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Jean-Charles Mbotti Malolo : « La providence m’a permis de faire mon film. Quand je m’y suis attelé, j’avais envie de m’attaquer à quelque chose de difficile, avec de nombreux enjeux »

Issu de la double culture du hip-hop et de l’animation, Jean-Charles Mbotti Malolo a réalisé « Le Sens du toucher », lauréat de notre premier Prix Format Court au Festival de Villeurbanne. Présélectionné aux César de l’animation et projeté ce jeudi 8/1 lors de la séance anniversaire de Format Court aux Ursulines, ce premier film subtil et vibrant, à la croisée du mouvement, des couleurs et des sentiments, convie langue de signes, ondes visuelles et relations amoureuses. À Villeurbanne, Jean-Charles Mbotti Malolo est revenu sur son parcours, son intérêt pour la danse, son passage par Emile Cohl, sa collaboration avec la chanteuse Camille et les enjeux de son film, notamment par rapport à la notion de bruit.

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En découvrant ton travail, que ce soit ton film de fin d’études (« Le Coeur est un métronome »), un exercice sur iPad (« Le Paon ») ou ton court le plus récent, « Le Sens du toucher », on remarque que le mouvement et l’absence de paroles vont souvent ensemble. Les liens entre non verbal et gestuelle t’intéressent à ce point ?

C’est assez particulier. Pour « Le Sens du toucher », je ne voulais pas m’enfermer dans la communication corporelle. Au tout début, je voulais faire un film dialogué, sans mouvement ni communication. C’est revenu malgré moi, j’ai lutté pour essayer de contrôler ça, mais je me suis rendu compte que j’avais encore des trucs à creuser autour du non verbal et du mouvement. L’idée de surdité, de langue de signes, de travailler avec des sourds, me plaisait beaucoup. « Le Coeur est un métronome » est la première utilisation de la danse et de l’animation, je pense qu’à l’époque, je n’étais pas allé assez loin.

En termes d’histoire ?

Oui. C’est mon film de fin d’études. J’avais besoin d’encore travailler là-dessus.Dans ma manière d’aborder le cinéma, les choses passent beaucoup plus par la posture, la gestuelle, le corps, l’acting, le mouvement que les mots. Pour mon prochain film co-réalisé avec Simon Roussin, « Please Please Please », écrit par Nicolas Pleskoff, je franchis une étape intéressante. Il s’agit d’un film sur James Brown, l’idée de mouvement et de danse est toujours là mais le projet est très dialogué. Amaury Ovise (Kazak Productions) m’a proposé de travailler sur ce film; ce qui me plaît, c’est cet enjeu du dialogue, ça fait longtemps que j’ai envie de m’y confronter.

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L’envie de faire de l’anim’, c’est lié à quoi ?

Quand j’étais petit, je dessinais beaucoup. J’ai vu un reportage sur l’école des Gobelins, j’ai voulu faire de l’animation. Je faisais beaucoup de portraits, j’avais un dessin assez réaliste. Je n’étais pas doué pour créer des choses et inventer des univers à partir de mon imaginaire.

Est-ce que tu avais essayé d’animer tes dessins, de faire bouger tes feuilles ?

Étrangement, oui. Juste après avoir vu ce reportage, à l’âge de 12-13 ans, je l’ai fait une fois, ça m’a amusé 5 secondes. Je n’avais pas d’ordinateur, du coup, je n’avais pas les moyens techniques pour faire de l’animation.

Les Gobelins, tu as essayé ?

Non. Très vite, je me suis rendu compte qu’aller à Paris pour faire les Gobelins et y vivre était juste impossible pour mes parents. L’aspect financier m’a freiné. À Cohl, l’année coûtait cher mais au moins, j’étais chez mes parents et je n’avais pas de frais. J’ai travaillé, je suis allé à la fac, j’ai fait des fresques, des décorations de magasin pour mettre des sous de côté. Quand j’ai commence à m’impliquer dans le dessin, c’était aussi pour le graffiti.

Et ton goût pour la danse ?

La culture hip-hop m’a influencé. Le dessin et le hip-hop sont deux choses qui vont ensemble, qui m’ont toujours porté. J’ai dessiné très tôt et je me suis toujours dandiné. J’ai sans cesse glissé de la danse au dessin.

Comment fonctionne l’enseignement à Emile Cohl ?

L’école propose une formation en 4 ans. Les deux premières années sont communes, les deux dernières sont spécialisées en animation, BD, illustration ou infographie. Je suis resté en animation. Avant, même quand je faisais du graffiti, je ressentais la frustration d’être un dessinateur de portraits plutôt doué pour recopier des trucs; j’étais un peu bloqué pour créer et développer des univers à part. En arrivant à l’école, j’ai réussi à débloquer ça et à aller vers quelque chose de plus personnel.

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Entre ta sortie de l’école et « Le Sens du toucher », qu’as-tu fait ?

J’ai travaillé sur des longs-métrages. En 2008, quand j’ai commencé sur « Kérity la maison des contes », on m’a dit que si j’avais une prétention d’animateur-réalisateur, il ne fallait pas que je la perde de vue. C’était facile de faire ses heures et de travailler sur les travaux des autres. Après mon film de fin d’études, je voulais très vite refaire un film mais je n’avais pas forcément quelque chose à raconter à ce moment-là. L’idée du « Le Sens du toucher » n’est pas venue tout de suite, le projet est né en 2009.

Est-ce que tu as eu envie d’y mettre des choses que tu n’avais pas pu creuser dans le précédent ?

C’est exactement ça. Sur mon film de fin d’études, mon scénario n’avait pas été validé. Je l’ai relu il n’y a pas longtemps et j’ai compris pourquoi. Je m’étais lancé dans un truc pseudo-politique étrange et je pense que je n’avais pas la maturité pour écrire des trucs engagés il y a sept ans. Ça n’avait ni queue ni tête. On m’a demandé de ne pas le faire tel, l’égo a joué, j’ai eu du mal à me positionner. Benoît Chieux qui gère cette section m’a conseillé faire de l’illustration, j’ai essayé de lui montrer que j’étais motivé et que je voulais faire de l’animation. J’avais une semaine pour faire des images. Il m’a demandé ce qui me plaisait dans la vie en dehors du dessin. Je lui ai parlé de la danse, je lui ai montré des vidéos. Il m’a dit : “Fais ça, fais de la danse”.

Comment ton premier film professionnel s’est-il fait ?

Au printemps 2010, Benoît Chieux m’a appelé pour travailler sur les décors de « Tante Hilda ». Je voulais rester concentré sur mon projet de court, mais je ne pouvais pas me permettre de refuser un projet de long chez Folimage. Je pensais mettre mon film entre parenthèses pendant un an. Deux mois après, des personnes de l’école de la Poudrière ont lu mon projet. Le comité artistique de Folimage a voulu le lire aussi. À ce moment, je me préparais pour présenter le projet de concours d’Annecy. Arte m’a primé et Folimage est devenu le producteur principal. La providence m’a permis de faire ce film. Quand je m’y suis attelé, j’avais envie de m’attaquer à quelque chose de difficile, avec de nombreux enjeux.

Qu’est-ce que tu as appris finalement sur ce film-là ?

