V comme Vegtelen percek

Fiche technique

Synopsis : Un après midi d’été, un homme se renverse son café dessus, un autre nourri des pigeons, un autre tue une abeille, un autre meurt, un autre copie des motifs, un autre écoute la radio, un autre passe un coup de fil, un autre … Et il existe peut être des liens entre eux …

Réalisation : Cecília Felméri

Genre : Fiction

Durée : 19′

Pays : Hongrie, Roumanie

Année : 2011

Image : György Réder

Son : Rudolf Várhegyi

Montage : Péter Politzer

Décors : Sandra Sztevanovity

Interprétation : József Bíró, György Honti, Kata Losonczi, Csilla Varga, Zoltán Tamási, Bea Lass, Tünde Szalontay

Production : Inforg Studio, Argo Audiovisual Association

Article associé : la critique du film

Aperçu de la sélection française à Brest

Le court métrage français a de beaux jours devant lui. La sélection du Festival de Brest de cette année est là pour nous le prouver : des films aboutis, plutôt engagés, souvent drôles et particulièrement bien mis en scène. Un joli cru qui n’annonce en rien la fin du monde !

Au programme de cette compétition 1 de courts métrages français, nous retrouvons pêle-mêle des parapluies capricieux, des hommes nus, un poisson, un nouvel amour et une mauvaise surprise. En somme, un éclectisme cinématographique bien appréciable.

Dans « Les parapluies migrateurs », Mélanie Laleu exploite un univers aussi énigmatique que celui de « Brazil » (du grand Terry Gilliam. On a connu comparaison esthétique moins flatteuse !), au confins du réel et de l’imaginaire. Sa recherche visuelle (des gris contrastés et une pluie constante) s’oppose à sa recherche auditive (une bande-son plutôt entraînante et joyeuse), offrant un résultat très plaisant et bourré d’humour. Sans compter que les parapluies, en plus d’être migrateurs, n’en sont pas moins capricieux! « Mary Poppins » chez Terry Gilliam ? Un mélange surprenant aux saveurs subtiles.

L’humour est également une des caractéristiques de « Stronger », court métrage de Victor Rodenbach et Hugo Benamozid. Sur ouverture de voix-off masculine, deux « amis » devenus « ennemis » se retrouvent dans une salle de cours de dessin, à poser nus devant une dizaine d’élèves. Si le propos s’attarde sur les questions de confiance au sein d’une relation amicale, la mise en image décomplexée et pourtant pudique de ces chairs masculines confère aux dialogues un angle sarcastique. Et à la fin ? Nos deux compères sont toujours nus, mais peut-être réconciliés.

Dans « La sole, entre l’eau et le sable » d’Angèle Chiodo, nulle question de réconciliation, puisque le conflit est absent. On retrouve cependant une voix-off (féminine cette fois) qui parle de la sole, accompagnée d’une illustration visuelle inattendue. La réalisatrice offre un travail sur les formes, les matières et les couleurs très surprenant et d’une grande originalité.

De voix-off féminine, il est encore question dans le court métrage d’Alphonse Giorgi et Yann Tivrier, «Polaroïd Song ». Dans les années 90, un groupe de rock exclusivement féminin est racontée par sa photographe, une jolie jeune femme métissée en passe de découvrir l’amour. Le parti pris assez risqué de la faire parler en face caméra, comme s’adressant aux spectateurs, aurait pu être un flop total (le procédé est dépassé s’il est mal utilisé), mais les réalisateurs se dépatouillent du pire à merveille. Il est fort appréciable de découvrir un film assez féminin, qui parle des femmes sans s’adresser uniquement à elles, et qui plus est mis en image par deux hommes !

Cette sélection se clôture par un film d’Émilie Cherpitel, « Les filles du samedi ». Une femme (interprétée par Cécile Cassel) se réveille dans un appartement lumineux. Elle cherche les choses (on comprend ainsi rapidement qu’elle n’est pas chez elle), passe d’une pièce à l’autre, et se retrouve nez à nez avec un enfant. Il est le petit frère de l’amant de la nuit, parti au golf comme tous les samedis et qui compte bien sur sa conquête nocturne pour s’occuper du bambin ! Un goujat qui aurait pour seul excuse le fait d’être orphelin et responsable par « obligation » de son petit frère. Le duo imposé trouvera finalement de joyeuses occupations… Un court qui en dit long sur l’humour de la réalisatrice, qui joue avec des dialogues pinçants et des rebondissements bien amenés. En dire plus serait gâcher la surprise, car dans Les filles du samedi, rien n’est tout à fait ce que l’on croit.

Même éclectisme dans la compétition 2, avec plus de noirceur cependant et une forme évidente de renoncement au bonheur ultime. Dans « Chacun sa nuit », Marina Diaby brosse les portraits croisés de ces femmes qui, derrière un écran, procurent des moments de plaisirs à des hommes solitaires. Des échanges pour de l’argent, que certaines considèrent comme un travail. Juste un travail. Mais comment renoncer au bonheur d’aimer pour de vrai, pour de bon, même si la rencontre se fait par le biais d’un écran ? L’une d’elles y croit… Mais les fées, cela n’existe que dans les contes.

« Cendres », de Jérome Farrugia, a également quelque chose du conte. Une jeune femme en détresse, un preux chevalier, un château et des « méchants ». Si l’histoire est assez banale, la mise en image, elle, relève vraiment de l’onirisme. Esthétiquement, un noir et blanc très contrasté, ne laissant sortir que le rouge comme autre couleur (la robe de la femme, le sang, certaines armures, etc.). Au fil du court, le rouge, qui n’était que tâche ponctuelle, devient de plus en présent, envahissant, angoissant, et les plans disloquent et morcellent les corps. « Cendres » est un voyage en terre inconnue, persistant comme un rêve, perturbant comme un cauchemar.

Le noir et blanc est aussi la clef esthétique du film de Hu Wei : « Le propriétaire ». Une histoire complexe (autant que sa chute ?) dont vous pouvez découvrir la critique ici. « Le sourire du plombier » n’est pas celui que vous croyez ! Le court métrage assez bref (3 minutes et 30 secondes) de Guillaume Chevalier se déroule dans une cuisine, avec une vieille dame, son fils (qui ne fait que passer) et un plombier. Drôle, vif et sans concession, ce court est comme un sketch, agrémenté de la cruauté réjouissante que seules certaines situations peuvent offrir !

que-puis-je-te-souhaiter-avant-le-combat

Dernier court métrage de cette sélection mais pas des moindres, « Que puis-je te souhaiter avant le combat ? », de Sofia Babluani, nous entraîne dans l’univers d’une jeune femme muette, vivant à la campagne avec son père et sa soeur. Un quotidien bien réglé jusqu’à l’arrivée d’une « étrangère » qui chamboulera leur existence pour toujours. Comme ses personnages, « Que puis-je te souhaiter avant le combat ? » est une oeuvre généreuse, plaidant l’amour et la tolérance envers et contre tout(s).

