Tous les articles par Katia Bayer

La Maladie blanche de Christelle Lheureux

Depuis la nuit des temps, les hommes ont cherché à s’extraire et à se séparer de la nature, vécue comme hostile et dangereuse. Aujourd’hui, la frontière entre la ville où vivent la majorité des êtres humains et la nature devient tellement étanche que la campagne se transforme en un lieu de fantasme et représente le paradis perdu. C’est le cas du petit village des Pyrénées investi pendant les vacances par Manuel, environ 35 ans et Myrtille, sa fille de 5 ans, enfant curieuse et intelligente. « La Maladie blanche » de Christelle Lheureux, lauréate du Prix Format Court au festival de Vendôme, suit la nuit de Manuel et de Myrtille alors qu’ils participent à une fête en plein air qui réunit les villageois. Quand Myrtille, réveillée par un sanglier, le suit avec confiance jusqu’à l’entrée d’une grotte, le film bascule dans le fantastique et on entre dans un songe d’une extrême réalité. Dans ce film entièrement filmé de nuit dans un noir et blanc granuleux et intemporel, le poids de ces projections d’un temps mythique dont souffrent les campagnes vont voler en éclats.

Avec « La Maladie blanche », la cinéaste questionne le spectateur sur son propre rapport à la nature, cet élément indomptable pourtant essentiel à notre équilibre et à notre survie. Christelle Lheureux montre comment loin de la nostalgie de Manuel, la réalité de sa peur de l’Autre et de l’inconnu incarné par le sanglier pourrait le mener à détruire inexorablement cette nature que sa fille et lui chérissent tant. La curiosité et l’attirance de Myrtille pour les animaux contrastent avec l’angoisse de son père qui, dès le début du film, exprime sa crainte des sangliers qui rôdent autour du village ou son dégoût pour un crapaud qu’il touche pour la toute première fois. Malgré les paroles réconfortantes des habitants, l’angoisse de Manuel pour ces « étrangers » est intarissable. Quand il découvre que sa fille a disparu dans la nuit, c’est armé d’un fusil et d’une torche qu’il part à sa recherche. Avec ce récit inspiré de la Belle et la Bête, une immense histoire d’amour, on ressent encore plus profondément comment la peur de l’Autre et le manque de confiance ne créent qu’isolement et perte.

Face à ce constat douloureux, la grande intelligence de la cinéaste est d’adopter le point de vue de l’enfance et ainsi de proposer une voie vers la réconciliation. Et comme dans tous films dignes de ce nom, son regard est livré dès le premier plan. Des enfants miment les animaux qui apparaissent en ombres chinoises contre un mur. L’analogie avec le travail de la cinéaste qui, en créant des images projetées dans une salle obscure, ouvre l’imaginaire et donne à penser/panser la réalité du monde est amenée avec finesse grâce à la justesse du jeu de ces acteurs non professionnels.

Le rythme apaisé et la richesse des détails du jeu des habitants vont jusqu’à questionner la frontière entre documentaire et fiction. Dans ce film, la saveur du réel permet de se laisser émerveiller et d’accepter le basculement dans le conte. Rien n’est attendu, mais tout enchante comme ces moments où Myrtille et son père dialoguent avec le sanglier dont les cris sont sous-titrés. Le souvenir de ce fantasme animiste propre à l’enfance resurgit et paradoxalement grâce à l’aspect hyperréaliste du film, il devient acceptable. L’esthétique documentaire mêlée à cette audace de mise en scène réveille notre mémoire collective. Ici, ce sont par les sensations enfantines que les adultes retrouvent un bon sens perdu avec le temps. Myrtille n’a que cinq ans, mais c’est elle qui détient le savoir indispensable à la préservation de notre espèce. Dans ce jeu de projection contre le mur, elle accepte les lois de la nature, sans se sentir menacée et même, elle s’en amuse joyeusement. Elle a peur de la nuit comme son père, mais son désir de suivre le sanglier l’emporte. L’attirance et la confiance dont elle fait preuve pour braver l’obscurité jusqu’à l’entrée de la grotte devient exemplaire.

maladie

Christelle Lheureux, avec finesse et sensibilité, affirme son point de vue en rendant à la nature environnante la place qui lui revient. Les animaux sont filmés avec la même attention et le même respect que les humains. Sans cesse, par le son des insectes, l’espace s’élargit au-delà du village et des seules préoccupations humaines. Par ce décentrement du point de vue, chacun, qu’il appartienne au règne humain ou animal, se retrouve à sa juste place. Ainsi repositionnés dans un écosystème plus vaste, les personnages apparaissent dans toute leur humilité et leur fragilité. Une sensation étrangement rassurante propice à la libération de l’imaginaire envahit alors le spectateur. Échappant à son égocentrisme, l’homme sort de sa solitude.

Dans le premier tiers du film, le récit avance de façon lâche par la superposition de séquences qui, par touches pointillistes, permettent à la réalisatrice de dessiner une cartographie des liens qui unissent humains et animaux. Elle montre comment ils se pervertissent avec l’âge. La joie des enfants et la curiosité des adolescents qui observent par exemple avec intérêt des lucioles contrastent avec le discours des adultes qui ont un rapport plus distancié et dominateur avec le règne animal. Eux, ils parlent de chasse. Toutes ces séquences s’entremêlent avec des images de fête et une musique disco. Par ce montage parallèle, le discours de la réalisatrice passe de façon inaperçue avec une simplicité éblouissante.

Ensuite, le film nous emmène dans l’intimité de la chambre à coucher de Manuel et Myrtille. Le couple partage le même lit et dialogue avant d’éteindre la lumière. Ici encore, tant le geste cinématographique que le rapport filial décrit n’est que pudeur, on éprouve l’amour inconditionnel qui circule entre un père et sa fille quand chacun reste à sa place. Grâce à la justesse de la distance de la caméra et de leur relation, on accède à un degré d’intimité rarement atteint au cinéma. La grâce presque indécente qui traverse le film de part en part permet à ce dispositif minimal de toucher le spectateur au plus profond de ses tripes.

Avec une voix douce, Manuel propose à Myrtille d’aller visiter le lendemain la reconstitution d’une grotte où l’on peut admirer des copies de peintures pariétales. Il lui explique pourquoi ils ne peuvent pas se rendre dans la grotte originale. Ces trésors de l’humanité qu’Herzog a aussi cherché à immortaliser s’effacent s’ils sont exposés à la lumière, recouverts par un champignon minéral. C’est cette disparition qui est appelée la maladie blanche. Et devant le noir et blanc granuleux du film, on se demande soudain si en devenant adulte, on n’en serait peut-être pas tous atteints, ainsi condamnés à vivre dans un monde factice, seulement capable d’accéder au pâle reflet de la réalité et du lieu de notre mémoire originelle. Cette scène est le socle sur lequel le film s’appuie pour entrer dans la fable.

maladie1

Le spectateur est désormais assez réceptif pour éprouver, comme dans l’allégorie de la caverne de Platon, un renversement de la conscience. Il peut quitter le monde des projections pour partir à la découverte de la pleine réalité du monde. En montrant la violence de l’homme malgré ses fantasmes de fusion avec la nature, Christelle Lheureux remet en question la vision dominante du monde rural. Pour ce faire, elle a la bienveillance de ne pas violenter notre regard. C’est avec diplomatie, à travers un songe, qu’on reçoit en miroir l’ignorance du père qui, aliéné par sa peur, serait capable de tout détruire. En mettant en scène la difficulté de sortir du monde des apparences à cause de la puissance de ses projections et fantasmes, le spectateur accède à la connaissance et retrouve la mémoire. Christelle Lheureux offre ainsi le remède à la maladie blanche.

En cette période de crise où l’homme occidental vit dans un délire de toute puissance face à la nature, où la peur grandit, amenuisant avec elle la confiance et l’innocence face à l’avenir, ce conte contemporain devient un acte de résistance justement grâce à la bienveillance, à la douceur et à la générosité du regard que pose Christelle Lheureux sur tous ceux qu’elle filme qu’ils soient humains ou appartenant au règne animal. Si Pasolini avait eu la chance de voir « La Maladie blanche », peut-être aurait-il retrouvé espoir, lui qui, désespéré, avait prédit « la disparition des lucioles », ces lueurs survivantes des contre-pouvoirs.

