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Tiphaine Raffier: « Ça m’amusait de détruire ma ville d’enfance »

Tiphaine Raffier, dramaturge, metteuse en scène et comédienne pour le théâtre vient de réaliser La Chanson son premier court-métrage. Après avoir découvert son film lors de la Quinzaine des Réalisateurs à Cannes, nous avions envie d’en savoir un peu plus sur l’univers de Tiphaine et son rapport au cinéma…

Qui es-tu  ?

Je suis Tiphaine Raffier, je suis actrice, auteure et metteure en scène. Et puis…  réalisatrice, maintenant (rire)

D’où t’es venue l’idée de la pièce de théâtre, puis de son adaptation cinématographique  ?

Val d’Europe, la ville dans laquelle j’ai grandi est une ville simulacre qui pratique le façadisme. La ville est une copie du patrimoine architectural européen. (faux immeubles haussmaniens, fausse place italienne, rue d’inspirations londoniennes). C’est en quittant la ville où j’avais grandi que je me suis rendue compte qu’elle était bizarre.

Comme mon premier métier c’est le théâtre, j’ai d’abord écrit une pièce sur cet endroit. Je voulais parler d’une fille, vivant à côté d’une industrie culturelle mainstream, qui se destine à l’art. Avec la distance, je me rends compte qu’en vivant à proximité du parc Disneyland et notamment de Disney Studios, tout appelait à la fiction et surtout, au cinéma. Alors la décision de traduire les mots de la pièce en image s’est imposée très rapidement.

Comment passe-t-on d’une dramaturgie théâtrale à une dramaturgie scénaristique  ?

La première question a été : comment passer du cadre de scène fixe et unique à tous les cadres possibles ? Je me suis très vite posé la question du régime des images aussi. Comment filmer cette ville ? Les images diégétiques dans le film croisent des images documentaires et  les personnages eux-mêmes se filment. Filmer ce regroupement de communes, Disney et Val d’Europe, c’est sans cesse interroger la réalité des bâtiments qui nous entourent.  L’exercice mental qui m’a fait passer du théâtre au cinéma n’a finalement été qu’un moyen extraordinaire de formuler les questions philosophiques que soulevait la ville.

Il y a des éléments perturbateurs dans ton film, comme des cartons et l’apparition de mots à l’écran. Peux-tu nous expliquer comment tu es arrivée à briser la linéarité de ton court-métrage ?

C’est exactement ça. Ce sont des éléments perturbateurs. Le film hésite au début comme s’il cherchait son sujet. Va-t-on parler de la ville ? De Barbara ? Alors qu’au final, on raconte l’histoire de Pauline. Au milieu du film, Pauline voit un documentaire animalier qui fera naître en elle une vocation, un appel. Comme une crise mystique. Mais c’est l’art qui va l’appeler (rires). À partir de là, elle va intellectualiser. Et le spectateur assiste aussi à sa progression, son cheminement plastique. Elle écrit des mots sur du papier, puis projette ces mots via un vidéo projecteur, jusqu’à ce que les mots viennent eux-mêmes coloniser le film.

D’une certaine manière, Pauline tire le film vers elle. Au début, c’est Barbara qui est maîtresse des cadres, des corps et du temps. Pauline, elle, change les codes du film, et ainsi, dérègle l’immuable sérénité de la ville.

Je me souviens que l’écriture de la pièce avait été concomitante avec ma découverte du concept de « désir mimétique » de René Girard. Barbara est la « jeune fille » parfaite, tel qu’on nous l’a présentée dans les teen movies de Disney. Dans sa perfection, elle est l’incarnation de cette ville. Pauline et Jessica n’en sont que des pâles copies. De toute manière, tout n’est qu’affaire d’imitation dans ce film. La ville imite d’autres villes. Les objets que chante Pauline imitent d’autres objets. Les filles font elles-mêmes un spectacle de sosies. Et Jessica, dans un ultime exercice d’imitation va rendre hommage aux chansons de Pauline. On imite toujours ce qui parait plus désirable. La copie est aussi fondamentale en histoire de l’art et sans le savoir, Pauline soulève aussi ces questions.

Peux-tu nous expliquer pourquoi, dans ton film, tu as décidé d’utiliser la dystopie – une société fictionnelle à l’utopie sombre – en détruisant la ville qui t’a vu grandir ?

Ça m’amusait de détruire ma ville d’enfance. Ca m’a fait beaucoup de bien, en fait (rires). Ma position sur Disney est très ambiguë. Je ne suis pas dans une critique frontale, c’est une culture qui fait partie de moi. J’ai fredonné toute ma vie des chansons de Disney. Le rêve de Walt Disney père est magnifique, fascinant. Mais c’est toujours le dilemme entre la carte et le territoire : c’est-à-dire qu’au début, on s’intéresse à la carte, au projet, au dessin. Et puis à un moment, c’est le vertige du double, quand la ville devient réelle. C’est un thème Borgesien ou Hitchcockien, comme on veut. Un jour, la ville n’est plus une maquette, elle est habitée par des êtres de chair et d’os, dont la destinée va se voir façonnée par cette ville. C’est précisément sur ce point que La Chanson est aussi politique.

Comment s’est passé le déroulement de ton film, de son écriture à sa post-production ?

J’ai déposé au CNC une première version du scénario fin 2015. On nous a alors donné le droit de nous représenter, puis on a eu l’aide à la réécriture dans un second temps. Ensuite, j’ai travaillé avec une scénariste qui s’appelle Clémence Madeleine-Perdrillat. Comme les personnages, l’univers et l’histoire étaient déjà là, Clémence m’a surtout donné les clés pour que mon scénario soit plus lisible, elle sait comment les gens lisent les projets en commission. Elle a vraiment fait preuve de pédagogie. Après, nous avons touché la contribution financière du CNC.

Le tournage a duré deux fois 5 jours. Nous avons eu pas mal de soucis avec Disney qui nous donnaient des autorisations de tournage puis nous les refusaient au dernier moment. J’ai donc dû beaucoup réécrire la veille pour le lendemain et adapter mes scènes dans de nouveaux décors.

Concernant la post-production, nous avons eu un peu plus de deux semaines de montage image, une semaine de montage son, quatre jours d’étalonnage et quatre jours de mix. Les chansons du film (sauf la première, composé par Noémie Gantier, Victoria Quesnel et moi-même) ont été écrites par Guillaume Bachelé. Nous travaillons aussi ensemble au théâtre, nous avons une langue commune, ce qui rend le travail plus fluide.

D’où est venue ta vocation artistique  et quelles sont tes références cinématographiques  ?

J’ai un père curieux, généreux qui m’a montré beaucoup de comédies musicales quand j’étais petite. J’ai aussi vu beaucoup de films de genre avec mes frères. Puis mon père, à un moment travaillait chez Hachette et il rentrait avec des DVD gratuits. Parfois, on ne les ouvrait pas, ils restaient sous plastique. Mais d’autres fois on les ouvrait. Je me souviens avoir vu Les Idiots de Lars von Trier, comme ça (rires).

Avec le théâtre, j’ai découvert Bergman, Rohmer. Et aussi Dumont, Haneke qui m’ont fascinée sur cette question du régime de l’image. On se pose alors la question de l’origine des images : d’où viennent-elles ? Sont-elles fictionnelles ? Documentaires ? Quelles sont leurs portées ? Quel est le point de vue de l’auteur ?… Avec Rohmer, j’ai découvert l’intensité du dialogue et les questions philosophiques qui peuvent surgir d’une histoire très simple.