Géraldine Pioud

Cocotte Minute : la pression monte

Pour cette 27ème édition du Festival européen du film court de Brest, les programmateurs ont concocté un condensé de 13 films très courts assemblés dans leur désormais incontournable Cocotte Minute.

Qui y a-t-il dans cette cocotte ?

Le principe du programme reste inchangé : il consiste en une compétition de courts métrages européens de moins de dix minutes et sans dialogue. Cette année, onze pays européens sont représentés et les films issus des productions des pays du sud de l’Europe brillent toujours par leur déconcertante absence. Seule la Grèce tire son épingle du jeu avec la programmation de « Extrem walks », de Agnes Sklavos et Stelios Tatakis, un court métrage composé à la façon d’un jeu vidéo.

Si l’on regarde du côté des perles de ce programme, ce sont sans aucun doute les petits pays du Benelux (le Luxembourg et les Pays-Bas, la Belgique n’étant malheureusement pas représentée) qui relèvent cette année le niveau de la cuvée Cocotte Minute avec notamment le très léché « Year Zero » de Mischa Rozema, certes filmé à Prague mais entièrement post-produit à Amsterdam.

La comédie. Une force centrifuge.

Les programmes de films très courts ont toujours fait la part belle aux drôleries de tous types. Seulement, en période de crise économique et sociale, il semblerait que les cinéastes aient envie, et besoin d’exprimer des sentiments moins joyeux même dans les petites formes. Le programme Cocotte Minute, lui, est réputé être une compétition de films audacieux et souvent drôles ou tout du moins ludiques. Pourtant, les films proposés en 2012 semblent refléter une certaine morosité ambiante dont les auteurs et réalisateurs ont du mal à s’extraire.

Par chance, le programme est tout de même rythmé par trois films où l’on sourira faute de rire à chaudes larmes, et dans ceux là, les codes du genre sont respectés. Dans « What It Seems » de Jakob Schmidt (Allemagne), le spectateur est pris dans la tourmente d’un film à chute où l’ambiance sordide bascule inévitablement dans la grosse blague. Du côté des sketches et du burlesque, on se tourne vers le sympathique « Oh! Merde » de Guillaume Ducreux et Aliocha Itovich (France). On retrouve d’ailleurs dans ce film l’humour décalé de « Le monstre géant suceur de cerveaux de l’espace » dans lequel officiait Itovich en tant que comédien. Et puis, comment ne pas citer la douce moquerie « Riders to the Sea » de Orla Walsh (Irlande) qui traite de la difficulté d’être un(e) surfeur(se) épanoui(e) dans un monde où la combinaison en latex régit vos actes et gestes… Au-delà de ces trois films, très proches de la blague, le reste du programme surfe par contre sur une vague plus douce-amère et avoisine même le bord de la déprime.

Apocalypse is now

Dans ce programme, les hommes sont souvent représentés en tant que créatures profondément inadaptées au monde dans lequel ils vivent. Qu’il s’agisse de l’environnement urbain comme dans « Extrem walks » (Grèce) où une jeune femme aveugle doit affronter les obstacles de la ville, ou bien d’un monde futuriste dans « Ibijazi » de Luc Feit (Luxembourg) où l’héroïne subit l’aseptisation à outrance de son quotidien, l’univers semble ne plus être en adéquation avec ses habitants.

Ce sentiment de mal-être est doublé d’une mutation physique du genre humain dans le perturbant « Year Zero » qui pousse le cauchemar jusqu’à dépeindre un monde totalement apocalyptique. Il n’y aura bien que « (In) » de Mikko Kallinen (Finlande) pour tenter une réconciliation entre les hommes et leur environnement. Dans cet univers, les hommes communiquent par la danse avec des organismes amis. Maigre consolation que celle-ci face au marasme ambiant remarqué dans les productions européennes montrées à Brest, dans ce programme Cocote Minute : le monde y est dépeint avec un tel cynisme qu’il ne semble y avoir que peu de place pour la rédemption.

L’enfer c’est les autres.

Pour abonder dans le sens du désenchantement présenté dans les films précédemment cités, les autres courts métrages s’intéressent à la difficulté de vivre en compagnie d’autres personnes. On aborde ici les thématiques de l’incivilité, du vol, de la norme, de la difficulté de la vie en communauté… bref, toutes ces choses qui compliquent un peu ou beaucoup l’existence.

Si l’on regarde du côté de « Melvin » de Benoît Monney et Sami Khadraoui (Suisse), le bon samaritain représenté devient vite dans les esprits le gentil garçon dont on abuse, même si la chute du film permet une ouverture presque plus spirituelle où le héros peut apparaître comme une sorte d’ange gardien. Dans « .363 ep.2 » de Jessy Deshais et Daniel Albin (France) ou encore dans « Noise » de Przemyslaw Adamski (Pologne), il n’y a même plus de place pour la nuance : les hommes sont mauvais. Dans le premier, on assiste au racket d’un dépanneur par toute une kyrielle de gens bien propres sur eux, alors que dans le second, on est témoin de la vie d’un homme qui ne supporte plus les bruits engendrés par son voisinage. Bref, dans ces films, la vie avec ses semblables ressemble à un véritable enfer.

Quand on pourrait espérer que le cercle familial serait préservé de l’attaque des réalisateurs-en-crise, celui de « Waterbaby » d’Andrea Harkin (Royaume-Uni) se charge de contrecarrer cette supposition en narrant toute la difficulté d’un jeune homme à comprendre ce que peut impliquer son rôle de père. Le climax du genre se retrouve dans le film suédois « Jäsningen » de Åsa Maria Bengtsson qui propose une inversion de la norme. En effet, le handicap moteur devient la règle et celui qui n’est pas handicapé est banni de ce qui ressemble de près où de loin à une secte. Drôle de point de vue que de prôner ce type de discrimination sans concession.

Happy end

Malgré tout, LE facteur commun de tous les films du programme Cocotte Minute reste le happy end. Si le ciel manque de tomber sur la tête de la grande majorité des protagonistes des films, il existe toujours une ouverture positive. Elle peut être anecdotique et décalée comme dans « What it seems » où un soldat est pris dans un drôle de quiproquo ou plus lourde de sens comme dans « Der Philatelist » de Jan-Gerrit Seyler (Allemagne), où une rencontre va transformer la morne vie d’un homme solitaire en un bonheur simple.

Les films flirtent donc cette année avec des petites joies du quotidien, des surprises modestes et de drôles d’accidents. En somme, rien de bien tangible mais plutôt des instants fugaces de tensions positives ponctués de petites victoires sur soi-même ou sur les autres !