Je pense que j’apprends beaucoup sur moi en travaillant au contact des gens. Grâce à ce film, je suis devenu beaucoup plus fort en dessin, j’ai appris à mieux animer et à dessiner. La rencontre avec Camille (qui a signé la musique originale du film ndlr) m’a aussi appris beaucoup de choses sur moi. C’est quelqu’un d’assez direct, qui sait ce qu’elle veut et qui arrive à dire les choses sans trop se prendre la tête. Au début de l’écriture, j’écoutais sa musique, des choses me touchaient. Sa façon d’écrire et de chanter créait des images en moi J’ai bizarrement connecté mon écriture aux émotions qu’elle me procurait. Mon film est allé vers sa voix. Je me suis dit que ce serait bien qu’elle fasse la musique, je ne voulais pas demander à une musicienne de l’imiter. J’ai réussi à la contacter et elle a accepté de participer au projet. Au début, je souhaitais aussi travailler avec Sly Johnson, un beatboxer qui fait des rythmes avec la bouche et qui avait déjà travaillé avec elle. Le premier jour de l’enregistrement, il n’est pas venu. Je me suis retrouvé confronté à Camille. Ça n’a pas été facile. Je me suis liquéfié sur place. Je n’ai pas su tout de suite la rattraper pour la ramener vers moi. Elle m’a dit : “Mec, réveille-toi, c’est toi le réalisateur, c’est ton film !”. Image_LSDT_Festival_009 copie_905

Vous avez donc fait le film qu’à deux. Il est différent du point de départ ?

Il est mieux, car au début, j’avais prévu de faire quelque chose de bruitiste, de faire la musique et tout l’univers sonore à la bouche comme les personnages ne parlent pas. Au début, elle devait endosser le rôle de la femme. Camille aime les bruitages à la bouche, mais ça ne fonctionnait pas. J’ai dû changer mon fusil d’épaule et faire des bruitages très réalistes.

Tu as donc une série de bruitages de la bouche de Camille !

Oui. Parfois quand je mets iTunes en mode aléatoire, je tombe sur des trucs très bizarres (rires) !

Pour le film, tu as aussi collaboré avec Mathilde Combes, une comédienne sourde qui a fait le travail des voix. C’était important pour toi d’aller au bout de ta démarche ?

De manière générale, travailler avec des personnes en situation de handicap peut être très vite emprunté. Tu n’as pas forcément la légitimité en tant que valide et entendant. Je suis très sensible à ça. J’ai toujours souhaité raconter ce genre d’histoire avec des pincettes. Je suis allé voir Emmanuelle Laborit pour discuter du projet. Elle fédère la communauté sourde et avait deux points de vue sur le film à la fois comme actrice et sourde. Elle a tout de suite répondu à ma demande. Je lui ai montré l’animatique, elle m’a fait un retour sur le film. Malgré ma bienveillance et mes connaissances, j’avais peur que mon point de vue sur la communauté sourde l’emporte. Elle a mis le doigt sur ce qui manquait et ce qui avait besoin d’être retravaillé, mais elle m’a dit que ça allait de manière générale et ça m’a beaucoup rassuré. Mathilde a vu l’animatique aussi, elle a été très touchée par le propos et l’idée de mettre en place des ondes visuelles. J’ai fait également une formation en lange de signes pour comprendre l’univers des sourds et dans quoi je mettais les pieds.

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Beaucoup de gens m’ont dit en voyant le film que le son et les bruits étaient bizarres, qu’il y avait un problème d’enceinte dans la salle. Mais il faut savoir que les sourds ne sont pas forcément muets et dans la langue des signes, les mimiques, la posture de la bouche et l’expression du visage expriment beaucoup de choses différentes, Les sourds sont très bruyants dans leur manière de s’exprimer avec leurs voix, leurs cordes vocales, ils font du bruit avec leurs verres et leurs chaises car ils ne se rendent pas compte de ses effets. La notion de bruit ne fait par exemple pas partie de leur monde du tout et ça n’a pas été évident de restituer cette idée.

Tu as encore envie de travailler autour du handicap ?

Pour le moment, je suis en train de faire un court d’une minute sur la Grotte Chauvet qui abrite les plus vieilles peintures rurales du monde. C’est une collection d’une quinzaine de courts soutenue par Arte. Travailler sur un film d’une minute me change du « Le Sens du toucher » qui fait 15 minutes, une durée importante pour un film d’animation. La question du handicap a fait partie de ma vie. Je pense que ça reviendra à un moment dans mon travail.

Propos recueillis par Katia Bayer

Articles associés : la critique de « Le Sens du toucher » , le reportage Jean-Charles Mbotti Malolo, en deux courts & deux mouvements

À la rencontre du jeune cinéma français : Frédéric Bayer-Azem, mardi 6 janvier, 20h au Cinéma L’Archipel

Après avoir invité Shanti Masud en octobre, le Cinéma L’Archipel accueille Frédéric Bayer-Azem dans le cadre de son cycle « À la rencontre du jeune cinéma français », organisé en partenariat avec Format Court.

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En l’espace de trois courts-métrages, Frédéric Bayer-Azem a révélé un regard de cinéaste déjà affûté, libéré de toute grammaire ronronnante mais porté par une intransigeance de tous les instants. S’il ne s’approprie aucun « sujets », c’est pour mieux s’approcher des corps de ses interprètes qu’il filme avec respect et pudeur, les rendant à leur mystère et à leur beauté brut. Maîtriser l’ellipse, faire de chaque raccord une rupture en composant un montage aussi heurté et élégant que la chorégraphie d’un match de boxe, telles sont les qualités premières et essentielles d’un cinéma libre, fou, drôle.

À l’issue de la projection, le cinéaste dialoguera avec Marc-Antoine Vaugeois (rédacteur à Format Court).

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Programme

Les Ficelles (2012)
Pan (2013)
Geronimo (2014)
+ 1 surprise

Infos

Cinéma L’Archipel : 17 boulevard de Strasbourg – 75010 Paris M° 4, 8, 9 Strasbourg St Denis/Château d’eau /Bonne Nouvelle

Tarifs
– 8 € / plein
– 6,5 € / réduit (étudiants, demandeurs d’emplois, plus de 60 ans sur justificatif sauf week-end et jour de fête)
– 4 € pour les – de 14 ans

Événement Facebook : https://www.facebook.com/events/270711239719191/?fref=ts

Le Sens du toucher de Jean-Charles Mbotti Malolo

Au théâtre des sourds, dans un tonnerre d’applaudissements silencieux, deux jeunes gens dans le public se regardent, rougissent, se plaisent. À l’extérieur, quelques brefs mots-signes et hochements d’épaules servent à dépasser leur timidité et fixer un dîner chez l’homme. Telle est la prémisse du premier film de Jean-Charles Mbotti Malolo bien nommé « Le Sens du toucher » et primé par le jury Format Court au Festival de Villeurbanne cette année.

Fasciné par l’idée de l’amour comme chorégraphie, le danseur-réalisateur conçoit une animation qui explore une relation basée sur deux personnages on ne peut plus contrastés. Louis est réservé, maniaque de la propreté, coincé, sévèrement allergique aux chats. Chloé, en revanche, est exactement son contraire, bordélique, décontractée, désinhibée, une grande amatrice de l’espèce féline, surtout lorsqu’il s’agit de mignons petits chatons. Les aléas du couple en quête d’un terrain d’entente malgré les différences flagrantes qui les opposent prennent la forme d’une saltation stylisée, mêlant gestuelles rythmées et pas de danse sur fond d’un scénario dramatique bien ficelé.