J’ai aussi fait une option cinéma à la fac. C’est là que j’ai découvert Hitchcock. Hitchcock, c’est magnifique pour apprendre à lire un film. Ensuite, j’ai suivi un parcours plus autodidacte : je passe des heures sur le site du Forum des Images. Je suis quelqu’un qui ne s’ennuie pas du tout devant une master class. J’adore les gens qui passent des heures à décortiquer quatre plans. Le cinéma a cette vertu d’être totalement divertissant et d’être en même temps une source de savoir inépuisable. Le cinéma est l’art où la pensée, le spectaculaire et l’émotion pure sont compatibles. Aller au cinéma me remet toujours dans un état de petite enfance. Parce que c’est une expérience intense et que face à l’écran, on se sent tout petit.

Si tu devais me citer un court-métrage qui a marqué ta vie…

Boro in the box de Bertrand Mandico et peut-être aussi La Boulangère de Monceau d’Eric Rohmer.

Propos recueillis par Pierre Le Gall

Article associé : la critique du film

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Séances au top : Format Court squatte le rooftop du Point Ephémère !

Bonne info : Format Court participe aux Séances au top organisées par le Point Ephémère (Paris 10ème) cet été. 5 cartes blanches offertes à Format Court auront lieu sur le rooftop du lieu les 20 juin, 5 et 26 juillet, 8 août et 13 septembre. Du cinéma sur le toit, un écran géant, des casques audio, des programmations éclectiques, des films français et étrangers, des courts récents ou non, des réalisateurs présents, … : soyez de la partie, venez voir du court, rencontrer notre équipe et nos invités, croquer du pop corn au Wasabi et des chouchous caramélisés !

Tout au long de l’été, nous vous informerons sur ces toutes nouvelles soirées sympas. La première Séance au top aura lieu ce mercredi 20 juin 2018 de 21h30 à 23h30 et sera présentée par Juliette Lytovchenko (Format Court), accompagnée par Mor Israeli (réalisatrice de Clapotis) et Heloïse Pelloquet (réalisatrice de L’Âge des sirènes).

Programmation

The Mad Half Hour de Leonardo Brzezicki. Fiction, 22’, Danemark, Argentine, 2015, Rewind My Future Films). Prix Format Court au Festival IndieLisboa 2015, sélectionné à la Berlinale 2015. 

Syn. : « The Mad Half Hour » raconte l’histoire d’un tourment intérieur : les doutes existentiels d’un jeune couple à Buenos Aires.

Articles associés : la critique du filml’interview de Leonardo Brzezicki

Clapotis de Mor Israeli. Animation, 4′, France, 2017, La Poudrière. Sélectionné au Festival de Clermont-Ferrand et d’Hiroshima 2018. En présence de la réalisatrice.

Syn. : Un après-midi d’hiver à la piscine.

L’Âge des sirènes de Heloïse Pelloquet. Fiction, 27′, 2016, France, Why Not Productions. Prix du Syndicat Français de la Critique 2016. En présence de la réalisatrice.

Syn. : Mattis vit sur une petite île et vient d’avoir son brevet. Durant l’été, il travaille sur un bateau de pêcheur, et s’interroge sur son avenir.

Guida de Rosana Urbes. Animation, Brésil, 2014, 11’, RR animaçao de filmes). Mention du jury Fipresci, Prix « Jean-Luc Xiberras » de la première œuvre au Festival d’Annecy 2015

Syn. : Guida, une dame douce qui travaille depuis trente ans comme archiviste pour le tribunal de la ville change sa routine ennuyeuse en voyant une petite annonce pour un cours de dessin d’après modèle vivant donné dans un centre culturel.

Article associé : l’interview de Rosana Urbes

Une nuit à Tokoriki (O noapte în Tokoriki) de Roxana Stroe. Fiction, 18′, 2016, Roumanie, UNATC.Prix Format Court au Festival de Namur 2016, sélectionné à la Berlinale 2016

Syn. : Dans une discothèque improvisée appelée « Tokoriki », le village entier célèbre le 18ème anniversaire de Geanina. Son petit ami et Alin vont lui donner un cadeau surprenant, un cadeau que personne ne pourra jamais oublier.

Article associé : la critique du film

En pratique

Le Point Éphémère : 200 Quai de Valmy – 75010 Paris
Métro Jaurès (lignes 5, 2 et 7 bis), Louis Blanc (ligne 7), Bus 26, 46, 48 : Goncourt, Couronnes, Parmentier)
Projection de 21h30 à 23h30
5 € sur place
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L’Amie du dimanche de Guillaume Brac, prix Jean Vigo du court métrage 2018

Les Prix Jean Vigo 2018 ont été remis ce lundi 11 juin à 19h30 au Centre Pompidou par Agnès Varda en présence des lauréats. L’Amie du dimanche (1ère partie de Contes d’été) de Guillaume Brac (réalisateur de longs comme de courts – Hanne et la fête nationale, Le Repos des braves, Un monde sans femmes, Le Naufragé, Le Funambule) a remporté le Prix Jean Vigo du court-métrage 2018. Le film est produit par Bathysphère productions.

Le Jury a décidé également d’attribuer le Prix Jean Vigo du long métrage à deux films : Un Couteau dans le coeur de Yann Gonzalez (présenté en compétition officielle au dernier Festival de Cannes) et Shéhérazade de Jean-Bernard Marlin (présenté à la Semaine de la Critique). Deux réalisateurs venus du court : Yann Gonzalez a réalisé plusieurs film courts (Les Îles, Land of my dreams, Nous ne serons plus jamais seuls, La Tristesse des androïdes, Les Astres noirs et Je vous hais petites filles). Tout comme Jean-Bernard Marlin avec La Fugue et La Peau dure (co-réaliséavec Benoît Hambourg).

Reprise de la Sélection de la Cinéfondation à la Cinémathèque

Pour clôturer le cycle des reprises parisiennes des films courts de Cannes, la Cinémathèque accueille ce lundi 11 juin à 21h dans le cadre de son rendez-vous hebdomadaire « Aujourd’hui le cinéma » une sélection de la Cinéfondation 2018 (films d’école en compétition à Cannes). La séance, présentée par Dimitra Karya (directrice de la sélection de la Cinéfondation), est composée de 5 films internationaux, révélateurs de la créativité des cinéastes de demain. Trois d’entre eux ont été primés par le Jury de cette année présidé par Bertrand Bonello.

« Fragment de drame »

Programmation

– Cosi in terra de Pier Lorenzo Pisano. Italie

– Fragment de drame de Laura Garcia. France

– Inanimate de Lucia Bulgheroni. Royaume-Uni. 3ème Prix, Cinéfondation 2018

– The Storms In Our Blood (Dong wu xiong meng) de Di Shen. Chine. 2ème Prix ex-aequo, Cinéfondation 2018

– El Verano del león eléctrico de Diego Céspedes. Chili. 1er Prix, Cinéfondation 2018

Infos, billets : http://www.cinematheque.fr/seance/29696.html

Las Cruces de Nicolas Boone

Un homme au torse nu et largement tatoué se tient debout au carrefour de plusieurs ruelles, il attend nerveusement, se retourne sans cesse, tape du pied, soudain une moto en wheeling le frôle, suivi d’une bicyclette passant derrière lui à toute allure, il se retourne, trop tard, une seconde bicyclette approche plus lentement, son geste est assuré, rapide, le couteau menaçant, la bicyclette enfourchée. « Elle est à moi maintenant » crie-t-il à l’ancien propriétaire tout en s’enfuyant.

