriture et de financement. J’ai encore envie de traiter du passage à l’âge adulte mais dans un univers complètement différent. Ça n’aura rien à voir avec « Sans les gants » mais je filmerai toujours des adolescents. J’ai envie de sortir du cadre, de sortir du genre aussi.

Propos recueillis par Zoé Libault

Article associé : la critique du film

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L’Étrange Festival : retour sur le programme de courts 5

Ultime sélection de la vingtième édition de l’Etrange Festival, le programme 5 des courts métrages en compétition présentait en début d’année pas moins de onze films, tous très différents, avec de nombreux films très courts, faisant la part belle à l’expérimental et l’animation. Petit florilège de quelques courts marquants de cette sélection, allant de l’ours en peluche belliqueux au robot dépressif, en passant par des visions sataniques démentes.

Requiem for a Robot de Christoph Rainer (États-Unis)

Rob est un robot défectueux qui a quelques problèmes de mémoire : il ne se souvient pas ce qu’il a pu faire de mal… Pour comprendre son état, il décide de retourner voir son créateur.

Tourné par Christoph Rainer lors de ses études à la Columbia University de New York, « Requiem for a Robot » a été réalisé avec $200, de la débrouille et quelques bonnes idées. A la manière des personnages de Michel Gondry dans « Be Kind Rewind », le réalisateur a décidé de transformer les problèmes de budget en force, créant un robot avec ce qui pouvait lui passer sous la main, pariant ainsi que ses imperfections le rendrait d’autant plus sympathique auprès du public. Le pari est réussi, le film a un beau parcours en festivals aux quatre coins du globe et a même remporté le Emerging Filmmaker Award au TIFF (Toronto International Film Festival).

Nebenan d’Andreas Marterer (Allemagne)

« Nebenan » est un court métrage d’animation en 3D qui s’insinue subrepticement dans l’intimité des habitants d’un immeuble. La caméra pénètre successivement dans chacun des appartements et révèle les secrets qui y sont dissimulés. Pour incarner les personnages de ces petites histoires anonymes, Andreas Marterer choisit d’utiliser des automates accompagnés des mécanismes apparents qui les font fonctionner, chacun de ces pantins répétant ainsi l’action qui finit par se confondre avec eux-mêmes.
De par son dispositif, Nebenan parvient à rendre explicite à la fois les tourments qu’abritent ces murs et dans le même temps la nature machinale de ces personnages. Un premier film aussi inquiétant que maîtrisé.

Beauty of Mathematics de Yann Pineill & Nicolas Lefaucheux (France)

En à peine 100 secondes, le duo Yann Pineill & Nicolas Lefaucheux nous donnent à voir quelques événements anodins de la vie quotidienne à travers le prisme des mathématiques. Divisant l’écran en trois parties, les réalisateurs ont choisi de mettre en parallèle un objet quelconque avec la formule mathématique qui le définit et le schéma descriptif qui le représente, offrant ainsi une lecture alternative des phénomènes qui nous entourent grâce à leur interprétation simultanée en termes mathématiques. Comme l’indique la citation de Bertrand Russell qui ouvre le film, les mathématiques possèdent “une beauté froide et austère” que ce court métrage parvient habilement à mettre en lumière. « Beauty of Mathematics » trouve le bon équilibre entre l’exercice conceptuel et la tentation de l’esthétisme, le film parvenant à offrir aux néophytes un aperçu de la “beauté suprême” des mathématiques.

Invocation de Robert Morgan (Grande-Bretagne)

Comédie noire à l’ironie mordante, mélangeant animation image par image et film live, « Invocation » du britannique Robert Morgan prend comme point de départ le tournage d’un film d’animation en stop motion que prépare minutieusement un passionné de cinéma en installant d’un côté une caméra Super 8 et de l’autre, l’interprète principal de son futur film, un ours en peluche. Seulement, au cours de cette préparation, l’homme se blesse au doigt et une goutte de sang perle et se loge dans le compartiment caméra. Au début, tout se passe bien, l’homme bouge l’ours patiemment pour enregistrer image par image toutes les décompositions de ses gestes. Mais, alors qu’il commence à martyriser l’ours, une sorte de blob informe apparaît à la base de la caméra et cette dernière se met à enregistrer des images très spéciales qui créent un double monstrueux de l’ours à l’intérieur même du compartiment. Ce double s’échappe et s’en prend sauvagement à l’homme, le transformant en un pantin sanguinolent inanimé qu’il peut ensuite filmer et tourmenter à son tour.

Réflexion malicieuse sur le cinéma et la capture du vivant à travers l’image, mais également comédie frivole à la cruauté délicieuse, « Invocation » jongle aisément entre légèreté revancharde et violence graphique outrancière pour créer, en quelque sorte, une variation gore et filmique de « L’Arroseur arrosé ».

Baskin de Can Evrenol (Turquie)

Film d’ambiance, moite et poisseux, venu de Turquie, « Baskin » suit un groupe de policiers répondant à un appel de routine en pleine nuit, et découvrant sur place un culte satanique ayant invoqué rien de moins que “l’enfer”. Au cours d’un affrontement aussi inégal que particulièrement sanglant, les policiers sont assaillis par des créatures surpuissantes qui ne leur laissent aucune chance. Utilisant les codes classiques du genre fantastique, le film arrive à créer un suspense tout en montée, grâce à la découverte progressive d’un lieu saumâtre et des activités sordides auxquelles s’adonnent ses occupants. Particulièrement efficace dans sa mise en images, « Baskin » joue sur des peurs ancestrales avec un certain brio, allant jusqu’à convoquer l’imagerie lovecraftienne dans le culte infernal pratiqué.

Julien Beaunay et Julien Savès

Articles associés : L’Étrange Festival : retour sur les programmes de courts 1 et 3 & les programmes de courts 2 et 4

Carrefour du cinéma d’animation : 15×2 places à gagner !

Le Forum des images accueille du 4 au 7 décembre la 12e édition du Carrefour du cinéma d’animation avec des avant-premières, des courts métrages, des films d’écoles, des séances familiales et des rétrospectives.

Format Court, partenaire du festival et du Forum des images, vous offre 15 places pour 3 séances programmées. Intéressé(e)s ? Contactez-nous !

Jeudi 4 décembre, 18h. Rencontre avec Andreas Hykade animée par Alexis Hunot, consultant en cinéma d’animation. Durée : 2h. 5×2 places à gagner

Accueilli en 2010 pour une carte blanche, Andreas Hykade revient cette année au Forum des images en tant qu’invité et parrain du Cadavre exquis animé. Une nouvelle occasion de découvrir le talent du réalisateur allemand, son style unique, par son parcours et ses oeuvres les plus récentes dont son nouveau court métrage, « Nuggets », présenté en avant-première. ring-of-fire

Au programme : Ring of Fire (2000) / Myself Head (2014) / The Runt (2006) / Myself shot (2014) / Walkampf (2004) / Myself Smoke  (2014) / Nuggets (2014) / Myself Universe(2014) / Love & Theft (2010).