Isabelle Mayor

Consulter la fiche technique du film

Articles associés : l’interview de Christelle Lheureux, L’OVNI Christelle Lheureux

M comme La Maladie blanche

Fiche technique

Synopsis : Un soir de fête dans un village isolé des Pyrénées. Un père et sa fille de cinq ans, Myrtille. Des adolescents, un chasseur, un berger, des lucioles, des brebis et des chats. Un monde nocturne où des histoires d’ombres chinoises, de miroir magique et de peintures préhistoriques s’entremêlent. Dans la nuit, un être préhistorique vient chercher Myrtille.

Genre : Fiction, expérimental

Durée : 45′

Pays : France

Année : 2011

Interprétation : Myrtille Finken, Manuel Vallade, Gaston, Naïty, Bob Escot, Clémentine Poidatz, Jacques Blanco, Katya Bonnenfant,
Daniel San Martin

Réalisation : Christelle Lheureux

Scénario : Christelle Lheureux

Image : Christelle Lheureux

Son : Aurélie Mertenat

Montage : Christelle Lheureux, Camille Lotteau

Production : Les Films des Lucioles

Articles associés : la critique du film, l’interview de Christelle Lheureux

Christelle Lheureux, Prix Format Court au Festival de Vendôme 2011

Lauréate du Prix Format Court du festival de Vendôme, Christelle Lheureux est une cinéaste et plasticienne française, diplômée du Frenoy, enseignante aux Beaux-arts de Genève, dont le nom est bien connu des cinéphiles et amateurs d’arts. Avec une œuvre très personnelle d’une sensibilité éblouissante, Christelle Lheureux est une des rares réalisatrices qui réussit à véritablement exploser les genre. « La Maladie blanche », son moyen-métrage primé à Vendôme, se situe entre fiction et documentaire, préhistoire et actualité, réalité et songe. Par sa démarche, Christelle Lheureux questionne l’art cinématographique lui-même. Son travail qui comprend autant des installations réalisées avec Apichatpong Weerasethakul que de nombreux courts-métrages ont été montrés dans de nombreux centres d’arts et dans des festivals prestigieux aussi variés que Torino, Rotterdam, Indie Lisboa, Viennale, BAFICI, Vision du réel, WFFBangkok et en France au Fid Marseille, à Brive, à Pantin, à Hors Pistes ou encore au Cinéma du réel. Christelle Lheureux est l’une des jeunes auteurs françaises qui va véritablement compter dans l’histoire du cinéma. Focus.

focus-christelle-lheureux

Retrouvez dans ce Focus :

Festival pointdoc, les films sélectionnés

Pour la deuxième édition de pointdoc, le festival de documentaire en ligne (15-29 janvier), retrouvez 20 films documentaires d’auteurs visibles à tout moment pendant quinze jours. Chaque jour, un nouveau film sera mis à la une et chaque soir, le réalisateur de ce film échangera avec les internautes lors d’une session de tchat.

N’hésitez pas à faire vivre ce festival soutenu par Format Court en laissant vos commentaires sur les films et en votant à partir du 15 janvier pour sélectionner le film : « Coup de coeur du public ».

Rendez-vous ce dimanche 15 janvier 2012 à 12h sur http://www.festivalpointdoc.fr/ et dès aujourd’hui la liste des films sélectionnés.

Catégorie « Première création »

Aadesh baba, ainsi soit-il de Aurore Laurent et Adrien Viel / 77′ / France /

Au Népal, à Katmandou, Tiger baba est sâdhu Aghori, homme saint. Son regard noir, son visage maquillé, son corps dénudé, fascinent certains, en effraient d’autres. Aadesh baba est l’histoire d’une quête, qui doit mener le sâdhu au divin. Mais l’homme doit s’affranchir de sa souffrance pour atteindre l’éternité. Entre dérives alcooliques et vie pieuse, Tiger baba y parviendra-t-il ?

Au prix du gaz de Karel Pairemaure / 85′ / France /

En juillet 2009, les ouvriers de l’usine de sous-traitance automobile New Fabris, à Châtellerault, occupent leur usine, menaçant de la faire exploser avec des bonbonnes de gaz. Les médias se précipitent dans la zone industrielle Nord. Vivant à quelques pas de l’usine, j’ai décidé d’aller voir de moi-même. C’est là que tout a commencé…  » Au prix du gaz » est une plongée au cœur de la lutte ouvrière, de la rage à la reconstruction… Silence des machines. Paroles d’ouvriers. Un écho aux « sans voix », à une classe ouvrière devenue invisible.

Itchombi de Gentille M.Assih / 52′ / France /

Dans un village du Kéran au Togo, se déroule l’Itchombi, rituel de circoncision réunissant l’ensemble de l’ethnie des Solla. L’Itchombi désigne à la fois les couteaux, les jeunes hommes et le rituel. Déau et sa famille se préparent à cette cérémonie en voulant respecter scrupuleusement les traditions. Toutefois, cette année, ils veulent que des mesures sanitaires soient prises pour éviter une contamination éventuelle de M.S.T ou de V.I.H. Ce débat vient traverser toute la communauté en ébullition pour la fête.

Kosovo B : the impossible film de Benjamin Huguet / 12′ / Israël /

En 1999 les employés des miniorités serbes et roms de la centrale à charbon de Kosovo B ont tous été licenciés. Pourquoi ? Silence radio : personne ne veut parler. Une enquête sur le mutisme et l’oubli dans les années qui ont suivies la guerre du Kosovo.

L’amour à trois têtes de Elsa Levy / 26′ / Suisse /

Une exploration personnelle des relations amoureuses entre hommes et femmes par le biais de trois générations de femmes de la même famille, la grand-mère, la mère et la réalisatrice elle-même. Ninette Sylviane et Elsa, trois époques, trois visions, trois expériences qui s’affrontent et se confrontent.
Derrière ces histoires d’amour, se dessine un questionnement autour de la transmission inter générationnelle, de l’image féminine au fil d’une vie de femme et du rapport mère – fille.

L’ouest sauvage de Aline Fischer / 57′ / France /

Au printemps 1945, 400 000 soldats allemands et 305 000 soviétiques meurent pendant la bataille de l’Oder. Sur l’ancienne ligne de front, à 100 km de Berlin, un pays prend racine mêlant armées victorieuses, peuple vaincu, nazis en fuite et pilleurs de toutes origines… On l’appelle encore aujourd’hui l’Ouest sauvage, à la frontière de la Pologne et de l’Allemagne. Des Protagonistes venus d’un univers de film noir en racontent l’histoire. Parfois même la nuit juste avant les forêts… Ils sont taxi, truckdrivers russes, vendeurs de cigarettes polonais, prostituées, garçons aux frontières de l’âge adulte, et garde-frontières.

La psychiatrie court les rues de Marianne Estèbe / 25′ / France /

Vincent, Audrey, Agnès, et Hermann sont médecins, psychiatres, travailleurs sociaux, et « travailleurs pairs ». Richard, David et Mélik souffrent de pathologies psychiatriques lourdes et sont sans domicile fixe. C’est dans les rues de Marseille, au fil de leurs rencontres, que se développe l’expérience insolite de l’équipe mobile de santé communautaire. Ensemble, ils travaillent à la construction d’un lieu de vie, inventent de nouvelles formes de soins, et élargissent le champs des possibles.

Le cordonnier de la rue Stalingrad de Romane Shirm & Magali F.Fouquet / 25′ / France /

Monsieur Bennoit est le dernier cordonnier d’Arcueil. Il maîtrise son art comme peu d’autres savent le faire. Témoin d’une époque qui passe, d’un artisanat qui tire peu à peu sa révérence, il est aussi le confident de tout un quartier.

Tiers-paysage de Naïs Van Laer & Yasmine Bouagga / 52′ / France /

Réalisé avec une famille tsigane vivant dans un bidonville à Montpellier, Tiers-paysage interroge le lieu des marges et ses habitants. Au travers des saisons se déroule le quotidien de cette famille, entre la ferraille, la mendicité, les allers-retours en Roumanie, les moments d’inquiétude et les moments de joie. Trois générations de femmes cohabitent dans ces cabanes précaires, tissent le fil de leurs histoires alors que, derrière elles, les grus étendent l’emprise de la ville. ‘‘ Tiers-paysage renvoie à tiers-état ( et non à Tiers-monde). Espace n’expriment ni le pouvoir ni la soumission au pouvoir ‘‘ (Gilles Clément, Manifeste du Tiers paysage.)

