H comme Histoire de chiens

Fiche technique

histoires

Synopsis : Istanbul, 2010, tandis que la ville est promue capitale européenne de la culture, qui se souvient que des milliers de chiens ont été exterminés en 1910 au nom de l’occidentalisation et du progrès ? Des habitants répondent et témoignent des liens qu’ils entretiennent aujourd’hui avec les chiens des rues de leur quartier. Du centre ville européen aux lointaines banlieues, la diversité des points de vue exprimés éclaire une société dans son évolution, ses contradictions et son saisissant dynamisme.

Année : 2011

Pays : France, Turquie

Durée : 52′

Genre : Documentaire

Réalisation : Serge Avédikian

Scénario : Serge Avédikian, Catherine Pinguet

Image : Boubkar Benzabat

Son : Karim Lekehal, Tolga Yelekçi

Montage : Chantal Quaglio, Sophie Bousquet-Fourès

Production : Sacrebleu productions

Coproduction : Maybe Movies, Anadolu Kültür

Article associé : la critique du DVD « Chienne d’histoire, Histoire de chiens » de Serge Avédikian

Du 20 au 23/09, le Botanique ouvre ses portes au Festival Elles tournent- Dames draaien

Du 20 au 23/09, le Botanique ouvre ses portes au Festival Elles tournent- Dames draaien

C’est la 5ème d’Elles Tournent : fictions, documentaires, courts et longs métrages, pour la plupart jamais vus en Belgique sont projetés sur les écrans du Bota. Le Festival « Elles Tournent » continue d’être une fenêtre sur le travail des réalisatrices qui viennent de tous les coins du monde et de toutes les cultures. Elles interrogent le monde, avec humour, fureur, originalité et insolence. Elles résistent et inventent, elles dérangent et stimulent, elles cassent les stéréotypes, elles changent notre façon de voir.

affiche-elles-tournent-dames-draaien-20122
Pour plus d’informations, voici le site du Festival.

Utan Snö (Sans la neige) de Magnus Von Horn

Rebel without a cause

Il est des réalisateurs qui vous transportent à chacun de leur film. Magnus Von Horn est de ceux-là. Son second opus “Utan Snö” (Sans la neige), présenté à Silhouette, rappelle “Echo« , son magnifique film de fin d’études, tourné en Pologne. On y retrouve la même verve incisive employée pour dresser le portrait d’une jeunesse en manque de (re)pères.

Si dans les années 50, Nicholas Ray aura été le peintre de la jeunesse américaine en crise, Magnus Von Horn pourrait en être le fidèle disciple tant son film “Utan Snö” a quelque chose de “La Fureur de vivre”. A la place de Jimmy, voici Linus, 16 ans, qui a troqué les courses de voitures pour le motocross. Mais loin de l’atmosphère citadine de l’Amérique d’après-guerre, le court métrage de Von Horn se situe dans la lointaine Suède, dans un village entouré de sapins. Un endroit désert et isolé faisant écho à la solitude intérieure du protagoniste qui vit seul avec sa mère. Si dans le film de Ray, le père était défaillant, ici, il est tout simplement absent. Une absence significative et symbolique. En quête de balises, Linus extériorise ses frustrations sur sa moto et s’en prenant à Adrian, le rejeté de la classe, un jeune homme épileptique et plutôt taciturne qui se retrouve souvent la risée de ses camarades de classe.

Chez le réalisateur américain, la violence était justifiée et montrée dans un rapport d’égalité, ici, elle est cruelle et injuste. Les jeunes de Von Horn n’ont tout simplement plus de valeurs. Acke, le meilleur ami de Linus est d’accord de “prêter” sa petite amie pour une nuit et Linus n’hésite pas à souiller Adrian sous la douche pour affirmer sa pseudo virilité. Personne n’est vraiment épargné, même la mère de Linus, qui demeure incapable de l’aider quand il le lui demande. Elle reste désemparée devant ce fils qu’elle ne reconnaît pas, cet écorché vif qui n’arrive plus à communiquer, à exprimer ce qu’il ressent. Même quand il confesse son amour à Hanna, la petite amie d’Acke, il n’ose la regarder dans les yeux. Lâcheté ou fragilité? Un peu des deux, sans doute.