Cocotte Minute : un laboratoire d’idées et d’expérimentation

Pas facile pour les programmateurs de composer une sélection de très courts européens cohérente en termes de contenu. La Cocotte 2012 peut être prise comme une occasion de découvrir des films de jeunes réalisateurs qui expérimentent le cinéma. Les films d’écoles semblent trouver leur place dans cette compétition avec « What It Seems », « Der Philatelist » et « Waterbaby ». Les trois sont des films assez académiques qui s’appuient sur des références et des codes classiques en termes de narration et de réalisation mais qui sont dans l’ensemble de bonne facture. On relèvera à ce propos le beau traitement presque expressionniste des décors dans « What it seems ».

D’autre part, on remarquera cette année la quasi absence des animations auparavant bien plus représentée dans cette compétition. Autre fait suffisamment marquant pour être mentionné ici : deux films présentés sont des films de promotion. « .363 ep.2 » est le pilote d’une série et « Year Zero » n’est autre que le film de présentation du festival barcelonais OFFF ! Même si ces films sont de qualité – cela est tout particulièrement vrai pour « Year Zero » qui est sans conteste techniquement le meilleur film de la sélection –, ont-ils une place dans une compétition de courts métrages ? La production européenne de très courts est-elle si pauvre qu’on ne peut sélectionner d’autres films pour une compétition ?

Ne nous méprenons pas. Le programme Cocotte Minute est malgré tout un agréable moment à partager. Les films montrés sont propices à la discussion tant sur leurs fonds que sur leurs formes. Et même si l’ambiance cette année n’est pas à la franche rigolade, les films sont suffisamment décalés pour interpeler les spectateurs qui ne manqueront pas d’avoir un avis sur le film à primer.

Fanny Barrot

Le programme Cocotte Minute est projeté au 27ème Festival européen du film court de Brest le mercredi 14 novembre à 18h et le samedi 17 novembre à 10h

Hiljainen viikko de Jussi Hiltunen

« Où est Laura ? Parle ! »

Quelques images suffisent pour se rendre compte qu’on a affaire à un grand film. « Hiljainen viikko », film finlandais sélectionné à Brest, dans la compétition européenne, suit deux inconnus, une jeune fille et un agent de sécurité, avant, pendant et après une tragédie qui les réunit, malgré eux. Magistral.

Premiers temps.

Montage parallèle. Un être filmé de face, au volant de sa voiture : Kati. L’autre, suivi de dos, en plein travail d’observation : Aki. Le premier vient chercher sa soeur Laura et son petit ami Panu, à la sortie d’une boîte de nuit, au petit matin. Le deuxième est agent de sécurité dans ladite boîte. Lorsqu’un de ses collègues lui demande si tout va bien, il lui répond : « toujours » d’un air entendu. Et oui, tout va bien, ce jour-là. La discothèque ferme bientôt ses portes, les fêtards sont sur le départ. D’ailleurs, la voiture de Kati arrive à l’instant sur le parking. Laura se dirige même vers sa soeur, quand une détonation se fait entendre. Un jeune, à l’extérieur, s’écroule, atteint par les coups de feu. Aki hurle : « Tout le monde à l’intérieur ». Laura repart en courant, vers la porte, mais elle est prise à son tour pour cible, et meurt. Kati ne bouge pas. Le forcené s’approche de sa voiture et retourne son arme sur lui. Les secours arrivent. Kati et Aki, choqués, se regardent, en silence.

Deuxième temps.

Tous deux retrouvent leurs proches : Kati, ses parents, Aki, sa petite amie. Tous deux souffrent de la mort accidentelle de Laura, tous deux éprouvent un sentiment de solitude et n’arrivent pas à s’ouvrir aux autres. Tous deux ressentent de la culpabilité, tous deux sont accusés par Panu, le petit ami de Laura : celui-ci reproche à Kati d’être arrivée en retard sur les lieux et à Aki d’avoir tué son amie, en ne faisant rien pour la sauver, le jour de la fusillade.

Troisième temps.

Aki se blesse (volontairement?) au sauna. Quand l’infirmier qui l’accompagne à l’hôpital réalise qui il est, il le remercie d’avoir sauvé la vie de son fils, présent dans la discothèque ce soir-là. Aki se met à pleurer. Après s’être inquiétée, sa petite amie lui parle d’un coup de fil de Kati. Tous deux se rencontrent dans un café, avec le poids de leurs chagrins respectifs. Générique.

hiljainen-viikko-jussi-hiltunen1

Quatrième temps.

Loin de mettre des images sur un banal fait divers, « Hiljainen viikko » ne s’interroge pas sur les motifs d’un meurtrier frappant à l’aveugle et de sang froid, dans un milieu juvénile. Le film de Jussi Hiltunen s’intéresse aux répercussions de tels actes dans la vie de deux individus, deux témoins au lien désormais indéfectible. Comment gérer une disparition subite et injuste ? Comment surmonter la perte, le chagrin, la culpabilité ? A qui parler ? Peut-on pardonner ? En soulevant ces questions, en s’appuyant sur une mise en scène très affirmée et en étant interprété par deux comédiens principaux épatants, ce film relève du coup de poing cinématographique. Cela faisait longtemps qu’on n’avait pas ressenti cela dans un court de fiction.

Katia Bayer

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« Hiljainen viikko » de Jussi Hiltunen est projeté au Festival européen du film court de Brest, dans le cadre de la compétition européenne n°6, le jeudi 15/11 à 16h et le vendredi 16/11 à 21h30

H comme Hiljainen viikko

Fiche technique

Synopsis : Un film court sur la culpabilité et le pardon. Une fusillade a lieu devant la discothèque d’une petite ville au Nord de la Finlande. Deux témoins doivent surmonter leurs sentiments de perte, chagrin, et culpabilité.