Dimanche 7 décembre, 16h30. Rétrospective Okamoto Tadanari animée par Ilan Nguyên, spécialiste du cinéma d’animation japonais. Durée : 2h. 5×2 places à gagner

Découverte d’un grand nom de l’animation japonaise, largement méconnu hors de son pays : Okamoto Tadanari (1932-1990). Des années 60 aux années 80, il a signé plus de quarante films : marionnettes en tous genres, éléments en semivolume les plus divers, papier découpé, animation de laine, de pâte à modeler, dessin et graphismes de styles variés…

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Au programme : Dix petits indiens (1968) / Chant de décembre (1971) / Chiko-tan, ma promise (1971) / Le Singe et le crabe (extrait, 1972) / Les Fleurs de sarrasin du Pic-du-démon (extrait, 1979) / Du matériau à l’image finale (doc., 1985) / Prière pour la vie à un mal (1973) / Les Voyages sont faits d’imprévus, la vie, de charité (1973) / Cinq petites histoires (1974) / Le Chant du renard (1982).

Dimanche 7 décembre, 17h30 : Retour de Flamme spécial trésors de l’animation. Ciné-concert au piano par Serge Bromberg. Durée : 1h30. 5×2 places à gagner

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À l’heure où l’on présente le cinéma aux frontières du réel et de la sciencefiction, avec des effets spéciaux phénoménaux, le Carrefour du cinéma d’animation accueille Retour de Flamme pour une féérie d’images qui ravira petits et grands.

Au programme : The Sinking of the Lusitania de Winsor McCay (1918), Whoozit de Charley Bowers (1928), Petites causes grands effets de O’Galop (1918), The Snowman de Ted Eshbaugh (1932), Symphonie bizarre de Segundo de Chomón (1909), Tubby the tuba de George Pal (1947), Porky’s Preview de Tex Avery (1941), Koko dessinateur (Cartoon Factory) de Dave Fleischer et Max Fleischer (1924), Ain’t She Sweet ? de Dave Fleischer (1933) + film surprise

Christophe M. Saber : « Le multiculturalisme n’est pas assez abordé dans le cinéma suisse. Dès le début, je voulais avoir plein de nationalités, de cultures et de dialectes dans mon film »

Repéré au 29ème Festival Européen du Film Court de Brest, le film « Discipline » est un huis clos d’une dizaine de minutes dont la majeure partie de l’intrigue se déroule dans une épicerie. Dans ce film, l’action anodine d’un enfant provoque une succession de réactions de la part de chacun, emmenant à réfléchir sur les problèmes d’éducation, de racisme et de jugement de l’autre. Lauréat de trois prix au 29ème Festival Européen du Film Court de Brest, « Discipline » y a notamment touché les jeunes et le public. Son jeune réalisateur, Christophe M. Saber, sort tout juste de l’école ECAL à Lausanne ; « Discipline » est son film de fin d’étude. Nous l’avions rencontré pendant la semaine du festival, à Brest.

Quels ont été tes débuts ?

Ils sont tout simples. Je regardais beaucoup de films quand j’étais plus jeune et je m’amusais toujours à regarder les making-of et le film commenté du réalisateur sur les DVD. Celui qui m’avait vraiment surpris était celui du « Seigneur des anneaux ». Je voyais à quel point l’équipe avait fait attention à tout, les armes, les costumes, les décors,… . J’ai trouvé incroyable qu’à partir de tant d’éléments faux, on puisse créer une réalité comme celle du film, qu’à partir du moment où la caméra était placée au bon endroit, que la lumière était juste, que les acteurs étaient bons, tout faisait très vrai mais que si on se décalait ne serait-ce que d’un centimètre, tout deviendrait faux. Cela m’a toujours fasciné, c’est comme un gros tour de magie. Le début est aussi lié au fait que j’adore les histoires, j’aime en raconter et qu’on m’en raconte.

« Discipline » est un film d’école, coproduit par Box Productions, comment se passe une telle coproduction ?

Avant, l’Office Fédéral de la Culture (l’OFC), finançait les films d’école et depuis deux ans, il a décidé de réduire les sommes allouées. La seule manière de financer les films est donc de faire intervenir des coproducteurs extérieurs. Cette année, c’était la deuxième fois que des producteurs venaient entendre des présentations de films à l’école.

J’ai écrit mon projet de septembre à décembre. Début décembre, une trentaine de producteurs sont venus à l’école et chacun d’entre nous avait vingt minutes pour pitcher son projet. Box Productions a été intéressé par le mien. Ils avaient produit le film d’un de mes amis l’année passée et ils avaient une filmographie très impressionnante donc je me suis dit que ça collerait bien avec mon genre de film. Puis, on a travaillé ensemble pour finir le scenario et la production s’est mise en route. Ce sont les producteurs majeurs du film, c’est-à-dire que l’école n’est pas intervenue autant que Box Productions.

Comment en es-tu venu à écrire cette histoire ?

L’idée du film est venue de plusieurs endroits. Je suis moitié suisse moitié égyptien. J’ai grandi en Égypte jusqu’à l’âge de 18 ans puis, je suis venu en Suisse pour faire cette école de cinéma. Ça fait quatre ans maintenant que je vis en Suisse et ce qui m’a toujours fasciné, c’est le nombre de langues que l’on peut entendre dans la rue : le portugais, l’espagnol, l’italien, l’allemand, l’arabe, … . Bien sûr, on entend aussi le français mais on l’entend avec plein d’accents différents et pour ma part, je trouve que ce multiculturalisme n’est pas assez abordé dans le cinéma suisse. Dès le début, je voulais avoir plein de nationalités, de cultures et de dialectes dans mon film.

Pour le côté plus sombre, par contre, je ne sais pas d’où ça vient. Je me suis dit que ça plairait au public. C’est toujours plus intéressant de voir des gens se battre mais mes personnages ne le font pas de manière gratuite. La Suisse est assez divisée politiquement, les gens ne sont pas d’accord par rapport à l’immigration par exemple, certains ont des attitudes parfois xénophobes. Il y a une sorte de fragilité de la paix suisse en elle-même. J’ai voulu rendre compte de ces différentes manières contradictoires de penser dans mon film.

Toi, tu n’as pas une vision aussi pessimiste de l’homme ?

Non, non, bien sûr que non ! En tant qu’égyptien et suisse, j’ai une double perspective : celle de l’immigré qui arrive en Suisse mais aussi celle des Suisses. Je côtoie aussi bien la partie de la famille de mon père venue s’installer en Suisse et qui essaie de s’y intégrer que la famille de ma mère qui est très rigide. La famille de ma mère est très suisse et celle de mon père est très égyptienne. J’aime bien jouer avec deux perspectives, avec le contraste des deux cultures qui se rencontrent.

Tu avais fait un documentaire avant, « La vie en rose comme dans les films ». Tu peux nous en parler ?

