Tous les articles par Katia Bayer

Soirée Format Court, jeudi 13 novembre à 20h30, Studio des Ursulines (Paris, 5ème)

Jeudi 13 novembre prochain, 4 films seront présentés sur grand écran lors de notre 3ème Soirée Format Court de l’année, au Studio des Ursulines, à Paris. À cette occasion, nous vous invitons à venir découvrir 2 films étrangers primés au mois d’octobre par Format Court au Festival du film francophone de Namur et à Court Métrange  ainsi que deux films français, en présence de leurs équipes.

Programmation

Art de Adrian Sitaru. Fiction, 19’, Roumanie, 2014, 4 Proof Film. Prix Format Court au Festival International du Film Francophone de Namur 2014, sélectionné au Festival de Venise 2014

art-casting1

Synopsis : Deux cinéastes ont trouvé la parfaite jeune fille de 14 ans pour jouer dans leur nouveau film. Maintenant, ils doivent convaincre la mère de laisser sa fille jouer le rôle d’une enfant victime de violence sexuelle.

Articles associés : la critique du film, l’interview d’Adrian Sitaru

Chaque jour est une petite vie de Albane Fioretti, Lou-Brice Léonard. Fiction, 27’25 », 2014, France, La Ville et les Champs. Prix de la Meilleure fiction aux Rencontres du court de Montpellier 2014. En présence de Albane Fioretti et Thérèse Roussel (réalisatrice, comédienne)

Synopsis : Une cité au bord de la Méditerranée. Dans une modeste caravane posée au milieu des tours, Rachel, quatre-vingts ans, rêve de retourner dans son Algérie natale. Son fils Simon ne veut pas en entendre parler. Une famille vraiment pourrie ! dira Stella, sa petite-fille. Heureusement, il y a la bonne humeur de Yazid alias Gino et de tout le quartier.

A living soul de Henry Moore Selder. Fiction, 30′, Suède, 2014,  B-Reel Feature Films. Prix Format Court au Festival Court Métrange 2014 (Rennes), sélectionné au Festival de Clermont-Ferrand 2014

Synopsis : Un cerveau humain maintenu en vie artificiellement se réveille dans un laboratoire. Après un simple retour à la conscience, Ypsilon se met à forger une personnalité…

Articles associés : la critique du filml’interview d’Henry Moore Selder

La Nuit américaine d’Angélique de Joris Clerté, Pierre-Emmanuel Lyet. Animation, 7’30″, 2013, France, Senso Films, Donc voilà Productions. Grand Prix du Jury Média au Festival d’animation de Bruz 2013. En présence de Joris Clerté et de Virginie Giachino (co-réalisateur, productrice)

la-nuit-americaine-d-angelique2

Synopsis : En allant voir « La Nuit américaine » de François Truffaut, Angélique découvre qu’on peut inventer sa vie. Se prendre pour Nathalie Baye, obtenir l’admiration de son père, choisir un métier incompréhensible, autant de perspectives ouvertes par ce film. Il faudra quelques années à la jeune fille pour comprendre que le cinéma ne règle pas tous les problèmes bien qu’il ouvre au grand plaisir d’être enfin libre.

Article associé : la critique du film

En pratique

► Date : Jeudi 13 novembre 2014, à 20h30. Accueil : 20h

► Durée de la séance : 84’

► Studio des Ursulines : 10 Rue des Ursulines, 75005 Paris

► Accès : RER B Luxembourg (sortie rue de l’Abbé de l’Épée), BUS 21, 27 (Feuillantines), 38 ou 82 (Auguste Comte), 84 ou 89 (Panthéon). Métro le plus proche : Ligne 7, arrêt Censier Daubenton (mais apprêtez-vous à marcher un peu…)

► Entrée : 6,50 €

► Réservations vivement recommandées : soireesformatcourt@gmail.com

Le FNC. Programmer à deux, proposer des parcours, accompagner les films, identifier la différence

Dès sa création en 1971, le Festival international du cinéma en 16mm de Montréal (l’actuel Festival du nouveau cinéma-FNC) a programmé du court métrage, à l’époque expérimental. Cette tradition s’est maintenue au fil du temps. Encore aujourd’hui, le festival est intimement lié à la forme courte à en juger par la programmation très fournie de ce côté-là (focus québecois, compétition internationale, films d’étudiants, films expérimentaux, installations, performances, projets interactifs, films pour enfants, …). Pour évoquer la programmation, le dialogue entre les films, les nouvelles formes, le rôle du festival et le cinéma qui décale, nous avons rencontré les deux programmateurs des courts métrages du FNC, Daniel Karolewicz et Philippe Gajan.

10733452_10154792936415084_862626401_n

Depuis quand avez-vous repris la programmation des courts au festival et pour quelles raisons vous-êtes vous intéressés à ce format ?

Philippe Gajan : La première raison nous précède. Le Festival du nouveau cinéma s’appelait à l’époque, au moment de sa création en 1971 le Festival international du film en 16 mm et le format privilégié de l’expérimental est bel et bien le court métrage. Dès le départ, il y avait donc déjà beaucoup de courts-métrages. On ne les désignait pas tels quels parce qu’en animation, en expérimental et en vidéo d’art, les oeuvres les plus fortes, les plus magiques ont une durée courte en général.

Le FNC est un festival qui évolue tout le temps, qui intègre les nouvelles formes en permanence : l’expérimental au début, puis la vidéo et les nouveaux médias. Le court-métrage a donc toujours été présent chez nous.

Je suis arrivé tôt, en 1999 comme rédacteur en chef du catalogue. Ce qui m’intéressait, à l’époque, c’était le cinéma sauf que très vite, le court métrage m’a passionné pour toutes ces nouvelles formes, ces expériences, ces films faits en toute liberté et ces univers extrêmement porteurs et riches.

Et pour toi, Daniel ?

Daniel Karolewicz : Moi, j’ai étudié l’histoire et l’anthropologie, je ne suis pas cinéphile de base. Je suis arrivé plus tard, un peu par hasard, en 2007. J’ai travaillé à la billetterie, à la coordination. Au début, des lignes sur un écran, ça ne me parlait pas. Au fil des années, je me suis intéressé à ce qui se passait, aux différents genres de films et Philippe m’a dit que dans le fond, j’étais programmateur.

P.G. : Quand Dan est arrivé, j’étais tout seul aux courts métrages. Il est devenu mon interlocuteur privilégié. Il est évident qu’à chaque fois qu’on parle d’un film, il prend une autre dimension et qu’il a des chances de se retrouver dans la sélection finale.

D.K. : Si on en parle encore une semaine plus tard, c’est qu’il est venu nous chercher.

fnc1

Quels « types » de films vous restent en mémoire, vous stimulent et vous donnent envie de les voir sur grand écran ?

D.K. : Très bonne question. J’essaye de faire des films aussi, je suis très intéressé par ce qui se fait. Un film ultra narratif va moins m’intéresser que quelque chose complètement à l’ouest.

P.G. : Pour moi, il y a deux réponses. Il y a le personnel, je cherche des films qui vont changer ma perception du monde. Si je deviens différent après avoir vu un film, forcément, il va s’imprimer plus profondément en moi. Après, il faut aussi pouvoir transmettre un film à un public, se demander comment et pour qui il va exister.

Comment fonctionnez-vous en duo pour la sélection ?