Réalisation : Jussi Hiltunen

Genre : Fiction

Durée : 17′

Pays : Finlande

Année : 2011

Scénario : Jussi Hiltunen

Image : J-P Passi

Montage : Jussi Rautaniemi

Interprétation : Antti Luusuaniemi, Rosa Salomaa

Production : Making Movies

Article associé : la critique du film

Le Propriétaire de Hu Wei

En 2012, en France, le jour du Nouvel an chinois, un Asiatique d’une quarantaine d’années entreprend des démarches administratives afin d’obtenir sa carte de séjour. Après plusieurs heures d’attente, celles-ci échouent, à cause d’un avis de domiciliation prochainement invalide. Toute la journée durant, notre inconnu part alors à la recherche de M. Ding, le seul à même de lui fournir le papier vital. Mais Mr Ding est introuvable…

proprietaire

Si « Le Propriétaire » est une fiction, c’est aussi une terre d’élection pour le documentaire. Les premières minutes nous montrent principalement des hommes, aux portes d’une administration, attendant d’être reçus. Ceux-ci, plutôt nombreux dans la rue, patientent en silence. Plusieurs visages et corps de différentes nationalités défilent en un panorama filmé, caméra à l’épaule. Nous comprenons que cette attente est une nécessité. Puis, la caméra s’attarde sur notre « homme », l’acteur Quoc Dung Nguyen : « Le Propriétaire » va nous parler de lui. On pourrait partir du postulat que c’est parce qu’il sort du lot qu’il devient le sujet principal. Mais les autres hommes, et les rares femmes ou enfants, que nous avons aperçus précédemment auraient pu également l’être, le film nous laissant souvent la possibilité de plusieurs voies comme de plusieurs interprétations. Ainsi, l’acteur Quoc Dung Nguyen a un faux air de l’acteur chinois Tony-Leung-Chiu Wai, lequel a réalisé un certain nombre de prestations mémorables au moins dans des films policiers ou d’action (« Infernal Affairs », « Hero »), mais aussi dans des films romantiques (« In The Mood for Love »…). Cette ressemblance peut sembler anecdotique. Sauf que la recherche de Mr Ding, qui est au départ plutôt une enquête sociale se convertit très vite en une enquête policière. Un certain nombre de codes du film noir se déploient : une disparition, une inspection, la sollicitation discrète d’un réseau de connaissances susceptibles de détenir la précieuse information, une « filature » avec un clin d’œil quasi incontestable aux films noirs des années 70, voire au « Samouraï » de Melville. Notre héros est doué du pouvoir de ne laisser aucune trace derrière lui; on ne l’entend jamais ; il récupère sa voiture à la fourrière sans être vu par les policiers présents ; à la limite de la clandestinité, il recherche un disparu. Autre particularité : aucune musique ne figure au générique du «Propriétaire » qui nous expose ainsi une série d’actions et de faits et s’exempte de tout racolage sonore.

Néanmoins, comme dans tout film noir, le réalisateur nous fait entrer dans un milieu habituellement réservé à des initiés. Ici, il s’agit du « milieu » chinois, un univers dans lequel notre protagoniste semble aussi à l’aise que dans la pratique de certaines mœurs françaises. Dans les deux cas, il ne montre aucune attache. Il y est à chaque fois de passage comme son statut d’immigré fait de lui une personne de passage en France ; lorsque la fonctionnaire blasée lui explique que son papier de domiciliation est erronné et qu’il va lui falloir revenir, il obtempère sans moufter. Lorsque sa voiture disparaît car mal garée un jour de marché, il sait s’adresser au policier approprié. Obstinément, notre « bonhomme » s’en tient à ses buts, sans relâche et sans affolement. On le suit, à la fois par empathie, par curiosité et parce que nous sommes entraînés par son activité méthodique. Comme si cela était insuffisant, Hu Wei renforce l’attrait pour son récit en captant notre attention avec des manifestations quasi surnaturelles : un oiseau tombe mystérieusement sur le pare-brise de la voiture du personnage dès les premières minutes ; un reportage télévisé en anglais s’interroge sur tous ces oiseaux qui tombent du ciel ; un dé est retrouvé dans un raviolis frits que notre protagoniste mange dans un restaurant asiatique et dont il prend un cliché avec son appareil photo numérique qu’il semble toujours emporter avec lui.

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Des événements étonnants, un personnage qui prend des photos à des moments plutôt incongrus : voilà comment donner davantage d’épaisseur à un protagoniste et une histoire qui en ont déjà de façon assez conséquente. On peut alors penser à des influences comme celles du film « Un Prophète » de Jacques Audiard (pour l’apparition subite du cerf sur la route) ou certaines nouvelles de Raymond Carver. Mais la pirouette continue. Au bout des vingt quatre minutes et trente secondes que dure « Le Propriétaire », force nous est de constater que nous étions encore loin d’avoir fait le tour du propriétaire comme de notre personnage : nous le voyions comme un immigré chinois, un peu étrange et paumé, au regard parfois attendrissant. Le cadavre nu d’une femme blanche qu’il exhume du coffre de sa voiture et qu’il jette dans le trou qu’il a creusé dans une forêt nous le fait subitement percevoir autrement. Notre homme est aussi un criminel. Est-il le meurtrier ou le complice d’un meurtre ? La nudité de la victime implique une certaine intimité avec elle. S’agit-il d’un crime passionnel ? Quel est ce sourire qu’il a lorsqu’au dessus de la tombe, il adresse à la victime un mot qu’il a écrit? Un sourire de repentir ou une satisfaction personnelle devant le meurtre accompli ? A nouveau, son calme et sa méthode se manifestent : il semble avoir tout son temps et être rôdé à ce genre de situations. Voir et revoir le film nous impose le constat suivant : cet homme n’a jamais cessé de nous échapper et de nous troubler.

Dans la forêt, maintenant, la nuit est tombée. Dans l’obscurité, notre « héros » prend une dernière photo avec flash cette fois-ci, mais nous ne voyons pas ce qu’il photographie. Et la dernière image s’arrête sur le portrait d’une chouette ou d’un hibou. Sacré Monsieur Hu !

Franck Unimon

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Oscars 2013 : présélection des courts métrages d’animation

L’Académie des Arts et des Sciences du Cinéma vient d’annoncer sa liste réduite des courts métrages d’animation en lice pour la 85ème cérémonie des Oscars. Sur les 56 candidats initialement annoncés, ils ne sont plus que dix en lice. Les nominations définitives (5 films) tomberont le 10 janvier. Découvrez sans plus attendre la première liste des films retenus et leurs images visibles sur la Toile.

Entre les deux poids lourds de la Fox (« Maggie Simpson in The Longest Daycare ») et de Disney (« Paperman »), la pléiade de productions indépendantes joue la carte de l’authenticité et de la diversité. Dans cette liste, on retrouve avec plaisir et émerveillement de l’animé traditionnel japonais (« Combustible ») au milieu d’oeuvres entièrement dessinées à la main(« Adam and Dog ») ou en stop-motion (« The Eagleman Stag », Fresh Guacamole »). Cerise sur le gâteau, deux productions françaises (« Dripped » et « Tram ») font partie des candidats à la statuette.

– Adam and Dog de Minkyu Lee (Lodge Films)

Dripped de Léo Verrier (Chez Eddy)

– Combustible de Katsuhiro Otomo (Sunrise Inc.)