Oui. J’ai trouvé des images d’archives qui appartenaient à une famille et qui dataient de 1969. C’était des vidéos de famille, d’anniversaires et de voyages tournées à Lausanne. Je suis parti à la recherche de la famille pour leur rendre ces images. La personne que j’ai rencontré n’en a pas voulu, elle m’a répondu que c’était le passé et m’a demandé de me mêler de mes affaires. C’est très suisse de dire une chose pareille. C’est une différence avec les égyptiens qui eux sont très ouverts où dès qu’il y a un problème, tout le monde s’en mêle et vient voir ce qu’il se passe. Cette idée aussi a un peu influencé l’écriture de « Discipline ».

Pourquoi passer à la comédie ?

Pour moi, les thématiques lourdes comme l’immigration, le racisme ou les différences sociales sont à aborder avec légèreté. Je pense que si on se lance là-dedans très lourdement, les gens vont décrocher alors que quand c’est emmené avec humour, on est beaucoup plus ouvert et qu’il faut pas prendre ça trop au sérieux non plus. Mon film n’est pas un film politique ou militant. J’essaie de rester le plus neutre et suisse possible mais je pense qu’il fait réfléchir à la façon dont on se comporte vis-à-vis des autres et dont les autres se comportent vis-à-vis de nous.

Pourquoi as-tu souhaité tourner un huis clos ?

Les fictions que j’ai écrites se sont toujours déroulées sur un seul lieu et en temps réel. C’est un truc que je me suis imposé depuis le début parce que j’ai remarqué que ça marche toujours, surtout dans le court-métrage. Quand le film se passe en un lieu unique et en temps réel, ça permet de conclure. On n’a pas l’impression qu’il aurait dû se passer quelque chose après. Beaucoup de films se terminent sur une fin frustrante; on se dit qu’ils auraient pu se prolonger ou même être des longs-métrages. Et puis en terme de production, c’est plus simple de s’organiser quand on est juste sur un lieu, même si ça rajoute d’autres difficultés de continuité par exemple. Quand on tourne sept jours dans un seul lieu, la lumière change et tout se dérègle, mais au résultat, tout doit être assez continu et il faut bien tout refaire en post-production.

Le huis clos demande aussi des cadres particuliers, plus proches des personnages.

Oui. Ça demande aussi de ne pas épuiser le nombre de plans que l’on possède parce que dans un huis-clos, on n’a pas des milliers de possibilités. Il faut toujours essayer de réinventer et redécouvrir le lieu en reconstruisant et déconstruisant le décor pour essayer d’apporter ce qu’on n’a pas, de donner un nouvel espace au lieu. C’est pour ça que j’ai glissé un plan-séquence dans l’épicerie pour montrer un peu plus l’espace mais sinon, ce sont principalement des champs/contre-champs. J’essaie toujours de ramener un ou deux plans un peu plus complexes en terme de techniques comme le premier plan à l’extérieur. Ces plans-séquences que j’ai insérés de manière ponctuelle dans le film permettent de faire respirer le découpage.

Quelles sont tes influences de réalisation et de mise en scène ?

Je pense à « Babel « de Alejandro González Iñárritu où un tout petit évènement en déclenche un beaucoup plus large ou à « Carnage » de Roman Polanski à propos du comportement des parents qui dégénère quand on leur dit qu’ils éduquent mal leur enfant. Après, j’aime les films avec beaucoup de dialogues. Souvent, on entend que proposer moins de dialogues, c’est donner plus d’importance à l’image, mais personnellement j’aime beaucoup entendre les gens discuter. Bien sûr, si le dialogue tourne en rond, ça n’est pas intéressant. On a d’ailleurs dû couper beaucoup de dialogues dans le film parce que ça parlait trop et ils ne faisaient pas évoluer les personnages mais seulement le débat sur l’éducation des enfants. Pour ça, je pense aussi à Quentin Tarantino car les gens parlent beaucoup dans ses films.

Et puis, une autre référence un peu moins visible c’est Christopher Nolan. Il finit toujours ses films sur une note assez large, avec le titre à la fin par exemple. Mon film se  conclut  sur un plan sur la petite fille qui avait inconsciemment déclenché tous les problèmes. Je me suis inspiré de Nolan pour cette coupe nette, le titre à la fin et la musique.

Comment as-tu travaillé avec tes comédiens pour trouver la justesse de la comédie ?

Il y avait cinq personnages que j’avais vraiment écrits avec des comédiens déjà en tête. Par exemple, les deux Égyptiens qui tiennent le magasin sont mes cousins. Ils ne sont pas comédiens, ils n’avaient jamais joué et jamais été sur un tournage. J’ai voulu créer une sorte de Laurel et Hardy. L’un est assez gentil et l’autre s’énerve assez vite, l’un est gros, l’autre est maigre. J’ai toujours voulu créer des contrastes entre les personnages mais aussi des similitudes entre eux. Par exemple, le gros égyptien ressemble un peu à l’italien qui essaie toujours de calmer la situation mais qui à la fin s’énerve aussi.

Sinon, le processus de casting a été assez long, surtout pour le personnage de l’avocate qui a été dur à trouver. J’ai dû voir vingt ou vingt-cinq comédiennes pour ce rôle et puis au final, je l’ai choisie car elle arrivait à rester très agaçante, sans jamais s’énerver en contraste avec les autres. À partir du moment où on trouve la personne la plus juste, qui correspond le plus au rôle, la réalisation devient plus simple. Pendant le tournage, je n’étais pas à la recherche d’un type de jeux d’acteur mais plutôt dans l’ajustement de rythme. On avait fait des répétitions avant, les acteurs comprenaient très clairement ce qu’ils devaient jouer et puis, c’est parti comme sur des roulettes. J’ai eu beaucoup de chance avec mes comédiens.

Tu parles de rythme, justement, comment s’est passé la collaboration avec Jonathan Vinel (ndlr : co-réalisateur de « Tant qu’il nous reste des fusils à pompe ») au montage ?

Il y a un partenariat entre l’ECAL et la Fémis et chaque année, des étudiants de la Fémis viennent en Suisse faire le montage des films de diplôme. C’est un peu du hasard si Jonathan est tombé sur mon projet. Au début, ce n’était pas facile, étant donné qu’il est lui-même  réalisateur, que nos films sont très différents et qu’ils ont deux univers qui n’ont rien à voir. Je suis plus dans le respect d’une trame narrative classique, alors que lui, il est plutôt dans quelque chose de plus moderne qui brise tous les codes du cinéma. C’est très admirable ce qu’il arrive à faire.

Au bout d’un moment, il a vraiment su trouver un rythme très juste. Il coupait les gens au milieu de leurs phrases puis on les retrouvait dans un autre plan alors que moi au début, j’étais plutôt dans le respect des répliques. Il faisait passer les scènes les unes au-dessus des autres, les répliques étaient un peu en off mais restaient quand même audibles.