Nous sommes dans un quartier de Bogota où tout va vite, les objets entrent dans une danse incessante, passant de mains en mains, achetés puis volés, parfois revendus directement ou abandonnés sur un trottoir, puis jetés et enfin recyclés. Un cycle infini rappelant les allers-retours des personnages, entre les quelques ruelles filmées, et régulièrement observés de l’œil bienveillant et désabusé du garagiste qui semble se trouver à l’angle, au croisement des chemins, devenant ainsi le centre de cette structure panoptique que chaque personnage est voué à emprunter au milieu d’un brouhaha incessant de motos, d’aboiements, de klaxons, de musiques et de cris.

Cette mise en scène méticuleusement chorégraphiée est celle de Nicolas Boone,  également réalisateur de Hillbrow (2014), loup argenté du meilleur court-métrage international au Festival du Nouveau Cinéma (FNC) à Montréal, et de nombreux autres films porteurs de sa démarche singulière. Venant des Beaux-Arts et y créant des performances filmées en une seule fois, il favorise la prise de risques et un possible « débordement » à un spectacle figé. Aimant marcher, découvrir, imaginer, photographier de nouveaux lieux et écouter des histoires, il filme des personnalités à qui il laisse la liberté de parole, comme dans son dernier court-métrage, Las Cruces dont le scénario ne tient que sur une page. Filmé avec les habitants du quartier du même nom, qu’il a lui-même choisis après un repérage de plusieurs jours avec l’aide d’un fixeur (guide habitant le quartier), il mixe le réel et la fiction, et nous offre une vision poignante, sensible et généreuse de la vie et notamment de la violence d’un quartier de Colombie. Dans ce court-métrage sélectionné cette année à la Quinzaine des Réalisateurs, l’unique règle instaurée par ses habitants est que la mort entraîne la mort, ainsi qui tue sera tué.

Suivant les personnages à travers Las Cruces, nous découvrons un fragment de leur vie, faisant partie intégrante de la cité. Ils semblent destinés à ne pas en sortir et à répéter inlassablement les mêmes gestes telle la fillette aux longs cheveux bruns tentant en vain de coiffer ses cheveux ou le voleur de bicyclette volant puis revendant sans cesse ses butins pour s’acheter des gadgets. Dans ce microcosme, les habitants sont agités tels des atomes voués à se rencontrer, leurs actes sont vains, les personnages semblent enfermés dans une prison à ciel ouvert et l’unique façon de vivre/survivre est la violence, le vol et le meurtre. Avec force et sobriété, le réalisateur mêlant des gestes poétiques à une violence brutale nous expose la fragilité des personnages, n’étant jamais tout blancs ou tout noirs. Ils sont complexes et deviennent infiniment humains.

En filmant sensiblement leurs corps, Nicolas Boone nous raconte également ses personnages, telle la démarche quasi animalière du voleur de bicyclette ou les magnifiques et longs cheveux bruns de la fillette ainsi que le corps potelé et vif d’une autre fillette tout habillée de rose et dansant sur les toits de la ville. On ressent ainsi la fascination et la tendresse du réalisateur pour ses personnages, ceux là même que nous retrouvons tout au long du film, les rencontrant au coin des rues, au gré des rencontres. En suivant une petite fille allant danser sur les toits, nous y apercevons un futur meurtrier. Tout le monde se mélange, se côtoie, se croise sans jamais vraiment se rencontrer, restant dans ses préoccupations, dans sa propre bulle répétant continuellement les mêmes actions.

Mais ce qui est saisissant dans Las Cruces, c’est cette violence frontale, omniprésente et banalisée ainsi que l’avenir de ses habitants qui semble sans appel, fuir mais pour quelle destination ? La dernière scène du film est captivante, un jeune meurtrier fuyant/s’enfuyant du quartier finit par s’asseoir sur un toit se retrouvant face à un autre quartier parfaitement conforme à celui qu’il vient de quitter, la possibilité d’une autre vie paraît impossible. Cela n’est pas sans rappeler la scène terminant Hillbrow, où un homme qui, après avoir monté des centaines de marches, s’assoit, épuisé et démuni, nous plongeant ainsi dans un silence évocateur. Là est la force de Nicolas Boone qui nous scotche par la simplicité de ses images et par son humanité, en faisant le portrait d’un quartier de Bogota et sans jamais juger ses habitants, il nous interroge sur notre propre condition humaine.

Amandine Nerrant

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L comme Las Cruces

Fiche technique

Synopsis : Las Cruces est un quartier défavorisé de Bogotá. En suivant certains de ces habitants, on plonge avec eux dans un monde intense où la violence côtoie l’espoir et la joie.

Réalisation : Nicolas Boone

Genre : Fiction

Durée : 29 minutes

Pays : France

Date : 2018

Scénario : Nicolas Boone, Julien Guetta

Image : Sofia Oggioni

Son : Oscar Mendez

Montage : Philippe Rouy

Production : Noodles Production, Tournage 3000, Imaginaria cine

Article associé : la critique du film

Concours. 20 places à gagner pour le Festival Le Court en dit long !

Le 26ème Festival Le Court en dit long, festival compétitif de courts métrages produits ou coproduits en Belgique francophone, se déroule actuellement au Centre Wallonie-Bruxelles (46, Rue Quincampoix, 75004 Paris). 32 films en compétition, répartis en six programmes thématiques, y sont projetés jusqu’à samedi soir. Corps, films d’écoles et d’ateliers, adolescents, questions de société, de l’amour, questions de genres : allez-y.

Pour accompagner le festival, Format Court vous offre 20 places pour (re)découvrir le travail génial de Vincent Patar et Stéphane Aubier, deux réalisateurs de cinéma d’animation ayant réalisé des courts métrages devenus cultes. Pour info/rappel, Patar et Aubier ont réalisé Pic Pic le cochon magique et André le mauvais cheval, mais aussi  la série télévisée et du long métrage Panique au village ! et Ernest et Célestine, co-réalisé avec Benjamin Renner (César du film d’animation 2013, Magritte du meilleur film belge 2014).

Le samedi 9 juin, le Festival propose une rétrospective des films d’animation de Vincent Patar et Stéphane Aubier. Format Court vous offre 10 places par séance pour y assister.

Intéressé(e)s ? Contactez-nous !

– 16h : Panique au village, le film de Vincent Patar et Stéphane Aubier (en 35mm)

– 18h : Pic Pic André et leurs amis, compilation de 7 courts métrages de Vincent Patar et Stéphane Aubier, réalisés de 1994 à 2000 (en 35mm)

Sailor’s Delight de Louise Aubertin, Eloïse Girard, Marine Meneyrol, Jonas Ritter, Loucas Rongeart et Amandine Thomoux

Réalisé par six étudiants de l’Ecole Supérieure des Métiers Artistiques (ESMA) de Toulouse, Sailor’s Delight est un court-métrage d’animation sélectionné à la Cinéfondation (section consacrée aux films d’écoles du Festival de Cannes) cette année. Louise Aubertin, Eloïse Girard, Marine Meneyrol, Jonas Ritter, Loucas Rongeart et Amandine Thomoux ont conçu ensemble ce projet et lui ont fait voir le jour en 2017.