snow2

Par une mise en scène irréprochable où la bande son privilégie l’intériorité de Linus, le réalisateur suédois dépeint avec brio l’adolescence, période charnière où il faut faire le deuil de l’enfance. Plongé dans une brume permanente, “Utan Snö”, tout comme “Echo”, joue sur une angoisse mystérieuse nourrie par des plans d’ensemble d’une nature immense et sauvage et des plans rapprochés des adolescents, de leur intimité. Ce contraste provoque une réelle tension, un malaise grandissant qui ne nous quitte pas jusqu’à la dernière scène où le cri de Linus tout contrairement à celui du criminel de “Echo” loin d’être un cri de douleur serait plutôt celui d’une délivrance.

Marie Bergeret

Consultez la fiche technique du film

U comme Utan Snö (Sans la neige)

Fiche technique

Synopsis : Linus a 16 ans et vient de tomber amoureux de la copine de son meilleur ami. Il ne pouvait pas imaginer que cela aurait de telles conséquences.

Genre : Fiction

Durée : 35’

Pays : Suède, Pologne

Année : 2011

Réalisation : Magnus Von Horn

Son : Max Arehn

Image : John Magnus Borge

Montage : Michal Leszaylowski et Kristin Grundström

Interprètes : Erik Lennblad, Louise Wehlin, Ivar Svensson, Oskar Creutz

Production : Lava Films

Article associé : la critique du film

Short Screens #20 : le court métrage sur grand écran

CHANGEMENT D’HORAIRE : exceptionnellement, la séance Short Screens de ce jeudi débutera à 20h15 au lieu de 19h30!!

Après le succès de la spéciale « Beyond Bollywood: un autre cinéma indien » en août, Short Screens propose une sélection « en vrac » pour annoncer l’automne ! Six courts éclectiques, d’ici et d’ailleurs, d’aujourd’hui et d’hier, qui combleront votre grand appétit du court!

Rendez-vous le jeudi 27 septembre à 19h30 à l’Actor’s Studio Bruxelles!

ss20-progra

Une initiative d’Artatouille asbl et Format Court

Cartoon d’Or 2012, attribué à « Oh Willy … » de Emma De Swaef et Marc Roels James !

Le Cartoon Forum, s’étant déroulé du 11 au 14 septembre, à Toulouse, a dévoilé le gagnant du Cartoon d’Or 2012. Nous sommes plus que ravis de vous apprendre qu’il a été attribué à « Oh Willy … » de Emma De Swaef et Marc Roels James, que nous vous avions fait découvrir à notre toute première séance de courts métrages (souvenez-vous !)

Le prix du meilleur court métrage européen d’animation a été remis aux réalisateurs le jeudi 13 septembre, au Théâtre National de Toulouse. Le film, réalisé en stop-motion avec des marionnettes et des décors faits de laine, de feutre et d’autres tissus, est co-produit par Beast Animation (Belgique), Polaris Film & Finance, Vivement Lundi! (France) et Luster Productions IL (Pays-Bas).

Synopsis : Willy retourne  à la communauté naturiste où il a passé sa jeunesse pour visiter sa mère mourante. Quand elle meurt peu de temps après son arrivée, Willy est confronté aux choix qu’il a faits dans sa vie …

Retrouvez la critique du film sur notre site et l’interview d’Emma de Swaef

Le Jury du Cartoon d’Or 2012 était composé des réalisateurs Alain Gagnol (France), Esben Toft Jacobsen (Danemark) et Giuseppe Lagana (Italie) et le prix a été remis par le réalisateur français Michel Ocelot (« Kirikou »). Les autres nominés étaient « Zing » de Kyra Buschor et Cynthia Collins (Allemagne), « Edmond était un âne » de Franck Dion (France, Canada), « Tram » de Michaela Pavlátová (France, République tchèque) et « Flamingo pride » de Tomer Eshed (Allemagne).

L’Etrange Festival, le 18ème palmarès

L’Etrange Festival, qui a eu lieu du 6 au 16 septembre au Forum des Images à Paris, s’est clôturé ce soir avec le dernier sprint, le palmarès final. Trois courts métrages y ont été récompensés, voici lesquels.