P.G. : La plupart des festivals travaillent en consensus alors que nous, on ne se met jamais d’accord. Si Dan se sent capable d’accompagner un film, on le prend. On est libre, ça élargit la palette des propositions. Clermont-Ferrand est carrément l’anti-thèse du FNC à ce niveau-là, ils sont huit à devoir aimer le film.

C’est quoi, accompagner un film ?

P.G. : C’est être capable d’en parler, de le faire entrer en dialogue avec un public, d’expliquer, si on nous le demande, pourquoi un film en particulier est là, dans tel programme. À une telle question, on ne peut pas répondre :  « Parce qu’on l’aime ». Ça, on s’en fout.

Est-ce que vous avez l’impression que les films pris chez vous assument plus un côté expérimental ?

P.G. : Oui, mais dans un sens large. On a intégré les nouvelles écritures, les connexions avec les autres secteurs des arts, on s’intéresse de plus en plus à la notion de dispositif et plus seulement au grand écran. Dans les gènes du festival, il y a une ouverture qu’on a tout intérêt à garder sinon, on crève. Le cinéma évolue. Le jour où il y aura un écart entre l’évolution du cinéma et celle du festival, c’est que celui-ci aura cessé d’être là et qu’il mourra dans les 4 ans.

Par contre, si on nous demande directement ce qu’est le nouveau cinéma, je ne n’en sais rien, je n’ai pas besoin de le savoir car ce sont les cinéastes qui vont nous l’amener. C’est à nous d’être ouverts à ces nouvelles formes mais pas à nous de déterminer ce qu’est le nouveau cinéma. Évidemment, on fait des choix en espérant qu’ils parleront au plus grand nombre et qu’ils accueilleront la plus grande diversité. Au FNC, il y a de la place pour ce type de films, mais en même temps, on a des films en commun avec les autres festivals.

seth1

Est-ce que ces films que vous sélectionnez arrivent à toucher un public local ?

P.G. :  Il ne faut pas perdre espoir et continuer à taper sur le même clou. Quand a crée le Focus québecois il y a une dizaine d’années, peu de films québécois étaient dans la programmation. Il a été très mal accueilli dans un premier temps. Les cinéastes nous disaient : “Vous nous créez une voie de garage parce qu’on n’est pas assez bons pour être dans vos compétitions”. Sauf que ça a créé un sentiment d’appartenance et qu’une génération de cinéastes se reconnait complètement dans le festival. Ça nous a fait énormément de bien, on est passé de salles de 90 places qu’on ne remplissait pas à des salles combles de 200 places. Pour les réalisateurs québécois, il y a une fierté géniale d’être au FNC. Pour le court international, il y a moins de monde en salle par contre.

D.K. : C’est lié au contexte local car les réalisateurs locaux se déplacent avec leurs amis quand leurs films passent dans le Focus, ce n’est pas le cas pour leurs homologues étrangers. Et quand le film de Pedro Costa a lieu en même temps qu’un programme de courts internationaux, c’est sûr, ça complique les choses.

P.G. : Nous, on souhaite que les gens aient le choix entre de nombreuses propositions. Quand on prépare la grille horaire, on propose 5 à 7 rendez-vous en même temps. Vu l’offre actuelle, il ne faudrait pas que les festivals empêchent l’accessibilité. C’est notre rôle comme programmateurs de proposer des parcours mais pas de les imposer.

Dan, en créant La Distributrice de films, tu as également souhaité accompagner les films québécois, les promouvoir, leur donner de la visibilité, les aider à circuler. Pourquoi ?

D.K. : Oui, j’ai souhaité aider les gens autour de moi pour essayer de pousser leurs films. Avec des proches, on a crée un catalogue de courts-métrages qu’on a éditorialisé. C’était un créneau qui manquait ici. Il n’y a pas de boîte de distribution de courts métrages qui roule sans l’aide du gouvernement. Il y a quatre ans, personne ne connaissait Olivier Godin, il faisait des films chez lui. Là, il explose, il a fait deux longs et une quinzaine de courts dont « Feu de Bengale » [Meilleur court métrage canadien], ça commence à décoller, à voyager. Je pourrais arrêter, passer à quelqu’un d’autre mais ça me fait plaisir de l’aider.

Dans le catalogue du FNC, les longs-métrages sont fort mis en avant par leurs sélections et leurs prix glanés en festivals, mais pour les courts, on ne trouve pas d’informations porteuses. Pourquoi ne valorisez-vous pas plus les films courts ? Cela pourrait les aider aussi.

P.G. : Tu as raison, on devrait le faire. Au moment du bouclage du catalogue, c’est la folie, j’écoute en boucle de la musique celtique (c’est la blague ici!), je traduits, j’écris les textes mais le temps nous manque. C’est vrai, il faudrait que l’information figure, que chaque court métrage soit traité comme un long. C’est ce qu’on veut car pour nous, ce sont des films à part entière.

Cherchez-vous des films différents dans le focus national et la compétition internationale ?

P.G. : Théoriquement, nos critères sont les mêmes mais la compétition regroupe des oeuvres beaucoup plus “différentes” que la compétition nationale qui a un devoir d’accompagnement et d’appartenance beaucoup plus fort. On essaye de repérer ce qui se démarque le plus de ce qui se fait au Québec qui à lui seul ne reflète pas toute la diversité en comparaison avec le reste du monde.

On constate bien une grande différence entre les deux compétitions, on aimerait bien les mélanger pour avoir plus de public mais on ne veut pas prendre en otage un film d’un cinéaste d’ici et le public. Les films ne fonctionnent pas toujours ensemble et c’est important qu’ils dialoguent pour leur bonne réception.

hillbrow1

Qu’est-ce qui vous a marqué, chacun, dans les films que vous avez gardés cette année ?

P.G. : Tous les films sont différents mais pour moi, « Hillbrow » de Nicolas Boone [Meilleur court métrage de la Compétition internationale] a été un film extrêmement marquant. Tout d’un coup, j’ai découvert une nouvelle géographie physique et mentale et j’ai arpenté différemment des concepts comme la violence. Je ne supporterais pas de voir un film sur la violence à Johannesburg, je n’irais pas le voir, mais ce film-ci a vraiment changé ma perception.

Dans le même programme, il y avait le film de Safia Benhaim, « La Fièvre » qui parle différemment des printemps arabes. Ses parents sont marocains, elle est née en France, et j’avais l’impression qu’elle me permettait de réfléchir aux deux bassins de la Méditerranée. Sarah a vécu deux mondes parallèles qui n’ont rien à voir : le monde rêvé par ses parents, exilés politiques et le sien, différent. Ça m’a totalement fasciné et j’étais extrêmement ouvert à ses tourments. Le cinéma, à mes yeux, est un outil et une arme redoutable pour s’écarter des idées préconçues, des schémas déjà prémâchés. Il nous décale et nous permet de voir des choses différentes.

D.K. : J’aime bien ce qui se fait au Portugal. Sandro Aguilar est un cinéaste qui me surprend tout le temps, on a présenté tous ses courts et on a de très bonnes relations avec l’Agence du court métrage portugaise. Pareil pour Salomé Lamas, avec « Theatrum Orbis Terrarum ». Quand on reçoit des nouveaux films du Portugal, j’ai tout de suite envie de les découvrir ! Ils ont quelque chose de différent.

P.G. : Il salive dès qu’ils arrivent, c’est un réflexe de Pavlov (rires) !

Parmi les programmes parallèles, j’ai isolé les films de McLaren et des séances de courts iraniens. Comment ces propositions très différentes se sont retrouvées chez vous ?