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– The Fall of the House of Usher de Raul Garcia (Melusine Productions, R&R Communications Inc., Les Armateurs, The Big Farm)

– The Eagleman Stag de Mikey Please (Royal College of Art)

– Head over Heels de Timothy Reckart (National Film and Television School)

– Maggie Simpson in ‘The Longest Daycare’ de David Silverman (Gracie Films)

– Fresh Guacamole de PES (PES)

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Ciquer sur l’image pour visionner le film en ligne

– Paperman de John Kahrs (Disney Animation Studios)

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Tram de Michaela Pavlátová (Sacrebleu Productions)

Source : Deadline & Vodkaster

Klein (Small) de Sanne Vogel

Les premiers émois d’une fillette de 12 ans

Après un film semi-expérimental assez dur de 22 minutes, Fireworks, nous ne sommes pas mécontents de tomber sur cette petite parenthèse de 7 minutes, qu’est « Klein » de Sanne Vogel, dans le programme 6 de la compétition européenne du 27e Festival de Brest.

Dans ce joli film hollandais, une mère emmène pour la première fois, Noortje, sa fille de 12 ans dans un salon de beauté, où elle va découvrir de nouvelles sensations, au contact d’une masseuse qui, à sa grande surprise, est un homme. On suit alors Noortje dans la cabine de massage, où elle se retrouve seule avec le masseur, ce qui n’a pas l’air de rassurer la fillette qui hésite d’ailleurs à retirer le haut de son maillot de bain.

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S’ensuit le massage en temps réel, avec une alternance de plans entre ceux des mains du masseur sur le corps juvénile de Noortje et ceux du visage de la fillette immobilisé dans le trou de la table de massage. Au début du massage, Noortje éprouve quelques difficultés à se laisser aller, malgré la musique lounge, l’éclairage reposant et la douce voix du masseur. Au fur et à mesure, elle adopte des mimiques tantôt poilantes tantôt attendrissantes, tant son visage reflète ce qu’elle ressent sous les mains du masseur. A un moment, elle se relaxe jusqu’à en saliver littéralement de plaisir, à un autre, elle redevient une enfant lorsque le massage plantaire la chatouille et la fait rire aux éclats.

Une petite appréhension ne la quitte néanmoins jamais, ne sachant pas ce que va lui faire le masseur et sur quelle partie de son corps il va poser ses mains. Puis, avec le soulagement de la fin du massage, une certaine complicité naît entre les deux individus et le sourire qu’envoie Noortje au masseur est comme un remerciement qu’elle lui adresse pour toutes les sensations qu’il lui aura procurées.

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Sanne Vogel, la réalisatrice, réussit avec merveille à nous conter l’émancipation d’une fillette de 12 ans, à nous faire ressentir de la gêne et de la jouissance, en passant du visage tendu de Noortje aux gestes sensuels du masseur, sans jamais que cela paraisse malsain. Le plaisir physique est ainsi perçu avec beaucoup de tendresse et de délicatesse, le « rite de passage » vers la sexualité est filmé avec autant de douceur, malgré le fait que l’on sache pertinemment que l’adolescence est une période particulièrement ingrate, voire violente.

Lorsque le massage se termine, Noortje en sort changée. Lorsque sa mère lui demande si elle n’a pas été perturbée par le fait que le massage ait été fait par un homme, celle-ci lui répond fièrement par la négative. Un simple massage et surtout les premiers émois, auront par conséquent fait d’elle une femme.

Camille Monin

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K comme Klein

Fiche technique

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Synopsis : Noortje, une fillette de 12 ans, reçoit son tout premier massage. Elle n’est pas encore prête à sentir les mains d’un inconnu sur sa peau.

Genre : Fiction

Durée : 7’

Pays : Pays-Bas

Année : 2011

Réalisation : Sanne Vogel

Scénario : Sanne Vogel

Image : Lennert Hillege

Montage : Annelies van Woerden

Décors : Paula Loos

Musique : Perquisite & Renske Taminiau

Interprétation : Erik van Welzen , Megan de Kruijf

Production : IDTV Film

Article associé : la critique du film

Flow de Hugues Hariche

John a un seul et unique objectif : remporter le concours Georgia Bodybuilding Championships. Pour cela, il impose à son corps une discipline de fer. Sa vie est rythmée par les entraînements, le reste est accessoire.

Vouloir faire un film sur le quotidien de John, un jeune culturiste, qui possède un poster d’Arnold Schwarzenegger au-dessus de son lit peut laisser perplexe plus d’un spectateur. Hugues Hariche, dont le film « Flow » passe à Brest ces jours-ci, aurait pu se contenter de montrer banalement l’ordinaire de son personnage, John, interprété par John Fournier, culturiste de son état. Au lieu de cela, il dépeint avec justesse un homme seul au milieu des autres, se confrontant à des questions qui résonnent au-delà de la salle de musculation, et nous donne à voir une autre facette de cette discipline méconnue qu’est le culturisme.

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En nous rendant témoins de l’intimité de John, en nous apprenant, par la voie de son médecin, qu’après son accident, il n’aurait jamais dû remarcher, en utilisant les codes de la fiction, en structurant le récit autour de la seconde chance, avec un acteur jouant son propre rôle, « Flow » interpelle et semble osciller entre fiction et documentaire.

Ce dispositif hybride rappelle celui employé par Darren Aronofsky dans « The Wrestler », où une ancienne légende du catch tente de revenir dans la lumière après une longue traversée du désert. Aronofsky n’avait bien évidemment pas choisi Mickey Rourke au hasard, son personnage étant largement inspiré de la vie de l’acteur. Si les a priori sont nombreux lorsqu’il s’agit de catch ou de bodybuilding, les deux films réussissent à prendre à contre-pied les préjugés, pour montrer avec honnêteté et sans ambages les tragédies et les destins respectifs vécus par les deux personnages.

Dans « Flow », seule compte la détermination sans failles dont fait preuve John pour atteindre son rêve, celui de remporter le concours de bodybuilding. Imposant, taiseux et obstiné, rien ne semble l’atteindre, pas même Laurie, la jeune femme qui, contrairement aux autres, prend le temps de s’intéresser à lui. Pourtant, lorsqu’une après-midi, il se rend sur la plage pour parfaire son bronzage en vue de la fameuse compétition, deux jeunes hommes se moquent de son physique et font naître chez lui une certaine amertume. Cette scène met en lumière la tension qui existe entre l’image que John offre aux autres et celle qu’il a de lui-même. Ces moqueries permettent aussi d’intégrer à la narration les critiques communément faites au culturisme, sans qu’elles viennent parasiter la perception du récit.

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La mise en scène n’est pas la seule à participer à l’isolement de John. En utilisant une lumière saturée voire éblouissante, notamment pour les lumières extérieures, le réalisateur maintient son personnage dans un petit périmètre au-delà duquel le reste du monde est difficilement perceptible. Le jour J, celui du concours, les repères changent : la caméra s’affranchit du personnage de John, prend plus de distance avec lui et admet la profondeur de champ. John se révèle, il se met à exister au travers du regard des gens qui le voient sur la scène. Sous les feux des projecteurs, son visage s’illumine, ses muscles assurent le spectacle, il se métamorphose. Une nouvelle vie commence.