GRAND PRIX CANAL+ : « BASTAGON » de Marc SCHLEGEL – Autriche – 2011 – 20’31 – Expérimental

bastagon-schlegel

Synopsis : Une comédie étrange sur la solitude, le désir, l’individualisme, la peur de la danse, de l’extérieur, les grands-mères, les garçons et les filles bizarres étranges, le grand amour et le seul et unique vrai Black Metal.

PRIX DU PUBLIC : ex-aequo :

« DRAINED » de Nick PETERSON – USA – 2011 – 12’ – Animation

Synopsis : Un homme voit son égoisme et ses sales habitudes détruire la femme qu’il aime.

– « HOW WE TRIED A NEW COMBINATION OF LIGHT » de Alanté KAVAÏTÉ – France – 2012 – 40’ – Expérimental

tried

Synopsis : Dans une étrange fabrique, une jeune femme est éblouie devant la forme qui vient de naître entre ses mains.

10 ans de courts métrages au Festival Silhouette

Pour accompagner son dixième anniversaire, le Festival Silhouette a sorti l’an passé un DVD de films ayant marqué ses éditions précédentes, grâce à l’appui précieux de l’éditeur Potemkine. Dix films font partie de cette édition. Pour beaucoup d’entre eux, il s’agit de découvertes car il y a dix ans, nous ne connaissions tout simplement pas l’existence du festival – et encore moins du court métrage -. Heureusement, le principe du DVD existe et les anniversaires permettent de se rattraper.

DVD, face A. Un tourbillon de mots griffonnés en noir vous happe. A certains endroits, c’est illisible. A d’autres, des titres de films se laissent déchiffrer (« I love Sarah Jane », « La main sur la gueule », « Premier Anniversaire », « La peur petit chasseur, … »). DVD, face B. Les programmateurs de Silhouette, une poignée de jeunes gens ayant grandi et évolué en même temps que le festival, défendent un « cinéma libre, imprévisible, (…) multiforme, singulier et iconoclaste ». Les adjectifs choix sont expressifs, engagés. Voici donc les films forts et singuliers que nous avons préférés dans cette compilation.

Dans le registre comique, c’est bien évidemment « A Heap of Trouble » de Steve Sullivan qui se dégage de la sélection. Cette petite chose délirante de 4 minutes croque un instant d’humour burlesque dans une banlieue résidentielle anglaise, lorsqu’un groupe d’hommes complètement nus arpente la rue d’un bon pas, en chantant en cœur et de vive voix. Leur passage provoque le désordre le plus complet auprès des badauds, notamment masculins, que les postérieurs et les sexes à l’air sont loin de laisser indifférents.

Deux autres films de fiction, plus sombres, l’emportent également. En premier lieu, « Soft » de Simon Ellis, également anglais, qui fait preuve d’une maîtrise géniale dans son scénario et dans sa mise en scène. Incroyablement réaliste, il « offre » une tension sans pareil en scrutant avec force et gravité le conflit sourd entre un père et son fils, la violence urbaine et juvénile ainsi que nos peurs les plus élémentaires. En ouverture, un adolescent se fait malmener par un gang de voyous. Ceux-ci s’en prennent par la suite à son propre père qui peine à se défendre. Ils le suivent jusque chez lui, en accentuant leurs provocations. Lorsqu’il se fait à nouveau agresser sans réagir, mais cette fois sous les yeux de son fils, c’est son image de père protecteur, son rôle d’adulte responsable et ses peurs d’enfant qui se voient remises « au goût » du jour. Jugez plutôt (v. ci-dessus).

exoticore-nicolas-provost

Autre histoire, belge cette fois, « Exoticore », réalisée par Nicolas Provost, dont les films sont souvent cités sur notre site. Le film suit du regard Tambiga, un immigré burkinabé, cherchant à s’intégrer dans la société norvégienne dans laquelle il vit, que ce soit auprès des femmes (ah, le plan d’ouverture sur les fesses des nageuses), de ses collègues de travail (jamais disponibles pour prendre un verre) ou du hasard des rencontres. Le film, en partie autobiographique, dédié à « tous les héros exotiques de l’univers », est plus classique, plus narratif que les courts précédents et ultérieurs de Nicolas Provost. La solitude, le sentiment de différence, la culture des clichés, la difficulté de trouver sa place et la démence contemporaine y sont servis avec pertinence, grâce au travail génial opéré sur le son, l’image et le montage et à la prestation terriblement émouvante du comédien principal, Isaka Sawadogo.