P.G. : On ne cherche jamais les écrans parallèles, ils viennent à nous. C’est lié à des rencontres, des discussions en interne comme pour les films iraniens ou à l’extérieur pour les films de McLaren. On a nos envie, notre curiosité et on donne aux spectateurs l’opportunité de voir des programmes parallèles à nos programmes. Si les films viennent nous chercher, on va les programmer parce qu’on a réellement envie de les voir et de les partager.

Propos recueillis par Katia Bayer

Article associé : Festival du nouveau cinéma 2014, notre compte-rendu

Supervénus de Frédéric Doazan

Animation, 3’, France, 2013, 12fps.net

Synopsis : Un chirurgien plasticien s’en donne à cœur joie pour transformer une femme selon les canons de beauté les plus courants. On ne peut plus l’arrêter !

Dans un ancien livre de sciences, une main munie d’objets effrayants va transformer progressivement l’image d’une femme ordinaire en celle d’une femme correspondant aux canons de beautés actuels. De l’épilation à la chirurgie en passant par les UV, cette femme va lentement devenir Supervénus. Sans paroles, avec seulement quelques bruitages, le film dénonce avec humour et universalité les débordements de la chirurgie esthétique.

Zoé Libault

Hillbrow de Nicolas Boone

À bout de souffle

Tout commence par un souffle prêt à rompre, celui d’un garçon sur le toit d’un gratte-ciel. On ne sait pas vraiment où on est, mais on devine bientôt, c’est bien Johannesburg derrière lui. Ce garçon surgit dans l’étrange lourdeur d’une caméra qui plane. Il respire fort, il est sur le point de sauter, il est à bout de course, son regard ne dérive pas. On entend des voix hors-champ qui attendent de l’attraper, mais qui le supplient de ne pas commettre le pas de trop. Alors, comme un hiatus entre la vie et la mort, c’est l’intensité de son existence qui se joue ou plutôt qui se pose, se dépose, s’expose. Tout commence donc par un vertige, par une fin possible, par cette survie qui précède la chute. Par un cinéma qui ne s’avoue ni vaincu ni vainqueur face à la brutalité des faits, par un cinéma qui ose faire ce qui est sa tâche première : montrer pour mieux déchirer le cycle des violences sociales.

hillbrow

Ce premier plan, cette configuration qui interroge les pulsations d’un hors-la-loi sud-africain, ouvre le court-métrage de Nicolas Boone, « Hillbrow » (2014). Le film n’a pas volé son Loup argenté du meilleur court-métrage de la compétition internationale au Festival du Nouveau Cinéma à Montréal. Il tire sa puissance d’un dispositif étonnant, fondé sur une série de plans-séquences captant au passage les hommes délaissés du centre-ville. On est au carrefour entre la vie et les images. Car ces hommes sont nés là, ont déjà marché dans ces rues et ces escaliers avant qu’on les filme, et la mise en scène ramasse la banalité de leurs actes criminels et l’intensité de leurs dés-espoirs.

Le film semble donner son sens au mot “acteur”, il offre à ces êtres l’espace d’être des acteurs d’un type nouveau. Les acteurs d’une fiction dont ils sont habituellement les agents dans la réalité. On a donc affaire à du documentaire, capable de transformer la violence en matière cinématographique. Un film intransigeant qui répond à une redoutable misère.

hillbrow1

« Hillbrow » surprend par son approche, le rapport que les personnages tissent avec l’espace et sa temporalité. Le réalisme atteint ses sommets et ses bas-fonds, il passe sans cesse d’un extrême à l’autre. Plus précisément, il se donne des moyens esthétiques d’inscrire les êtres dans un territoire, ce quartier d’Hillbrow où la joie de la danse apparaît comme un maigre contre-point à l’entassement des corps, le délabrement des maisons, l’absence de perspectives. On pense à ces corps défigurés des tableaux de Francis Bacon. Ni optimiste ni pessimiste, le film se termine néanmoins sur une image d’ascension; un vieil homme monte les marches d’un stadium. Jusqu’en haut ? Non, la fatigue a raison du vieillard. À bout de souffle. L’image répond à la situation initiale; ici, la limite n’est pas spatiale, elle est intérieure. Les hommes qu’on montre seront toujours stoppés malgré les tentatives, malgré la volonté, malgré les rêves.

Dans ce film, il n’y a nulle trace de complaisance, de gentillesse, de quelconque prétention, et surtout pas de prétendue nécessité de parler à la place des sujets soumis. Cependant, jaillit une vraie ambition, artistique et politique. Le réalisateur s’y était déjà employé avec succès dans le film « 200% », réalisé dans la banlieue lyonnaise en 2010. Si ce dernier penchait vers la fiction, « Hillbrow » s’attache à élaborer une approche documentaire inattendue. Plus généralement, le film semble proposer une manière tout à fait inédite d’aborder les êtres, leur violence et leur beauté, à travers son regard entêtant et signifiant.

HILLBROW-1

Mais on serait bien en peine de d’imposer une catégorie à cette œuvre éclatante tant celle-ci déstabilise même l’entreprise critique. Si l’enjeu de la critique est de mettre des mots, elle ne doit pas prétendre remplacer le cinéma. Au contraire, elle ne doit pas perdre de vue l’évidence que le cinéma, dans ses coins reculés, et souvent loin de France et ses visions américanisantes, continue de se réinventer. En secret, ce film nous amène à ne pas confondre entre réalisme et réalité. Par la fermeté de sa mise en scène de la dégradation, il est même un manifeste. Il murmure l’évidence que le cinéma survivra à la critique fataliste de la même manière que les désirs humains continueront à bousculer les structures, capitalistes ou autres.

Mathieu Lericq

Consulter la fiche technique du film

Sujet associé : l’interview de Nicolas Boone réalisée par le Festival du nouveau cinéma

Pour information, le film sera projeté le jeudi 12/2/2015, dès 20h30 au Studio des Ursulines (Paris, 5ème), en présence de Nicolas Boone, dans le cadre de la séance spéciale consacrée au Festival du Nouveau Cinéma (FNC) de Montréal

H comme Hillbrow

Fiche technique

Hillbrow-Nicolas-Boone

Synopsis : Hillbrow, l’ancien pôle culturel branché de Johannesbourg, est devenu un quartier (populaire) hyper dense, assez violent. À partir de récits collectés sur place, le film propose une traversée géographique guidée par des personnages fictifs qu’incarnent des habitants du quartier. En dix parcours, Hillbrow dessine un labyrinthe de tensions urbaines.

Genre : Documentaire

Durée : 33’

Pays : France

Année : 2014

Réalisation : Nicolas Boone

Image : Chris Vermaak

Son : Leon Rivas

Montage : Philippe Rouy

Production : Tournage 3000

Article associé : la critique du film

Film Noir Festival 2014, les courts en compétition

Du 27 au 30 novembre, le 2ème Film Noir Festival aura lieu au cinéma Le Vincennes. Premier et seul festival en France consacré au film noir, il proposera fin novembre une rétrospective et des avant-premières de films noirs mais également une compétition internationale de courts métrages.