Le choix d’une image en 2D entièrement dessinée à la main (bien qu’inspirée de comédiens filmés) permet à la fois de doter d’un grand réalisme les mouvements gracieux de corps dansants et de dépasser les limites de la réalité. Ce sentiment paradoxal est renforcé par le choix de garder les roughs (brouillons) monochromatiques à l’image finale, ce qui confère parfois un effet brut à un dessin autrement lisse et plein de couleurs.

La danse retrouve son écho dans l’utilisation de la langue des signes, « non verbale » par excellence avec ses propres codes de mouvement et d’expression. D’ailleurs, l’intérêt esthétique de ce langage à part entière a vraisemblablement déterminé le choix narratif de protagonistes sourds-muets. Pourtant, loin d’être un prétexte gratuit, ce parti pris aura permis à Mbotti Malolo de mener à bien un travail sensoriel poussé et cohérent, hautement synesthésique à tout moment. La bande-son y contribue considérablement : forcément dépourvue de tout dialogue et minimaliste à souhait, elle est soulignée par des bruitages et voix occasionnels, et une partition vocale rythmique – signée par la chanteuse Camille – pour accompagner le ballet visuel sans jamais prendre le dessus. Le résultat est un film poétique et touchant, délicatement équilibré entre fiction et danse, riche en émotions et sensations.

Adi Chesson

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Articles associés : le reportage Jean-Charles Mbotti Malolo, en deux courts & deux mouvements, l’interview de Jean-Charles Mbotti Malolo

S comme Le Sens du toucher

Fiche technique

Synopsis : Chloé et Louis s’aiment secrètement. Leurs gestes se substituent aux mots, chaque parole est une chorégraphie. Louis se décide enfin à inviter Chloé à dîner et accepte de la laisser entrer accompagnée de chatons, malgré son allergie. Le dîner va alors révéler ses côtés les plus sombres.

Genre : Animation

Pays : France

Durée : 14′ 31″

Année : 2014

Réalisation : Jean-Charles Mbotti Malolo

Scénario : Jean-Charles Mbotti Malolo

Image : Jean-Charles Mbotti Malolo

Animation : Guillaume Lorin, Suzanne Seidel, Jean-Charles Mbotti Malolo

Compositing : Benoît Razy, Jean-Philippe Nicolle

Musique Originale : Camille

Montage : Pauline Coudurier, Hervé Guichard

Production : Folimage Studio, La Fabrique Production, Nadasdy Film

Articles associés : la critique du film, l’interview de Jean-Charles Mbotti Malolo

Festival Ciné-Rebelle, appel à films

L’appel à courts-métrages pour la  2ème édition du Festival Ciné-Rebelle est lancé. Sont acceptés tous les types et tous les genres de films, d’une durée maximale de 15 minutes.

Organisé par les étudiants de l’université Paris X Nanterre, le festival projettera les films sélectionnés le vendredi 17 avril 2015 au cinéma Le Chaplin Denfert, à Paris.

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Intéressés ? Envoyez vos films avant le 15 janvier 2015.

Fiche d’inscription et règlement à télécharger ici.

Jean-Charles Mbotti Malolo, en deux courts & deux mouvements

En novembre dernier, à l’issue du festival de Villeurbanne, Format Court décernait son premier Prix Format Court à Jean-Charles Mbotti Malolo pour son très beau film « Le Sens du toucher » projeté prochainement lors de la séance anniversaire de Format Court, le jeudi 8 janvier 2015 (en présence du réalisateur). Diplômé en 2007 de l’école Emile Cohl à Lyon, Jean-Charles Mbotti Malolo a beaucoup travaillé sur les séries et les longs-métrages, notamment pour le compte des studios Folimage et La Fabrique. Il est également danseur (on vous conseille d’aller voir son compte You Tube; rythme, battles et bon sons garantis). D’un court animé à l’autre, il n’y avait qu’un pas… de danse. Voici donc les précédents travaux de l’auteur du « Sens du toucher » aussi agile de ses mains que de ses pieds.

Le Cœur est un métronome

Le premier film connu de Jean-Charles Mbotti Malolo, « Le Coeur est un métronome » est son court de fin d’études d’Emile Cohl réalisé en 2007. En 4 minutes et quelques secondes, le film illustre la relation complexe entre un père et son fils. La palette graphique est teintée, mais la musicalité, la gestuelle, le rythme, les corps et l’absence de parole annoncent déjà « Le Sens du toucher », son premier film professionnel.

Dans ce court, élu Meilleur premier film au festival d’Hiroshima en 2008, après une énième dispute, le fils quitte le nid et le père perd l’appétit. Ils se retrouvent, sont dans l’incapacité de se parler, mais finissent par communiquer par le seul moyen possible, la danse (le hip-hop pour le fils, les claquettes pour le père). L’esquisse se forme, le chapeau vole, le père se retrouve à terre, le fils le ramasse. Les petits pas se créent, un en avant, trois en arrière et le parapluie s’attrape quand tombent les premières gouttes de pluie.

Fait avec des jolies gouaches, des pantalons un peu larges et un tempo qui colle à l’image, « Le Coeur est un métronome » montre les accords et désaccords père-fils sans beaucoup de sous-texte. Un peu trop court, un brin discret sur ses photos de début et de fin, le film révèle une ligne spontanée, un rythme étudié et des mouvements de danse, chers à Mbotti Malolo. On retient du film l’émotion saisie pendant 18 secondes (3’12’’- 3’30’’), interrompue par un éclat de tonnerre, la valse à la chemise et ce titre si poétique, marquant la pulsation des sentiments et de la musique.

Le Paon

Autre curiosité découverte sur le Net, « Le Paon » est un très, très court de 38 secondes seulement réalisé par Jean-Charles Mbotti Malolo en l’espace de 3 jours dans le cadre d’un marathon d’animation sur ipad, pour le Festival d’un jour à Valence (qui fête ses 20 ans cette année). Il a été conçu à partir d’une musique du compositeur Christophe Héral (« Chienne d’histoire » de Serge Avédikian, « La Queue de la Souris » de Benjamin Renner) et d’une application « L’atelier McLaren  » (créé par l’ ONF, en lien avec le travail du Canadien Norman McLaren). Ce super film trop court (lui aussi) mêle rythme et émotion, cadre noir et couleurs chaudes, musique et rythme, humour et poésie, jeu de formes et perspectives avec toujours cette ligne aussi libre que l’oiseau qu’il croque. Cette fois-ci, on retient l’envol du volatile, la voix de ténor du paon illustré, le coeur de petits chanteurs à cheveux longs et ce final tout en pois rouges. Grâce à ce tout petit film, on sait enfin ce qui se cache sous les plumes de notre ami, le paon !

Katia Bayer

Articles associés : la critique de « Le Sens du toucher », l’interview de Jean-Charles Mbotti Malolo

Format Court : Soirée anniversaire (6 ans !), jeudi 8 janvier 2015 au Studio des Ursulines !

Dès ce mois-ci, Format Court entame sa sixième année au service du court métrage (bouchon !). Jeudi 8 janvier 2015, nous vous invitons à nous rejoindre dès 20h30 au Studio des Ursulines (Paris, 5ème) pour une nouvelle séance de courts placée sous le signe du lumineux, du poétique et du (sou)rire. À travers 5 films américains, canadiens, italiens, hongrois et français, vous découvrirez des propositions burlesques, audacieuses, mystiques et chorégraphiées.