Côté documentaire, deux intérêts nous rattrapent : « Je m’appelle » de Stéphane Elmadjian et « Nachtwake » de Menno Otten. Vieux de dix ans, le premier n’a pas perdu sa pugnacité et sa force d’impact. Mêlant images d’archives, visages d’hommes et récits prenants, « Je m’appelle » repose sur un montage fort, un rythme enlevé et une révolte verbalisée. Silvio, Dan, Jean, Sergio, Louis, Ibrahim, Ignacio, … : autans de prénoms et de visages d’anonymes, d’exclus, d’opprimés, de damnés, de laissés-pour-compte de la société, dont les histoires se racontent en off. Dans « Je m’appelle », les visages sont graves, l’individuel rejoint le collectif, le sentiment de liberté est un rêve déchu. Et l’engagement est de circonstance.

Autrement puissant, « Nachtwake » (Le veilleur de nuit) de Menno Otten est une véritable expérience visuelle et sonore, proche de l’expérimental. Dans un port hollandais, filmé de nuit, le souffle enveloppe des bruits étranges, les points lumineux se heurtent au noir et blanc, les vagues se mêlent aux brumes. Le son, angoissant, gagne en volume, les cordages de chalutiers se mettent en mouvement, les filets de pêche sortent de l’eau, les prises (poissons et crustacés) tentent, dans un ultime espoir, de respirer et de survivre. Quand la beauté des images frisonne à cause de leur violence, le synopsis parle d’une perte de « limites de la réalité et de la conscience ». On veut bien le croire.

Katia Bayer

DVD 10 ans de courts métrages au Festival Silhouette : Editions Potemkine

Christelle Cornil, invitée d’honneur de Cinergie à Flagey

Les 4 saisons de cinergie

Incontestablement, quand on est acteur, il y a des rôles qui vous font. Que ce soit par la (re)connaissance publique ou par les rencontres professionnelles. Pour Christelle Cornil,  ce fut Le Vélo de Ghislain Lambert de Philippe Harel qui a lancé sa carrière. Non pas qu’elle a eu à interpréter un personnage fort ou complexe. Elle devait juste être là, aux côtés de Benoît Poelvoorde, être sa femme « une fille un peu rangée, discrète », effacée, laissant à son mari toute l’envergure qu’il aime prendre. Mais ce long métrage lui a fait connaître de nombreuses personnes qui, d’une façon ou d’une autre, ont contribué à la construction de sa carrière. Il y a d’abord eu Xavier Diskeuve et le court métrage Révolution. Il y a également Pierre Duculot, Dormir au chaud, Dernier voyage, pour arriver au premier rôle principal qui lui a enfin été donné, celui de Cristina dans Au cul du loup.

Jeune femme animée de doutes et de volontés. Christelle Cornil est l’invitée de Cinergie pour sa soirée de courts métrages estivale. Nous pourrons la découvrir dans un panel de films d’auteurs et de genres totalement différents. Elle sera présente avec les réalisateurs et réalisatrices qui lui ont fait confiance.

Flagey – studio 5 – le vendredi 14 septembre à 19h30 (Attention, la séance débute à 19h30!)

Révolution de Xavier Diskeuve, 2006
Stencil de Dominique Laroche, 2007
A peine de Damien Collet, 2009
Dernier voyage, Pierre Duculot, 2007

www.cinergie.be

Nous ne serons plus jamais seuls de Yann Gonzalez

Trois ans après « Les Astres Noirs » qui rendait cinégéniques les boucles blondes de Julien Doré, Yann Gonzalez nous revient avec « Nous ne serons plus jamais seuls » (un titre qui pourrait être le pendant optimiste du « Nous ne vieillirons pas ensemble » de Pialat), un petit film muet de dix minutes tourné en Super 8 et en noir et blanc (et avec des adolescents), projeté ces derniers jours à Silhouette.