Un long cri mêlé à celui du vent de Julie Aguttes / 42′ / France /

À Marseille, il y a ceux qui travaillent sur le port et les autres. Le mythe d’un monde impénétrable et d’une classe ouvrière contestataire est nourri de part et d’autre. Par delà cette frontière, un film comme une immersion fascinée au cœur d’un monde à part, aujourd’hui voué à disparaitre.

Catégorie « Film jamais diffusé »

1% d’amour de Stéphanie Magnant / 43′ / France /

Pour comprendre l’étrange commerce des réseaux de télécommunication (audiotel / minitel), je me fais embaucher en tant qu’animatrice dans une entreprise qui vend du désir virtuel. Je découvre alors un travail qui exige mensonges et dévoilements. Exposée à ce double jeu, actrice de cette mise en scène, je me filme au travail et invite des collègues, Elodie, Sylvie, Arnaud, à témoigner.

(3) promesses de Sébastien Balanger / 56′ / France /

Cambodge. Dans un bidonville de Phnom Penh, trois femmes racontent l’histoire de leur esclavage. Entre les souvenirs qui reviennent et les gestes du quotidien, une autre histoire se révèle : celle de leur propre résistance, souterraine et fragile…

Ce sera presque comme j’ai rêvé de Frédéric Guillaume/ 42′ / Belgique /

Ce sera l’enchantement de voir un enfant grandir.
Ce sera la douleur de sentir la personne qu’on aime s’éloigner.
Ce seront toutes les tentatives pour retenir le bonheur.
Ce sera une épreuve et il faudra se réinventer.

Dans l’ombre de Bart S. Vermeer / 43′ / Belgique /

La Belgique, au coeur de l’Europe, apparaît pour beaucoup de réfugiés politiques comme la Terre Promise. Mais que faire lorsqu’on est noyé dans un système politique de contradiction et d’apathie et qu’on finit par se retrouver face à l’inverse de la liberté tant souhaitée ?

Favela de çiva De Gandillac / 45′ / France /

Plongée au coeur de deux favelas, Rocinha, la plus grande favela du Brésil et Santa-Terezinha, petite favela située à la périphérie de Salvador de Bahia.
Filmé avec une caméra de poche, en improvisation totale…

Le temps de quelques jours de Nicolas Gayraud / 62′ / France /

Ce film est l’une des rares expériences d’une rencontre avec des moniales cloîtrées, dans l’abbaye de Bonneval, dans l’Aveyron. Il se présente sous la forme d’une déambulation contemplative. Le film esquisse quelques portraits de femmes et interroge le spectateur sur son rapport aux autres, à la nature et au temps.

Little Sister de Ségolène Neyroud / 33′ / Belgique /

Ma soeur, Anne-Sophie, est sourde de naissance. Le temps d’un été, et pour la première fois, je prends la caméra pour filmer ma relation avec elle. Ensemble, nous mesurons la distance entre temps de l’enfance et celui du présent.

Natpwe, le festin des esprits de Tiane Doan na Champassak & Jean Dubrel / 30′ / France /

Taugbyon, minuscule village du centre de la Birmanie. Lieu de pélerinage annuel pour des dizaines de milliers de croyants. Pendant cinq jours, fidèles et médiums célèbrent le culte des nats, les esprits du panthéon birman. Cinq jours d’offrandes, de cérémonies, de rituels de possession. Cinq jours de liberté, dans une société verrouillée à l’extrême.

Quand les filles flirtaient avec les Dieux de Damien Faure / 51′ / France /

Un portrait singulier et libre de l’artiste Florence Reymond, qui fonde ses peintures sur le monde ambivalent de l’enfance, entre cruauté et innocence, entre poésie et barbarie.
Scènes primitives ou mise en scène documentaire ?

Vu le candidat de Seb Coupy & Bertrand Larrieu / 29′ / France /

France, présidentielles 2007 : comment regarde-t-on les affiches électorales ? Et comment nous regardent-elles ? Des portraits de portraits.

Festival des Nouveaux Cinémas, appel à films

La 8ème édition du Festival des Nouveaux Cinémas se déroulera du 22 juin au 1er juillet 2012, à Paris et en Ile-de-France. L’objectif principal du Festival est de promouvoir et soutenir les cinémas numériques sous toutes leurs formes. Les films retenus qui osent proposer une approche novatrice dans l’utilisation du numérique seront projetés lors du Festival.

appel_fnc2012_sitenc1

À l’issue de chacune des projections (entrée gratuite), seront organisées des rencontres entre le public, les réalisateurs sélectionnés, les producteurs, et des personnalités du cinéma numérique. Le Festival est à la recherche de films sans contrainte de genre ni de thème réalisés en numérique (DV, HDV, HD, Téléphone portable, Webcam, Appareil photo numérique…).

Catégorie Court-métrage : durée de moins de 20 minutes uniquement.

Catégorie Long-métrage : durée à partir de 60 minutes et plus uniquement.

Inscription en ligne uniquement avant le 15 février 2012 (date limite d’inscription) sur :  http://www.nouveaucine.com/formulaire/form_inscription.php

Envoyez vos films (DVD Pal uniquement) avant le 15 février 2012 (date limite d’envoi, cachet de la poste faisant
foi)accompagnés de la fiche d’inscription (à télécharger, imprimer et signer)

à CINE FAC B.A.L 16
C/O MAISON DES ASSOCIATIONS DU 6ÈME
60 Rue Saint-André-des-Arts
75006 Paris

Infos et Inscription : http://www.nouveaucine.com/

Le Top 5 2011 de la rédac’

L’an passé, nous avions initié un Top 5 des meilleurs courts métrages de l’année, à la manière des Best of annuels des revues et autres sites dédiés au long métrage. Une semaine après le décompte (bonne année au fait !), voici les films de l’année retenus par l’équipe de Format Court.

Katia Bayer

csicska-attila-till

1. Csicska de Attila Till (Hongrie)
2. Killing the Chickens to Scare the Monkeys de Jens Assur (Suède)
3. Apele Tac de Anca Miruna Lazarescu
(Roumanie, Allemagne)
4. Body Memory de Ülo Pikkov (Estonie)
5. M’échapper de son regard de Chen Chen (France)

Amaury Augé

planetz-momoko-seto

1. Planet Z de Momoko Seto (France)
2. Mourir auprès de toi de Spike Jonze et Simon Cahn (France)
3. Rêve bébé rêve de Christophe Nanga-Oly (France)
4. Cross de Maryna Vroda (France, Ukraine)
5. Dimanches de Valéry Rosier (Belgique)

Marie Bergeret

fragments-d-une-revolution

1. Fragments d’une révolution, Anonyme (Iran/France)
2. La Pianiste de Sung-A Yoon (Belgique)
3. Szelest de Leszek Korusiewicz (Pologne)
4. Gabrielle de Rozenn Quéré et Perrine Lottier (France)
5. Fourplay : Tampa de Kyle Henry (Etats-Unis)

Fanny Barrot

j-aurais-pu-etre-une-pute

1. J’aurais pu être une pute de Baya Kasmi (France)
2. Il était une fois l’huile de Vincent Paronnaud (France)
3. Pandore de Virgil Vernier (France)
4. It was on earth that I knew joy de Jean-Baptiste De Laubier
5. Scenes from the suburb de Spike Jonze (Etats-Unis, Canada)

Julien Beaunay

il-etait-une-fois-lhuile-vincent-paronnaud

1. Il était une fois l’huile de Vincent Paronnaud (France)
2. Suiker (Sugar) de Jeroen Annokkée (Pays-Bas)
3. Hurlement d’un poisson de Sébastien Carfora (France)
4. La Gran Carrera de Camacho Kote (Espagne)
5. The Origin of Creatures de Floris Kaayk (Pays-Bas)

Adi Chesson

3fragments

1. Fragments d’une révolution, Anonyme (Iran/France)
2. Fourplay : Tampa de Kyle Henry (Etats-Unis)
3. I know you can hear me de Miguel Fonseca (Portugal)
4. Un film abécédaire de Saintagnan Eléonore (France)
5. The Death of Conversation de Francisco Saco (Allemagne)

Agathe Demanneville

suiker

1. Suiker de Jeroen Annokkeé (Pays-Bas)
2. Le Vivier de Sylvia Guillet (France)
3. The Backwater Gospel de Bo Mathorne, Tue T. Sorensen, Arthur Gil Larsen, Rie C. Nymand, Mads Simonsen, Thomas H. Gronlund, Esben Jacob Sloth et Martin Holm-Grevy (Danemark)
4. Mourir auprès de toi de Spike Jonze et Simon Cahn (France)
5. La Détente de Pierre Ducos et Bertrand Bey (France)