« Flow » parvient avec habilité à aborder un sujet complexe en touchant des problématiques essentielles dans un contexte habituellement réservé aux films d’action. Un véritable tour de force.

Julien Beaunay

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F comme Flow

Fiche technique

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Synopsis : John, un jeune bodybuilder, se prépare jour après jour pour une compétition, les NPC Georgia Bodybuilding Championships. Sa vie est un rituel, une mécanique parfaitement réglée. Concentré sur son objectif, il ne lâche rien, espérant atteindre sur scène cet instant de bonheur unique : le flow.

Réalisation : Hugues Hariche

Genre : Fiction

Durée : 22’49 »

Pays : France

Année : 2012

Scénario : Hugues Hariche

Image : Sean Price Williams

Son : Scott Johnson

Montage : Nicolas Desmaison, Jessica Menéndez

Musique : Alexandre Wimmer

Mixage : Ivan Gariel

Interprétation : John Fournier, Michaela Landay, Michael Warshauer, Nicolas V. Costrini, Jared Bacon

Production : Kazak Productions

Article associé : la critique du film

Festival de Brest 2012

Le 27ème Festival européen du film court de Brest a démarré hier soir, avec un programme et un cri du cœur : Shorts’Attack ! Avant de découvrir en fin de semaine notre Prix Format Court, attribué au sein de la compétition européenne, nous vous proposons de découvrir jour après jour, les films qui nous ont le plus séduits, qu’ils soient issus de la Cocote Minute, de la compétition nationale ou européenne.

Retrouvez dans ce Focus :

Le reportage « Brest. Courts européens & petits comédiens »

La critique de « Prora » de Stéphane Riethauser
 (Suisse)

La critique de « Vegtelen percek » de Cecília Felméri (Roumanie, Hongrie)

Le reportage sur la sélection française à Brest

Le reportage « Cocotte Minute : la pression monte »

La critique de « Hiljainen viikko » de Jussi Hiltunen (Finlande)

La critique de « Le Propriétaire » de Wei Hu (France, Chine)

La critique de « Klein » (Small) de Sanne Vogel (Pays-Bas)

La critique de « Flow » de Hugues Hariche (France)

Nouveau Prix Format Court au Festival européen du Film Court de Brest !

Festival de Brest, la compétition française

Festival de Brest, la compétition Cocote Minute

– …

On The Beach de Marie-Elsa Sgualdo

“Ma fille, cette héroïne au regard si grave”

Lauréat de l’envieux Bayard d’or du meilleur court métrage international au FIFF, « On The Beach » se présente comme une traversée intime des sensations d’une adolescente en quête d’elle-même.

Qui ne se souvient pas, le sourire aux lèvres, de « Mon père ce héros » où Marie Gillain fit sa première apparition à l’écran. Un film joyeux, comique et tendre qui traitait du sujet délicat des enfants issus du divorce. Un peu plus de 20 ans plus tard, Marie-Elsa Sgualdo qui avait déjà abordé la séparation dans « Bam Tchak » approfondit le sujet en le montrant à travers les yeux d’une adolescente de 15 ans.

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D’une facture plus sérieuse, la Sara de « On the Beach » diffère grandement de la Véronique de Gérard Lauzier. Elle ne passe pas ses vacances à l’île Maurice en compagnie du paternel qu’elle appelle par son prénom. Non, chez Sgualdo, le père laisse la fille (ou l’abandonne) avec son petit frère à l’entrée du camping de vacances où résident sa mère et son nouveau petit ami. Sara se retrouve à s’occuper de son petit frère en attendant le retour de sa mère. En 20 ans, l’adolescence semble avoir pris en responsabilité tandis que le monde adulte rattrape sa jeunesse en discothèque sur le dernier tube à la mode.

Posant sa caméra au plus proche du corps et du visage de Sara, magnifiquement interprétée par Joanne Nussbaum, la réalisatrice arrive à transmettre chaque doute, hésitation et souffrance de la jeune fille qui a du mal à supporter la frivolité de sa mère. Quand le petit frère disparaît un moment, mère et fille, unies dans la même douleur, ne peuvent s’empêcher de s’affronter, de se confronter et de se culpabiliser. Et les vacances estivales, qui devaient être un moment joyeux, se transforment petit à petit en une troublante et indispensable quête de soi.

Ayant un besoin farouche d’indépendance et une envie inévitable de se sentir désirable, Sara s’isole de la main maternelle, protectrice, tout en voulant s’y réfugier.C’est finalement dans la nature, seule vraie complice et à l’écoute de son mal-être, qu’elle décide de s’abandonner.

Sensible et sensuel, grave et sérieux, « On The Beach » est assurément le plus abouti des films de Marie-Sgualdo. Un Bayard d’or plus que mérité.

Marie Bergeret

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O comme On The Beach

Fiche technique

Synopsis : C’est l’été, mais la vie est bien compliquée pour Sara, quinze ans. Son petit frère sur le dos, la voilà expédiée chez sa mère pour les vacances. Son père y tient, même s’il s’est fait larguer. Sa mère, elle crèche dans une caravane, au camping. Drôle d’endroit pour refaire sa vie! Heureusement, il y a la plage et les garçons. Encore faudrait-il qu’elle se laisse vivre, Sara…

Genre : Fiction

Durée : 17’

Pays : Suisse

Année : 2012

Réalisation : Marie-Elsa sgualdo

Scénario : Marie-Elsa Sgualdo

Image : Gabriel Lobos

Son : Guilhèm Donzel, Lionel Haflants, Thomas Grimm-Landsberg

Interprètes : Joanne Nussbaum, Alessio Balossi, Amadou Awana Soumare, Marika Dreistadt, Gianfranco Poddighe, Serge Bozon

Production : Box Productions

Articles associés : la critique du film, l’interview de Marie-Elsa Sgualdo

T comme La Tête froide

Fiche technique

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Synopsis : Yoann, 17 ans, n’a qu’un rêve dans la vie : devenir footballeur professionnel. À quelques semaines d’un match décisif, Thomas, un nouveau joueur talentueux, arrive dans le club. Il va bouleverser la vie de l’équipe et celle de Yoann.