Cinéaste et critique de cinéma, Gonzales est l’auteur de cinq courts dont le remarqué et remarquable « Je vous hais petites filles » (2008), moyen métrage ambitieux et rock n’roll qui sublimait sa muse d’alors, Kate Moran. « Nous ne serons plus jamais seuls » reprend les thèmes principaux des courts précédents de l’auteur à savoir la jeunesse, le désir, la musique et l’importance du groupe.

Dans un timing resserré de dix minutes, il filme une fête nocturne peuplée d’adolescents affichant une jeunesse rageuse et éclatante, débarrassée à cet instant des codes embarrassants des boums pourtant pas si lointaines. On danse, on se jauge, on se sépare, on pleure, on s’embrasse, à première vue rien n’a toutefois changé.

Le réveil, lui, sera plus dur, comme une prise de conscience. L’inscription “Ne jamais crever” sur le mur du sous-sol apparait comme un rappel à l’ordre, une menace qui plane. Le groupe marche alors à travers champs (croisant des ruines un peu trop symboliques) pour assister au lever du soleil. Le film se clôt de la sorte, sur un visage souriant, illuminé, blond et adolescent. Lueur d’espoir.

Malgré le talent visuel évident de Yann Gonzales, on peine malheureusement à accrocher à ce récit qui hésite entre le clip, la fable et l’exercice de style. Reste l’énergie indiscutable du film qui séduit forcément. On guettera donc avec attention le passage au long du cinéaste qui lui permettra sans doute d’approfondir son sujet de prédilection.

Amaury Augé

Consultez la fiche technique du film

N comme Nous ne serons plus jamais seuls

Fiche technique

Synopsis : Une fête, la nuit. Des adolescents dansent et s’aiment comme si c’était la première et la dernière fois.

Genre : Fiction

Durée : 10′

Pays : France

Année : 2012

Réalisation Yann Gonzalez

Scénario : Yann Gonzalez

Image : Thomas Favel

Montage : Thomas Marchand

Son : Damien Boitel, Xavier Thieulin

Musique : Anthony Gonzalez

Interprétation : Claire Ballu, Megan Northam, Guilhem Logerot

Production : Sedna Films

Article associé : la critique du film

Etrange Festival, billet 5

On ne le dira jamais assez : les courts de l’Etrange Festival prennent un malin plaisir à brouiller les pistes pour nous amener hors des sentiers battus. Cet ultime programme reste fidèle à cette promesse. On y retrouve Max Hattler que nous avions déjà remarqué l’année dernière avec son diptyque « 1923 aka Heaven » / « 1925 aka Hell ». Il nous propose cette fois-ci rien moins qu’un voyage au cœur de l’harmonie universelle avec son nouveau film « Sync ». Tim Dean opte lui pour une comédie de science-fiction légère avec « The Applicant », qui met en scène un entretien d’embauche très particulier. Trip psychédélique synchronisé contre SF humoristique à ranger quelque part entre les EC Comics et Men In Black, l’Etrange Festival fait une nouvelle fois preuve d’une grande originalité dans ses choix.

SYNC (Max Hattler – Danemark – 2010 – 9’ – Expérimental).  Une harmonie immuable est au centre de tout. Une harmonie qui régule tout. Le reste a suivi. Le temps, la physique, la vie…

THE APPLICANT (Tim Dean – Australie – 2011 – 4’45 – Fiction).  Un candidat. Un employeur. Un bureau. Mais à quoi postule vraiment le candidat ?

Pour sa part, le film de Rolando Colla, EINSPRUNCH VI (Objection), s’inscrit dans une série de plusieurs courts métrages ayant pour thème la vie des sans-papiers. Ce sixième opus nous invite à voir, en vue subjective, le parcours tragique d’un jeune réfugié politique nigérien aux prises avec les autorités suisses.

EINSPRUCH VI (Rolando Colla – Suisse – 2011 – 17’ – Fiction). En 2010, lors d’une expulsion, un réfugié est mort tragiquement. L’histoire est racontée du point de vue de ce demandeur d’asile.

L’Etrange Festival tire sa révérence avec ce cinquième et dernier programme de courts métrages. Une nouvelle fois, la découverte de talents et le suivi d’artistes confirmés ont été au rendez-vous, pour notre plus grand plaisir ! Loin des effets de mode passagère, ce festival continue d’être animé par une radicalité et par la cohérence de ses choix, pour nous proposer chaque année la crème du court métrage mondial. Vivement la prochaine et dix-neuvième édition !