Dounia Georgeon

body-memory-ulo-pikkov1

1. Body Memory de Ülo Pikkov (Estonie)
2. La France qui se lève tôt de Hugo Chesnard (France)
3. Big Bang Big Boom de Blu (Italie)
4. Le Vivier de Sylvia Guillet (France)
5. The external world de David O’ Reilly (Royaume-Uni)

Mathieu Lericq

killing_the_chickens_to_scare_the_monkeys

1. Killing the Chickens to Scare the Monkeys de Jens Assur (Suède)
2. Danny Boy de Marek Skrobecki (Pologne)
3. Frozen Stories (Opowiesci z chlodni) de Grzegorz Jaroszuk (Pologne)
4. O nosso homem (Notre homme) de Pedro Costa (Portgual)
5. C’est à Dieu qu’il faut le dire de Elsa Diringer (France)

Isabelle Mayor

killing_the_chickens_to_scare_the_monkeys-jensassur

1. Killing the Chickens to Scare the Monkeys de Jens Assur(Suède)
2. La maladie blanche de Christelle Lheureux (France)
3. Un monde sans femmes de Guillaume Brac (France)
4. Pandore de Virgil Vernier (France)
5. The cloud of unknowing de Tzu Nyen Ho (Singapour)

Camille Monin

alexis-ivanovitch-vous-etes-mon-heros

1. Alexis Ivanovitch, vous êtes mon héros de Guillaume Gouix (France)
2. J’aurais pu être une pute de Baya Kasmi (France)
3. Que divertido de Natalia Mateo (Espagne)
4. Deep in dance de Conor Horgan (Irlande)
5. La maladie blanche de Christelle Lheureux (France)

Julien Savès

origin3

1. The Origin of Creatures de Floris Kaayk (Pays-Bas)
2. Il était une fois l’huile de Vincent Paronnaud (France)
3 . Big Bang Big Boom de Blu (Italie)
4 . Maska des Frères Quay (Pologne)
5 . La Inviolabilidad Del Domicilio Se Basa En El Hombre Que Aparece Empuñando Un Hacha En La Puerta De Su Casa d’Alex Piperno (Uruguay-Argentine)

Xavier Gourdet

a-quoi-penser

1. La Vie sur terre de Philippe Welsh (France)
2. New Hippie Future de Dalibor Baric (Croatie)
3. Matatoro de Raphaël Calamote, Mauro Carraro, Jérémie Pasquet (France)
4. La France qui se lève tôt de Hugo Chesnard (France)
5. La détente de Pierre Ducos, Bertrand Bey  (France)

Morceaux Choisis ce soir, sur France 2

Info de dernière minute. Ce soir, France 2 programme une carte blanche au G.R.E.C. à minuit dix dans son programme court, Histoires Courtes.

Ce programme hommage au G.R.E.C. est constitué de films inédits de Hélène Abram, Xanaé Bove, Jean-Sébastien Chauvin, Clément Cogitore, Jacky Goldberg, Damien Manivel, Jean-Claude Taki, d’entretiens avec Mathieu Amalric, Alain Guiraudie, Michael Lonsdale, Delphine Gleize, Pascale Thirode, Emmanuel Salinger, Xavier Beauvois, et d’image d’archives de films du G.R.E.C.

Retrouvez la bande-annonce de ce programme…

Les Lutins du Court Métrage, nominations 2012

Bonne info, en ce début d’année. Les Lutins du court poursuivent leur soutien au court, avec une nouvelle édition et 24 nominations (14 fictions, 7 animations, 3 documentaires). Les voici…

lutins

Fictions

ANNE ET LES TREMBLEMENTS de Solveig Anspach – Ex Nihilo / 20’

BRÛLEURS de Farid Bentoumi – Les films VELVET / 15’

C’EST À DIEU QU’IL FAUT LE DIRE de Elsa Diringer – Agat Films & Cie / 20’

COLOSCOPIA de Benoît Forgeard – Ecce Films / 13’

DIANE WELLINGTON de Arnaud Des Pallieres – Les Films Hatari / 15’

J’AURAI PU ÊTRE UNE PUTE de Baya KASMI – Karé Productions / 24’

JE POURRAIS ÊTRE VOTRE GRAND-MERE de Bernard Tanguy – Rezina Productions / 19’30

L’ACCORDEUR de Olivier Treiner – 24 25 Production / 13’

LA DAME AU CHIEN de Damien MANIVEL – GREC – Groupe deRecherche et d’Essais Cinématographiques / 15’

LE MARIN MASQUÉ de Sophie Letourneur – Ecce Films / 35’

MÉDITERRANÉES de Olivier PY – Sombrero Films / 32’

PARIS SHANGHAÏ de Thomas CAILLEY – LITTLE CINEMA / Les Films Dorla / 25’

PARMI NOUS de Clément Cogitore – Kazak Productions / 30’

UN MONDE SANS FEMMES de Guillaume Brac – Année Zéro / 58’

Animation

ADIEU GENERAL de Luis Briceno – Trois fois plus / 5’20

BISCLAVRET de Emilie Mercier – Folimage – Valence Production / 14’10’

DRIPPED de Leo Verrier – Chez Eddy / 8’12

IL ÉTAIT UNE FOIS L’HUILE de Vincent Paronnaud – Je Suis Bien Content / 14’40

LA QUEUE DE LA SOURIS de Benjamin RENNER – La Poudrière – École du Film d’Animation / 4’10

PLANET Z de Momoko SETO – Sacrebleu Productions / 9’

RUBIKA de Claire BAUDEAN – Les Films d’ici / 4’

Documentaires

LES BARBARES de Jean-Gabriel Périot – Sacrebleu Productions / 5’

CHAQUE JOUR ET DEMAIN de Fabrice Main – TS Productions / 13’

LA NUIT TOMBE SUR LA MÉNAGERIE de Nicolas Philibert – Les Films d’ici / 11’

Double bonus. Films en ligne (Laïka park, Benoît Forgeard)

Ce post aurait dû sortir pendant la Semaine la plus courte, seulement, l’actualité nous a rattrapés. Benoît Forgeard, déjà évoqué sur Format Court (« critique de « Coloscopia »« , interview), assistait récemment au Festival de Vendôme pour participer au Jury pro et présenter « Réussir sa vie », un long métrage composé de trois courts (« La course », « Belle-île-en-mer » (Grand Prix 2007), « L’antivirus ») en avant-première. L’occasion pour nous de vous proposer deux épisodes de « Laïka park », réalisé en 2003, une fiction en marge des narrations classiques où le réalisateur imagine un parc d’attractions pour le moins étrange…

Laïka park épisode 1 (France, 2003, 12′)

laikapark

Laïka park épisode 2 (France, 2003, 12′)

laika1

Apéro Projo ce vendredi

Ce vendredi 06/01/2012, l’Apéro Projo revient au Café de Paris. Voeux, pintes et courts au programme.

Programme de la soirée

Préambule : (4min40)

– Bande Annonce LA PANDEMIE DU NOUVEAU MONDE de Nazzarena et Christophe Del Debbio (4min40 – 2011 – autoproduction) :

1ère partie : (30min)

– 100% YSSAM d’Isabelle Mayor (HD – 14min – 2011 – autoproduction) : Comme les garçons et les filles de son âge, Sémira, 15 ans, pense qu’être vierge n’est pas cool. Alors qu’elle ressent du désir pour Yssam, sa vie sexuelle commence. Un portrait du 19ème arrondissement de Paris entre crudité et poésie.

– LE VELO de Mike Zonnenberg (HD – 10min – 2011 – Bande Rivale) : Paul adore son vélo, il vient d’une famille ouvrière et ses parents ont eu du mal à le lui offrir, il y tient énormément, il en prend le plus grand soin, d’ailleurs il ne le prête jamais à personne. Mais un jour, Léo, son meilleur ami, insiste pour faire un tour. En acceptant de lui prêter son vélo, Paul n’aurait jamais imaginé que les choses iraient si loin…

CONTRE, TOUT CONTRE de Yoann Stehr (animation – 6min – 2010 – La Cambre) : Un contre tous et/ou tous contre un !

apero

2ème partie : (32min25)

– G.O.S.I de Derka (HD – 19min – 2010 – DRKFilms) : >> Sur une idée originale de Frédéric Perosa.
La conscience est ce qui définie un homme dans ses valeurs, ses sentiments, ses devoirs. Eddy a vu Alex, son ami proche et collègue de travail abattu dans l’exercice de ses fonctions. L’auteur de ce meurtre, fiché au grand banditisme, est toujours en liberté. Au terme de plusieurs mois d’investigation, le Groupe des Opérations de Surveillance et d’Intervention, chargé de l’affaire, va devoir intervenir avant le braquage d’un fourgon blindé. La confrontation entre Eddy et le meurtrier de son ami est proche, il va devoir choisir entre son sentiment de vengeance et son devoir. Qui va réagir, l’Homme ou le flic ?