Nous n’avons clairement pas affaire à une douce créature dans cette histoire, mais à une sirène croqueuse d’hommes, passée professionnelle dans l’art de la séduction. Cette femme poisson se trouve bien en peine face à deux pêcheurs insensibles à ses charmes.

Un proverbe météorologique britannique commence par « Red sky at night, sailor’s delight », et signifie simplement que si le ciel est rouge le soir sur la mer, on peut se réjouir du beau temps qu’on va avoir. Le titre est déjà assez prophétique et annonce la déconstruction du mythe sur les marins et les sirènes. Notre culture mythique voudrait nous faire croire que seul le vaillant Ulysse fut capable d’échapper aux chants des sirènes, mais force est de constater ici que parfois un petit rien ou peut-être un grand quelque chose peut changer la donne et briser une croyance populaire.

Avec Sailor’s Delight, on est tout de suite plongé dans l’histoire grâce au mélange réussi des codes de l’animation et de la prise de vue réelle et l’humour bien dosé. Un travail très intéressant sur le cadre sert la narration et le ton du film. Les esthétiques visuelle et sonore le rendent vraiment agréable au visionnage. La musique entraînante et aux accents colorés fait écho à toutes les couleurs pastels et électriques du film, ce qui lui donne une plus grande profondeur et lui permet de s’accaparer tout l’espace qu’il peut utiliser.

Sailor’s Delight est un court-métrage drôle et touchant, ainsi que le medium d’un point de vue fort au sujet de la sexualité et du consentement. L’humour et la fraîcheur de ce film devrait vous porter vers lui. Irrésistiblement.

Justine Hibon

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S comme Sailor’s Delight


Fiche technique

Synopsis : Une sirène va tenter de séduire deux marins mais tout ne va pas se dérouler comme prévu…

Genre : Animation

Durée : 5’ 54’’

Pays : France

Année : 2017

Réalisation : Louise Aubertin, Eloïse Girard, Marine Meneyrol, Jonas Ritter, Loucas Rongeart et Amandine Thomoux

Production : ESMA – École Supérieure des Métiers Artistiques

Article associé : la critique du film

La Chanson de Tiphaine Raffier

On connaissait Tiphaine Raffier dans le milieu du spectacle vivant. Dramaturge, metteuse en scène, et comédienne, elle a monté sa compagnie « La Femme coupée en deux » en 2015. France-Fantôme, son troisième spectacle créé en 2017 a été salué par la critique et reprendra en 2019. La Chanson, sélectionné à la Quinzaine des Réalisateurs cette année, est son premier court-métrage, adapté de sa première pièce du même nom.

La Chanson, c’est l’histoire d’une ville étrange, dans laquelle Pauline, Barbara et Jessica ont un but commun : réaliser un spectacle de sosies. Mais lorsque Pauline va vouloir s’en affranchir pour écrire ses propres chansons, c’est le destin de chacune d’entre elles qui va être bouleversé à jamais.

« Je n’ai pas vécu la catastrophe, et pourtant c’est moi qui vais vous raconter cette histoire ». L’annonce est forte, le ton grave. Et pourtant, le visage de Pauline est solaire, le regard-caméra canaille. C’est elle la narratrice, et sa voix off nous guidera tout au long du film. Une voix tantôt autobiographique, tantôt sociologique entremêlant états d’âme intimistes et projections politiques sur la ville qui l’a vu naître et qui la retient encore aujourd’hui : Val d’Europe.

Val d’Europe est une ville artificielle, pensée, dessinée et maquettée par l’Homme sous l’influence du new urbanism. C’est une ville-copie, imitant l’histoire architecturale européenne, une ville dépassant la réalité pour en recréer de nouveaux contours. Une ville-personnage qui cristallise tous les enjeux narratifs du film et absorbe les émotions de Barbara, Pauline et Jessica.

La réalisatrice qui a vécu pendant 20 ans à Val d’Europe le sait, Disneyland n’est jamais loin. Alors, dans son film, on entend les cris, les rires, les joies et les peurs des clients nostalgiques des films d’animation. Une jubilation excentrique dans un parc où chaque centimètre a été pensé et optimisé avant d’être construit. Reste qu’à Val d’Europe, Pauline et ses deux amies n’exultent pas, statiques, enfermées bien souvent dans des cadres larges et fixes qui amplifient leur médiocrité. Elles vivent en captivité dans un quotidien prémâché. Seule la ville qui les retient prisonnières est filmée en de longs et beaux travellings, signe d’une réussite fluide.

S.O.S. du groupe ABBA que les filles répètent pour un concours de sosie résonne donc comme un véritable appel au secours, un appel à l’amour. Quelque chose qui viendrait corrompre une routine trop huilée et encadrée. Même quand elles chantent ou dansent, les filles suivent un canevas, il n’y a pas de place à la liberté, à l’innovation. Tiphaine Raffier, elle, innove et s’amuse à casser toute fluidité narrative et esthétique dans son film. Mélangeant fiction et documentaire, intercalant des images d’archive de l’INA et imprimant l’écran de différents titrages, le film est construit par couches qui s’entrechoquent. La voix off tente de lier le tout, mais parfois Pauline s’emballe, ou reste en marge des images, et le film devient un objet audio et visuel où les points de rencontre sont imprévisibles.

Ces interstices perturbateurs viennent réveiller l’errance des personnages. Coincés dans un aquarium gigantesque, nos trois petits poissons urbains tentent de s’extraire de la fatalité qu’elles s’imposent. Seul la deadline du concours les poussent à l’effort. Un effort maîtrisé qui vise à ne surtout pas dépasser l’imitation. Comme si ces jeunes femmes, trop habituées à vivre dans une ville que d’autres ont pensé pour elles, attendaient une certaine légitimité pour créer leur propre univers, leur propre pensée.

Alors la réalisatrice questionne : pourquoi attendre pour créer ? Pourquoi forcément être plusieurs ? Pourquoi ne pas s’affronter, se sonder, se connaître ? Sous le joug d’une Barbara charismatique et autoritaire, Pauline et Jessica suivent, imitent. Alors quand Pauline est percutée quasi divinement pour créer en solo, la relation avec Barbara explose. Elle doit s’en extraire si elle veut devenir elle-même.

Car La Chanson est avant tout un film sur la naissance de la vocation et de cette substantielle moelle créatrice qui s’empare des artistes en devenir. Dans un univers où tout n’est qu’imitation, la singularité dérange et la morale bien présente. Barbara reproche à Pauline de ne pas vraiment chanter, de ne pas écrire comme il faut. Jessica s’indigne de la voir fumer… Dans leur trio, c’est Barbara qui a le droit de vie et de mort sur ces deux comparses, et voir son amie prendre son envol au détriment des conventions l’effraie. Est-ce là une projection de notre société qui nous empêche de nous accomplir tel que l’on est ? On est alors en droit de voir en Pauline le double de la réalisatrice (qui pourtant joue le rôle de Jessica dans le film).

Ce qu’il y a de fascinant dans le parcours de Pauline, c’est qu’on ne croit pas une seule seconde à son projet de départ. Alors on rit, beaucoup. On se moque, avant finalement de comprendre la démarche philosophique du personnage. Les chansons de Pauline décrivent le fonctionnement d’objets manufacturés. Elle chante les objets, les décortique, les analyse, comme pour mieux en explorer leur fonctionnement. Il y a un désir enfantin de comprendre le monde tout en le rendant poétique, accessible, digeste en le chantant.