Julien Savès et Julien Beaunay

De la Toile à l’Ecran. Les courts, eux aussi, font leur rentrée. Soirée Format Court, demain, 13/09 !

Demain soir, jeudi 13/09, nous vous donnons rendez-vous pour la première séance Format Court de l’année, avec cinq films, vus, aimés et primés en festival. La soirée se déroulera au Studio des Ursulines, une charmante salle d’art et essai à l’ancienne (osez le balcon !) du 5ème arrondissement. Vous aurez l’occasion d’y rencontrer les membres des équipes présentes (Emilie Mercier, Christophe Le Masne, Sandra Schultze & Lionel Guenoun) autour d’un verre offert après la séance.

newsletter

Infos pratiques

Projection Format Court, en présence des équipes + pot de rentrée, le jeudi 13 septembre.

Séance : 20h. Projection de films : 20h30.

Détail de la programmation : ici (et pas là).

Studio des Ursulines : 10 Rue des Ursulines, 75005 Paris

PAF : 6 €

Accès au cinéma : BUS : 21, 27 (Feuillantines), 38 ou 82 (Auguste Comte), 84 ou 89 (Panthéon).
RER : Luxembourg (sortie rue de l’Abbé de l’Epée).
 Métro le plus proche : Ligne 7 (Censier Daubenton), en marchant un peu…

Réservations souhaitées : soireesformatcourt@gmail.com

Deep End Dance de Conor Horgan

Une mère ravigote son fils, réajuste sa cravate, vérifie qu’il est bien peigné puis lui met un pince-nez avant de le pousser « dans le grand bain ». L’homme tombe alors dans une piscine, vêtu d’un élégant costume noir, se demandant un temps soit peu où il se trouve avant que la musique, telle une berceuse, le fasse se sentir plus à son aise. Tel est le début de « Deep End Dance », une fantaisie aux airs en apparence burlesques et surtout profondément poétiques, présentée dans la Rétrospective Danse du Festival Silhouette 2012.

L’homme s’agite, virevolte intensément : avec grâce, il enchaîne sous l’eau, des pas chassés, sauts carpés et autres arabesques pour attirer l’attention de sa mère toujours à la surface, qu’on aperçoit prévenante. Le fils se débat alors dans tous les sens, la mélodie au piano se veut plus s’intensifie jusqu’à ce que la mère plonge à la rescousse de son protégé. Elle porte un maillot rétro à fleurs avec un bonnet assorti, son enfant l’accueille à bras ouverts, comme s’il s’agissait de la plus merveilleuse femme au monde.

Place alors à un ballet aux sonorités mélangées de piano et de clarinette, toujours aussi douces et rassurantes. Nos héros danseurs se lâchent, se rattrapent, se collent, s’espacent… et le film se clôt sur l’image de la mère sauvant l’homme/l’enfant en le prenant par les cheveux, de manière à lui éviter la noyade.

La double résonance du titre – « Deep End Dance » – résume parfaitement ce petit bijou de cinéma : il renvoie, certes, à un ballet dans les profondeurs d’une piscine, mais aussi et surtout, à la dépendance entre une mère et son fils. Une question persiste pourtant : qui, de la mère ou du fils, est finalement le plus dépendant de l’autre ? Le fils tellement à l’aise dans son liquide amniotique ? Ou la mère qui intervient à chaque saut de biche de son fiston et le surprotège ?

Le film si poétique prend finalement un ton plus empreint, presque fatal : le lien maternel serait-il indestructible ? Aussi beau soit ce cordon, n’est-il pas un peu triste d’imaginer que la mère et le fils ne pourront jamais devenir indépendants l’un de l’autre ? Autant de questions que laisse en suspense l’Irlandais Conor Horgan, ancien photographe puis réalisateur de spots TV et de clips vidéo. Son film se situe d’ailleurs volontiers à la frontière, entre le clip et la pub, dont on imagine les conditions de tournage plutôt athlétiques (cf. making-of ci-dessus) malgré les conditions physiques belles et bien sportives des deux protagonistes, puisque l’un est chorégraphe de métier et l’autre, ancienne championne de natation synchronisée. Tous deux nous offrent six minutes en apnée tout simplement tourbillonantes.