Genre : Fiction

Pays : France

Année : 2012

Durée : 26′

Réalisation : Nicolas Mesdom

Scénario : Nicolas Mesdom, David Lucas

Image : Sébastien Hestin

Son : Mathieu Vilien

Montage : Frédéric Baillehaiche

Interprétation : Sébastien Houbani, Isaie Sultan

Production : Les Météores

Article associé : le reportage sur la compétition internationale au FIFF 2012

Compétition internationale au FIFF 2012. Portraits de la jeunesse francophone

Au FIFF cette année, pas moins de 11 films sur les 13 en compétition internationale traitaient explicitement de la jeunesse et des questions de quête d’identité, d’exploration de soi et de prise de conscience s’y rapportant. La sélection impressionnante par sa qualité a su mettre à l’honneur un sujet délicat et difficile à maîtriser. A l’heure actuelle où les multiples crises sociopolitiques, économiques et environnementales nous menacent, il est plus que nécessaire de nous interroger sur la place qu’occupe la génération de demain dans le monde d’aujourd’hui et sur l’avenir que nous leur léguons.

Génération J au Plat Pays

Les deux films belges retenus en compétition nationale s’inscrivent pleinement dans notre propos.

« Premiers pas » de Grégory Lecocq suit les tergiversations de deux adolescents, devenus malgré eux (trop) subitement parents. Leurs réactions par rapport à la naissance inopportune de leur enfant sont montrées de manière sommaire et distanciée. Le résultat est un moment de cinéma parfois boiteux où les motivations et les gestes des personnages nous échappent. Le réalisme social à la belge tend-il un piège ? Au-delà de la ressemblance scénaristique avec des géants wallons comme « L’Enfant » ou « Le Silence de Lorna », « Premiers Pas » soulève des enjeux conséquents pour ensuite délibérément choisir de ne pas les développer.

Film d’école farouche issu de l’INSAS, « Tristesse animal sauvage » de Florian Berutti poursuit le thème de l’amour en marge et de la première expérience sexuelle. Deux ados, des personnages peu définis (rebelles indignés, enfants terribles désocialisés…?), se retirent dans une cabane dans la nature pour consommer leur relation. De parfaits ingrédients pour une œuvre audacieuse. Et pourtant, le film souffre d’un manque de profondeur. Nonobstant ceci et une certaine violence – tant latente qu’explicite – qui pourrait sembler gratuite, le film a suffisamment plu pour remporter le Prix du Public.

Un second sevrage

Parler de la jeunesse sans parler du cadre familial est chose difficile. Les films sélectionnés au FIFF l’ont démontré.

« On The Beach », de Marie-Elsa Sgualdo (Suisse) est un récit prenant sur des tensions familiales vécues principalement à travers le personnage de Sara, une adolescente qui cherche sa place en tant qu’enfant d’un ménage brisé (elle entretien un rapport d’amour-haine avec sa mère, tiraillée entre le rejet et l’identification), en tant que jeune femme (elle répond aux avances amoureuses d’un pair pour lequel elle est partagée entre curiosité et indifférence) et en tant qu’adulte à responsabilités (elle a à sa charge son petit frère en l’absence de sa mère vraisemblablement désinvolte). Pour sa réalisation sobre et son jeu d’acteurs excellent, le film a d’ailleurs remporté le prestigieux Bayard d’Or.

« Blu » de Nicolae Constantin Tanase est, pour sa part, une pépite qui confirme l’excellente réputation dont jouit le cinéma roumain en matière de fiction. Le réalisateur met en scène, avec aplomb, une friction tangible et émouvante entre un couple divorcé, progressiste au point d’être gênant, et leur fille, elle-même sur le point de devenir potentiellement mère. Le récit se déroule sous fond d’une panne de voiture qui donne au film son titre et qui réunit les trois personnages dans un huis clos hivernal, où auront lieu des révélations, des reproches et une double prise de conscience : l’enfant grandit un jour et on ne choisit pas ses parents. Le tout baigné dans un réalisme dépourvu de tout côté histrionique.

De son côté, « Faillir », réalisé par Sophie Dupuis (Canada), met en scène la tension sexuelle croissante entre une adolescente et son grand frère à la veille du départ de celle-ci pour la ville. S’il est tentant de voir dans la démarche de la réalisatrice un rappel des enfants terribles de Bertolucci dans « Les Innocents », une faille se perçoit toutefois dans la construction psychologique des personnages, dont les actions paraissent mécaniques et injustifiées. Le film risque de se complaire dans la simple représentation d’un flirt incestueux sans faire plus. Traiter du thème de l’éveil sexuel à travers les liens fraternels relève d’un pari ambitieux et d’une idée très porteuse en soi. Hélas, « Faillir » ne présente aucun questionnement et ne pose aucun véritable regard sur ce sujet.

Jeune animal social

Certains titres, sélectionnés au FIFF, dotés d’une dimension sociale et engagée confrontent le jeune, voir l’enfant, aux enjeux et aux menaces de la société. La démarche peut paraître brutale, mais elle a tout son sens dans le cadre de ces films assumés.

Cosigné Stéphanie Lansaque et François Leroy, « Fleuve rouge, Song Hong » porte un regard sur un certain Vietnam et esquisse le portrait soigné de trois jeunes frères nouvellement arrivés à Hanoi, à la recherche d’un avenir meilleur. Très vite, ils rencontrent l’agressivité d’une capitale impersonnelle, la pauvreté et les inégalités sociales propres à la ville, mais aussi la présence des mines, ces vestiges dormants d’une guerre à peine cicatrisée. Autant de thèmes potentiellement pesants mais qui sont abordés de manière digeste grâce à la poésie qu’apportent les auteurs. Seule animation de la compétition, le film se démarque par son beau graphisme et son usage ingénieux de la musique vietnamienne. L’image somptueuse mêle le réalisme de la 3D, des dessins vaporeux et des tons doux, à laquelle la bande-son s’ajoute pour transporter le spectateur vers un autre espace-temps.

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Dans une veine plus poétique encore et construit à la manière d’un conte, « Voyage des pierres » de Seydou Cissé (Mali/France) est le titre le plus « expérimental » de la sélection. Aux abords d’un village malais, un petit garçon semble donner des coups de fouets à un amas de pierres qui se mettent à s’animer par de curieux effets spéciaux pour se transformer en un pont. Ce spectacle quasi thaumaturgique est interrompu par une coupe vers le présent et le monde réel, créant une impressionnante transition entre le chromatisme sec et suffocant du Sahara onirique et la flambée de couleurs vives portées par deux villageoises qui traversent le désert. Conformément à la tradition orale du continent qui assume parfaitement son côté explicitement instructif, la plus âgée dévoile à la plus jeune le sens de la métaphore à laquelle on vient d’assister : la construction du magnifique pont de Markala qu’on admire tellement aujourd’hui a coûté la sueur, le sang et la vie d’innombrables hommes et femmes.