On a dû pas mal couper. C’était la première fois que je travaillais avec un monteur. Ça a été un processus assez douloureux parce que je suis très attaché à tout ce que je tourne, mais un monteur n’a pas le même attachement aux images et c’est normal. Son rôle, c’est d’être le plus cruel envers les images pour que le film soit le mieux possible, donc au final j’étais très content de mon travail avec Jonathan.

Pour conclure, quels sont tes futurs projets ?

Je vais me lancer dans l’écriture d’un long très prochainement. Je suis en train de finir un long-métrage documentaire assez personnel sur mes parents et l’Égypte. Ça a un rapport avec la révolution en Égypte et la manière dont mes parents la vivent en Égypte en tant que chrétiens. C’est un film que j’avais tourné il y a deux ans mais je n’avais jamais pris le temps de faire quoi que ce soit des images.  Après avoir fini « Discipline », j’ai apporté ce projet à Box Productions et ils ont été intéressés donc je suis en train de le monter et en recherche du financement. Ensuite, dès que je l’aurai fini, je vais me lancer dans un long et peut-être que je ferai un autre court aussi. J’ai quelques idées bien plus simples à réaliser que « Discipline ».

Propos recueillis par Zoé Libault 

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D comme Discipline

Fiche technique

Synopsis : 21h50, dans une épicerie de Lausanne tenue par des Egpytiens. Excédé, un père de famille perd patience et corrige son enfant désobéissante. Une cliente choquée exprime son désaccord. D’autres clients interviennent, chacun y met son grain de sel et le personnel est dépassé. La conversation se transforme en débat, le débat en dispute.

Genre : Fiction

Durée : 12’

Pays : Suisse

Année : 2014

Réalisation : Christophe M. Saber

Scénario : Christophe M. Saber

Image : Denis Jutzeler

Montage : Jonathan Vinel

Musique : Christian Garcia

Interprétation : Adel Ahdy,Nour Gayed,Garance Rohr,Frank Semelet, Florence Quartenoud

Production : Box Productions, École Cantonale d’Art de Lausanne

Article associé : l’interview de Christophe M. Saber

Prix Format Court au Festival de Vendôme 2014 !

Cette année, 23 courts métrages seront en compétition nationale au prochain Festival du film de Vendôme (5-12 décembre 2014). Pour la 4ème année consécutive, un Jury Format Court (composé de Carine Lebrun, Mathieu Lericq, Lola L’Hermite, Zoé Libault et Marc-Antoine Vaugeois) élira le meilleur film de la compétition. Celui-ci bénéficiera d’un focus en ligne, sera projeté dans le cadre des séances Format Court, au Studio des Ursulines (Paris, 5ème) et bénéficiera d’un DCP doté par le laboratoire numérique Média Solution.

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Films en compétition

Aïssa de Clément Théhin Lalanne

– Animal Serenade de Béryl Peillard

– Beach Flags de Sarah Saïdan

– Boucle Pique de Chloé Mahieu et Lila Pinell

Cambodia 2099 de Davy Chou

– Ce Monde ancien d’Idir Serghine

– Les Eclaireurs de Benjamin Nuel

– Les Enfants de Jean-Sébastien Chauvin

– Ennui Ennui de Gabriel Abrantes

– Essaie de mourir jeune de Morgan Simon

Geronimo de Frédéric Bayer-Azem

– 8 Balles de Frank Ternier

– Inupiluk de Sébastien Betbeder

– Jamais Jamais d’Erwan Le Duc

– Man on the chair de Dahee Jeong

– Nectar de Lucile Hadzihalilovic

– Oripeaux de Sonia Gerbeaud et Mathieu De Panafieu

Peine Perdue d’Arthur Harari

– Le Sens du toucher de Jean-Charles Mbotti Malolo

– Si jamais nous devons disparaître… de Jean-Gabriel Périot

Tant qu’il nous reste des fusils à pompe de Jonathan Vinel et Caroline Poggi

Tempête sur anorak de Paul Cabon

– Tourisme international de Marie Voignier

Le Sens du toucher de Jean-Charles Mbotti Malolo, Prix Format Court au Festival de Villeurbanne 2014

La 35ème édition du Festival du Film Court de Villeurbanne s’est clôturée hier soir. Format Court y a récompensé pour la première fois un film en compétition européenne. Le Jury Format Court (Katia Bayer, Azziza Kaddour, Mathieu Lericq, Françoise Mazza) a décerné son prix (publication d’un focus en ligne, achat & diffusion du film au Studio des Ursulines/Paris, création d’un DCP doté par le laboratoire numérique Média Solution) au film « Le Sens du toucher » réalisé par Jean-Charles Mbotti Malolo, un premier film subtil et vibrant à la croisée du mouvement, des couleurs et des sentiments.

Le Jury a également attribué une Mention spéciale à  « Stella Maris » de Giacomo Abbruzzese, un très beau film traitant de tradition et de cinéma, porté par une mise en scène de qualité et un sujet extrêmement original.

Prix Format Court : Le Sens du toucher de Jean-Charles Mbotti Malolo (Animation, 14′ 31″, France, 2014, Folimage Studio, La Fabrique Production, Nadasdy Film)

Synopsis : Chloé et Louis s’aiment secrètement. Leurs gestes se substituent aux mots, chaque parole est une chorégraphie. Louis se décide enfin à inviter Chloé à dîner et accepte de la laisser entrer accompagnée de chatons, malgré son allergie. Le dîner va alors révéler ses côtés les plus sombres.

Mention spéciale : Stella Maris de Giacomo Abbruzzese (Fiction, 26’37 », France, 2014 La Luna Productions)

Synopsis : Un village perdu au bord de la Méditerranée. À l’occasion d’une fête populaire, tous les habitants se rassemblent sur le bord de mer dans l’attente de l’arrivée par les eaux d’une statue illuminée, la Stella Maris, vierge de la mer. L’histoire d’un artisan de la lumière et de sa fille, d’un maire borgne, de feux d’artifice comme une bombe et du street art comme révolution.

Retrouvez le palmarès complet du Festival de Villeurbanne en ligne

Festival du Film Court de Villeurbanne, le palmarès 2014

Le 35ème Festival du Film Court de Villeurbanne s’est achevé hier soir. En voici le palmarès complet rendu par les différents jurys dont l’officiel composé de Mélanie Baxter-Jones, Gabriel Gauchet,  Jonathan Hazan, Katia Bayer et Pierre-Loïc Precausta.