Cette année, parmi 1000 films reçus, le festival a retenu 24 courts inédits venus des quatre coins du monde. Ces films seront jugés par le Jury professionnel (présidé par Jean-Luc Miesch), un Jury jeune et le public.

film-noir

Films en compétition

Absinthe de Sandeep Balhana (Pologne)
La Belle Gueule de Thierry Sausse (France)
Chiropractor for hire de Phillip Abraham (Etats-Unis)
Copenhague noir de Thash Mose (Etats-Unis)
Corto de Alexis de Vigan (France)
D.T.Tive de Fernanda do Canto & Javier Di Benedictis (Brésil)
La Dette de Mike McNeese (Etats-Unis)
Dinner Party de Steve Yager (Etats-Unis)
Games People Play de Dawn Westlake (Etats-Unis)
Girl #9 de Nick Scott & Gary Roberts (Grande-Bretagne)
Great capers and others stories from New City de Anthony Clemente (Etats-Unis)
Killer’s sight de Antonio La Camera (Italiee)
The Last Round de Ted Atherton (Canada)
Medrano’s visit de Álvaro H. Blanco (Espagne)
Le Moment est venu de Fabio Moreno (Espagne)
Noir de Nicolas Vernet (France)
La Numéro Un de Alex Moreu Garriga (Espagne)
Ombres noires de Paula Morales Plaza (Espagne)
Only John Welles wears leather de Jarno Harju (Finlande)
Pity de John Pata (Etats-Unis)
Plume fatale de James Lark (Grande-Bretagne)
Teinté en rouge de Jess Weiss (Brésil)
Three-O-Seven de Spencer Howson (Etats-Unis)
The Trunk de Mragendra Singh (Etats-Unis)

Le site du festival : www.filmnoirfestival.com

Festival Courts Mais Trash 2015, appel à films

Courts Mais Trash, le festival du court métrage indépendant belge, lance son appel à films pour la prochaine édition qui se déroulera du 14 au 17 janvier à Bruxelles et à Liège le 28 janvier. Toutes catégories de films sont projetées : expérimental, animation, clip, docu, tous les genres sont explorés. Un film ne doit pas être forcément trash pour être diffusé, il doit être en marge du courant conventionnel.

183282_101333216614882_3306159_n

Courts mais trash fêtera ses 10 ans en janvier, c’est le moment d’envoyer vos films pour participer à la compétition nationale, internationale, la séance « Courts mais super trash » et la OFF. Un prix du public sera remis pour chaque compétition.

La date limite pour l’envoi est fixée au 1er décembre 2014. Il est possible d’envoyer un lien à cette adresse mail ou un DVD à :

François Marache
Avenue de la Couronne 41/31
1050 Ixelles – Belgique

Colectia de arome d’Igor Colibeanski

Dans la section Regards du Présent présentée au FIFF, à Namur, cette année, on a pu découvrir « Colectia de arome » d’Igor Colibeanski, un film qui pose un regard sans concession sur la Roumanie d’aujourd’hui.

Dans la lignée de ce que l’on appelle désormais la nouvelle vague roumaine, « Colectia de arome » aborde un contexte social difficile sous un angle réaliste proche du documentaire. Comme ses compatriotes reconnus pour leur sens du réalisme ainsi que pour l’âpreté de leur mise en scène, Igor Colibeanski fait preuve d’authenticité en présentant le quotidien de Victor et de celui de son père qui ont recours à une méthode dangereuse mettant en péril la vie de l’enfant pour pouvoir acheter les médicaments de la mère malade.

Si le film commence in media res dans l’obscurité matinale d’une cuisine où le père prend son petit-déjeuner, c’est pour mieux nous plonger dans une réalité sans espoir, confinée à un espace réduit, où le simple fait de manger ne répond plus à un plaisir social mais à une nécessité individuelle. De l’autre côté de l’appartement, dans une pièce dont on ne verra qu’un coin du lit, la mère est alitée. Personnifiée par sa voix, elle restera en hors-champ tout au long du film.

colectia-de-arome-Igor-Cobielanski

Cobileanski décrit une cellule familiale fragile et dysfonctionnelle, qui ne peut s’épanouir normalement sa base étant défaillante. Il faut alors trouver des alternatives pour garder la survie du groupe quitte à dépasser les limites de l’acceptable. La solution du père est d’envoyer Victor se battre à mains nues contre un autre enfant de son âge pour la somme de 100€ à condition de ne pas abandonner le combat. A l’instar des combats de coqs, dans la fureur nourrie par l’appât du gain, les pères sont prêts à assister au lynchage de leur propre progéniture. Une progéniture qui selon Colibeanski demeure encore innocente à certains égards comme le montre la scène de complicité entre Victor et son père juste après le combat.

colectia-de-arome-Igor-Cobielanski1

La lutte aux accents barbares pousse le père de Victor à s’opposer à la dynamique mortifère et anxiogène dans laquelle il est enfermé. Il choisit d’arrêter son fils et de faire une croix sur les 100€ promis. En posant cet acte, il récupère sa dignité d’homme entachée par le besoin de sortir de l’impasse d’une situation précaire. Ironie du sort, malgré leur abandon, Victor et son père reçoivent tout de même l’argent. Immoral jusqu’au bout, « Colectia de arome » exhale un parfum de pourriture et de malaise qui met en lumière un profond déséquilibre collectif et individuel.

Marie Bergeret

Consulter la fiche technique du film

C comme Colectia de arome

Fiche technique

Synopsis : Pour acheter les médicaments dont sa mère a besoin, Victor a recours, avec son père, à une solution violente et risquée. Sur le terrain de la pauvreté, la lutte pour la survie peut être cruelle et porter irrémédiablement atteinte aux valeurs humaines.

Genre : Fiction

Durée : 14′04 »

Pays : Moldavie, Roumanie

Année : 2013

Réalisation : Igor Colibeanski

Image : Veaceslav Cebotari

Montage son : Tarnovetchi Cristian

Montage : Igor Colibeanski

Production : Alien Film

Article associé : la critique du film

Et ils gravirent la montagne de Jean-Sébastien Chauvin

Fiction, 34′, France, 2012, Sedna Films

Synopsis : Fanny et Simon, deux jeunes gens d’à peine vingt ans fuient une zone industrielle et s’enfonce dans la campagne. La découverte, en pleine nature, d’un téléphone portable qui semble les appeler va les entraîner dans une étrange aventure…

Les sorties de route se font rare dans la production de court-métrage français. Il faut donc saluer les propositions de cinéastes comme Jean-Sébastien Chauvin qui tournent radicalement le dos au naturalisme pour tendre vers des horizons inconnus, vers des sentiers moins balisés et plus excitants. Celui de « Et ils gravirent la montagne » guide ses personnages d’adolescents noirs vers des territoires vierges, où les souvenirs d’enfance se mêlent à des éléments fantastiques qui tracent en pointillé un chemin vers les étoiles. Le « devenir star » de ses acteurs comme de ses personnages constitue à lui seul un geste à la fois politique et esthétique fort qui participe de l’ouverture d’une voie nouvelle dans le paysage audiovisuel français (celles que des cinéastes comme Yann Gonzalez, Shanti Masud ou Frédéric Bayer-Azem investissent également). Il ne tient qu’à nous de les suivre.

Marc-Antoine Vaugeoi

Rappel : Carte blanche Format Court, ce soir à la Cinémathèque !

Ce jeudi 30 octobre, à 20h30, Format Court bénéficie d’une carte blanche « Spéciale 5 ans » à la la Cinémathèque française dans le cadre du rendez-vous « Cinéma de poche » consacré au court métrage. Pas moins de 8 films seront projetés; l’occasion de découvrir ou retrouver deux de nos Prix Format Court, des premiers courts, des films de patrimoine et des oeuvres glanées en France, en Belgique, en Suisse, en Autriche, aux États-Unis et en Grande-Bretagne. La projection fera l’objet d’une rencontre avec les membres de Format Court et les équipes présentes.