Avec « Demain, Alger », le réalisateur Amin Sidi-Boumédiène raconte un moment crucial dans la vie de quatre amis d’enfance, fin 1988. L’un d’entre eux embarque pour la France. Les trois autres doivent faire face à la perte de celui-ci mais aussi assumer l’engagement social qui les attend le lendemain du récit, lors des premières manifestations annonçant la guerre de 1991. Le réalisateur inscrit avec habileté l’histoire individuelle dans l’Histoire collective, même si un certain manque de subtilité dans le jeu des acteurs rend les personnages quelque peu naïfs, parfois au détriment de la vraisemblance du récit.

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« Sur la Route du Paradis », signé Uda Benyamina, paraît comme un véritable tour de force dans la sélection. Le ton est établi dès les premiers plans : Sarah, une jeune élève, et son petit frère se voient poursuivre par la police et abriter par leur directrice d’école aux grands risques et périls de cette dernière. Nous avons à faire à l’histoire d’une famille sans-papiers, plus précisément d’une mère de deux enfants, qui (sur)vit en France à l’aide de sa sœur (un travesti) et son beau-frère, en attendant désespérément de rejoindre son propre mari élusif en Grande-Bretagne. Pour montrer les péripéties et la précarité émouvantes des nombreux personnages dont on retiendra Sarah et sa mère Leila comme protagonistes, la réalisatrice dose parfaitement réalisme retenu et humanisme poignant. Ajoutons à ce travail de direction très abouti, un autre facteur majeur de la réussite de cette fiction costaude de 43 minutes : le remarquable jeu des acteurs, en particulier celui de Majdouline Idrissi, actrice marocaine qui incarne le rôle de Leila, et de la jeune Sanna Marouk qui, avec sa Sarah à la fois innocente et fougueuse, débute une carrière prometteuse. Un film vivement conseillé à ceux qui souhaitent vivre un rare moment de cinéma fort.

C’est le temps de l’amour…

L’éveil des sentiments et des sensations nouvelles, voici une étape ô combien douce-amère mais incontournable de la jeunesse ! Alors que le thème de l’amour a déjà été relevé dans la sélection de la compétition nationale La sélection internationale n’en est pas moins riche pour ses deux titres très réussis qui livrent deux portraits touchants de chagrin d’amour, qu’il soit illusoire, non partagé ou carrément tabou.

Premièrement, un court délicieux issu du Québec. Dans « Avec Jeff, à moto », Marie-Eve Juste explore avec justesse une multitude de questionnements vécus par chaque Eve (c’est le cas de le dire). Sa protagoniste adolescente Nydia s’interroge sur sa féminité avec une maturité épatante. Et avec autant de candeur, elle tombe sous le charme de l’irrésistible Jeff, jeune motard à la Jimmy Dean, pour qui elle s’apprêtera à aller très loin et à grandir très (trop) vite. Avec son film à la fois simple et riche, Juste exhibe son génie de scénarisation et de réalisation et une grande sensibilité envers son sujet.

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Pour clôturer cette sélection substantielle, citons « La Tête froide », film audacieux réalisé avec brio par le Français Nicolas Mesdom. Un scénario qui commence comme le récit simple de Yoann, jeune sportif ambitieux d’une carrière dans le football, bascule vers un rapport tendu entre lui et Thomas, nouveau-venu dans l’équipe. La rivalité méfiante de l’un et l’admiration amicale de l’autre se traduisent en une passion refoulée qui éclate violemment sans le moindre avertissement. Une violence qui va bien plus loin lorsque la peur (de l’inconnu ? de l’inadmissible ?) chez Yoann engendre une agression physique sur Thomas. Each man kills the thing he loves, se lamentait Oscar Wilde, incarcéré pour sa sexualité jugée délinquante. Depuis lors, en passant par Tennessee Williams, Pasolini, Genet ou Fassbinder, pour n’en citer que quelques uns, nous retrouvons cette même dimension destructrice dans les relations homosexuelles décrites et vécues. C’est ce que Mesdom parvient si bien à montrer avec « La Tête froide ». Le fait qu’il ait su le faire si convenablement dans un milieu typiquement hostile à ce sujet tabou est un point en plus en sa faveur.

Adi Chesson

Consultez les fiches techniques de « On The Beach », « Sur la route du paradis », « La Tête froide », « Le voyage des pierres », « Avec Jeff à moto », « Faillir » et « Blu »

S comme Sur la route du paradis

Fiche technique

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Synopsis : Leila et ses deux enfants, Sarah et Bilal, ont quitté leur terre natale afin de s’installer en France. Sans papiers et à la recherche de son mari réfugié en Angleterre, Leila, qui souhaite offrir à ses enfants une vie meilleure, tente de survivre et d’élever ses enfants dans la clandestinité. Alors qu’elle retrouve enfin la trace de son époux et dispose de l’argent nécessaire pour le rejoindre, l’étau se resserre.

Genre : Fiction

Pays : France

Année : 2012

Durée : 42′

Réalisation : Uda Benyamina

Scénario : Uda Benyamina

Image : Michaël Capron

Montage : Julie Dupré

Interprétation : Majdouline Idrissi, Sanna Marouk, Yanis Siraj, Mounir Margoum, Miroslav Gulyas

Production : Easy Tiger

Article associé : le reportage sur la Compétition Internationale au FIFF

V comme Voyage des pierres

Fiche technique

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Synopsis : Des miracles se produisent dans un village, des pierres se déplacent par des coups de fouet et nombre d’autres mystères qui se terminent par la vue magnifique d’un pont. Une vieille dame y passe avec sa fille, elle raconte à celle-ci l’histoire de la construction de cet ouvrage : « Le pont de Markala ».

Genre : Fiction

Pays : Mali/France

Année : 2012

Durée : 11′

Réalisation : Seydou Cissé

Scénario : Seydou Cissé

Image : Sylvain Bryand

Interprètes : Coulibaly Moussa, Diallo Hawa, Coulibaly Fatoumat

Production : Le Fresnoy Studio National des Arts Contemporains

Article associé : le reportage sur la Compétition internationale du FIFF

B comme Blu

Fiche technique

Synopsis : La vieille voiture familiale tombe en panne. Mara et ses parents tentent dès lors de la réparer. Au fil des réparations, il devient clair que c’est leur propre lien qu’ils essayent de réparer.

Genre : Fiction

Pays : Roumanie

Année : 2012

Durée : 20′

Réalisation : Nicolae Constantin Tănase

Image : Daniel Kosuth

Scénario : Raluca Manescu

Montage : Codrin Iftodi

Son : Dan-Stefan Rucareanu, Filip Muresan, Filip Ioan

Musique : Cari Tibor

Interprétation : Mădălina Craiu, Dan Condurache, Rodica Negrea

Production : De Film

Article associé : le reportage sur la Compétition Internationale au FIFF