Palmarès

Grand Prix : La Petite Casserole d’Anatole d’Éric Montchaud (France)

Prix de Région Rhône-Alpes : Rhino Full Throttle de Erik Schmitt (Allemagne)

Prix des Industries Techniques du Cinéma Rhône-Alpes à la meilleure production, Mention spéciale Format Court : Stella Maris de Giaccomo Abbruzzese (France)

Mention spéciale : Shadow 
de Lorenzo Recio 
(France)

Prix de la Meilleure Création Images Virtuelles : 8 Balles de Frank Ternier (France)

Mention spéciale à Floating in my mind de Hélène Leroux (France)

Prix du public : Tout ce que tu ne peux laisser derrière toi de Nicolas Lasnibat (France)

Prix de la Liberté : Vos violences de Antoine Raimbault (France)

Prix Format Court : Le Sens du toucher de Jean-Charles Mbotti Malolo (France)

Prix des Ambassadeurs M’RA : Bang Bang de Julien Bisaro (France)

Prix du Public Un Poil Court, Prix artistique Rhône-Alpes TV : Heal Black Cherry Circus de C. Beal & L. Lukic (France)

Prix Transpalux : Lucy / Stankiewicz de F. Didelot & T. Goux

Concours de films de lycéens : Le poème de Marie Quirin

Mention spéciale : Ecarlate de Yovan Henri

La Bourse des Festivals : Please please please de Jean-Charles Mbotti-Malolo

Paris International Fantastic Film Festival : 10 places à gagner

Le 4ème Paris International Fantastic Film Festival (PIFFF) s’ouvre ce mardi 18 novembre au Gaumont Opéra Capucines avec « The Mole Song : Undercover Agent Reiji », le dernier film du réalisateur japonais Takashi Miike.

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Jusqu’au 23 novembre, le festival  accueillera le meilleur du fantastique en salle. Deux séances de courts métrages participent à la programmation le même jour, le samedi 22 novembre : la compétition française (à 16h30) et internationale (à 11h). Format Court,  partenaire du festival, vous offre 10 places pour cette dernière séance.

Intéressé(e)s ? Contactez-nous !

Programmation

A(r)men de Thomas Lunde (Fiction, 14′, Norvège, 2013)

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Bon fils et bon chrétien, Arne perd son bras dans un accident de travail. Alors qu’il tente de s’adapter à sa nouvelle vie, il va être témoin d’un miracle.

Autumn Harvest de Fredrik S. Hana (Fiction, 17′, Norvège, 2014)

Sur le point de mettre fin à ses jours, un marin terrassé par le décès de sa femme reçoit un mystérieux appel de la mer.

Bad Guy #2 de Chris McInroy (Fiction, 10′, États-Unis, 2014)

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Un jeune « bad guy » plein de bonne volonté découvre que grimper dans l’échelle du crime comporte aussi des risques. Après avoir accepté une promotion, il va devoir montrer l’exemple… ou en devenir un.

He Took His Skin Off For Me de Ben Aston (Fiction, 11′, Royaume-Uni, 2014)

Pour faire plaisir à sa petite amie, un homme décide de retirer sa peau. Au départ, tout est merveilleux. Mais la réalité rattrape les tourtereaux.

Invaders de Jason Kupfer (Fiction, 6′, Royaume-Uni, 2014)

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Juste avant de commettre une agression, deux psychopathes soucieux de la forme discutent de la façon idéale d’entrer en scène.

Nocturne de David F. Geiser (Fiction, 15′, Suisse, 2014)

A l’issue de la dernière séance, l`opérateur éteint le projecteur du cinéma. Mais quelque chose ne tourne pas rond…

Suche Nach Liebe de Hans Kaufmann (Fiction, 13′, Suisse, 2014)

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Un tueur en série terrorise Zurich. Chaque nuit, il rend visite à une jeune fille travaillant dans une station service. Ses sentiments à son égard sont partagés…

The Boy with a Camera for a Face de Spencer Brown (Fiction, 14′, Royaume-Uni, 2013)

Madame pousse, Monsieur lui tient la main, le nouveau-né se présente bien. Soudain le visage de la sage-femme se fige de stupeur : en guise de tête, l’enfant a un appareil photo !

Infos

– Paris International Fantastic Film Festival : compétition internationale de courts métrages

– Samedi 22 Novembre 2014, 11h

– Gaumont Opéra Capucines : 2 boulevard des Capucines, 75009 Paris

Short Screens #42 : Feeling Good

Ce mois-ci, Short Screens accorde sa chatoyante programmation aux couleurs de l’automne en vous proposant une séance « Feeling Good » composée de pas moins de 9 courts métrages comiques et légers, burlesques et absurdes, grinçants et hilarants. Venez profiter d’un pur moment de détente et de bonne humeur avec en invité vedette un Charlot joliment éméché en cure thermale. Rendez-vous le jeudi 27 novembre au cinéma Aventure, Galerie du Centre, Rue des Fripiers 57, 1000 Bruxelles. PAF 6€.

Visitez la page Facebook de l’événement ici.

Un projet à l’initiative de l’asbl Artatouille et Format Court.com

PROGRAMMATION

TACHAAAN de Carlos del Olmo, Miguel Ángel Bellot et Rafael Cano/ Espagne/ 2009/ Animation/ 5′
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Dans un cirque, un homme-canon déclare la guerre à un éléphant.

THE CURE de Charlie Chaplin/ USA/ 1917/ Fiction/ 19′
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Un alcoolique arrive dans une paisible station thermale, encore chancelant, la malle pleine d’alcools de toutes sortes.

PRKTRNIC de Julien Patry/ France/ 2014/ Docu-fiction/ 4’44
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La rencontre entre le sommet de la French Touch et l’excellence de la gastronomie charcutière française.

10 WAYS TO GET OVER AN ARTIST’S BLOCK de Demian Albers/ Pays-Bas/ 2007/ Animation/ 5′
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Dix trucs et astuces pour sortir de la dépression artistique.

POULET-POULET de Damien Chemin/ Belgique/ 2006/ Fiction/9’30
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Choisir un plat est parfois très compliqué. Un casse-tête chinois, à la française.

OH MY DOG! de Chloé Alliez/ Belgique/ 2013/ Animation/ 6’25
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Quelque part du côté de la salle des fêtes de Brétigny-sur-Bizet, devant un public déchaîné s‘affrontent des chiens aux talents plus exceptionnels les uns que les autres. Face à eux, Choupette, encouragée par son meilleur et bruyant public.

TOUS EN SCÈNE de Valérie Mréjen/ France/ 2013/ Documentaire/ Production Parc de La Villette/ 4’44
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Des enfants répondent face caméra à des questions sur le cinéma et parlent des films qu’ils aiment.

30 MINUTES PAR JOUR de Samuel Lampaert/ Belgique/ 2013/ Fiction/ 5′
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Ils sont vieux, regardent la télévision toute la journée sauf quand il est temps de faire les 30 minutes d’activité par jour. C’est une prescription médicale. La minuterie est lancée. Chacun, de son côté, fait des exercices pour entretenir la musculation et le dos. Et l’amour dans tout ça?

INSTEAD OF ABRACADABRA de Patrick Eklund/ Suède/ 2008/ Fiction/ 22’30
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Tomas est un peu âgé pour continuer de vivre chez ses parents, mais son rêve de devenir magicien ne lui laisse pas le choix. Son père voudrait simplement qu’il grandisse et qu’il trouve un vrai travail.

Film Noir Festival : 10 places à gagner !