– POUPEE de William S. Touitou (HD – 6min – 2010 – When We Were Kids) : Au crépuscule, sur une route déserte. Une jeune femme pousse péniblement une brouette. À l’intérieur, un jeune homme, le visage tuméfié de coups.

– 5000 PIEDS SOUS TERRE de Didier Philippe (HD – 7min25 – 2010 – Butterfly Productions) : Deux amis spéléologues amateurs se retrouvent, à la suite d’un éboulement, pris au piège dans une cavité hermétiquement close. Tandis que l’un angoisse, l’autre se laisse envahir par une peur panique. De manière démente, il ne cesse de calculer le temps hypothétique que pourrait prendre les secours pour parvenir jusqu’à eux.

Infos de programmation : diffusion@collectifprod.net

Café de Paris : 158 rue Oberkampf – 75011 Paris
Métro : Ménilmontant (L2)
Entrée libre.

20H30 pour se rencontrer au bar
21H pour la projection

Page Fan Facebook : ici

Dancing Odéon de Kathy Sebbah

L’Odéon Dancing n’est pas une succursale cachée du théâtre de l’Odéon dans le 6e arrondissement de Paris mais un dancing situé en Haute-Garonne où Kathy Sebbah, dont c’est le quatrième court, a installé sa caméra.

Ni tout à fait une boîte, un nightclub ou un bal musette, l’Odéon Dancing serait un peu un mélange de tout cela à la fois, tout comme le film oscille entre fiction et documentaire, cette zone mouvante déjà explorée par la cinéaste dans « MIC Jean Louis » (2006). Car il s’agit bien ici de documenter les après-midi dansants de personnes plus ou moins âgées et d’observer leurs modes de séduction sur ou hors-piste. La cinéaste a choisi de suivre Marcette, la soixantaine, blonde platine, bien apprêtée et un brin novice, entraînée par son amie brune arborant un décolleté plongeant et un maquillage pas vraiment léger. À la façon d’une Madame de Merteuil, c’est elle qui lui glisse à l’oreille les codes à suivre pour être abordée ou aborder, entre deux battements d’éventail. Les hommes sont là, certains déjà en couple et s’exhibant fièrement, d’autres simplement en sueur à la recherche d’une partenaire de danse.

odeon

Marcette est finalement invitée à danser par un monsieur qui en l’espace d’un morceau lui propose déjà de se revoir pour dîner mais elle décline poliment l’invitation en retournant s’asseoir sur sa chaise, scrutant la piste et échangeant des regards légèrement gênés avec la gent masculine, caressant nerveusement le foulard en soie accroché à son cou. Les situations peuvent prêter à sourire mais la mise en scène de Kathy Sebbah ne cherche pas à provoquer le rire ou même à moquer gentiment cette boum pour retraités. Au contraire, Sebbah décrit en creux la solitude des corps, le besoin d’être regardé et désiré dans l’espoir d’une rencontre.

Dans cette atmosphère moite et nocturne, l’Odéon Dancing finit par atteindre un instant une dimension quasi lynchéenne et rappelle  « Mulholland Drive » et son club Silencio où l’on se jouait de la réalité. Ici aussi, tout est mis en scène, rejoué et planifié. Nos deux héroïnes, la blonde et la brune observent ce ballet de corps vieillissants que l’on désire malgré tout. Dehors, un homme, passablement éméché, saute par dessus la clôture du pré jouxtant le club et se met à courir frénétiquement après un groupe de chevaux blancs. L’image est proche du rêve mais la réalité revient frapper à l’intérieur. Un homme s’écroule, victime d’une crise cardiaque, Marcette assiste à la scène sans rien pouvoir y faire. On pense un instant que l’incident signe la fin de la soirée, mais la musique reprend et les danseurs restent en piste. C’est la dernière de la saison avant la fermeture estivale, alors il n’est pas question de se priver. Kathy Sebbah clôt son carnet de bal par un madison général où chacun tente, tant bien que mal, de rester groupé, en rythme.

Amaury Augé

Consultez la fiche technique du film

D comme Dancing Odéon

Fiche technique

odeon-dancing-kathy-sebbah1

Synopsis : A l’Odéon dancing, toutes les fins de semaine, on s’enlace et on guinche, on s’essouffle et on sue. Ici, les codes sont précis. Marcette, novice, va découvrir cet univers clos. Elle s’attend à vivre une nuit particulière. Et elle le sera.

Genre : Fiction, Documentaire

Durée : 25′

Pays : France

Année : 2011

Réalisation : Kathy Sebbah

Scénario : Kathy Sebbah

Image : Javier Ruiz-Gomez

Montage : Xavier Thibault

Son : Xavier Thibault

Interprétation : Marcette Payares, Jelena Covic

Musique : Olivier Samouillan

Production : Ecce Films

Article associé : la critique du film

Laurie Lévêque : « L’annonce au départ disait : « Cherche jeune fille un peu garçon manqué. Il y aura une scène de nu, donc, assumez votre corps ! ». J’ai répondu en me disant, comme d’habitude que je verrai au dernier moment, si je suis prise, si je l’assume ou pas »

« Petite pute ». Un titre pareil avec le visage d’une jeune femme brune dont le regard est plombé par des cheveux longs. Cela a son effet. Et l’on peut trouver cet effet facile. Ou bien se dire : après nous avoir allumés de cette façon, la réalisatrice Claudine Natkin et son actrice Laurie Lévêque, ont plutôt intérêt à « assurer ». Lorsque nous rencontrons la comédienne principale au Festival du Film de Vendôme (du 2 au 9 décembre 2011), Laurie, 27 ans – mais qui en paraît dix de moins dans le film – assure la promotion de « Petite pute » réalisé par Claudine Natkin.

petite-pute-claudine-natkin2

Etait-ce la première fois que tu jouais dans un court métrage ?

J’avais déjà tourné dans des courts métrages, mais celui-ci est le premier à passer dans autant de festivals et à être diffusé à la télévision. C’est le premier court métrage véritablement professionnel que j’ai pu faire, oui.

Quand a eu lieu le tournage ?

Il y a un an tout juste. À Reims…

Le tournage a duré combien de temps ?

13 jours. Rien que la séquence de l’hôtel a duré cinq jours !

Peux-tu nous donner un ordre d’idée des festivals où « Petite pute » a été présenté ?

À Grenoble, au festival en plein air cet été 2011, à Paris, au Cinéma des Cinéastes, il y a eu une projection organisée par la région qui présentait plusieurs de ses films, puis, à Vendôme en ce moment, et à Aix-en-Provence au Festival Tous Courts.

C’est toi qui fais le tour des festivals pour présenter le film ?

Pour le moment, oui. C’est très agréable d’ailleurs. C’est un exercice tout nouveau pour moi. La première fois, c’était à Grenoble. À Vendôme, c’est la deuxième fois. Je suis contente que Claudine me laisse la responsabilité de le faire et aie confiance en moi pour représenter le film.

Le rôle de Léa que tu interprètes dans le film de Claudine Natkin est très particulier. Peux-tu nous rappeler comment tu as eu le rôle?

En réalité, il y a eu une annonce de casting sur le site cinéaste.org. L’annonce, au départ disait : « Cherche jeune fille un peu garçon manqué. Il y aura une scène de nu, donc, assumez votre corps ! ». J’ai répondu en me disant, comme d’habitude que je verrai au dernier moment si je suis prise, si je l’assume ou pas . Lorsque j’ai passé le premier casting, on m’a bien répété : « Il y aura une scène de sexe. Est-ce que tu pourras l’assumer ? ». J’ai répondu oui. La première improvisation portait sur la relation que la jeune femme a avec son meilleur ami. Tout s’est très bien passé, et on m’a rappelée pour faire d’autres improvisations avec une autre comédienne (le rôle de la copine) afin de voir les relations avec les différents personnages. Je crois qu’à la troisième audition, Claudine m’a dit : « J’ai un gros coup de cœur pour toi mais tu as un accent du sud assez prononcé qui peut être un handicap pour le rôle », donc, j’ai tâché de me démener en pensant même à aller prendre des cours avec un orthophoniste. Finalement, Claudine est revenue vers moi quelques jours après en me disant que c’était ridicule de s’être focalisée sur mon accent et qu’elle souhaitait faire le film avec moi.

petite-pute-claudine-natkin

Quelles ont été tes réactions lorsque tu as lu le scénario ?

