Interviews

Corneliu Porumboiu : « Quand on est au début de sa carrière, c’est important que les réalisateurs dont on aime le travail nous disent qu’on est sur la bonne voie »

Corneliu Porumboiu : « Quand on est au début de sa carrière, c’est important que les réalisateurs dont on aime le travail nous disent qu’on est sur la bonne voie »

En 2004, Corneliu Porumboiu, étudiant à l’Université « I.L.Caragiale » de Bucarest, était invité à présenter son film « A Trip to The City » à la Cinéfondation. Le festival de Cannes est resté une bonne adresse pour lui puisqu’il a remporté la Caméra d’Or avec son premier long-métrage « 12:08 à l’est de Bucarest » présenté à la Quinzaine des Réalisateurs et a reçu le Prix du Jury et le Prix Fipresci pour « Policier, Adjectif », sélectionné à Un Certain Regard. En mai dernier, Corneliu Porumboiu opérait un retour aux sources à Cannes en tant que membre du jury de la Cinéfondation, sept années après y avoir vu sa carrière débuter.

Nicolas Roy. Le cinéma sans compromis

Nicolas Roy. Le cinéma sans compromis

Après avoir tourné plusieurs courts, le réalisateur québécois Nicolas Roy est sélectionné en compétition officielle à Cannes avec « Ce n’est rien ». Refusant de prendre le spectateur par la main, il signe là un film poignant sur l’inceste d’un point de vue original : celui d’un père, découvrant avec horreur ce que sa fille a subi et décidant de « régler » la situation au sein du cercle familial. Tension dramatique, sobriété, économie de moyens, direction d’acteurs, … : Nicolas Roy fait le point.

Michel Gondry : « L’inspiration, il faut la voir comme une stimulation, pas comme une influence »

Michel Gondry : « L’inspiration, il faut la voir comme une stimulation, pas comme une influence »

Il s’est fait connaître par le clip avant de se risquer au court et au long métrage. Continuant à faire des va-et-vient entre les formes et les idées, il vient de présider le Jury de la Cinéfondation et des courts métrages officiels au dernier festival de Cannes. Rencontre avec Michel Gondry, filmeur filmé.

Le Voyage dans la lune de Georges Méliès par Serge Bromberg

Le Voyage dans la lune de Georges Méliès par Serge Bromberg

Présenté en ouverture officielle du festival de Cannes avant le film de Woody Allen et en séance de rattrapage quelques jours plus tard grâce aux demandes insistantes des membres de la presse et des festivaliers, « Le Voyage dans la lune » de Georges Méliès a été projeté dans une version inédite, en couleurs et en musique. Le court métrage le plus célèbre du magicien français, premier film classé au patrimoine de l’UNESCO, montre une succession de tableaux en couleurs originales peintes à la main avec une musique additionnelle écrite par le groupe Air.

Ann Sirot et Raphaël Balboni : inventeurs d’univers décalés

Ann Sirot et Raphaël Balboni : inventeurs d’univers décalés

Sirot-Balboni, le nom sonne comme un remède à la morosité ambiante et pour cause, à en juger leur dernier film “La Version du loup” qui revisite avec beaucoup d’humour, le conte du “Petit chaperon rouge”. Sélectionné en compétition nationale au Festival du court métrage de Bruxelles, le film a reçu une Mention Spéciale pour le Prix Be TV. Rencontre avec le couple qui subit les influences positives de Gilliam, Fellini, Greenaway ou encore Abel et Gordon.

Gérard Courant : « Mon cinéma peut être ethnographique, militant, même expérimental dans certains cas, mais c’est avant tout du cinéma »

Gérard Courant : « Mon cinéma peut être ethnographique, militant, même expérimental dans certains cas, mais c’est avant tout du cinéma »

Gérard Courant a filmé plus de 2000 personnalités artistiques dont Jean-Luc Godard, Manoel de Oliveira, Wim Wenders, Philippe Sollers, Terry Gilliam, Samuel Fuller, Ettore Scola, Merzak Allouache F.J. Ossang, Boris Lehman, Jonas Mekas, Philippe Garrel, Maurice Pialat et Laszlo Szabo. Son idée ? Le Cinématon, une galerie de portraits filmés.

Yorgos Zois : « Voir à quel point Theo Angelopoulos s’est battu comme un nouveau venu pour obtenir de l’argent, trouver des acteurs et tourner a été la meilleure leçon d’humilité pour moi »

Yorgos Zois : « Voir à quel point Theo Angelopoulos s’est battu comme un nouveau venu pour obtenir de l’argent, trouver des acteurs et tourner a été la meilleure leçon d’humilité pour moi »

Son film « Casus Belli » s’est laissé aimer à Venise, Clermont-Ferrand, Dubaï, et Bruxelles. Pour en savoir davantage sur la métaphore, les caddies et les enfants-dominos, c’est avec Yorgos Zois qu’il faut prendre rendez-vous.