Camille Monin

Consulter la fiche technique du film

D comme Deep End Dance

Fiche technique

Synopsis : Un homme danse sous l’eau avec sa mère.

Genre : Fiction

Durée : 6’20’’

Pays : Irlande

Année : 2010

Réalisation : Conor Horgan

Scénario : David Bolger

Image : Richard Kendrick

Montage : Roisin O’Donnell

Son : Michael Cassidy

Musique : Michael Fleming

Interprétation : David Bolger, Madge Bolger

Production : Wildfire Film

Article associé : la critique du film

Silhouette 2012

Dimanche soir, s’est terminée la onzième édition du festival Silhouette, au terme d’une semaine de projections quotidiennes, très distinctes les unes des autres (compétition, documentaires, films hybrides, jeune public). Au fil des ans, cette manifestation, portée par une bonne poignée de jeunes bénévoles, a réussi à transmettre son intérêt indéfectible pour le court métrage en favorisant des séances très suivies en plein air (aux Buttes Chaumont), et à dénicher des films importants, qu’on n’avait pas (encore) vus ailleurs. C’est à Silhouette qu’ont été vus  «10 min. » de Jorge León (Belgique), « The Cow Who Wanted to Be a Hamburger » de Bill Plympton (États-Unis) ou « Elefantenhaut » (Peau d’éléphant) de Ulrike Putzer et Severin Fiala (Autriche). C’est à Silhouette qu’ont été repérés, cette année encore, des films qui comptent.


Retrouvez dans ce Focus :

l’interview d’Emma de Swaef, co-réalisatrice de « Oh Willy » (Compétition internationale, Belgique, France, Pays-Bas)
– 3 Dni Wolności (3 jours de liberté) de Lukasz Borowski (Documentaire, Pologne)
La critique de « Utan Snö » (Sans la neige) de Magnus Von Horn (Compétition internationale, Pologne)
– La chronique du DVD « 10 ans de courts métrages au Festival Silhouette »
– La critique de « Nous ne serons plus jamais seuls » de Yann Gonzales (France, Compétition internationale, Programme Danse)
– La critique de « Deep End Dance » de Conor Horgan (Irlande, Rétrospective Danse)
– Le palmarès 2012
Le Coup de cœur Format Court/Festival Silhouette décerné à “Choros” de Michael Lagan et Terah Maher

Et nos anciens articles, en lien avec cette édition :

– La critique de « Dounouia » d’Anthony Quéré et Olivier Broudeur – France (Rétrospective Danse)
– L’interview d’Anthony Quéré, réalisateur de « Dounouia » – France (Rétrospective Danse)
– La critique de « Danse Macabre » de Pedro Pires – France, Canada (Rétrospective Danse)
– La critique de « Oh Willy… » d’Emma De Swaef & Marc James Roels – Belgique (Compétition)
– La critique de « Fais Croquer » de Yassine Qnia – France (Compétition)
– L’interview de Yassine Qnia, réalisateur de « Fais Croquer » – France (Compétition)
– La critique de « Retour à Mandima » de Robert-Jan Lacombe – Suisse (Compétition)
– La critique de « Boro In The Box » de Bertrand Mandico – France (Compétition)
– La critique de Ce qu’il restera de nous de Vincent Macaigne – France (Compétition)
– L’interview de Vincent Macaigne, réalisateur de « Ce qu’il restera de nous » – France (Compétition)
– La critique de « Le Gosse » de Louise Jaillette – France (Programmation documentaire)

Festival Silhouette, le palmarès 2012

Dimanche soir, s’est clôturé le 11ème festival Silhouette au CENTQUATRE et aux Buttes Chaumont. En voici le palmarès. Ta-ta-tam…

Grand prix Silhouette : « Oh Willy » de Roels Marc James, De Swaef Emma (Belgique, France, Pays-Bas)

Prix spécial du jury : « La sole entre l’eau et le sable » de Angèle Chiodo (France)

Prix de la Meilleure photographie d’un film français : « Boro in the Box«  de Bertrand Mandico (France)

Meilleure interprétation féminine : Laetitia Dosch dans « Vilaine fille mauvais garçon » de Justine Triet (France)