Mais qu’il est difficile de partager ses rêves avec des amies qui ne veulent pas nous comprendre. Dire c’est le premier pas vers la concrétisation. Et dans La Chanson, la confidence vient déséquilibrer l’amitié. « L’American way of life » puritain sauce Disney est malmené par Pauline, et Barbara comme dernière ambassadrice du conformisme doit veiller à barrer cette route libertaire si elle ne veut pas être elle-même contaminée. Formellement, cette contamination s’illustre par les mots des chansons de Pauline qui viennent imprimer l’écran. Pauline veut trouver un sens à sa vie, veut laisser une trace quoiqu’il en coute, alors la réalisatrice devient sa porte-parole, relayant la pensée créative du personnage qu’elle a elle-même pensé. On entre dans une méta-création où la fiction devient totale.

La Chanson fait partie de ces court-métrages qui marquent, qui transcendent par leur effronterie et leur ingéniosité. Tout a été pensé au préalable. Tout a été maquetté comme Val d’Europe. On sent que Tiphaine Raffier déteste cette ville autant qu’elle la choie. C’est dans cette ville que sa propre vocation d’artiste est née et dans son film, la réalisatrice lui propose un avenir révolutionnaire et radieux, une renaissance apocalyptique. Le spectateur n’en sort que plus conscient de ce qu’il est réduit à être, fredonnant les mélodies de Pauline telles des chants militants annonçant le grand réveil…

Pierre Le Gall

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Article associé : l’interview de la réalisatrice

C comme La Chanson

Fiche technique

Synopsis : Dans une ville étrange, Barbara, Pauline et Jessica ont un but commun : réaliser un spectacle de sosies. Pauline va vouloir s’en affranchir pour écrire ses propres chansons. Suscitant soit la haine de Barbara, soit l’admiration de Jessica, cet acte de création va changer leur destin à tout jamais.

Genre : Fiction

Durée : 30′

Pays : France

Année : 2018

Réalisation : Tiphaine Raffier

Scénario : Tiphaine Raffier, Clémence Madeleine-Perdrillat

Image : Raphaël Rueb

Son : Ivan Dumas

Montage : Clémence Diard

Musique : Guillaume Bachelé

Interprétation : Victoria Quesnel, Noémie Gantier, Tiphaine Raffier

Production : Année Zéro

Articles associés : la critique du film, l’interview de la réalisatrice

Skip Day d’Ivete Lucas et Patrick Bresnan

Des engins agricoles s’éveillent dans l’aube humide sur la rive du lac Okeechobee. Dès les premiers plans de Skip Day, le dernier film d’Ivete Lucas et Patrick Bresnan, on retrouve l’environnement cher aux réalisateurs : celui de la Floride rurale. Une terre de cheminées fumantes, de silhouettes mécaniques et de champs de canne à sucre à perte de vue. Une nature aménagée pour les besoins de l’agriculture industrielle très éloignée des clichés de Miami que véhiculent les séries télévisées. Pourtant, c’est bien dans le district de Palm Beach que se déroule leur nouveau court-métrage.

Il est 7 h du matin dans la petite ville de Pahokee. Le ciel est bleu et l’école presque finie. Les jeunes enfants attendent le bus de ramassage scolaire. Sur le bord de la route, un homme passe le rotoculteur. Un autre, 20 ans à peine, en jogging gris, teste l’ouverture centralisée de la Chevrolet rouge garée devant chez lui. Des scènes de vie banales, une journée ordinaire, sauf pour les élèves de terminale pour qui, aujourd’hui, c’est le « skip day ». Une tradition qui perdure dans certains établissements aux États-Unis et qui autorise les aînés du lycée à sécher le lundi suivant le bal de promo. C’est un peu leur journée buissonnière. Et un motif de dépenses et de préparations ! Le film suit, à l’échelle d’une journée, un groupe de jeunes afro-américains – la communauté la plus importante de la ville et la plus pauvre aussi – qui sèchent les cours pour aller à la plage. Maquillage et cheveux lissés, bikinis neufs de circonstance et Mercedes-Benz de location, rien n’est laissé au hasard ! À voir les éclats de rires et l’excitation, on comprend qu’à l’image du bal de promo, c’est un temps fort dans la vie de ces ados.

Passée l’euphorie des préparatifs, le trajet vers la mer est silencieux. Le paysage défile derrière les lunettes Aviator ou leurs imitations, bercé par la voix de Beyoncé et des idoles RnB du moment. Progressivement, les machines agricoles s’effacent et avec elles, l’environnement quotidien de cette population rurale et modeste qui n’en a pas l’apparence. Pourtant, ces lycéens au look très urbain composent la population majoritaire de la petite commune de Pahokee qui, avec ses 6000 habitants, est connue pour abriter le « Miracle Village », un refuge pour délinquants sexuels et est régulièrement citée comme « the worst town in Florida ». C’est que la ville, isolée près des Everglades et éloignée des stations balnéaires, n’est pas un pôle attractif de la région. Et il faut compter 90 km pour que les groupes d’amis se retrouvent sur les dunes venteuses de la côte atlantique, dans la Floride du sable blanc et des palmiers.

Sur la plage, derrière les buildings du front de mer, le contraste est saisissant. La démarcation est invisible et pourtant bien réelle devant nos yeux. D’un côté, il y a ceux qui sont venus passer leurs vieux jours sous le soleil éternel, de l’autre, les lycéens venus y passer la journée. Les peaux fanées sur les chaises pliables qui tournent le dos à l’océan disent mieux que tous les discours le tropisme de la Floride et ses contradictions.

On reconnaît la signature des cinéastes Ivete Lucas et Patrick Bresnan, la réalisation sobre et efficace, l’économie de scènes et de dialogues. La caméra suit une bande de jeunes garçons et de jeunes filles à un moment charnière de leur vie, s’amuser dans l’eau claire, méditer sur leur avenir et aborder à demi-mot l’horizon de l’université encore lointain. Le film réussit, dans l’unité de temps d’une journée, à capter avec douceur cet entre-deux fragile et le basculement qui s’opère, inévitable. C’est cela qui est touchant dans le cinéma de ce couple à la vie comme à la caméra : la saisie de l’instant décisif. En observant intimement l’enthousiasme et les rituels de ces ados qui s’engagent vers la majorité avec insouciance, Skip Day est une nouvelle réflexion sur le passage à l’âge adulte.

Après The Send-off et The Rabbit Hunt, le film est un épisode de plus dans leur travail documentaire au long court, implanté sur leurs terres de prédilection, au sein d’une communauté qu’ils ont appris à connaître au fil des années et qui leur ouvre leur univers à un moment d’affirmation de leur identité. Le film a reçu le prix Illy du court-métrage à la Quinzaine des Réalisateurs à Cannes cette année. Et on est impatient de découvrir le documentaire réalisé à quatre mains et en cours d’achèvement, simplement intitulé Pahokee.

Emilie Sok

Consulter la fiche technique du film

S comme Skip Day

Fiche technique

Synopsis : Petit aperçu intime d’une journée très spéciale dans la vie des lycéens d’un quartier industriel des Everglades en Floride: le bal de fin d’année est passé, l’avenir est incertain, et l’irrésistible attraction de la plage fait que les amis de longue date parcourent 60 miles pour se poser dans le sable et profiter des vagues.