Pour accompagner cette séance, les équipes de « Stella Maris » de Giacomo Abbruzzese et « Le Sens du toucher » de Jean-Charles Mbotti Malolo (Prix Format Court au Festival de Villeurbanne 2014) seront présentes. En guise de supers bonus, des croquis préparatoires du film « Le Sens du toucher » seront exposés à l’entrée des Ursulines et un verre offert ponctuera cette soirée anniversaire.

Programmation

Le Sens du toucher de Jean-Charles Mbotti Malolo (Animation, 14’31, 2014, France, Studio Folimage, La Fabrique, Nadasdy Film). Prix Format Court au Festival de Villeurbanne 2014, présélectionné pour le César 2015 du Meilleur Court Métrage d’Animation. En présence du réalisateur

Synopsis : Chloé et Louis sont sourds, mais ça ne les empêche pas de bien s’entendre. Ils s’aiment secrètement. Leurs gestes se substituent aux mots. Ils dansent, chaque parole est une chorégraphie. Seulement ils ne se connaissent pas encore complètement, et le dîner va révéler les côtés les plus sombres de Louis. Il a horreur de l’insouciance de Chloé, et par-dessus tout, de sa propre rigidité. Ce soir, il ne réussit pas à se détendre, il est allergique aux chats et Chloé en a apporté un.

Articles associés : la critique du film, l’interview de Jean-Charles Mbotti Malolo

Petit Frère de Rémi St-Michel (Fiction, 14′, 2014, Canada, Romance Polanski & Klaus Kinky). Sélections (2014) : Semaine de la Critique (Cannes), Festival du Nouveau Cinéma (Montréal), Festival de Cambridge

Synopsis : Antoine, jeune cas à problèmes de 14 ans, passe une journée avec son tuteur, Julien. Pour une dernière fois avant le départ de ce dernier pour la Russie, les deux “frères” déconnent dans les rues de la métropole.

Articles associés : la critique du film, l’interview de Rémi St-Michel et Eric K. Boulianne

Stella Maris de Giacomo Abbruzzese (Fiction, 26’34, 2014, Italie, France, La Luna Productions). Mention spéciale Format Court au Festival de Villeurbanne 2014. Sélections (2015) : Festivals d’Angers & de Clermont-Ferrand. En présence de l’équipe

Synopsis : Un village perdu au bord de la Méditerranée. A l’occasion d’une fête populaire, tous les habitants se rassemblent sur le bord de mer dans l’attente de l’arrivée par les eaux d’une statue illuminée : la Stella Maris, Vierge de la mer. L’histoire d’un artisan de la lumière et de sa fille, d’un maire borgne, de feux d’artifices, comme une bombe et du street-art comme révolution.

Article associé : la critique du film

Symphony no. 42 de Réka Bucsi (Animation, Hongrie, 9’33, 2013, Moholy-Nagy University of Arts and Design). Shortlisté pour les Oscars 2015, sélections (2014-2015) : Festivals de Berlin, d’Annecy, de Sundance, de Clermont-Ferrand

Synopsis : Un récit qui présente, de façon originale, un univers subjectif en 47 scènes. Des événements de la vie quotidienne mettent en évidence la cohérence irrationnelle du monde qui nous entoure. Des situations surréalistes qui mettent en scène les humains et leur rapport à la nature.

Article associé : Annecy 2014 : La crème de la crème

His Wooden Wedding de Leo Mac Carey (Burlesque N&B, VOST, 19’38”, 1925, États-Unis, Hal Roach – Pathe Exchange)

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Synopsis : Charley, riche play boy se marie un vendredi 13. Le témoin, un amoureux déçu de la mariée, lui fait passer un message anonyme lui annonçant que la femme qu’il épouse a une jambe de bois. Charley affolé décide de rompre et de partir oublier son chagrin sur un bateau.

En pratique

Horaire : Jeudi 8 janvier 2015, à 20h30. Accueil : 20h
Durée de la séance : 83’
Studio des Ursulines : 10 Rue des Ursulines, 75005 Paris
Accès : RER B Luxembourg (sortie rue de l’Abbé de l’Épée), Bus 21, 27 (Feuillantines), 38 ou 82 (Auguste Comte), 84 ou 89 (Panthéon). Métro le plus proche : Ligne 7, arrêt Censier Daubenton (mais apprêtez-vous à marcher un peu…)
Entrée : 6,50 €
Réservations vivement recommandées : soireesformatcourt@gmail.com

Festival BD6Né, appel à films

Le Festival BD6Né est un festival entièrement consacré aux apports de la BD au Cinéma et à toute la richesse des échanges entre ces deux arts. La 3ème édition du Festival BD6Né se déroulera du 23 au 26 avril 2015 à Paris et en Région Parisienne et sera organisée conjointement par Collectif Prod et Broken.

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Pour la compétition de courts métrages, le festival recherche des films français et internationaux, d’une durée maximale de 20 minutes (générique inclus), produits après le 31 décembre 2012, qui rendent compte d’un attachement ou d’une passerelle entre l’art cinématographique et la bande dessinée.

Date limite d’inscription : 28 février 2015

Voir conditions, inscriptions et règlement :

– sur le blog du Festival : http://bd6ne.blogspot.fr/
– ou sur le site de Collectif Prod : http://collectifprod.net/festival-bd6ne-2015-appel-a-films/

Sangre de Unicornio de Alberto Vázquez

« Cette licorne (…) ; c’est le plus bel animal, le plus fier, le plus terrible et le plus doux qui orne la terre « . Voltaire – La princesse de Babylone (1768)

« Terrible et doux », c’est un peu ce qui pourrait caractériser le quatrième film de Alberto Vázquez, « Sangre de Unicornio », présent à Court Métrange cette année. Un peu à la manière de ses caricatures pour le quotidien espagnol El Pais ou dans ses films précédents, comme « Birdboy », on trouve beaucoup de rouge à l’image.

Il y a aussi un narrateur en espagnol à la voix exagérément grave et de la grosse musique rock Epic Metal du groupe non moins espagnol, Hongo. Le mythe de la licorne y est bel et bien terrible mais s’exprime par le biais de deux nounours, les véritables héros du film. Moffy, et son frère Gregorio ont tout de deux Bisounours, mais aussi une rivalité fraternelle digne de Caïn et Abel dans la Bible. Mais surtout, ils chassent les licornes.

La licorne est un symbole à la fois masculin et féminin, bienveillant et dangereux, proche et inaccessible, présent dans la Bible tout autant que chez les alchimistes, connu de l’Occident à l’Inde. Dans « U », le beau film animé par Serge Elissalde et Grégoire Solotareff de 2006 et dont le U sert à Unicorne, la licorne était un personnage attachant et proche.

Dans « Sangre de Unicornio », elle est insaisissable et devient, de ce fait le but d’une quête menée par les deux héros, en somme, un MacGuffin idéal. Au-delà de la cruauté du conte, on trouve, dans « Sangre de Unicornio », une confrontation du monde enfantin face à des problématiques d’adulte. Il est donc facile d’éprouver tour à tour de l’empathie ou du rejet pour les personnages alors qu’autour d’eux, tout un environnement se déploie, aussi enchanté que cauchemardesque. Alberto Vázquez nous dessine des fleurs en forme de cœur sans nous épargner leur couleur rouge sang. La variété graphique est impressionnante et le film convoque, ici et là, des éléments de « La Planète Sauvage » de René Laloux tout autant que des icônes chrétiennes du XVè siècle.