Abbas Kiarostami : « Mon premier film a été réellement compliqué. Par la suite, je me suis dirigé vers de plus en plus de simplicité »

Abbas Kiarostami : « Mon premier film a été réellement compliqué. Par la suite, je me suis dirigé vers de plus en plus de simplicité »

Pour la toute première fois, la Région du Golfe accueillait, lors du festival du Golfe de Dubaï, Abbas Kiarostami pour une master class à destination de 45 jeunes réalisateurs triés sur le volet, provenant essentiellement du Moyen-Orient. Quelques jours auparavant, trois de ses courts avaient été montrés en salle (« Ducks », « Sea eggs », « Roads of Kiarostami »)

Javier Packer-Comyn : « Je suis toujours attentif à la manière dont le film travaille le monde et à celle dont le monde traverse le film »

Javier Packer-Comyn : « Je suis toujours attentif à la manière dont le film travaille le monde et à celle dont le monde traverse le film »

Avant de devenir le directeur artistique du Cinéma du Réel, le festival dédié au documentaire de création, organisé par le Centre Pompidou fin mars-début avril, Javier Packer-Comyn a œuvré pendant plusieurs années en faveur du même cinéma à Bruxelles, en faisant venir des auteurs, et en montrant des films méconnus via l’association Le P’tit Ciné. D’une ville à l’autre, d’une expérience de travail à l’autre, des fondamentaux sont restés : dialogue entre passé et présent, statut de l’image, regards sur le monde, solitude groupée, et points d’entrée. Entretien.

Andreas Hykade : « Animer, faire bouger les dessins, voir une chose en devenir une autre, est le moment le plus épanouissant pour moi »

Andreas Hykade : « Animer, faire bouger les dessins, voir une chose en devenir une autre, est le moment le plus épanouissant pour moi »

Simplicité complexe. Poésie psychédélique. Abstraction torturée. Musicalité pour enfants comme pour adultes. Noir, blanc et autres couleurs. Le travail d’Andreas Hykade, récompensé du Grand Prix à Anima pour “Love & Theft”, ne manque pas de combinaisons multiples. Entretien en fin de séance et en ouverture d’un nouveau chapitre.

Gil Alkabetz : « I feel every film I make is the first and the last one. I never believe I can make another. »

Gil Alkabetz : « I feel every film I make is the first and the last one. I never believe I can make another. »

Filmmaker of some renown, Gil Alkabetz has wowed the animation world on several occasions, notably with his riotously hilarious « Rubikon », winner of the Funniest Film Award at Annecy, and more recently with « Der Da Vinci Timecode », an incomparable experience that redefines the perception of classical art by subjecting it to the specificity of film language.

Gil Alkabetz : « C’est comme si chaque film que je faisais était le premier et le dernier. Je ne crois jamais que je pourrai en faire un autre. »

Gil Alkabetz : « C’est comme si chaque film que je faisais était le premier et le dernier. Je ne crois jamais que je pourrai en faire un autre. »

Le cinéaste Gil Alkabetz a impressionné le monde de l’animation à plusieurs reprises, entre autres avec « Rubicon », court hilare qui remporta le prix du film le plus drôle à Annecy, et « Der Da Vinci Timecode », expérience unique qui redéfinit la lecture d’une œuvre d’art classique en le soumettant aux spécificités du langage cinématographique. Membre du jury international lors du dernier Festival Anima à Bruxelles, l’animateur nous a consacré un moment pour aborder l’univers de l’animation en constante évolution et le fait que certains n’apprennent jamais de leurs expériences.

Anita Killi : « Le plus important pour moi, c’est de faire des films que les enfants puissent regarder en se posant des questions »

Anita Killi : « Le plus important pour moi, c’est de faire des films que les enfants puissent regarder en se posant des questions »

Auréolée en 2010 à Clermont-Ferrand et à Annecy notamment, pour son court métrage « Sinna Mann », la réalisatrice norvégienne Anita Killi, fidèle aux méthodes traditionnelles de l’animation, aime opposer dans ses films une forme simple et naïve à des sujets forts, tels que la guerre ou la violence domestique dans le but de susciter le débat.