Du 27 au 30 novembre, le 2ème Film Noir Festival aura lieu au cinéma Le Vincennes. Premier et seul festival en France consacré au film noir, il proposera 3 programmes de courts métrages internationaux. Format Court, partenaire du festival, vous offre 10 places pour honorer le cinéma de genre. Intéressé(e)s ? Contactez-nous !

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Vendredi 28 novembre

13h30 : Compétition de courts métrages – Programme #1

▪ Great Capers and Other Stories from New City (Anthony Clemente – 8’18’)
▪ Pity (John Pata – 7’07 »)
▪ La Dette (Mike McNeese – 13′)
▪ Le Moment est venu (Fabio Moreno- 2’12’’)
▪ The Last Round (Ted Atherton- 10’25’’)
▪ The Trunk (Mragendra Singh – 9’12’’)
▪ Games People Play (Dawn Westlake- 7’54’’)
▪ Noir (Nicolas Vernet – 11′)

15h : Compétition de courts métrages – Programme #2

▪ Three-O-Seven (Spencer Howson – 8’54’)
▪ Chiropractor For Hire (Phillip Abraham – 7’08 »)
▪ La Belle Gueule (Thierry Sausse – 14’57 »)
▪ La Numéro Un (Alex Moreu Garriga- 1’17’’)
▪ D.T.Tive (Fernanda Do Canto & Javier Di Benedictis – 11’12’’)
▪ Absinthe (Sandeep Balhana – 3’15’’)
▪ Girl #9 (Nick Scott & Gary Roberts- 8’08’’)
▪ Plume fatale (James Lark – 10’18 »)

Samedi 29 novembre

11h : Compétition de courts métrages – Programme #3

▪ Corto (Alexis de Vigan – 9’40’)
▪ Copenhague Noir (Thash Mose – 4’09’)
▪ Teinté en rouge (Jess Weiss – 14’59 »)
▪ Ombres noires (Paula Morales Plaza- 1’30’)
▪ Killer’s Sight (Antonio La Camero – 6’18’’)
▪ La Visite de Medrano (Álvaro H. Blanco – 10’07 »)
▪ Dinner Party (Steve Yager – 5’42’’)
▪ Only John Welles Wears Leather (Jarno Harju – 11’27 »)

Nashorn im Galopp d’Erik Schmitt, Prix Format Court au Festival de Brest 2014

La 29ème édition du Festival Européen du Film Court de Brest s’est clôturée hier soir. Le Jury Format Court (Camille Monin, Katia Bayer, Zoé Libault, Lola L’Hermite) a attribué pour la troisième année consécutive un Prix Format Court au sein de la compétition européenne. Après Gunhild Enger (« Prematur », Norvège) et Chema García Ibarra (« Misterio », Espagne), c’est au tour d’Erik Schmitt
 de bénéficier du prix avec son film « Nashorn im Galopp » (Allemagne). Le film, choisi parmi les 40 films européens sélectionnés, a séduit notre équipe par sa créativité, sa poésie, son rythme et son humour.

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Comme à l’accoutumée, un dossier spécial sera consacré au film primé et celui-ci sera diffusé en mars prochain, lors de la séance Format Court « Spéciale Brest » au Studio des Ursulines (Paris, 5ème). Le réalisateur bénéficiera également d’un DCP (relatif au film primé ou au prochain dans un délai de deux ans) crée et doté par le laboratoire numérique Média Solution.

Prix Format Court 2014 : Nashorn im Galopp
 d’Erik Schmitt
 (Allemagne, Fiction, Animation, 15′, 2013, Detailfilm)

Synopsis : Bruno erre dans les rues de Berlin, la tête pleine d’interrogations, à la recherche de ce qui se cache derrière les innombrables façades et édifices. Il cherche à saisir l’âme de la ville, ce petit quelque chose que les autres ne remarqueront peut-être jamais. Au moment où il s’y attendait le moins, il rencontre une alliée.

Retrouvez le palmarès complet de Brest en ligne

29ème Festival Européen du Film Court de Brest, le palmarès 2014

La 29ème édition du Festival Européen du Film Court de Brest s’est achevée hier soi . En voici le palmarès complet rendu par les différents jurys dont l’officiel composé de Chema García Ibarra (Prix Format Court à Brest l’an passé), Ana Ularu, Mathieu Bompoint, Angélica Sarre et Leonardo Valenti.

Prix décernés pour la compétition européenne

Grand Prix du film court de la ville de Brest : Artun
 de Gudmundur Arnar Gudmundsson 
(Islande, Danemark)

Artun - Gudmundur Gudmundsson

Prix européen du Conseil Régional de Bretagne :  As Rosas brancas 
de Diogo Costa Amarante (Portugal, États-Unis)

Prix du premier film ou film d’école du Conseil général du Finistère : Kazimir 
de Dorian Boguta (Roumanie)

Prix spécial du Jury : Shadow 
de Lorenzo Recio 
(France)

Mentions spéciales

Reizigers in de Nacht
 de Ena Sendijarevic (Pays-Bas)

The Chicken 
d’Una Gunjak 
(Allemagne,  Croatie)

Prix des passeurs de courts, Prix du public, Prix du Jury Jeune : Discipline
 de Christophe M. Saber 
(Suisse)

Prix Format Court, Mention spéciale Jury Jeune : Nashorn im Galopp
 d’Erik Schmitt
 (Allemagne)

Prix décernés pour la compétition française

Prix France 2 : To be delivered de Pierre Amstutz Roch

Prix Beaumarchais : Sans les gants de Martin Razy

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Prix décerné pour la compétition ovni

Prix Shorts TV : Ja Vi Elsker
 (Yes We Love) de Hallvar Witzø (Norvège)

Prix décerné pour les programmes Brest off

Jury Presse : Anywhere But Here de John Hayes (Irlande, Royaume-Uni)

Cinéma de poche/Cinémathèque française : Repérage #9, jeudi 20 novembre 2014

Coups de coeur, programmations thématiques, cartes blanches à des festivals ou à des sociétés de production, rétrospectives des courts métrages d’un cinéaste : « Cinéma de poche », le rendez-vous du court proposé par Bernard Payen, à la Cinémathèque française, nous intéresse. Après la carte blanche Format Court, le jeudi 30 octobre dernier, retrouvez une nouvelle séquence de  « Repérage » à travers un aperçu de 3 films français, en présence de leurs réalisateurs.

L’Usine, l’autre nuit de Nathalie Giraud et Timothée Corteggiani.
France/2013/16’/Numérique. Avec Emilie Deville, Eric Defosse.

Syn. : Au volant de sa voiture, Andréa s’arrête une dernière fois dans cette usine où elle a travaillé. Fragile et paumée, elle espère pouvoir survivre en renouant avec son passé. Mais la violence de la réalité va détruire toutes ses illusions.

Essaie de mourir jeune de Morgan Simon.
France/2014/20’/DCP. Avec Julien Krug, Nathan Willcocks, Virginie Legeay.