Outre son graphisme, le film présente une animation subtile. Comme chaque image est dessinée, les nuances sensibles du film se fabriquent en faisant varier la fluidité de l’animation. Quand il faut décrire une action, les images s’enchaînent très vite. Quand il faut évoquer un mythe ou un souvenir, l’animation se fige jusqu’à l’image par image, montrant parfois des illustrations ou des tableaux, comme dans une étonnante séquence centrale du film définissant le mot « douleur ».

Au final, « Sangre de Unicornio » fait penser à un carambolage entre « Bob l’éponge » et un film d’horreur espagnol d’Álex de la Iglesia, mais sa singularité se trouve dans l’ironie cruelle face aux mythes qu’il explore. Derrière un gout du discours martelé, asséné comme autant de coups de poing au visage du spectateur, se montre un réel amour pour le récit graphique. Outre son point de vue singulier donc, « Sangre de Unicornio » nous offre le luxe de placer sa maîtrise des images en avant de la cruauté de son discours. Le mélange est détonnant, le film efficace et marquant. À ne pas manquer.

Georges Coste

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S comme Sangre de Unicornio

Fiche technique

Synopsis : Deux oursons partent chasser des licornes, leur proie de prédilection. Les licornes ont une chair tendre et un sang sucré au goût de myrtilles dont les oursons ont besoin pour rester beaux.

Genre : Animation

Durée : 8’37

Pays : Espagne

Année : 2013

Réalisation : Alberto Vázquez

Scénario : Pedro Rivero, Alberto Vázquez

Son : Víctor García

Musique : Víctor García – Hongo

Montage : Iván Miñambres

Production: Abrakam Studio

Interprétation : Lola Lorente, Borja Bas, Alberto Vasquez

Article associé : la critique du film

Sébastien Betbeder. Le jeu, l’impro, les adulescents et Paris

La filmographie de Sébastien Betbeder voit alterner des formes courtes et longues. D’un côté, il y a des films comme La Vie lointaine et Sarah Adams, de l’autre, il y a Les Nuits avec Théodore et 2 Automnes 3 hivers.

Au Festival de Vendôme 2014, le réalisateur présentait son dernier film sélectionné en compétition nationale, Inupiluk, une comédie orchestrant la rencontre entre quatre garçons très différents, Thomas et Thomas, deux Français, et Adam et Ole, deux Groenlandais. Ce film de 34 minutes sortira en salles au début de l’année 2015; Sébastien Betbeder en prépare déjà la suite. Retour en quelques minutes sur la genèse de ce moyen-métrage ainsi que sur les thématiques et genres cinématographiques que Sébastien Betbeder aime aborder et croiser dans ses films.

 

Et vous, quels sont vos courts-métrages favoris cette année ?

Noël Joyeux ! Hier, nous avons publié notre Top 5 annuel des meilleurs courts métrages de l’année. Nous sommes curieux de connaître vos goûts et aimerions savoir si les films qui nous ont marqués cette année vous ont plu à vous aussi.

Et pour vous, quels sont les meilleurs courts de l’année, tous genres et nationalités confondus ? Vos commentaires sont les bienvenus en réponse à cette petite actu en forme de point d’interrogation.

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Prix Océans du court métrage, appel à projets

Créé en mai 2012 par France Ô, en collaboration avec la Quinzaine des Réalisateurs et le Syndicat des Producteurs indépendants (SPI), le Prix Océans du Court-Métrage donne l’opportunité à des réalisateurs de monter un projet de court-métrage, ayant pour cadre l’Outre-mer. Présidé par Lucien Jean-Baptiste, ce prix récompense un scénario de langue française ayant une thématique ultramarine.

Vous rêvez d’écrire l’outremer, de la filmer, de la montrer ? Participez à cette 3ème édition !

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Envoyez vos projets aux couleurs des outremers avant le 31 décembre 2014 par mail à courtsocéans@francetv.fr . Un jury de professionnels sélectionnera le meilleur scénario qui se verra récompensé d’un financement de 30 000 euros pour réaliser son court-métrage. Le film lauréat sera diffusé lors de la soirée de clôture de La Quinzaine des réalisateurs 2016.

Lien utile : ici !

Le Top 5 de la rédac’ !

Pour la cinquième année consécutive, nous vous proposons notre Top 5 des meilleurs courts métrages de l’année, à l’instar des autres revues et sites web dédiés au cinéma. Voici les films de l’année qui ont marqué l’équipe de Format Court.

Sylvain Angiboust

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1. Ceux qui restent debout de Jan Sitta, France
2. A Living Soul de Henry Moore Selder, Suède
3. Daphné ou la belle plante de Sébastien Laudenbach et Sylvain Derosne, France
4. Cólera d’Aritz Moreno, Espagne
5. La maison de poussière de Jean-Claude Rozec, France

Amaury Augé

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1. Tempête sur Anorak de Paul Cabon, France
2. Animal Sérénade de Béryl Peillard, France
3. Ennui ennui de Gabriel Abrantes, France
4. Inulpiluk de Sébastien Betbeder, France
5. Tant qu’il nous reste des fusils à pompe de Jonathan Vinel et Caroline Poggi, France

Fanny Barrot

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1. Tant qu’il nous reste des fusils à pompe, Jonathan Vinel et Caroline Poggi, France
2. La Part de l’ombre de Olivier Smolders, Belgique
3. Peine perdue de Arthur Harari, France
4. 8 balles de Franck Ternier, France
5. Nan lakou kanaval de Kaveh Nabatian, Haïti, Canada

Katia Bayer

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1. Beauty de Rino Stefano Tagliafierro, Italie
2. Le Skate moderne de Antoine Besse, France
3. Art de Adrian Sitaru, Roumanie
4. Oh Lucy! d’Atsuko Hirayanagi, Japon, Singapour, Etats-Unis
5. Guy Moquet de Demis Herenger, France

Julien Beaunay

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1. A Living Soul de Henry Moore Selder, Suède
2. Don’t Hug Me I’m Scared 2 – TIME de Joseph Pelling et Becky Sloane, Royaume-Uni
3. The Bigger Picture de Daisy Jacobs, Royaume-Uni
4. Oripeaux de Sonia Gerbeaud et Mathias Panafieu, France
5. Symphony No 42 de Réka Bucsi, Hongrie

Marie Bergeret

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1. La Part de l’ombre de Olivier Smolders, Belgique
2. The Chicken de Una Gunjak, Croatie-Allemagne
3. L’homme au chien de Kamal Lazraq, Maroc, France
4. Tehran-Geles de Arash Nassiri, France
5. La Demi-saison de Damien Collet, Belgique

Juliette Borel

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1. Red Hulk de Asimina Proedrou, Grèce
2. Pork & Luna de Xiaoyu Du, Chine
3. Labyrinthe de Mathieu Labaye, Belgique
4. Colectia de Arome d’Igor Colibeanski, Roumanie
5. Gli Immacolati de Ronny Trocker, France

Adi Chesson

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1. Mélodie pour Agnès de Marrie Larrivé et Camille Authouart, France
2. Shadow de Lorenzo Recio, France
3. Lilith de Maxim Stollenwerk, Belgique
4. La Part de l’ombre de Olivier Smolders, Belgique
5. L’homme au chien de Kamal Lazraq, Maroc, France