Genre : Documentaire

Durée : 17′

Pays : États-Unis

Année : 2018

Réalisation : Ivete Lucas, Patrick Bresnan

Image : Patrick Bresnan, Joaquin del Paso

Son : Eric Friend

Montage : Ivete Lucas

Production : Ivete Lucas, Patrick Bresnan, Maida Lynn

Article associé : la critique du film

Concours. Reprise des courts de la Semaine de la Critique

Comme tous les ans, la Cinémathèque reprend la sélection (courts et longs métrages) de la Semaine de la critique du Festival de Cannes. Pour accompagner cette reprise et vous permettre de voir les courts de Cannes, nous vous offrons 5 places pour chaque séance de courts métrages prévues ce week-end. Intéressé(e)s ? Contactez-nous !

Samedi 2 juin 2018, 19H30. Séance présentée par Léo Soesanto et Charline Bourgeois. 5 places à gagner !

« Schächer »

– Schächer de Flurin Giger (Suisse)

– Un jour de mariage (A Wedding Day) d’Elias Belkeddar (Algérie-France). Prix Canal+ du court métrage

– Tiikeri (The Tiger le tigre) de Mikko Myllylahti (Finlande)

– Pauline asservie de Charline Bourgeois-Tacquet (France)

– Rapaz (Raptor/Rapace) de Felipe Gálvez (Chili)

Dimanche 3 juin 2018, 19H30. Séance présentée par Léo Soesanto et Camille Lugan. 5 places à gagner !

« Ektoras Malo : I teleftea mera tis chronias »

– Ektoras Malo : I teleftea mera tis chronias (Hector Malot: The Last Day of the Year) de Jacqueline Lentzou (Grèce). Prix Découverte Leica Ciné du court métrage

– Ya normalniy (Normal) de Michael Borodin (Russie)

– Mo-Bum-Shi-Min (Exemplary Citizen) de Kim Cheol Hwi (Corée)

– Amor, avenidas novas de Duarte Coimbra (Portugal)

– La persistente de Camille Lugan (France)

Short Screens #82 : Révolutions : Mai 68 et au-delà

Mai 68 fut le témoin de révoltes qui eurent des incidences énormes sur l’ensemble de la société occidentale. 50 ans plus tard, Short Screens se laisse porter par ce vent contestataire et vous propose une sélection de courts métrages d’hier et d’aujourd’hui, où des femmes et des hommes indignés s’insurgent contre les injustices.

Rendez-vous le jeudi 31 mai à 19h30, au cinéma Aventure, Galerie du Centre, Rue des Fripiers 57, 1000 Bruxelles – PAF 6€

Visitez la page Facebook de l’événement ici !

PROGRAMMATION

La sixième face du Pentagone de Chris Marker & François Reichenbach, documentaire, France, 1968, 27′ (Les Films du Jeudi)

21 octobre 1967. Washington. Les opposants à la guerre du Vietnam marchent sur le Pentagone. Chris Marker et François Reichenbach sont présents. Des images qu’ils rapportent, Marker tire un film qui interroge le melting-pot américain et l’engagement politique de la jeunesse.

Que s’est-il passé en mai ? de Jean-Paul Savignac, documentaire expérimental, France, 1968, 17′(Les Films Xénia)

Juste après Mai 68, une caméra explore Paris en cherchant les signes qui témoignent des affrontements passés. Les images de pavés, de graffitis ou d’affiches arrachées, l’omniprésence des forces de l’ordre, des dessins d’enfants, tout se constitue en mémoire d’une ville où l’ordre règne.

Koro de Güldem Durmaz, fiction, Belgique, 2002, 13′ (Polymorfilms)

Dans un pays imaginaire, une visite en prison.

Battle for the Xingu de Iara Lee, documentaire, Brésil/Etats-Unis, 2009, 11′ (George Gund III)

Le long du fleuve Xingu, un affluent de l’Amazone, vivent plus de 10 000 indigènes dont la survie dépend de la rivière. Le gouvernement brésilien, pour développer la région, propose d’y construire un barrage hydro-électrique. Cette initiative mettrait en danger la biodiversité de son bassin mettant ainsi en péril le futur de ses habitants. En janvier 2009, plus de 100 000 Brésiliens se sont rassemblés à Belem pour le Forum social mondial, où les habitants du Xingu ont fait entendre leurs voix et ont assuré qu’ils ne laisseraient pas menacer la rivière et leur culture.

Article associé : la critique du film

Suleima de Jalal Maghout, animation, Syrie, 2014, 16′ (Studio Estaykazat)

Suleima, la quarantaine, soutient la révolution syrienne depuis le début. Elle décide de se séparer de son mari, qui désapprouve son engagement.

Mystère cannois

Hier, mardi 22 mai, avait lieu au Cinéma du Panthéon (Paris, 5ème) la reprise de la sélection de la Cinéfondation et des courts-métrages en compétition officielle à Cannes 2018. Deux séances organisées pour ceux et celles qui n’avaient pas pu voir les films sur la Croisette ce mois-ci et qui souhaitaient se rattraper pour découvrir les nouveaux talents mis en avant par les sélectionneurs de courts de Cannes.

Chaque année, les programmes de courts sont observés à la loupe par ceux qui s’y intéressent, qui travaillent dans ce secteur, qui repèrent les futurs gars et filles du long-métrage. Format Court en fait partie. Comme la Palme du long, celle du court est observée attentivement. Comme les sélections de longs, celles des courts sont attendues, décryptées, critiquées ou saluées. Cannes reste Cannes, quoi qu’on en dise.

N’ayant pas pu assister à la séance de la Cinéfondation, nous nous concentrerons sur la deuxième projection complète, malgré un jour de pluie. Une partie du jury (Bertrand Bonello en tête) et des réalisateurs sélectionnés (dont Charles William, réalisateur de All These Creatures, Palme d’or du court) étaient présents en début de séance.

Sur 3943 films reçus, le comité de sélection a retenu cette année seulement huit titres. La règle à Cannes, on le rappelle, est de sélectionner des films de 15 minutes maximum en sélection officielle. Tâche complexe tant on a vu ces dernières années des films formidables dépassant allègrement cette durée.

D’un autre côté, les sélectionneurs successifs du comité court ont découvert et mis en avant par le passé des films aussi jouissifs que Spiegel van Holland de Bert Haanstra (Pays-Bas), Rubicon de Gil Alkabetz (Allemagne), Flatlife de Jonas Geirnaert (Belgique), My Rabit Hoppy de Anthony Lucas (Australie), More than two hours et Il Silenzio d’Ali Asgari (Iran) ou Le Repas dominical de Céline Devaux (France).

Cette année, huit films donc ont retenu l’attention des sélectionneurs. Qu’en penser ? Tout d’abord, la dimension internationale propre à Cannes demeure bel et bien présente. Huit nationalités se côtoient dans cette sélection : Iran, Pologne, Chine, Japon, Philippines, France, Australie, Etats-Unis. C’est un vrai plus.

Après, une seule animation (III de Marta Pajek, Pologne) se débat comme elle peut face à 7 fictions et deux réalisatrices (Marta Pajek et Celine Held, co-réalisatrice de Caroline avec Logan George) peuvent toujours tenter de parler de parité aux 11 réalisateurs qui leur font face.

Les films maintenant. Le mystère, les belles et moins belles images, la tension, l’incompréhension et deux coups de cœur planent sur cette sélection.