Bill Plympton : « Tout mon argent va dans mes films. C’est mon plaisir, c’est cela qui me rend heureux »

Bill Plympton : « Tout mon argent va dans mes films. C’est mon plaisir, c’est cela qui me rend heureux »

Son trait et son style n’appartiennent qu’à lui : irrégulier, imparfait, crayonné, souvent drôle, de plus en plus émouvant avec les années. Ancien caricaturiste, Bill Plympton s’est glissé dans l’animation comme on s’introduit dans un pyjama, avec habitude, volupté et simplicité. Offrant à tour de bras des dessins de vaches et de chiens au Festival Anima, l’Américain aborde pour nous sa carrière, son indépendance face aux grands studios, et son intérêt pour l’animation pour adultes. Interview fleuve, avec en exclusivité l’animatique de « Cop Dog », le prochain court métrage de l’Ami Plympton.

Peter Lord : “J’aime l’idée que le spectateur ait de l’empathie pour le personnage, comme quand Wallace dit quelque chose de stupide et que Gromit lève les yeux au ciel »

Peter Lord : “J’aime l’idée que le spectateur ait de l’empathie pour le personnage, comme quand Wallace dit quelque chose de stupide et que Gromit lève les yeux au ciel »

Co-fondateur du studio Aardman connu et reconnu pour son savoir-faire en matière de pâte à modeler et et son panel d’animateurs maison talentueux (Nick Park, Darren Walsh, Peter Peake, Luis Cook, Richard Goleszowski, …), Peter Lord était l’invité du festival Anima ces jours-ci. Co-auteur avec Nick Park de « Wallace et Gromit », co-réalisateur de « Chicken Run », il revient sur ses débuts dans l’animation, le style Aardman, l’évolution des techniques et l’importance du réalisme. Discussion sur fond de petits miracles et d’accent franco-anglais.

Dyana Gaye : “C’est important pour moi que la vraie vie soit là, qu’elle puisse surgir à n’importe quel moment »

Dyana Gaye : “C’est important pour moi que la vraie vie soit là, qu’elle puisse surgir à n’importe quel moment »

À cheval entre deux cultures, la française et la sénégalaise, Dyana Gaye a choisi le cinéma comme moyen d’expression. Depuis une décennie, elle fait des courts (Une femme pour Souleymane, J’ai deux amours, Deweneti et Un transport en commun) en adaptant à chaque fois la forme à son sujet et en gardant le Sénégal, champ des possibles, dans un coin de sa tête. Rendez-vous de dernière minute, loin des César, à proximité des origines multiples et de l’imprévu du réel.

Clément Michel : “Mon moteur d’écriture, c’est de jouer dans mes projets. Ça répond à mon désir d’acteur”

Clément Michel : “Mon moteur d’écriture, c’est de jouer dans mes projets. Ça répond à mon désir d’acteur”

Après un premier court Bébé moquant malicieusement les affres de la paternité, Clément Michel a réalisé un deuxième film en pensant à Julie Budet alias Yelle. Ce film, Une Pute et un Poussin, issu de la collection Canal + « Ecrire pour un chanteur », remportera peut-être tout à l’heure le César du meilleur court métrage. Rencontre croisée autour du rire triste, de l’insolite, et du touchant.

Ludovic Houplain : “Selon moi, nous sommes en l’An 1 de l’animation, comme l’était la bande dessinée dans les années 70”

Ludovic Houplain : “Selon moi, nous sommes en l’An 1 de l’animation, comme l’était la bande dessinée dans les années 70”

Honoré d’un Oscar il y a un an, le film « Logorama » est sélectionné dans deux catégories aux César 2011 (meilleur court-métrage, meilleur court-métrage d’animation). Réalisé par trois curieux experts de l’animation numérique, regroupé sous le sigle H5, il a connu un succès dans les festivals du monde entier. Ludovic Houplain, l’un des trois réalisateurs, revient sur le processus de production et de création du film, la place des logos dans l’imaginaire social et la reconnaissance faite aux pratiques de cinéma d’animation en France. À quelques heures du verdict, il nous donne l’occasion de comprendre les origines du film et nous fait part de sa confiance pour l’avenir de l’animation.

Banu Akseki : « J’aime bien amener des personnages dans des lieux qui les mettent en décalage, dans des endroits où ils se sentent déterritorialisés »

Banu Akseki : « J’aime bien amener des personnages dans des lieux qui les mettent en décalage, dans des endroits où ils se sentent déterritorialisés »

Banu Akseki est de ces jeunes femmes que l’on garde en tête dès la première rencontre. Un regard franc et une voix réfléchie alimentent une discussion autour du cinéma. Venue présenter « Thermes » à la grand-messe du court métrage, la réalisatrice belge a su dès son premier film « Songes d’une femme de ménage » mettre délicatement en lumière la solitude des âmes à la dérive.