Georges Coste

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1. Ceux qui restent debout de Jan Sitta, France
2. Supervénus de Frédéric Doazan, France
3. T.I.A. (This is AfricA) de Matthieu Maunier-Rossi, France
4. 3e page après le soleil de Theodor Ushev, Canada
5. A Living Soul de Henry Moore Selder, Suède

Agathe Demanneville

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1. Habana de Edouard Salier, France
2. To taste the ground de Shannon Harris, Canada
3. The Weatherman and the Shadowboxer de Randall Lloyd Okita, Canada
4. Cambodia 2099 de Davy Chou, France
5. Le Sens du toucher de Jean-Charles Mbotti Malolo, France

Mathieu Lericq

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1. Hillbrow de Nicolas Boone, France
2. Art de Adrian Sitaru, Roumanie
3. Fragmenty de Aga Woszczyńska, Pologne
4. The Weatherman and the Shadowboxer de Randall Lloyd Okita, Canada
5. Aïssa de Clément Tréhin-Lalanne, France

Lola L’Hermite

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1. Habana de Edouard Salier, France
2. A Living Soul de Henry Moore Selder, Suède
3. Man on the chair de Dahee Jeong, Corée
4. 8 balles de Franck Ternier, France
5. Le Sens du toucher de Jean-Charles Mbotti Malolo, France

Camille Monin

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1. Rabbit and Deer de Peter Vacz, Hongrie
2. ex aequo : A iucata de Michele Penneta, Italie, Suisse et La Femme de Rio de Emma Luchini, France
3. L’homme au chien de Kamal Lazraq, Maroc, France
4. Une vie radieuse de Meryll Hardt, France
5. Petit frère de Rémi Saint-Michel, Canada

Julien Savès

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1. La Part de l’ombre de Olivier Smolders, Belgique
2. Shadow de Lorenzo Recio, France
3. Jiminy de Arthur Môlard, France
4. Nectar de Lucile Hadzihalilovic, France
5. ex aequo : A Living Soul de Henry Moore Selder, Suède et Oripeaux de Mathias de Panafieu et Sonia Gerbeaud, France

Xavier Gourdet

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1. One part seven de Reynold Reynolds, Etats-Unis, Italie
2. Notre Dame des hormones de Bertrand Mandico, France
3. Planet ∑ de Momoko Seto, France
4. Habana de Edouard Salier, France
5. Si jamais nous devons disparaître ce sera sans inquiétude et en combattant jusqu’à la fin de Jean-Gabriel Périot, France

Zoé Libault

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1. Tant qu’il nous reste des fusils à pompe de Jonathan Vinel et Caroline Poggi, France
2. Aïssa de Clément Théhin-Lalanne, France
3. Stone cars de Reinaldo Marcus Green, Afrique du Sud
4. 8 balles de Franck Ternier, France
5. L’homme au chien de Kamal Lazraq, Maroc, France

Marc-Antoine Vaugeois

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1. Peine perdue de Arthur Harari, France, France
2. Géronimo de Frédéric Bayer-Azem, France
3. Métamorphoses de Shanti Masud, France
4. Mahjong de Joao Pedro Rodrigues et Joao Guerra da Mata, Portugal
5. Tourisme International de Marie Voignier, France

Reindeer d’Eva Weber

Documentaire, 3’14’’, 2013, Grande-Bretagne, HSI London

Synopsis : Voyageant 400 km au-dessus du cercle polaire au village Karigasniemi à Utsjoki en Finlande, la cinéaste Eva Weber montre l’élevage de rennes qui a été le gagne-pain des autochtones Samí de l’Arctique durant d’innombrables générations.

À l’approche des fêtes, certains auront certainement envie de retomber en enfance et de croire de nouveau au Père Noël. Dans ce sens, le court, très court documentaire d’Eva Weber, présenté au Festival de Sundance en 2013, nous offre un peu de cette magie de Noël.

En effet, il est question ici d’un regard sur les éleveurs de rennes en Laponie, sans aucune parole, juste pour nous laisser profiter de la beauté et de la majesté de ces bêtes. La réalisatrice britannique réussit à nous transporter en trois minutes seulement au cœur d’une tradition finlandaise ancestrale. On est emporté par son image sublime qui capte jusqu’aux flocons de neige, par ses cadres très maîtrisés permettant de se placer au plus près des animaux et par un travail sur le son rendant palpables le brame et le pas des rennes. Et puis, il y a ce plan final où l’on aime à imaginer que le fameux Père Noël s’éloigne avec l’un de ses rennes pour poursuivre ce voyage hors du temps.

Camille Monin

Beach flags de Sarah Saïdan

Courant 2015, la petite ville de Vendôme accueillera pour la première fois une résidence d’animation. La dernière édition de son festival du film était justement placée sous le signe de l’animation, représentée par 6 courts-métrages en compétition nationale, un programme parallèle spécial et une exposition interactive sur ses différentes étapes et techniques de fabrication. Beach Flags, court-métrage de Sarah Saïdan, en compétition officielle, fait partie ce ces représentants de l’animation française.

Le film prend place parmi des sauveteuses en mer iraniennes … qui n’ont pas le droit de se montrer en maillot de bain. Etrange paradoxe. Elles passent donc le plus clair de leur temps à s’entraîner pour une compétition de beach flags : une course dans le sable où il faut être la première à attraper un drapeau pour gagner. Cette épreuve, pouvant être faite entièrement vêtue, est la seule à laquelle ces sauveteuses peuvent participer.

Le récit, tel une fable, conte l’histoire de Vida, la favorite du groupe avant l’arrivée de Sareh, bien meilleure coureuse qu’elle. Une concurrence effrénée s’installe entre les deux jeunes filles, entraînant ainsi la médisance des autres.

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La singularité de ce court-métrage se retrouve principalement dans les séquences de rêves. La vie de Vida est ponctuée de cauchemars dans lesquels ses combats quotidiens sont symbolisés par des noyades. Les couleurs sombres et l’animation énergique de ces séquences rend compte de l’angoisse qu’elle ressent face à son quotidien.

Beach Flags n’est pas sans rappeler Persepolis, le long-métrage d’animation de Vincent Paronnaud et Marjane Satrapi, adapté de la propre bande dessinée éponyme de cette dernière. Les deux films sont réalisés en 2D traditionnelle, ont des traits relativement proches et tracent des portraits de femmes iraniennes, opprimées par leur société. Cependant, à la grande différence de Persepolis,  Beach Flags est coloré. L’utilisation d’aplats de couleurs pour les personnages et de décors peints à la gouache fortement diluée transporte le spectateur dans un monde enfantin, renforçant l’idée de conte.

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Sarah Saïdan, fraîchement diplômée de la Poudrière, réalise ici un premier film abouti, qui témoigne de la condition de la femme en Iran, son pays d’origine, et des échappatoires que certaines peuvent y trouver. Dans son film, Sareh, bientôt mariée de force, pourrait retrouver sa liberté si elle gagnait la course, seulement c’est sa rivale Vida qui détient la clé de son avenir. Quelque peu manichéen, le film de Sarah Saïdan se clôt comme un conte où le sacrifice et la solidarité gagnent face à l’ambition égoïste de la victoire et aux considérations liberticides d’un Etat totalitaire.