Du mystère, on en trouve tout d’abord dans Gabriel, seul film français en compétition. Le film de Oren Gerner, réalisateur israélien produit par Why Not Productions, parle de la disparition d’un adolescent – Gabriel – et de la battue organisée en forêt pour le retrouver. De Gabriel, on n’entendra que le nom répété à tout-va, le film se focalisant sur l’un de ses camarades d’internat que l’on suit dans la forêt, seul, énigmatique. Sait-il quelque chose au sujet de Gabriel ? Est-il lié à sa disparition ? On ne sait pas, mystère et boule de pomme. Bon.

Tariki (Ombre) de Saeed Jafarian (Iran) suit également quelqu’un. Gabriel ? Non, une jeune femme à la recherche de son compagnon ayant disparu (décidément). Dans les ruelles sombres de la ville, elle l’appelle, ne trouvant rien ni personne sur son passage. Ah si, un homme (son compagnon ?) se met à grogner en l’apercevant, la rattrape et la drague. Elle sent bon, c’est parce qu’elle vient de prendre une douche. Bon.

Duality, film japonais réalisé par 5 auteurs, Masahiko Sato, Genki Kawamura, Yutaro Seki, Masayuki Toyota, Kentaro Hirase, commence très bien. Dans un supermarché, une jeune mère de famille hésite à prendre tel ou tel morceau de poisson qu’elle servira à déjeuner à son fils adolescent. À table, elle s’aperçoit qu’elle a reçu une lettre du père de ce dernier. Ranger le poisson, partir pour aller le voir (« Tu fais quoi dimanche ? »), permettre à son fils de faire sa connaissance. Une fois sur place, face à un groupe d’hommes, le fils hésite à s’avancer. À cet endroit, Duality comporte aussi un vague soupçon de mystère (on ne dira pas lequel), mais ce qui interpelle, c’est plus son image et ses petits gestes simples à la Kawase tels ces deux bonbons figés dans le creux d’une main maternelle. Et malheureusement, c’est tout. Les gros plans, le calme apparent de cette femme, ses sourires et ses secrets se sont déjà évaporés.

On se sent loin, très loin du film philippin Judgement de Raymund Ribay Gutierrez. L’histoire est celle de toutes les histoires. Une mère de famille porte plainte contre son compagnon drogué et violent qui l’a tabassée et qui s’en est pris aussi à sa petite fille de 4 ans. Pendant les 15 minutes du film, on suit à la manière d’un reportage filmé en temps réel toutes les étapes vécues par cette famille, du dépôt de plainte aux conséquences du procès. L’image pas terrible, le sujet mille fois traité et la chute n’arrivent pas à nous ramener au cinéma.

Voilà pour la moitié de la sélection peinant à décoller. Du côté des 4 films restants, on repère par contre des choses intéressantes. Commençons par les films primés. All These Creatures de Charles William, Palme d’or du court, évoque l’histoire d’un adolescent dont le quotidien est bouleversé par la maladie et la dépression de son père. Les petites bêtes, les démons intérieurs, le mal nous empêchant de respirer et d’aller de l’avant, est le sujet de ce film à l’image léchée, bien foutu, porté par un jeune comédien tout en puissance qui s’acquitte sans peine du job demandé, celui de faire intervenir des souvenirs fictionnalisés où la maladie, la mort, les bestioles réelles et imaginaires et la débrouille se cotoient. Le résultat, un film pas si mal, même si il lui manque ce quelque chose de percutant faisant la force d’un grand film.

Lauréat d’une Mention spéciale à Cannes, On the border de Wei Shujun parle d’errance. Celle d’un jeune Chinois désireux de se rendre en Corée du Sud dans l’espoir d’une vie meilleure. Entre espoirs et désillusions, il cherche son père et des nouveaux repères, en arpentant les rues à mobilette. Comme dans All These Creatures, les plans sont très beaux et la jeunesse est à son firmament. Ce qui interpelle en plus, dans ce film, c’est le travail de mise en scène et le dur retour à la réalité à l’image de ces néons de foires foraines et de ces salons de beauté clinquants qui s’éteignent brusquement. Pas mal.

Enfin, nos deux coups de cœur : Caroline de Celine Held et Logan George, venu des États-Unis, et III de Marta Pajek, film de nationalité polonaise. Commençons par Caroline, l’histoire certes déjà vue et revue d’enfants abandonnés par leur mère dans la voiture, le temps d’un entretien, sur un parking de supermarché, un jour de canicule. Ca fait beaucoup d’éléments scénaristiquement parlant, et pas des plus originaux à coup sûr.

L’aînée, Caroline, 6 ans, est en charge des clés de voiture en l’absence de sa mère. Allumer la climatisation, distraire son frère et sa soeur, jeter des coups d’oeil furtifs aux alentours, apaiser les tensions, Caroline sait faire. C’est sans compter la chaleur grandissante, le monde extérieur, les regards alertés des passants, les mains en visière sur les fenêtres, le déclic naturel d’appeler la police. Le court-métrage, pour la plupart filmé dans l’habitacle de la voiture, réussit à maintenir une tension palpable, entre les peurs, les pleurs, la sueur, les cris, les morsures. Caroline, le film parle simplement d’une expérience, d’un passage trop rapide, bousillé et bousculé à l’âge adulte, de la fin de l’innocence. Porté par une gamine épatante et une image là encore de feu, le film se singularise côté fiction. Un bon point.

Dernier film de cette sélection, évoqué plus haut : III de Marta Pajek, la révélation de cette sélection, celle qu’on attend d’un festival comme Cannes. Il s’agit du seul film d’animation présent dans cette compétition cannoise… Et quel film ! Difficile en réalité de parler d’histoire (on se raccroche du coup au synopsis qui parle de “rencontre soudaine entre un homme et une femme, d’acte hypnotique, de jeu de plaisir et de malaise”). Le film commence et finit par des lignes noires sur fond blanc, en mouvement, rythmées par une musique hypnotique. Une femme marche, en fourure noire. Elle s’approche d’un homme, quitte sa pelisse. Et.. Sans dévoiler le film, tout est caché, dissimulé, respiré, échangé, métamorphosé. Les murmures, les mouvements, le son, les grimaces, les tours de passe-passe, le désir, la répulsion, l’étrangeté, le mystère – on y revient – guident ce film hallucinant, éprouvant certes, mais porteur d’une vraie expérience cinématographique alliant l’innovation et le ressenti. En allant plus loin, III offre des corps démoniaques, une végétation abondante et angoissante, des peaux malaxées, des membres caressés, des engouffrements, de la destruction, de la création, de la musique étonnante, et surtout un final de plans dessinés, canons, instantanés géniaux et follement surréalistes. Notre Palme à nous.

Katia Bayer

After Short spécial Cannes, les photos !

Jeudi 3 mai 2018, avait lieu notre After Short consacré aux courts-métrages sélectionnés à Cannes. La soirée, organisée au Point Ephèmère (Paris, 10ème) en collaboration avec l’ESRA et Cinemads, a accueilli 7 équipes sélectionnées à Cannes, toutes sections confondues : Melissa Malinbaum, productrice de Gabriel (Why Not Productions, Sélection officielle), Laura Garcia et Anne-Laure Berteau, réalisateur et productrice de Fragment de drame (La Fémis, Cinéfondation), Nicolas Boone et Julien Naveau, réalisateur et producteur de Las cruces (Noodles Production, Quinzaine des Réalisateurs), Félix Imbert et Joanna Sitkowska, réalisateur et productrice de Basses (Le Grec, Quinzaine des Réalisateurs), Tiphaine Raffier et Manon Eyriey, réalisatrice et productrice de La Chanson (Année Zéro, Quinzaine des Réalisateurs), Charline Bourgeois-Tacquet et Igor Auzépy, réalisatrice et producteur de Pauline asservie (Année Zéro, Semaine de la Critique) et Camille Lugan, réalisatrice de La Persistente (Caïmans Productions, Semaine de la Critique).

