Reizegers in de nacht de Ena Sendijarević

Reizegers in de nacht de Ena Sendijarević

Si Muybridge et Marey, tous deux nés et morts aux mêmes dates (1830-1904), décomposent le mouvement des corps humains et des animaux, c’est avant tout pour comprendre scientifiquement, mais non sans conséquence poétique, la subtilité invisible d’un déploiement. Et puis les démarches du cinématographe naissant entérinent la possibilité de restituer par le défilement, à l’aide de perforations, le temps donné d’un geste. S’ensuit un triple étirement : celui du cadre (dévoyant la profondeur pour l’horizontalité), puis celui du temps filmé (substituant au plan fixe la menace d’un travelling infini) et enfin celui de l’expérience du spectateur (passant de la série enchaînant les sketchs spectaculaires à l’exploration d’une intimité vécue dans sa continuité). Mais il ne faut pas voir dans cette généalogie une quelconque résolution des contrastes.

Slow de Darius Clark Monroe

Slow de Darius Clark Monroe

Le court-métrage « Slow » n’est pas, à proprement parler, un film gay. Et tant mieux. Réalisé par Darius Clark Monroe en 2011, il ne fait pas du désir homophile l’occasion d’une chronique généraliste aux accents tragiques mais plutôt le tremplin d’une critique politique touchant à la condition sociale des afro-américains. Mais peut-être serait-ce là enfermer le film dans une visée qu’il n’a pas.

Hommage à Abbas Kiarostami. Le vent l’a emporté

Hommage à Abbas Kiarostami. Le vent l’a emporté

Difficile de parler d’Abbas Kiarostami au singulier, par une désignation qui semblerait trop personnelle, tant l’œuvre et l’engagement vital du réalisateur le plaçaient au milieu des êtres, inscrits profondément dans les rues et les paysages. Depuis les trajectoires enfantines et adolescentes, à pied ou enfourchant une motocyclette, traversant singulièrement les avenues chaotiques de Téhéran, son œuvre emprunte la finesse d’un regard en prise avec l’observation. Qu’est-ce qu’observer ? C’est poser son regard dans la complexité des attentes et des frustrations les plus intimes; c’est aussi, par extension, trouver dans les limites qu’imposent les lois et les normes une façon de tenir en respect.

Les débuts d’Abbas Kiarostami. Être avec l’errant

Les débuts d’Abbas Kiarostami. Être avec l’errant

Donner une place au rêve rugueux quand l’histoire requiert de l’être sa docilité, c’est à ce principe que les courts-métrages du cinéaste iranien Abbas Kiarostami semblent répondre. Essentiellement centrés sur l’enfance, ces films ne se donnent pas pour ambition de témoigner du temps historique mais, par des biais poétiques, de faire du cinéma l’abri miraculeux de trajectoires hasardeuses.

2ème Prix Format Court au Festival Filmer à Tout Prix (Bruxelles)

2ème Prix Format Court au Festival Filmer à Tout Prix (Bruxelles)

Il y a deux ans, Format Court s’intéressait de près à la production documentaire en attribuant pour la première fois un prix dans un festival biannuel qui lui est dédié, le Festival Filmer à Tout Prix (Bruxelles), en élisant le meilleur court-métrage parmi les films retenus en compétition nationale et internationale. À l’époque, notre équipe avait choisi de récompenser « Anima », un film d’école simple et poétique réalisé par Simon Gillard, alors étudiant à l’INSAS (Belgique).

The Mad Half Hour de Leonardo Brzezicki

The Mad Half Hour de Leonardo Brzezicki

Rares sont les courts-métrages auxquels l’adjectif ludique s’appliquerait aussi bien qu’au nouvel opus de l’Argentin Leonardo Brzezicki, The Mad Half Hour. En compétition à la Berlinale ainsi qu’au dernier festival IndieLisboa (où il a obtenu le Prix Format Court), le film réunit le temps d’une nuit à Buenos Aires quelques gais éléments qui, tout en se déliant, se rapprochent dans le sentiment – qu’il soit amoureux ou fraternel.