Zoé Libault 

Consulter la fiche technique du film

B comme Beach Flags

Fiche technique

Synopsis : Vida est une jeune nageuse sauveteuse iranienne. Favorite dans son équipe, elle est décidée à se battre pour décrocher une place dans une compétition internationale en Australie. Mais, avec l’arrivée de Sareh, aussi rapide et talentueuse qu’elle, elle va être confrontée à une situation inattendue.

Réalisation : Sarah Saïdan

Genre : Animation

Durée : 13′

Pays : France

Année : 2014

Scénario : Sarah Saidan

Animation : Jumi Yoon, Eloïc Gimenez, Armelle Mercat

Montage : Hervé Guichard

Production : Sacrebleu, Folimage

Article associé : la critique du film

Vendôme 2014 : La France, terrains vagues

Plusieurs festivals de courts-métrages choisissent une ligne éditoriale pour déterminer leurs critères de sélection. Ainsi, le festival Premiers Plans (Angers) met en avant les premiers films (courts et longs-métrages) dans sa compétition, tendis que d’autres festivals font la part belle aux films LGBT (Chéris Chéris) ou aux films de femmes (Créteil). La spécificité du festival de Vendôme consiste à mettre en avant dans sa compétition de films courts des œuvres soutenues financièrement par une région. L’occasion de poser la question épineuse du territoire et de la manière dont les cinéastes français présents cette année en compétition s’approprient (ou non) les espaces qu’ils investissent.

Recevoir l’aide d’une région implique la plupart du temps pour les cinéastes bénéficiaires de localiser le tournage de leur film dans la région qui leur apporte un soutien, généralement en province donc. À partir de ce moment là, on peut se demander ce qui motive les réalisateurs, si ces lieux et donc ces «décors imposés» stimulent leurs imaginaires. Ce n’est pas un hasard si de nombreux films en compétition à Vendôme cette année prenaient pour cadre principal de leurs récits des zones périphériques, situées à l’extérieur des grandes villes et propices aux errements, à la vacance de personnages en pleine transition. Mais est-il possible de filmer ces états sans faire dialoguer les corps et les lieux, sans faire exister ces espaces ?

CE MONDE ANCIEN

« Ce monde ancien » de Idir Serghine place son trio de jeunes adultes en jachère dans une zone commerciale périurbaine, et conte le long de ses trente minutes les errements de ses personnages «normaux», héros ordinaires ou anti-héros inoffensifs. Si l’on peut saluer le parti pris du jeune cinéaste de ne jamais sacrifier la ténuité de son récit de départ à un quelconque spectaculaire, on ne peut qu’être désolé de constater que le film ne cultive en retour rien de plus qu’une vision générique de ses personnages et de ses lieux. Ces jeunes adultes «un peu» paumés, qui se draguent «un peu», rêvent «un peu» (les States comme horizon lointain, pas très original) mais n’agissent pas beaucoup, nous les avons trop vus. Et les acteurs du film, malgré toute la sympathie qu’ils inspirent, se retrouvent aussi peu investis que leurs personnages face au peu de marge que leur laisse le programme du film. Ils sont posés dans le cadre et renvoient une image que nous connaissons déjà, comme les centres commerciaux, fast-food et autres parkings qu’ils arpentent. Des personnages un peu tristes dans des décors un peu tristes, en somme.

Dans un autre registre, Morgan Simon ne tire pas grand-chose de plus des espaces qu’il investit dans son dernier opus, « Essaie de mourir jeune ». Ici, les retrouvailles entre un père et un fils sont contées le temps d’une nuit, où l’on suit leur pérégrination à travers une ville inconnue. Tout ici semble propice à faire disparaître le décor : l’action se déroule de nuit, les valeurs de plans sont exclusivement resserrées sur les visages des comédiens et la caméra portée bringuebalante empêchent les personnages et par extension le spectateur de construire leur rapport à l’espace, d’appréhender la géographie d’une ville (ce qui pose problème quand l’évolution du récit tient dans le trajet physique des personnages). On pourrait rétorquer qu’il s’agit d’un «film d’acteurs», que le cinéaste a choisi de coller aux basques de ses protagonistes pour ne s’attacher qu’aux affects et aux tensions naissantes entre eux. Soit, mais il faudrait alors revenir sur le déséquilibre problématique entre les énergies des deux acteurs principaux, l’un trop mou (Julien Krug) et l’autre en surrégime permanent (Nathan Wilcox). Il devient alors difficile de ressentir la montée d’une tension, d’un désir commun qui porterait ces deux personnages, enjeu principal du film qui trouvera son aboutissement dans une improbable scène de triolisme aussi grotesque qu’inconfortable.

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Faire disparaître le décor (« Essaie de mourir jeune ») ou n’en rien raconter d’original (« Ce monde ancien »), tel est le ressenti à la vision de ces deux films. Heureusement, d’autres réalisateurs présents à Vendôme ont creusé, se sont appropriés des lieux génériques et ont tenté d’en tirer autre chose. Nous avions déjà évoqué dans de précédents articles des films tels que « Tant qu’il nous reste des fusils à pompes » de Jonathan Vinel et Caroline Poggi, « Peine Perdue » de Arthur Harari ou encore le « Géronimo » de Frédéric Bayer-Azem, qui élargissent leurs cadres et les ouvrent sur la nature et les grands espaces pour trouver du répondant à des récits plus chargés en colère et en mélancolie.

Deux autres films en compétition ont retenu notre attention pour les mêmes raisons. D’abord, « Les Éclaireurs » de Benjamin Nuel, une étonnante comédie qui situe son action sur le même territoire que le film d’Idir Serghine. On retrouve la zone périurbaine ainsi qu’un trio de jeunes adultes (encore deux hommes et une femme, décidément !) un peu paumés. Seulement, on découvre au fil du récit que ces trois personnages ont constitué dans leur prime jeunesse une bande de supers enquêteurs à la «Scooby-Doo», mascotte canine et ennemis masqués à l’appui. La trivialité du décor choisi pour leurs retrouvailles (un restaurant chinois bon marché) apporte ici un contraste bienvenu avec la dinguerie du postulat et charge le film d’une mélancolie discrète, les couleurs chaudes venant nimber les personnages et offrir un écrin propice aux réminiscences. Nuel fait preuve d’une sensibilité et d’une intuition surprenante en n’exploitant aucunement la dimension possiblement parodique ou spectaculaire de son postulat de départ pour générer du comique et en s’en remettant essentiellement au jeu de ses interprètes, tous superbement accordés. Une réussite et la découverte d’un auteur à suivre.

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De son coté, Jean-Sébastien Chauvin livre avec son nouvel opus « Les Enfants » une œuvre dans la droite lignée de ses précédents travaux (« Les filles de feu », « Et ils gravirent la montagne »). Ici, le film conte la fuite d’une mère et de ses deux enfants, amenés à quitter le cocon familial sinistré par la présence d’un monstre enfermé dans leur grenier. Une fois dehors, la découverte d’un monde post-apocalyptique (cadavres, fumerolles inquiétantes et routes désolées) pousse le trio à fuir en direction de la forêt. Chauvin retrouve alors les décors naturels qui l’inspire tant, où les immensités luxuriantes se font tantôt le berceau d’une innocence perdue tantôt le détenteur de forces secrètes et mystérieuses. Une fois encore, c’est en se perdant à travers les dédales de verdures que ces personnages partent en quête de leur lumière intérieure, matérialisée ici par l’apparition d’un petit vaisseau spatial en forme d’œuf lumineux. Placer sa croyance dans l’imaginaire, le fantastique, est une démarche si rare dans la production de courts-métrages français qu’il faut saluer ce geste fort, si confiant dans la simplicité et la maîtrise de ses outils. Chauvin, en redonnant à ces décors de Bretagne leur dimension féerique, parvient à les transcender pour les amener vers un horizon nouveau.