J’ai eu le scénario très tard dans notre cheminement de travail. Au départ, on a beaucoup travaillé à base d’improvisations et Claudine a eu le temps de me voir à l’épreuve. Par conséquent, elle m’a donné le scénario au moment où elle était sûre que c’était moi qu’elle choisirait. J’ai donc lu le scénario sur le tard et je l’ai trouvé très bon même si certains éléments m’ont un peu effrayée. J’étais face au film et au rôle que j’allais réellement interpréter. Évidemment, je m’étais fait des idées mais peut-être pas quelque chose d’aussi cru, c’était plus dur de le voir écrit. Avec Claudine, on a eu beaucoup de discussions à propos de la façon dont elle comptait s’y prendre pour filmer, de ce qu’elle voulait faire et de la raison pour laquelle elle voulait faire le film, et déterminer le cheminement du personnage. Pour moi, c’était très important qu’elle me dise ce qu’on allait voir ou pas, et on a toutes les deux mis de l’eau dans notre vin concernant certaines scènes.

Étiez-vous en équipe réduite pour tourner les scènes dites de prostitution dans la chambre d’hôtel ?

Pas tellement réduite justement puisque nous avions pris la décision, Claudine et moi, que ça aille très vite. Par conséquent, on a beaucoup répété habillés, le comédien (ndlr Loïc Brahant) et moi pour être sûrs d’être calés sur tous les mouvements, les mouvements physiques aussi bien que les mouvements de caméra, de manière à ce qu’une fois les vêtements enlevés, on puisse tourner rapidement. Mais pour que ça avance vite, il fallait qu’il y ait de nombreux membres de l’équipe présents.

On avait également parlé de l’enchainement du tournage et Claudine m’avait demandé si je préférais que la scène de sexe soit filmée au début du tournage ou à la fin. J’avais demandé à ce que ce soit à la fin car j’avais pensé que ce serait plus facile en connaissant les gens, en étant à l’aise avec l’équipe du tournage. Et effectivement, c’est ce qui s’est passé, tout le monde a été bienveillant avec moi.

Ça n’a pas dû être évident non plus pour le comédien d’ailleurs…

En effet. En réalité, Claudine a eu du mal à le trouver. On avait déjà commencé le tournage et il n’y avait toujours pas de comédien. Claudine l’a trouvé à Reims, en fait, là où on tournait.

Claudine et toi, pensez-vous à nouveau travailler ensemble ?

On ne s’est rien dit pour le moment. Je crois qu’on a été tellement contente de l’expérience qu’on a eue l’an dernier avec ce tournage qu’on s’est simplement dit que l’on aimerait retravailler ensemble. Mais elle ne m’a pas pour autant dit que je serai dans son prochain film.

Peux-tu nous parler du parcours de Claudine Natkin ?

En réalité, elle est chef opératrice au départ. Et, en tant que réalisatrice, elle a fait plusieurs courts métrages dont un notamment qui a gagné plusieurs prix en 2006/ 2007 et qui a pour titre « Même pas mort », tourné avec des enfants. Elle s’intéresse beaucoup au thème des jeunes, de l’enfance…

Souvent, on dit que le court métrage sert à faire ses armes dans le cinéma, mais ça doit être rassurant de travailler avec quelqu’un qui a justement un peu d’expérience dans le domaine au vu de ton rôle.

Oui, et puis, je savais aussi que le film avait été préacheté par France 2, qu’il y avait une production derrière. J’avais également des amis qui avaient déjà tourné avec Claudine. J’avais eu de très bons échos de son travail et j’avais vu ses films.

Les autres scènes ont-elles été faciles à tourner ?

C’était nouveau mais assez excitant ! J’ai travaillé dans une poissonnerie pendant deux jours. Au départ d’ailleurs, je m’étais imaginée quelque chose d’un peu ragoûtant. En fait, non. C’est assez agréable d’être dans les viscères du poisson ! C’était une très bonne expérience.

As-tu l’impression que ce rôle t’a ouvert des portes vers d’autres tournages ?

Deux réalisatrices m’ont contactée car elles avaient vu le film. Elles ont écrit un court métrage et elles veulent m’auditionner pour un des rôles. Le scénario est intéressant, je vais donc passer un casting bientôt. Par ailleurs, ça m’a permis d’aller à des festivals, de rencontrer du monde. Pour moi, en tant que comédienne, ça m’a donné une confiance et une légitimité dans ce que j’entreprends dorénavant, ce que je n’avais pas forcément auparavant. Mais, pour l’instant, je n’ai pas encore de contrat signé.

En parlant de confiance, on peut avoir le sentiment que le personnage de Léa dans le « Petite pute » prend aussi de l’assurance, suite à la passe qu’elle réalise. Qu’en penses-tu ?

Oui, c’est une prise de pouvoir liée à une sorte de rite initiatique.

petite-pute-claudine-natkin4

Au générique de fin, on peut lire le nom de Virginie Despentes dans les remerciements. Est-elle intervenue dans la fabrication du film ?

Non, mais Claudine est indéniablement influencée par tout le travail de Virginie Despentes. D’ailleurs, elle m’a offert un livre de cette auteure après le tournage. Elle m’en avait aussi beaucoup parlé auparavant. Mais elle ne voulait pas que je lise ses romans avant le tournage.

Comment expliques-tu l’impact du film sur les spectateurs, en particulier les lycéens présents dans la salle (sic : beaucoup ont réagi oralement dans la salle) ?

Disons que ça traite de jeunes donc ça les touche plus que d’autres films. Ça parle de jeunesse décadente ou rebelle : on fume de l’herbe, on boit de l’alcool, il y a du sexe… Ce sont des sujets qui éveillent leur curiosité. La musique un peu hard rock aussi, qui est omniprésente dans le film, les interpelle. Les lycéens l’ont beaucoup aimée tandis que les gens de mon âge l’ont perçue comme une agression. Après, les réactions sont différentes selon que c´étaient des filles ou des garçons.

Le film a-t-il déjà reçu des prix?

Non, pas encore. (ndlr : à l’heure où nous bouclons cet article, Laurie Lévêque a reçu une mention pour la meilleure interprétation féminine au Festival Tous Courts à Aix-en-Provence)

Pour toi, que représente le court métrage ?

C’est un format très intéressant qui n’est pas assez reconnu selon moi. On me demande souvent s’il y a un marché du court métrage et si les gens en regardent. Je veux dire hormis les gens qui travaillent dans le court métrage et qui, eux, connaissent bien ce format. Mais les gens lambda, pas du tout…pour la plupart de mes amis, court métrage rime avec expérimental et hermétique. Personnellement, je pense qu’il y a une grande liberté dans le court métrage qui permet de faire beaucoup plus de choses que dans un long.

Le mot de la fin : parle-nous de ton actualité…

Je travaille actuellement sur un spectacle de clown. On est au tout début de la création, on espère jouer dans un théâtre du 11ème arrondissement de Paris. J’écris aussi, du moins, j’essaie. Je suis sur un projet de court métrage essentiellement avec des actrices. Et, je suis toujours dans mes castings. J’attends des réponses….

Propos recueillis par Camille Monin et Franck Unimon

Article associé : Festival de Vendôme édition 2011. Regard sur trois films de la compétition nationale

Consulter la fiche technique du film

Festival de Vendôme édition 2011. Regard sur trois films de la compétition nationale

Sous la lame de l’épée de Hélier Cisterne

Lorsque dans le métro, Flo, lycéenne parisienne forte en gueule, portant blouson, cran d’arrêt et docks rencontre Tom, un des ses camarades de classe discret et bon élève, lequel est le plus rebelle ? Et, surtout, lequel est le plus rusé ?

sous-la-lame-de-lepee1

Deux styles mais aussi deux cultures se croisent, telles des lames, dans « Sous la lame de l’épée ». L’une, bruyante, accessible, datée et ostensible est ignorante de l’autre, tellement empêtrée dans son assurance et ses revendications, alors que l’autre l’observe. L’opposition des styles et des cultures peut apparaître caricaturale. Mais on peut aussi se laisser entraîner dans ce début d’initiation à la culture asiatique souvent perçue en occident comme très fermée. Et voir quelques unes des métaphores qui la relient à la culture occidentale. Par exemple, ce sens du secret partagé par Flo et Tom. Ou cette lame de cran d’arrêt que porte et cache Flo et qui, pour Tom, correspond à ses bombes à graffitis. Une certaine solitude aussi les rapproche. Même si Flo, plutôt jolie fille, est entourée de jeunes bellâtres semblant en partie clonés sur le modèle des BB brunes, elle semble n’avoir aucun véritable engagement avec eux. Loin d’une rivalité à la Highlander entre les deux jeunes gens, « Sous la lame de l’épée » raconte une possible histoire d’amour et de liberté.