Consulter la programmation en ligne

cinematheque

En pratique

Les cinq ans de Format Court, ce jeudi 30 octobre 2014, à 20h30

Cinémathèque française : 51 Rue de Bercy, 75012 Paris. Salle Jean Epstein.

M° Bercy Lignes 14 et 6.

Durée de la programmation : 108’

L’info sur le site le la Cinémathèque

Tarifs : 6€50 plein tarif, 5€50 tarif réduit, 3€ pour les moins de 18 ans.
4€50 avec le Forfait Atout Prix.
Entrée libre avec le Libre Pass

3ème Prix Format Court au Festival européen du film court de Brest !

Du 11 au 16 novembre 2014, aura lieu le 29ème festival européen du film court de Brest. Pour la troisième année consécutive, Format Court attribuera un Prix à l’un des 40 films sélectionnés en compétition européenne.

À l’issue du festival, un dossier spécial sera consacré au film primé par le Jury Format Court (composé de Katia Bayer, Lola Lola L’Hermite, Zoé Libault, Camille Monin). Celui-ci sera diffusé lors d’une séance Format Court au Studio des Ursulines (Paris, 5ème). Le réalisateur bénéficiera également d’un DCP (relatif au film primé ou au prochain dans un délai de deux ans) crée et doté par le laboratoire numérique Média Solution.

FILM-COURT-2014-VISUEL-320x240

Films en compétition

Compétition 1

Hjónabandssæla de 
Jörundur Ragnarsson – 
Islande
Cai Putere de 
Daniel Sandu – 
Roumanie
Kaastundeavaldus
 de Margus Paju – 
Estonie
Reizigers in de Nacht
 de Ena Sendijarevic – 
Pays-Bas
Nashorn im Galopp
 d’Erik Schmitt
 – Allemagne

Compétition 2

Un Uccello molto serio
 de Lorenza Indovina
 – Italie
Paradiset
 d’Amanda Kernell
 – Suède, Danemark
I Wanna be happy Cha Cha Cha 
de Jonathan Schey 
- Royaume-Uni
Fallet
 d’Andreas Thaulow 
- Norvège
Essaie de mourir jeune
 de Morgan Simon
 – France

Compétition 3

Bomberman
 de Barna Nemethi
 – Roumanie
Wyld
 de Rory Alexander Stewart 
- Royaume-Uni, Ecosse
Bomba 
de Robertas Nevecka 
- Lituanie
A Passo d’uomo 
de Giovanni Aloi 
- Italie
Yect 
de Pavel Vesnakov – Bulgarie, Allemagne

Compétition 4

T’étais où quand Michael Jackson est mort ?
 de Jean-Baptiste Pouilloux 
- France
De Weg van alle vlees
 de Deben Van Dam
 – Belgique
Rabbit 
de Laure de Clermont Tonnerre – 
France
A Kindness
 de Giles Ripley
 – Royaume-Uni
I’ve been a sweeper 
de Ciarán Dooley 
- Irlande

Compétition 5

Kazimir 
de Dorian Boguta – Roumanie
Discipline
 de Christophe M. Saber 
- Suisse
People are strange
 de Julien Hallard – 
France
Figures
 de Miklos Keleti
 – Belgique
Hyvä Ihminen
 de Paula Korva 
- Finlande

Compétition 6

Má Raça
 d’André Santos & Marco Leão 
- Portugal
The Chicken 
d’Una Gunjak 
- Allemagne,  Croatie
Stella Maris 
de Giacomo Abbruzzese
 – France, Italie
In Der stille der nacht 
d’Erich Steiner – Autriche, Allemagne
En Août 
de Jenna Hasse 
- Suisse

Compétition 7

Artun
 de Gudmundur Arnar Gudmundsson 
- Islande, Danemark
Put(in) love 
d’Eirini Karamanoli
 – République tchèque
Arena 
de Martin Rath
 – Pologne
Only Solomon Lee
 d’Álex Lora 
- Espagne
Persefone 
de Grazia Tricarico
 – Italie

Compétition 8

Shadow 
de Lorenzo Recio 
- France
Best man 
de Gunnar Järvstad
 – Suède
As Rosas brancas 
de Diogo Costa Amarante – 
Portugal, Etats-Unis
Ujratervezes 
de Barnabás Tóth 
- Hongrie
Habana 
d’Edouard Salier 
- France

Festival du nouveau cinéma 2014, notre compte-rendu

La 43ème édition du Festival du nouveau cinéma (FNC) s’est achevée la semaine passée à Montréal. Format Court, présent pour la première fois au pays de Dolan et du gentil caribou, a passé cinq jours au festival au terme duquel il a attribué son tout premier Prix Format Court hors les murs dans le cadre du focus Québec. Parmi les 33 films en compétition, notre Jury a élu un film singulier, poétique et émouvant sur la mémoire et la construction identitaire, « The Weatherman and the Shadowboxer », réalisé par un auteur résidant à Toronto, Randall Lloyd Okita.

montreal3

© Emily Gan

Trois lettres pour un festival

En 43 ans et tous ses élans, le FNC a changé deux fois de nom (Festival international du cinéma en 16mm de Montréal en 71, Festival international du nouveau cinéma et des nouveaux médias de Montréal en 2002) avant d’opter pour la version actuelle il y a dix ans. Il a permis aux spectateurs locaux de découvrir des cinéastes de premier plan tels que Jim Jarmusch, Abbas Kiarostami, Wim Wenders, Raymond Depardon, Jane Campion, Wong Kar-wai, Peter Greenaway ou Chantal Akerman. Il a surtout accompli son rôle de tremplin et de passeur en révélant les cinéastes locaux et canadiens qui comptent aujourd’hui sur la scène internationale (Atom Egoyan, Denis Villeneuve, Guy Maddin, Denis Côté, …) mais aussi ceux de la nouvelle génération (Chloé Robichaud, Félix Dufour-Laperrière, Marie-Ève Juste, Pedro Pires, Phillip Barker, Sophie Dupuis, Marie-Josée Saint-Pierre, …).

Le FNC fait partie de ces festivals canadiens importants, proches du court dont les plus connus sont le TIFF (Festival international du film de Toronto), le Festival des films du monde de Montréal, le Festival international d’animation d’Ottawa et le Festival de Chicoutimi.

Ses programmateurs n’exigent pas l’exclusivité des films, à la difference de leurs collègues du TIFF et tentent d’identifier les nouvelles tendances dans le domaine du cinéma et des nouveaux médias. Proches du cinéma d’auteur local comme international, ils programment des films véritablement personnels, originaux, curieux, forts et visuels et les font dialoguer au sein de leurs séances.

Programmation 2014

D’emblée, le festival surprend par la multitude et la diversité de ses programmes. En consultant le volumineux catalogue du FNC (353 pages), on trouve de tout : du long, du court, des films d’étudiants, des rétrospectives, des hommages, des films pour enfants, des films expérimentaux, des installations, des performances, des projets interactifs, des tables rondes, des master class, des cartes blanches mais aussi des cartes noires.