Randall Lloyd Okita, Prix Format Court au Festival du nouveau cinéma 2014

Randall Lloyd Okita, Prix Format Court au Festival du nouveau cinéma 2014

Notre dernière projection Format Court consacrée au Festival du nouveau cinéma (FNC) de Montréal, organisée le 12 février dernier, nous aura permis de projeter enfin notre film lauréat, « The Weatherman and the Shadowboxer » accompagné de 4 autres films étonnants et ambitieux repérés à la édition du FNC, en octobre. Le film de Randall Lloyd Okita, pressenti pour Berlin (non retenu au final), avait été projeté à Paris, au Studio des Ursulines, en première européenne.

Pride de Pavel G. Vesnakov

Pride de Pavel G. Vesnakov

« Bonsoir, je suis gay, fier, bien dans ma peau, heureux, et j’aime me faire enculer… ». Bercé d’une rigueur verbale où la concession morale est aussi présente que la tolérance au sein de la politique nazie envers les Juifs, les communistes et les homosexuels, cette logorrhée révolutionnaire fait l’effet d’une bombe. On a entendu ces mots à l’aube de l’an 2000 dans un film de Jean-Gabriel Périot, dont le titre prend l’apparence insolente d’une fausse question : « Gay ? »

Lucile Hadžihalilović. Entre féminité, innocence et courage

Lucile Hadžihalilović. Entre féminité, innocence et courage

Après avoir été présenté à Clermont-Ferrand, Villeurbanne ou Montréal, le court-métrage « Nectar » est montré cette semaine au dernier Festival de Vendôme. L’abstraction poétique qui baigne cette fable bio-politique est fondée sur des oppositions d’échelle : on passe de l’infiniment petit (l’abeille) à l’infiniment grand (immeubles d’architecture moderniste), du corps individualisé au corps collectif, de l’herbe verte au béton grisâtre.

Hillbrow de Nicolas Boone

Hillbrow de Nicolas Boone

Tout commence par un souffle prêt à rompre, celui d’un garçon sur le toit d’un gratte-ciel. On ne sait pas vraiment où on est, mais on devine bientôt, c’est bien Johannesburg derrière lui. Ce garçon surgit dans l’étrange lourdeur d’une caméra qui plane. Il respire fort, il est sur le point de sauter, il est à bout de course, son regard ne dérive pas.

Une ombre dans les yeux de Rafael Lewandowski

Une ombre dans les yeux de Rafael Lewandowski

Il s’appelle Willy Holt. Son nom pourrait faire penser à un mercenaire, à un fuyard intrépide, élancé sur son cheval, dans un western hollywoodien. Le personnage en a la carrure physique : de grande taille, plutôt mince, les pupilles repoussées au fond des cavités oculaires, les cheveux mi-longs aux reflets désormais blafards flanqués en arrière. À des distances plus extrêmes, de loin ou de près, certains détails en font pourtant une individualité indéfiniment plus complexe, intrigante. Sa démarche, d’abord : il avance par minimes élans successifs, comme s’il n’était pas possible de tirer un trait droit dans l’espace.

Antoine Besse : « Je marche beaucoup à l’instinct. Certains cinéastes peuvent t’expliquer tout ce qu’ils font, moi pas du tout »

Antoine Besse : « Je marche beaucoup à l’instinct. Certains cinéastes peuvent t’expliquer tout ce qu’ils font, moi pas du tout »

Influencé par Raymond Depardon et Bruno Dumont, Antoine Besse, jeune réalisateur venant du clip et de la pub, a réalisé un film puissant et symphonique, « Le Skate Moderne ». Tourné en Dordogne, avec des copains et des skates, sans producteur ni contraintes, il a pensé son film pour le net et s’est retrouvé, le succès aidant, en festival.