Petite pute de Claudine Natkin

Jamie Lee Curtis faisant un strip tease dans « True Lies ». Une prostituée qui se trompe dans son dialogue appris par cœur devant son client qui la reprend dans « Entre adultes » de Stéphane Brizé. Mes chères études de Laura D ou le téléfilm inspiré du même livre et réalisé par Emmanuelle Bercot.

petite-pute-claudine-natkin2

Il y a de ça dans l’histoire de Léa, 20 ans, qui ignore qu’après une journée de travail comme une autre, une chambre d’hôtel va remplacer son étalage de supermarché, et que le poisson qu’elle va vendre sera fait de sa chair et de ses écailles. Quatre cents euros la passe. C’est dans « Petite pute », court métrage punk de Claudine Natkin où l’on nous montre une certaine jeunesse que l’on voit assez peu dans les films de l’Hexagone. Parce qu’il s’y trouve un rapport assez frontal voire viral avec le shit, l’alcool, le sexe, le fric. Et que cette façon plutôt directe (virile ?) de mettre en scène cette jeunesse nous déloge des intrigues sentimentalo-cérébrales coutumières. Ici, c’est l’actrice Laurie Lévêque (lire son interview) qui se risque avec aplomb, pudeur et réussite à l’exercice. On peut être inquiet devant ce que nous montre ce court, cette jeunesse d’avant la dégringolade dont le corps à peine rôdé est déjà colmaté par les substances. Mais un court métrage qui rappelle le titre « Tricky Kid » de Tricky (« they used to call me tricky-kid, I live the life they wish they did…. « ) ainsi qu’un de ses adages (« Seule compte l’énergie ! ») est un court métrage à saisir. D’autant que, question énergie musicale, « Petite pute » possède sa propre centrale avec le titre « Sexy Ghetto » du groupe Sexy Sushi aux paroles explicites :

« Fucking bitch
I tell you
Don’t look at me I’m dangerous
Fucking bitch when you see me
Down your eyes ‘cause I lost my mind… ».

Une île  de Anne Alix

Thierry a pour tout passeport son air de Philippe Léotard, son gros blouson, son Jean, son sac et ses santiags quand il arrive à l’île d’Oléron pour se refaire une vie ainsi qu’une certaine virginité. Même si sa mémoire est aussi franche que son regard, capable de scier l’horizon et certaines règles de bienséance.  Avec « Une île », la réalisatrice Anne Alix a choisi de faire exister le récit de cet homme – qui va rencontrer une femme – dans une filiation de l’histoire d’Adam et Eve. C’est dire son affection pour le personnage de Thierry et on la suit. Mais cette voix off qui nous explique l’origine du monde et la chute d’Adam et Eve, même agréable, nous dérange un peu dans ce court métrage qui peut être vu comme une sorte de conte pour adulte qui a quelques points communs avec le Angèle et Tony d’Alix Delaporte.

Si « Petite pute » et « Sous la lame de l’épée » sont des court métrages urbains, « Une île » a pour décor la mer, la mémoire, la famille, l’enfance ainsi qu’un besoin d’éviter la ville et, en particulier Paris, lieu où l’on se délite et où l’on a très peu d’espace pour vivre.

A cette sorte d’indifférenciation des êtres que l’on observe dans « Petite pute » et  « Sous la lame de l’épée », s’oppose ici le temps des hommes et des femmes : le monde ne s’est pas fait en un jour et « Une île » nous le rappelle. Constitué de flagrances poétiques, « Une île » nous donne accès à un monde et une vie que nous regardons peu. Que ce soit lors de cette scène où Thierry, sur une barque la nuit, regarde des chevaux dans un pré. Ou lorsqu’il prend le temps d’une certaine pause alors que ses nouveaux collègues l’attendent pour une cargaison d’huîtres. Si l’acteur Thierry Levaret donne du coffre à ce court, Caroline Ducey nous redonne plaisir à la revoir.

Franck Unimon

Consulter les fiches techniques de « Sous la lame de l’épée », « Petite pute », « Une île »

S comme Sous la lame de l’épée

Fiche technique

Synopsis : Dans son lycée parisien, Tom, d’origine chinoise, est un élève studieux qui fait partie du décor. Son aptitude à se faire oublier lui donne une nécessaire liberté.

Genre : Fiction

Durée : 13′

Pays : France

Année : 2011

Réalisation : Hélier Cisterne

Scénario : Hélier Cisterne et Nicolas Journet

Image : Antoine Parouty

Montage : Thomas Marchand

Son : Florent Klockenbring

Interprétation : Yangfan Xiang, Léa Rougeron

Production : Les Films du bélier

Article associé : Festival de Vendôme édition 2011. Regard sur trois films de la compétition nationale

I comme Une île

Fiche technique

Synopsis : Thierry entre dans la dernière partie de sa vie lorsqu’il arrive à Oléron. Il lui faut réussir là-bas ce qu’il semble avoir raté ailleurs.

Genre : Fiction

Durée : 59′

Pays : France

Année : 2011

Réalisation : Anne Alix

Scénario : Anne Alix

Image : Guillaume Brault

Montage : Anna Riche

Son : Ivan Broussegoutte

Musique : Jean-François Pauvros

Interprétation : Caroline Ducey, Thierry Levaret

Production : Batysphère productions

Article associé : Festival de Vendôme édition 2011. Regard sur trois films de la compétition nationale

P comme Petite pute

Fiche technique

petite-pute-claudine-natkin

Synopsis : Léa, 20 ans, est poissonnière dans un supermarché. Elle espérait passer une soirée agréable avec son copain mais celui-ci la laisse en plan. Elle accepte alors une certaine expérience.

Genre : Fiction

Durée : 27′

Pays : France

Année : 2011

Réalisation : Claudine Natkin

Scénario : Claudine Natkin

Image : Pierre Maillis-Laval

Montage : Coralie Van Rietschoten

Son : Emmanuel Bonnat, Julien Roig, Vincent Verdoux

Interprétation : Laurie Lévêque, Loic Brabant, Jean-Damien Detouillon, Florence-Iris Bouloc

Production : Sésame Films, Same Player

Articles associés : Festival de Vendôme édition 2011. Regard sur trois films de la compétition nationale , l’interview de Laurie Lévêque

Guillaume Bureau : « J’avais envie de réaliser un film ludique. En passant d’un décor à un autre, les personnages sont un peu comme dans un jeu de l’oie, je voulais montrer plusieurs combinaisons possibles »

Qu’on se le dise : Guillaume Bureau est un vrai gentil, ou plutôt un vrai discret, loin des paillettes et de l’intellectualisme qu’on reproche trop souvent au cinéma. Fort d’une certaine expérience dans le domaine du court-métrage et avec un univers bien à lui, il n’en reste pas moins une personne modeste, soucieuse que les autres comprennent bien le sens qu’il a voulu donner à ses films. Nous l’avons donc rencontré en exclusivité à Vendôme pour la première sélection en festival de son nouveau court métrage « Sylvain Rivière ».

Tu es venu à Vendôme pour présenter Sylvain Rivière, sélectionné ici pour la première fois puisque tu l’as récemment terminé. S’agit-il de ton premier film ?

Non, c’est mon quatrième film. Auparavant, j’ai réalisé deux courts-métrages produits et un autre autoproduit.

Tes précédents films ont-ils été produits avec la même société que pour celui-ci ?

Non. Les deux premiers ont été réalisés avec la productrice Gaëlle Jones, respectivement avec Château-Rouge Production et avec Red Star Cinéma. Puis, elle a arrêté la production en 2008, j’ai donc cherché un nouveau producteur. J’ai rencontré Nicolas Brevière chez Local Films puis on a cherché de l’argent pendant un an, un an et demi.

Lors de la dernière édition du Festival Côté Court de Pantin, ton scénario avait reçu le coup de cœur du jury. Avais-tu déjà ce prix lorsque tu as rencontré Nicolas Brevière ?