Syn. : Le soir de son anniversaire, Vincent sort avec son père, bavard et ingrat, pour une virée nocturne. Partagé entre l’admiration et le dégout qu’il éprouve pour lui, il l’accompagne dans des situations qui le pousseront à lui avouer son véritable ressenti.

Animal serenade de Béryl Peillard.
France/2014/38’/DCP. Avec Marie Denarnaud, Kevin Azaïs, Léa Poinsot.

Animal serenade

Syn. : À 25 ans, Nina adopte un chien. Elle en est sûre : avec son nouveau compagnon Jojo, elle s’en sortira mieux…

En pratique

Cinéma de poche/Cinémathèque française : Repérage #9, jeudi 20 novembre 2014

Salle Jean Epstein. Durée de la programmation : 74’

Tarifs Cinéma* : 6€50 Plein tarif, 5€50 Tarif réduit, 3€ pour les moins de 18 ans. 4€50 avec le Forfait Atout Prix. Entrée libre avec le Libre Pass

L’info sur le site de la Cinémathèque : http://www.cinematheque.fr/fr/dans-salles/rendez-vous-reguliers/fiche-manifestation/cinema-poche-reperage-9,17312.html

Sans les gants de Martin Razy

« Sans les gants », lauréat ce soir du Prix Beaumarchais au 29ème Festival Européen du Film Court de Brest, raconte l’histoire de Dylan, un garçon d’une quinzaine d’années, boxeur prometteur, amoureux d’une jeune fille de son quartier. Seulement, étant trop jeune, Daylan ne peut participer au championnat de boxe qu’il espérait et Samia, l’objet de son attention, le trouve « trop gamin ». La garçon va alors tâcher de grandir.

On pourrait assimiler ce court-métrage à un énième film sur le thème de la banlieue ou de l’adolescence, mais on se tromperait car Martin Razy propose une approche assez différente. En effet, la banlieue sert essentiellement de décor, le réalisateur ne se concentrant pas sur la façon d’y vivre.

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On est plus volontiers face à quatre espaces significatifs pour Dylan : la salle de boxe où il s’entraîne avec son coach, mi-conseiller mi-père et qui représente le lieu de la réflexion et de la rage ; son appartement, lieu intime où il entretient une relation très proche avec sa mère célibataire ; le parc où il croise et retrouve Samia, la nature étant synonyme de virginité ; et enfin, la banlieue ou plus exactement, le pied de son immeuble, qui symbolise pour lui l’âge adulte puisque les types traînent dehors, fument et se font respecter.

Pour traverser ces différents décors introduits par le beau plan-séquence du début du film qui suit le jeune garçon et survole son univers, le personnage de Dylan, interprété par le talentueux et précoce Zacharie Chasseriaud (vu dans « Les Géants »), est loin d’être cet adolescent boutonneux et rebelle qu’on voit souvent. Il est au contraire attachant et touchant. On ressent d’ailleurs très fortement à l’écran, la tendresse que porte le réalisateur pour son personnage principal et qu’il a trouvé en celui-ci le comédien complice parfait pour l’interpréter.

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Dans ce film, le personnage de Dylan est bien éduqué, serviable avec sa mère,  bon apprenti de boxe, timide avec les filles; il ne se laisse pas entraîner par les autres adolescents peu fréquentables du quartier, mais il n’est pas pour autant candide. Loin de là puisque c’est sa colère d’être trop jeune, trop petit, trop môme, qui va le pousser à devenir quelqu’un d’autre.

En se frottant à la vie de « grand », Dylan y trouve des avantages comme celui de taper enfin dans l’œil de Samia et d’être respecté, mais il se retrouve également confronté à l’aversion des adultes. Et alors que le film s’ouvre sur les mains de Dylan qui se prépare à mettre ses gants pour l’entraînement de boxe, il se ferme également sur les mains nues de l’adolescent, cette fois salies et blessées d’avoir grandi peut-être trop vite.

En réalisant « Sans les gants », Martin Razy signe un film sensible, au ton à la fois doux et grave, sur l’envie de grandir, le passage un peu trop rapide à l’âge adulte et une jeunesse en quête de repères. Le film, déjà repéré par notre équipe à Grenoble, est l’une des bonnes surprises de Brest.

Camille Monin

Article associé : l’interview de Martin Razy

Consulter la fiche technique du film

S comme Sans les gants

Fiche technique

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Synopsis : Dylan est un jeune boxeur prometteur. Il apprend coup sur coup que Samia la fille dont il est amoureux trouve qu’il fait gamin et qu’il ne peut pas participer au championnat dont il rêve car trop jeune. Dylan décide de grandir.

Genre : Fiction

Durée : 18’32’’

Pays : France

Année : 2014

Réalisation : Martin Razy

Scénario : Martin Razy, Justine Martini

Image : Thomas Walser

Montage : Émilie Orsini

Son : Mathias Large

Musique : Cyrille Aufort

Interprétation : Zacharie Chasseriaud, Lina Elarabi

Production : Pharos Productions

Articles associés : la critique du film, l’interview de Martin Razy

Arena de Martin Rath

Martin Rath sort à peine de l’école et il possède déjà un univers bien défini qui le démarque de ses pairs. Dans son film « Arena », présenté au 29e Festival Européen du Film Court de Brest au sein de la compétition européenne, il est question d’hommes qui vivent en communauté en pleine nature et de preuves et d’épreuves qu’ils s’imposent pour en faire partie. Le film est assez sombre dans le ton, mais également au niveau de l’image, ce qui rend l’environnement où se situe l’intrigue d’autant plus pesant et mystérieux.

Le héros du film est un jeune homme d’environ 25 ans qu’on devine perdu. En faisant de l’autostop, il est accueilli par une communauté qui vit dans la montagne à laquelle il affirme ne pas savoir bien où il va, ne pas avoir réellement d’objectif, faisant de ce voyage une sorte d’errance nécessaire pour grandir. Il s’attache ainsi à ces hommes tous un peu bourrus et à ce personnage quelque peu énigmatique mais assurément charismatique qu’est le chef du clan.

C’est donc avec la meilleure volonté que notre héros se plie au quotidien de ces hommes en allant couper et charger du bois au fin fond de la forêt. Il accepte également les défis qu’ils lui lancent : se baigner dans une cascade glacée, faire un bras de fer où sont plantés des clous sous chaque main ou encore maîtriser un 4×4 dans une rivière. Le jeune homme se plaît à remplir ces missions jusqu’au jour où l’épreuve est hors de sa portée : abattre un faon à l’aide d’un poignard. Le jeu s’arrête alors : faut-il tuer pour être un homme et se faire accepter ?