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Pour conclure, c’est peut-être en quittant la France que les réalisateurs français livrent les films les plus inspirés. Le jury officiel a remis le Grand Prix de la compétition au très beau « Cambodia 2099 » de Davy Chou, cinéaste qui a transformé un film de vacance tourné au Cambodge en œuvre intimiste et mélancolique glissant habilement vers la science-fiction. Et le jury Format Court, en récompensant le documentaire « Tourisme International » de Marie Voignier, a témoigné de son intérêt pour l’exploration par une jeune réalisatrice d’un pays inconnu au travers d’un dispositif savant et éminemment cinématographique. Il existe encore bien des territoires à explorer, au prix seulement d’un billet d’avion ou d’un peu d’imagination.

Marc-Antoine Vaugeois

Le Voyage dans la lune de Georges Méliès en couleurs

Lors du festival de Cannes 2011, Format Court s’était entretenu avec Serge Bromberg, de Lobster Films, après la projection exceptionnelle de la version restaurée, colorisée et musicale du « Voyage dans la lune », le chef d’œuvre de Georges Méliès. À l’occasion des 20 ans des séances Retour de flamme, fêtés au Balzac jusqu’au 16 décembre, nous revenons sur l’histoire et la sauvegarde de ce film, édité en DVD.

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Très tôt, Georges Méliès, l’inventeur des effets spéciaux, des fééries, des trucages, de la prestidigitation et du spectacle au cinéma, a combiné magie et cinéma, imaginaire et merveilleux, apparitions et disparitions dans ses films. Premier succès mondial du cinéma, « Le Voyage dans la lune » (1902) raconte en 15 minutes un épisode fantasmé de la conquête de l’espace bien avant qu’un Américain ne pose le pied sur l’astre lunaire.

Peut-être avez-vous vu ce film muet, en noir et blanc, ultra connu pour son plan emblématique d’obus percutant de façon accidentelle l’oeil de la lune. Si ce titre et l’univers de Méliès vous intéresse, sachez dans ce cas qu’une version couleur du même film a fait son apparition à la fin des années 90 dans un bien fâcheux état et que sa sauvegarde relève du miracle. Cette épopée, Serge Bromberg et Eric Lange, les fondateurs de Lobster Films, nous la relatent justement dans un des multiples bonus de ce DVD, un documentaire intitulé « Le Voyage extraordinaire ».

La face cachée du film, la voici. En 1999, Anton Jimenez de la Cinémathèque de Barcelone se rend chez Lobster pour retrouver des films de Segundo de Chomón, un réalisateur catalan spécialisé dans les films à trucs, dont un film très similaire au « Voyage dans la lune » nommé « Excursion dans la lune » (1908), également présent dans ce DVD. Dans la conversation, il révèle à ses interlocuteurs qu’il dispose d’une copie en couleurs du « Voyage », longtemps considérée comme perdue, en état de décomposition avancé. Eric Lange et Serge Bromberg récupèrent la copie, l’image comporte bon nombre d’impuretés mais est effectivement en couleurs ! Image par image, le film sera photographié et numérisé avec beaucoup de patience. Différents laboratoires seront approchés, sans succès, pour sauver le film, jusqu’à ce que les Américains (Technicolor Creative Services, sous la personne de Tom Burton) réussissent à mener à bien la résurrection du film et à réparer les dégâts du temps, en faisant jouer les moyens modernes et technologiques, à savoir les pixels et les palettes graphiques. Les outils numériques permettront ainsi de rassembler les fragments des 13.375 images du film et de les restaurer. Quant aux images manquantes, perdues ou trop dégradées, elles seront récupérées de la version noir et blanc du film puis coloriées.

La copie d’origine est muette, mais pour compléter ce lifting, un autre projet naît à cette période : celui de transmettre le film à une jeune génération qui ne connaît ni Méliès ni son film et d’accompagner le film d’une musique originale. Le groupe Air, ayant déjà signé des B.O. de musiques de film, la composera, avec comme particularité celle d’écrire une partition continue, puisque le film de Méliès ne comporte aucun dialogues.

109 ans après sa création, « Le Voyage dans la lune » s’offre donc une restauration de premier plan et la créativité d’un groupe français reconnu. Face à de tels changements, certaines personnes s’enthousiasment quand d’autres s’offusquent. Après la projection du film à Cannes, les uns vibraient encore tandis que les autres prenaient à partie Serge Bromberg, ne reconnaissant que la copie originale, avec ses imperfections liées au temps. Seulement, pour le collectionneur, une copie ne prime pas sur l’autre, comme l’atteste la présence sur ce DVD de versions supplémentaires du même film. « Le voyage dans la lune », en noir et blanc, se décline en effet en plusieurs options : muet, versions orchestre et boniments, orchestre seul ou piano seul. D’autres bonus complètent enfin ce DVD : les entretiens avec Air et des auteurs influencés par Méliès (Michel Hazavinicius, Michel Gondry, Costa-Gavras, Jean-Pierre Jeunet), mais aussi deux films de Méliès, plus rudimentaires, et tournant aussi autour de l’astre phare : « Eclipse de soleil en pleine lune » (1907) et « La lune à un mètre » (1908). Pour compléter ces bonus, « Le Voyage extraordinaire » propose aussi de nombreux extraits de films de Méliès et des documents d’époque, dont un émouvant enregistrement de la voix du père du spectacle cinématographique parlant de sa découverte inopinée du trucage.

Katia Bayer

Article associé : Le Voyage dans la lune de Georges Méliès par Serge Bromberg

Le Voyage dans la lune de Georges Méliès en couleurs  : Editions Lobster Films

2 courts de Cannes en ligne !

À l’occasion du Jour le plus Court, visionnez en exclusivité deux films du dernier Festival de Cannes, « Leidi » de Simón Mesa Soto, la Palme d’or du court métrage et « Lievito Madre » de Fulvio Risoleao, 3ème Prix ex aequo de la Cinéfondation en 2014.

Leidi de Simón Mesa Soto (Fiction, 15′, Colombie, Royaume-Uni, 2014, The London Film School). Palme d’or du court métrage 2014

leidi

Cliquer sur l’image pour visionner le film

Synopsis : Leidi vit avec sa mère et son bébé. Son fiancé, Alexis, n’est pas réapparu depuis quelques jours. Ce matin là, après avoir lavé son bébé, elle part acheter des plantains. Dehors, on lui dit qu’on a vu Alexis avec une autre fille. Elle ne rentrera pas à la maison tant qu’elle ne l’aura pas retrouvé.

Article associé : la critique du film

Lievito-Madre

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Lievito Madre » de Fulvio Risoleao (Fiction, 17′, 2014, Italie, Centro Sperimentale di Cinematografia). 3ème Prix ex aequo de la Cinéfondation en 2014

Synopsis : Lui, elle et l’autre : le triangle classique. Mais qu’est-ce qui se passe quand l’autre n’est pas un être humain? Ou plutôt s’il est fait de farine, d’eau et de miel ?