Non, je n’avais encore rien. Quand j’ai rencontré Nicolas, le projet passait en plénière à Centre-Image pour la région Centre que je n’ai pas eue finalement. C’étaient les seules avancées que j’avais à ce moment-là. On avait donc déjà signé un accord de production entre Nicolas et moi lorsque j’ai eu le coup de cœur du jury à Pantin.

sylvain-riviere1

D’ailleurs, tu nous disais à Pantin qu’à la lecture de ton scénario, le film était en réalité déjà tourné.

Oui, on l’a tourné au mois de mai 2011 et j’ai reçu le « coup de cœur du jury», en juin, un mois après le tournage. Mais, même si le film avait déjà été tourné, j’ai été très agréablement surpris de cette lecture. J’ai vraiment retrouvé le film. Disons que mon scénario est très écrit car il repose beaucoup sur les dialogues et là, j’ai vraiment retrouvé les sensations que j’avais eues sur le tournage.

Si tu as retrouvé les mêmes sensations qu’au tournage, cela signifie que tes comédiens n’ont pas trop transformé ton texte.

Non… J’aime bien qu’on respecte le texte. Par conséquent, ils l’ont appris et bien entendu, des transformations ont été faites au montage. Avec Alexandra Mélot, la monteuse, on a resserré certaines scènes.

Avais-tu déjà ces comédiens-là en tête ? Et avais-tu déjà travaillé avec eux ?

Pas tous, en réalité. J’ai écrit le film pour Ghislain de Fonclare, qui interprète le rôle principal. Disons que le personnage de Sylvain est très inspiré de sa façon d’être. Sylvain est un peu rêveur, enthousiaste, presque enfantin, avec une présence douce mais qui peut se révéler insolente… Quant à Laure Wolf, elle avait déjà joué dans mon court-métrage précédent et j’ai également beaucoup pensé à elle pendant l’écriture pour interpréter Christine, ingénue et mélancolique. Avec Ghislain et Laure, j’avais par conséquent déjà un couple à l’écran. Il m’a donc fallu chercher un deuxième couple de manière à former le quatuor de mon film : Florence Loiret-Caille et Guillaume Verdier me sont apparus comme une évidence. Je les ai choisis en fonction des tempéraments des deux premiers comédiens afin qu’ils s’opposent puisque mon film montre deux façons de se rencontrer. Il y a une première façon pleine de détours et très alambiquée, qui est celle de Christine et Sylvain, tandis que les deux autres personnages sont beaucoup plus directs. J’ai immédiatement pensé à Florence Loiret Caille pour interpréter Rose, plus terrienne et plus spontanée. Ça a été la même chose pour Guillaume Verdier, qui dégage par ailleurs l’énergie sexuelle qui était nécessaire au rôle d’Arthur.

À travers ton film, on pourrait croire à une critique de l’amour moderne puisque là où le premier couple semble ridicule de par sa manière un peu « à l’ancienne » d’aborder la rencontre, finalement ce sont eux deux qui semblent être les plus sincères et les plus poétiques.

En réalité, je n’avais pas pensé à ça comme lecture du film. Disons que pour moi, il n’y a pas une rencontre qui prévaut sur une autre. Il existe deux manières de se rencontrer et chacun trouve son bonheur comme il lui convient. En revanche, je voulais plus volontiers montrer à travers le personnage de Christine, qui avait tout prévu (la lettre d’amour, le déroulement de la rencontre, etc…), que finalement, si rien ne se passe comme elle l’avait imaginé, c’est que la rencontre par définition et quelle qu’elle soit, est toujours liée au hasard. C’est l’étonnement qui créé le rapport amoureux…

sylvain-riviere

Dans ce cas, qu’apporte le recours à l’art lyrique et aux chants anciens?

J’écoute beaucoup de musique classique, par goût. J’avais emprunté le disque de Guillaume de Machaut (1300-1377 / écrivain et compositeur lyrique) à la bibliothèque et j’avais été très touché lorsque je l’ai écouté. La chanson que j’ai utilisée pour le film est en ancien français, c’est-à-dire qu’on comprend et qu’on ne comprend pas les paroles : c’est étranger et familier à la fois. Selon moi, c’est justement ça qui est émouvant lorsque Sylvain va fredonner cette chanson à Christine à la fin : on pourrait comparer ce moment à une métaphore de la rencontre amoureuse. Entre eux, c’est à la fois une reconnaissance et un saut vers l’inconnu.

Que raconte cette chanson ?

Un amant n’ose pas dire à sa dame qu’il l’aime car il a peur d’essuyer un refus. Ainsi, il garde son amour secret. Christine est un peu pareille : elle a peur que l’homme sur qui elle fantasme lui dise non, au point qu’elle en a un malaise. Quant à Sylvain, il est similaire : c’est un spécialiste des amours impossibles. Christine et Sylvain, en écho à la chanson, incarnent deux formes d’amour mélancolique. Je souhaitais rendre à nouveau cette ballade vivante en la faisant chanter à Sylvain. C’était comme une expérience, voir si elle pouvait à nouveau agir comme déclencheur d’un sentiment amoureux. En tous cas, mon intention n’était pas de faire un film passéiste. Ce qui était important pour moi, c’était vraiment de confronter cette chanson médiévale à un univers contemporain pour créer un réel contraste.

Peux-tu nous parler de la relation entre cette musique et les quiproquos du film ?

Oui. En réalité, je souhaitais réaliser un film ludique. Il y a de nombreux décors : le film dure 23 minutes et il y a 11 décors dont le Musée des Beaux-Arts de Caen comme décor central. Je voulais qu’en passant d’un décor à un autre, les personnages soient un peu comme dans un jeu de l’oie. Je trouvais ça divertissant de démontrer qu’il peut y avoir diverses combinaisons possibles. Pour moi, lorsqu’on entend la chanson de Guillaume de Machaut d’un lieu à l’autre, c’est comme si on entendait la petite musique de l’amour qui contamine les différents personnages : il y a de l’amour dans l’air.

Pour terminer, pourrais-tu nous parler de ton rapport au court métrage ? Quel est ton regard sur ce format ?

Fort heureusement, ça existe car j’ai énormément appris en faisant des courts métrages; aussi bien en termes d’écriture que de réalisation. Parallèlement, cela permet de rencontrer des gens avec qui travailler, de former une équipe. Par exemple, j’ai toujours le même chef opérateur, la même monteuse image, la même monteuse son, le même mixeur, etc… Le court métrage offre un espace de liberté inouï. Pour moi, c’est très important.

Le mot de la fin. Quelle est ton actualité ?

En 2010, j’ai suivi l’Atelier Scénario de la Fémis, durant lequel j’ai écrit un scénario de long-métrage qui est en phase de réécriture. Je suis également en train de débuter un autre projet de long-métrage car c’est important d’avoir plusieurs projets en cours. Par ailleurs, je commence à peine un autre scénario de court métrage qui est l’adaptation d’une nouvelle d’Edith Warton, mais c’est vraiment très récent puisque j’ai seulement dû écrire une page de synopsis pour le moment. Ça serait transposé à l’époque contemporaine… Je continue par conséquent un peu sur les mêmes thématiques.

Propos recueillis par Camille Monin

Article associé : la critique du film

Consulter la fiche technique du film

Logorama online

Le film est encore pour quelques heures sur le site de Court-Circuit, voici une des dernières chances de voir ou revoir gratuitement « Logorama » (César, Oscar).

Synopsis : Dans un Los Angeles entièrement constitué de logos, deux Bibendums policiers engagent une course-poursuite avec Ronald Mc Donald, un trafiquant d’armes. Lorsque ce dernier a un accident, il prend en otage un enfant et se réfugie dans un restaurant, avant qu’un tremblement de terre (le « Big One ») n’anéantisse la ville.

Le film

Retrouvez nos sujets associés au film :

La critique de « Logorama » de H5
l’Interview de Ludovic Houplain, co-réalisateur de « Logorama »
l’interview de Nicolas Schmerkin, producteur du film

Short Screens #14 : spéciale Noël

Pour clôturer l’année en beauté, Short Screens vous propose une séance thématique spéciale, avec six titres traitant de la période de Noël et des différentes manières dont elle est vécue. Découvrez la programmation dans le document ci-dessous.

Short Screens #14 : le 29 décembre à 19h30, à l’Actors Studio, Bruxelles (PAF : 6 euros)

ss14-progra