Voici les photos de la soirée, prises par Manmzel.r.

 

La Nuit des sacs plastiques de Gabriel Harel

Cette année à la Quinzaine des Réalisateurs, il y a eu une étrange fête. Pour ce nouveau court métrage d’animation La Nuit des sacs plastiques, le réalisateur (et par ailleurs auteur et dessinateur) Gabriel Harel nous a conviés, non pas sur la Croisette, mais pas très loin, à Marseille. Il a fallu déchausser les talons aiguilles pour pénétrer dans un blockhaus au fond des calanques phocéennes. Attention, free party apocalyptique.

Agathe, elle, les a pourtant gardés, ses talons. À bientôt 39 ans, elle est obnubilée par son désir d’enfant. Déterminée, elle tente le tout pour le tout et part reconquérir le cœur de Marc-Antoine, son ex petit-ami alors bien occupé à ses activités nocturnes de dj. Cette fameuse nuit, il mixe dans les ténèbres technos d’une sombre free party. L’heure n’est pas exactement à la discussion, ni moins encore aux projets familiaux, et d’étranges créatures colorées ont décidé de jouer les trouble-fête.

Avec ce nouveau film d’animation en 2D, Gabriel Harel poursuit son exploration en noir et blanc de ces endroits désolés visités par la drogue et autres activités obscures, en empruntant cette fois-ci les sentiers graphiques de l’auteur de bande dessinée Grégoire Carlé (qui signe la conception des décors et ambiances du film). Dans son précédent court métrage  ̶ le remarqué Yùl et le serpent (Cartoon d’or 2016)  ̶ le trait, alors plus fin, animait deux frères en proie au conflit de loyauté devant la bêtise humaine, et déjà la couleur par petites touches annonçait la vengeance d’un ordre naturel contrarié. Le serpent jaune et vert se glissait entre pierres et herbes pour venir venger le petit frère trahi. En 2018, ce sont les sacs plastiques qui prennent les couleurs fluorescentes du strangulateur meurtrier pour venir attaquer leurs créateurs inconscients.

Le trait, plus gras, nous entraîne immédiatement dans l’univers graphique de la bande dessinée dont les vignettes sont mises en mouvement par la saccade de la techno ̶ musique originale composée par Etienne Jaumet ̶ et les flashs du stroboscope. Au cœur de la fête souterraine, le spectateur est alors entraîné dans un jeu d’images fixes de visages, de jambes, entrecoupés de noirs au rythme synthétique et nerveux de la musique assourdissante. La parole en souffre également, fragmentée par le bruit de la machine répétitive de la rave, renforçant l’incommunicabilité de ce couple qui n’est déjà plus depuis des mois. L’animation regagne par la suite en fluidité tout en conservant une légère saccade graphique qui en dit long sur le décalage entre les aspirations du royaume de la nuit de Marc-Antoine et les désirs maternels d’Agathe qui n’en démord pas, elle aura un enfant.

Comme le titre le laissait présager, La Nuit des sacs plastiques emprunte évidemment au film de genre -̶ plus précisément au film d’invasion ̶ où le monstre s’attaque à l’homme, le poursuit, l’enserre et le tue. Mais cette fois-ci, les morts vivants de Georges A. Romero ont laissé place à une créature d’une toute autre espèce … .

Le réel est là, tangible, dans la crise d’une presque-quarantenaire perdue dans les profondeurs des désirs d’une humanité droguée au synthétique. L’animation dérive d’abord dans un premier degré de réalité parallèle, celui de la rave, pour glisser définitivement dans le fantastique et le cauchemar d’anticipation écologique. Le monstre de polyéthylène n’étouffe plus seulement les mammifères marins, poissons et autres animaux, il s’attaque littéralement aux hommes. Le moment est venu, le grand dérèglement de l’ordre naturel vient frapper de ses lanières de pétrole la nuit marseillaise.

À ce titre, on ne peut s’empêcher de penser La Nuit des sacs plastiques comme un remake des Oiseaux d’Hitchcock, version désastre écologique. Agathe, en nouvelle Tippi Hedren, part à l’assaut de cette Bodega Bay marseillaise, et y déclenche un cataclysme non plus d’attaques ornithologiques, mais de sacs plastiques aux cris stridents. Tout y est, la barque pour fuir l’île maudite, ou encore la mythique scène de l’attaque dans le grenier.

Le désir le plus primaire qu’est celui de donner la vie s’est transformé en désir d’artificiel, poussé à son paroxysme au point de vouloir engendrer des monstres de pollution. Du haut de l’autel de la ruine humaine, Agathe enfante un nouvel ordre monstrueux d’angelots en plastique, illuminant le monde de la couleur de l’artifice.

Par cette fable apocalyptique, Gabriel Harel nous parle d’urgence sociétale et écologique dans une habile hybridation de la vignette de bande dessinée et du mouvement par la musique et le montage. Une expérience de free party hitchcockienne qui reviendra sans doute à l’esprit du spectateur quand, au hasard de son chemin jusqu’à la prochaine fête du samedi soir, il se prendra le pied dans la hanse diabolique d’un sac plastique.

Noémie Moutonnet

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N comme La Nuit des sacs plastiques

Fiche technique

Synopsis : Agathe, 39 ans, n’a qu’une obsession : avoir un enfant. Elle va retrouver son ex, Marc-Antoine, qui mixe de la techno dans les Calanques à Marseille. Alors qu’elle tente de le convaincre de se remettre ensemble, des sacs plastiques prennent vie et attaquent la ville.

Genre : Animation

Durée : 18′

Pays : France

Date : 2018

Réalisation : Gabriel Harel

Scénario : Gabriel Harel, Patricia Mortagne

Animation : Ève Ceccarelli, Laurent Moing, Hugo Bravo, Arianne Teillet

Voix : Anne Steffens, Damien Bonnard

Musique : Etienne Jaumet

Montage : Nicolas Desmaison

Son : Clair Cahu, Samuel Aïchoun

Décors : Grégoire Carlé

Production : Kazak Productions

Article associé : la critique du film

Palme d’or & Mention Spéciale à Cannes 2018

Cannes, fin. Côté courts, Bertrand Bonello et son jury ont décerné hier soir la Palme d’or 2018 au film All These Creatures de l’Australien Charles William, dont un précédent court, Home, se laisse voir sur sa page Vimeo. Retrouvez le trailer de All These Creatures ci-dessous.

Le Jury a également décerné une Mention spéciale au court métrage Yan Bian Shao Nian du réalisateur chinois Wei Shujun.

Pour info, les deux films (mais aussi l’intégralité des courts-métrages de la Sélection Officielle) seront diffusés ce mardi 22 mai  à 20h au Cinéma du Panthéon, en présence de Bertrand Bonello (président du jury de la Cinéfondation et des courts-métrages).  Tarif unique : 5 euros, cartes illimitées acceptées. La séance sera suivie d’un verre au Salon du Panthéon.