À y regarder de plus près, du côté du long, beaucoup de films ont déjà fait leurs débuts sur la scène festivalière, notamment à Cannes, toutes sections confondues (« Adieu au langage », « The Tale of Princess Kaguya », « Spartacus et Cassandra », « Mange tes morts », « Bande de filles », « Maps to the Stars », « P’tit Quinquin », « L’Institutrice », « Les Merveilles », « The Tribe », …) mais aussi à Venise, Toronto, Berlin, Locarno ou Rotterdam (« Difret », « Félix et Meira », « She’s lost control », « In her place », « Ana Arabia », « Baal »,  « Boychoir », « Cavalo Dinheiro », …). Bien évidemment, la compétition internationale et le panorama des films étrangers attirent en masse le public éloigné de la tournée des festivals de l’année, mais les films québécois ne sont pas en reste au vu du nombre d’avant-premières et de salles pleines, désireuses de (re)connaître leurs talents locaux.

Parmi les réalisateurs sélectionnés, quelques uns viennent de réaliser leur premier long après un passage remarqué par le court (Franco Lolli propose « Gente de Bien » après « Rodri », Asaf Korman « Next to her » après  « Yom mota shel Shula », Damien Manivel « Un jeune poète » après « La Dame au chien », Thomas Salvador « Vincent n’a pas d’écailles » après une multitude de courts).

Au sein de la programmation courte, certains films en compétition internationale se font immédiatement repérer que ce soit pour leurs sélections précédentes en festival (« Une Chambre bleue », « Heartless », « Ennui ennui », « Nectar », …) ou par la renommée de leurs auteurs (« Bim Bam Boom Las luchas Morenas » de Marie Losier », « O velho do Restelo » de Manoel de Oliveira, « Un Rêve » de Patrick Bokanowski, « Le Retour Des Aviateurs » de Priit et Olga Pärn, « Black Tape » de Michelle et Uri Kranot).

Plus habitués aux festivals français et belges, nous nous sommes tournés en premier lieu vers les programmes de courts inédits dans nos contrées. Le focus québécois pour lequel nous avons attribué un Prix ce mois-ci comprenait 33 films, répartis en 6 programmes. Cette sélection reflétait nettement mieux la production locale que les quelques films québécois qui arrivent à franchir nos frontières année après année. Nous avons particulièrement aimé « La Grange » de Caroline Mailloux, un film au scénario dense et maîtrisé, efficace en termes de jeu et de photographie sur l’existence chamboulée d’une famille après la disparition d’un petit garçon, « Un royaume déménage » de Raphaël J. Dostie et Terence, un documentaire émouvant sur la vie et le devenir d’un couvent de religieuses vieillissantes,  « Petit frère » de Rémi St-Michel, précédemment projeté à Cannes, un conte en noir et blanc sur la relation touchante entre un ado et un jeune éducateur dans les rues de Montréal, « Day 40 » de Sol Friedman, un film d’animation mêlant dessin, arche de Noé, humour noir et zombies affolants, « You look like me » de Pierre Hébert et René Lussier, un film expérimental énigmatique et animé traitant de la représentation et de la communauté ou encore « Step Well Pilgrim » de Duncan McDowall, une rencontre esthétisante et chorégraphiée entre deux individus que tout oppose, dans une église romaine.

Dans les séances parallèles, l’une des surprises est venue d’une projection commentée de films en relief, réalisés en 1951 par l’animateur de génie qu’était Norman McLaren. Munis de lunettes 3D, les spectateurs (en partie des contemporains, amis et anciens collègues du réalisateur mais aussi des étudiants en animation) ont découvert ses premiers films, longtemps invisibles et entièrement restaurés par l’ONF (Office national du film du Canada) à l’occasion du centenaire de la naissance de McLaren. Couleurs vives, points, lignes, humour féroce et musiques peps ont surgi le temps de quelques films “vieux” de 63 ans. En son temps, McLaren a influencé bon nombre d’artistes (dont Picasso et Truffaut). Aujourd’hui encore, il continue de séduire par son style personnel, sa créativité et l’innovation de ses techniques. Découvrir ses films inédits, en entendre parler par ceux qui l’ont connu et ceux qui ont travaillé à la restauration sonore et visuelle de ses premiers courts apporte une touche nostalgique et bienvenue et remet au goût du jour le cinéma de patrimoine.

Le FNC dans la ville

Dès notre arrivée à Montréal, la présence du FNC se fait ressentir. Des annonces publicitaires sont visibles à l’aéroport, des affiches sont placardées en ville et dans le métro et des programmes sont disponibles partout, dans les bars comme dans les universités. De plus, la ville se métamorphose au contact du festival, pendant toute la durée de la manifestation. Une gigantesque bulle d’air – le Dôme – trône au coeur du Quartier des spectacles, pour accueillir dans un décor lunaire les rencontres professionnelles. Des universités et des cinémas ouvrent leurs portes aux nombreuses séances et l’ancienne forge de l’École technique de Montréal, rebaptisée l’Agora, accueille en soirée des concerts, des DJ’s et un bar. Cet esprit de décloisonnement fait partie du succès et de l’atmosphère sympathique qui règne au FNC. Celui-ci rassemble en effet autant des québécois, des canadiens et des étrangers que des sélectionneurs, des étudiants, des réalisateurs, des comédiens, des programmateurs, des jurés, des journalistes, des cinéphiles et des curieux. Bières locales à la main, les festivaliers papotent autour des films, de l’art, de l’industrie, des lieux à voir à Montréal et des mets à tester (le café vanillé) ou à éviter (la poutine : mélange de frites, de cheddar frais et de sauce brune).

montreal

© Emily Gan

En discutant avec les courts-métragistes montréalais, on apprend pourtant que la situation du court n’est pas fameuse dans leur pays et que le grand public ne s’y intéresse pas beaucoup. C’est la raison pour laquelle ils sont reconnaissants au FNC d’avoir joué et de continuer à jouer un rôle primordial dans leur carrière. Le festival révèle leurs films, leur permet d’aller à la rencontre d’un public, les suit dans l’aventure difficile du long. Le milieu du court est restreint et solidaire, les sélectionneurs de courts métrages du festival, Dan Karolewicz et Philippe Gajan, restent très accessibles et s’impliquent tout au long de l’année en faveur du court métrage. Le premier a participé notamment à la création de La Distributrice de films, une jeune et dynamique structure de diffusion et de distribution de courts québécois. Celle-ci valorise les films et les cinéastes québécois et n’hésite pas à mettre en ligne une partie de son catalogue (les films de Félix Dufour-Laperrière ou de Denis Côté pour les plus connus). La concrétisation de ce projet a été motivée par le manque d’aides, de représentations et de diffusions des courts et moyens métrages au Québec, fortement ombragés par le tout puissant long-métrage.

En poursuivant l’échange, on découvre même l’existence de plusieurs ciné-clubs locaux organisés spontanément tout au long de l’année par la profession locale. Le réalisateur Mark Morgenstern, en sélection dans le focus Québec (« Avec le temps »), accueille par exemple des séances à domicile pour permettre aux films d’être vus. Le diffuseur et membre de La Distributrice de films Serge Abbiad fait de même. Il organise chaque semaine dans un studio de création numérique un ciné-club composé d’un court et d’un long, en général en présence d’un invité. Pendant notre séjour, il a programmé un film d’école de Roman Polanski (« La Lampe ») et un long-métrage de Louis Malle (« Black Moon »). L’envie reste la même qu’au FNC : initier le public aux propositions différentes, lui faire (re)découvrir des films difficiles d’accès, des auteurs passés ou présents, des émotions et d’autres façons de regarder le monde. Sur grand écran. Comme au cinéma. Parce qu’il s’agit aussi de cinéma.