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Le jeune réalisateur suit les challenges du personnage principal au sein de cette communauté, caméra à l’épaule pour être au plus proche d’eux et de manière très naturaliste. Les sons ont également leur importance pour se sentir au cœur de cette montagne, pour cerner au mieux ce retour à l’homme ancestral, le chasseur. Il y a finalement peu de dialogues dans ce film et le réalisateur suggère parfois plus qu’il ne montre réellement. Le spectateur devient alors un observateur qui doit comprendre et analyser par lui-même, de la même manière que le héros est poussé à la réflexion par toutes ces actions qu’on lui impose. À ne pas tout savoir, le spectateur ressent une expérience proche de celle du héros et c’est en cela que Martin Rath réussit à créer du suspense, à entretenir un certain mystère autour de cette communauté, le tout avec une grande finesse en confrontation avec l’animalité de ces hommes.

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Martin Rath a choisi de situer son intrigue au cœur de la montagne polonaise où la forêt y est sombre et épaisse, où la nature l’emporte, créant ainsi une sorte de claustrophobie malgré l’espace. Grâce à ce décor, il permet un regard différent sur la manipulation qui passe par des épreuves pour se faire accepter au sein d’un groupe. Une manière de montrer que l’homme est un loup pour l’homme, avec une touche sensorielle en plus, celle liée à la nature, que maîtrise parfaitement Martin Rath.

Camille Monin

Consulter la fiche technique du film

A comme Arena

Fiche technique

Synopsis : Un auto-stoppeur est accueilli par une communauté polonaise isolée dans les montagnes. Absorbé par le charisme des habitants et la dureté impitoyable de son nouvel environnement, il prolonge son séjour dans les montagnes. Mais à qui devons-nous prouver qui nous sommes ?

Genre : Fiction

Durée : 23’

Pays : Pologne

Année : 2013

Réalisation : Martin Rath

Scénario : Martin Rath

Image : Bartosz Swiniarski

Montage : Patrik Ericsson

Musique : Artur Walaszczyk

Interprétation : Marcin Kowalczyk, Piotr Dmyszewicz, Mikolaj Chroboczek

Production : Polish National Film School in Lodz

Article associé : la critique du film

Put(in)Love de Eirini Karamanoli

Avant d’être projeté en festival, le film de Eirini Karamanoli est d’abord paru sur Internet le 14 février 2014 pour la Saint-Valentin, journée choisie en Russie pour faire un coup médiatique en faveur de la communauté LGBT (Lesbiennes, Gays, Bisexuels, Transsexuels). « Put(in)Love » est une réponse à cet appel et est présenté cette semaine au Festival de Brest.

Les Jeux Olympiques d’hiver de Sotchi en février 2014 ont été l’occasion pour les membres de la communauté LGBT et ceux qui les soutiennent de faire parler de leur condition en Russie, profitant de la couverture médiatique de l’événement. En effet, alors que certains pays vont plutôt de l’avant concernant la considération des homosexuels et transsexuels, celle-ci fonctionne à reculons. Pendant que la France légalise le mariage homosexuel par exemple, la Russie vote une loi interdisant la « propagande homosexuelle auprès des mineurs » en juin 2013.

Lors des Jeux, beaucoup d’actes militants, allant du boycott aux pieds de nez au gouvernement russe, sont faits dans le monde entier pour protester contre la situation des LGBT en Russie. Cher ou Kylie Minogue ont refusé la proposition d’y chanter, Barack Obama a choisi deux sportifs homosexuels dans sa délégation pour y représenter les États-Unis, la Norvège a proposé une publicité pour des vêtements de sports mettant en scène un baiser lesbien, … « Put(in)love », vidéo militante tchèque, s’inscrit dans ce mouvement protestataire. Le titre, pouvant être lu « Putin Love » ou « Put In Love », fait clairement référence au dirigeant russe Vladimir Poutine, responsable de cette loi sur les mineurs, et une scène très touchante du film représentant une enfant faisant preuve d’humanité envers le personnage principal montre à quel point cette loi est ridicule.

Avec « Put(in)Love », nous suivons un moment-clé de la vie d’un personnage à Sotchi au moment des JO. Il (le personnage) nous est de prime abord présenté comme un garçon s’entraînant dans une équipe masculine de nageurs, ne portant pas de haut de maillot à la piscine et se changeant dans les vestiaires des hommes. Timide, il porte un gros blouson et un pantalon de jogging large et a les cheveux courts. Cependant, il possède des traits, un corps et un prénom de femme, Zhenja. Transexuel, Zhenja est victime de harcèlement moral et physique. Un jour, pourtant, elle décide enfin d’assumer sa féminité, se maquille et enfile une jolie robe à fleurs pour aller à la piscine. Cette décision ne laissera pas indifférents les gens qui l’entourent qui réagissent tous face à cette tenue, allant de l’admiration au lynchage violent, en passant par les regards de mépris ou de pitié.

putin

Constatant dans le miroir de sa chambre les dégradations physiques de son corps après avoir été tabassé, notre personnage se confronte violemment à un reflet qu’il ne reconnaît plus. Mais qui est-il ? Une « ordure », un « moins que rien », comme le qualifient ses partenaires de natation ? Une femme ? Un homme ? Les deux ? Entre les deux ? Ou simplement un humain comme les autres qui mérite respect et considération ?

La plus grande prouesse de ce film est de maintenir jusqu’à la fin la confusion sur le sexe d’origine du personnage principal. De toute évidence, quel que soit son genre d’appartenance, celui-ci nous est montré tel qu’il se perçoit lui-même, comme une femme, mais peut-être pas tel qu’il est vu par son entourage. Cette question de l’identité du genre est représentée par de nombreux plans de reflets de Zhenja dans un miroir. Ceux-ci lui renvoient l’image qu’il/elle veut voir et l’enferment dans un deuxième cadre dans lequel il/elle est seul avec lui-(elle)même. Cette métaphore de l’isolement par un cadre dans le cadre est d’ailleurs souvent utilisée dans le film.

put-in-love-Eirini-Karamanoli

Souvent plus apparentés à des publicités qu’à des films de cinéma, les spots militants ont des codes bien à eux. « Put(in)Love » les respecte tout en les transgressant. Le film est court, choquant, violent, a un rythme effréné, avec une musique empathique et finit par le message clairement identifié en lettres blanches sur fond noir : « LGBT RIGHTS ARE HUMANS RIGHTS ». Mais ce qui fait de ce film un film de cinéma, c’est son détournement des codes avec lesquels Eirini Karamanoli joue assez justement pour un premier film. Bien qu’assez court, « Put(in)Love » est tout de même plus long (il dure une quinzaine de minutes), est doté d’un réel scénario, d’un travail sur la photographie et le découpage, ainsi que sur la psychologie des personnages et transporte le spectateur dans une diégèse recherchée.

On pourrait reprocher à ce film militant assumé son manque de subtilité, dévoilant son message trop clairement, mais il favorise grandement la prise de conscience des violences subies par les minorités sexuelles. Grâce à ce genre de films, situés entre spots revendicateurs et courts-métrages de cinéma, on peut espérer de ne plus parler de cette violence au présent mais comme d’un mauvais souvenir pour l’humanité.

Zoé Libault 

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