Meilleure interprétation masculine : Thibault Lacroix dans « Ce qu’il restera de nous » de Vincent Macaigne (France)

Mentions pour « Le garçon lumière » de Jérémy Van Der Haegen (Belgique) et « Le sens de l’orientation » de Fabien Gorgeart (France)

Coup de coeur Format Court : « Choros » de Michael Lagan et Terah Maher (Etats-Unis)

Prix du Jury Jeune : « La sole, entre l’eau et le sable » de Angèle Chiodo (France)

Mention du Jury Jeune pour « Le sens de l’orientation » de Fabien Gorgeart (France)

Prix du Jeune Public : « Korida » de Janis Cimermanis (Lettonie) et « Luminaris » de Juan Pablo Zaramella (Argentine)

Prix du Public : « Le sens de l’orientation » de Fabien Gorgeart

Etrange Festival, billet 4

Sombre, radical et expérimental : le quatrième programme de courts métrages proposé par l’Etrange Festival n’est pas à mettre en toutes les mains…

machina-homosapiens-olaf-hoegermeyer1

Ça commence avec MACHINA HOMOSAPIENS de Olaf Hoegermeyer (Allemagne – 2011), une sorte d’interprétation futuriste et parfaitement cauchemardesque du célèbre roman d’Aldous Huxley « le Meilleur des mondes ». On y découvre un système minutieusement réglé par une vertigineuse machine aux mécanismes indéfectibles.

schwere-augen-siegfried-fruhauf

On continue avec SCHWERE AUGEN de Siegfried A. Fruhauf (Autriche – 2011) et NEWLY RISEN DECAY de Giada Ghiringhelli (Royaume-Uni – 2011), deux films qui proposent une vision du monde toute aussi ténébreuse, désenchantée et sidérante. La musique et le très beau noir & blanc permettent une immersion totale dans cette véritable « pluie numérique ».

Une note d’espoir subsiste dans cet inquiétant programme grâce au film ONE MOMENT PLEASE de Maarten Koopman (Pays-Bas – 2011) qui raconte avec beaucoup d’humour les déboires d’un homme qui tente désespérément d’annuler son abonnement téléphonique et qui, pour patienter, se met à dessiner sur son journal. Tandis que sa patience est mise à rude épreuve, le traits de ses dessins devient de plus en plus bouillonnant…

please-hold-the-line-maarten-koopman
Tous ces films font partie du Programme de Courts Métrages n°4 de l’Etrange Festival 2012, projeté mercredi 12 septembre, à 17h30 au Forum des images.
Julien Beaunay

# Coup de cœur Format Court/Festival Silhouette décerné à « Choros » de Michael Lagan et Terah Maher

Ce sont 18 films de danse, regroupés en 2 programmes, qui ont été vus cette semaine lors du Festival Silhouette par le Jury Format Court (Nadia Le Bihen, Julien Beaunay, Julien Savès et Fanny Barrot). Ce focus thématique, inspiré et inspirant, proposé par le festival faisait la part belle aux films de l’année mais donnait également l’occasion de revoir quelques pépites plus anciennes, dans le cadre d’une séance rétrospective.

La danse offre une certaine universalité aux films. Le langage corporel fait fi des mots et rend intelligible ce qui parfois ne peut être dit. Le film « Coup de cœur Format Court » est à l’image de cela. « Choros » de Michael Lagan et Terah Maher, impressionnant par sa beauté plastique et sa maîtrise technique, submerge le spectateur, provoque en lui une émotion forte face aux mouvements dansés et décomposés, envahissant progressivement l’écran. Le film est fort et simple, fascinant et sensuel. Il a rapidement fait l’unanimité au sein du Jury Format Court.

Très prochainement, un focus consacré à Michael Lagan et Terah Maher sera publié sur le site. Si vous n’avez pas eu l’opportunité de voir « Choros » dimanche soir, à la clôture du festival Silhouette aux Buttes Chaumont, vous avez tout le loisir de vous rattraper : le film sera projeté à la séance Format Court du 11 octobre au Studio des Ursulines.

Choros (Michael Langan, Terah Maher, Animation, Expérimental, 12’44’, Etats-Unis, 2011)

Synopsis : Une danseuse donne vie à une ribambelle de figures féminines dans ce “pas de trente-deux” surréaliste.