Katia Bayer

Le site de La Distributrice de films : www.ladistributrice.ca

Article associé : l’interview de Philippe Gajan et Daniel Karolewicz, programmateurs au FNC

Antoine Besse, Prix Format Court au Festival de Grenoble 2014

Cet été, Format Court a décerné un nouveau prix lors de la 37ème Festival du Film Court en plein air de Grenoble au film « Le Skate moderne » réalisé par Antoine Besse. Ce film très court tourné en Dordogne, avec des copains et des skates, sans producteur ni contraintes, a séduit notre jury par son amour de la glisse, son originalité, son clin d’oeil à Raymond Depardon et son humour de situation. Dans le cadre du prix, le film a été projeté à notre dernière séance Format Court, le jeudi 9 octobre 2014 au Studio des Ursulines (Paris, 5ème).

skate5

Retrouvez dans ce dossier spécial :

La critique du film

L’interview d’Antoine Besse

Bim Bam Boom Las Luchas Morenas de Marie Losier

Que ce soit en filmant le cinéaste canadien Guy Maddin, la chanteuse délurée Peaches ou l’icône new-yorkaise Alan Vega, le style-signature de Marie Losier est immuable. Caméra Bolex 16mm à la main, elle capture l’intime, la vie et la douce folie de ses amis dans des portraits anti-cinéma vérité. Présenté cette année au FNC à Montréal, « Bim Bam Boom » ne déroge pas à la règle et offre en 13 minutes chrono un home made movie sur les sœurs Moreno, reines du catch mexicain.

bimbamboom2

Fratrie de trois, Rossy, Esther et Cynthia, se battent pour gagner leur vie. Chacune a son style mais toutes vivent par et pour la lucha libre. La cinéaste les met en scène dans de petites vignettes colorées et pop où elles se crêpent le chignon pour de faux – ou presque- en se balançant à la figure des bouquets de fleurs, des oreillers gonflés à la plume d’oie ou en s’étranglant à l’aide d’un cordon de téléphone. Elle les suit également au quotidien et filme notamment Rossy, la plus âgée des trois, pendant qu’elle prépare un plat à base de tête de cochon et de cactus.

Chez Marie Losier, on ne reste jamais longtemps très sérieux et la tête du cochon devient vite un prétexte, un accessoire et un jeu pour la caméra évoquant immédiatement les grandes heures du génialissime John Waters dans ses premiers films. La cinéaste a en commun avec ce dernier de s’être toujours rangé du côté des marginaux, des esprits libres et d’en avoir fait des héros, au sens de ceux que l’on rencontre en fiction. Des figures marquantes et respectées. Losier filme ces trois sœurs, comme le reste de ses sujets, avec une joie et une admiration non dissimulées. Son bonheur de mettre en lumière ces « originaux » comme on les appelait par le passé est aussi palpable que le bruit de sa caméra 16mm.

Amaury Augé

Consulter la fiche technique du film

B comme Bim Bam Boom Las Luchas Morenas

Fiche technique

bimbamboom

Synopsis : Trois femmes/trois soeurs/trois Luchadoras professionnelles faisant partie de la dynastie Moreno : Rossy, Esther et Cynthia sont des lutteuses compétitives sur le ring. Mais elles portent aussi la Lucha Libre dans leur vie, luttant avec des couteaux, des têtes de cochons, des fleurs et des plumes ! BIm Bam Boom !

Genre : Documentaire

Durée : 12′

Pays : États-Unis, Danemark, Mexique

Année : 2013

Réalisation : Marie Losier

Image : Marie Losier

Son : Marie Losier

Montage : Marie Losier, Valerie Massadian

Mixage son : Clement Chassaing

Production : CPH:DOX, Cine Tonala, Marie Losier

Article associé : la critique du film

La Maison de poussière de Jean-Claude Rozec

C’est en voisin que Jean-Claude Rozec a présenté son film au festival Court Métrange de Rennes, puisque c’est dans cette ville que sont basés ses producteurs et que lui-même est originaire de la région. La remarque n’a rien d’anodin si l’on ajoute que la question du foyer (à la fois la famille et le quartier) est justement au cœur de « La Maison de poussière », le très beau troisième court-métrage d’animation du réalisateur.

Comme « Ceux qui restent debout » de Jan Sitta, mais de façon très différente, « La Maison de poussière » est un film sur la ville et la relation de symbiose que ses habitants entretiennent avec elle. La ville change, mue au fil des travaux de rénovation, comme la destruction de ces grands ensembles des années 1960-70, aujourd’hui vétustes et dans lesquels l’héroïne du film de Rozec, une femme entre deux âges, d’une banalité touchante, a passé la majorité de son existence. En métamorphosant leur cadre de vie, les changements de la ville influent sur l’existence de ses habitants : obligée de déménager à cause de la destruction programmée de son HLM, la femme se retrouve coupée de son passé. Dans ce film sans paroles, le réalisateur illustre avec finesse la mélancolie de son personnage en dessinant son reflet sur une vieille photo : elle voudrait entrer dans l’image, vivre avec ses souvenirs, mais elle en reste à la surface. Lors d’une visite nocturne sur le chantier de démolition de son ancien logement, la femme découvre que les lieux aussi ont une mémoire : ses souvenirs sont ranimés par des spectres de poussière avec lesquels elle va revivre d’anciens moments de joie.

La maison de poussière3

C’est sur ce point que « Ceux qui restent debout » et « La Maison de poussière » nous apparaissent complémentaires : dans l’un, la ville ingère les plus malheureux de ses habitants alors que dans l’autre, les ruines libèrent des souvenirs heureux. Alors que la ville de Jan Sitta se déshumanise progressivement, celle de Rozec regagne, brièvement, de la chaleur humaine. La femme retrouve son mari disparu et son enfant mais sous une forme imparfaite, confuse et grisâtre, presque monstrueuse mais pourtant plus attirante que la réalité. Les particules de poussière existent dans un état intermédiaire, à la fois matériel et évanescent, qui correspond au flou de la mémoire. La frontière entre réalité et fantasme est traduite visuellement par une différence de texture entre les images : la femme est un personnage en 2D lisse, alors que ses souvenirs sont des silhouettes aux volumes plus marqués, à la matérialité terreuse.

Dans « Cul de bouteille » (2010), son précédent film, Jean-Claude Rozec déformait la réalité en la donnant à voir par les yeux d’un enfant myope. Avec « La Maison de poussière », son animation se fait une nouvelle fois métaphorique, transformant des tas de poussière en personnages et une grue en grand méchant loup. L’histoire des « Trois petits cochons » accompagne celle de « La Maison de poussière » car il s’agit dans les deux cas de parler du foyer, de la force des liens familiaux contre les attaques de l’extérieur. Contrairement au conte, le court-métrage s’achève par la victoire des loups du progrès ; une fin désespérée mais traversée par une poussière d’espoir. Car c’est un autre conte que nous raconte Rozec : il était une fois une femme qui vivait au milieu de ses souvenirs et qui en devint un elle-même.

Sylvain Angiboust

Consulter la fiche technique du film

Pour information, « La Maison de poussière » sera projeté le jeudi 18/2 à 20h30 au Studio des Ursulines (Paris, 5ème)

M comme La Maison de poussière

Fiche technique

Synopsis : Une femme vit seule dans un HLM. Elle déménage lorsque sa tour doit être démolie. Elle surprend des silhouettes d’enfants en train de jouer dans le bâtiments abandonné et les suit à l’intérieur, où se déroulent d’étranges évènements.

Réalisation : Jean-Claude Rozec

Genre : Animation

Durée : 11’35’’

Pays : France

Année : 2013

Scénario : Jean-Claude Rozec

Son : Arnaud Bordelet

Montage : Jean-Claude Rozec

Décors : David Roussel

Musique : Arnaud Bordelet

Production : Vivement lundi !, Blink Productions

Article associé : la critique du film

L’Étrange Festival : retour sur les programmes de courts 1 et 3

En septembre dernier, l’Étrange Festival a célébré ses 20 ans d’existence. La sélection des courts fêtait elle aussi ses deux décennies avec plus de 40 courts métrages répartis sur 5 programmes d’environ une heure trente. Fidèles à eux-mêmes, les programmateurs ont concocté chaque séance avec l’envie de montrer des films où l’étrangeté n’était pas forcément là où on l’attendait.

Programme 1

Subconscious password de Chris Landreth (Canada)

Lors d’une fête, Charles ne parvient pas à se souvenir du prénom d’un ami qui se réjouit de le revoir. Tandis qu’il va lui chercher un verre pour célébrer leurs retrouvailles, Charles cherche désespérément dans tous les recoins de sa mémoire le prénom de cet homme. Cette recherche le mène jusqu’au plateau d’un jeu télévisé peu ordinaire présenté par le surmoi de Charles !

Réalisateur de « Ryan », Oscar du meilleur court métrage d’animation (2004), Chris Landreth nous invite à une ballade hallucinante et hilarante dans l’inconscient de son personnage. On y croise un parterre de célébrités tout droit sorti de la psyché tourmentée de Charles, comme par exemple Jerry Lewis, Charles Burroughs, Yoko Ono ou Salvador Dali.

À l’image de ses précédents films, Chris Landreth parvient avec beaucoup de maîtrise à mêler habilement prises de vues réelles, images d’archives et animations, créant un rythme, une perception de l’espace et du temps originale, sincère et drôle. Un film remarquable qui a reçu le Cristal d’Annecy en 2013.

Circuit de Robert Gwisdek (Allemagne)

Un électricien malchanceux se retrouve malgré lui pris au piège entre quatre murs et deux portes. Au beau milieu d’une sorte de faille temporelle, ce technicien tente désespérément de quitter la pièce où il est arrivé mais ne fait qu’entrer et sortir de ce même endroit sans trouver d’issue. S’ensuit toute une série de stratagèmes pour tenter de déjouer cette malchance dont il est victime.

« Circuit » est un court métrage qui propose d’explorer, dans un décor unique et un cadre fixe, toute la polysémie du mot qui sert de titre à ce film. Même si le procédé s’épuise un peu au fil du temps, l’absurdité de la situation et les tentatives du personnage pour s’en sortir donnent au film juste ce qu’il faut de mordant sans que plus d’un mot ne soit prononcé.

In passing d’Alan Miller (États-Unis)

“Tomber amoureux” ou comment prendre au pied de la lettre une expression couramment admise. « In Passing » raconte l’histoire de deux individus qui décident de se donner la mort en sautant du même immeuble. En chemin, leurs regards se croisent et le coup de foudre a lieu. Oubliant qu’ils sont en train de chuter de bien haut, ils découvrent qu’il n’est jamais trop tard pour tomber amoureux.

Les comédiens Dana Lyn Baron et David Trice donnent le ton et incarnent avec naturel cet improbable couple convolant ensemble bras dessus dessous vers l’asphalte. Alan Miller parvient ici avec une bonne dose d’humour (noir) à prendre au mot l’expression « tomber amoureux » pour en faire un court métrage réjouissant et divertissant. Un film qui tombe à pic si on peut dire.

Programme 3

The Archivist de Jeremy Ball (Canada)

Dans un grand cinéma qui rappelle les fastes d’antan, d’étranges et mystérieuses séances privées sont organisées. Un jeune projectionniste remarque que certains clients arborent à l’entrée de la salle un ticket datant d’une autre époque. À la vue de ce billet, une vieille bobine de film sous cadenas est alors exhumée…

The-Archivist

Une ambiance aussi envoûtante qu’inquiétante, des décors somptueux et une intrigue mystérieuse à souhait : tous les ingrédients sont au rendez-vous pour faire de « The Archivist » un film typiquement “lovecraftien”. Jeremy Ball réalise ici un film sophistiqué, élégant et cauchemardesque mais aussi un hommage sincère et feutré aux cinéphiles des salles obscures.

Between regularity and irregularity de Masahiro Tsutani (Japon)

Seul court métrage japonais de la sélection, « Between regularity and irregularity » est un film à l’état brut où l’image et le son s’adressent directement à nos terminaisons nerveuses. Chaque plan du film est entrecoupé par des éclairs brillants et de violentes convolutions sonores.

Le réalisateur, Masahiro Tsutani, semble rassembler ces fragments de façon aléatoire. Toutefois, ce chaos apparent peut révéler entre les formes et les bruits, entre la régularité et l’irrégularité toute une nébuleuse de sensations, comme un voyage dans les profondeurs du cerveau humain.

The missing scarf de Eoin Duffy (Irlande)

Ce film irlandais met en scène Albert, un petit écureuil qui part en quête de son écharpe égarée par inadvertance. Il parcourt la forêt à la recherche de celle-ci. Il rencontre alors plusieurs animaux à qui il manque quelque chose aussi.

Partant d’une histoire en apparence enfantine, le film glisse subrepticement, et avec humour, du conte pour enfants vers le conte philosophique. Eoin Duffy réalise un film à la fois minimaliste et épique, simple et complexe, à l’image des problèmes existentiels de ses personnages. Le contraste entre les personnages aux traits épurés et les idées complexes qu’ils véhiculent créé un décalage savoureux, incarné avec brio par la voix-off de George Takei, connu notamment par les fans de « Star Trek ».

Julien Beaunay

Articles associés : L’Étrange Festival : retour sur le programme de courts 5 & les programmes 2 et 4

À la rencontre du jeune cinéma français : Shanti Masud, mardi 28 octobre, 20h au Cinéma L’Archipel

Nouvelle bonne nouvelle ! Dès ce mois-ci, Format Court est partenaire d’un nouveau rendez-vous ciné, « À la rencontre du jeune cinéma français » organisé par le Cinéma L’Archipel. Chaque rencontre permettra de (re)découvrir le travail de quelques jeunes auteurs qui comptent, à travers un ou plusieurs de leurs films, courts ou plus longs. France2 Mardi 28 octobre, à 20h, Shanti Masud, lauréate de notre Prix Format Court au Festival de Vendôme 2013, viendra présenter 3 films (« Don’t touch me please » (2010), « Pour la France » (2013) et « While the Unicorn is watching me » (2014) ainsi qu’un clip. À l’issue de la projection, elle dialoguera avec Marc-Antoine Vaugeois (rédacteur à Format Court).

Infos

Cinéma L’Archipel : 17 boulevard de Strasbourg – 75010 Paris M° 4, 8, 9 Strasbourg St Denis / Château d’eau / Bonne Nouvelle

Tarifs

– 8 € / plein
– 6,5 € / réduit (étudiants, demandeurs d’emplois, plus de 60 ans sur justificatif sauf week-end et jour de fête)
– 4 € pour les – de 14 ans

shanti-masud Événement Facebook : https://www.facebook.com/events/311680525687358/?source=1